LM magazine 168 - septembre 2021

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N°168 / SEPTEMBRE 2021 / GRATUIT

ART & CULTURE

Hauts-de-France / Belgique



SOMMAIRE LM magazine 168 - septembre 2021

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PORTFOLIO - 12 Mink Couteaux Légendes urbaines

STYLE MoMu - 22 La mode à l’Anvers

Kanye West © Mink Couteaux

NEWS

Brussels Touch - 28 Courant alternatif

La Bonne Aventure, Anika, Rone, Les Nuits Botanique, À Travers chants, Poulpaphone, Róisín Murphy, Lala &ce, Boy Pablo, Totorro & Friend x Fabcaro, Alain Souchon, Altin Gün, Pop Factory, Mustang, Peter Hook & The Light Play Joy Division, Lujipeka, La Tournée des iNOUïS, Muse & Piano, Rover, Wynton Marsalis, Agenda…

CHRONIQUES

- 68

Disques : Jungle, Pepper White, Low, Homeshake, Barbagallo et Baptiste W. Hamon Livres : Carmen Maria Machado, Rosario Ligammari, Marie Mangez, Frédéric Adrian, Julien Abadie

MoMu © Hanna Moon

- 36

Claire Laffut © Charlotte Abramow

MUSIQUE


SOMMAIRE LM magazine 168 - septembre 2021

– SUITE

L’Homme de Rio © 1964 TF1 D. A.

ÉCRANS - 72

Festival 2 Cinéma de Valenciennes, FIGRA, CineComedies, Un Triomphe, La Terre des hommes, L’Origine du monde

RENCONTRE

Laurent Durieux - 80 Esthète d’affiche David Bobée - 108 Scène ouverte Vincent Dedienne - 124 Je collectif

Élodie Poux © Fred Boehli

Tupac © Knelis

EXPOSITION - 80

Laurent Durieux, European Custom Board Show, Bernar Venet, L’Âge d’or, une épopée politique, La Coccinelle, voiture de légende, Libres figurations, années 80, Kaspar Hamacher, Tout va bien Mr Matisse, Bye Bye His-Story, Lucien Jonas, Agenda…

THÉÂTRE & DANSE - 108 David Bobée, Les Flandroyantes, M.E.M.M. (au Mauvais Endroit au Mauvais Moment), L’Absolu, Résiste, Horizon, L’anniversaire turbulent du Boulon, Idoménée, Vincent Dedienne, Roman Frayssinet, Gaspard Proust, Élodie Poux, Félix Radu, Stallone, La Dernière nuit du monde, Henry VI, Larguez les amarres, Who’s Tupac ?, The Time of Our Singing, En v(r)ille !, Deep are The Woods, J’ai des doutes, Viril LE MOT DE LA FIN - 148 Julie Chérèque L’humour est dans le trait



MAGAZINE LM magazine – France & Belgique 28 rue François de Badts 59110 LA MADELEINE - F tél : +33 (0)3 62 64 80 09

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Direction artistique Cécile Fauré cecile.faure@lastrolab.com

Administration Laurent Desplat laurent.desplat@lastrolab.com

Graphisme Christophe Gentillon concepteur-graphic.fr

Réseaux sociaux Sophie Desplat

Couverture Mink Couteaux Dababy // Nextgen Rappers V4 mergedvisible.com

Impression Tanghe Printing (Comines) Diffusion C*RED (France / Belgique) ; Zoom On Arts (Bruxelles / Hainaut)

Ont collaboré à ce n° : Thibaut Allemand, Rémi Boiteux, Madeleine Bourgois, Mink Couteaux, Mathieu Dauchy, Marine Durand, Hugo Guyon, Grégory Marouzé et plus si affinités. LM magazine France & Belgique est édité par la Sarl L'astrolab* - info@lastrolab.com L'astrolab* Sarl au capital de 5 000 euros - RCS Lille 538 422 973 Dépôt légal à parution - ISSN : en cours

L’éditeur décline toute responsabilité quant aux visuels, photos, libellé des annonces, fournis par ses annonceurs, omissions ou erreurs figurant dans cette publication. Tous droits d’auteur réservés pour tous pays. Toute reproduction, même partielle, par quelque procédé que ce soit, ainsi que l’enregistrement d’informations par système de traitement de données à des fins professionnelles, sont interdites et donnent lieu à des sanctions pénales. LM magazine est imprimé sur du papier certifié PEFC. Cette certification assure la chaîne de traçabilité de l’origine du papier et garantit qu'il provient de forêts gérées durablement. Ne pas jeter sur la voie publique.

PAPIER ISSU DE FORÊTS GÉRÉES DURABLEMENT



© Banksy

EWS NEWS NEWS NEWS NEWS NEWS NEWS NEWS EWS NEWS NEWS NEWS NEWS NEWS NEWS NEWS

LES VACANCES DE MR BANKSY On ne connaît toujours pas son identité, mais on sait où il a passé ses vacances. Cet été, Banksy s'est autorisé une petite virée sur la côte Est de l'Angleterre, à bord d'un vieux camping-car. Ici des enfants de différentes nationalités "sur le même bateau", là un grappin de fête foraine s'apprêtant à attraper une vieille dame assise sur un banc... Le plus célèbre des anonymes a gratifié les petites villes de Great Yarmouth, Gorleston et Lowestoft de « pochoirs très sophistiqués », dixit le spécialiste Paul Gough. Au pied du mur, mais plus que jamais au sommet.

© DR

MAUVAIS AIR Erigé au cœur d'Edimbourg, au sein du quartier de Saint-James (classé au patrimoine mondial), le W Hotel porte beau avec sa façade dorée, son design en spirale et... mais attendez, n'auraitil pas la forme d'une crotte ? Chacun se fera son opinion, mais les Ecossais ont vu rouge, reconnaissant là un gigantesque émoji "caca". Le cabinet Jestico + Whiles, responsable du désormais surnommé "l'hôtel de l'étron doré", nie toute intention scatologique - mais a bien le nez dedans.


© SingleCut Beersmiths

Activité s'il en est essentielle dans nos contrées gastronomes, le décorticage de crevettes grises méritait bien son championnat du monde. À Leffrinckoucke, près de Dunkerque, cela fait 16 éditions que l'on vibre au rythme de cette compétition pas comme les autres. Le principe ? Déshabiller un maximum de ces petits crustacés en 10 minutes. Pour la troisième année consécutive, c'est la Belge Katty Vanmassenhove qui a été sacrée, coiffant au poteau la locale de l'étape, Nicole Vanzinghel, toujours recordwoman de la discipline avec dix titres. Eh oui.

© DR

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TOUJOURS LA PÊCHE

SOUS PRESSION

GUITARE ÉTHYLIQUE

On n'en pouvait plus de l'attendre. La fin du Covid ? La candidature d'Éric Zemmour ? Non, plus sérieusement : le BAL, pour Bière à Lille, soit le festival brassicole de la métropole lilloise, dont le week-end de clôture demeure le point d'org(u)e. Au Grand Palais, on attend une centaine de brasseries régionales ou d'ailleurs, pour une dégustation (modérée, paraît-il) à la bonne franquette.

Apprendre à jouer de la guitare en buvant de la bière ? Ça ne sert à rien, mais c'est quand même possible. La brasserie américaine SingleCut Beersmiths sort une collection de quatre canettes sur lesquelles est imprimé un tutoriel indiquant où placer ses doigts. Mises bout à bout, elles forment un manche complet tandis que chaque opercule fait office de médiator. Ou comment devenir virtuose ET alcoolique.

Lille, 18 & 19.09, Grand Palais, sam : 14 h - 22 h dim : 11 h - 19 h, 1 jour : 5 €, 2 jours : 9 € www.bierealille.com

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EWS NEWS NEWS NEWS NEWS NEWS NEWS NEWS EWS NEWS NEWS NEWS NEWS NEWS NEWS NEWS

Né en 2009, le mouvement HF lutte dans toute la France pour l’égalité femmes-hommes dans les arts et la culture. Sur les terres de Louise de Bettignies ou de Séraphine Louis (entre autres), le collectif HF Hautsde-France n'est pas en reste. En témoigne cette déclinaison régionale des journées du Matrimoine qui célèbre via des spectacles les créatrices ou intellectuelles, nombreuses mais souvent absentes dans nos livres ou l'espace public, et qui firent pourtant l'Histoire. À Armentières, les Fous à réAction mettent par exemple en lumière les textes trop méconnus de Charlotte Delbo, poétesse, écrivaine et résistante revenue des camps de concentration. Hauts-de-France, 18 & 19.09, divers lieux, www.mouvement-hf.org

THAT'S WHAT X SAID Un nouvel espace d'art voit le jour à Bruxelles, dans le quartier des Marolles. Créé par Elisa Huberty et Rébecca Prosper et baptisé that's what x said, il est pensé comme un lieu d'échange, de réflexion (sur des enjeux sociétaux tels que la place des femmes ou le genre) et bien sûr d'exposition. La première met à l'honneur le travail de la Belge Clara-Lane Lens, révélée grâce à des peintures floutant volontairement l'identité sexuelle de ses modèles pour privilégier leur personnalité. www.thatswhatxsaid.com

© That's What X Said

© J. Howard Miller

JOURNÉES DU MATRIMOINE



MINK COUTEAUX Légendes urbaines 6 Enfant, Mink Couteaux a passé beaucoup de temps auprès de son père, dans une ancienne usine reconvertie en ateliers d’artistes où il a fourbi ses premières armes. « Il était peintre et sculpteur, raconte le Néerlandais. En fait, c’était assez dangereux quand on y repense, il y avait des étincelles volant dans tous les sens et des produits chimiques qui traînaient un peu partout… ». Mais Mink a survécu, et c’est désormais à son tour de briller. Prisés par les plus grandes marques (Nike, Adidas, Netflix…), hyper colorés, ses portraits crèvent littéralement l’écran, comme les sujets qui les ont inspirés. Notre graphiste sublime leur énergie vitale (leur âme ?) à travers des compositions éclatées (et éclatantes) dans une palette faisant, paradoxalement, la part belle à des teintes sombres comme le bleu et le violet. À bien y regarder, ses modèles sont pour la plupart issus de séries, du cinéma, du sport ou de la musique. « En fait, tout ce que je trouve cool », confie le natif de Den Bosch, où il vit toujours et a fondé le studio Merged Visible. Dans son panthéon personnel, on trouve beaucoup de joueurs de NBA, sa première marotte (il s’est fait la main en reproduisant des cartes à collectionner, en classe) et pas mal de rappeurs américains d’hier et d’aujourd’hui. « Durant mon adolescence, ma bande de copains et moi étions fans du hip-hop East Coast et ressemblions un peu à la version blanche du Wu-Tang Clan », s’amuse-t-il. Blague à part, vous aurez sans doute reconnu ici, Tyler, The Creator, J Dilla et peut-être la bobine de DaBaby ornant notre couverture. Soit l’autoproclamé « artiste le plus chaud des États-Unis ». Une belle tête de l’art. Julien Damien À VISITER / À LIRE

m ergedvisible.com

/ L’interview de l’artiste sur lm-magazine.com

portfolio – 12


Tyler, The Creator


LeBron James

Dennis Rodman >

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< Kevin Garnett

Sophie


J Dilla

Spike Lee >

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© Sozyone - photo: WBT - Denis Erroyaux

Faites le mur en Wallonie !

Subversif pour les uns ou génial pour les autres, vent de liberté ou dégradation du bien public, le street-art interroge. Dans tous les cas, c’est un bon fil conducteur pour découvrir une ville à son rythme.

A Liège, les fresques ne cessent de se multiplier sous l’impulsion de Paliss’art. La trentaine d’œuvres, réalisées par des artistes de renommée internationale, offre à la ville un visage qui réchauffe la cité ardente. «L’homme de la Meuse» très coloré, est installé sur deux immeubles quand un pigeon au regard perçant, œuvre d’Adèle Renault, nous domine. Si c’est dans le quartier Pierreuse que l’on en trouve le plus, les bords de Meuse, le parc de la Boverie et le quartier d’Outre-Meuse réservent bien des surprises. Un parcours à suivre sur 8 km.

A Mons, l’Art habite la Ville A l’automne 2020, une quinzaine de fresques sont venues compléter la trentaine d’œuvres d’artistes internationaux déjà en place à Mons et dans le Borinage. On y découvre, entre autres, des réalisations des Français Honet, Céleste Gandolphe ou Levalet, toutes liées à la ville, son folklore, ses traditions et ses légendes locales. Un parcours pédestre de 7 km à effectuer en 2 heures.

Charleroi sous les bombes… de couleur ! L’une des pionnières de Wallonie en matière de graff, Charleroi en a fait une signature. Il y eut Couleurs Carolo, Urban Dream puis

© El nino 76 - photo : WBT - J.P. Remy

Paliss’Art habille les murs de Liège

Asphalte. Tous ces projets hauts en couleurs ont construit une randonnée de 3 à 10 km, de l’hyper-centre, avec les vedettes telles que Steve Powers, Poch, Invader ou Maya Hayuk, jusqu’au chemin de halage de la porte Ouest qui cède la place à des murs d’expressions libres investis par Matthias Schoenaerts, entre autres. Un parcours urbain à effectuer à pied ou à vélo, et à poursuivre en métro pour


Publi-communiqué

Sur la route de Verviers Belges et européens ont investi murs, poteaux et bancs pour laisser libre cours à leur imagination. 7 km très colorés présentent dix-huit fresques nichées dans des endroits discrets de l’ancienne cité lainière. Les projets ont des inspirations aussi éclectiques qu’Hokusaï, les Monty Python, Edwy Plenel, Magritte ou Greta Thunberg. Ou encore les deux régionaux de l’étape avec «Yoko Tsuno» et «Les 4 saisons», respectivement inspirées des dessinateurs vierviétois Roger Leloup et René Hausman.

Namur de toutes les couleurs La très sage ville de Namur (ah vraiment ?) nous cueille à la gare avec «Icarius» pour un parcours de 2 heures vers le piétonnier où un grand nombre d’interventions se déploie, à l’instar de «Vive Nameur po tot» qui conte avec espièglerie la passation du patrimoine vers les générations futures. On enjambe la Meuse pour découvrir «Démosthène» du collectif Drash sur le pignon du B&B Villa Balat. Et, chemin faisant, le regard attentif surprendra les 45 sculptures miniatures de l’artiste espagnol Isaac Cordal.

Louvain-la-Neuve Kosmopolite Exclusivement piétonne, cette ville nouvelle créée autour de son université était taillée pour inviter cans, bubbles, jam et drips. Le festival international Kosmopolite Art Tour ne s’y est pas trompé, car l’art y a trouvé ses murs en 2012 et 2015 avec des pointures telles que le new-yorkais Sonic, Grems, Binho et Lazoo. Le ton est donné dès le quai de la gare et c’est parti pour la découverte d’une vingtaine d’œuvres pendant 2 heures vers la place des wallons et l’Anneau central. © photo : WBT - Bruno D’alimonte-

© Roger Leloup photo : M.T. du Pays de Vesdre

tester ses connaissances sur les fresques des personnages BD de l’éditeur carolo Dupuis.

a

© Jana&Js - photo : Ville de Mons - Oswald Tlr

Infos pratiques : Un publi-communiqué de Wallonie Belgique Tourisme Les Maisons de Tourisme des villes citées proposent des plans interactifs sur leurs sites internet, des brochures détaillées et des visites guidées sur place.Plus d’idées et d’infos sur https://visitwallonia.be/art facebook.com/TourismeWallonieBelgique instagram.com/tourismebelge


Glenn Martens. Courtesy of MoMu © Hanna Moon


MoMu

Mode capitale

Une grande fête, dans toute la ville. Pour sa réouverture, après plus de trois ans de travaux, le ModeMuseum (MoMu) d’Anvers sort le grand jeu. Durant cinq mois, Mode / Engagée propose des expositions, des événements en plein air, des ateliers, balades thématiques et convie les créateurs qui ont fait la réputation de la cité flamande (et du monde). Il s’agit de présenter le nouveau musée, mais aussi les dessous d’un art en prise avec son temps, entre révolutions technologiques, stylistiques et sociétales. On ouvre la marche. Qui dit mode, dit Anvers. L’équation est immuable depuis près de 40 ans, et plus précisément 1986. Cette année-là, un groupe de jeunes créateurs tout juste sortis de l’Académie royale des beaux-arts de la cité portuaire gagne Londres et le British Designer « LA MODE A BESOIN Show, pour révéler ses talents à la face D’UN LIEU DE RÉFLEXION du monde. Ils se nomment Walter Van CRITIQUE » Beirendonck, Dirk Bikkembergs, Marina Yee, Dirk Van Saene, Ann Demeulemeester et Dries Van Noten. « On les a vite appelés les six d’Anvers, car prononcer leurs noms en néerlandais était trop difficile », précise Kaat Debo, la directrice du MoMu. Chacun a son style propre, ici haut en couleur (Walter Van Beirendonck), là pluriculturel (Dries Van Noten), rock (Ann Demeulemeester) ou même… militaire (Dirk Bikkembergs). Dans tous les cas, « ils ont attiré l’attention de la planète sur la ville, aujourd’hui devenue un véritable incubateur ». D’autres noms renforceront cette réputation : Martin Margiela, Raf Simons... et la série est loin d’être terminée.

