LM magazine 169 - Octobre 2021

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N°169 / OCTOBRE 2021 / GRATUIT

ART & CULTURE

Hauts-de-France / Belgique




SOMMAIRE – MAGAZINE LM magazine 169 - octobre 2021

Les Négresses vertes © Luc Manago

NEWS

- 10

PORTFOLIO - 16 KogaOne Pignon sur rue

Les voitures sans permis – 24 Roulez jeunesse ! Musée de la fête foraine – 32 Force d’attraction

© KogaOne

STYLE

Les Négresses vertes – 44 Revoilà l’été François Ozon & André Dussollier – 78 À la vie à la mort

LE MOT DE LA FIN - 146 Julie Chérèque L’humour est dans le trait

François Ozon © Carole Bethuel, Mandarin Production, Foz

RENCONTRE



SOMMAIRE LM magazine 169 - octobre 2021

– SÉLECTION

MUSIQUE

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NAME Festival, Myd + Busy P, Chevalrex, Les Négresses vertes, Keren Ann, Caballero vs JeanJass, Tourcoing Jazz Festival, Black Country New Road, Marie Davidson & L’Œil Nu, Marc Melià, J.E. Sunde, AaRON, Feu ! Chatterton, Tricky, Agenda… - 66

Disques : Parquet Courts, Saint Etienne, Pond, Yann Tiersen, Vera Ellen Livres : Métal Hurlant, Hajime Isayama, Gege Akutami, Nicolas Richard, Giorgio Voghera, Nina Allan, Alain Guiraudie, Fabcaro Écrans : Tout s’est bien passé, On The Verge, Candyman, Storia di Vacanze, Tralala, Le Kiosque

EXPOSITION - 88 Les Louvre de Picasso, David Hockney, Images de héros, Infiniment proche, Marcel Broodthaers, Panorama 23, Fernando Botero, Léon Wuidar, Les Safra’Numériques, E/Motion, Brussels Touch, Laurent Durieux, Agenda…

THÉÂTRE & DANSE - 124 Biennale Charleroi Danse, La Mouche, Triptych, Les Yeux rouges, Vie de voyou, Grief & Beauty, Bros, Guillermo Guiz, Baptiste Lecaplain, Alex Lutz, Kyan Khojandi, Agenda…

Affiche du film, Une cigarette et un verre, Niazi Mustaph, 1954 © Collection Nationaal Museum van Wereldculturen, Pays-Bas Coll. no. TM-6194-15

Nina Kraviz © Paola Kudacki

CHRONIQUES



MAGAZINE LM magazine – France & Belgique 28 rue François de Badts 59110 LA MADELEINE - F tél : +33 (0)3 62 64 80 09

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Direction de la publication Rédaction en chef Nicolas Pattou nicolas.pattou@lastrolab.com Rédaction Julien Damien redaction@lm-magazine.com Publicité pub@lm-magazine.com

Direction artistique Cécile Fauré cecile.faure@lastrolab.com Couverture KogaOne www.kogaone.com instagram @koga.one Administration Laurent Desplat laurent.desplat@lastrolab.com

Réseaux sociaux Sophie Desplat Impression Tanghe Printing (Comines) Diffusion C*RED (France / Belgique) ; Zoom On Arts (Bruxelles / Hainaut)

Ont collaboré à ce n° : Sonia Abassi, Thibaut Allemand, Elisabeth Blanchet, Rémi Boiteux, Mathieu Dauchy, Marine Durand, Hugo Guyon, KogaOne, Mélanie Kominek, Grégory Marouzé, Raphaël Nieuwjaer et plus si affinités. LM magazine France & Belgique est édité par la Sarl L'astrolab* - info@lastrolab.com L'astrolab* Sarl au capital de 5 000 euros - RCS Lille 538 422 973 Dépôt légal à parution - ISSN : en cours

L’éditeur décline toute responsabilité quant aux visuels, photos, libellé des annonces, fournis par ses annonceurs, omissions ou erreurs figurant dans cette publication. Tous droits d’auteur réservés pour tous pays. Toute reproduction, même partielle, par quelque procédé que ce soit, ainsi que l’enregistrement d’informations par système de traitement de données à des fins professionnelles, sont interdites et donnent lieu à des sanctions pénales. LM magazine est imprimé sur du papier certifié PEFC. Cette certification assure la chaîne de traçabilité de l’origine du papier et garantit qu'il provient de forêts gérées durablement. Ne pas jeter sur la voie publique.

PAPIER ISSU DE FORÊTS GÉRÉES DURABLEMENT



The Wave © Vertigo

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BRUXELLES, VILLE LUMIÈRE Annulé en février dernier, le festival des lumières de Bruxelles illumine dix soirées en cet automne. Au programme : deux parcours de 16 installations nous emmènent du quartier royal au quartier européen. En passant par le Parc du Cinquantenaire, on découvre également le cube lumineux géant des Belges Ofer Smilansky et Antoine Goldschmidt mais aussi The Wave du collectif danois Vertigo. Longue de 80 mètres, cette œuvre immersive se compose de 40 portes sensibles à notre passage - et c'est brillant. Bruxelles, 28.10 > 06.11, divers lieux en ville, bright.brussels.fr

© DR

CINÉMONDES À Berck-sur-Mer, on trouve l'une des plus belles plages de la Côte d'Opale. En octobre, on rejoint quand même les salles du Cinos pour voir une centaine de longs et courts métrages. Parmi les temps forts de ce festival du film indépendant, on guette la rétrospective Varda et la présentation de 25 œuvres restaurées, mais aussi la présence, en tant qu'invité d'honneur, de Ken Loach – oui, rien que ça ! Berck-sur-Mer, 05 > 10.10, cinéma Cinos & divers lieux 1 séance : 5 / 2,50 € • une journée : 15 / 10 €, kdiffusion.com


Cake et Madeleine, Ile Chat © DR

M FESTIVAL Créé en 2005, ce festival de marionnettes renouvelle le genre avec des spectacles destinés aux petits comme aux grands enfants. Parmi ces 14 propositions, on philosophe sur le bonheur (Nos Petits penchants), on dissèque nos émotions (Promenade intérieure) et on tire le fil de destins extraordinaires, comme celui de Nina Wolmark. Dans La Vie animée de Nina W, Séverine Coulon retrace la vie d'une créatrice de dessins animés mythiques des années 1980, tels qu’Ulysse 31 ou Les Mondes engloutis – et ravive quelques souvenirs.

© DR

Esinam © Nicolas Jaumain

Lille, 13 > 31.10, maisons Folie Moulins & Wazemmes (+ Théâtre Massenet, Musée d'histoire naturelle et L'Hybride), 1 spectacle : 10 € > gratuit, maisonsfolie.lille.fr

CHOCOROOM

COURT-CIRCUIT.LIVE

Tous les prétextes sont bons pour assouvir notre gourmandise. Célébrant les 50 ans de Charlie et la chocolaterie (le film de Mel Stuart, sorti en 1971) le Chocolate Box Hotel, sis à Bournemouth sur la côte sud anglaise, inaugure une chambre très spéciale. Pour cause : il est possible d'y lécher le papier peint comme de croquer les produits de toilette, conçus à partir de la délicieuse fève. Attention à l'indigestion, une nuit vous coûtera 240 €. www.thechocolateboxhotel.co.uk

La scène belge ne manque pas de talents, mais encore faut-il les dénicher. L'association Court-Circuit lance son application promouvant toute la diversité musicale en Fédération Wallonie-Bruxelles. Pop, folk, rap, electro... Cet agenda-concerts est alimenté par les artistes euxmêmes (2 700 à ce jour) et les structures partenaires du réseau. Cette fois, c'est vraiment arrivé près chez vous. court-circuit.live news – 11


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BIENNALE DE MONS

Color Wheels © DR

En 2018, la première Biennale de Mons invitait le public à se réapproprier la ville, sous le regard de Niki de Saint Phalle. Cette deuxième édition s'articule autour du thème de la "révélation" (de nos racines, de ce qui nous relie) sous le haut-patronage du peintre et sculpteur colombien Fernando Botero, honoré d'une grande rétrospective au BAM (nous y reviendrons). Entre autres temps forts, l'événement célèbre aussi la danse, la nuit, la gastronomie italienne (en hommage à sa diaspora) mais aussi la création participative. En témoigne le projet "Le Grand Huit", invitant les habitant(e) s des villages du Grand Mons à écrire cette programmation, et révéler les trésors de leur patrimoine. Mons, 09.10 > 12.12, divers lieux, www.mons2025.eu

À Mons, la culture est un pas de deux. La danse y est célébrée sous toutes ses formes grâce à d'immenses chorégraphes (Carolyn Carlson, Ayelen Parolin) et des formes participatives (Juke-Box de Louise Vanneste). Entre autres déambulations en ville, on ne manquera pas la Color Wheels de la compagnie Off, soit un cortège de dix grandes roues illuminées et surchauffant la foule au rythme de musiques électroniques. Alors on...? Non, rien. Mons, 07 > 10.10, divers lieux www.mons2025.eu , surmars.be

Juke-Box © Heloise Faure

LA NUIT DE LA DANSE



Bouillon © WBT - David Samyn

Royale Wallonie

La Belgique compte le plus grand nombre de châteaux par mètre carré dans le monde. Nul besoin d’être de sang bleu pour admirer ces ouvrages ou retrouver son âme d’enfant le temps d’une visite. Témoins de leur époque, de la forteresse médiévale à la demeure de plaisance, leurs styles variés nous font parcourir la Wallonie et les siècles en beauté.

Courez vite dans les jardins du Domaine du château de Seneffe ! L’artiste plasticienne Tinka Pittoors y propose son parcours artistique, intitulé «Les voyageurs» jusqu’au 14 novembre. Une pause s’impose aussi dans ce château du XVIIIe pour admirer la plus belle collection d’orfèvrerie de Belgique. Près de Liège, il y eut l’expo Miro, c’est désormais Picasso qui vous attend à partir du 10 décembre au château de Waroux. Depuis plus de trente ans, 6 000 amaryllis habillent le château de Beloeil. Du grand escalier aux appartements du Feldmaréchal, du salon des Ambassadeurs à la chambre d’Epinoy, mille couleurs et parfums parent la demeure Princes de Ligne. Dans la cour d’honneur du château-fort de Bouillon, c’est un spectacle de rapaces qui attend le voyageur presque toute l’année. Point de buses ni de vautours au château de Chimay, mais une véritable princesse et des concerts de haute volée dans l’adorable théâtre de poche.

Heaume sweet heaume Se glisser dans la peau d’un seigneur ou d’une princesse le temps d’une nuit, qui n’en a pas rêvé ? Faisant fi des crinolines et baldaquins, certains hébergements dépoussièrent les châteaux et accueillent volontiers les roturiers. Vous croyez qu’il y a des étoiles plein les yeux et plein le Guide ? Oui, mais pas que.

Chateau de Seneffe © Destiny Tinka Pittoors

Oyez, oyez, bonnes gens !

C’est un gîte, par exemple, qu’accueille le Château de Balmoral (celui de Spa, pas l’écossais) au mélange d’influences médiévales et anglo-normandes, dont la piscine domine le lac de Warfaaz. Toujours près de la ville d’eaux, Le Manoir de Lébioles porte haut sa devise ‘’être plutôt que paraître’’. Ici, tout n’est que luxe, calme et volupté… et restaurant gastronomique. Etoilée depuis plus de 15 ans,


la table inventive du Château de Strainchamps, au sud de Bastogne, éveille les papilles du voyageur. A un jet d’arbalète du joli château de Crupet près de Namur se tient le Domaine de Ronchinne, au parc de 42 ha. Que ce soit dans le château, les écuries, les bivouacs ou les cabanes, on y dort ‘’comme chez soi’’ dixit les propriétaires. Filons près de Huy chez les Templiers échanger avec les propriétaires du B&B du Château de Bonne Espérance. Ou encore, plus près de Liège, au Château des Thermes qui invite à la remise en forme.

A tout seigneur, tout honneur De la forteresse médiévale à la demeure de plaisance, du bastion défensif au château de plaine, en ruines ; qu’ils soient habités par les familles ou devenus musées, toutes les époques s’illustrent de témoins remarquables de places fortes aux origines médiévales, de donjons féodaux, ou de châteaux-fermes. Dans la vallée de la Meuse

Infos pratiques : Un publi-communiqué de Wallonie Belgique Tourisme Retrouvez toutes les informations sur les visites des châteaux, les sites mentionnés et bien plus encore sur : visitwallonia.be/fr/chateaux facebook.com/TourismeWallonieBelgique instagram.com/tourismebelge

Château de Veves © WBT - I. Monfort

© Château de Balmoral

Publi-communiqué il y a un château… tous les 10 km. Du château de Vêves fondé par Pépin de Herstal au style renaissance du château de Freÿr meublé par vingt générations et entouré de magnifiques jardins en bord de Meuse, en passant par les ruines romantiques du château de Montaigle, on ne sait où donner de la tête couronnée ! Plus à l’est, le château-fort de Reinhardstein datant du XIVe siècle est remeublé de la collection privée du professeur Overloop tandis que le palais princier du château de Modave est de style français... A la frontière, le romantisme du château d’Attre, de style Louis X, contraste avec l’aspect néogothique du corps de logis du château d’Antoing. Une diversité exceptionnelle à découvrir sur les terres wallonnes.


KOGAONE Pignon sur rue 6 Ça ne saute pas aux yeux, mais KogaOne travaille en bande. Notamment avec les graffeurs du collectif Moulin Crew et des proches, depuis une bonne dizaine d’années déjà. On retrouve d’ailleurs ses amis lardés de couleurs pop, air rêveur ou regard franc sur moult façades de briques ou de béton. « L’enfant avec son casque de vélo, c’est ma fille. Ce mur a forcément une valeur sentimentale », nous précise le Messin de 36 ans. « Abstraction réaliste » ou « réalisme abstrait », qu’importe les étiquettes, Matthieu Antignac (pour l’état civil) refuse de choisir. De la même façon, cet autodidacte qui a découvert le graffiti à l’âge de 20 ans n’aime guère se laisser enfermer dans la case "street-artist". « J’ai certes démarré en achetant trois bombes vaguement assorties, mais aujourd’hui j’utilise surtout l’acrylique, même pour les pignons. Je travaille un mur comme une toile ». Avant de jaillir sur les briques, ses portraits sont travaillés sur Photoshop, réminiscence de son BTS graphisme. Ce canevas, où il décale les visages, trace les formes bleu roi ou magenta, est essentiel. En effet, s’il apprécie le « glitch informatique » (ndlr. défaillance électronique reproduite à des fins esthétiques), face au mur KogaOne laisse peu de place au hasard. En cela, il regarde davantage vers certains peintres abstraits ou les maîtres flamands. Enfin, durant l’automne, le touche-à-tout se retranche dans son atelier pour signer des dessins au stylo Bic ou des peintures à l’huile. En attendant les beaux jours et que la ville lui offre de nouveaux terrains de jeu. Marine Durand

À VISITER /

www.kogaone.com

instagram @koga.one À LIRE

/ L’interview de l’artiste sur lm-magazine.com

portfolio – 16



portfolio – 18







Twizy Z.E. Concept © P.J.Harvey


LES VOITURES SANS PERMIS Roulez jeunesse ! Qui l’eût cru ? Le marché des voitures sans permis est en plein boom. Inventées en 1898 par le constructeur français Léon Bollée, celles que l’on surnomme parfois "pots de yaourt", "merdem" ou encore "doumdoum" selon les régions, attirent une nouvelle clientèle : plus jeune, plus branchée et plus aisée aussi. Pourquoi ? Parce qu’elle préfère ces engins au scooter, ne trouve pas forcément l’intérêt de passer le permis pour conduire une "vraie" auto, mais pas seulement... Enquête sur les chapeaux de roue, des quartiers chics de Marseille à la Normandie. Va-va-voom !

Rue Paradis, Marseille. François boit un coup en terrasse. Sa Ligier rouge est garée à deux pas. « Ici, c’est un peu un spot pour voiturettes, commence le lycéen de 18 ans. Ça fait quelques années déjà que c’est à la mode chez les jeunes, ici dans le 8ème ». De ce côté de la

ville, on est en effet aux antipodes des quartiers Nord et ce sont les parents qui achètent ces véhicules à leurs enfants pour aller en cours. « Ils pensent qu’on est plus en sécurité que sur un scooter », témoigne François, conducteur depuis ses 14 ans.

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Allon, Rosalie, Romy et leur prof de maths sur la ligne de départ.

Pour Aurélie Geber, responsable communication du Groupe Ligier – Microcar, leader européen du marché du QL (quadricyle léger) en Europe, « cet engouement vient d’Italie où quasi toutes les ventes concernent cette population. La tendance a dû traverser la frontière et gagner le sud-est de la France avant de s’étendre ». À ce phénomène méditerranéen s’ajoute le fait que l’on peut piloter une voiturette dès l’âge de 14 ans, au lieu de 16, depuis 2014.

Coût pour coût Pourtant, une "doum-doum", comme on dit dans les Vosges, n’est vraiment pas donnée. « L’entrée de

gamme d’Aixam est à 9 000 €, mais pour un modèle sport coupé, il faut compter 13 000 € », confirme Kevin Guillot, magasinier et vendeur de la concession Aixam (leader français du marché), à Avranches dans la Manche. Cette somme s’explique

« UN ENGOUEMENT EN PROVENANCE D’ITALIE » principalement par des volumes de production beaucoup plus modestes que ceux de géants comme Renault ou Peugeot. Toutefois, Kevin constate un réel essor depuis ces deux dernières années, corroboré par des chiffres d’AAA Data. Du 1er janvier au 30 avril, 7 088 voitures

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Christian à Avranches, on the road again.

neuves sans permis se sont vendues en France, soit une augmentation de 31 % en un an. Les acheteurs sont essentiellement des mineurs ou de jeunes majeurs. « Certains m’ont

« C’EST L’OUTIL IDÉAL POUR PÉCHO ! » confié que c’était trop dur de passer le code et le permis, et puis ça revenait moins cher de conduire une voiturette, de plus sans risquer de perdre des points ». Du coup, n’est-ce pas un peu dangereux ?

T’as pécho ? Retour à Marseille. Devant le lycée Notre-Dame-de-Sion, Allon et Rosalie, 18 ans, attendent leur copine Romy, et sont garés en double file

dans l’Aixam coupé toute pimpante d’Allon. « Il faut avoir le brevet de sécurité routière (BSR) pour conduire sans permis, comme pour le scooter. Normalement, c’est huit heures de pratique et quatre de théorie ». À les écouter, circuler dans leur petite automatique n’aurait rien d’effrayant. Les deux potes n’y voient d’ailleurs que des avantages : la sécurité de l’habitacle par rapport au scooter, les deux places (voire trois, même si c’est interdit) et le gain de temps pour passer le permis. « Et puis c’est l’outil idéal pour pécho ! », rigole Rosalie.

