Paperjam Mai 2021

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NUMÉRO 212

MAI 2021

Business zu Lëtzebuerg

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Édito #Gouvernance

Responsabilité et excellence Plus que la décision elle-même, c’est le moment qui a été choisi par la radio 100,7 pour se séparer de son directeur général, Marc Gerges, qui peut surprendre. De longue date en conflit ouvert avec la rédaction – et avant tout avec son rédacteur en chef, Jean-Claude Franck –, l’ancien journaliste et conseiller en communication n’a pas réussi à rétablir une relation de travail saine au sein de la radio de service public. En surface, cela est apparu comme un bras de fer entre la défense (évidemment essentielle) de l’indépendance journalistique et un encadrement (pourtant légitime) des équipes. En profondeur, il s’agissait en réalité d’une bataille dans la boue quant à l’orientation de la radio publique, ses ambitions, notamment en termes d’audience, son rôle dans la société tout court et, finalement, quant à qui allait être le moteur des projets de développement : le rédacteur en chef ou le directeur général ? Une tentative de médiation a échoué, le conseil d’administration s’est montré hésitant, un ministre a préféré ne pas s’en mêler. Il y a finalement dans cette affaire GergesFranck un arrière-goût de l’affaire LunghiSchram. Même si, en soi, ces deux cas sont bien différents, ils ont comme point de départ commun la faible gouvernance d’institutions publiques, la radio 100,7 étant un établissement public, tandis que le Mudam est une fondation financée essentiellement par l’État. Comprendre les origines. Dès les années 1980, l’intelligentsia luxembourgeoise

a revendiqué la création d’un musée d’art contemporain, et les étudiants ont réclamé la fin du monopole du marché des radios, dont profitait alors RTL. Une décennie plus tard – on est toujours dans les années fastes de la place financière avec des caisses de l’État bien remplies –, les gouvernements Santer-­ Poos décident de doter le Grand-­Duché de nouvelles infrastructures et se lancent non seulement dans la création du plus important musée du pays, mais entament aussi le chantier de la libéralisation du marché des radios, dont émanera la radio socioculturelle. C’était sans doute une autre époque, mais les erreurs commises sous le Premier ministre Jacques Santer ne sont toujours que partiellement corrigées par le Premier ministre actuel, Xavier Bettel. Il faut maintenant arrêter une vision claire pour l’institution (le fameux « why » des entrepreneurs à succès), définir des objectifs tangibles (et accompagnés d’indicateurs de performance mesurables) et mettre en place un modèle de gouvernance transparent (en consultant l’ensemble des parties prenantes). À défaut de cette modernisation, les institutions publiques tourneront encore longtemps au ralenti et d’autres directeurs (ambitieux) seront sacrifiés. Rebelote. Pour le Luxembourg, c’est tout autant une question de stratégie d’investissement responsable que de volonté d’offrir un excellent service public. Fondateur et président MIKE KOEDINGER

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Ristretto 10 #POLITIQUE 12 CHRISTOPHE HANSEN

« Le CSV reste le plus grand parti populaire » –

14 #ENTREPRISES 16 MICHAEL GLOOR

« Le cœur de notre stratégie, nos salariés » –

18 #PLACEFINANCIÈRE 20 CORINNE LAMESCH

« Ne pas seulement voir lʼimpact des marchés » Data Dada 24 #3eÂGE

Maisons de retraite : un enjeu complexe

p. 40 Actif dans le chanvre au ­Luxembourg à travers la société Cannad’Our, créée avec André Steinmetz (à gauche), Norbert Eilenbecker vise désormais le cannabis médical et récréatif.

Conversations 26 BÉATRICE BELORGEY

« Il est temps de passer à un développement plus durable » –

40 NORBERT EILENBECKER

« Nous cherchons à nous positionner dans la course au cannabis » –

46 SARA NOEL COSTA DE ARAUJO

« Amorcer une évolution dans la conception de nos habitats » –

50 BENOÎT POLETTI

« L’Incert a un gros potentiel » –

56 CHRISTINE MAJERUS

« J’ai dépassé le stade où on se plaint de ces inégalités-là »

Photos

Andrés Lejona

60 ALEX REDING

p. 56 À trois mois des Jeux olympiques, la championne cycliste Christine Majerus fait le point sur son sport et ses ambitions.