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Walter Van Beirendonck. Courtesy of MoMu © Hanna Moon

Esprit d’ouverture - Fondé en 2002, le MoMu constitue le témoin de cette révolution, et le garant de sa mémoire. Installé dans un bâtiment datant du siècle (la ModeNatie, qui ravit aussi les fans d’architecture), le musée renaît après plus de trois années de rénovation. Le résultat est à la hauteur : 800 m2 de surface supplémentaire comprenant un café, une boutique, un auditorium, mais aussi une salle d’exposition permanente « permettant la présentation de trois accrochages simultanément, indique la directrice. Grâce à cela nous serons ouverts, « NOUS OBSERVONS LA pour la première fois, en continu ». RÉACTION DES CRÉATEURS Toutefois, le MoMu dépasse le FACE AUX CRISES » "simple" rôle de conservation. « Nous voulons être plus qu’un musée, aller au-delà des récits connus de l’histoire de la mode. Cet art a besoin d’un lieu de réflexion critique, pour analyser son passé et son avenir ». xixe

Les doigts dans la crise - C’est tout le sens de ce grand rendez-vous automnal, baptisé Mode / Engagée, et imaginé comme un festival disséminé dans toute la ville. « Il prouve que la mode touche tout le monde, du grand public aux aficionados ». Il s’agit par exemple d’offrir une


Iris van Herpen, in collaboration with Philip Beesley, Glitch dress in laser-cut Mylar® fabric, Spring–Summer 2017 © Photo : Sølve Sundsbø / Art + Commerce

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SOFT Tactile Dialogues, Wiesi Will, ‘Air Dancers’, 2018

seconde vie à ses vieux jeans lors d’ateliers "upcycling", ou encore de participer à la MoMu Fashion Walk, un parcours révélant les lieux ayant façonné la "patte" anversoise, comme ses boutiques emblématiques. Au sein même du musée, l’exposition E/MOTION, scrute la marche du monde à travers des pièces de Walter Van Beirendonck, Alexander McQueen, Martin Margiela, John Galliano, Versace… entre autres ! « Le titre est un jeu de mots associant l’émotion et le mouvement car la mode est en constante évolution, comme la planète. Nous observons ici les périodes de transformation importantes, les bouleversements et l’évolution de notre société. Comment réagissent les créateurs face à la crise financière, le 11-Septembre, une pandémie ? ».

Dans la dentelle - L’exposition P.LACE.S souligne enfin le rôle (moins connu) joué par Anvers durant des siècles dans la production et le commerce de la dentelle. Au musée Plantin-Moretus, on en découvre des archives antédiluviennes. Au MoMu, on admire un travail plus contemporain mené sur la précieuse étoffe, notamment « les expérimentations à l’impression 3D ou à la découpe laser d’Iris Van Herpen ou Azzedine Alaïa ». Ou comment tisser passé et futur, artisanat et innovation. Car ici, l’Histoire a de l’avenir. Julien Damien MoMu / Anvers, Nationalestraat 28, mar > dim : 10 h - 18 h, 12 / 8 € (gratuit -18 ans), www.momu.be MODE 2.021 ANVERS – MODE / ENGAGÉE

Anvers, 04.09 > 23.01.2022, MoMu et divers lieux en ville À LIRE

/ L’interview de Kaat Debo sur lm-magazine.com

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Les Humeurs du Brillant - La Singularité © Catwalkpictures


BRUSSELS TOUCH Courant alternatif Depuis près de 40 ans, Anvers tient son rang de "capitale de la mode", et celui de la dernière école stylistique apparue sur la scène internationale. Et si Bruxelles avait aussi joué un rôle déterminant dans le rayonnement de la création belge ? Sur ce postulat, plus audacieux qu’il n’y paraît, Lydia Kamitsis met au jour un « esprit bruxellois » encore jamais théorisé. L’historienne de la mode adoube ses plus dignes représentants, d’Olivier Theyskens à Ester Manas, à travers la centaine de pièces réunies pour Brussels Touch. 1977. Bruxelles décide d’honorer le tissu qui a bâti sa renommée jusqu’au xixe siècle, en créant le Musée du Costume et de la Dentelle. 2017. L’institution affirme son virage vers l’histoire du vêtement, en devenant le Musée Mode & Dentelle. « L’équipe a commencé à constituer une collection de pièces de créateurs liés à Bruxelles. Le fonds est « UNE MODE EN PRISE désormais assez conséquent pour l’examiner, AVEC LE RÉEL » et questionner l’existence d’un style spécifique, de façon très ouverte, sans certitude », décrit la Française Lydia Kamitsis. La commissaire d’exposition s’est donc plongée dans les étoffes et accessoires abrités au 12, rue de la Violette, en quête de réponses.

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Jean-Paul Knott © Eugène Galegos

Marine Serre © Catwalkpictures

La Cambre, pépinière de talents Ne faisons pas durer inutilement le suspense. « Oui, il y a bien une "Brussels Touch" ». Mais celle-ci s’est construite en creux, affirmant son identité sans tambour ni trompette. « On remarque une forme d’humilité, une manière de penser la mode en prise avec le réel, et un effacement des créateurs derrière leurs pièces », observe Lydia Kamitsis. Certains représentants de ce néo-courant tutoient pourtant les som« UN EFFACEMENT mets. C’est le cas d’Anthony Vaccarello, le DES CRÉATEURS DERRIÈRE directeur artistique d’Yves Saint Laurent, ou LEURS PIÈCES » d’Olivier Theyskens, arrivé chez Azzaro l’an passé, et dont on admirera une tenue brodée d’un spectaculaire cœur en dentelle rouge – « il y a du sentiment dans cette mode, et de la poésie qui n’est jamais grandiloquente ». Theyskens, comme Vaccarello, ont étudié à La Cambre. Sur les 32 créateurs exposés, une majorité sort d’ailleurs de l’atelier "stylisme" de la prestigieuse école d’art et de design, créée en 1986.

Une mode ancrée dans le présent Si La Cambre s’impose comme le berceau de la mode bruxelloise, Sonja Noël en a été sa bonne fée. Cette figure du retail, qui a fondé il y a 35 ans


Jean-Paul Lespagnard © Catwalkpictures style – 31


Olivier Theyskens © Fashion & Lace Museum

Ester Manas © Ester Manas

la boutique avant-gardiste Stijl, dans le quartier Dansaert, « a formé le goût de sa clientèle à la mode belge ». La pionnière a d’ailleurs gratifié Brussels Touch d’une pièce rare : une veste en toile beige sans col tirée de la toute première collection Martin Margiela, dont l’aura plane au-dessus de l’exposition. Le parcours, divisé en six séquences, fait la part belle aux mini-monographies. Dans une scénographie volontairement dépouillée, on découvre une mode dégagée de tout diktat. « Bruxelles est une ville très cosmopolite, sans références vestimen« UNE FAÇON DE taires ou architecturales très marquées. S’HABILLER TRÈS LIBRE » C’est parce qu’il n’y a pas ce poids que la façon de s’habiller y demeure très libre ». Une mode affranchie du passé donc, mais à l’écoute des problématiques sociales et environnementales. Éric Beauduin fut ainsi l’un des premiers stylistes à upcycler des matières usagées (ses fameux sacs en cuir), et le jeune duo Ester Manas conçoit des vêtements taille unique ajustables (maille extensible, chemise à liens et boutons…), suivant le concept inclusif "one size fits all". Dans une ville où l’on a érigé la fripe et la brocante en art de vivre, voilà l’esprit bruxellois superbement illustré. Marine Durand Bruxelles, jusqu’au 15.05.2022, Musée Mode & Dentelle mar > dim : 10 h - 17 h, 8 > 4 € (gratuit -18 ans), www.museemodeetdentelle.brussels À LIRE

/ L’interview de Lydia Kamitsis sur lm-magazine.com

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Fatoumata Diawara © Aida Muluneh


LA BONNE AVENTURE Rentrée solaire Annulée l'an passé, la quatrième édition de la Bonne Aventure est cette fois reportée en septembre. Installé sur l’une des plus belles plages du Nord de la France, transformée pour l'occasion en dancefloor à ciel ouvert, le beach festival fait honneur au sens de la fête propre à la cité de Jean Bart et attend jusqu'à 12 000 personnes par soirée. Quand la marée remonte... Covid oblige, l'organisation (l’association Les Nuits secrètes) a un peu revu le format du festival. Point de parcours secrets ni de Klub ouvert jusqu'à l'aube cette année, mais une foultitude d'installations brindezingues sur la digue : une grande roue de hamacs, des structures gonflables, un laboratoire mobile de barbe à papa, des déambulations sonores... entre autres. L'essentiel, lui, est bien sauf, avec deux soirées de quatre concerts gratuits. Malgré le contexte, Olivier Connan et son équipe ont concocté une affiche plus qu'honorable, voire miraculeuse. En témoigne la présence de la diva malienne Fatoumata Diawara et des mythiques Marseillais d'IAM, qui défendent ici leur dixième album, Yasuke.

Remise à flow - Sur la grande scène sise place du Casino, devant le Kursaal, on attend aussi quelques Nordistes ayant le vent en poupe : le duo electro Weekend Affair, le Lillois Yolande Bashing, qui trace sa route quelque part entre Philippe Katerine et Sébastien Tellier, ou encore Myd. Révélé au sein de Club Cheval, désormais membre de la prestigieuse écurie Ed Banger, Quentin Lepoutre a illuminé la fin de la saison avec un premier disque solo (et solaire), Born a Loser, et des morceaux entre pop, house et techno, où l'hédonisme le dispute à la mélancolie. Une BO de circonstance pour ce drôle d'été indien. Julien Damien Dunkerque, 11 & 12.09, Place du Casino & digue de Malo gratuit, www.labonneaventurefestival.com / 11.09 : Vianney, Fatoumata Diawara, Lala &ce, Weekend Affair 12.09 : IAM, Chilla, Myd, Yolande Bashing

SÉLECTION

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© Sven Gutjahr

ANIKA C'est ce que l'on appelle un concert ton sur ton. Parce que franchement, auriez-vous envie d'aller écouter des comptines post-industrielles, du krautdub maladif et de la pop noirâtre sous les ors de la Fondation Louis Vuitton ou à la Philarmonie de Paris ? Non, évidemment. Tandis qu'ici, aux 4Ecluses, à un jet de pierre d'un port industriel, face aux grues éternelles et à la mer comme dernier terrain vague… Là, tout de suite, ça fait sens. T.A. Dunkerque, 12.09, Les 4Ecluses, 18 h, 15 € (gratuit pour les abonnés), www.4ecluses.com

RONE Bricoleur de génie à l'air d'oiseau tombé du nid, Rone s'est imposé, en une petite dizaine d'années, comme une valeur sûre de l'electro française. Sans œillères, mais avec de fortes convictions, ce doux rêveur a imaginé quelques paysages sonores dans lesquels il fait bon se perdre (citons l'album Créatures où apparaissaient Etienne Daho et François Marry) avant d'emprunter des chemins plus escarpés en compagnie du prophète SF Alain Damasio ou de la pianiste Vanessa Wagner. Vous avez dit insaisissable ? Exactement ! Mais un invariant traverse son œuvre : le sens du groove et de la joie – ce qui, sur scène, ne gâche rien, vous en conviendrez. T.A. © Alexandre Ollier

Lille, 18.09, L'Aéronef, 20 h, 28 > 20 €, www.aeronef.fr Bruxelles, 05.02.2022, Ancienne Belgique, 20 h 29 / 28 €, www.abconcerts.be



Repoussées en septembre à cause de vous-savez-quoi, Les Nuits Botanique n'y échapperont pas : oui, on parlera encore de sa verrière, de ses jardins, de sa verdure – un peu orangée, la verdure, automne oblige. Pour le reste, c'est une fois encore une affiche pléthorique, conviant la crème de la pop, au sens large, d'hier et d'aujourd'hui. Voici notre quarté gagnant. T. Allemand

POMME Apparue discrètement en 2017 avec un premier album, À peu près, Claire Pommet, alias Pomme, s'est depuis imposée comme LA chanteuse à suivre. Mine de rien, et avec un arsenal bien différent, la guitare et l'autoharpe remplaçant les bidouillages électroniques, il y a quelque chose de Billie Eilish chez la Lyonnaise. On y retrouve la même fragilité narrée avec

douceur, elle qui assume pourtant ses Failles sans fard. Pleinement ancrée dans son époque post#MeToo, celle qui vit désormais entre Paris et Montréal s'inscrit aussi dans le sillage de ces femmes qui firent les belles heures du folk seventies : Joni Mitchell, Anne Sylvestre, Linda Thompson. Une grande, quoi. 09.09, Scène Parc, 19 h, 35 > 28 €

© Thomas Laisne

LES NUITS BOTANIQUE Le plein d’étoiles


Le dernier projet en date d'Emily Loizeau était un hommage à Lou Reed. Soit l'homme qui fit entrer le rock'n'roll dans l'âge adulte. Un disque étrange, où l'aventure le dispute à la sagesse. À l'heure où l'on écrit ses lignes, on n'a pas encore entendu Icare, écrit et enregistré durant le confinement avec John Parish (PJ Harvey, The Goon Sax…), mais on nous annonce un "vrai" groupe de rock. L'influence du corbeau newyorkais ? En tout cas, cet oiseau-là n'a pas fini de nous surprendre. 08.09, Orangerie, 20 h 30, 27,50 > 20,50 €

ELYSIAN FIELDS

© Michaël Lavine

© Ludovic Carème

EMILY LOIZEAU

Groupe définitivement à part, ces Elysian Fields là ne se prêtent pas vraiment au shopping du week-end. Depuis plus de 25 ans, le tandem délivre au compte-gouttes des albums au charme capiteux, aux effluves sensuelles et nimbées d'absinthe. Il y a quelque chose de fantastique, au sens dix-neuvièmiste, chez ces Américains complices de Jean-Louis Murat. Avec une mise en musique de textes de Poe, des lignes macabres entonnées d'une voix envoûtante, on songe à une version vénéneuse de Mazzy Star. 10.09, Orangerie, 20 h 30, 23,50 > 16,50 €

FRÀNÇOIS & THE ATLAS MOUNTAINS © Oihan Brière - Studio Zômpà & Zitü

Charentais, mais pas pantouflard, François Marry est un éternel voyageur. En témoigne son dernier-né, Banane bleue, enregistré entre Berlin et Athènes – plutôt loin des montagnes de l'Atlas, donc. Produit par le Finlandais Jaakko Eino Kalevi, ce septième essai délaisse les musiques africaines (même si l'on y entend encore de l'oud tunisien) au profit de la pop anglo-saxonne et du krautrock allemand. En tout cas, on perçoit les doutes et les angoisses d'un jeune Français en exil créatif permanent. 22.09, Scène Parc, 19 h 30, 24,50 > 17,50 €

Bruxelles, 08 > 26.09, Botanique, 35 > 13,50 €, www.botanique.be / 08.09 : This is The Kit, Emily Loizeau // 09.09 : Pomme... // 10.09 : Juicy Orchestra, Elysian Fields... // 11.09 : Girls in Hawaii... // 12.09 : Mansfield Tya, Silly Boy Blue 13.09 : Prudence, Catastrophe, Le Villejuif Underground // 14.09 : Bachar Mar-Khalifé... 15.09 : Requin Chagrin... // 16.09 : Videoclub, Benjamin Schoos & The Loved Drones 17.09 : Sébastien Tellier, QuinzeQuinze // 19.09 : Coline & Toitoine // 21.09 : Yelle... 22.09 : Frànçois & The Atlas Mountains // 23.09 : Lala &ce, Bonnie Banane 25.09 : Camille // 26.09 : Tim Dup… musique – 41

SÉLECTION


Des rythmes et des lettres C’est le printemps en automne. Habituellement programmé en mars, À Travers chants signe son retour en septembre, rythmant la rentrée avec de bonnes ondes. Chaleureux et défricheur, ce festival met à l’honneur la chanson française. Durant près d’un mois, la MJC de Saint-Saulve convie des artistes amoureux du beau texte. Mis sur pied il y a près de 30 ans par une équipe de passionnés, ce rendezvous tient contre vents et marées, sans dévier de sa trajectoire : défendre une chanson française de qualité. « C’est un festival de découvertes, nous invitons des artistes que vous ne verrez pas sur les plateaux de télévision », confirme le directeur, Thierry Rungette. Pas forcément médiatisés donc, mais pas moins talentueux, à l’image d’Yves Jamait. Qu’il chante la solitude, les amours ratées ou les soirs de cuite, l’ancien ouvrier (qui a produit son premier disque avec ses primes de licenciement) a le chic pour jongler avec les mots, entre humour et tragédie. « Oui, nous sommes très attachés aux textes et à la prestation scénique ». En cela, on peut compter sur Tim Dup pour coller des frissons à l’auditoire. Derrière son timbre fragile, on trouve des titres mariant acoustique, electro, et douce mélancolie. On citera aussi Leïla Huissoud, dont la performance et les intonations évoquent la grande Piaf. Enfin, le festival ménage une place au jeune public, notamment grâce à Rue Leprest. Ce quatuor place le répertoire (immense) d’Allain Leprest à hauteur d’enfant - histoire d’assurer la relève. Julien Damien Saint-Saulve, 18.09 > 15.10, MJC Espace Athéna, 1 concert : 14 > 5 € (gratuit -6 ans hors spectacles jeune public) • pass : 23 / 17 €, www.mjc-athena.org / 18.09 : Yves Jamait + Mémo // 25.09 : Tim Dup + Dévoré // 28.09 : Rue Leprest 01.10 : Dick Annegarn // 02.10 : Leïla Huissoud // 15.10 : Les Trois Tess …

SÉLECTION

Dick Annegarn © Guillaume Rivière

À TRAVERS CHANTS



Remise à flots Annulé in extremis l'an passé, le festival boulonnais garde le cap avec une affiche à faire pâlir quelques mastodontes estivaux. Pour cette nouvelle édition, le Poulpaphone quitte les hangars du Garromanche pour s’installer sur le site de l’Éperon, à l’air libre. Deux semaines après la rentrée, voilà une belle façon de prolonger (un peu) les vacances. Thibaut Allemand

LA FEMME Passée la surprise de Psycho Tropical Berlin (2013) et la confirmation avec l'impeccable Mystère (2016), le collectif mené par Marlon Magnée et Sacha Got s'est confronté à de nouvelles difficultés : éloignements géographiques, changement de line-up… Cependant, La Femme a signé au printemps dernier un troisième LP charmant, qui

mêle toutes les lubies et obsessions de ses cerveaux : guitares surf, mélodies yéyé, souffle punk, electropop naïve, rap maladroit, échos de western spaghetti… Un cabinet de curiosités dont on n'a pas encore fait le tour, et qui pourrait révéler de nouveaux charmes sur scène, où la bande n'a pas de leçon à recevoir.