Fast and Furious « À mon âge, je n’ai plus besoin de draguer, certifie de son côté Christian, 70 ans et retraité à Avranches.

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À Marseille, plus belle la p’tite vie, en Twizy.

Je sais qu’ils font des modèles chouettes pour les jeunes avec des écrans. Mais moi, j’aime bien la mienne, elle a plus de 200 000 km au compteur. Je suis même allé jusqu’à Bordeaux en prenant les départementales ».

« SI ON DÉBRIDE LE MOTEUR, ON RISQUE GROS » En 2003, cet ancien chauffeur de taxi a perdu son permis : « L’alcool, révèle-t-il. J’ai perdu six points d’un coup. J’ai dû repasser le code mais ça m’a vite pris le chou. Alors je me suis branché sur les "sans permis". Le seul problème c’est la vitesse, et si on débride le moteur, on risque gros ». Car pour l’instant, pas question pour ces petites machines de dépasser les 45 km / h et de rouler

sur les voies rapides. Quoi qu’il en soit, les grands constructeurs ont bien saisi le filon. Avec la Twizy et l’AMI, Renault et Citroën se sont lancés sur le marché, sur un mode électrique. À Jullouville, station balnéaire de la Manche, Aimie, 17 ans, et sa sœur Gabie, 15 ans, se partagent une AMI flambant neuve. « Nos parents nous l’ont achetée pour aller au lycée. On gagne du temps, on peut faire les courses, on est autonomes », explique Aimie, toute fière de son bolide "Pop", attirant le regard d’un passant, qui la questionne sur l’autonomie… du véhicule. « 75 km, et on peut la brancher partout, ajoute-t-elle en montrant la prise. C’est comme un aspirateur ! ». Harry Potter n’a qu’à bien se tenir avec son balai volant. Texte & Photo Elisabeth Blanchet

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À Jullouville, Aimie au volant de son AMI.

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© Musée de la Fête Foraine


© Julien Damien

MUSÉE DE LA FÊTE FORAINE Force d’attraction C’est une collection aussi rare qu’extravagante. À Saint-André-lezLille, Didier Vanhecke réhabilite les arts forains et une tradition populaire née à la fin du xixe siècle. À partir du 2 octobre, des visites sont organisées les week-ends dans ce musée bien vivant. On y découvre un pan oublié de la grande histoire des foires et des bals d’antan à travers des manèges et des jeux parfois centenaires mais en parfait état de marche. Suivez le guide. Vu de l’extérieur, l’endroit ne paie pas de mine, situé qu’il est au bord de cette longue route bordant une zone industrielle, dans la banlieue lilloise. Pourtant, une fois poussées les

portes de cette ancienne carrosserie, c’est une véritable caverne d’Ali Baba qui s’offre à nous. Mieux, un voyage dans le temps : celui des fêtes foraines comme

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© Musée Serre de la Fête Foraine Marine © Catwalkpictures


Jean-Paul Knott © Eugène Galegos

© Musée de la Fête Foraine

elles se déroulaient il y a plus d’un siècle. Au sein d’un espace de 1 300 mètres carrés sont réunis carrousels antédiluviens, orgues mécaniques, stand de tir à la carabine à plomb, mailloche, bouffe balles… on en passe.

Art libre – Flamboyantes, ingénieuses, luxueuses parfois, toutes ces pièces sont issues de la collection de Didier Vanhecke, qu’il a patiemment bâtie durant une trentaine d’années en traînant dans les brocantes ou les ventes aux enchères. « J’ai acheté mon premier cheval de bois à l’âge de 18 ans, à la braderie de Lille. C’est à ce moment-là que tout a commencé »,

se souvient le quinquagénaire. Les années ont passé, les trésors se sont accumulés. Pourquoi cette passion ? « Parce que l’art forain est un art populaire témoignant d’un travail de sculpture, de peinture et de décoration exceptionnel, et cela dans tous les styles : rococo, baroque, art déco, art nouveau... ». Cet ancien marionnettiste, désormais producteur de spectacles (Divan Production) est intarissable sur le sujet, et pourrait parler des heures des Français Gustave Bayol, Coquereau et Maréchal, du Belge Devos, de l’Allemand Friedrich Heyn dont il exhibe un "éléphant banquette" en partait état.

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© Musée de la Fête Foraine

Derrière toutes ces pièces se cache aussi l’histoire oubliée d’une tradition prégnante dans les pays d’Europe du Nord et aux États-Unis, où le spectacle côtoie la vulgarisation scientifique. « Imaginez-vous à la fin du xixe siècle : il n’y a pas un zoo dans le pays. La première fois que la population voit un animal sauvage, c’est dans les fêtes foraines, resitue notre hôte. Dans les villages, on découvre également comment on duplique la voix avec des cylindres de cire, les premiers films des frères Lumière, des Vaudeville, la fée électricité même… ».

On danse aussi grâce aux bals itinérants, ici reproduit dans un Magic Mirrors (ou Palais des Glaces) à taille réelle, avec ses alcôves, ses 800 miroirs biseautés, ses sièges en velours… Parmi ces attractions d’exception, citons enfin ce carrousel britannique datant de 1895 et signé Orton et Spooner où s’ébattent quelques paons en bois « très fréquents dans le bestiaire anglais. En France, l’animal porte malheur car il représentait la monarchie. Depuis la Révolution, les forains les évitaient ». Ici, les têtes ne tombent plus, elles tournent ! Julien Damien Musée de la fête foraine Saint-André-Lez-Lille - 136 rue Félix Faure, visites guidées sam & dim : 10 h 30, 15 > 10 € www.museedelafeteforaine.com

© Musée de la Fête Foraine

Ils nous font tourner la tête…

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Charlotte de Witte © Marie Wynants


NAME FESTIVAL Electrosensible Frappée de plein fouet par la crise sanitaire, la musique électronique espère un nouveau souffle. À Roubaix, le NAME est l’un des tout premiers festivals à réanimer la nuit. Forcément spéciale, cette édition convie la crème du genre, entre têtes chercheuses et invités de marque, dans les starting-blocks après une looongue parenthèse. Comme un pied de nez au sinistre Covid : l’affiche du festival présente un couple de personnes âgées s’embrassant à bouche que veux-tu. « C’est l’amour qui résiste », sourit Sabine Duthoit, la porte-parole de l’événement, lequel peut aussi compter sur la fidélité de ses ouailles. « Cette édition est un report de l’affiche de 2020, et beaucoup ont préféré garder leur ticket plutôt que de demander un remboursement ». Les artistes ont également joué le jeu. On retrouve bien sûr la marraine, la Berlinoise Ellen Allien (tout est dit) mais aussi quelques têtes d’affiche, dont la désormais superstar Nina Kraviz, qui n’a pas oublié son premier passage au NAME il y a tout juste dix ans. Parmi les autres sommités, on citera la Britannique Paula Temple mais aussi la première venue de Charlotte de Witte, qui donneront à la Condition Publique des allures de rave (éveillée).

Des rythmes et des lettres – Beaucoup de femmes donc (pas une nouveauté ici), pour un festival plus « inclusif » que jamais. En témoigne la venue de Jennifer Cardini (pour qui le festival a exaucé son souhait de b2b avec Âme), productrice d’une techno raffinée et militante LGBT. En marge du dance-floor, la Française rencontre l’autrice Anne Pauly (prix du livre Inter pour Avant que j’oublie) à la médiathèque La Grand-Plage, afin de causer engagement et contre-culture lors d’une soirée… electrosensible. Julien Damien Roubaix, 08 & 09.10, La Condition Publique, 22 h-06 h, une nuit : 40,20 > 25,20 € pass deux nuits : 65,20 > 41,20 €, www.lenamefestival.com SÉLECTION / 08.10 : Artbat, Damon Jee, Ellen Allien, FJAAK, Nina Kraviz, Vladimir Dubyshkin, Âme, Frank… // 09.10 : Adana Twine, Âme b2b Jennifer Cardini, APM001, Charlotte de Witte, Paula Temple b2b SNTS, David Asko… NAME BY DAY : Lille, 08 & 09.10, Gare Saint-Sauveur, 18 h-00 h + RENCONTRE JENNIFER CARDINI & ANNE PAULY : Roubaix, 09.10, Médiathèque La Grand-Plage, 20 h 30, gratuit

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© Kevin Millet

© Alice Moitié / Ed Banger records

MYD + BUSY P Northern Touch 6 Retracer le parcours musical de Myd, c'est cartographier une certaine histoire de la pop électronique nordiste des dix dernières années. Au commencement était Sexual Earthquake In Kobe, formation punk funk synthétique dont Quentin Lepoutre tient les claviers. Déménageant à Paris, Myd tombe sur trois Lillois et fonde Club Cheval, rapidement repéré par Brodinski, qui publie ensuite les premiers EP solos de Myd sur son label Bromance. C'est alors l'envol et les piges tous azimuts, pour des artistes aussi divers que SCH, Georgio ou Theophilus London et Kanye West. Cerise sur le gâteau, une nomination aux César pour la BO de Petit paysan ! Comme une suite logique à ce succès, Pedro Winter aka Busy P l'accueille chez Ed Banger (Justice, M. Oizo, on en passe…) pour son premier LP, Born a Loser – en souvenir du look de ses quatorze ans, mais toujours aussi improbable quelques années plus tard. Celui qui se définit comme le « Benny Hill de l'electro » compose avant tout une musique solaire, qui se prête évidemment aux chaleurs estivales mais traverse allègrement les saisons. Ces morceaux favorisent les cafouillages créatifs et les incidents techniques. Ça n'a l'air de rien mais ça fait un bien fou, face à tant de disques à l'efficacité sans âme. T.A. Liège, 09.10, Reflektor, 20 h, 24,50 €, www.reflektor.be musique – 40



© Polina Panassenko

CHEVALREX Douce mélancolie 6 Vous ne connaissez pas la musique de Chevalrex ? C'est bien triste. Mais vous avez sans doute croisé ses œuvres visuelles : graphiste sous l'alias Brest Brest Brest, Rémy Poncet a signé pas mal d'affiches, de pochettes de disques et... la couverture de LM n° 112. Par ailleurs, ce musicien hyperactif a fondé une structure aussi précieuse qu'indépendante, Objet Disque, qui a notamment défendu les œuvres de Barbagallo, Fabio Viscogliosi ou Pauvre Glenda. Le quatrième LP de Chevalrex, Providence (2021), devrait enfin lui valoir le succès qu'il mérite. Cette pop grand format, tout en pleins et déliés, doit pas mal au travail effectué sur le précédent (Anti Slogan, 2018). Les cordes enluminent une fois de plus les apports de Mocke et d'Olivier Marguerit (alias O). Malgré tout, ces morceaux conservent un aspect artisanal et intimiste – de ces chansons qui ressemblent à des confidences. Les plus touchantes, évidemment. Thibaut Allemand Oignies, 08.10, Le Métaphone, 20 h 30, 15 / 12 €, www.9-9bis.com (+ Malik Djoudi) musique – 42



interview Propos recueillis par Mélanie Kominek • Photos Luc Manago

LES NÉGRESSES VERTES Famille heureuse À la fin des années 1980, alors que le Top 50 règne sur les ondes, de curieux accordéonistes envoient tout valser avec un son métissé, entre punk et chanson réaliste. C’est ainsi que les Négresses vertes sortent Mlah ("tout va bien", en arabe), un premier album aujourd’hui devenu culte. Plus de 30 ans après l’inclassable Zobi la mouche ou Voilà l’été, le groupe de rock alternatif le plus acoustique de France réveille des titres toujours aussi fringants, et la mémoire du chanteur Helno, disparu en 1993. À l’occasion du passage de la joyeuse bande au festival Roubaix à l’accordéon, l'incontournable Stéfane Mellino revient sur l’histoire d’un groupe mythique.


Tout d'abord, pouvez-vous nous rappeler comment sont nées les Négresses vertes ? On est le fruit du mouvement alternatif des années 1980. À l'époque, notre groupe comptait six personnes, dont Helno qui jouait avec Bérurier noir et Lucrate Milk. Paulo était lui un ancien des Maîtres, Isa et moi jouions dans Les Ouvriers.

« ON ÉTAIT UN MÉLANGE DE PROLOS DU SUD ET DE PARIS » On s’est rencontrés en 1982 et la formation est née en 1987, le temps que chacun se libère de ses obligations. Trois de nos membres travaillaient à l’époque au cirque

Zingaro ! Ils ont tout abandonné pour nous rejoindre. Quelle est la véritable origine du nom du groupe ? À l’époque, on faisait quelques conneries. Helno avait parfois les cheveux verts alors certains ont fait le lien avec notre nom… En réalité, ça vient d’un texte de Helno, La Danse des Négresses vertes. C’était un manifeste antiraciste qui clamait : "Y'en a marre de vos figures blêmes, vos couleurs sont vos problèmes". On pensait d’ailleurs que tout ça, le racisme, les religions, c’était derrière nous. Mais 30 ans après, on est toujours en plein dedans. Rien n’a vraiment changé. musique – 45


Punk, rock, java, raï, guinguette, un brin de sonorités manouches… Est-ce ce métissage qui a bâti votre succès ? Notre musique trouve ses racines entre Alger, Memphis, Séville et Saint-Ouen. On s’est toujours définis ainsi, et encore aujourd’hui. Mais on reste un groupe de rock avant tout. Vous souvenez-vous de la naissance de Zobi la mouche ? C’est Paulo qui a trouvé le riff. Il le jouait sur une guitare acoustique de façon très saccadée, très keupon. Helno a sorti ce texte parce qu’en bas de chez lui, un vieux monsieur ponctuait toujours ses phrases par "Zobi la mouche". Allez savoir pourquoi ! Du coup, il a trouvé ça marrant et en a créé un personnage qui rentre par les trous de nez et sort par le gosier !

Qu’en est-il de Voilà l’été ? Je traînais cette mélodie depuis deux ou trois ans. Puis un jour, Helno s’en est saisi. Il avait passé l’été à Paris à se faire chier et a écrit les paroles de cette chanson devenue un tube de l’été. D'ailleurs, si vous prêtez bien l’oreille, c’est l’histoire d’un mec coincé dans le métro parisien qui en veut à la terre entière et injurie tout le monde.

« UNE MUSIQUE DANSANTE AVEC DES TEXTES ASSEZ SOMBRES » C’est une poésie punk caractéristique de l’écriture de Helno. Voilà tout le paradoxe des Négresses vertes d’ailleurs : on joue une musique dansante mais avec des textes réalistes ancrés dans un quotidien assez sombre.

musique – 46


Imaginiez-vous que vos titres traverseraient aussi bien le temps ? Oh non ! C’était impossible, surtout d’où l’on venait. Quand Mlah est sorti en 1988, il n’y avait aucun disque acoustique. L’époque était très électrique, avec des groupes punks comme Bérurier noir, La Souris déglinguée... Notre album était à contre-courant. Loin du circuit indé et du sérail parisien, on était un mélange de prolos du sud et de Paris. On est arrivés comme un cheveu sur la soupe et notre disque a d’abord été descendu par la presse française. Qu’est-ce qui a motivé votre retour sur scène en 2018, après 17 ans d’absence ? L’envie de se retrouver et fêter les trente ans de Mlah. Il y a peu d’albums qui durent aussi longtemps.

Aujourd’hui encore on entend la voix de Helno à la radio, c’est quand même surnaturel. Personne ne voit nos visages mais tout le monde connaît nos chansons.

« HELNO CONTINUE DE VIVRE PLUS QUE JAMAIS À TRAVERS NOUS » On s’est dit il y a quelques années : "allez, on revient avec une quarantaine de dates". Trois ans plus tard, nous voilà à la 200e et plus de 250 000 spectateurs ! À quoi peut-on s’attendre sur scène ? Il y a le canal historique, soit cinq membres de la formation originale. On a embauché un accordéoniste et un batteur. On joue le répertoire de Mlah et quelques titres de Famille nombreuse, mais les paroles et la musique tiennent toujours le choc ! L’esprit de Helno, plane-t-il toujours sur le groupe ? Les deux tiers du spectacle sont des chansons écrites par Helno. Il n’avait aucun patrimoine à sa mort. Ce qu’il nous a légué, ce sont ses textes. Il continue de vivre plus que jamais à travers nous. Roubaix, 16.10, Magic Mirrors (Grand-Place) + Marka, 20 h, 25 € roubaixalaccordeon.fr (Festival Roubaix à l’accordéon) À VOIR AUSSI : 09.10 : Le Tire Laine fait son cabaret // 12.10 : Yves Jamait 14.10 : Arnaud Rebotini // 15.10 : Renan Luce 17.10 : L'Orchestre national de Barbès...

/ L’interview intégrale sur lm-magazine.com

À LIRE

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© Benoit Melet - Bouchra Jarrar

KEREN ANN Lorsque l'on pense à Keren Ann, reviennent en mémoire des images datant de vingt ans déjà : un Henri Salvador vieillissant dans son Jardin d'Hiver, un Biolay encore jeune qui ne jouait pas les aventuriers écorchés en carton. Bref, une autre époque. Mais Keren, elle, ne semble pas avoir changé. Et pourtant : huit albums en poche, différentes couleurs, de la chanson française au folk anglais, de l'electropop au rock velvétien, des pas de côté (bandes originales de films, duos, concerts avec le Quatuor Debussy…) ont permis de mesurer l'étendue de son talent. Ici, seule en scène, la chanteuse revisite un vaste répertoire. Et c’est immanquable. T.A. Namur, 19.10, Théâtre de Namur, 20 h 30, 26,50 > 10,50 €, www.theatredenamur.be Bruxelles, 25.11, Botanique, 19 h 30, 24,50 > 18,50 €, www.botanique.be La Louvière, 23.03.2022, Le Théâre, 20 h, 25 / 22 €, www.cestcentral.be

© Romain Garcin

CABALLERO VS JEANJASS Les frères Pétard du rap belge seraient-il fâchés ? Caballero et JeanJass s’affrontent sur scène façon Street Fighter pour défendre chacun leur album solo, OSO pour l’un et Hat Trick pour l’autre. À l’ego-trip nonchalant du Bruxellois répondent les introspections du Carolo, entre trap et boom-bap. Lors de ce "versus", les deux potos baissent aussi les armes pour jouer leurs classiques (l'inusable High & Fines Herbes). Une tournée de compét’. J.D. Lille, 14.10, L'Aéronef, 20 h, 26 > 19 €, aeronef.fr Mons, 23.10, Théâtre le Manège 20 h, 25 > 8 €, surmars.be musique – 48



© Daryan Dornelles

TOURCOING JAZZ FESTIVAL Nouveau souffle

Après une édition 2020 marquée par quelques annulations (dont celle de Gilberto Gil… qui est présent cette année !) on espère que le millésime 2021 ne souffrira pas des mêmes avaries. D'autant qu'une fois de plus, le jazz, sous toutes ses formes et ses couleurs, du plus patrimonial au plus innovant, est au rendez-vous. Voici quelques propositions… Thibaut Allemand

GILBERTO GIL À 79 ans, Gilberto Gil ressemble toujours à cet incroyable jeune homme qui, au mitan des sixties et en compagnie de Caetano Veloso, révolutionnait la musique brésilienne en y incorporant des éléments pop et psychédéliques – c'était le tropicalisme. Peu sensible à cet avant-gardisme et à ces textes militants, le pouvoir en place l'emprisonna et Gil dut s'exiler

en Grande-Bretagne. Des années plus tard, il devint… ministre de la Culture du gouvernement Lula, entre 2003 et 2008. Cette parenthèse étonnante n'a rien entamé de sa foi en la musique – en témoignent ses œuvres récentes, syncrétisme idéal de samba, bossa nova, psychédélisme, reggae et pop. Roubaix, 15.10 Le Colisée, 20 h 30, 33 > 25 €


© Sylvain Gripoix

© Sylvain Gripoix © Adriana Berroteran

PAUL LAY

HENRI TEXIER

Complice de Géraldine Laurent, adoubé par Éric Le Lann, le pianiste Paul Lay fait partie des valeurs aussi jeunes que sûres de la scène jazz hexagonale. Son dernier album en date, Full Solo, surprit son monde : le trentenaire y rend visite à… Beethoven. Périlleux, certes, mais brillamment exécuté, son jeu insuffle un étrange swing et un blues certain à des compositions aussi célèbres que la Sonate au Clair de lune, La Lettre à Elise, L’Hymne à la joie ou la Symphonie n°7. Saluons l'audace !

