2. COMMENT INTÉGRER LES HABITANTS DANS LA RECONQUÊTE DE CE PATRIMOINE HÉRITÉ ? La première partie nous présente un état des lieux d’un passé qui n’a cessé de malmener l’habitant dans la fabrique de son habitat. Aujourd’hui, nous en constatons plusieurs conséquences : le patrimoine bâti de ces dernières décennies continue d’exister en France, cités ouvrières, grands ensembles, sont encore habités par des habitants souvent pauvres et marginalisés. Les crises environnementales et sociales poussent les institutions à reconsidérer ces quartiers d’habitat social et à les intégrer dans des politiques de renouvellement urbain. Si les années 2000 marquent l’avancées de ces politiques en termes de lois et de normes, il faut attendre 2013 et la crise de la banlieue, pour que les institutions commencent à considérer que la problématique de réhabilitation des quartiers doit être liée à la mutation sociale des habitants qui y vivent. Pour éviter de refaire les mêmes erreurs qui ont conduit à l’expulsion et à l’exclusion des habitants, il devient alors nécessaire d’inclure les habitants au sein même des processus de réhabilitation de leur propre quartier en considérant leur savoir d’usage. L’implication des habitants commence alors à être intégrée dans les politiques de la ville sous la forme de concertations et de tables de quartier, en vue de préparer les grands projets urbains. Dans le cas de la réhabilitation du patrimoine bâti, des grands ensembles et des quartiers post industriels, la contribution des habitants est d’autant plus importante qu’ils font souvent eux même intégralement partie de ce patrimoine historique. Souvent, ce sont des générations entières qui se sont vues habiter les mêmes logements. Parfois, ce sont des étrangers, qui dans ce logement, se sont construits une nouvelle histoire dans un nouveau pays. Cette deuxième partie est consacrée à l’étude de 3 cas de réhabilitation de quartier d’habitat social, qui proposent des manières différentes d’intervenir sur un patrimoine bâti à l’aide des habitants. L’objectif est de comprendre la manière dont les institutions s’accaparent la réhabilitation des quartiers dans leur politique de revitalisation, comment et par quelle stratégie, elles essayent d’impliquer les habitants à ces processus. Dans un premier temps, nous nous intéresserons à une démarche d’implication montante provoquée par les habitants 62 avec un projet de Lucien Kroll, grand architecte belge
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Des habitants s’impliquent eux même dans une problématique pour défendre leur groupe, élaborer un contreprojet contre une décision qui les menace.
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