© JD Fanello

POULPAPHONE


© Romain Sellier

© Pierre-Ange Carlotti

BONNIE BANANE

HERVÉ

Un nom qui semble jaillir d'une BD néoligne claire d'Yves Chaland. Bonnie Banane, elle, se présente comme la fille illégitime de Beyoncé et Coluche – ce qui ouvre tout de même un vaste champ des possibles. Si elle ne se prend pas au sérieux, la chanteuse et comédienne a déjà travaillé avec, entre autres, Chassol, Flavien Berger ou Myth Syzer. Sexy Planet, son premier album, est un concentré élégant d'humour surréaliste et de groove R&B. + Tourcoing, 25.09, Grand Mix, 19 h, 26 / 22 € legrandmix.com (Pop Factory)

C'est en musique que cet ancien boxeur baisse la garde, laissant parler ses failles, fêlures et blessures sur une electropop que n'aurait pas reniée Lescop – ou, évidemment, Étienne Daho, parrain de cette scène francophone qui n'en finit pas de redécouvrir la pop synthétique 80's. On pourrait faire la fine bouche, dire que l'on a déjà entendu tout ceci ailleurs. Mais on jette l'éponge devant la maestria avec laquelle Hervé fait sonner mots et synthés. Pour mieux en sortir sonné.

PONGO © Félix Dol Maillot

En 2008, encore adolescente, l'Angolaise Pongo éclatait au sein des Portugais Buraka Som Sistema. Depuis surnommée "reine du kuduro" (mélange de semba, une musique traditionnelle angolaise, et d'electro), Pongo est acclamée sur les scènes du monde entier – on se souvient d'une prestation terrassante lors des Trans Musicales 2019. Installée au pays de Pessoa, elle nimbe ses chansons d'une saudade typiquement lisboète et s'impose comme une figure montante de la grande sono mondiale. Boulogne-sur-Mer, 17 & 18.09, Site de l’Éperon, 20 h, 1 soir : 23 / 20 € • pass 2 soirs : 28 € www.poulpaphone.com / 17.09 : Structures, La Femme, Hervé, Pastel Coast, Bekar, Camilla Sparksss 18.09 : Requin Chagrin, Youssoupha, Pongo, Bonnie Banane, Fantômes, Danceoke

SÉLECTION


© Adrian Samson

Ex-égérie du tandem Moloko, qui fit chavirer nos petits cœurs electropop à la fin des années 1990, Róisín Murphy mène depuis une épatante carrière solo. Sans avoir l'aura d'une Kylie ou d'une Robyn, elle a su trouver son chemin et se faire une place. Retour sur un drôle de parcours.

RÓISÍN MURPHY

Dancing Queen Une chanteuse qui reprend Lucio Battisti ne peut pas être tout à fait mauvaise, dit le proverbe. Róisín Murphy ayant entonné Ancora Tu, on en déduit que cette femme a du talent. Mais revenons un peu en arrière : Róisín (prononcez "Roysheen") est née en Irlande voici 48 ans, a grandi à Manchester avant de s'installer à Sheffield, quelques kilomètres à l'Est. Là, elle fonde un tandem marquant de la fin du siècle dernier, Moloko (souvenez-vous, Sing it Back ou The Time is Now, entre autres tubes). Lorsque le couple se sépare, en 2003, l’avenir de Murphy est sombre. Que faire ? Oh, pas grand-chose. Des enfants. Puis, face à l'indicible ennui provoqué par ces rejetons, elle s'acoquine avec plusieurs producteurs, dont Maurice Fulton et DJ Parrot, pour signer des titres qui prennent le disco au sérieux et dans toute sa (dé) mesure : soit des tombereaux de mélancolie s'abattant sur des mélodies imparables et finement produites. Ainsi, Róisín Machine, son dernier album en date, a tout du grand disque populaire qui, comme une Sophie EllisBextor d’aujourd’hui, peut réunir grand public enthousiaste et snobinards (pseudo) pointus. Allez, prenons les paris : sitôt cette pandémie oubliée, 2022 sera l'année Róisín. Thibaut Allemand Bruxelles, 21.09, Ancienne Belgique, 20 h, 40 / 39 €, www.abconcerts.be musique – 46



© Pierre-Ange Carlotti

LALA &CE Service gagnant 6 Ce pseudo, tout d'abord, qu'on prononcera "Lala Ace" – oui, comme les services gagnants, au tennis. Comme les as, en fait. Car il y a de ça chez Mélanie Berthinier : frapper vite. Et fort. Née et grandie du côté de Lyon, la jeune femme fait ses armes au sein du collectif 667 en compagnie de Freeze Corleone, entre autres. Installée à Londres depuis sept ans (à l'origine pour des études dans la finance, rapidement abandonnées), son rap n'a pas grand-chose à voir avec la scène brit-hop, mais lorgne largement outre-Atlantique, entre trap et atmosphères planantes et largement codéinées – ce fameux chopped & screwed qui fit les belles heures de la scène texane. L'indolente suavité d'un flow enrichi à l'autotune assure le reste. Alors on pourrait, paresseusement, voir en Lala &ce une cousine de PNL. Ce serait faire l'impasse sur l'imagerie, bien moins gangsta et plus fleur bleue, de la Lyonnaise qui s'avère par ailleurs étonnante lors de ses sets – toujours gagnants, forcément. T.A. Dunkerque, 11.09, Place du Casino, gratuit, www.labonneaventurefestival.com (La Bonne Aventure) // Bruxelles, 23.09, Botanique, 19 h 30, 24,50 > 17,50 €, www.botanique.be (Les Nuits Botanique) // Tourcoing, 25.09, Grand Mix, 19 h, 26 / 22 €, www.legrandmix.com (Pop Factory) musique – 48



© DR

BOY PABLO D'origine chilienne, Nicolás Pablo Rivera Muñoz a grandi en Norvège et s'est tout naturellement pris de passion pour le black metal et l'incendie d'église entre amis… Les clichés ont la vie dure, hein ? En réalité, le jeune homme s'est pris la vague indie en pleine poire, de Belle and Sebastian à Mac DeMarco, a chiné sur le Net des raretés Sarah Records. Depuis, il compose des petits bijoux mélancoliques et accrocheurs avec ses camarades. Les blasés diront qu'ils ont déjà entendu ça des dizaines de fois. Mais une bonne chanson, c'est un peu comme tomber amoureux, non ? Ce n'est pas parce que ça vous est déjà arrivé que ça n'arrivera qu'une seule fois. T.A. Bruxelles, 22.09, Ancienne Belgique, 20 h, 23 / 22 €, www.abconcerts.be

© Lise Gaudaire

TOTORRO & FRIEND X FABCARO Écrivain et bédéaste à l'humour lunaire, Fabcaro a inspiré le théâtre (Zaï Zaï Zaï Zaï) et le grand écran (son roman Le Discours est devenu un film). Le Montpelliérain est également mélomane. Ça tombe bien, les membres de Totorro, formation de postrock déviant, associés au batteur Pierre Marolleau, mettent en son Et si l’amour c’était aimer, monument d'absurdité. Attention : l'introduction de salade macédoine reste prohibée en salle. T.A. Tourcoing, 28.09, Grand Mix, 20 h, 10 / 6 € www.legrandmix.com Bruxelles, 29.09, Atelier 210, 20 h 30, 15 / 12 € www.atelier210.be musique – 50


DÉCEMBRE

ROMAN FRAYSSINET

ROVER

20 & 21.09•Théâtre Sébastopol•Lille

07.12 • Splendid • Lille

OCTOBRE

JANVIER

ÉLODIE POUX

CARLA BRUNI

15.10 • Le Phénix • Valenciennes 16.10 • Théâtre Sébastopol • Lille

18.01 • Théâtre Sébastopol • Lille

PAUL TAYLOR 17.10 • Théâtre Sébastopol • Lille

GUILLERMO GUIZ 19.10 • Théâtre Sébastopol • Lille

NOVEMBRE

GRAND CORPS MALADE 21.11 • Zénith • Lille

BUN HAY MEAN 22.11 • Théâtre Sébastopol • Lille

VITALIC «V20Y» 22.01 • Zénith • Lille

LE GROS 4 28.01 • Zénith • Lille

MARS

paul mirabel 17.03 • Théâtre Sébastopol • Lille

AVRIL

METRONOMY 04.04 • Zénith • Lille

MARINA ROLLMAN

hoshi

25.11 • Théâtre Sébastopol • Lille

06.04 • Zénith • Lille

THOMAS WIESEL

TEXAS

26.11 • Théâtre Sébastopol • Lille

16.04 • Zénith • Lille

DÉCEMBRE

MAI

SUZANE

PNL

02.12 • Splendid • Lille

04 & 05.05 • Zénith • Lille

Infos, résas & agenda complet www.tumetonnesproductions.com

IGGY POP 10.05 • Zénith • Lille

tum et o

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ductions

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THOMAS DUTRONC 04.12•Palais des Congrès• Le Touquet

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N° DE LICENCE : 2-1087570 / 3-1087571 - Création graphique : l’astrolab* - info@lastrolab.com

SEPTEMBRE


© Nathaniel Goldberg

ALAIN SOUCHON Monument aux mots 6 Le

Monde change de peau scandait Alain Souchon en 1976, accompagnant d’une ritournelle enjouée la naissance de la « ville nouvelle », bétonnée à outrance. Le verbe est juste, les mélodies entêtantes et l’analyse terriblement pertinente. Ainsi va l’éternel jeune homme de la chanson française - il a toujours dix ans, non ? Sous ses faux airs de flâneur tombé du lit, la candeur et la mélancolie, l’infatigable chroniqueur des foules sentimentales n’est dupe de rien. Des dérives du capitalisme (Parachute doré, soit un texte assassin sur un air de calypso) au fanatisme religieux (Et si en plus y'a personne) en passant par l’exil forcé (C’est déjà ça), peu de nos afflictions échappent à l’acuité de son regard. Dans son 15e album, Âmes fifties, le bientôt octogénaire égrène ses souvenirs d’enfance, de la plage du Crotoy au « salon d’lauto », de la guerre d’Algérie aux premiers baisers. Mais c’est bien l’humaine condition, avec ses grands maux ou petites joies, qu’il embrasse en souriant. Et ça, ça ne changera pas. Tant mieux. J.D. Béthune, 26.09, Théâtre municipal, 18 h, 50 / 45 €, www.theatre-bethune.fr Bruxelles, 30.01.2022, Forest National, 17 h, 69 > 39 €, www.forest-national.be Lille, 26.02.2022, Zénith, 20 h, 69 > 42 €, www.zenithdelille.com musique – 52



© Sanja Marusic 2020

ALTIN GÜN C'est Byzance ! Fondé voici cinq ans par Jasper Verhulst, bassiste de Jacco Gardner, après sa découverte de l'âge d'or du rock turc, Altin Gün a déjà signé trois albums et compose progressivement une œuvre. Laquelle s'inspire grandement du passé antérieur pour proposer un futur conditionnel. On entend déjà chouiner les pisse-vinaigre : c'est de l'appropriation culturelle ! Des Occidentaux s'emparent d'une musique qui n'est pas à eux et la vident de sa substance ! On laissera ces belles âmes dans leur coin, pour pas mal de raisons. D'une, aucune culture n'est chimiquement pure. Ensuite on pourrait, certes, sourire à l'idée que des Bataves fassent résonner la pop anatolienne à la manière des seventies stambouliotes. Mais Altin Gün ne sombre jamais dans le pastiche ou l'imitation stérile, nourrissant au contraire ses chansons d'apports d'époques et de territoires différents. Notre ère jouit d'un atout inexistant à l'heure de la révolution pop des sixties. Désormais, on peut revisiter le passé à l'envi, à toute heure du jour et de la nuit. On réussit, en deux clics, à tout connaître du Top 50 d'Ankara en 1973. De cette manne, Altin Gün a largement profité, ajoutant à cette base de travail un savoir-faire certain, mixant les sonos du Bosphore au funk et au psychédélisme. Quant à la scène, la bande fait durer le plaisir, rallonge et modifie ses compositions dans un seul but : la transe. Dès lors, on entend râler l'association de défense des derviches tourneurs. Tant pis pour eux ! Thibaut Allemand Lille, 29.09, L'Aéronef, 20 h, 26 > 19 €, www.aeronef.fr

musique – 54



Claire Laffut © Charlotte Abramow

POP FACTORY Bouillon de culture 6 La France est diverse, et la pop d’ici à son image. S’il fallait encore le démontrer, ce festival offre un bon aperçu de ce kaléidoscope musical. Sur les deux scènes du Grand Mix se succèdent trap sensible (Lala &ce), indie folk (Blumi) ou R&B brindezingue (Bonnie Banane). Les qualificatifs ont-ils seulement un sens dans ce grand mélange des genres ? Pas vraiment. Rien que de très normal pour une génération qui a grandi avec la dématérialisation de la musique, et avance en regardant à la fois le passé et le futur. Ana Benabdelkarim, aka Silly Boy Blue (en référence au morceau de Bowie), cite par exemple aussi bien Lana Del Rey qu’Elliott Smith. Parmi ces nouveaux visages, le collectif QuinzeQuinze offre une parfaite illustration de ce métissage culturel (et donc sonore). Ces cinq artistes se sont rencontrés sur les bancs de l’École supérieure d'art et de design d’Amiens, et mêlent avec succès (écoutez donc Le Jeune) Bass music anglaise et chants polyphoniques polynésiens - et qu’on ne vienne plus nous parler "d’appropriation culturelle " ! J.D. Tourcoing, 24 & 25.09, Le Grand Mix, 19 h 1 soir : 26 / 22 € • pass 2 soirs : 39 / 35 €, legrandmix.com / 24.09 : Victor Solf, Claire Laffut, Silly Boy Blue, Terrenoire, Blumi, Maxwell Farrington & le SuperHomard // 25.09 : Lala &ce, Bonnie Banane, Petit Prince, Joanna, QuinzeQuinze, Blumi

SÉLECTION

musique – 56



© Alex Pilot

MUSTANG Mustang fut le grand espoir du rock d'ici. Qui d'autre, en 2009, se moquait gentiment des altermondialistes et samplait Aphex Twin ? Personne. Mais voilà, trop intelligent, trop subtil, trop technique, comme dirait l'autre, ce rock'n'roll synthétique unissant plume acerbe et mélodies tombées du ciel ne rencontra qu'un succès d'estime. Depuis, le leader charismatique Jean Felzine a enchaîné EP solo, album avec sa compagne Jo Wedin, écrit pour Pomme ou Camélia Jordana... Enfin, parut Memento Mori (2021), quatrième LP qui fait montre d'un talent de chansonnier intact. Mustang ne sera donc jamais le groupe préféré de votre boulangère. Et alors ? T.A. Lesquin, 30.09, Centre culturel de Lesquin, 20 h, 10 / 6 €, www.centrecultureldelesquin.fr Béthune, 01.10, Le Poche, 20 h 30, 12 / 10 €, www.theatre-bethune.fr

© Julien Lachaussee

PETER HOOK & THE LIGHT PLAY JOY DIVISION « Nous sommes sur la crête entre le sublime et le grotesque », nous avait glissé un ami lors d'un concert de Peter Hook à Lille, voici quelques années. Le sublime et le grotesque ? C'est, d'après Victor Hugo, l'un des traits du drame romantique. En l’occurrence, voir Peter Hook, 65 ans et bedonnant, entonner les chansons du plus célèbre des épileptiques a quelque chose de grotesque. Et de sublime, aussi. Dramatique ? Même pas. Romantique ? Assurément. T.A. Bruxelles, 30.09, La Madeleine, 20 h, 39 € www.la-madeleine.be Lille, 12.05.2022, L’Aéronef, 20 h, 26 > 19 €, aeronef.fr



© Magdalena Lawniczak

LUJIPEKA Un temps assimilé à l’horrible Manau et sa Tribu de Dana, le rap breton porte désormais beau, et Lujipeka en est l’une des figures de proue. Révélé avec le titre Putain d’époque, le cofondateur du collectif Columbine mâtine son art de pop et de chanson française (normal, dans la patrie de Daho), dans les pas de Roméo Elvis, Lomepal ou Orelsan, une de ses références. Sans doute la clé du succès. Au sacro-saint tryptique drogueviolence-prison, le Rennais préfèrera évoquer un quotidien provincial plus réaliste, avec sa mélancolie, ses galères ou bons délires, sans oublier de brûler la piste. Akim, le fils du forgeron, n’a qu’à bien se tenir. J.D. Tourcoing, 30.09, Le Grand Mix, 20 h, 20 / 16 €, legrandmix.com