Henri Texier est une légende. Peu de contrebassistes peuvent se targuer d'avoir joué avec, entre autres, Chet Baker, Dexter Gordon, Donald Byrd, Bud Powell ou Don Cherry. Le septuagénaire poursuit sa route et s'enrichit de rencontres. L'an passé paraissait Chance, enregistré en quintette (avec son fils, le saxophoniste Sébastien Texier) et délivrant un jazz ouvert aux quatre vents. Il contenait notamment des morceaux dédiés à Pina Bausch, Simone Weil et Robert Badinter.

Tourcoing, 09.10, maison Folie Hospice d'Havré, 17 h, 10 > 7 €

Tourcoing, 09.10, Théâtre municipal Raymond Devos, 20 h, 26 > 19 €

LA CHICA Grandie entre Belleville et le Venezuela, Sophie Fustec, alias La Chica, a sillonné l'Amérique du Sud en compagnie d'une grand-mère anthropologue, fréquenté le conservatoire, accompagné sur scène Zap Mama, Pauline Croze ou Yael Naïm. Elle a aussi trouvé le temps de signer un premier LP, La Loba. Le fruit de toutes ses vies, en somme. Où se mêlent hip-hop et Debussy, piano classique et synthés analogiques, doo-wop et collages sonores. Fascinant ! Tourcoing, 14.10, Magic Mirrors (Place de la république), 20 h, 16 > 13 € Tourcoing, 09 > 16.10, Théâtre municipal R. Devos, maison Folie Hospice d’Havré, Magic Mirrors, MUba, Colisée de Roubaix et divers lieux, 32 € > gratuit, tourcoing-jazz-festival.com SÉLECTION / 09.10 : Sandra Nkaké & Ji Drû, Paul Lay, Henri Texier Quintet... // 10.10 : Deluxe, Ibrahim Maalouf // 11.10 : Stefan Orins Trio // 12.10 : Jean-Jacques Milteau, Charles Pasi, Avishai Cohen... // 13.10 : Fakir Trio, Roberto Fonseca, Macha Gharibian, Nina Attal // 14.10 : Charlier / Sourisse / Winsberg, Michel Portal, La Chica, Elijah Band... // 15.10 : Gilberto Gil, Ballaké Sissoko & Vincent Ségal // 16.10 : Rouge, Manu Katché, Souad Massi Trio


© Maxwell Grainger

BLACK COUNTRY, NEW ROAD En chair et en os Le télétravail dans la cuisine, Lady Gaga en streaming, vos collègues dans des petites fenêtres sur Zoom… Quel bouleversement, ce confinement ! Son ressac nous atteint encore, même après la quatrième vague. Black Country, New Road est justement un enfant de cette satanée période. Ce septette a commencé à faire parler de lui vers fin 2019 à la faveur du magnétique single Athens, France, qui figure sur le premier album du groupe, For the First Time, sorti en février de cette année. Ce rock grave et tortueux ayant d'emblée nourri un immense espoir, on a tenté d'en cerner les contours en questionnant les influences de ces trois filles et quatre garçons. "Post rock", "Art rock" ? Plutôt "Zoom rock", tant les constructions sonores de ces Friends londoniens à l’allure juvénile tirent parti de leurs séances de home studio solitaires. Miracle, le saxophone free jazz de Lewis s’articule aisément avec les claviers klezmer de May, les violons de Georgia enlacent avec grâce les riffs de Luke. Du coup, Isaac n’a plus qu’à balancer sa voix un brin éraillée (entre Eddie Vedder et Nick Cave) pour parfaire cette alliance revigorante. Certes, la structure des morceaux, foutraques et retorses, bouscule nos repères (avec un album comprenant seulement six titres). Raison de plus pour percer davantage le mystère de ce groupe sur scène. Son passage dans l’émission d’Arte Echoes annonce des prestations originales. L'antithèse d'un pathétique concert en streaming ! Mathieu Dauchy Bruxelles, 24.10, Botanique, complet !, botanique.be Tourcoing, 27.10, Le Grand Mix, 20 h, 14 > 6 €, legrandmix.com musique – 52



© Anna Arrobas

MARIE DAVIDSON & L'ŒIL NU La fine équipe Marie Davidson : un nom qui rugit comme un moteur parfaitement chromé. Après une poignée d'albums où le malaise se promenait en roue libre sur des chemins pas vraiment balisés, la Canadienne s'associe à L'Œil Nu pour voguer vers des horizons fuligineux. Contrôle technique. Marie Davidson et Pierre Guerineau ne sont pas des inconnus, pour qui a les oreilles tournées vers Montréal : le duo est aussi connu sous le nom de Essaie Pas. Une invitation au découragement qui a pourtant convaincu des labels tels DFA ou Ateliers Ciseaux, entre autres, séduits par cette electro minimaliste surgie des bas-fonds. Depuis 2014, la Canadienne a livré des albums intimistes et angoissants, jouant avec les limites de l'absurde et du langage, façon Beckett ou Ionesco (écouter Your Biggest Fan pour s'en convaincre). Mais voilà, des années à se produire seule sur scène, à voyager en solitaire, d'aéroports en halls de gare, ont eu raison de son envie – voire de sa santé mentale. D'où ce besoin de revenir en groupe, de partager, d'échanger. Délaissant le talk-over d'autrefois, Davidson se lance alors pleinement dans le chant et, avec L'Œil Nu (soit Guerineau et Asaël R. Robitaille), fait place à la simplicité, l'immédiateté. En découle un son qui n'est pas sans évoquer Justice (les éclats de basse du single Renegade Breakdown) et plus généralement celui de Chromatics, véhicule des passions romantiques et rétro-futuristes de Johnny Jewel. En somme, la Canadienne négocie un dérapage contrôlé et nous cueille à l'arrivée. Thibaut Allemand Bruxelles, 26.10, Botanique, 19 h 30, 21,50 > 15,50 €, www.botanique.be Lille, 29.10, L'Aéronef, 20 h, 10 > 5 €, www.aeronef.fr

musique – 54



© Meri Ekola

MARC MELIÀ

Touches stellaires 6 Né à Majorque, installé à Bruxelles depuis quelques années, Marc Melià a traîné ses claviers aux côtés de Lonely Drifter Karen, Françoiz Breut ou Hoquets. En 2017, grâce à l'appui de Flavien Berger, ce féru d'expérimentations modulaires signait Music For Prophet, premier LP en clin d’œil à Brian Eno et hommage au fameux synthétiseur analogique. À l'heure d'un deuxième essai chez Pan European Recording, véritable vivier de têtes chercheuses rétro-futuristes, l'Espagnol présente le fruit de ses expérimentations mélodiques, accompagné d'un petit génie de l'ambient (Roméo Poirier) et du multi-instrumentiste Lou Rotzinger. Voyage interstellaire en vue. T.A. Bruxelles, 27.10, Botanique, 19 h 30, 17,50 > 11, 50 €, www.botanique.be

musique – 56



© Adam Wheeler

J.E. SUNDE L'amour folk 6 Dans le Wisconsin, cet état du Midwest surnommé "la crèmerie de l’Amérique" et dont la capitale est Madison (sur la route de laquelle Clint Eastwood rencontra Meryl Streep), la vie semble s’écouler paisiblement. C’est en tout cas ce que laisse supposer sa "bande originale", dont Bon Iver s’est arrogé la composition en dehors de tout processus démocratique. Depuis 2019, un concurrent lui dispute néanmoins le marché : le fringant J.E. Sunde. Comme Justin Vernon, il vient de la petite ville d’Eau Claire et a le goût des choses simples. Si l’homme est désormais domicilié dans l'État voisin du Minnesota, il a sans doute puisé dans la quiétude du Midwest le sel de ses folk songs, belles comme un film de Terrence Malick sous Tranxène. Lorsque Jon Edward écrit des chansons, elles parlent tout naturellement d’amour. Et les dernières en date sont logiquement compilées dans un deuxième album intitulé 9 Songs About Love. Ce précis sur les sentiments confirme enfin les bonnes impressions du label français Vietnam, deux ans plus tôt. Sur les eaux calmes parcourues jadis par Paul Simon et plus récemment Andy Shauf, on croise désormais Sunde. Ce dernier brille par un grand sens de la mélodie et du dépouillement, propice au grand frisson. Une crème, ce Jon Edward. Mathieu Dauchy Tourcoing, 04.11, Le Grand Mix, 14 > 6 €, legrandmix.com musique – 58



AaRON Et si AaRON demeurait le groupe le plus mésestimé de France ? Pourtant, les chiffres parlent pour Simon Buret et Olivier Coursier. Depuis le succès de U Turn (Lili) pour la BO du film Je vais bien, ne t’en fais, le duo cumule plus de 300 concerts dans le monde. En sus, leurs clips sont peuplés d’invités de choix, de John Malkovich à... Jean-Claude Vandamme (Ultrarêve). L’an passé, le duo étrennait un quatrième disque (Anatomy of Light) et des morceaux plus électroniques au potentiel scénique hautement inflammable. J.D. © DR

Béthune, 14.10, Théâtre municipal, 20 h 30, 34 > 17 € La Louvière, 19.10, Le Théâtre, 20 h, 35 / 30 € Bruxelles, 03.11, Ancienne Belgique, 20 h, 34 / 33 €

et aussi…* VEN 01.10 FRANÇOIZ BREUT + RIVER INTO LAKE

Tourcoing, Le Grand Mix, 20h, 16>6€ LES FOUTEURS DE JOIE

Armentières, Le Vivat, 20h, 18>2€ MUSTANG + MAXWELL FARRINGTON & LE SUPERHOMARD

Béthune, Le Poche, 20h30, 12/10€ NICOLAS MICHAUX

Lille, La Bulle café, 20h30, 12,80€

SAM 02.10 ADAMO

Ostende, Kursaal, 20h, 64>54€ ADRIAN CROWLEY

Courtrai, Kerk Sint-Denijs, 20h, 19,50/16,50€ ROVER + MICHAEL LOMME

Oignies, Le Métaphone, 20h, 16>13€ LES FOUTEURS DE JOIE

Dunkerque, Le Bateau-Feu, 20h, 9€ LE GROOVE DES FAMILLES ET MEHMET ASLAM

Villeneuve d'Ascq, La Ferme d'en Haut, 21h, 8>5€

LUN 04.10 STEPHAN EICHER

Lille, Théâtre Sébastopol, 20h30, 53>39€

MAR 05.10 LES INOUÏS : LEYS + ANNAEL + VIKKEN + MERRYN JEANN

Tourcoing, Le Grand Mix, 19h, gratuit ELECTRO DELUXE

Lens, Le Colisée, 20h, 25>12,50€ FATOUMATA DIAWARA

Béthune, Théâtre de Béthune, 20h, 34>17€

MER 06.10 NADA SURF

Lille, L'Aéronef, 20h, 28>20€ LULU VAN TRAPP + ESPLANADES

Tourcoing, Le Grand Mix, 20h, 14>6€ REQUIEM DE MOZART (ONL)

Lille, Nouveau Siècle, 20h, 55>6€

JEU 07.10 BRISA ROCHÉ & FRED FORTUNY + OLIVIER ROCABOIS

Lesquin, Centre Culturel de Lesquin, 20h, 10/6€

FRÀNÇOIS & THE ATLAS MOUNTAINS

Lille, L'Aéronef, 20h, 22>14€ MAGMA

Lille, Théâtre Sébastopol, 20h, 67,50>40€ NICOLAS MICHAUX

Bruxelles, Ancienne Belgique, 20h, 19/18€ REQUIEM DE MOZART (ONL)

Lille, Nouveau Siècle, 20h, 55>6€ SUZANE

Valenciennes, Le Phénix, 20h30, 25>20€

VEN 08.10 GREAT MOUNTAIN FIRE

Bruxelles, Botanique, 19h30, 19,50>13,50€ BLACK DEVIL DISCO CLUB

Roubaix, La Cave aux Poètes, 20h, 14>10€ LILLY WOOD AND THE PRICK

Lille, L'Aéronef, 20h, 31>23€ STEPHAN EICHER

Aulnoye-Aymeries, Théâtre Léo Ferré, 20h, 9/4€ WYNTON MARSALIS & SON BIG BAND

Lille, Nouveau Siècle, 20h, 33/27€

musique – 60



FEU! CHATTERTON Héraut d’une chanson française érudite, le quintette défend en tournée son Palais d’argile. Produit par l’éminent Arnaud Rebotini, ce troisième album impressionne par son savant équilibre entre spoken world, musique électronique... et une certaine acuité. En témoignent Un Monde nouveau, entre autres questionnements existentiels sur l’Homme qui vient ou le règne de l’Écran total - tous composés avant la pandémie. J.D. Douai, 20.10, Hippodrome, 20 h 30, 22 / 12 € www.tandem-arrasdouai.eu // Mons, 24.03.2022, Théâtre le Manège, 20 h, 31 > 20 €, surmars.be © Antoine Henault

et aussi…* CALI + SAM SAUVAGE

Calais, Centre Culturel Gérard Philipe, 20h30, 23€ RAVE REBELS : AMELIE LENS, MACEO PLEX, TALE OF US...

Bruxelles, Palais 12, 21h, 45€

SAM 09.10 RAVE REBELS : AMELIE LENS, MACEO PLEX, TALE OF US...

Bruxelles, Palais 12, 21h, 45€ ROCKERILL FESTIVAL : THE KIDS + LA MUERTE & MORE

Charleroi, Rockerill, 18h, 25/20€ CHAPELIER FOU ENSEMBLE

Hazebrouck, Centre André Malraux, 20h, 15>5€

MAR 12.10

THOMAS FERSEN

Armentières, Le Vivat, 20h, 25€ HERVÉ + YOLANDE BASHING

Oignies, Métaphone, 20h30, 15/12€

DIM 17.10 BENJAMIN BIOLAY

Lens, Le Colisée, 18h, 35>17,50€ THE NOTWIST

Tourcoing, Le Grand Mix, 18h, 20>6€

MER 20.10 MATHIEU BOOGAERTS

Tourcoing, Le Grand Mix, 20h, 21>6€ THE PIROUETTES

Lille, Le Splendid, 20h, 26€

JEU 21.10

AVISHAI COHEN’S BIG VICIOUS

Tourcoing, Magic Mirrors, 21h, 16>13€

JEU 14.10 MICHEL CLOUP DUO & PASCAL BOUAZIZ : À LA LIGNE

Tourcoing, Le Grand Mix, 20h, 10/6€

SAM 16.10 GAËL FAYE

Lille, L'Aéronef, 20h, 28>20€

REQUIN CHAGRIN + HOORSEES

Tourcoing, Le Grand Mix, 20h, 14>6€ MOJI X SBOY

Lille, L’Aéronef, 20h, 10>5€

VEN 22.10

BIGA*RANX

Boulogne-sur-Mer, Carré-Sam, 20h30, 10/6€

SAM 23.10 CLAIRE LAFFUT

Bruxelles, Botanique, 19h30, 22,50>16,50€ GEORGIO

Arlon, L'Entrepôt, 20h, 20€ DEBOUT SUR LE ZINC

Oignies, Métaphone, 20h30, 16>13€ HINT

Tourcoing, Le Grand Mix, 20h, 14>6€

LUN 25.10 WOODKID

Lille, Le Zénith, 20h, 69>39€ JUST PLAY. UNE PLONGÉE AU CŒUR DE L’ORCHESTRE (ONL)

Lille, Nouveau Siècle, 20h, 12>6€

MAR 26.10 WOODKID

KIMBEROSE

Lille, L'Aéronef, 20h, 28>20€

Bruxelles, Palais 12, 20h, 69>39€

TIM DUP

CHARLELIE COUTURE

Tournai, Maison de la culture, 20h, 16>10€

Namur, Théâtre de Namur, 20h30, 29,50€

musique – 62



TRICKY

© Erik Weiss

Tricky restera à jamais le pourvoyeur d’un trip-hop ténébreux, une electro moite épaulant un timbre rocailleux, dur comme les briques du ghetto de Knowle West, à Bristol où il a grandi. Membre fugace de Massive Attack (l’album Blue Lines), le désormais quinquagénaire a emprunté des chemins de traverse, du jazz au reggae. Fall to Pieces, le dernier de ses 14 albums, est annoncé comme sa « version de la musique pop ». On y jettera une oreille, mais on lui demandera quand même de jouer Hell Is Round the Corner. J.D. Bruxelles, 26.10, Botanique, 19 h 30, complet !, botanique.be

et aussi…* MER 27.10 HERVÉ

Bruxelles, Botanique, 19h30, 26,50>20,50€

JEU 28.10 SUUNS

Bruxelles, Botanique, 19h30, 24,50>18,50€

GIRLS IN HAWAII

Lille, Le Splendid, 20h, 30€ BERYWAM

Lille, L’Aéronef, 20h, 26>19€ LE SEIGNEUR DES ANNEAUX : LES DEUX TOURS (CINÉ CONCERT)

Lille, Le Zénith, 20h, 85>25€

BENNY SINGS

Louvain, Het Depot, 20h, 15>10€ AMINA

Courtrai, Schouwburg Kortrijk, 20h15, 18/6€ RENAN LUCE & SINFONIA POP ORCHESTRA

Woluwe St-Pierre, W:Halll, 20h30, 45/40€

VEN 29.10 LES FRANGINES

Lille, Le Zénith, 20h, 35>29€ FROM YOUR BALCONY

Tourcoing, Le Grand Mix, 20h, 6€

SAM 30.10 PANTHA DU PRINCE

Bruxelles, Botanique, 19h30, 25,50>19,50€

DIM 31.10 LE SEIGNEUR DES ANNEAUX : LES DEUX TOURS (CINÉ CONCERT)

