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Bains-douches de Flesselles (les

LES BAINS-DOUCHES DE FLESSELLES

Du point de vue de l’accès à l’eau, le plateau de la Croix-Rousse repose sur un paradoxe géologique. Le quartier est bordé par deux cours d’eau, cas assez rare en Europe, mais le Plateau a anciennement connu des difficultés d’approvisionnement en eau pour l’usage domestique de ses habitants. C’est sans doute la possibilité d’acheminer cette précieuse ressource qui a permis, grâce à l’aqueduc des monts du Lyonnais, à la colline de Fourvière de précéder sa sœur croix-roussienne dans bien des domaines de l’urbanisation. Des thermes de belles dimensions y sont construits dès le ier siècle de notre ère. Mais pour sa «sœur sèche», il faudra attendre le milieu du xixe siècle pour qu’un véritable service de l’eau puisse se mettre en place. En attendant, ses habitants ont connu bien des peines pour se désaltérer, comme pour se nettoyer. Aujourd’hui encore, point de fontaine ou de vasque sur les places!

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Descendre aux fleuves pour se baigner ou se laver, payer chèrement le portefaix qui remonte l’eau dans ses seaux, éreinter les enfants qui vont tirer l’eau de puits particulièrement profonds, subir les envahissements de boue après un orage ou la fonte de la neige sans jet puissant pour nettoyer, autant de difficultés ardues qui ont longtemps marqué les corps, les bourses et les mémoires du quartier. Heureusement encore que le métier à tisser à bras a avantageusement remplacé l’usage industriel de l’eau-énergie.

À la Croix-Rousse, c’est l’air qui purifie les corps bien avant l’eau. C’est pourquoi, lorsqu’en ce début du xxe, il est décidé d’édifier des bains-douches, ce sera également un lavoir équipé d’une blanchisserie et d’une soixantaine de lessiveuses au rez-de-chaussée, et d’une partie de cabines de douches au premier étage. Le bâtiment est surmonté d’une cheminée de 35 mètres de haut pour évacuer les fumées de la chaufferie. Dès lors et chaque matin, des blanchisseuses du quartier se pressaient pour laver leur linge tiré d’une brouette bien remplie. Un peu plus tard, les ouvriers et les employés qui ne disposaient pas encore de salle de bain dans leur logement venaient faire leur toilette dans l’une des 24 cabines individuelles distribuées de part et d’autre d’un large couloir central et situées au premier étage. C’est tout un îlot de vie et de rencontres qui s’organise autour de cet équipement avec ses commerces (droguerie pour le savon) et ses cafés, mais aussi les écoles primaire et maternelle Victor Hugo tout comme la salle municipale Paul Garçin.

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