Clément Jurkew © Jurskuu

LA TOURNÉE DES INOUÏS La Tournée des iNOUïS passe par le Grand Mix de Tourcoing, et ce n’est pas rien. En six éditions, ce plateau de jeunes talents dénichés par les jurys du Printemps de Bourges a déjà révélé quelques grands noms – tel Eddy de Pretto en 2017. On prêtera donc plus qu’une oreille attentive à ce nouveau cru. On a déjà repéré la rappeuse Leys ou encore la house très funk d’Annael, qui signe mine de rien un potentiel tube de l’été indien avec Regards volés. J.D. Tourcoing, 05.10, Le Grand Mix 19 h, 11 > 6 €, legrandmix.com PROGRAMME / Leys, Annael, Vikken, Merryn Jeann



© Louvre-Lens - F. Iovino

MUSE & PIANO Transatlantique 6 Pour sa sixième édition, ce festival se met à l’heure américaine. Et qui dit Amérique dit... Philip Glass, pardi ! Le père de la musique répétitive est célébré par le duo de sœurs pianistes Katia et Marielle Labèque, qui rejouent son opéra de chambre, Les Enfants terribles. De la Scène à la Galerie du Temps résonnent ainsi pièces issues du répertoire classique et contemporain made in USA. À l’image du Quatuor Face à Face offrant, entre claviers et percussions, une relecture survoltée du West Side Story de Leonard Bernstein. J.D. Lens, 24 > 26.09, Scène du Louvre-Lens, Hall du musée, Galerie du Temps 20 > 3 € (gratuit -18 ans) • pass : 50 €, www.louvrelens.fr / 24.09 : Quatuor Face à Face, Vanessa Wagner 25.09 : Katia et Marielle Labèque, John Gade, Bertrand Chamayou et Matteo Franceschini 26.09 : Joseph Moog, Vincent Mussat, le Quatuor Face à Face, Mara Dobresco et Géraldine Dutroncy…

SÉLECTION

musique – 62



© Frank Stewart

WYNTON MARSALIS Prodige du jazz ET de la musique classique (en 1983, il recevait un Grammy dans chacune des deux catégories), croulant sous les prix (Pulitzer de la musique, docteur Honoris Causa de Harvard et de Lyon), Wynton Marsalis ne s’est jamais reposé sur ses lauriers. Mieux : cette légende vivante prend un malin plaisir à déjouer les attentes et à ouvrir son œuvre au plus grand nombre. Ici, en compagnie de son Big Band, le jeune sexagénaire donne à entendre les airs de sa ville natale, la Nouvelle-Orléans. T.A. Lille, 02.10, Nouveau Siècle, 20 h, 33 / 27 € www.lenouveausiecle.fr / aeronef.fr

et aussi…* VEN 03.09 DIONYSOS + PARLOR SNAKES

Bruxelles, Cirque Royal, 19h, 30€ FANTOMES + JURASSIC POP

Dunkerque, Les 4 Ecluses, 19h, gratuit

SAM 04.09 POMME

Mons, Théâtre Royal, 20h, 30>10€

DIM 05.09 FLAVIA COELHO

Bruxelles, Ancienne Belgique, 20h, 20/19€

MAR 07.09

SCHOOL IS COOL

Anvers, De Roma, 20h, 23/21€

VEN 10.09 UKULELEBOBOYS

Louvroil, Espace Culturel Casadesus, 19h, 2€ EDDY APE

Bruxelles, Botanique, 20h, 18,50>11,50€

SAM 11.09 GIRLS IN HAWAII…

Bruxelles, Botanique, 19h, 29>22€ CYRIL CYRIL + AMAMI

Tourcoing, Le Grand Mix, 20h, 13€ > gratuit (abonnés) THIS IS THE KIT + ELLIOTT ARMEN

L.E.J

Lille, Théâtre Sébastopol, 20h, 33,40€ ORCHESTRE FRANÇAIS DES JEUNES : HEUREUX QUI COMME ULYSSE...

Lille, Nouveau Siècle, 20h, 14>6€

MER 08.09 YELLOWSTRAPS + KAI KWASI

Bruxelles, Botanique, 19h30, 23,50>16,50€

JEU 09.09 GREEN MONTANA + GEEEKO

Bruxelles, Botanique, 18h30, 24,50>17,50€

Dunkerque, Les 4 Ecluses, 20h, 15€ (gratuit abonnés)

DIM 12.09 THIS IS THE KIT

Tourcoing, Le Grand Mix, 18h, 14>6€ MANSFIELD. TYA + SILLY BOY BLUE

Bruxelles, Botanique, 20h30, 25,50>18,50€

LUN 13.09 VOX LOW + LE VILLEJUIF UNDERGROUND…

Bruxelles, Botanique, 20h30, 22,50>15,50€

MAR 14.09 BACHAR MAR-KHALIFÉ

Bruxelles, Botanique, 19h30, 24,50>17,50€

MER 15.09 BENJAMIN BIOLAY

Lille, Théâtre Sébastopol, 19h, 34€ LE VILLEJUIF UNDERGROUND

Roubaix, La Cave aux Poètes, 20h, 14>10€ REQUIN CHAGRIN

Bruxelles, Botanique, 20h, 20,50>13,50€ VIDEOCLUB (ADELE CASTILLON)

Lille, Le Splendid, 20h, 27€ YASIIN BEY AKA MOS DEF

Anvers, De Roma, 20h, complet

JEU 16.09 LES OGRES DE BARBACK

Lille, L’Aéronef, 20h, complet

VEN 17.09 SÉBASTIEN TELLIER

Bruxelles, Botanique, 19h30, 33,50>26,50€

SAM 18.09 11H11 AVEC JELLY BEAN

Lesquin, Centre Culturel, 11h11, gratuit L. CAHEN + NICOLAS MICHAUX

Tourcoing, Le Grand Mix, 20h, 14>6€

* sous réserve des conditions sanitaires

musique – 64



ROVER

© Claude Gassian

Depuis bientôt dix ans, Rover signe, en toute discrétion mais à destination d’un public de fidèles, des albums (trois à ce jour) qui renouent avec un savoir-faire que l’on pensait perdu. Une façon d’appréhender le songwriting et le studio à l’ancienne. Si le dernier essai de ce géant de mélancolie fut enregistré dans les anciennes glacières Saint-Gilles, à Bruxelles, on croit y retrouver le son de lieux légendaires – tels les studios RCA de Nashville, Tennessee. Sur les planches, en revanche, pas de maquillage : l’émotion est là, brute, à l’état nu. T.A. 02.10, Oignies, Le Métaphone, 20 h, 19 > 13 €, www.9-9bis.com Lille, 07.12, Le Splendid, 20 h, 29,90 €

GAUVAIN SERS + AMOUË

Oignies, Le Métaphone, 20h30, 18>12€

LUN 20.09 SONIC BOOM + L’OBJET

Tourcoing, Le Grand Mix, 20h, 14>6€

MAR 21.09 APPARAT LIVE + MAUD GEFFRAY

Lille, L’Aéronef, 20h, 26>19€ BARBARA PRAVI

Béthune, Théâtre, 20h, 22>11€

MER 22.09 DIONYSOS + VERTIGE

Lille, L’Aéronef, 20h, 26>19€

JEU 23.09 OUVERTURE DE SAISON DE L’ONL

Lille, Nouveau Siècle, 20h, 55>6€ ERIK TRUFFAZ + ESINAM

Liège, Reflektor, 20h30, 20€

VEN 24.09 OUVERTURES ! (Mozart / Mahler / Roussel / Monteverdi / Strozzi / Zelenka / Pisendel / Louati)

Tourcoing, Auditorium du Conservatoire, 18h + Théâtre municipal R. Devos, 20h30, gratuit

OUVERTURE DE SAISON DE L’ONL

Lille, Nouveau Siècle, 20h, 55>6€

THOMAS FERSEN

Bruxelles, W:Halll - Pôle Culturel Woluwe Saint-Pierre, 20h30, 40/35€

SAM 25.09 OUVERTURES ! (Mozart / Mahler / Roussel / Monteverdi / Strozzi…)

MAR 28.09 TOKYO POLICE CLUB

Anvers, Trix, 19h30, 24/22,50€ MARC LAVOINE

Roubaix, Le Colisée, 20h30, 46>15€

MER 29.09

Tourcoing, Auditoirum du Conservatoire, 14h + MUba, 16h + Eglise Saint-Christophe, 18h + Théâtre municipal R. Devos, 20h30, gratuit

CHAPELIER FOU + MONOLITHE NOIR

CAMILLE, LÀLALIVE

PHILIP CATHERINE

Bruxelles, Botanique, 20h, 40,50>33,50€ JOHNNY MAFIA + BANDIT BANDIT + JOJOBEAM

Béthune, Le Poche, 20h, 10/8€ FLASHFORWARD: BOOKA SHADE

Charleroi, Rockerill, 22h, 20/15€

DIM 26.09 ALAIN SOUCHON

Béthune, Théâtre, 18h, 50/45€ PAUL PERSONNE

Lille, Théâtre du Casino Barrière, 18h, 46>37€ TIM DUP + LO

Bruxelles, Botanique, 19h30, 23,50/20,50€

LUN 27.09 MARC LAVOINE

Mons, Théâtre Royal, 20h, 49>39€

Bruxelles, Botanique, 19h30, 20,50>14,50€ La Louvière, Le Théâtre, 20h, 18/15€ DELGRES + DIRTY PRIMITIVES

Tourcoing, Le Grand Mix, 20h, 20>6€ LES FATALS PICARDS

Lens, Le Colisée, 20h, 27,50>14,50€ CLAUDIO CAPÉO

Roubaix, Le Colisée, 20h30, 49>15€

JEU 30.09 CATASTROPHE

Lille, L’Aéronef, 20h, 19>11€ CLAUDIO CAPÉO

Béthune, Théâtre de Béthune, 20h, 44>22€ JAMES THE PROPHET + GULIEN

Roubaix, La cave aux Poètes, 20h, 12/10€ (gratuit abonnés)

* sous réserve des conditions sanitaires

musique – 66



Jungle Loving in Stereo (Caiola Records)

Après l’annus horribilis qui a enrhumé l’industrie musicale, les sorties d’album seront immanquablement accompagnées de tirades sur la "renaissance" et le retour de la joie. Jungle n’a pas attendu le "lockdown" pour rêver à des samedis soir plus fiévreux. Dès 2014, les Londoniens offraient un aperçu du "futur de la soul" en synthétisant avec brio Philly sound et disco ténébreuse. Sept ans après, on peut avouer que le vrai tube de cet album inaugural s’appelle Time et que Jungle est en réalité un duo de producteurs. Josh Lloyd-Watson et Tom McFarland sont devenus en deux disques et autant de tournées les Chemical Brothers d’une soul revigorée. Dans un royaume déconfiné et brexité, le monde d’après est une nécessité : Keep Moving scandaient les deux Britanniques dès mars pour annoncer ce troisième opus idéal pour retrouver le chemin des dancefloors. Aux variants troublefêtes, Jungle oppose un invariant : production léchée sur rythmes irrésistibles. Des invités symbolisent, comme les vidéos soutenant les singles, une soif du collectif, car on aime toujours mieux en stéréo qu’en mono. Pour preuve, l’un des sommets de cette galette est le fruit d’une collaboration : Romeo, avec le rappeur Bas. Mathieu Dauchy

Pepper White The Lonely Tunes of Pepper White (Howlin Banana Records)

Thomas Dahyot fut le guitariste et chanteur de Madcaps, formation de garage rock de la fourmillante scène rennaise. Après la fin du groupe et l’apparition des premiers cheveux blancs il est devenu Pepper White, et revient avec ce premier album aux fondements du rock anglo-saxon. Parmi les influences, le premier morceau Lonely for too Long annonce la couleur avec un combo piano-voix très proche du Velvet. Si les références sont classiques, les thèmes sont plus actuels : une chanson blues-rock sur l’amour-haine pour les comédies romantiques ou encore la pandémie avec l’obsédant Lockdown. The Ballad of Pepper white allie de son côté surf-music et western épique. Cet album ne révolutionnera pas le rock (si c’était possible) mais reste diablement efficace. Hugo Guyon


Low Hey What

Homeshake Under the Weather

(Sub Pop / PIAS)

(Sinderlyn / Modulor)

C’est peu dire qu’on attendait le successeur de Double Negative (2018) avec impatience. Qu’on soit ou non inconditionnel des albums culte sortis par Low au tournant du siècle dernier, cet opus débordant d’inventivité relançait les dés avec panache. À cet album majeur (mais aussi oppressant, déroutant) Hey What propose une mise à jour presque radieuse. Comme si sur les braises électriques et stridentes de son prédécesseur, Alan Sparhawk et Mimi Parker rallumaient un feu invitant à la transe. Toujours trituré mais beaucoup plus présent, le chant se fait extatique, porté par les boucles obliques en spirales ascendantes. Et le rock slowcore, décapé par les filtres, de lancer comme une nuée d’étincelles dans la nuit. Un album essentiel. Rémi Boiteux

Vous en avez votre claque du lo-fi ? C’est compréhensible tant le genre a proliféré à grand renfort de compilations YouTube n’ayant rien à envier à celles de musique pour ascenseur. Malgré tout, on vous conseille Under the Weather, cinquième album de Peter Sagar alias Homeshake. En dix morceaux, le Canadien évoque sa dépression ouvertement. Dans Feel Better, il y évoque la difficulté d’affronter le monde d’une voix étouffée mais soutenue par des claviers réconfortants. Vacuum, le morceau phare du disque, nous enveloppe quant à lui d’un groove entêtant. L’album se conclut par le cathartique et cristallin Tenterhooks où Sagar chante sa peur de disparaître. Au final, on ne sait pas si le lo-fi survivra, mais Homeshake, lui, a encore de beaux jours devant lui. H. G.

Barbagallo et Baptiste W. Hamon Barbaghamon (Soleil Bleu/Modulor)

Attention, pépite. Si ce court album peut sembler récréatif, il est au moins la plus belle proposition de chanson pop francophone depuis l’excellent Providence de Chevalrex en début d’année. Providentiel, ce Barbaghamon qui réunit Barbagallo et Baptiste W. Hamon l’est aussi. Chacun arrive avec son bagage et les deux défont joyeusement leurs valises, sortant là une mélodie 70’s, ici une orchestration western, ou encore des arrangements pop désarmants. Au milieu de cette collection de très haute tenue, une reprise de Belle and Sebastian s’offre même les services de Stuart Murdoch hismelf. Le cousinage n’est pas fortuit : sous ses atours de variété intemporelle, notre duo témoigne du même sens de la chanson parfaite que le groupe écossais. Un sans-faute. Rémi Boiteux disques – 69


Carmen Maria Machado Dans la maison rêvée (Bourgois)

C’est une bicoque quelconque, dans la périphérie de Bloomington, Indiana. La forêt est à deux pas, une cheminée rouge s’échappe de la toiture et, à l’arrière de la propriété, une balançoire pend à une branche. Un fantasme bohème d’écrivain, en somme, dont Carmen Maria Machado, finaliste en 2017 du National Book Award, fait le décor de son nouvel ouvrage. « La maison n’est pas essentielle aux violences conjugales, tout de même, elle aide sacrément », écrit l’Américaine de 35 ans, qui dévoile un pan de son histoire intime. En une centaine de fragments, pastichant chacun un genre ou une œuvre – la maison rêvée à la manière d’un roman noir, d’une nouvelle érotique, de Lost in Translation… – elle raconte une passion classique qui devient un couple prison. À ce schéma tristement familier s’ajoute un critère d’importance : le bourreau est une blonde au teint clair de 45 kilos. L’autrice pouvait-elle ouvrir les yeux sur l’emprise quand si peu d’archives existent sur les violences dans les couples lesbiens ? Subtilement, en déplaçant son texte du témoignage vers le récit littéraire, elle recompose son passé comme on recollerait les morceaux d’un miroir brisé, pour conjurer le sort. 384 p., 22,50 €. Marine Durand

Rosario Ligammari Buongiorno pop, 100 albums italiens de 1960 à nos jours (Le Mot et le Reste)

Souvent prise de haut, ou cantonnée à quelques tubes inusables (Sara’ Perche Ti Amo, pour n’en citer qu’un), la pop transalpine a bien plus à offrir, et partage énormément avec la variété française (Dalida, Reggiani, Aznavour, etc.). De plus, elle s’est révélée souvent plus fureteuse, voire avant-gardiste, que la pop hexagonale (citons l’immense et incontournable Lucio Battisti). Dans cet ouvrage roboratif et extrêmement documenté, Rosario Ligammari dresse un vaste panorama d’une musica pas si leggera que ça (la mélancolie étant l’une des ses particularités) de Mina à Andrea Laszlo de Simone. On regrettera l’absence d’une entrée pour Colombre - mais c’est vraiment pour chipoter. Pour le reste, voici un ouvrage indispensable à quiconque s’intéresse à la pop de la Botte. 256 p., 20 €. Thibaut Allemand


Marie Mangez Le Parfum des cendres

Frédéric Adrian Nina Simone

(Finitudes)

(Le Mot et le Reste)

Sylvain, thanatopracteur taiseux, noie dans un quotidien d’ascète le malaise qu’il éprouve au contact des vivants. Alice, thésarde aux goûts musicaux éclectiques, déborde de vie. Le premier cache un secret explosif derrière son extraordinaire capacité à flairer les essences corporelles que la seconde se mettra en tête de percer… Anti-héros à l’odorat hors-norme, romance contrariée, la petite musique de ce premier roman est familière, jusqu’au patronyme de Sylvain, Bragonard, qui n’est pas sans rappeler un célèbre parfumeur de Grasse. Marie Mangez parvient malgré tout à surprendre ses lecteurs, grâce à une plume synesthétique, et un talent pour entremêler les odeurs, les souvenirs et les émotions.