Lille, Le Zénith, 16h, 85>25€ MANSFIELD.TYA

Tourcoing, Le Grand Mix, 18h, 18>6€ WHISPERING SONS + LOUISAHHH LIVE BAND + CABARET NOCTURNE + ASCENDANT VIERGE + DER GREGOLINI & EBMNATOR

Lille, L’Aéronef, 18h30, 26>19€

MER 03.11 AYO

Lille, Le Splendid, 20h, 34€ FRANCIS CABREL

Lille, Le Zénith, 20h, 69>45€

JEU 04.11 FRANCIS CABREL

Lille, Le Zénith, 20h, 69>45€ SYNAPSON

Lille, L'Aéronef, 20h, 26>19€ AMADEUS DE M. FORMAN (CINE-CONCERT ONL)

Lille, Nouveau Siècle, 20h, 35>6€

VEN 05.11 AMADEUS DE M. FORMAN (CINE-CONCERT ONL)

Lille, Nouveau Siècle, 20h, 35>6€ FRANCIS CABREL

Bruxelles, Forest National, 20h, 72>44€ OLDELAF

Hem, Zéphyr, 20h, 29,90€ AYO

Béthune, Théâtre de Béthune, 20h30, 34>17€

SAM 06.11 OLDELAF

Aulnoy-lez-Valenciennes, Centre Culturel Les Nymphéas, 20h30, 16€

musique – 64



Parquet Courts Sympathy For Life (Rough Trade)

Voici dix ans, on n’aurait pas franchement misé sur ces Texans relocalisés à Brooklyn. La faute à leur punk-rock mâtiné de garage – ça semblait mille fois entendu. Pauvres fous que nous étions ! On a bien fait d’insister, d’y jeter à nouveau une oreille, puis deux, avant de se laisser totalement séduire par ces Américains bien moins bas du front qu’ils en avaient l’air. Et depuis Wide Awake ! (2018), mené par un hymne imparable (Total Football) c’est bien simple, on tient Parquet Courts pour l’un des plus grands groupes à guitares en activité – l’un des plus surprenants, en tout cas. Tandis que le reste de la concurrence fait d’abord appel à notre indulgence (eh oui, même vous, The Strokes) le quatuor poursuit son petit bonhomme de chemin, puisant dans le meilleur de la tradition US (la ballade brinquebalante Pulcinella, qui clôt ce disque) comme dans le funk nerveux et débraillé, soit à peu près tout le reste de l’album, monté sur ressorts et rythmiques élastiques. Alors, sur des mélodies roboratives et des chœurs de hooligans, le chant brut de décoffrage (et, c’est vrai, assez limité d’Andrew Savage) confère à l’ensemble cette indicible touche d’amateurisme qui achève de nous convaincre. Thibaut Allemand

Saint Etienne I’ve Been Trying To Tell You (Heavenly /[PIAS])

Trente ans après Foxbase Alpha, Saint Etienne signe son dixième album. Une œuvre étrange, inattendue, qui travaille le thème de la mémoire cher à Sarah Cracknell, Pete Wiggs et Bob Stanley (en témoignent le film How We Used To Live ou les nombreuses compilations thématiques réalisées par l’équipe). Ce disque relève davantage de l’humeur (mélancolique) que de la chanson : aucune pépite electropop, mais des sons, des rythmes et des ambiances. Un procédé déjà à l’œuvre dans Sound of Water (2000) produit en compagnie de To Rococo Rot. Alors, partout sera cité ce sample de Natalie Imbruglia, mais ce n’est pas l’essentiel. Le plus important, donc, c’est cette réussite étrange, celle d’avoir encapsulé, sans refrain ni couplet, un concentré de nostalgie vaporeuse. Thibaut Allemand


Pond 9

Yann Tiersen Kerber

(Modulor)

(Mute Records/[PIAS])

Neuvième album, neuf morceaux, pour un total de 39 minutes et neuf secondes. Inspirés par le krautrock, les Australiens de Pond se sont enfermés dans un studio pour improviser des titres alliant rock psychédélique et techno, synth-pop et funk. On retient le groove synthétique d’America’s cup. Impossible aussi de rester indifférent à l’écoute de Pink Lunettes et son electro-rock jouissif, sur lequel Nick Allbrook narre le sort d’une femme échappée d’un roman cyber-punk. Pond nous projette ensuite dans la jungle via Rambo avec superposition de voix, guitares, claviers, carillons et le même tempo effréné. La pause arrive enfin avec le très beau Toast, qui clôt magnifiquement le disque avec ses envolées de synthétiseurs et violons.

On ne le répétera jamais assez pour les étourdis, au fond de la salle : non, Yann Tiersen n’a rien à voir avec la poésie gnangnan d’Amélie Poulain (2001). Ces dernières années, l’intéressé n’a cessé de déjouer les attentes, s’installant à Ouessant et chez Mute Records, s’exprimant désormais en Breton et creusant une électronique oblique et un krautrock sévère (son projet ESB). Kerber mêle piano et nappes synthétiques, clavecin et mellotron, groovebox et boucles obsessionnelles, longueur et langueur (ces sept instrumentaux alignent parfois la dizaine de minutes). Volontiers atmosphérique donc, ce disque n’aura peut-être pas le même impact que Dust Lane (2010) ou All (2019), mais prend sa place dans la grande œuvre, hors du commun, du Breton insulaire. Thibaut Allemand

Hugo Guyon

Vera Ellen It’s your Birthday (Flying Nun Records / Modulor)

Une Néo-Zélandaise de 25 ans versée dans le rock indépendant peut-elle rêver meilleur départ chez Flying Nun Records ? Ce label a produit les groupes cultes de l’archipel comme les Tall Dwarfs ou encore les 3Ds, influences majeures de l’artiste. C’est d’ailleurs perceptible dès le premier morceau : l’hymne rock Telegram 2 et son piano survolté. Jouant de la guitare et de la basse, Vera Ellen a enregistré It’s your Birthday à Wellington avec son frère en reprenant des démos composées alors qu’elle débarquait à Los Angeles. Ces chansons racontent son mal du pays (Yuppie Farm), la frustration amoureuse avec le faussement naïf YOU ! ou l’aliénation du genre avec le comique I want to be a boy. Un journal intime de 14 morceaux marquant la naissance d’une belle aventure. Hugo Guyon disques – 67


MÉTAL HURLANT Retour vers le futur Plus qu’un magazine, un monument de la pop-culture. Fondé en 1975 par Mœbius, Philippe Druillet, Jean-Pierre Dionnet et Bernard Farkas, Métal Hurlant fut une bible pour tout amateur de bande dessinée et de science-fiction qui se respecte. Disparu il y a une vingtaine d’années, le titre signe son grand retour en kiosque en cette fin septembre sous la forme d’un trimestriel. Au sommaire ? 225 pages d’histoires courtes et 60 autres d'articles sur le thème du "near future". Car demain n’est pas si loin…

Zone d’influence – Si les tirages sont restés modestes, le magazine inspirera quelques sommités. Chose rare, la revue fut en effet traduite

1

mÉtAl hurlAnt

Diego AgrimbAu AlfreD mAthieu bAblet briAn michAel benDis berliAc vincent bernière fr Anck biAncArelli ugo bienvenu enki bilAl sAnDrine bonini Éric De broches Des combes emAnuele cocciA Pierre colleu AlAin DAmAsio JÉrome DittmAr JAcob eDgAr benJAmin fogel mAtt fr Action Jerry frissen WilliAm gibson luke Jones Afif khAleD PAul lAcolley lee lAi Dominique De lA tour AurÉlien lemAnt JAck lenine Jessie lonergAn rox Ane lumeret sAmiA mArshy x Avier mAumÉJeAn cArole mAurel merWAn AnnA mill nicolAs minvielle tommi PArrish mAyA Penn Jeremy PerroDeAu Julien Perron lAurent queyssi ingo rÖmling sylvAin runberg JAouen sAlAÜn sergio sAlmA ADAm sillArD nicolAs telloP PAtrice vAn eersel Pierre vAn hove lucAs vArelA fAbien velhmAnn mArk WAiD olivier WAthelet

« LA SF EST UN GENRE EXTRÊMEMENT PERTINENT POUR DÉPEINDRE LE MONDE ACTUEL »

lA mAchine à rêver

L13951-1-

F :19,95 €-RD

BEL/LUX : 19.95 € - CH : 29 FS

1 Automne 21

le futur, c’est DÉJà DemAin

Janvier 1975. Les Trente Glorieuses touchent à leur fin, Giscard est président et, pour le citer, la France n’a pas de pétrole mais des idées. Beaucoup d’idées… dont celles d’un certain Jean-Pierre Dionnet. Inspiré par l’avènement d’une presse underground au pays de l’Oncle Sam (citons Richard Corben), ce grand érudit veut donner ses lettres de noblesse à un genre alors mésestimé : la science-fiction. Capitaine des Humanoïdes associés, il emmène avec lui deux dessinateurs de génie échappés de Pilote qui sortent littéralement la BD de ses cases. Ils se nomment Philippe Druillet et Jean Giraud, à qui l’on doit Blueberry et qui a bifurqué très tôt vers une carrière autrement plus excitante sous le pseudo de… Mœbius.

Métal Hurlant (Les Humanoïdes associés / Vagator Productions), 288 p., 19,95 € disponible le 29.09

littérature – 68


SNAPSHOTS

Désirez-vous un café ?

non merci, Madame. Puis-je ?

Des céréales ? Bien sûr. Les préférées de Léa. notre fille.

Charlotte de Witte © Marie Wynants

Voilà, j’ai capturé vos souvenirs matériels.

Snapshots

218Scénario Xavier Mauméjean

Dessin Jaouen Salün

Page suivante : Premiers de cordée Scénario et dessin Mathieu Bablet


dès ses débuts en Amérique, et Ridley Scott ou George Lucas ne resteront pas insensibles aux visions hallucinées qui transpirent de ces pages. Ainsi, L’Incal de Mœbius et Jodorowsky influence de manière évidente Blade Runner. S’ouvrant tous azimuts au rock (sous la tu62 telle de Philippe Manœuvre) ou à l’humour (le Lucien banané de Frank Margerin) Métal Hurlant finira par égarer son lectorat, avant de fermer en 1987 puis de connaître un sursaut entre 2002 et 2004. Un ultime numéro parut en 2006, puis plus rien. L’histoire aurait pu s’arrêter là, mais Vincent Bernière en a décidé autrement...

Le passé a de l’avenir – Passé par Delcourt ou Beaux Arts Magazine, cet éditeur de bon goût estime que Métal Hurlant a toujours sa place en kiosque. « La SF est un genre extrê-

mement pertinent pour dépeindre le monde actuel », justifie-t-il. Alors, à quoi s’attendre ? Soutenue par une campagne de financement participatif, « cette nouvelle version changera de thématique à chaque numéro, et alternera entre deux formules. L'une dédiée aux nouveaux talents, l'autre en mode "vintage", rééditant des raretés ». Placé sous le signe du "near future" (soit l’anticipation très proche), ce sommaire inaugural annonce des entretiens avec Alain Damasio, Enki Bilal ou William Gibson (le père du cyberpunk) mais fait surtout la part belle à une nouvelle génération de bédéistes : Ugo Bienvenu (qui signe la couverture), Mathieu Bablet, Pierre Van Hove… et bien d’autres qui, on n’en doute pas, continueront d’écrire le futur - qu'il soit radieux ou radioactif... Julien Damien


THe PASSeNger

260

The Passenger Scénario et dessin Pierre Van Hove


Gege Akutami Jujutsu Kaisen (Ki-oon) Jujutsu Kaisen, c’est un shônen déjanté aux scènes d’action époustouflantes et autres retournements de situation sidérants. L’histoire ? Pour défendre le Japon de créatures monstrueuses, l’organisation des exorcistes s’octroie les services de Yūji Itadori, un courageux lycéen possédé par le démon aux deux visages et à quatre bras Sukuna. Commence alors pour l’adolescent et ses nouveaux amis une aventure où se bousculent émotions intenses et combats sanglants. Au fil de 11 tomes (le dernier étant attendu ce mois-ci), le mangaka Gege Akutami approche sans cesse la perfection sans jamais décevoir. Pas étonnant que les célèbres studios MAPPA s’en soient emparés en 2020 pour une version animée. De quoi dessiner un sourire diabolique sur le visage des fans... 184 p., 6,90 €. Sonia Abassi

Hajime Isayama L’Attaque des Titans (Pika Edtion) « Shinzou wo Sasageyo ! » Tel est le cri de guerre (qu’on traduira par « dévouonsnous ! ») poussé à bout de force par les âmes torturées de l’Île de Paradis. On partage la rage désespérée d’un peuple trop longtemps privé de sa liberté, et prêt à tout sacrifier pour elle… Fruit de l’imagination d’Hajime Isayama, ce manga raconte le combat d’une humanité cloîtrée derrière d’immenses murs pour se protéger de créatures gigantesques : les Titans. Au fil de 34 tomes, la série n’aura épargné à ses lecteurs aucune tragédie. Saga épique, récit héroïque et réflexion philosophique, L’Attaque des Titans brille par sa maîtrise graphique et scénaristique. Et termine comme il a commencé : dans une explosion aussi spectaculaire que dévastatrice. 256 p., 10, 50 €. Sonia Abassi

livres – 72



Nicolas Richard Par instants, le sol penche bizarrement Carnets d’un traducteur (Robert Laffont) À le lire, Nicolas Richard pratique le plus beau métier du monde. Cet ouvrage inclassable, au si joli titre, n’est pas loin de nous en convaincre ! Nicolas, donc, est traducteur. Du genre à s’atteler aux formes les plus retorses (bien qu’à divers degrés toujours populaires) des lettres anglosaxonnes. Cette fois, il traduit son rapport à ces textes à travers une vaste sélection jalonnant son copieux et éclectique parcours, avec l’envie contagieuse de nous voir foncer chez le libraire armés d’une liste longue comme le bras. Pour chacune des plumes choisies, il nous explique avec gourmandise ce qui l’a animé, sans jeter le voile sur les difficultés voire les insatisfactions rencontrées, installant un échange ludique avec le lecteur. Jusqu’à l’ultime chapitre sur l’autobiographie de Barack Obama, qui se révèle digne d’un thriller, l’expert en charades sort de ses tiroirs des réflexions souvent désarçonnantes, toujours stimulantes. On le quitte avec l’envie de se (re)plonger dans les eaux troubles de Thomas Pynchon, la poésie surréaliste de Richard Brautigan, les jeux pervers de Miranda July ou les labyrinthes de Valeria Luiselli – et pourquoi pas de s’essayer soi-même à cet exercice captivant. 486 p., 22,90 €. Rémi Boiteux

Giorgio Voghera Comment faire carrière dans les grandes administrations

(Allia)

Derrière ce titre qui n’a rien à envier aux manuels de management les plus désuets, se cache un pamphlet acide décortiquant le fonctionnement des grandes entreprises. Les éditions Allia ont choisi de traduire ce texte écrit en 1959 par Giorgio Voghera, auteur italien qui travaillait à l’époque dans une compagnie d’assurance. Soixante ans plus tard, le propos conserve toute son acuité à l’heure des "bullshit jobs". En 60 pages, assemblées comme un mode d’emploi, Voghera nous explique comment survivre dans le monde du travail où le paraître est une qualité première et où les compétences sont un handicap. Ce brûlot ne convaincra certes pas les macronistes, mais possède un fort potentiel jouissif pour les marxistes, gilets jaunes et autres déçus de la start-up nation. 64 p., 3,10 €. Hugo Guyon


Nina Allan Le Créateur de poupées

Alain Guiraudie Rabalaïre

(Tristram)

(P.O.L.)

Créateur et collectionneur de poupées, Andrew excelle à représenter l’étincelle de l’existence en miniature. Par le biais d’une annonce, il va entamer une correspondance avec Bramber, une solitaire elle aussi passionnée par les figurines, et pour les histoires courtes d’une certaine Ewa Chaplin. Andrew part à sa recherche en traversant les paysages d’Angleterre, recueil de nouvelles en poche... En entremêlant les lettres de Bramber, le récit itinérant d’Andrew et les mystérieuses nouvelles d’Ewa, Nina Allan tresse un conte sentimental et baroque, un suspense à trois voix qui souligne le rôle de la fiction dans nos vies. La Londonienne installe jusqu’au vertige une atmosphère de trouble, de bizarrerie, de tendresse aussi. Magistral. 404 p., 23,90 €. Rémi Boiteux

Profitant du chômage pour s’adonner à sa passion du cyclisme, le narrateur de Rabalaïre trace des boucles entre sa ville de Bellegarde, le col de l’Homme mort et la région de Clermont-Ferrand. Ces circonvolutions sont aussi mentales et affectives : l’épais roman restitue le flux d’une conscience qui s’interroge sur la pertinence de l’engagement politique tout en se laissant guider par le désir. Ici un curé séduisant, là une brute bien montée, ailleurs la promesse d’un foyer. Des hésitations et du ressassement de son personnage, Alain Guiraudie tire la matière d’un récit à la fois limpide et labyrinthique, d’où jaillissent quelques prodiges (un alcool qui fait bander) et surtout des formes de relation inédites, d’une profonde tendresse. 1 040 p., 29,90 €. Raphaël Nieuwjaer

Fabcaro Moon River (6 Pieds sous terre) Les années 1950, à Hollywood. Toute l’Amérique est en émoi face au crime dont l’actrice Betty Pennyway vient d’être victime, et… franchement ? On s’en fiche. Ce n’est qu’un improbable prétexte à détourner (un peu) les codes du roman noir et du western et, pour Fabcaro, à jouer avec les styles, esthétiques, ambiances et registres. On pense à La Clôture (2009) ou aux Carnets du Pérou (2013), autres albums où la vie de l’auteur perturbait sa création. Hélas ici, en un peu moins bien. Attention, on sourit encore, et le Montpelliérain parvient à nous saisir au détour d’une case ou d’une bulle. Mais certains gags – le pole dance, le rodéo… – ont un air de déjà-vu. Dommage, mais pas au point d’oublier l’un des talents majeurs de la BD de ces quinze dernières années. 80 p., 16 €. Thibaut Allemand livres – 75




© Carole Bethuel / Mandarin Production Foz

interview Propos recueillis par Julien Damien

FRANÇOIS OZON & ANDRÉ DUSSOLLIER À la vie à la mort Après Été 85, et avant Peter von Kant, François Ozon aborde le délicat sujet du suicide assisté, en portant à l’écran le livre d’Emmanuèle Bernheim. Paru en 2013, Tout s’est bien passé raconte comment elle a accompagné son père, André, jusqu’à la mort. À 85 ans, ce grand collectionneur d’art fut victime d’un AVC. Devenu hémiplégique, il demandera à sa fille de l’aider « à en finir ». Dans le rôle de l’écrivaine on retrouve Sophie Marceau, quand l’octogénaire est incarné par André Dussollier, saisissant de justesse dans la peau d’un homme diminué, mais déterminé à accomplir son destin.