Nina Simone, quelle carrière. Et quelle vie, aussi ! Bien moins douce que ses disques pourraient le laisser penser. Jugez plutôt : pianiste surdouée et amoureuse de Bach, elle se voit refuser l’Institut Curtis de Philadelphie – car noire, pense-t-elle. Elle erre dans les pianos-bars, se fait un nom, se trouve un manager qui la mènera au firmament… mais qui, mari violent, la mettra plus bas que terre. Alcoolique, en proie à de multiples démons, elle s’enfuit en Afrique, en France, cherche un sens à sa vie et sera diagnostiquée bipolaire bien trop tard. Cette vie de souffrance et de coups d’éclats, de génie et d’horreurs, Frédéric Adrian n’en omet rien. Évidemment, il n’oublie pas, non plus, de décortiquer des enregistrements mythiques. 224 p., 19 €. Thibaut Allemand

240 p., 18,50 €. Marine Durand

Julien Abadie Speed Racer, les Wachowski à la lumière de la vitesse (Façonnage éditions)

Sous son habillage pop, Speed Racer, les Wachowski à la lumière de la vitesse est d’abord une lecture fouillée du film mal-aimé des cinéastes de Matrix. C’est aussi, et surtout, l’ouvrage le plus stimulant lu depuis longtemps autour du cinéma. Car, animé d’une force cinétique au diapason de son sujet (une histoire de courses de voitures futuristes) Julien Abadie conduit sa réflexion au carrefour de références artistiques, sociologiques, scientifiques et philosophiques qui, loin d’alourdir le propos, assurent la liaison entre vitesse et modernité. Chaque page de ce livre révèle une pensée d’une précision le hissant à la hauteur des constructions hybrides des désormais sœurs Wachowski. 248 p., 20 €. Rémi Boiteux livres – 71


© Association Atmosphères

FESTIVAL 2 CINÉMA DE VALENCIENNES Retour en salle En mars 2020, la manifestation a connu le pire des scénarios, stoppée net un jour et demi après son lancement à cause d’une suspicion de cas de Covid. Le Festival 2 Cinéma de Valenciennes signe son grand retour en cette rentrée avec pléthore d’invités et d’avantpremières, sous le haut-patronage de l’immense Pierre Arditi. Alors, moteur et action ! Comme un symbole, le Nordiste Xavier Beauvois, attendu l’an passé, est accueilli dans le Hainaut en tant qu’invité "coup de cœur" (dévoilant en sus son dernier-né, Albatros) tel un pied-de-nez à la fatalité. Parmi les œuvres présentées, on compte d’ailleurs beaucoup de signatures hexagonales.


© Les Arts Mateurs Valenciennes

« Contrairement à d’autres pays, on a continué à tourner en France durant la pandémie », explique le directeur du F2V, Jean-Marc Delcambre. Notons ainsi la présentation de Si on chantait de Fabrice Maruca, avec Clovis Cornillac et Artus. Réalisé durant l’été 2020 à Quiévrechain, ce « feel good movie » dans la droite ligne de The Full Monty raconte les aventures d’ouvriers licenciés, qui décident de monter une entreprise de livraison de chansons à domicile. Voilà qui devrait plaire à Pierre Arditi, invité d’honneur de cette 11e édition et fervent défenseur d’un cinéma populaire ET qualitatif – lui aussi connaît la chanson…

On remet le son - Entre les deux compétitions officielles (l’une de fictions, l’autre de documentaires, présidée cette année par Tony Gatlif) et une myriade d’avant-premières (dont Le Loup et le lion de Gilles de Maistre) le festival met comme toujours à l’honneur un métier de l’ombre du 7e art. En l’occurrence, on attend les masterclass de l’ingénieure du son Brigitte Taillandier et du mixeur Jean-Pierre Laforce « qui collectionnent les nominations aux César ». Ave ! Julien Damien Valenciennes, 24 > 29.09 Cinéma Gaumont & divers lieux, 1 séance : 7 / 4 €, www.festival2valenciennes.fr écrans – 73


© DR

FIGRA

Gros plan sur le monde

En 1984, la société minière suédoise Boliden a expédié des déchets toxiques au Chili, où ils devaient être correctement traités. En réalité, une partie a été déversée à la périphérie de la ville désertique d’Arica, avec de graves conséquences sur la santé des résidents... Arica, documentaire belgo-suédois présenté en compétition, touche à l’essence du journalisme : observer, enquêter, témoigner. Ou « porter la plume dans la plaie », pour reprendre la tournure galvaudée d’Albert Londres, dont la figure et l’héritage seront évoqués lors d’une rencontre. Une fois encore, les 77 films projetés en cinq jours piquent notre curiosité (voir le docu d’Antoine Vitkine sur le prince saoudien MBS) et bousculent nos idées reçues. Tous suggèrent aussi une vigilance accrue vis-à-vis de nos démocraties (Un pays qui se tient sage, de David Dufresne, sur la violence d’État). En contrepoint de cette vitrine du journalisme, entre une enthousiasmante exposition de photographies et une soirée théâtrale prometteuse (une adaptation du Quatrième mur de l’immense de Sorj Chalandon), le FIGRA n’oublie pas d'interroger la concentration des médias (coucou Vincent Bolloré) et la menace que celle-ci fait peser sur l’information… Marine Durand Douai, 29.09 > 03.10, Cinéma Majestic, Théâtre de Douai, Musée de la Chartreuse & divers lieux, pass semaine : 45 € • pass journée : 17 / 12 € • tarif réduit : 10 €, www.figra.fr / 29.09 : Martin Boudot : Vert de rage, l’uranium de la colère • Agnès Hubschman : Arctique, la guerre du pôle // 30.09 : Cie des Asphodèles : Le Quatrième mur // 01.10 : Sabrina Van Tassel : L’État du Texas contre Melissa // 02.10 : Lars Edman et W. J. Kalén : Arica 24.09 > 11.10 : Exposition : Les Droits humains, photographies de Lizzie Sadin SÉLECTION

*Festival international du grand reportage d’actualité et du documentaire de société

Le Touquet, Lille, Saint-Omer et aujourd’hui Douai… En 28 éditions, le FIGRA* a vu du pays, mais reste fidèle aux Hauts-de-France. Cette nouvelle sélection nous emmène sur les très convoitées terres de l'Arctique avant de rejoindre le chaos libanais. Ce festival tend également un miroir à une profession (journaliste, donc) en pleine remise en question.


La Métropole Européenne de Lille accueille


©️ JD PROD-No Money Productions-Arte France Cine © Patrice Terraz

CINECOMEDIES

La farce tranquille

Cinéma et comédie : longue histoire. Qui débute sans doute avec L'Arroseur arrosé (1895), de Louis Lumière. Bien que certains snobinards rechignent à l'accepter, il n'y a peut-être rien de plus difficile que de faire rire. Les temps changent, heureusement : la Cinémathèque parisienne offrait récemment une rétrospective au titan Louis de Funès. De son côté, CineComedies consacre au palais Rihour une exposition à Jean-Paul Belmondo, immense acteur ayant joué chez Godard et Melville comme chez Oury et de Broca… Autres invités d'honneur : Gustave Kervern et Benoît Delépine, dont les œuvres oscillent entre burlesque et mal-être - on en découvrira quelques-unes lors du "Gros soir " au théâtre Sébastopol. Parce que la comédie n'est pas uniquement franco-belge, est présentée une sélection de films québécois de ces quarante dernières années. Et, puisque le genre se conjugue au futur, c'est l'excellent Michel Leclerc (Le Nom des gens, La Lutte des classes) qui parraine le CineComedies Lab, la résidence d’écriture du Festival – les projets seront ensuite présentés aux professionnels durant le week-end. Ou comment prendre le rire au sérieux. Thibaut Allemand

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Lille, 29.09 > 03.10, Palais Rihour, Théâtre Sébastopol, UGC, Le Majestic & divers lieux 19 € > gratuit, www.festival-cinecomedies.com SÉLECTION / 11.09 > 10.10 : Exposition Belmondo // 02.10 : Le Gros soir

écrans – 76



© duchili.com

UN TRIOMPHE

Liberté inconditionnelle

Inspiré d’une histoire vraie, Un Triomphe d’Emmanuel Courcol prend comme toile de fond l’univers carcéral et la passion du théâtre. Et si cette comédie sociale survitaminée, portée par des acteurs en majesté (dont Kad Merad) était le "feel good movie" de l’année ? Peut-être bien… D’abord scénariste (Welcome et Toutes nos envies de Philippe Lioret), Emmanuel Courcol réalise en 2017 un beau drame historique, Cessez-le-feu, incarné par Romain Duris. Avec Un Triomphe, il fait le choix de la comédie, mais ne s’éloigne pas de ses préoccupations humanistes. Pour gagner sa vie, Etienne, un acteur en galère, accepte de diriger un atelier théâtre avec des détenus. Devant la motivation et la personnalité haute en couleurs de ses élèves, il décide de les mettre en scène. En 1985, le comédien suédois Jan Jönson avait lui-même monté En attendant Godot de Samuel Beckett, dans une maison d'arrêt. Emmanuel Courcol s’inspire de cette histoire pour signer un film digne des grandes comédies sociales anglaises (The Full Monty, Les Virtuoses). Si sa réussite tient d’abord à la rigueur de son écriture, c’est bien l’alchimie entre les membres de la troupe qui emporte le morceau. Kad Merad confirme ici l’étendue de sa palette. De son côté, Pierre Lottin prouve qu’il est bien plus que le fils aîné des Tuche et Sofian Khammes (vu dans La Nuée) s’impose comme l’un des espoirs de notre cinéma. Produit par le duo improbable Dany Boon et Robert Guédiguian, Un Triomphe est une œuvre sincèrement drôle et émouvante. Grégory Marouzé De Emmanuel Courcol, avec Kad Merad, Sofian Khammes, Pierre Lottin, Marina Hands… Sortie le 01.09


Après Petit Paysan et Au Nom de la Terre, c’est au tour de Naël Marandin de filmer le monde paysan. Constance (Diane Rouxel, remarquable) souhaite reprendre l’exploitation de son père avec Bruno, son fiancé. Ils doivent faire face aux grands exploitants. La jeune femme accepte néanmoins le soutien de l’un d’eux, le charismatique Sylvain (Jalil Lespert), qui tient ainsi son avenir entre ses mains. Mais ce dernier va lui imposer des rapports sexuels non consentis... De manière inédite, La Terre des hommes décrit la dureté du travail agricole à travers un regard féminin, tout en pointant un sujet tristement d’actualité : la domination masculine. Saluons le courage d’une œuvre qui refuse tout sensationnalisme, pour offrir un remarquable portrait de femme. Grégory Marouzé

© Diligence Films

De Naël Marandin avec Diane Rouxel, Finnegan Oldfield, Jalil Lespert, Olivier Gourmet… En salle

© Laurent Champoussin

LA TERRE DES HOMMES

L’ORIGINE DU MONDE Pour son premier film, Laurent Lafitte adapte une pièce de Sébastien Thiéry, et frappe fort. Il incarne JeanLouis. Un jour, en rentrant chez lui, ce quadragénaire constate… que son cœur s’est arrêté. Pourtant, il est bien conscient. Est-il mort ? Valérie, sa femme, l’emmène voir sa " coach de vie ", Margaux, connectée aux forces occultes. Elle trouve la solution : pour que son pouls reparte, Jean-Louis doit photographier le sexe de sa mère... Entouré de Karin Viard, Vincent Macaigne et Hélène Vincent (époustouflante), Laurent Lafitte dynamite tout : couple, famille et moult tabous ! C’est parfois drôle, mais quand est filmée la tentative d’agression sexuelle d’une vieille dame, on ne rit plus. Dans l’art de la provocation, n’est pas John Waters ou Bertrand Blier qui veut. Grégory Marouzé De Laurent Lafitte, avec lui-même, Karin Viard, Vincent Macaigne, Hélène Vincent, Nicole Garcia… Sortie le 15.09 écrans – 79



LAURENT DURIEUX Tête d’affiche « L’art de l’affiche de cinéma est de réduire en une image ce que le metteur en scène a réalisé en 350 000 », dit un jour Stanley Kubrick. Ce n’est pas Laurent Durieux qui le contredira. Le graphiste belge est passé maître dans cet exercice délicat. À la fois vintage et modernes, sublimant des œuvres patrimoniales ou issues de la pop culture, ses illustrations ont tapé dans l’œil de prestigieux réalisateurs comme (excusez du peu) Steven Spielberg ou Francis Ford Coppola. À Molenbeek, le MIMA lui déroule le tapis rouge.

Le saviez-vous ? Dans les années 1980, on remettait un César pour la meilleure affiche de film. L’idée a fait long feu, les producteurs privilégiant plutôt l’incitation commerciale à la recherche artistique. Mais depuis quelques temps, un mouvement s’est constitué autour du poster alternatif, prisé par les cinéphiles ou collectionneurs. Et le nom de Laurent Durieux ne leur est pas étranger. En une quinzaine d’années, ce Bruxellois a en effet signé pour le septième art plus d’une centaine de « gravures 2.0 » comme il les nomme. Oeuvres culte, classiques ou nouveautés, le quinquagénaire reçoit des commandes de toutes parts. Une aventure hors norme, qui a débuté un peu par hasard… arts visuels – 81



MIMA museum 2021 © Laurent Durieux

Le détail qui tue - « J’ai commencé en 2005 à créer des affiches pour le plaisir, sur le thème du rétrofuturisme, car je déprimais un peu dans mon boulot de graphiste "lambda", n'obtenant pas les commandes rêvées », confie l’artiste. Et puis un jour, un ami lui a suggéré de sortir ses créations des tiroirs. De publications en expositions, son travail a été remarqué de l’autre côté de l’Atlantique, notamment par un certain… Steven Spielberg. L’Américain lui a d’ailleurs commandé 25 affiches de sa relecture de Jaws (Les Dents de la mer). Celle-ci résume parfaitement le "style Durieux". Oh, rien d’extraordinaire au premier coup d’œil. Pas un requin à « LIVRER UNE LECTURE l’horizon, juste une plage où se détendent INÉDITE DU SCÉNARIO » quelques vacanciers. Attendez, pas si vite : ne serait-ce pas un gigantesque aileron noir qui orne ce parasol, au premier plan ? « Je vous ai bien piégé !, s’amuse Laurent Durieux. Voilà exactement l’idée du film : c’est ce qu’on ne voit pas qui fait peur ».

arts visuels – 83




MIMA museum 2021 © Laurent Durieux

L’effet aquatique - Parmi les fans de Laurent Durieux, on compte aussi Francis Ford Coppola, pour lequel il a signé cette superbe affiche d’Apocalypse Now, à l’occasion de sa restauration en 2019. On y voit le visage du capitaine Willard (Martin Sheen) semi-immergé dans l’eau, « tel un chasseur à l’affût ». Dans le reflet, c’est la figure du colonel Kurtz (Marlon Brando) qui apparaît. « L’un a sombré dans la folie, l’autre est sur le point d’y entrer ». On y perçoit aussi une sublime allégorie : où placer la frontière entre le bien et le mal ? Entre autres questionnements… Dans le sillage de Norman Rockwell, son idole, Laurent Durieux adore raconter des histoires complexes en une image. Il s’agit de respecter le film original, bien sûr, mais en décalant la focale. « C’est ce qui me plaît le plus : décrypter un scénario et en livrer une lecture inédite ». On a désormais hâte de se perdre dans ses illustrations de Taxi Driver ou de La Nuit du chasseur. Coming soon… Julien Damien Bruxelles, jusqu’au 09.01.2022, MIMA, mer > ven : 10 h - 18 h • sam & dim : 11 h - 19 h 9,50 > 3 € (gratuit -3 ans), www.mimamuseum.eu À VISITER

/ www.laurentdurieux.com arts visuels – 86



© James Kevin Barbosa

EUROPEAN CUSTOM BOARD SHOW Planches de salut Plus qu’un sport, une véritable culture. Apparu au milieu du xxe siècle au pays de l’oncle Sam, le skateboard n’a cessé de fédérer les communautés, mais aussi les artistes. C’est justement cette diversité que célèbre l’European Custom Board Show (ECBS), en réunissant les œuvres d’une quarantaine de créateurs européens. L’exposition met en lumière plus d’une centaine de planches customisées, tout en scrutant d’autres horizons, telles l’architecture ou la sculpture – et nous invite à rider, au passage. Après les Halles Saint-Géry de Bruxelles, en 2020, l’événement débarque à la Condition Publique de Roubaix, toujours plus sous les feux de la rampe.