Qu’est-ce qui vous a donné envie d’adapter ce récit d’Emmanuèle Bernheim ? François Ozon : C’était une amie, je l’ai rencontrée lors de la réalisation de Sous le sable dont elle a finalisé le scénario, puis on a continué à travailler ensemble sur plusieurs films (ndlr : Swimming Pool ou Ricky). En 2013, elle a écrit ce beau livre racontant son expérience avec son père. Elle m’avait demandé de l’adapter mais c’est une histoire tellement intime que je ne m’en sentais pas capable. Hélas, Emmanuèle a développé un cancer foudroyant, elle est décédée en 2017. Après sa mort, j’ai relu son livre et je me suis senti prêt.

« ON DOIT RÉUSSIR SA MORT COMME SA VIE » Est-il question d'un film politique défendant le droit à mourir dignement ? François Ozon : Non, le sujet de l’euthanasie reste secondaire. Pour moi, il s’agit avant tout d’une histoire familiale. Nous sommes face à un père qui demande à sa fille de l’aider à en finir alors qu’elle a toujours rêver de le tuer, enfant, car il était odieux avec elle. Que vat-elle décider ? C’est ce dilemme qui m’intéressait, et puis aussi cet

homme, aimant tellement la vie qu’il veut mourir… Tous ces paradoxes me fascinaient. Vous pointez tout de même un fait de société. Vous considérez-vous comme un cinéaste engagé ? François Ozon : Porter à l’écran la vie de personnes qu'on connaît comporte une responsabilité. Je devais être à la hauteur d’Emmanuèle que j’aimais beaucoup. Je suis engagé dans le sens où j’aborde un sujet grave. Cela dit, mon film n'apporte pas de réponses définitives. Tant qu’on n’est pas confronté à cette situation, il est difficile d’avoir un avis tranché… Pour autant, j'ai ressenti le poids psychologique sur les enfants qui doivent organiser un tel acte. Surtout lorsque c'est illégal comme en France. Et ça ce n’est pas normal. On doit réussir sa mort comme sa vie. Le thème est lourd, pourtant vous évitez l’écueil du mélodrame en injectant de l'humour… François Ozon : Oui, je voulais me situer du côté de la vie et de sa cocasserie. Par exemple lorsque les personnages sont au restaurant La Coquille, Sophie (ndlr : Marceau) claque la porte d’entrée, le "q" tombe et ça devient "couille" (rires).

écrans – 79


© Carole Bethuel / Mandarin Production Foz

Ce contraste m’intéressait. Il fallait éviter le pathos avec un tel sujet. J'ai recherché une certaine élégance, en adéquation avec la pudeur de cette famille.

« IL FALLAIT ÉVITER LE PATHOS AVEC UN TEL SUJET » Comment saviez-vous qu’André Dussollier pouvait incarner un tel personnage ? François Ozon : Je l’ai découvert ! C’est un grand acteur. Au début j’avais un peu peur. Qui accepterait de jouer défiguré et de rester allongé durant deux mois ? Mais André est un peu kamikaze, plus les défis sont grands et plus il est excité !

André Dussollier : C’est vrai, j’aime les défis. Dans les années 1990, je me souviens avoir vu L’Impasse de Brian Palma dans lequel jouait Sean Penn… et je ne l’ai pas reconnu ! Cette métamorphose m’est alors apparue comme le summum du travail de comédien. Depuis, j’ai toujours revendiqué cette envie. Ça m’est arrivé en incarnant Staline dans Une exécution ordinaire, et aujourd’hui avec André Bernheim. Comment avez-vous préparé ce rôle ? André Dussollier : François Ozon m’a transmis une vidéo enregistrée par André Bernheim, dans laquelle il affichait sa volonté de mourir.


Je me suis beaucoup appuyé sur ce témoignage. Ce personnage s’octroie toutes les libertés, il est insolent, cynique, égoïste… Pour un comédien c’est une partition très riche. Il est aussi drôle parfois… André Dussollier : C’est vrai, mais pas toujours volontairement. Ça valait le coup de l’incarner, ça m’a aussi permis de balancer à Sophie Marceau : « qu’est-ce que t’étais moche quand tu étais petite » !

André, ce rôle vous a-t-il permis d’explorer une part inédite chez vous ? André Dussollier : C’est certain, car je suis très attaché à l’aspect psychologique des personnages. Je suis fan de faits divers, où des gens assez lisses révèlent une monstruosité incroyable. Il y a beaucoup de pistes que j’aimerais explorer. C’est dommage de me proposer seulement maintenant d’escalader des montagnes alors que la plupart du temps, je me suis déplacé de la chaise au canapé (rires).

Tout s’est bien passé De François Ozon, avec Sophie Marceau, André Dussollier, Géraldine Pailhas… En salle la version longue de cette interview sur lm-magazine.com

© Carole Bethuel / Mandarin Production Foz

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écrans – 81


© The Film TV

ON THE VERGE

En quarantaine

Actrice pour Jean-Luc Godard ou Richard Linklater, Julie Delpy est devenue au fil des années 2000 et 2010 une réalisatrice à suivre. Avec la série On The Verge, elle aborde le tournant de la quarantaine du point de vue des femmes. L'occasion d'une comédie ciselée, mêlant réflexions existentielles et situations burlesques. On imagine aisément ce que le rôle de Justine, cheffe dans un restaurant de Los Angeles, charrie de personnel pour Delpy, à commencer par une anxiété parfois incontrôlable. Dans cet art de l'auto-fiction comique, On The Verge place l'actrice-réalisatrice dans les parages de Larry David et de Woody Allen. Ici, l'humour travaille tous les registres, des dialogues vifs au gag visuel percutant. Suivant également trois amies de Justine, le récit se déploie dans un moment d'incertitudes conjugales et professionnelles. Davantage qu'une crise, ce sont des processus lents qui apparaissent, parfaitement rendus par le temps de la série. Ainsi, c’est parce qu'elles se répètent que les remarques désobligeantes d'un mari deviennent autre chose qu'un simple élan d'humeur : l'expression d'un imaginaire patriarcal, que Justine finira par trouver insupportable. L'éventail des situations permet d'évoquer avec autant de subtilité que de drôlerie l'angoisse parentale, la perte du désir ou le sentiment d'obsolescence. Dans les derniers épisodes, les signes avant-coureurs de la pandémie se font de plus en plus insistants. Les petites histoires sont rattrapées par la grande, suscitant une certaine nostalgie pour le monde d'avant. Raphaël Nieuwjaer Série de Julie Delpy (12 épisodes de 30 minutes), avec Julie Delpy, Elisabeth Shue, Sarah Jones, Alexia Landeau, Mathieu Demy... Disponible sur CANAL+ et myCANAL



© Parrish Lewis/Universal Pictures and MGM Pictures

CANDYMAN

Haute tension

Dans Candyman (1992) un noir, lynché par des blancs, revient de l’au-delà en croquemitaine armé d’un crochet en guise de main, quand son nom est prononcé cinq fois devant un miroir. Jordan Peele (Get Out et Us) propose une nouvelle version de ce classique de l’horreur. Copie servile ou relecture inspirée ? Dix ans après la destruction de la dernière des tours de Cabrini Green, dans le ghetto de Chicago, le jeune peintre Anthony McCoy et sa petite amie Cartwright, directrice de galerie d’art, emménagent dans un appartement luxueux, sur le site de l’ancienne cité. Pour relancer sa carrière, l’artiste rapporte des détails de la macabre histoire de Candyman dans ses tableaux, ce qui rouvre la porte d’un passé terrifiant... Alors que l’on craignait un remake inutile du film de Bernard Rose, les cinéastes afro-américains Nia DaCosta et Jordan Peele (qui produit et coécrit le scénario) en signent une relecture intelligente. Le mythe du Candyman, croquemitaine jadis piqué à mort par des abeilles, est approfondi. Le gore surgit à bon escient. Les jump scares sont bannis au profit d’un tempo volontairement lent, un subtil usage du hors-champ élève la tension crescendo. Comme tout film de genre ambitieux, Candyman sert aussi un enjeu sociétal. La place des noirs dans la société américaine est questionnée, les bavures policières racistes sont dénoncées. In fine, les auteurs développent la réflexion amorcée dans l'œuvre originelle, pour une adaptation confinant au sans faute. Grégory Marouzé De Nia Dacosta & Jordan Peele, avec Yahya Abdul-Mateen II, Teyonah Parris… En salle écrans – 84



© Pepito Produzioni - Amka Films

STORIA DI VACANZE

Conte défait

Récompensé de l’Ours d’argent du meilleur scénario à Berlin, le deuxième long-métrage des frères D’Innocenzo est une fable cruelle qui se déroule sous la chaleur étouffante d’une banlieue italienne. En adoptant le point de vue des enfants, le film décrit la bassesse et l’absurdité de la vie de leurs parents. « L’histoire qui va suivre est inspirée d’une histoire vraie, qui est inspirée d’une fausse ». C’est par ces mots énigmatiques que débute Storia di Vacanze ou Favolacce selon le titre original (soit "conte de fées", en italien). Le point de départ du récit est la découverte du journal intime inachevé d’une fillette par le narrateur. Il se met alors à raconter ce que pourrait être la vie de cette inconnue, dans sa banlieue pavillonnaire. Le temps d’un été, le film dévoile le quotidien de familles banales mais où les adultes se révèlent dans toute leur mesquinerie. Citons cette scène de repas où l’un des parents demande à ses enfants d'exhiber leurs carnets de notes d’élèves modèles, devant les voisins dont la fille est en retard scolaire... Les têtes blondes sont prisonnières de ces familles dysfonctionnelles dont elles cherchent une échappatoire. Ce sentiment d’enfermement et de dégoût est renforcé par la multiplication de plans serrés. Le choix de ne pas montrer la violence physique permet de s’attarder sur les émotions et, in fine, le spectateur se sent lui aussi pris au piège. Loin de la parabole, le film n’essaie pas de donner du sens à l’absurdité de l’existence. Ne restent que des espoirs déçus… Une œuvre sans concession. Hugo Guyon De Damiano et Fabio D’Innocenzo, avec Elio Germano, Tommaso Di Cola, Lino Musella… Sortie le 13.10


Le nouveau film des frères Larrieu est, comme toujours, un objet singulier. Tralala (Mathieu Amalric), chanteur des rues, croise une jeune femme qui lui adresse un message énigmatique. Il quitte alors la capitale et retrouve à Lourdes celle dont il est déjà amoureux, mais qui ne se souvient plus de lui. Une sexagénaire croit alors reconnaître en Tralala son fils, disparu aux ÉtatsUnis... Malgré une distribution cinq étoiles (Josiane Balasko, Denis Lavant, Mélanie Thierry, Bertrand Belin, Maïwenn...), des chansons signées Katerine, Dominique A, Daho, Bertrand Belin ou Jeanne Cherhal, rien n’y fait : cette comédie musicale, inégale, ne fonctionne pas. La faute à une mise en scène et des chorégraphies statiques (un comble). Une jolie tentative… ratée. Grégory Marouzé

© Jérôme Prébois / Pyramide Films

De Arnaud & Jean-Marie Larrieu, avec Mathieu Amalric, Josiane Balasko, Denis Lavant, Mélanie Thierry, Bertrand Belin, Maïwenn… Sortie 06.10

© Les Alchimistes Films

TRALALA

LE KIOSQUE Venue donnser un coup de main à sa mère proche de la retraite, Alexandra Pianelli travaille et filme d'un même mouvement. Une caméra GoPro accrochée au front, elle accueille les clients dans le kiosque familial, tenu depuis quatre générations. L'exiguïté du lieu, dont on ne sortira que le temps d'un bref épilogue, stimule la mise en scène, proche parfois des bricolages de Michel Gondry. Le rideau de fer levé, l'établissement est comme un œil posé sur la ville. Alors que la presse papier s'effondre, le documentaire s'offre comme une dernière ronde. Du clochard ne cessant de perdre son chat à la mamie bourgeoise pleine de gouaille, toute une petite société se donne rendez-vous. À sa manière modeste, Le Kiosque témoigne de façon émouvante des mutations de l'espace public. Raphaël Nieuwjaer

Documentaire d'Alexandra Pianelli. Sortie le 06.10 écrans – 87


Femme au chapeau Pablo Picasso 1935 Huile sur toile 60 x 50 cm Paris, Centre Pompidou, musée national d'Art moderne © Succession Picasso 2021 © Centre Pompidou, MNAM-CCI, Dist. RMN-Grand Palais / Georges Meguerditchian


LES LOUVRE DE PICASSO Rencontre au sommet C’est un portrait croisé entre deux monuments de la culture mondiale. Une plongée inédite dans l’histoire de l’art. Cette exposition lensoise organise la confrontation entre Pablo Picasso et le Louvre – ou plutôt "les" Louvre, tant la relation entre les deux fut tumultueuse au fil du temps. Ce parcours rassemble plus de 450 œuvres dont 170 du génie espagnol. Elle sont issues de l'ensemble des départements de l'institution parisienne et d'un peu partout dans le monde. Peintures ou sculptures sont ainsi analysées, comparées, scrutées… pour mieux mettre au jour les inspirations du maître. Le Louvre et Pablo Picasso, c’est une grande histoire. « Un peu comme une relation amoureuse, belle et complexe », image Dimitri Salmon, le commissaire de cet événement. Dès la première visite du maître en 1900, ils se sont donc aimés. Il y eut des hauts, notamment lorsque le musée parisien honora l’artiste (le premier) d’une grande exposition monographique, en 1971, dans sa Grande Galerie. Mais aussi des bas, quand l’institution

« UNE RELATION AMOUREUSE, BELLE ET COMPLEXE » proposa à Georges Braque la réalisation d’un plafond et pas à Pablo, qui en avait pourtant rêvé… L’Espagnol trouva parmi les conservateurs de

Femme à la mantille Pablo Picasso, Vallauris, [1949] Terre blanche avec décor aux engobes Musée national Picasso-Paris Dation Pablo Picasso, 1979. MP3695 © Succession Picasso 2021 © RMN-Grand Palais (Musée national Picasso-Paris) / Béatrice Hatala

arts visuels – 89


Sculpture ibérique tête masculine ; volée par Géry Piéret en 1907. 3e siècle avant J.-C. Calcaire 20 x 17,5 x 13 cm Paris, musée du Louvre, département des Antiquités orientales © RMN-Grand Palais (musée d'Archéologie nationale) / Franck Raux


Buste de Femme, Pablo Picasso, 1906-190, Encre et gouache sur papier, 63 x 48 cm Staatliche Museen zu Berlin, Nationalgalerie, Museum Berggruen © Succession Picasso 2021 © BPK, Berlin, Dist. RMN-Grand Palais / Jens Ziehe

Autoportrait à la pipe ; Autoportrait à la casquette Pablo Picasso 1904 – 1905 Dessin H. :39,5cm, L. :32cm, P. :3cm Staatliche Museen zu Berlin, Nationalgalerie, Museum Berggruen © Succession Picasso 2021 © BPK, Berlin, Dist. RMN-Grand Palais / Jens Ziehe

fervents défenseurs (Georges Salles) mais aussi des détracteurs (Germain Bazin et René Huyghe ne goûtèrent guère aux déformations qu’il infligea à la figure humaine). Une chose reste « PICASSO EFFAÇAIT SES sûre : ces « deux géants » se sont beauSOURCES D’INSPIRATION » coup regardés. Entre les chefs-d’œuvre du musée et ceux du peintre et sculpteur, les échos sont nombreux, mais ne furent pas forcément faciles à établir. « Picasso fut un extraordinaire archiviste de lui-même, il conservait tout, comme ses factures de restaurant… et en même temps il effaçait ses sources d’inspiration », explique Marie Lavandier, la directrice du Louvre-Lens. Au final, il aura fallu trois ans de recherches pour établir des rapprochements.

L’enquête est ouverte À Lens, c’est ainsi à une formidable enquête qu’est convié le public, au sein d’une scénographie à la hauteur des enjeux. Au centre du musée se déploie une première partie où trône une immense table réunissant des archives pour beaucoup inédites. Il y a là des coupures de presse,

arts visuels – 91


des correspondances, des anecdotes... Autour de cet espace ouvert, on trouve plusieurs salles reproduisant chacune un département du Louvre : celui des peintures, des sculptures, des arts graphiques… C’est au sein de ces sections qu’est organisée la confrontation entre les créations de Picasso et les trésors du Louvre « parfois sans certitudes, certaines relevant de l’hypothèse, confie Dimitri Salmon. Elles n’ont pour beaucoup jamais été établies mais nous nous risquons à l’erreur, c’est le grand jeu de l’histoire de l’art ».

Regards croisés Au fil de ce parcours fleuve se révèlent ainsi des analogies entre un autoportrait "picassien" tracé au fusain en 1908, et un portrait dit "du Fayoum" – ces peintures funéraires insérées dans les « PICASSO A BEAUCOUP bandelettes sur le visage de la momie. On REGARDÉ INGRES remarque aussi comment la fameuse Tête DANS LES ANNÉES 1920 » de Taureau signée de l’artiste en 1942 et constituée d’une selle et d’un guidon, puise son origine dans l’antiquité orientale. Le travail sur Les Demoiselles d’Avignon est par ailleurs mis en perspective avec des sculptures ibériques… Citons aussi Le Déjeuner sur l'herbe d'après Manet, Le Retour du baptême d’après Le Nain, L’Enlèvement des Sabines inspiré par Nicolas Poussin… « Sans oublier Ingres, que Picasso a beaucoup regardé dans les années 1920 pour revenir à une forme plus classique », ajoute Marie Lavandier. Si comparaison n’est pas raison, dit-on, celle-ci donne le vertige. Julien Damien L ens, 13.10 > 31.01.2022, Louvre-Lens, tous les jours sauf mar : 10 h-18 h 12 > 5 € (gratuit -18 ans), www.louvrelens.fr Pierre Colacicco (Le Figaro), montrant la Grande Galerie noire de monde Photographie 30,5 x 24 cm, Paris, musée du Louvre, SEDP © DR

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< David Hockney "n° 299", 29 avril 2020 Tableau sur iPad © David Hockney

David Hockney dans son studio en Normandie, le 24 février 2021 © David Hockney Photo: Jonathan Wilkinson

DAVID HOCKNEY Haut en couleur C’est sans doute l’un des plus grands peintres encore en activité. Depuis le milieu du xxe siècle, David Hockney produit une œuvre située entre figuration et abstraction. Si tout le monde connaît ses fameuses représentations de piscines, le désormais octogénaire n’a pas fini de nous surprendre. En témoigne cette double exposition bruxelloise. À Bozar, on découvre une rétrospective de son travail et sa toute dernière série de tableaux magnifiant l’arrivée du printemps. Ou comment célébrer une éternelle renaissance.