Bruxelles, 2020 © James Kevin Barbosa

S’il fut d’abord constitué d’une simple planche de bois, sans motif ni marque, le skateboard n’a pas tardé à devenir un support de création. À l’orée des années 1980, en Californie, de premiers graphistes s’en emparent. Ils se nomment Jim Phillips, Vernon Courtlandt Johnson ou Wes Humpston et sont alors inspirés par le punk-rock – d’où les têtes de mort à foison. C’est la naissance du skate art. Depuis, ce mouvement n’a cessé d’inspirer les artistes de tout poil, et pas uniquement des illustrateurs. Photographes, musiciens, plasticiens ou graffeurs s’en donnent à cœur joie, comme en attestent les œuvres rassemblées à la Condition Publique. « Il ne s’agit pas simplement de présenter une enfilade de planches ornées d’un dessin mais de témoigner d'un courant aux multiples facettes, croisant les disciplines, de la linogravure au travail sur le marbre », s’enthousiasme Mathieu Bonte, membre fondateur de Chalk Custom Board Project, le collectif belge à l’origine de cet événement. arts visuels – 89


Bruxelles, 2020 © James Kevin Barbosa



© James Kevin Barbosa

La beauté du geste - À Roubaix, on admire par exemple les sculptures composées de modules emboîtables du plasticien Arthur Chiron, celles de Tommy Knuts « formant des personnages poétiques avec des éléments de skate » ou encore les gravures sur bois de l’ébéniste Lioukouma. Citons également ces planches conçues avec les moyens du bord à l’autre bout du monde, dans le village de Mongu en Zambie, par des enfants affichant la même passion - universelle donc. Entre concerts (les Lillois d’Ours Samplus), ateliers, démonstrations, conférences (sur l’architecture, l’urbanisme) ou tricks sur Coloroma, le skatepark imaginé par le designer britannique Yinka Ilori, on réfléchit aussi devant la série Riding Modern Art, de Raphaël Zarka. Véritable théoricien de la glisse, le Français a rassemblé des clichés de performers ridant sur des sculptures d’art moderne à travers la planète, révélant sous un jour inédit les courbes et la géométrie de ces œuvres abstraites jonchant l’espace public – en roue libre, évidemment. Julien Damien Roubaix, 15.09 > 18.12, La Condition Publique mer > sam : 13 h 30 - 19 h • dim : 13 h 30 - 18 h, 5 / 2 € (gratuit -18 ans), laconditionpublique.com arts visuels – 92



BERNAR VENET

En équilibre

L’Hypothèse de l’entropie, 2020, acier corten, dimensions variables © Jérôme Cavaliere © Bernar Venet Studio

Internationalement reconnu, Bernar Venet s’est révélé avec ses gigantesques sculptures métalliques. Désormais âgé de 80 ans, le Provençal investit le Pavillon de verre et le parc du Louvre-Lens avec deux nouvelles installations, interrogeant avec maestria les notions de force et d’équilibre.

Monumentales, énigmatiques, virtuoses… Voici les adjectifs qui nous viennent à l’esprit devant les créations de Bernar Venet. Depuis près de 40 ans, le plasticien tord et assemble des poutres en acier Corten suivant des principes géométriques précis, donnant forme à des sculptures uniques. Pour autant, son travail laisse toujours place à l’imprévu. « Je ne sais jamais à quoi va ressembler l’œuvre lorsqu’elle sera terminée », déclare l’artiste, toujours en quête de nouvelles formes. Au Louvre-Lens, dans le Pavillon de verre, ce fils d’ouvrier a entassé de gigantesques poutres en forme d’arcs ou de lignes droites. Cet amoncellement (a priori) désordonné de motifs métalliques évoque, dans ce curieux paradoxe dont il a le secret, des formes végétales – tout en renvoyant au passé industriel de la région. Baptisée L’Hypothèse de la gravité, l’installation joue des pleins et des vides, pour mieux servir une allégorie : celle de l’effondrement. Dans le vaste parc du musée, on découvre aussi Désordre, un ensemble d’arcs observant un subtil équilibre. On perçoit ici une tension entre la force du matériau et la fragilité de la nature... ou l’inverse. Chacun se forgera sa propre hypothèse. Julien Damien Lens, jusqu’au 10.01.2022, Louvre-Lens, tous les jours sauf mar : 10 h - 18 h, gratuit www.louvrelens.fr arts visuels – 94


arts visuels– 95


© Cyril Pedrosa

L’ÂGE D’OR,

UNE ÉPOPÉE POLITIQUE

Cases à part

Il était une fois, au château du bois d’Armand, un roi mourant veillé par sa fille aînée, la princesse Tilda. Soudain, un complot l'écarte de la couronne au profit de son frère cadet. Exilée, la jeune femme tentera de reconquérir sa place pour sortir son peuple de la misère… Un tel pitch peut-il servir une belle exposition ? Sans aucun doute. Avec L'Âge d'or, le tandem Cyril Pedrosa-Roxane Moreil a transformé une intrigue classique en une fresque merveilleuse, une fable politique voire une uchronie féministe. Succès public et critique, ce diptyque s'emparait d'un Moyen Âge légendaire pour aborder des questions contemporaines. Dans la forme, Pedrosa s'inspirait de diverses techniques : fresque, tapisserie, enluminure, vitrail et retables médiévaux, qui font circuler un même personnage dans une seule image. À la Maison de la culture d’Amiens, ce savoir-faire est révélé au sein de quatre espaces. Nous voici plongés dans ces décors et paysages profonds. Une soixantaine de planches originales et de reproductions traduisent le souci du détail et les recherches des artistes. Projets de scénario, construction des personnages ou story-board côtoient des pièces des xve et xvie siècle et reproductions de chefs-d’œuvre médiévaux. En sus, sont décryptés les thèmes du récit : éco-féminisme, ZAD, pouvoir et ses dérives. Enfin, le jazzman Edward Perraud glisse quelques notes bleues pour accompagner un accrochage qui sort décidément des sentiers battus ! Thibaut Allemand Amiens, jusqu’au 10.10, Maison de la Culture, mar > ven : 13 h - 19 h • sam & dim : 14 h - 18 h gratuit, www.maisondelaculture-amiens.com



Pleins phares sur un mythe 6 Scarabée pour les Anglais, Hanneton pour les Italiens ou Coccinelle par chez nous… Peu importe son petit nom, la Volkswagen type 1 reste l’une des voitures les plus vendues de tous les temps (plus de 21 millions) et un mythe de la culture pop. On doit cette sympathique bouille arrondie à Ferdinand Porsche (également père de la célèbre sportive, entre autres). En 1938, cet ingénieur autrichien fut convoqué par Hitler qui, jaloux de la "hype" de la Fiat 500 Topolino au pays de Mussolini, lui commanda sa propre "voiture du peuple" : pas chère, rapide, pratique et charmante. On connaît la suite : son succès dépassa les frontières du régime nazi pour s’imposer dans le monde entier. De sa naissance douteuse à l’arrêt de sa production en 2019, c’est cette histoire hors norme qui est racontée au Malmundarium. Archives, photographies (dont 20 grands formats présentés dans le parc de la cathédrale), vidéos, miniatures ou pièces de collectionneurs grandeur nature (à l’instar de ce joli taxi stationné dans la cour intérieur du musée) rendent grâce à la doyenne de l’industrie automobile. J.D. Malmedy, jusqu’au 20.02.2022, Malmundarium, mar > dim : 10 h  - 12 h & 13 h - 18 h 6 > 3 € (gratuit -6 ans), www.malmundarium.be arts visuels – 98

© Province de Liège Musée de la Vie wallonne

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KASPAR HAMACHER. TERRE MÈRE

LIBRES FIGURATIONS, ANNÉES 80 Keith Haring, Basquiat, Futura 2000, Robert Combas, Hervé Di Rosa… et bien d’autres ! Les musées de Calais rapprochent une cinquantaine d’artistes majeurs de la fin du xx e siècle. Soit plus de 200 œuvres réparties dans une double exposition puisant dans la culture pop, à la croisée du graffiti, du punk, de la SF ou de la BD. Ces peintures, sculptures ou vêtements dessinent les contours d’un mouvement célébrant son quarantième anniversaire : les Libres figurations. Formellement, ces créations se caractérisent par l’emploi du cerne noir, de couleurs éclatantes et surtout une grande liberté, propre aux années 1980. Une grande bouffée d’art.

Hornu, jusqu’au 26.09 Centre d’innovation et de design mar > dim : 10 h - 18 h, 10 > 3 € (gratuit -6 ans) www.cid-grand-hornu.be

© Jo Magrean

François Boisrond, Sans titre, 1985, Acrylique sur toile, 268 x 210 cm, Coll. particulière © Adagp, Paris, 2021

Ce designer belge se distingue par une méthode de fabrication singulière. Kaspar Hamacher travaille exclusivement le bois, qu’il fend, creuse, frappe, sculpte ou... brûle. En résultent des objets et pièces de mobilier uniques, conçus en pleine forêt et dans le respect de l’environnement. Ses créations sont dévoilées dans le vaste magasin aux foins de l’ancien charbonnage et en extérieur, à la faveur d’une première grande exposition monographique.

Calais, jusqu’au 02.01.2022, Musée des beaux-arts, mar > dim : 13 h - 18 h Cité de la dentelle, tous les jours sauf mar : 10 h - 18 h pass deux musées : 5 / 4 € (gratuit -5 ans) www.calais.fr arts visuels – 100



© Geers Chaushova

Patrick Montagnac, Tahiti, 2019, Acrylique sur toile Collection particulière © Paul Wagner

TOUT VA BIEN MR MATISSE

BYE BYE HIS-STORY

Le Musée Matisse poursuit sa célébration du 150e anniversaire de la naissance du maître. Après avoir éclairé ses premiers pas, il s’intéresse cette fois à son héritage. Comment les artistes contemporains regardent-ils son œuvre ? Ce parcours répond à cette question grâce au travail de huit créateurs. Citons les toiles en relief de Patrick Montagnac ou les fameuses "écritures" de Ben, tandis que les sculptures de Frédéric Bouffandeau semblent peindre l’espace du parc Fénelon – oui, tout va bien.

La naissance de l’écriture marque celle de notre civilisation, et aussi le début des ennuis : religion, luttes identitaires... 60 artistes bousculent nos croyances pour mieux défendre ce bien commun. Allusion au concept féministe de "her story", le titre de l’exposition s’amuse du mot anglais désignant l’Histoire. Dans After the End, Nicolás Lamas présente ainsi des traces humaines (casque de moto, moulage de têtes antiques) dans un frigo-sarcophagemausolée, posant en filigrane cette question : que restera-t-il de nous ?

Le Cateau-Cambrésis, jusqu’au 31.12 Musée Matisse, tous les jours sauf mar : 10 h - 18 h, 6 / 4 € (gratuit -26 ans) museematisse.fr

La Louvière, jusqu’au 26.09, Centre de la gravure et de l’image imprimée mar > dim : 10 h - 18 h, 8 > 2 € (gratuit -12 ans) www.centredelagravure.be

Né en 1880 à Anzin, Lucien Jonas fut surnommé le "peintre des mineurs". Fidèles à la noirceur du charbon, ses toiles au fusain témoignèrent de la vie ouvrière. Il s'agissait de croquer « en critiquant sans railleries, sans méchanceté, les gens, les types, les physionomies ou les petits travers caractéristiques de mon temps ». Second prix de Rome en 1905, il participa à la Grande Guerre et réalisa des peintures dans les tranchées. Il fut aussi illustrateur de billets de banque et exécuta de grands décors. Autant de facettes méconnues ici révélées. Lewarde, jusqu'au 03.10, Centre historique minier, tous les jours : 9 h - 19 h 30, 6,70 € (gratuit -5 ans), www.chm-lewarde.com

La cafus Fernande Boulanger, 1926, huile sur papier © Centre Historique Minier. Acquisition réalisée avec le soutien du FRAM

LUCIEN JONAS



NI MÉCHANT NI GENTIL ! Que n’a-t-on pas entendu sur le loup ! Au sein d’un musée en pleine transformation, cette exposition (destinée aux 3 - 7 ans) répond à une question souvent formulée par les enfants : l’animal est-il gentil ou méchant ? Ni l’un, ni l’autre. Au sein d’une scénographie conçue comme un pop-up, le parcours confronte les différentes représentations du loup dans la littérature (tantôt sympathique ou effrayant... voire en slip !) aux données scientifiques expliquant le mode de vie du Canis lupus. Lille, jusqu’au 09.01.2022, Musée d’histoire naturelle lun, mer, jeu & ven : 9 h 30 > 17 h • sam & dim : 10 h - 18 h, 5 > 2,60 € (gratuit -12 ans), mhn.lille.fr

LETTRES DE VERRE – UNE ÉCLIPSE DE L’OBJET

GIORGIO GRIFFA. MERVEILLES DE L’INCONNU

Cette exposition met à l’honneur le travail de Jean-Baptiste Sibertin-Blanc. Accueilli en résidence au MusVerre en 2020, cet artiste et designer français s’est lancé dans un projet des plus ambitieux. Jugez plutôt : il a façonné les 26 lettres de l’alphabet en usant des principales techniques du verre, comme le soufflage ou le bombage. En découlent des pièces uniques, jouant avec les couleurs, la transparence et nos perceptions, entre tradition et innovation.

Des lignes et arabesques, de subtiles touches de couleurs lumineuses ou pastel, de larges espaces vierges peuplés de mots et de chiffres... Considéré comme l’un des peintres les plus radicaux de sa génération, Giorgio Griffa fut jusqu’ici peu représenté en France, où sa dernière exposition d’envergure remonte à 2016, à Arles. Rendons grâce au LaM de Villeneuve d’Ascq, qui consacre à cette figure discrète mais majeure un parcours à l’image de son art : empli de mystères et de poésie.

Sars-Poteries, jusqu’au 09.01.2022 MusVerre, mar > dim : 11 h  - 18 h 6 > 4 € (gratuit -26 ans), musverre.lenord.fr

Villeneuve d’Ascq, jusqu’au 28.11, LaM mar > dim : 10 h  - 18 h, 7 > 5 € / gratuit (-12 ans) www.musee-lam.fr

© Maxime Dufour

COLORS, ETC. Quel son produit une couleur ? Peut-on la toucher ? Lui associer une odeur ? L’utiliser pour se soigner ? Voici le genre de questions pas si incongrues que l’on se pose au Tripostal. D’abord programmée dans le cadre de "Lille, capitale mondiale du design", cette exposition tombe finalement à pic. Elle dévoile sur trois étages et 6 000 m2 une impressionnante palette d’œuvres contemporaines et de designers inspirés, stimulant les sens comme l’imagination. Lille, jusqu’au 14.11, Tripostal, mer > dim : 11 h  - 19 h 9 / 7 € (gratuit -26 ans), www.lille3000.eu arts visuels – 104


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interview Propos recueillis par Madeleine Bourgois

DAVID BOBÉE Qu’il dirige Béatrice Dalle dans Lucrèce Borgia (d’après Victor Hugo) ou transpose Peer Gynt d’Ibsen dans un décor de fête foraine, David Bobée n’aime rien tant que concilier répertoire classique et écriture contemporaine. Membre fondateur de l’association Décoloniser les arts, il se distingue aussi par son engagement en faveur d’une plus grande diversité (de sexes, d’origines) sur les planches. À 43 ans, le metteur en scène quitte Rouen et son Centre dramatique national pour prendre la tête du Théâtre du Nord, succédant à Christophe Rauck. Il arrive donc à Lille et Tourcoing porté par une grande ambition : proposer des spectacles s’adressant à tous et reflétant les multiples facettes de la France de 2021, aussi cabossée soit-elle.

© Arnaud Bertereau

Du poing sur les planches


Qu’est-ce qui vous a attiré au Théâtre du Nord ? Ce théâtre me fait rêver depuis longtemps. J’ai beaucoup joué dans le Nord, et Lille me plaît beaucoup pour son ouverture sur l’Europe. Le fait que ce lieu soit aussi doté d’une école m’attirait, car je suis à un moment de mon parcours où j’ai envie de transmettre.

remise en question. Le théâtre et la culture plus globalement, ont plus que jamais un rôle fédérateur à jouer. À Lille, quels sont les grands axes de votre projet artistique ? Dans ce théâtre, il y a une affection historique pour le beau texte, en adéquation avec ma pratique. Il ne s’agit pas de défendre les classiques, notion qui pour moi ne veut rien dire.

Vous avez pris vos fonctions dans un contexte délicat… Je suis arrivé au moment où le confinement était prolongé et les spectacles annulés. Le lendemain, j’accueillais les intermittents qui souhaitaient occuper le théâtre, en solidarité avec leur lutte. Cet événement fut aussi complexe que passionnant, car il m’a permis de rencontrer énormément de monde.

Je veux présenter des auteurs touchant le plus grand nombre avec un attachement à la transdisciplinarité. Depuis mes débuts, j’alterne le contemporain avec le grand répertoire, l’écriture au plateau, sans oublier la mise en scène d’opéra, le cirque… avec toujours cette volonté d’offrir un spectacle populaire.

Pensez-vous que cette période laissera des traces dans le spectacle vivant ? Quelle que soit notre place dans la société, nous avons tous été touchés. Durant cette crise, notre façon de faire communauté, de respirer et de nous émouvoir ensemble a été

Comme en juin 2022, avec le "rendez-vous Grand’Place", qui se tiendra devant le théâtre ? Oui. En me promenant sur la Grand’Place, j’ai demandé aux passants où se trouvait le théâtre. Ils l’identifiaient peu, certains pensaient même qu’il était fermé…

« LA VOLONTÉ D’OFFRIR DES SPECTACLES POPULAIRES »

théâtre & danse – 109


Peer Gynt © Arnaud Bertereau

Il fallait trouver un moyen de montrer juste devant le théâtre ce qui se passe entre ses murs. Pour cela, je peux compter sur un grand texte de Victor Hugo comme Lucrèce Borgia et sur Béatrice Dalle pour attirer un large auditoire. Autrement dit, je vais reprendre ma création de 2014. Cela donnera peut-être à quelques-uns l’envie de pousser la porte. Comment votre engagement pour une plus grande mixité sur les scènes va-t-il se traduire à Lille ? En acceptant la direction d’un théâtre public, j’épouse les valeurs de la République, en particulier celle de liberté. J’invite alors des artistes menacés dans leur pays, comme Kirill Serebrennikov avec

Outside, ou Dieudonné Niangouna (De ce côté). Il est aussi question de solidarité, en cherchant à rendre la culture plus accessible, et évidemment d’égalité, à laquelle j’ai consacré ma vie ! Comment cela prendra-t-il forme ? Cela signifie une parité absolue entre hommes et femmes, dans la programmation et les moyens de production. De même, je me suis fixé des objectifs concernant la

« JE VISE UNE PARITÉ ABSOLUE ENTRE HOMMES ET FEMMES » répartition du soutien matériel et financier aux artistes en fonction de leur origine ethnique. L’idée n’est pas de se priver de bons artistes


Viril © Arnaud Bertereau

blancs, mais simplement sortir de l’entre-soi, repérer les expressions s’adressant à l’ensemble de la population. L’égalité, c’est enfin travailler sur l’accessibilité des lieux et des spectacles à tous types de handicaps, physiques, sensoriels. Diriez-vous que le théâtre représente mieux la population française depuis quelques années ? Disons que ça n’arrête pas de reculer et d’avancer… Oui, depuis cinq ans j’ai l’impression qu’il y a une

« REPÉRER LES EXPRESSIONS QUI S’ADRESSENT À TOUTE LA POPULATION »

prise de conscience collective du secteur culturel. En 2016, je pouvais parler de racisme d’omission dans la culture. Ça fait du bien de voir des personnes noires, asiatiques, sur une affiche de théâtre. Un jeune issu d’une famille immigrée pourra plus facilement se sentir représenté par la culture de son propre pays.