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David Hockney, "n° 88", 3 mars 2020, Tableau sur iPad © David Hockney

David Hockney, "n° 316", 30 avril 2020, Tableau sur iPad © David Hockney


David Hockney, Mr. and Mrs. Clark and Percy, 1970-1971, Acrylique sur toile, 213,4 x 304,8 cm Tate : Don des Amis de la Tate Gallery 1971 © David Hockney

Originaire de Bradford, ville industrielle du nord de l’Angleterre, David Hockney a conquis le monde avec ses natures mortes, portraits ou paysages aux couleurs acidulées. Dès lors, il serait facile de le ranger dans la case "pop art". Mais l’histoire est plus complexe. « Il a toujours refusé les étiquettes », explique Ann Flas, l’une des commissaires. Ce « virtuose du dessin et de la peinture » fut en effet très tôt marqué par la rétrospective Picasso, présentée à la Tate Gallery en 1960. « Il pouvait maîtriser tous les styles. La leçon que j’en tire, c’est que l’on doit les utiliser tous », déclarera-t-il. Depuis cet instant, David Hockney ne cessera de se réinventer, passant

de l’art abstrait au figuratif ou effectuant des détours par le cubisme. Un foisonnement dont témoigne le premier volet de ce diptyque bruxellois, rassemblant de façon chronologique plus de 80 œuvres de la collection de la Tate, de 1954 à 2017.

Lumière dans la nuit Si l’on regrette de ne pas y trouver A Bigger Splash (le musée londonien n’ayant pas souhaité s’en séparer), l’exposition n’est pas avare de chefs-d’œuvre. Dès l’entrée, le visiteur est accueilli par Bigger Trees Near Warter, un gigantesque assemblage de 50 toiles de plus de 12 mètres de long (sa création arts visuels – 97


David Hockney My Parents, 1977 Huile sur toile, 182,9 x 182,9 cm Tate : Acquisition 1981 © David Hockney

la plus imposante) représentant un paysage de son Yorkshire natal. Cette même Angleterre puritaine qu’il dut quitter en 1969, « où l’homosexualité était encore illégale », pour rejoindre Los Angeles et sa lumière écrasante. C’est là qu’il initie la série des Pool Paintings qui assureront sa célébrité. « Il est alors fasciné par le mouvement de l’eau, comme Monet, la transparence des matériaux et la géométrie des bâtiments ».

Mise en perspective Au-delà de ces thèmes récurrents, David Hockney est également connu pour sa "perspective inversée", enveloppant littéralement notre regard. « Il multiplie les points d’entrée dans la toile, souhaitant y représenter un monde en trois dimensions », décrypte Ann Flas. L’autre constante de son travail,

c’est la variété de ses techniques. Dans sa palette, on trouve le fax, l’ordinateur, le polaroïd... Du haut de ses 84 ans, ce « féru de nouvelles technologies » est ainsi l’un des premiers à peindre avec un iPad, comme le révèle la deuxième partie de l’accrochage. À partir de janvier 2020, cet artiste « profondément optimiste » a immortalisé l’arrivée du printemps en Normandie, où il est aujourd’hui établi. Armé de sa tablette numérique, il a croqué le bourgeonnement des arbres, la renaissance des premières fleurs… soit 116 tableaux saisissant cette explosion de couleurs et de vie. Une célébration de la nature qui, comme lui, n’en finit pas de se renouveler. Julien Damien Œuvres de la collection de la Tate, 1954-2017 + L’Arrivée du printemps, Normandie, 2020 ruxelles, 08.10 > 23.01.2022, Bozar, mar B > dim : 10 h–18 h, un ticket pour 2 expos : 20 > 10 € (gratuit -6 ans), www.bozar.be arts visuels – 98



Affiche du film Djamilah, Youssef Chahine, 1958 © Collection Nationaal Museum van Wereldculturen, Pays-Bas Coll. no. TM-6470-3


© Jameel Subay. Courtesy de l’artiste

IMAGES DE HÉROS Mise en perspective Des représentations du prophète Mahomet à Dalida, en passant par les caricatures de Slim et quelques super-héroïnes, cette exposition met à mal nombre d’idées reçues sur l’utilisation de l’image au quotidien, du Maghreb au Moyen-Orient. L’Institut du monde arabe de Tourcoing (IMA) rassemble affiches de films, peintures, planches de BD, dessins de presse, vidéos ou photographies, et raconte une histoire inédite de la culture musulmane. « Il est dit qu’il n’y a pas d’images en pays d’Islam, débute Françoise Cohen. Eh bien ce n’est pas tout à fait vrai… ». En témoigne cette exposition, pour laquelle la directrice de l’IMA s’est plongée dans les collections du musée du Quai Branly-

Jacques Chirac et du Mucem, y dénichant quelques raretés. À commencer par cet ensemble de chromolithographies et de peintures sous verre datant du début du xxe siècle et (sujet ô combien sensible) illustrant la chose religieuse.

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Ces reproductions étaient diffusées auprès d’un large public, ornant les cafés, les boutiques ou l’intérieur des maisons. On y trouve notamment des calligraphies de sourates et des représentations du prophète Mahomet. On voit le saint homme tenir ses petits-fils sur les genoux ou encore chevauchant Al-Buraq, animal merveilleux ailé et à tête de femme sur lequel il entreprit son voyage nocturne de la Mecque à Jérusalem.

Hérauts de la liberté – Mais pourquoi parler de "héros" ? « Nous rassemblons des figures remarquables au sens large et qui trouvèrent une large audience avec leurs messages : religieux, politiques ou artistiques », éclaire Françoise Cohen. Oh, pas de jugement de valeur ici, mais beaucoup de questions. Ainsi de la série de photographies de la Palestinienne Ahlam Shibli réalisée à Naplouse lors de la deuxième intifada (2000-2005). Ces clichés révèlent une glorification des martyrs au sein des foyers, entretenant leur mémoire, mais aussi la haine... Certains personnages, eux, ont plié de rires des millions d’Algériens, comme Bouzid, le paysan acerbe du dessinateur Slim, un vétéran de la caricature arabe. Publiés, entres autres, dans Algérie Actualités dès 1967, ses strips dépeignent avec une liberté de ton rare la situation politique du pays, avant que l’auteur ne s’exile au Maroc durant les années de plomb, menacé par le FIS…

Sous le voile – Entre autres affiches célébrant les stars de la chanson (Oum Khaltoum) ou du cinéma (Dalida en vamp, dans Un verre, une cigarette en 1955), on découvre aussi une nouvelle génération d’autrices féminines. Citons l’Égyptienne Deena Mohamed et sa super-héroïne : Qahera. Né durant les manifestations au Caire en 2011, ce personnage lutte contre le harcèlement de rue et pour le droit des femmes, en ayant le visage dissimulé derrière un hijab. Ou comment porter le voile tout en étant féministe. Vous avez dit iconoclaste ? Julien Damien

T ourcoing, jusqu’au 09.01.2022 Institut du monde arabe mar > dim : 13 h–18 h 5 > 2 € (gratuit -6 ans) ima-tourcoing.fr

Ahlam Shibli, untitled (Death no. 19), Palestine, 2011–12, chromogenic print.Balata Refugee Camp, February 16, 2012. Courtesy of the artist © Ahlam Shibli

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INFINIMENT PROCHE Plus près des étoiles Si, comme nous, vous avez tendance à scruter le ciel une fois la nuit tombée, les yeux rivés sur les étoiles, alors cette exposition est taillée pour vous. Présentée au campus de la Cité scientifique de l'Université de Lille, Infiniment proche nous emmène aux confins de l'espace et du temps, aux prémices de la formation du système solaire. Ce parcours dévoile les enjeux d'une mission d'étude de matière extraterrestre, tout en initiant un dialogue entre science et art. Lille, équipée de microscopes C’est un petit morceau de roche électroniques très pointus « pouchargé de grandes promesses. Le vant plonger jusqu'à l'atome » 22 février 2019, la sonde japonaise et donc dans un lointain passé. Hayabusa 2 réussissait à se poser sur Cette « matière extraterrestre » Ryugu, un astéroïde en goguette s'annonce riche d'enseignements : dans le cosmos, pas très loin de Ryugu existait avant chez nous – enfin, à 440 même la naissance millions de kilomètres... « DÉTERMINER L’APPORT du système solaire, il Son objectif ? Collecter EXTRATERRESTRE y a 4,5 milliards d’ande la matière carbonée DANS L’ÉMERGENCE nées. « En l'étudiant, à la surface de l'objet DE LA VIE » nous pourrons ainsi stellaire pour l'analyser mieux appréhender en laboratoire, sur Terre. les conditions dans lesquelles se Et devinez quoi : une équipe lilloise est à la manœuvre. « Nous avons sont formées les planètes ». Ce n'est pas tout : cette poussière expliquereçu un échantillon il y a quelques rait peut-être comment fut transjours », s'enthousiasme Hugues portée l’eau à travers l'espace, et Leroux, qui dirige cette mission au la complexification de la matière sein de l'Unité Matériaux et Transorganique. formations (UMET) à l'Université de

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En clair : « il s'agit de déterminer l’apport extraterrestre dans l’émergence de la vie, nous glisse Hugues Leroux. On n'est pas à l'abri d'une découverte majeure... ».

Vers l'infini et au-delà En attendant les premiers résultats, début 2022, l'Université de Lille partage cette formidable aventure au sein du parcours Infiniment proche. Ponctuée de conférences, l'exposition retrace les grandes lignes de la mission Hayabusa 2. Elle rassemble des clichés de l’agence spatiale japonaise JAXA, des images de ces poussières d'étoile et comporte aussi un volet artistique. Parmi ces œuvres, citons l'installation vidéo Misurgia Sisitlallan de Vir Andres Hera. Passé par le Fresnoy de Tourcoing, le Mexicain s'est appuyé sur les recherches lilloises pour conter une histoire entre spiritualité et science, anthropologie et mythologie, l'infiniment grand et l'infiniment petit, afin de mieux prolonger la réflexion - et le rêve. Julien Damien illeneuve d'Ascq, 15.10 > 21.12, Campus V Cité scientifique - LILLIAD Learning center Innovation & Xperium, lun > ven : 8 h-20 h • sam : 9 h-13 h, gratuit, www.univ-lille.fr

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1. Astéroïde Ryugu photographié par la sonde Hayabusa2. Taille pixel de l’image : 2800 x 2800, Fichier JPG., taille finale = 762 x 762 mm © JAXA, University of Tokyo, Kochi University, Rikkyo University, Nagoya University, Chiba Institute of Technology, Meiji University, University of Aizu, AIST. 2. Ombre de la sonde Hayabusa2 sur la surface de l’astéroïde Ryugu. Taille pixel de l’image : 2500 x 2500, Fichier JPG, Taille finale = 762 x 762 mm © JAXA, University of Tokyo, Kochi University, Rikkyo University, Nagoya University, Chiba Institute of Technology, Meiji University, University of Aizu, AIST 3. Surface de l’astéroïde Ruygu photographiée par l’atterrisseur Mascot. Taille pixel de l’image : 2133 x 2133, Fichier JPG, Taille finale = 762 x 762 mm © Jaumann et al Science (2019) 4. Rentrée dans l’atmosphère terrestre de la capsule renfermant les échantillons prélevés, le 6 décembre 2020 en Australie. Image capture d’écran d’une vidéo https://www.hayabusa2.jaxa. jp/en/topics/20201206_fireball/ Taille finale = 762 x 762 mm © JAXA 5. Échantillons de l’astéroïde Ryugu rapportés sur Terre pour l’analyse dans les laboratoires internationaux. Taille pixel de l’image : 3333 x 3333, Fichier JPG, Taille finale = 762 x 762 mm. © JAXA 6. Image en microscopie électronique en transmission, résolution atomique, météorite martienne NWA 7533. Taille pixel de l’image : environ 1024 x 1024, Fichier TIF, Taille finale = 762 x 762 mm © Maya Marinova, Institut Chevreul, Université de Lille 7. Image en microscopie électronique à balayage de la météorite primitive Semarkona, champ de vue environ 2 mm. Taille pixel de l’image : beaucoup de pixels, Fichier TIF, Taille finale = 762 x 762 mm ou 762 x 1016 mm © MNHN Paris

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Marcel Broodthaers, Livre tableau ou Pipes et formes académiques [Book painting or Pipes and academic forms], 1969-1970 © Succession Marcel Broodthaers – Sabam 2021

MARCEL BROODTHAERS Détournement de fond 6 Qui était Marcel Broodthaers (1924-76) ? Chimiste de formation, poète par vocation, peintre, sculpteur, réalisateur d’une cinquantaine de courtsmétrages… Le plasticien belge, grand admirateur de Magritte, reste une énigme pour beaucoup malgré sa renommée internationale. Ainsi, les 120 plaques en plastique réunies par le Wiels (produites industriellement entre 1968 et 1972 mais en tirage limité), déjouent tous les codes. Alphabets fantaisistes, imagiers réinventés... les multiples travaux exposés, sortes de poèmes visuels savoureux de malice, détournent les règles de la publicité et de la signalisation routière en exploitant le potentiel créatif des pictogrammes ou de la ponctuation. À côté de ces plaques on trouve 14 lettres ouvertes (des tracts distribués par Broodthaers au moment du développement de son "Musée d’art moderne - Département des Aigles") et 70 dessins et documents témoignant de son point de vue critique du monde de l’art. D’indispensables clés de lecture pour comprendre l’œuvre de cet illustre inconnu. Marine Durand Bruxelles, jusqu’au 09.01.2022, Wiels, mar> dim : 11 h - 18 h, 10 > 4 € (grat. - 18 ans), wiels.org arts visuels – 108



Gregor Božič, Monument aux arbres tombés © Gregor Božič production Le Fresnoy – Studio national des arts contemporains

PANORAMA 23

Vues de l'esprit

6 L'Homme descendrait-il du songe ? C'est la question posée par cette 23e édition de Panorama. Sous-titrée "par le rêve", l’exposition annuelle des étudiants de la prestigieuse école tourquennoise marie (comme souvent) science et poésie, art et technologie, pour mieux décrypter des enjeux bien réels. À l'image de Love & Revenge d'Anhar Salem, mettant en scène une adolescente qui perd le contrôle de son avatar dans les réseaux sociaux... En parallèle, Gregor Božič s'interroge sur la bétonisation à outrance de nos cités en dressant un Monument aux arbres tombés. On répond aussi à l'invitation du film immersif en 360° stéréoscopique de Faye Formisano. Avec They Dream in My Bones, elle nous entraîne sur les pas de Roderick Norman, chercheur en onirogénétique qui extrait... les rêves d’un squelette. De l'illusion en chair et en os... J.D.

Faye Formisano, They Dream in My Bones © Faye Formisano production Le Fresnoy – Studio national des arts contemporains

Tourcoing, jusqu'au 31.12, Le Fresnoy, mer > dim : 14 h-19 h, 4 / 3 € (gratuit -18 ans) www.lefresnoy.net

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LÉON WUIDAR. À PERTE DE VUE Représentant discret de l'abstraction géométrique belge, le Liégeois Léon Wuidar est honoré d'une première rétrospective sur ses terres. Ses tableaux, collages ou dessins se distinguent de la froideur parfois attribuée au genre, par un jeu poétique entre les lignes et couleurs, mais aussi lettres ou mots. Au MACS, on découvre ainsi une œuvre ludique et teintée de surréalisme, à l'image de son clin d'œil à la fameuse pipe de Magritte. Danseuse à la barre , 2001, Huile sur toile, 164 x 116 cm, Collection privée © Fernando Botero

Hornu, jusqu'au 30.01.2022, MACS mar > dim : 10 -18 h, 10 > 2 € (gratuit -6ans) www.mac-s.be

FERNANDO BOTERO. AU-DELÀ DES FORMES Ses personnages aux formes rondes ont fait le tour du globe... Enfin, presque, car Fernando Botero n'avait jamais bénéficié d'une rétrospective en Belgique. C'est désormais le cas. Le BAM révèle 70 ans d'une œuvre singulière, aux couleurs vives, puisant ses racines dans l'art précolombien, l’iconographie populaire ou la Renaissance italienne. Le parcours aborde les thèmes chers à l'artiste, comme les natures mortes ou les nus, soit autant de peintures, sculptures et dessins tantôt bienveillants ou ironiques. Pour parachever l'événement, une sculpture monumentale du Colombien prend ses aises sur la Grand-Place de Mons. Mons, 09.10 > 30.01.2022, BAM mar > dim : 10 h-18 h, 9 / 6 € (gratuit -6 ans) www.bam.mons.be

29 juillet 89, 1989, Huile sur toile, 60 × 60 cm + L’enceinte, février 1970, 1970, Huile sur toile, 50 x 70 cm © Léon Wuidar

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Machine 2 Fish V.2 - Dardex © Qdestieu Shuguet

LES SAFRA'NUMÉRIQUES

Machine à rêver

Avant un retour en force en mars 2022, le festival des arts numériques célèbre ses cinq ans à travers une édition (forcément) spéciale, à l'instar de ce spectacle mêlant cirque et réalité virtuelle (The Ordinary Circus Girl). Au Safran, d'étranges robots insectoïdes s'agrippent aux murs pour questionner en rythme notre rapport aux machines (Chimères Orchestra de Reso-nance), tandis qu'un poisson rouge se balade tranquillement dans les allées, grâce à son bocal cybernétique (Machine 2 Fish V.2, signé Dardex). À la Citadelle, Revolve initie une chorégraphie stroboscopique avec des centaines de LED, histoire de nous en mettre plein la vue et surtout tester les limites de nos perceptions. Mais c'est aussi en ville que la magie opère, où diverses installations font honneur à la cité de Jules Verne – qui n'aurait pas renié cette grande fête numérique. À l'instar de la Distillerie d'images du Kolektif Alambik, enveloppant les façades de couleurs et de formes oniriques. Sur l'esplanade et le parvis du Safran, Tilt a quant à lui installé d'étonnants luminaires. Ces Papyrus offrent une palette mouvante, tel un arc-en-ciel nocturne... Julien Damien

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Amiens, 19 > 23.10, Le Safran & divers lieux en ville, gratuit (sauf les spectacles The Ordinary Circus Girl & Les Murmures d'Ananké : 13,50 > 5 €), www.amiens.fr arts visuels – 114



Jean-Paul Lespagnard © Catwalkpictures

'Boxing Gisele' editorial, Big Magazine, 1999, © Photo: Vincent Peters

E/MOTION

BRUSSELS TOUCH

Pour sa réouverture, après plus de trois ans de travaux, le MoMu sort le grand jeu. Le temple de la mode organise dans toute la ville des expositions, événements en plein air, balades thématiques et convie les stylistes qui ont fait la réputation de la cité flamande. Parmi ces temps forts, le parcours E/MOTION. Mode en transition scrute la marche du monde à travers des pièces de Walter Van Beirendonck, Alexander McQueen, Versace, John Galliano, Martin Margiela… entre autres !