Lille, Théâtre du Nord, 4 Place du Général de Gaulle Tourcoing, L’Idéal , 19 rue des Champs, www.theatredunord.fr / 14 > 18.09 : Christophe Rauck : Henry VI // 18 > 19.09 : David Bobée : L’Effet Matilda 22.09 > 03.10 : Alain Françon : La Seconde surprise de l’amour // 19 > 22.10 : Anne-Cécile Vandalem : Kingdom // 12 & 13.11 : Kirill Serebrennikov : Outside // 02 > 12.12 : Joël Pommerat : Contes et légendes // 17.12 > 06.01.2022 : David Bobée : Peer Gynt // 25 > 29.01.2022 : Dieudonné Niangouna : De ce côté // 15 > 23.03.2022 : David Bobée : Viril SÉLECTION

théâtre & danse – 111


ERSATZ © Laurent Guizard


LES FLANDROYANTES Le sens du partage La lumière et les vallons des Flandres ont inspiré plus d’un peintre, plus d’un poète. Traits d’union entre la côte d’Opale et la métropole lilloise, ces splendides paysages sont aujourd’hui le terrain de jeu du Vivat d’Armentières et du Bateau Feu de Dunkerque. Les deux scènes nationales y ont concocté un rendez-vous flamboyant, foudroyant… En somme, flandroyant. Atypique, ce festival l’est à plus d’un titre. Dans sa conception d’abord. Ce ne sont pas Ludovic Rogeau et Stéphane Frimat, directeurs respectifs du Bateau feu et du Vivat, qui ont composé cette programmation, mais leur quarantaine de collègues œuvrant dans les deux structures, « tous services confondus ». « Nous voulions inventer une nouvelle façon de travailler ensemble et élaborer un rendez-vous pour et avec les habitants », confie Ludovic Rogeau. Résultat, une première édition en forme de « feu d’artifice ». Les maîtres mots ? « Convivialité et exigence, en rassemblant toutes les disciplines, des artistes régionaux comme internationaux ». Citons par exemple MotoFric, bal déjanté galvanisant la piste de danse à coups de mash-ups - de Let’s dance des Canards à Nirvanina.

Grains de folie - Au-delà du mélange des genres, il est aussi question de voyage, « d’escales ». Organisé en trois temps forts, l’événement s’offre comme une déambulation dans les Flandres. Au théâtre bien sûr, mais également dans les collèges ou des lieux atypiques tel le parc de la villa Marguerite Yourcenar, à Saint-Jans-Cappel, et ses 40 hectares de verdure. Julie Nioche y a trouvé l’écrin idéal pour un parcours dansé en pleine forêt, lors d’une journée "Vive et verte". On se retrouve aussi au bord de mer, à Malo-les-Bains, pour une après-midi "Digue et dingue", histoire de s’initier au beach art avec Jben - et de prolonger les vacances. Julien Damien Dunkerque, Armentières, Flandres françaises, 01 > 09.10, Le Bateau Feu, le Vivat, Villa Marguerite Yourcenar & divers lieux, 18 € > gratuit, www.lebateaufeu.com / www.levivat.net / 01 & 02.10 : Les Fouteurs de joie : Nos Course folles // 02.10 : Après-midi "Digue et dingue" à Malo-les-Bains // 03.10 : Après-midi "Vive et verte" à la villa Marguerite Yourcenar : Vague paysagée de Julie Nioche, lectures de Brigitte Giraud, Alice Zeniter et Carole Fives 04.10 : Aude Denis & Luc Tartar : Roulez Jeunesse (à Laventie) // 05.10 : Cie XY : Möbius 06.10 : MotoFric (à Bailleul)…

SÉLECTION

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FL A N

L

3X

DR

OYAN

La preuve par

ES

TE S

LES FOUTEURS DE JOIE

© Aglaé Bory

Ni clowns, ni comédiens ni chanteurs, mais un peu tout cela à la fois. Ce boys band atypique dynamite la morosité à grands coups d’accordéon, de banjo, de guitares et de fulgurances poétiques. Dans Nos Courses folles, son nouveau spectacle, le quintette nous invite à ralentir le rythme et profiter du temps présent. Carpe diem ? Oui, mais sans oublier de sauter au plafond ! Armentières, 01.10, Le Vivat + Dunkerque, 02.10, Le Bateau Feu, 20 h

MÖBIUS

© Christophe Raynaud de Lage

« Seul on va plus vite, ensemble on va plus loin ». Tel est le mantra de la compagnie XY. Dans son dernier spectacle, chorégraphié par Rachid Ouramdane, le collectif d’acrobates nordistes s’inspire des nuées d’oiseaux dansant dans le ciel (les murmurations) pour sublimer ses célèbres pyramides et lancers. Une belle allégorie de l’humanité, et de la solidarité. Dunkerque, 05.10, Le Bateau Feu, 20 h

En point d’orgue de la journée "Des bidules et déambule", la compagnie Les Anges au plafond nous convie à un bal pas tout à fait comme les autres. Nous sommes accueillis sur une piste de danse par un orchestre et… 130 marionnettes à taille humaine. Dans une ambiance évoquant la fameuse fête des morts mexicaine, on se demandera longtemps qui tire les ficelles… Armentières, 09.10, Le Vivat, 21 h

© Laura Severi

LE BAL MARIONNETTIQUE



© Aristide Barraud


LES TOILES DANS LA VILLE

M.E.M.M.

(au Mauvais Endroit au Mauvais Moment)

La renaissance En ce sinistre 13 novembre 2015, Alice Barraud reçoit une balle dans le bras alors qu’elle se trouve en terrasse à Paris. Très vite, la voltigeuse en convalescence dégaine ses carnets pour coucher ses maux sur le papier. Déterminée à tirer du "beau" de ce traumatisme, elle a réinventé son art et déroule, dans cette création protéiforme, son chemin vers la reconstruction. Alice Barraud a une façon de travailler bien à elle. « Les idées de spectacles se bousculent dans ma tête, précise-t-elle. Et puis d’un coup, pour l’un d’entre eux, c'est le bon moment ». Mai 2019 s’est ainsi imposé pour ce qui ne s’appelait pas encore Au Mauvais Endroit au Mauvais Moment. « J’ai demandé un laboratoire de création au Prato pour rouvrir mes carnets ». Raphaël de Pressigny, batteur du groupe Feu ! Chatterton, s’est alors trouvé disponible pour la rejoindre. Heureux hasard, se dressant face au drame qui l’a laissée handicapée quatre ans auparavant.

Les mots sur les maux - L’acrobate, spécialisée dans le portique coréen, a doucement réappris à voltiger. « Tu as encore un bras et deux jambes » lui ont lancé ses porteurs, qui l’ont accompagnée dans sa renaissance. Pour la première fois, elle utilise la parole sur scène. « On s’approche parfois du one-woman show lorsqu’Alice incarne des personnages croisés durant son parcours de soin. Elle navigue entre la danse, la poésie, le burlesque, et une discipline qu’on ne souhaite pas dévoiler », murmure Raphaël, partenaire précieux aussi bien sur scène, entouré de ses percussions, que lors de l’écriture. La clown et metteuse en scène Sky de Sela a également aidé à trouver la bonne distance, entre tout dire et pas assez. Ainsi, pas une fois le mot "terroriste" ne sera prononcé. Le sujet n’est plus l’attentat : place à l’après. À la vie. Marine Durand Lille, 22 et 23.09, Le Prato, 20 h, 17 > 5 €, www.leprato.fr

théâtre & danse – 117


TO I L E

DANS

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VILL

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La preuve par

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© Jérôme Vila

© La Strada Graz / Nikola Milatovic

Sous chapiteau, en salle ou en plein-air, les Toiles dans la ville déploient leurs spectacles dans toute la métropole jusqu’en fin d’année ! En cette rentrée, voici notre tiercé gagnant.

L’ABSOLU

RÉSISTE

Attention, ceci n’est pas un spectacle comme les autres. D’abord, pour y assister, on pénètre dans un silo. Au sein de ce cylindre dressé sur quatre étages, comme un chapiteau métallique, Boris Gibé joue avec les éléments (l’eau, le feu, l’air) comme autant de partenaires de jeu, en quête… d’absolu. Métaphysique et poétique, parfois burlesque, mais inoubliable.

Derrière ce titre renvoyant à une chanson de France Gall, on trouve la première partie d’un triptyque composé de Révolte et de Respire. Ce spectacle met en scène une funambule (très) haut perchée et une musicienne. Le fil est instable, change de hauteur, se brise parfois, mais la circassienne résiste à tous les dangers, dans une brillante allégorie, et combien actuelle, de la condition humaine.

Les Choses de rien / Boris Gibé

Lille, 01 > 11.09, Gare Saint-Sauveur toute la journée, 17 > 5 €, leprato.fr

Les Filles du renard pâle

Lille, 03 & 04.09, Gare Saint-Sauveur toute la journée, 17 > 5 €, leprato.fr

HORIZON

© Johann Walter

Rhizome / Chloé Moglia

On l’avait laissée au cœur de spirales d’acier. On retrouve Chloé Moglia suspendue à sept mètres du vide, au bout d’un agrès spécialement conçu pour elle : la courbe. À l’aide de cette perche souple, posée sur trois pieds, elle défie avec grâce la pesanteur lors d’une chorégraphie millimétrée, ayant le ciel pour seul horizon. Lille, 24.09, Gare Saint-Sauveur toute la journée, 17 > 5 €, leprato.fr



Le Boulon, inauguration, sept. 2011 © Vincent Vanhecke

LE BOULON Retour en fanfare ! Le Boulon célèbre les dix ans de sa rénovation, mais qu’on ne s’y trompe pas : c’est bien lui qui distribue les cadeaux. Durant trois jours le Centre national des arts de la rue de Vieux-Condé convie des compagnies amies, de celles qui ont marqué (ou marqueront) son histoire. On rembobine ! Plus qu’un lieu de diffusion, « une fabrique à spectacles », se réjouit Bertille Coudevylle, la responsable de la communication. Ici, on conçoit tout de A à Z, des acrobaties aux histoires, en passant par les décors et les costumes. Chaque saison, le Boulon accueille ainsi une douzaine de troupes en résidence pour peaufiner leurs pièces. Forcément, depuis le temps, des amitiés se sont nouées. Bref, « c’est comme une grande famille ». À l’occasion de cet anniversaire turbulent, on retrouve donc de vieux compagnons de route, telle Claire Ducreux, qui rejoue le cultissime De Paseo, créé en 2004, soit la rencontre entre un banc qui a la bougeotte et une danseuse qui voudrait bien s’y asseoir. Entre les installations de feu de la compagnie Carabosse s’illuminant au crépuscule ou les déambulations en fanfare avec Oposito (Peaux bleues), on applaudit aussi de petits nouveaux. Citons par exemple la Khta Compagnie, dont on découvre Demain arrive (je suis une autre toi) et son dispositif hors-norme, conçu à Vieux-Condé : un gradin rotatif, permettant de vivre une histoire (vraie) à 360 degrés - celle de la mort d’une migrante. En somme, on rit, on pleure, on s’émeut, on se révolte, on réfléchit… on turbule, quoi. J.D. Vieux-Condé, 01 > 03.10, Le Boulon et divers lieux en ville ven & sam : 10 h • dim : 12 h, gratuit, leboulon.fr S ÉLECTION / Compagnie Entre Chien et Loup, Ktha Compagnie, Compagnie Hydragon, SAMU & Hydragon & co, Chicken Street, Compagnie Carabosse, Compagnie du Deuxième, Cirque Galapiat, Claire Ducreux, Le Bal des facteurs, La Baraque Liberté, Cie Adhok, Oposito…

théâtre & danse – 120


ILLUSTRATION FRÉDÉRIC E. MEI


© Christophe Urbain

IDOMÉNÉE Retour à Troie

6 Du grand spectacle, ni plus ni moins. Telle est la promesse de cette pierre de touche de l’opéra baroque français, quasi inédite sur scène depuis… le xviiie siècle. Aux commandes du mirifique Vaisseau fantôme, présenté ici même en 2017, Àlex Ollé est de retour à l’Opéra de Lille avec une mise en scène tout aussi époustouflante et dont le Catalan a le secret (décor monumental, effets vidéo…). Le directeur artistique de La Fura dels Baus est soutenu par les danseurs de la compagnie Dantzaz et Emmanuelle Haïm, à la tête du Concert d’Astrée, pour une relecture de la tragédie lyrique d’André Campra (1660-1744), ici transformée en « cauchemar contemporain ». Au programme ? Passions amoureuses et dieux déchaînés, dont Éole qui souffle à pleins poumons pour punir Idoménée, le vainqueur de la Guerre de Troie. Surtout, il s’agit du choix d’un père de sacrifier son fils pour rester en vie… Dans une scénographie constituée de panneaux de verre brisés, symbolisant les tourments intérieurs des personnages, le récit se concentre sur les conséquences que ce conflit fait peser sur les âmes. J.D. Lille, 24.09 > 02.10, Opéra, mar, jeu & ven : 20 h • sam : 18 h • dim : 16 h 72 > 5 €, www.opera-lille.fr théâtre & danse – 122



interview

© Guillaume Malheiro

Propos recueillis par Julien Damien


VINCENT DEDIENNE Je collectif Son premier one-man-show (S’il se passe quelque chose), lui a valu un Molière de l’humour en 2017 et a été joué près de 400 fois ! Vincent Dedienne est de retour sur scène pour présenter son nouveau spectacle, Un Soir de gala. L’ancien chroniqueur de Quotidien y incarne une galerie de personnages borderline pour mieux tendre un miroir à notre époque malade. À rebours de la mode du standup, le Mâconnais s’inscrit dans une noble tradition autrefois défendue par Muriel Robin, Pierre Palmade ou Sylvie Joly. Soit un humour regardant davantage vers le théâtre et à l’écriture soignée. On le retrouve à la veille d’une tournée belge et nordiste, où il sera question de chat, du destin et… du père Fouras. Vous avez suivi une formation théâtrale classique, passant notamment par la Comédie de Saint-Etienne, mais c’est surtout Muriel Robin qui vous a donné envie de faire ce métier, n’est-ce-pas ? Oui, je devais avoir sept ans quand ma tante Claudette a offert une cassette VHS à ma grand-mère, Tout Robin. Mais bon, comme elle s’en foutait je l’ai récupérée, et ça été le déclic, une épiphanie. D’ailleurs, il paraît que Muriel Robin est la marraine de votre chat aujourd’hui… C’est vrai, elle me l’a offert au Zénith de Toulouse, il s’appelle Michoko et va très bien. Il part même en tournée avec moi.

C’est drôle, ce nom renvoie à votre tout premier personnage… Ah oui, je n’avais jamais fait le rapprochement ! À 14 ans j’avais monté un spectacle dans un bar PMU de Pont-de-Vaux, dans l’Ain, avec mon ami Arnaud.

« TOUT A COMMENCÉ AVEC UNE CASSETTE VHS DE MURIEL ROBIN » Mon surnom c’était Choco à l’époque et du coup le spectacle s’appelait Mi-Arnaud Mi-Choco… Mon premier triomphe, quoi. C’est marrant car en plus je n’ai même pas choisi le nom du chat. C’est le destin qui fait sa petite boucle (rires). théâtre & danse – 125


Dans votre premier spectacle vous vous mettiez à nu, au sens propre comme au figuré, abordant des sujets assez forts comme votre adoption. Envisagez-vous l'humour comme une catharsis ? Dans la vie privée oui, je fais partie de ceux qui aiment rigoler quand ça ne va pas, pour dédramatiser, mais jamais sur scène où mon but est vraiment de faire rire les gens. Mine de rien, vous vous livrez pas mal sur scène, jusqu’à donner votre vrai numéro de téléphone… Oui, je voulais que tout soit vrai. Tricher là-dessus supposerait que le reste n’est pas sincère. D’ailleurs au début je donnais un faux numéro, mais me trompais toujours dans le texte. Quel est le propos d’Un Soir de gala ? J'observe des sujets déprimants propres à notre époque pour mieux en rire. Je joue une galerie de personnages qui chacun incarne une maladie contemporaine : la surconsommation de l’information, notre rapport aux faits divers, la fascination pour le morbide, le harcèlement, la solitude… Ce sont des gens assez bizarroïdes tous réunis le temps d'une soirée. Comme une sorte de miroir déformant que vous nous tendez ? Ah oui, c’est pas mal ça, je vais vous le piquer tiens (rires) !

Qu’est-ce qui a motivé l’écriture de ce spectacle ? L’avez-vous imaginé durant la crise sanitaire ? J’ai commencé à écrire durant le premier confinement mais sans réussite, car cette période ne m’a pas du tout inspiré. Il m’a fallu entendre parler d’autres choses que de la pandémie pour que je m’y mette vraiment. Surtout, j’avais hâte de remonter seul sur scène et de repartir en tournée. C’est vraiment ce que je préfère dans le métier.