Depuis près de 40 ans, Anvers tient son rang de "capitale de la mode". Et si Bruxelles avait aussi joué un rôle déterminant dans le rayonnement de la création belge ? Sur ce postulat, plus audacieux qu’il n’y paraît, ce parcours met au jour un « esprit bruxellois » encore jamais théorisé. Signée Olivier Theyskens, Ester Manas, Anthony Vaccarello ou Éric Beauduin (en en passe), cette centaine de pièces dessine les contours d'un style

Anvers, jusqu'au 23.01.2022 MoMu, mar > dim : 10 h-18 h 12 / 8 € (gratuit -18 ans), www.momu.be

dégagé de tout diktat. Bruxelles, jusqu'au 15.05.2022 Musée Mode & Dentelle mar > dim : 10 h-17 h, 8 > 4 € (gratuit -18 ans) www.fashionandlacemuseum.brussels

© Laurent Durieux

LAURENT DURIEUX « L’art de l’affiche de cinéma est de réduire en une image ce que le metteur en scène a réalisé en 350 000 », dit un jour Stanley Kubrick. Ce n’est pas Laurent Durieux qui le contredira. Le graphiste belge est passé maître dans cet exercice délicat. À la fois vintage et modernes, sublimant des œuvres patrimoniales ou issues de la pop culture, ses illustrations ont tapé dans l’œil de prestigieux réalisateurs comme Steven Spielberg ou Francis Ford Coppola. À Molenbeek, le MIMA lui déroule le tapis rouge. Bruxelles, jusqu'au 09.01.2022, MIMA, mer > ven : 10 h-18 h sam & dim : 11 h-19 h, 9,50 > 3 € (grat. -6 ans), mimamuseum.eu



ANGYVIR PADILLA La Centrale inaugure un nouvel espace : CENTRALE. vitrine. Ouvert sur la rue sainte-Catherine et au regard des passants, il est dédié aux artistes émergents établis dans la capitale. Pour cette première, il accueille Home contains us and is within us # Ste Catherine 13. Signée Angyvir Padilla, cette installation figure une pièce recouverte d’un film plastique. Elle est emplie d’ustensiles évoquant un foyer mais façonnés en argile, comme un trait d’union entre l’intérieur et l’extérieur, la mémoire et le présent. Casa Número Ocho (House Number Eight), In collaboration with Yoel Pytowski © Silvia Cappellari

Bruxelles, 30.09 > 21.11, Centrale for Contemporary Art (CENTRALE.vitrine), mer > dim : 13 h 30-18 h, 8 > 2,50 € (gratuit -18 ans et installation visible depuis la rue), centrale.brussels

LIBRES FIGURATIONS, ANNÉES 80 Keith Haring, Basquiat, Futura 2000, Robert Combas, Hervé Di Rosa… et bien d’autres ! Les musées de Calais rapprochent une cinquantaine d’artistes majeurs de la fin du xxe siècle. Soit plus de 200 œuvres réparties dans une double exposition puisant dans la culture pop, à la croisée du graffiti, du punk, de la SF ou de la BD. Ces peintures, sculptures ou vêtements dessinent les contours d’un mouvement célébrant son quarantième anniversaire : les Libres figurations. Une grande bouffée d’art. Calais, jusqu’au 02.01.2022, Musée des beaux-arts, mar > dim : 13 h-18 h, Cité de la dentelle, tous les jours sauf mar : 10 h-18 h pass 2 musées : 5 / 4 € (gratuit -5 ans), calais.fr

BROGNON-ROLLIN. L’AVANTDERNIÈRE VERSION DE LA RÉALITÉ Le réel existe-t-il en dehors de ses représentations ? Telle est l’une des questions soulevées ici. Né il y a près de 15 ans, le duo composé de David Brognon et Stéphanie Rollin produit une œuvre protéiforme, située quelque part entre Philip K. Dick et Jorge Luis Borges. Parmi cette quarantaine de pièces, on trouve notamment Yamina. Conçue spécialement pour le BPS22, celle-ci reproduit la ligne de cœur nichée dans la main d’une femme mariée de force, sous la forme d’un néon de 27 mètres – et c’est brillant. Charleroi, 09.10 > 09.01.2022, BPS22 mar > dim : 10 h-18 h, 6 > 3 € (gratuit -12 ans) www.bps22.be

PLOSSU. LA BELGIQUE L’AIR DE RIEN Internationalement reconnu pour ses photographies en noir et blanc (mais pas seulement), « voyageur-migrateur » comme il se nomme, Bernard Plossu a arpenté la Belgique dès les années 1980. De ses pérégrinations "l’air de rien" à Anvers, Gand, Bruxelles, Liège ou (bien sûr) Charleroi, le Français a tiré de nombreuses images imprimées selon le procédé Fresson. Saisis à la ville ou à la campagne, voire derrière des fenêtres de train, ces clichés offrent un relief inédit au plat pays. Charleroi, jusqu’au 16.01.2022, Musée de la Photographie, mar > dim : 10 h-18 h 7 > 4 € (gratuit -12 ans), museephoto.be arts visuels – 118



UNE JOURNÉE EN UTOPIE Au familistère de Guise, l’utopie n’est pas un vain mot. Élevée au xixe siècle par Jean-Baptiste André Godin, cette cité plaçait le travail et le capital au service de l’Homme. Pour la première fois, le site accueille une série d’œuvres issues du FRAC Grand-Large de Dunkerque. Signées Annette Messager, Henri Cartier-Bresson ou Françoise Pétrovitch, ces pièces sont réparties dans les étages et, d’un appartement à l’autre, soulignent l’esprit de liberté perdurant dans ces lieux. Guise, jusqu’au 14.11, Familistère, tous les jours : 10 h-13 h & 14 h-18 h, 11 > 8 € (gratuit -10 ans) www.familistere.com

ARTOUR

COLORS, ETC.

Baptisée L’Image conjuguée, la 13e édition de cette biennale mariant art et patrimoine propose deux mois de balades et de découvertes artistiques à travers la région du Centre. Parmi une foultitude d’expositions, d’œuvres et de pratiques, on remarque une prégnance de l’écrit. Citons, entre autres, le Monde 4 de Marc Veyrat (au Mill) qui « s’architexture » en quatre dimensions et en réalité virtuelle. Cette installation nous plonge littéralement dans les mots employés par Lewis Carroll pour composer Les Aventures d’Alice au pays des merveilles.

Quel son produit une couleur ? Peuton la toucher ? Lui associer une odeur ? L’utiliser pour se soigner ? Voici le genre de questions pas si incongrues que l’on se pose au Tripostal. D’abord programmée dans le cadre de "Lille, capitale mondiale du design", cette exposition tombe finalement à pic. Elle dévoile sur trois étages et 6 000 m2 une impressionnante palette d’œuvres contemporaines et de designers inspirés, stimulant les sens comme l’imagination.

La Louvière, Soignies et Le Roeulx, jusqu’au 28.11, divers lieux et tarifs, www.artour.be

Lille, jusqu’au 14.11, Tripostal mer > dim : 11 h-19 h, 9 / 7 € (gratuit -26 ans) www.lille3000.eu

© LH - MHNL Ville de Lille

NI MÉCHANT NI GENTIL ! Que n’a-t-on pas entendu sur le loup ! Au sein d’un musée en pleine transformation, cette exposition (destinée aux 3  -  7 ans) répond à une question souvent formulée par les enfants : l’animal est-il gentil ou méchant ? Ni l’un, ni l’autre. Au sein d’une scénographie conçue comme un pop-up, le parcours confronte les différentes représentations du loup dans la littérature (tantôt sympathique ou effrayant... voire en slip !) aux données scientifiques expliquant le mode de vie du Canis lupus. Lille, jusqu’au 09.01.2022, Musée d’histoire naturelle lun, jeu & ven : 12 h 30-17 h •mer : 9 h 30-17 h • sam & dim : 10 h-18 h, 5 > 2,60 € (gratuit -12 ans), mhn.lille.fr



PERSPECTIVES C’est ce qui nous a fait défaut durant des mois : des perspectives. La troisième programmation de l’Institut pour la Photographie n’en manque pas. Jugez plutôt : parmi ces dix accrochages, on trouve trois séries emblématiques de la portraitiste Bettina Rheims (La Chapelle, Détenues et Rose c’est Paris), une présentation inédite du travail documentaire de Jean-Louis Schoellkopf et… la toute première exposition d’Agnès Varda, présentée en 1954. Vous avez dit immanquable ? Lille, 08.10 > 05.12, Institut pour la Photographie mer > dim : 11 h–19 h • jeu : 11 h-21 h, gratuit, www.institut-photo.com

EUROPEAN CUSTOM BOARD SHOW

LETTRES DE VERRE UNE ÉCLIPSE DE L’OBJET

Plus qu’un sport, une véritable culture. Apparu au milieu du xxe siècle au pays de l’oncle Sam, le skateboard n’a cessé de fédérer les communautés, mais aussi les artistes. C’est justement cette diversité que célèbre l’European Custom Board Show (ECBS), en réunissant les œuvres d’une quarantaine de créateurs européens. L’exposition met en lumière plus d’une centaine de planches customisées, tout en scrutant d’autres horizons, telles l’architecture ou la sculpture – en roue libre, évidemment.

Cette exposition met à l’honneur le travail de Jean-Baptiste SibertinBlanc. Accueilli en résidence au MusVerre en 2020, cet artiste et designer français s’est lancé dans un projet des plus ambitieux. Jugez plutôt : il a façonné les 26 lettres de l’alphabet en usant des principales techniques du verre, comme le soufflage ou le bombage. En découlent des pièces uniques, jouant avec les couleurs, la transparence et nos perceptions, entre tradition et innovation.

Roubaix, jusqu’au 18.12, La Condition Publique, mer > sam : 13 h 30-19 h dim : 13 h 30-18 h, 5 / 2 € (gratuit -18 ans)

Sars-Poteries, jusqu’au 09.01.2022, MusVerre, mar > dim : 11 h-18 h, 6 > 4 € (gratuit -26 ans), musverre.lenord.fr

GIORGIO GRIFFA MERVEILLES DE L’INCONNU Des lignes et arabesques, de subtiles touches de couleurs lumineuses ou pastel, de larges espaces vierges peuplés de mots et de chiffres... Considéré comme l’un des peintres les plus radicaux de sa génération, Giorgio Griffa fut jusqu’ici peu représenté en France, où sa dernière exposition d’envergure remonte à 2016, à Arles. Rendons grâce au LaM de Villeneuve d’Ascq, qui consacre à cette figure discrète mais majeure un parcours à l’image de son art : empli de mystères et de poésie. Giorgio Griffa, Lomoz, 2020. Photo : Giulio Caresio, courtesy Archivio Giorgio Griffa. © Adagp Paris, 2020

Villeneuve d’Ascq, jusqu’au 12.12, LaM, mar > dim : 10 h-18 h, 7 > 5 € / gratuit (-12 ans) www.musee-lam.fr



Any Attempt Will End In Crushed Bodies And Shattered Bones, Jan Martens © Phile Deprez

Lovetrain2020, Emanuel Gat © Julia Gat


CHARLEROI DANSE Scène libre À Charleroi Danse, on se serait bien passé de cette polémique. Alors que la Biennale 2021 devait acter avec panache le retour du public dans les salles, la direction a décidé, « face aux pressions », d’annuler le spectacle du plasticien flamand Jan Fabre, accusé de harcèlement sexuel. Ni censeur, ni juge, l’organisation privilégie ainsi l’intérêt général. L’affiche n’en reste pas moins généreuse, et festive. Pas question pour Annie Bozzini, la directrice du Centre chorégraphique de la Fédération Wallonie-Bruxelles, de laisser gâcher ces retrouvailles. « Ce qui compte, c’est la reprise. Le public, si longtemps éloigné de l’art, en a besoin. » Les artistes aussi, las de voir leurs dates repoussées. Durant deux semaines, 14 compagnies prennent d’assaut les deux lieux de la Biennale avec des créations ambitieuses. Lara Barsacq par exemple, qui s’inspire d’un ballet russe méconnu pour en tirer une cérémonie écoféministe (Fruit Tree), fait partie des performeuses les plus attendues. Le spectacle Simple de l’Argentine Ayelen Parolin, aux racines dada et accents comiques, promet aussi un beau temps fort. Ces filles-là bousculent les codes, pensez-vous ? « L’audace, ces derniers temps, est féminine », confirme la directrice, ravie. « Les danseuses assument de ne plus être dans la séduction sur un plateau. »

Belgique, Afrique, c’est chic – Au-delà de la danse contemporaine belge (Julien Carlier, Jan Martens) dont la Biennale se veut depuis toujours une vitrine, la manifestation regarde vers l’Afrique, avec la New-Yorkaise native du Zimbabwe Nora Chipaumire, ou le chorégraphe burkinabé Salia Sanou. Ce dernier propose une « comédie dansée » sur une bande-son confiée à Gaël Faye et Capitaine Alexandre. On vous l’avait dit, pas de quoi troubler la fête ! Marine Durand Charleroi & Bruxelles, 14 > 30.10, Les Écuries & La Raffinerie, divers horaires, 16 > 5 € www.charleroi-danse.be / 14.10 : Julien Carlier : Collapse // 14 & 15.10 : Ayelen Parolin : Simple // 15 &16.10 : Lara Barsacq : Fruit Tree / Boris Charmatz : La Ronde // 16.10 : Emmanuel Gat : Lovetrain2020 20.10 : Jan Martens & GRIP & Dance On Ensemble : Any attempt will end… 21.10 : Marlène Saldana & Jonathan Drillet : Showgirl // 22.10 : Mette Ingvartsen : The Dancing Public // 22 & 23.10 : Louise Vanneste : Earths… // 26, 27, 29 & 30.10 : Jérôme Brabant & Compagnie L’Octogonale : Ecdysis // 27.10 : Josef Nadj : OMMA // 28 & 29.10 : Salia Sanou : D’un rêve // 29.10 : Nora Chipaumire : Afternow

SÉLECTION

théâtre & danse – 125


A

C

I RO D

La preuve par

H A RLE

NSE

Boris Charmatz s’inspire de la pièce de l’Autrichien Arthur Schnitzler, décrivant les amours illégitimes de couples liés les uns aux autres. Le Savoyard met en scène 20 duos pareillement unis, chacun comprenant un interprète du précédent. Jouée dans l’espace public, La Ronde appuie des clins d’œil à des corps-à-corps célèbres (tel Dirty Dancing), lors d’un spectacle total. Bruxelles, 15.10, Gare du Nord, 16 h, gratuit + Charleroi, 16.10, Ancien Tri Postal, 17 h, gratuit

© Damien Meyer

LA RONDE

© Jérome Pique

SHOWGIRL Marlène Saldana & Jonathan Drillet revisitent Showgirls de Paul Verhoeven. Le duo se concentre sur l’histoire de Nomi, rêvant de devenir danseuse dans les plus beaux casinos de Las Vegas. Entre pole dance et effeuillage, sur une musique de Rebeka Warrior, cet opéra-techno met en scène la jeune femme... prisonnière d’un gigantesque volcan-mamelon ! Bruxelles, 21.10, La Raffinerie, 20 h 30, 10 / 5 €

Dans son nouveau solo, Mette Ingvartsen célèbre l’extase du mouvement lors de grands rassemblements. Entre déferlement de musique, de mots et de chants, la Danoise explore ces temps de crise (sanitaire ou économique) où la danse envahit l’espace public. De la tarentelle aux raves parties, elle montre comme les corps se rebellent dans une pièce en forme d’exutoire. Charleroi, 22.10, Les Écuries, 21 h, 10 / 5 €

© Hans Meijer

THE DANCING PUBLIC



© Fabrice Robin

LA MOUCHE Bébête show Popularisée par le film de David Cronenberg en 1986, la nouvelle La Mouche de George Langelaan (1957) s’offre une seconde vie au théâtre. Valérie Lesort et Christian Hecq en livrent une adaptation inventive et comique. L’un des temps forts de la rentrée théâtrale, déjà gratifié de trois Molières. Robert est un vieux garçon peu sociable et bedonnant. Dans le garage de la maisonnette qu’il occupe avec sa mère, l’étouffante Odette, il passe ses journées à mettre au point une machine de téléportation. Ne lui manque qu’un cobaye humain… vite trouvé en la personne de Marie-Pierre, une vieille amie d’Odette un peu gourde, qui disparaît dans les limbes de l’espace-temps. Tandis que l’inspecteur Langelaan se lance sur ses traces, l’apprenti scientifique, après une énième expérimentation ratée, mute peu à peu en insecte. La metteuse en scène et marionnettiste Valérie Lesort et le comédien belge Christian Hecq s’emparent d’un motif connu et lui offrent un tout nouveau destin : propulsée dans les années 1960, avec papier peint fleuri, table en formica et transistor, La Mouche virevolte dans le burlesque grâce à de folles trouvailles scéniques. Christian Hecq, maître en mimiques, fait basculer imperceptiblement la pièce de l’humour vers plus de noirceur au fil de sa métamorphose. On trouvera ici un peu de Kafka et beaucoup de Strip-tease, l’hommage au cultissime épisode La Soucoupe et le perroquet étant parfaitement assumé. Comme dans l’émission belge, on garde au cœur la solitude de nos anti-héros, une fois le rideau tombé. Marine Durand Dunkerque, 15 & 16.10, Le Bateau Feu, ven : 20 h • sam : 19 h, 9 € // Calais, 19 & 20.10, Centre culturel Gérard Philipe, 20 h 30, 18 € // Charleroi, 22 & 23.10, PBA, 20 h, 16 > 11 € Uccle, 25 & 26.10, Centre culturel, 20 h, 45 > 14 € // Namur, 28 > 30.10, Théâtre, complet ! théâtre & danse – 128



© Maarten Vanden Abeele

TRIPTYCH Conquête de l’espace Un pied dans le théâtre, un autre dans la danse. C’est ainsi qu’avance le collectif belge Peeping Tom depuis 20 ans. Pour accéder à son univers hyper-réaliste dérapant vers l’étrange, voici trois pièces courtes créées entre 2013 et 2017 avec le Nederland Dans Theater. Et avec un tout nouvel ensemble de danseurs, s’il vous plaît. En choisissant le nom de leur compagnie en 1999, le Français Franck Chartier et l’Argentine Gabriela Carrizo annonçaient la couleur : Peeping Tom, soit "voyeur" en anglais. « Dans nos spectacles, nous interrogeons les non-dits, les choses enfouies, les tabous », expliquait il y a quelques années dans nos pages le duo, qui s’est formé sur les plateaux d’Alain Platel. En effet, depuis la création inaugurale Caravana dont l’action se déroulait dans un mobilhome, la bande nous confronte à l’intimité des personnages. De même, elle a fait des espaces fermés sa marque de fabrique. Un salon truffé de portes closes dans The Missing Door, une cabine de bateau, labyrinthe de chambres et de couloirs dans The Lost Room et, pour The Hidden Floor, un restaurant abandonné où l’eau monte inexorablement. Coincés dans ces décors cinématographiques que ne renierait pas David Lynch, les danseurs de Peeping Tom, fébriles et habités, se mesurent aux peurs les plus profondes de l’être humain. Leur gestuelle, empruntant aussi bien à la contorsion qu’à l’acrobatie, se révèle de plus en plus inquiétante au fur et à mesure que l’on progresse dans cette trilogie… Marine Durand Lille, 14 > 16.10, Opéra, jeu & ven : 20 h • sam : 18 h, 21 > 8 €, www.larose.fr théâtre & danse – 130



LES YEUX ROUGES Zéros sociaux Roman remarqué de la rentrée littéraire 2019, Les Yeux rouges (Seuil) de Myriam Leroy est adapté au théâtre, à Bruxelles. On retrouve la journaliste et autrice belge à l’écriture, la comédienne Véronique Dumont à la mise en scène, et toujours le même propos acéré sur les ravages de la haine en ligne.

© Debby Termonia

« Il s’appelait Denis. Il était enchanté. Nous ne nous connaissions pas. Enfin, de toute évidence, je ne le connaissais pas, mais lui savait fort bien qui j’étais ». Les premiers mots du roman sont aussi ceux du personnage féminin de la pièce. « Dans mon texte, l’histoire passe par le prisme de la narratrice qui régurgite tout ce qu’on lui vomit dessus, explique Myriam Leroy. Olivier Blin, le directeur du théâtre de Poche, m’a proposé de créer un deuxième personnage. » Charge donc à Vincent Lécuyer d’incarner Denis, l’admirateur insistant qui, au fil de likes et de messages Facebook lourds d’émojis "clin d’œil", se transforme en harceleur. Jusqu’à publier sur ses réseaux des photomontages dégradants de sa victime, une chroniqueuse en vue qui portera plainte, entre deux crises d’urticaire… Myriam Leroy ne l’a jamais caché, l’histoire des Yeux rouges est la sienne. Les dialogues lunaires avec l’entourage qui minimise, l’errance médicale virant au burlesque ou les courriers du procureur classant l’affaire sont tirés de son vécu. La scénographie, épurée et oppressante « comme un ring », donne encore plus de puissance à cette œuvre rappelant que lorsque les femmes parlent, la société n’est pas toujours prête à écouter. Marine Durand

ruxelles, 12 > 31.10, Théâtre de Poche, mar, jeu > sam : 20 h 30 • mer : 19 h 30 B 20 > 12 €, www.poche.be théâtre & danse – 132



© Cie Il faut toujours finir ce qu’on a commencé

VIE DE VOYOU

Gangsta story Braqueur de fourgons blindés, écrivain, roi de la cavale, faux repenti mais vrai champion de l’évasion spectaculaire… Le destin "bigger than life" de Redoine Faïd a été maintes fois raconté dans la presse. L’autrice et metteuse en scène Jeanne Lazar, repérée l’an dernier avec Jamais je ne vieillirai, le porte à la scène, mais pas comme on l’attendrait. Déjà, le multirécidiviste est une comédienne, Morgane Vallée. « Il s’agit de sortir des clichés autour du gangstérisme », assure la diplômée de l’École du Nord, de mettre l’action entre les mains des femmes, et sur du Bach s’il vous plaît. Ensuite, c’est à travers le miroir déformant de l’arène médiatique que se construit ce biopic fictionné mais ultra documenté. Mi-plateau de télé, mi-tribunal, l’espace scénique accueille bandit, policier, avocate, juge et bien sûr une flopée de journalistes au langage codifié surexploitant "l’affaire Faïd". Le voyou rêvait d’être sous les projecteurs. Il dort désormais à l’ombre. Marine Durand.

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Valenciennes, 04 > 07.10, Le Phénix, lun > mer : 20 h • jeu : 18 h 30, 20 > 10 € www.lephenix.fr Amiens, 12.01.2022, Maison de la Culture, 20 h 30, 14 > 7 €, maisondelaculture-amiens.com théâtre & danse – 134



© Michiel Devijver

GRIEF & BEAUTY Du djihadisme (The Civil Wars) à l’affaire Dutroux (Five Easy Pieces), Milo Rau s’est fait une spécialité de porter les sujets brûlants sur scène. Dans Grief & Beauty, le Suisse s’attaque cette fois à la mort, et surtout sa place dans nos vies. Sur scène, deux acteurs flamands de la troupe du NT Gent donnent la réplique à des interprètes non-professionnels. Tous ont déjà côtoyé la "grande faucheuse" : parce qu’ils ont accompagné un proche dans ses derniers instants, étant eux-mêmes très malades ou en l’affrontant chaque jour dans leur travail. Du théâtre vérité, ou le chagrin et la beauté inondent des récits emplis d’humanité. Douai, 12 & 13.10, Hippodrome, mar : 19 h • mer : 20 h, 22 / 12 €, tandem-arrasdouai.eu Roubaix, 16 > 18.11, La Condition Publique, mar & mer : 20 h • jeu : 19 h, 21 > 6 €, larose.fr

Enfant terrible de la scène contemporaine, Romeo Castellucci interroge le concept même de théâtre. Sur scène, le dramaturge italien dirige 20 interprètes amateurs. Habillés en policemen des années 1940, ils ne savent rien du texte, n’ont reçu aucune indication au préalable, mais reçoivent des instructions en direct à travers une oreillette. Une pièce iconoclaste, dérangeante parfois, observant les notions d’obéissance et de libre arbitre. Maubeuge, 14 & 15.10, Le Manège, 20 h 9 / 4 €, www.lemanege.com

© Stephan Glagla

BROS



OUVREZ LES VANNES !

© Hélène-Marie Pambru

Ils sont corrosifs, loufoques, burlesques ou poétiques… mais pareillement hilarants. Ces valeurs sûres (ou en devenir) de la gaudriole débarquent près de chez nous pour le meilleur et le rire – et ce n’est pas de la blague. J.D.

GUILLERMO GUIZ « J’espère que vous avez amené votre second degré », prévient d’emblée Guillermo Guiz dans son deuxième spectacle, toujours fait du même bois : absurde et trash. Après avoir tenté de nous prouver qu’il avait un bon fond, l’ancien footballeur, gérant de boîte de nuit et journaliste devenu stand-upper (sans doute le meilleur) cause cette fois paternité et transmission. Après un hommage hilarant à son paternel (« sûr de l’inexistence de Dieu mais pas du temps de cuisson des œufs mollets »), le Belge s’attaque à la génétique, la religion, l’enfance ou les pères incestueux. Noir ET brillant. Lille, 19.10, Théâtre Sébastopol, 20 h, 33 €, www.theatre-sebastopol.fr


© Matthieu Camille Colin

© Matthieu Dortomb

BAPTISTE LECAPLAIN

ALEX LUTZ

Gad Elmaleh dit un jour de Baptiste Lecaplain que « c’est le meilleur de sa génération » – mais peut-être lui doitil quelques vannes ? En attendant, le natif de Mortain a envie de "voir des gens", titre de son nouveau spectacle. Après avoir narré ses premiers émois (« j’ai fait l’amour à 23 ans dans une voiture. J’étais en conduite accompagnée, donc il y avait ma mère… » ), l’ex-coloc de Kyan Khojandi balance à tout-va : « les scénaristes de Bambi c’est des gros connards. Sa mère se fait buter par un chasseur et ils appellent son copain Panpan ». Ça va saigner – mais gentiment.

Humoriste caméléon, acteur et réalisateur surdoué (son très réussi Guy, son rôle de tennisman dans 5e set) ou même romancier (il a signé Le Radiateur d’appoint, sorti chez Flammarion l’an passé)… Oui, Alex Lutz sait tout faire. Le voici en dresseur de chevaux - un autre de ses grands dadas. Dans ce "seul-en-selle", il partage les planches avec Nilo, majestueux lusitanien crème. Entre-temps, l’Alsacien se transformera en petit garçon, en homme préhistorique ou « boucher pas raciste ». La bête de scène, c’est bien lui. Amiens, 10.10, Maison de la Culture, 17 h 34 > 13 €, maisondelaculture-amiens.com

Béthune, 07.10, Théâtre, 20 h 30, 34 > 17 € Lille, 08.10, Théâtre Sébastopol, 20 h, 39 €

© Laura Gilli

KYAN KHOJANDI Après avoir évoqué ses pulsions, Kyan Khojandi nous convie à "une bonne soirée", titre de son deuxième one-man-show, toujours concocté avec son complice Navo. Entre digressions loufoques, bonnes blagues et confidences, l’ex-héros de Bref déroule le film (plus ou moins vrai) de sa vie de trentenaire. Avec le débit mitraillette qui a fait sa renommée, il nous raconte la cour de récré jusqu’à la perte de ses cheveux, en passant par les Chevaliers du Zodiaque ou sa virée dans un bar gay… Bref, une bonne soirée entre potes. Lille, 12 & 13.10, Théâtre Sébastopol, 20 h, 30 € www.theatre-sebastopol.fr // Bruxelles, 21.12, Cirque Royal 20 h, 39 > 29 €, www.cirque-royal-bruxelles.be


© Christophe Raynaud de Lage

MÖBIUS (Cie XY & Rachid Ouramdane) « Seul on va plus vite, ensemble on va plus loin ». Tel est le mantra de la compagnie XY. Dans son dernier spectacle, chorégraphié par Rachid Ouramdane, le collectif d’acrobates nordistes s’inspire des nuées d’oiseaux dansant dans le ciel (les murmurations) pour sublimer ses pyramides et lancers. Sur scène, les 19 circassiens se dressent les uns sur les autres et, tels les milliers d’étourneaux qui migrent soudés pour faire bloc face aux prédateurs, se placent au service du collectif. Une sublime allégorie de la solidarité. Dunkerque, 05 & 06.10, Le Bateau Feu, mar : 20 h • mer : 19 h 9 €, lebateaufeu.com (Les Flandroyantes) // Bruxelles, 23 & 24.10, Halles de Schaerbeek, sam : 20 h • dim : 15 h, 14 > 6 €

JE BRÛLE (D’ÊTRE TOI)

KINGDOM

(M. Levavasseur / Cie Tourneboulé)

(A.-C. Vandalem / Das Fräulein)

Pourquoi les paroles justes ne sortentelles jamais quand il le faut ? Dans la bouche de Lova, les mots se mélangent et sortent de travers. Comment se faire comprendre avec ce « cheveu sur la mangue » ? Pour guérir, notre petite héroïne partira sur les traces de sa grandmère Louve, dont elle ne sait rien, au cœur d’un paysage enneigé et peuplé d’une faune surprenante... Ce conte marionnettique sert une fable sur la filiation, la compréhension de l’autre et le chemin à parcourir pour se découvrir.

Dernier volet d’une trilogie (initiée avec Tristesses et le très remarqué Arctique), Kingdom nous transporte aux confins de la taïga sibérienne. C’est ici que deux familles cousines se sont installées, afin de s’extraire du monde. Au fil du temps pourtant, la bonne entente s’est transformée en méfiance, jusqu’à la déclaration de guerre… Sur un plateau évoquant une forêt primaire, AnneCécile Vandalem pose la question ô combien actuelle de la naissance du conflit – et de l’impossibilité de la paix.

Lille, 05 > 09.10, Le Grand Bleu, mar, jeu & ven : 10 h & 14 h • mer : 15 h & 18 h 30 • sam : 10 h & 16 h, 13 > 5 € // Lille, 30 & 31.10, maison Folie Moulins, sam : 10 h 30 & 16 h • dim : 16 h, 5 > 2 €, maisonsfolie.lille.fr (M Festival)

Bruxelles, 07 > 14.10, Théâtre National, 20 h (sauf mer : 19 h 30), 21 > 11 € Lille, 19 > 22.10, Théâtre du Nord, 20 h (sf jeu : 19 h), 25 > 10 € // Tournai, 27 & 28.10, Maison de la Culture, 20 h, 14 > 9 €

DEAL

(Jean-Baptiste André & Dimitri Jourde / Bernard-Marie Koltès)

Un dealer et son client se retrouvent au milieu de nulle part. Une situation, mais une infinité de sentiments, dont la peur et le désir… Tel est le point de départ de Dans la solitude des champs de coton, écrit par Bernard-Marie Koltès en 1985. Les circassiens Jean-Baptiste André et Dimitri Jourde donnent corps à cette allégorie de la rencontre. Au centre d’un espace quadri-frontal évoquant un ring de boxe, les deux hommes s’empoignent et se balancent des répliques lors d’une joute acrobatique et verbale percutante. Lille, 09 > 12.10, Le Prato, sam : 19 h • lun & mar : 20 h, 21 > 6 €, www.larose.fr



MARILYN MA GRAND-MÈRE ET MOI

(Céline Milliat-Baumgartner)

Grande amoureuse, femme admirée puis délaissée : Tel est le destin de Marilyn… et de la grand-mère de Céline Milliat-Baumgartner. Quelque part entre le cabaret et la comédie musicale, la grande et la petite histoire, l’actrice et dramaturge française croise la vie de son aïeule avec celle de l’icône américaine, bien accompagnée par les notes du pianiste Manuel Peskine. En filigrane elle questionne, de Colmar à Hollywood, la place de la femme dans la société. Armentières, 13.10, Le Vivat, 20 h, 18 > 2 €, www.levivat.net

OLEANNA

PREMIÈRE RIDE

(Fabrice Gardin / David Mamet)

(Léo Walk / La Marche bleue)

John, professeur d’université, propose à Carol, étudiante en difficulté et issue d’un milieu défavorisé, un marché : il lui octroiera la note maximale à son examen si elle accepte de venir le voir pour des cours particuliers... Écrite par l’Américain David Mamet en 1993, cette pièce décrit avec minutie les luttes de pouvoir entre les classes et les sexes. Adapté par Fabrice Gardin, ce huis clos sous forme de thriller psychologique et social n’a rien perdu de sa force à l’heure du mouvement MeToo.

Première Ride (qu’on prononcera "raïde"), c’est l’histoire de huit jeunes qui entament une virée en voiture. Un trajet comme un passage entre deux mondes : celui de l’enfance et de l’âge adulte. Sur scène, les interprètes symbolisent cette transition, où chacun veut se fondre dans le groupe tout en affirmant sa personnalité. Avec leur style propre, ils esquissent une chorégraphie aux accents hip-hop, electro ou classiques, insufflant un vent de liberté palpable jusque dans la salle.

Bruxelles, 13.10 > 14.11, Théâtre royal des Galeries, 20 h 15 (matinée : 15 h), 26 > 10 € trg.be

Bruxelles, 14.10, Cirque Royal, 20 h, 35 > 29 € Béthune, 10.11, Théâtre municipal, 20 h 30 22 > 11 €, www.theatre-bethune.fr Lille, 18.11, Théâtre Sébastopol, 20 h, 29 €

LA MACHINE DE TURING

© Fabienne Rappeneau

(Tristan Petitgirard / Benoit Solès) Connaissiez-vous Alan Turing ? Durant la Seconde Guerre mondiale, ce mathématicien de génie inventa une machine capable de décrypter les messages codés des nazis. Mais l’homme fut aussi ostracisé pour son homosexualité, alors illégale dans l’Angleterre des années 1950. Il finira par se suicider, en croquant une pomme empoisonnée – ça ne vous rappelle pas un certain logo ? Couronné de quatre Molières, ce biopic théâtral retrace la vie du père de l’informatique. Roubaix, 19.10, Le Colisée, 20 h 30, 39 > 10 € www.coliseeroubaix.com théâtre & danse – 142



CUIR

(Arno Ferrera et Gilles Polet / Cie Un Loup pour l’Homme)

Deux hommes attachés l’un à l’autre, avec des harnais d’ordinaire réservés aux chevaux de trait, s’engagent dans un corps-à-corps puissant. Pas une lutte, non, mais un jeu de traction et d’attraction où chacun devient tour à tour un instrument, un agrès. Dans cet impressionnant duo, la force de l’individu est décuplée par cette nouvelle complémentarité, permettant ainsi des acrobaties d’une légèreté inédite. Un spectacle sensible, viril – mais correct ! Dunkerque, 19 & 20.10, Le Bateau Feu, 20 h, 6 €, www.lebateaufeu.com

RIMBAUD EN FEU

NOSZTALGIA EXPRESS

(Jean-Michel Djian)

(Marc Lainé)

Et si Rimbaud n’était pas mort à Marseille, en 1891 ? En 1924, l’année même où André Breton publie son Manifeste du Surréalisme dans les colonnes du Figaro, voilà qu’on retrouve le poète dans une chambre d’hôpital, à Charleville-Mézières ! Tel est le point de départ de cette pièce un brin uchronique. Incarné par un Jean-Pierre Darroussin au sommet de son art, "l’homme aux semelles de vent" n’a rien perdu de ses visions hallucinées (et hallucinantes) qu’il délivre lors d’un monologue… flamboyant.

Un détective privé nous raconte une enquête rocambolesque : en 1967, il a suivi la trace de la mère du célèbre chanteur yéyé Danny Valentin, disparue lorsqu’il avait dix ans… Dans cette pièce en forme de road-trip psychédélique (rythmée par la musique d’Émile Sornin aka Forever Pavot), Marc Lainé détourne les codes de la culture populaire au cours d’un récit gigogne. Dans des décors transpirant les sixties, il nous emmène de Paris à Budapest, croisant drame intime, Histoire et polar burlesque.

Béthune, 20.10, Théâtre municipal, 20 h 30 42 > 26 €, www.theatre-bethune.fr

Béthune, 20 > 22.10, La Comédie (Le Palace), 20 h, 20 > 6 € www.comediedebethune.org

DEEP ARE THE WOODS

© Bara Srpkova

(Éric Arnal-Burtschy) Créé par le chercheur, performer et chorégraphe français Éric Arnal-Burtschy, Deep are The Woods n’est pas un spectacle comme les autres. Pour cause, la lumière en constitue l’unique interprète. Celle-ci est rendue tangible grâce à une fine brume diffusée dans la salle. Placé au centre de ce dispositif immersif, le public a tout le loisir de se déplacer à la rencontre de ces rayons, d’observer les silhouettes qu’ils dessinent et d’imaginer ses propres histoires. Lumineux ! Lens, 22 & 23.10, Louvre-Lens, en continu de 10 h à 18 h, gratuit, www.louvrelens.fr



Le

mot de la fin

JULIE CHÉRÈQUE

www.instagram.com/juliechq

Cette graphiste aime la pop culture et les jeux de mots. Résultat ? Des croisements improbables entre célébrités et autant d’illustrations irrésistibles, d’Édouard Baladeur à Lady Gagarine, en passant par Obamasqué (ohé ohé). Ce mois-ci, on salue la reformation du groupe ABBA, qui a changé un petit quelque chose dans son look... mais quoi ?




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