« J’AVAIS HÂTE DE REMONTER SEUL SUR SCÈNE » J’adore découvrir des théâtres, boire des coups après un spectacle, parler avec les gens ou simplement prendre le train. Je connais pas mal d’artistes qui ne veulent jouer qu’à Paris, moi j’aime partir sur les routes. Comment qualifieriez-vous votre écriture ? Vous ne cédez pas au stand-up, comme beaucoup de confrères… Oui, je préfère les spectacles théâtraux, avec des personnages, des situations. Je ne sais pas mener une conversation avec le public quand je monte sur scène. Pour moi, il faut que le spectacle ait un début, un milieu et une fin, que ce soit un bel objet. Que l’écriture soit chiadée. Et puis c’est amusant de passer des mois sur une blague, qui est par essence tellement dérisoire.

théâtre & danse – 126


S’il se passe quelque chose © Julien Benhamou

théâtre & danse – 127


À ce propos, le public du nord de la France et de la Belgique est assez réputé pour sa réactivité… Ah oui, et ce n’est pas une fausse réputation ! D’ailleurs les captations sont souvent réalisées par ici. La première fois que j’ai joué au Sébastopol de Lille j’ai halluciné. C’est toujours un peu la fête de jouer dans le Nord. Mais bon, j’aime aussi le Sud, je ne voudrais pas me fâcher avec la moitié du pays (rires) !

« JE VOULAIS ABSOLUMENT PARTICIPER À FORT BOYARD » Votre actualité, c’est donc le théâtre, mais aussi le cinéma. On vous verra dans Oranges sanguines aux côtés de Blanche Gardin en octobre, mais aussi dans A Good Man, dans un registre plus dramatique cette fois… Ah oui, c’est vrai, je ne sais même plus quand ils sortent ces films. En novembre… Vous me l’apprenez, tiens. Je n’ai pas beaucoup joué au cinéma, mais j’aime bien ça. Ce n’est pas le même métier, disons que c’est un petit hobby à côté (rires).

C'est Christophe Honoré qui vous aurait donné l'envie de faire du cinéma, n'est-ce pas ? C’est vrai. À force de voir ses films, j’en ai eu marre de ne pas être dedans. C’était au moment où je m’installais à Paris. Le jour où j’ai vu Les Chansons d’amour, j’ai mal vécu le fait d’être dans la salle et pas à l’écran, avec Louis Garrel, Chiara Mastroianni... Avez-vous des projets avec lui ? Pas du tout, comme quoi j’ai bien fait d’en parler, ça n’a pas du tout marché ! C’est pour ça que j’ai donné mon numéro de téléphone lors de mon premier spectacle : pour qu’il m’appelle.

S’il se passe quelque chose vous a valu un Molière. Mais j’imagine que la vraie consécration pour vous, ça a été de participer à Fort Boyard, non ? Complètement ! Petit je regardais l’émission tous les samedis soir, et tous les dimanches matin j’écrivais au père Fouras, car je voulais absolument y participer ! Ce fut vraiment l’une des plus belles journées de ma vie - même si j’étais dans l’équipe d’Ève Angeli…

Amiens, 17 > 19.09, Comédie de Picardie ven : 20 h 30 • sam : 19 h 30 • dim : 15 h 30, 27 > 13,50 €, www.comdepic.com Lille, 24.10, Sébastopol, 18 h, 43 > 29 €, www.theatre-sebastopol.fr Dunkerque, 13.11, Le Bateau Feu, 20 h, 15 €, www.lebateaufeu.com Bruxelles, 14.11, Théâtre 140, 20 h 30, 39 €, www.le140.be théâtre & danse – 128



© Naïs Bessaih

ROMAN FRAYSSINET

La vie en névroses 6 « J’en ai marre de mon corps, il me ralentit et kiffe tout ce qui est dangereux pour lui ». Pas banale, cette entrée en matière (un verre de bière à la main) mais Roman Frayssinet n’est pas un humoriste comme les autres. Dédoublement de personnalité, dialogues imaginaires avec lui-même, scénarios loufoques… Formé à École nationale de l’humour de Montréal, le natif du Val-de-Marne tire son épingle du jeu grâce à une bonne dose de surréalisme. Aux sacro-saintes situations-qu’on-a-tous-vécues ou au rituel (parfois facile) de l’improvisation, le stand-upper préfère les questions existentielles qu’il aborde tel un grand névrosé. On savoure sa faconde frôlant l’hystérie lorsqu’il observe la théorie des contraires, le temps, mais aussi les castors (« même pas capables d’inventer la hache alors qu’ils coupent du bois depuis des milliers d’années ») ou les testicules (« c’est dégueulasse, on dirait le truc sur le nez des dindons ! »). Romanesque, quoi. J.D. Lille, 20 & 21.09, Sébastopol, 20 h, 39 / 34 €, www.theatre-sebastopol.fr Bruxelles, 23 & 24.09, Cirque Royal, 20 h, 39 / 34 €, www.cirque-royal-bruxelles.be

théâtre & danse – 130



© Fred Boehli

© Jean-François Robert

GASPARD PROUST

ÉLODIE POUX

Pas le plus fort pour trouver des titres (son nouveau spectacle s’intitule... Nouveau spectacle) mais brillant sur le terrain de l’humour noir. Cet héritier de Pierre Desproges fait figure de vaccin contre la censure de la cancel culture. C’est bien simple, plus le monde tourne mal et plus il se bonifie - « vous avez besoin de rire, moi j’ai besoin d’argent », prévient-il. Du handicap à la politique en passant par la crise sanitaire, l’homme qui a élevé le cynisme au rang d’art ne fait pas de quartier. Méchamment drôle.

Cette ancienne animatrice périscolaire n’a rien d’une humoriste pour enfants (« on comprend que dalle à ce qu’ils disent ! »), versant plutôt dans le cynisme. Elle a même été condamnée à 2  000 euros d’amende pour s’être moquée d’un torero, blessé par un coup de corne dans les arènes de Bayonne (« il a fini en jambon »). Si on ne peut plus forcément rire de tout, cette jeune femme « née en 1982 dans le 91 » n’épargne pourtant rien ni personne. Surtout pas nos têtes blondes et leurs parents – à qui elle cherche des poux, donc…

Arras, 04.10, Casino 20 h, 45 / 40 €, www.arras.fr

Lille, 28.09, Sébastopol, 20 h, 32,80 € + 16.10, 39,90 > 26,90 €, theatre-sebastopol.fr Valenciennes, 15.10, Le Phénix 20 h, 34,90 > 27,90 €, www.lephenix.fr

© Thomas Braut

FÉLIX RADU Félix Radu s’est distingué grâce à des chroniques matinales sur La Première (RTBF) et une web-série (Félix déLIRE) vulgarisant la littérature. Jeune espoir de l’humour, ce Namurois jongle avec les calembours et les mots, l’absurde et (forcément) le surréalisme, progressant dans les pas du grand Raymond Devos. Dans Les Mots s’improsent, cet amoureux du verbe évoque la mort, l’amour ou le temps qui passe avec cette touche de poésie propre à son mentor – fans de Bigard, s’abstenir. Mons, 29.09, Théâtre Royal, 20 h, 29 / 25 €, theatreroyalmons.be Woluwe-Saint-Pierre, 30.09, W:Halll, 20 h 30, 29,50 / 28 €, whalll.be Béthune, 31.03.22, Théâtre mun., 20 h 30, 22 >1   1 €, theatre-bethune.fr



© Huma Rosentalski

STALLONE

Deuxième round À bien y regarder, Stallone à bien plus à offrir qu’une montagne de muscles et des borborygmes. Il pourrait même servir de mentor. C’est le cas pour Lise, une jeune étudiante en médecine qui sort bouleversée de la projection de Rocky III. À 25 ans, elle décide de reprendre sa vie en main. Comme le pugiliste déchu qui se dépasse pour reconquérir sa ceinture de champion, cette secrétaire médicale s’inscrit dans un cours de boxe et reprend les études, remontée comme jamais. En somme, elle a "l’œil du tigre"… Clotilde Hesme et Fabien Gorgeart s’emparent de la nouvelle d’Emmanuèle Bernheim, publiée dans Le Monde en 2001, pour marier théâtre et cinéma, belles lettres et culture pop. La comédienne est accompagnée du musicien Pascal Sangla, au centre d’un plateau épuré tel un ring. Derrière son micro, notre héroïne incarne avec humour ce combat (universel) pour la dignité, et livre un éloge musclé de la persévérance. J.D.

6

Mons-en-Barœul, 28 > 30.09 salle Allende, mar & mer : 20 h • jeu : 19 h, 21 > 6 €, www.larose.fr théâtre & danse – 134



© Kurt Van der Elst

LA DERNIÈRE NUIT DU MONDE

Le repos en sommeil

6 Imaginez : une petite pilule offrirait, en 45 minutes, autant de repos réparateur qu’une nuit de huit heures. Chacun choisirait alors le moment où il dort, et profiterait de ces moments ainsi gagnés. Grâce à cette invention bouleversant « la façon dont l’espèce humaine va habiter le temps », les citoyens pourraient donc vivre plus… ou travailler plus. Voici le point de départ de cette dystopie écrite par Laurent Gaudé, mise en scène et incarnée par Fabrice Murgia. Nous suivons Gabor, attaché parlementaire et tête pensante du projet, mais aussi sa femme Lou, qui disparaît mystérieusement au moment où surgit le mouvement de résistance Nuit noire… Entre thriller et SF, la pièce réveille de très contemporaines questions, au premier rang desquelles la productivité à outrance et l’exploitation des individus. J.D. Bruxelles, 14 > 18.09, Théâtre National 20 h (sauf mer : 19 h 30),19 > 10 €, www.theatrenational.be Charleroi, 07 > 08.10, Centre de délassement 20 h 30, 15 / 12 €, www.ancre.be La Louvière, 11 & 12.03.2022, Le Théâtre 20 h, 15 / 12 €, www.cestcentral.be

théâtre & danse – 136



© Simon Gosselin

HENRY VI Couronné roi d’Angleterre et de France à 12 ans, Henry VI fut un monarque doux et généreux. Il connut pourtant le règne le plus sanglant de l’histoire franco-anglaise. Suspense, trahisons, réconciliations… Sur fond de guerre des Deux-Roses entre les Lancastre et les York, mais aussi de guerre de Cent Ans, c’est une lutte de pouvoir interminable qui se joue sur scène, où l’on croisera, entre autres, l’ignoble Richard III ou Jeanne d’Arc. Accompagnés par les 16 jeunes artistes de la sixième promotion de l’École du Nord, Christophe Rauck et Cécile Garcia Fogel ravivent cette épopée shakespearienne qui n’a rien à envier à Game of Thrones. Tourcoing, 14 > 18.09, L’Idéal, 15 > 6 €, www.theatredunord.fr / 14 & 15.09 : 1er épisode : Le Cercle dans l’Eau, 20 h 16 & 17.09 : 2e épisode : L’Orage des Fous, 20 h // 18.09 : Intégrale, 17 h PROGRAMME

Marie-Paule Kumps est une figure belge du vaudeville moderne. Dans cette pièce, elle perce les codes familiaux et ses petits secrets. L’histoire ? Isabelle s’apprête à vivre une journée comme les autres. Elle embrasse son mari qui part deux semaines à Abou Dabi, puis enchaîne avec son petit train-train. Mais voilà que débarquent sa sœur, son fils et un vieil ami metteur en scène. Au programme ? Quiproquos, slam et grand nettoyage de printemps… Bruxelles, 08.09 > 03.10, Théâtre royal des Galeries mar > dim : 20 h 15 (15 h en matinée) 26 > 10 €, trg.be

© Olivier Pirard

LARGUEZ LES AMARRES



© Knelis

WHO’S TUPAC ?

Portrait d’une icône Après Malcolm X et Winnie Mandela, le collectif Jr.cE.sA.r s’attaque à une autre grande figure noire : Lesane Parish Crooks, mieux connu sous le nom de Tupac Shakur. Le saviez-vous ? C’est sa mère, ancienne membre des Black Panthers, qui le rebaptisa ainsi, rendant hommage à Túpac Amaru II, chef inca libérateur des Amériques contre les Espagnols au xviiiesiècle. À bien des égards le rappeur (peut-être le plus grand de tous les temps) était aussi un rebelle, dénonçant à travers ses textes les injustices subies par les Afro-Américains, et demeure toujours une icône de la lutte pour l’égalité. Il fut également un personnage controversé pour sa violence, avant d’être tué lors d’une fusillade en 1996… Ce spectacle de théâtre musical raconte la légende urbaine tout en faisant un pas de côté. Il met en scène quatre jeunes artistes inscrits à un concours hip-hop, où chacun espère devenir le prochain Tupac, entre rêves et coups durs. Sur une bande son de circonstance, de All Eyez on Me à Dear Mama, ils dessinent en clair-obscur le portrait de l’idole brisée. J.D.

6

Bruxelles, 10 > 22.09, KVS, 20 h (sauf mar : 19 h), 30 > 10 €, www.kvs.be théâtre & danse – 140



© Pieter Claes

THE TIME OF OUR SINGING Joseph Strom, physicien juif allemand, s’éprend de Delia Daley, rencontrée lors d’un concert de Marian Anderson, première chanteuse lyrique afro-américaine. Ce couple mixte (lui est blanc, elle noire) aura trois enfants, qu’il élèvera dans l’amour de la musique pour les protéger de la violence du monde… Publié en 2003, ce roman de l’Américain Richard Powers embrasse près d’un siècle de discrimination raciale et de luttes pour les droits civiques sous le prisme musical, des années 1930 à nos jours. Signé par le Belge Kris Defoort, cet opéra retrace une fresque ô combien actuelle, en mariant jazz et classique, la grande et la petite histoire. Bruxelles, 14 > 26.09, La Monnaie mar, jeu & ven : 19 h 30 • dim : 15 h, 46 > 10 €, www.lamonnaie.be

EN V(R)ILLE ! Durant un week-end, le parc du château Gilson est envahi par des circassiens, marionnettistes, musiciens… et une sacrée dose de poésie. Parmi ces spectacles, on ne manquera pas À deux mètres où un acrobate atteint de mucoviscidose use de son réservoir d’oxygène comme d’un accessoire pour virevolter dans les airs, autour d’un mât chinois. Bien aidé par sa complice, il livre une touchante allégorie du partage - et n’oublie pas de partir en vrille.

Cie ADM © Patrick Lemineur

La Louvière, 17 > 19.09, Le Palace, Théâtre, Parc du château Gilson gratuit (sauf soirée d’ouverture au Théâtre : 8 / 5 €), www.cestcentral.be / 17.09 : Compagnie les Argonautes, The Preacher Men // 18.09 : Cie Oui ! Mais…, Cie Les Filoups, Cie ADM, Cie Chaliwaté, Le G. Bistaki // 19.09 : Les Vieux Luneux...

SÉLECTION



© Manuelle Toussaint

© Bara Srpkova

DEEP ARE THE WOODS

J’AI DES DOUTES

Créé par le chercheur, performer et chorégraphe français Éric ArnalBurtschy, Deep are the Woods n’est pas un spectacle comme les autres. Pour cause, la lumière en constitue l’unique interprète. Celle-ci est rendue tangible grâce à une fine brume diffusé dans la salle. Placé au centre de ce dispositif immersif, le public a tout le loisir de se déplacer à la rencontre de ces rayons, d’observer les silhouettes qu’ils dessinent et d’imaginer ses propres histoires. Lumineux !

Raymond Devos n’est plus, mais son œuvre demeure. Fasciné par ce clown jonglant avec les mots et l’absurde, François Morel lui rend hommage sans jamais verser dans la vaine imitation. Dans J’ai des doutes, l’inoubliable Deschiens fait sonner les sketches iconiques du maître (de Caen à Mon chien, c’est quelqu’un, en passant par J’ai des doutes, donc). Accompagné d’un pianiste, il éclaire avec la faconde qu’on lui connaît toutes les subtilités d’une langue éternelle.

Loos-en-Gohelle, 18 & 19.09, Fabrique Théâtrale de Culture Commune, 14 h, 15 h, 16 h & 17 h, gratuit, www.culturecommune.fr

Roubaix, 21.09, Le Colisée 20 h 30, 35 > 10 €, www.coliseeroubaix.com

[Éric Arnal-Burtschy]

[François Morel]

© Gilles Vidal

VIRIL [David Bobée] Mis en scène par David Bobée, le nouveau directeur du Théâtre du Nord (voir page 108), ce concertlecture réunit Virginie Despentes, Béatrice Dalle et la rappeuse Casey. Soutenues par le groupe post‑rock Zëro, ces trois femmes puissantes portent les voix emblématiques des luttes raciales, sexuelles et de genre. Du sulfureux (et drôle) Scum Manifesto de Valerie Solanas aux écrits radicaux de l’Américaine transgenre Leslie Feinberg, elles dézinguent les discours dominants, et frappent là où ça fait mal. Béthune, 28.09, Le Palace (La Comédie) 20 h 30, 20 > 6 €, www.comediedebethune.org Lille, 15 > 23.03.2022, Grand’Place 20 h, gratuit, www.theatredunord.fr



Le

mot de la fin

JULIE CHÉRÈQUE

www.instagram.com/juliechq

Cette graphiste aime la pop culture et les jeux de mots. Résultat ? Des croisements improbables entre célébrités et autant d’illustrations irrésistibles, d’Édouard Baladeur à Lady Gagarine, en passant par Obamasqué (ohé ohé). Évidemment, la crise sanitaire n’a pas échappé à ses talents, comme en témoigne cette Angèle Hydroalcoolique issue de la série Coronart. Le meilleur geste barrière contre la morosité.




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