« Faire avancer le milieu et partager ma passion » MAI 2021

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DES FORMATIONS PLUS NOMBREUSES MAIS PLUS COURTES

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70 Enjeux

DURÉE DES FORMATIONS PAR PARTICIPANT (en heures)

NOMBRE DE PARTICIPATIONS (par salarié)

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L’upskilling, à la recherche d’un temps d’avance

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72 INTERVIEW CROISÉE

2008

« Il faut une approche plus ambitieuse »

2009

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p. 70

74 MARCHÉ DU TRAVAIL Quand offre et demande peinent à se rencontrer

Business Club

76 PLANS DE FORMATION

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Lifestyle

Comment les entreprises appliquent l’upskilling

106 MA MAISON 108 MON ARGENT 110 MON STYLE 112 MA COLLECTION

78 TÉMOIGNAGES

Ils racontent leur upskilling

80 OFFRE ET FINANCEMENT

114 MA RECETTE

La formation en questions

116 MON MENTAL

Portfolio

Le cercle des agriculteurs vertueux

2016

Dans un monde du travail où les exigences changent rapidement, la formation à de nouvelles compétences est devenue un passage obligé. Le point sur l’upskilling tel qu’il se pratique.

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2015

p. 8 4 Les agriculteurs développent de nouvelles pratiques pour nourrir la population tout en préservant la terre. La preuve par l’image.

120 La liste

6 présidents influents Débat public 08 FRED KEUP 66 THOMAS SEALE 94 ALAIN MASSEN

Advertoriaux 22 DEGROOF PETERCAM

LUXEMBOURG « Investir dans le Private Equity, c’est investir dans l’économie réelle »

36 SKEELED

Photos

Andrés Lejona

De rêveur à leader dans la technologie RH au Luxembourg

38 SWISSQUOTE

Cryptomonnaies : investissement du futur p. 106 Petit tour de l’appartement de Jessika Rausch, au cœur de la capitale.

68 PROLINGUA

Apprendre une langue : une belle aventure humaine MAI 2021

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Débat public L’actuel gouvernement luxembourgeois veut forcer la réduction des émissions de gaz à effet de serre pour l’année 2030, de 55 % par rapport à 2005. Ce qui revient à révolutionner notre mode de vie et notre éco­no­mie en seulement neuf ans. Difficile à croire, en considérant que nous mettons actuellement dix ans pour construire un stade de football. Les partis politiques ? Presque tous convertis au discours idéologique des Verts, ils adhèrent aux fanatiques du climat. Et qui oserait encore critiquer cette religion apocalyptique et ses innombrables prêcheurs ? Alors voilà, on impose une transition abrupte. Un plan irréalisable, la négation des moyens technologiques, des tromperies, des taxes, des impositions, des contraintes, une renonciation à la mobilité et à la flexibilité, etc. Cela met en péril notre modèle social et notre économie, ainsi que notre sécurité énergétique. On nous prêche le triomphe du photovoltaïque et des éoliennes. Mais la réalité est que ces derniers satisfont 0,8 % de nos besoins en énergie. Autant dire rien, ou presque. Ce qui n’empêche pas le gouvernement de nous tromper : « La production d’électricité à partir du solaire photovoltaïque couvre les besoins de 100.000 personnes. » Non ! Le photovoltaïque représente 0,3 % de notre énergie, et 2,3 % de notre électricité. Et encore, énergies solaire et éolienne sont des énergies volatiles, elles ne produisent

Fred Keup Député ADR

qu’à certaines périodes. Et en hiver, lorsqu’il n’y a pas de vent, la production est de zéro ! À cela s’ajoute que la consommation énergétique augmentera encore dans les années à venir, rien que par l’explosion démogra­ phique et l’implantation de nouveaux acteurs, tels que Google. Le gouvernement n’atteindra jamais ses chiffres visés, qui, par ailleurs, n’auraient aucun effet sur le bilan mondial des émissions, mais sa politique entravera la vie des citoyens et la compétitivité de nos entreprises. Le gouvernement force son idéologie dite « verte » sur le dos de l’économique et du social. La réduction impressionnante de 12 % des émissions lors de l’année de crise Covid en 2020 est révélatrice : le but de la politique gouvernementale ne peut être atteint que si le Luxembourg sombre dans la crise pour les neuf prochaines années. Alors, arrêtons de rêver et de tomber dans le catastrophisme. Au lieu de partir sur des impôts, des régulations et des interdictions idéologiques, nous devrions miser sur les meilleures technologies disponibles, la science et le bon sens, et ceci en impliquant les premiers concernés, citoyens consommateurs et industrie.

Fred Keup estime que l’on ne peut pas compter uniquement sur l’éolien et le solaire pour assurer la révolution énergétique du pays. Photo ANDRÉS LEJONA

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NOVEMBRE MAI 2020 2021

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Ristretto #Politique Sélectionné par JULIEN CARETTE, PIERRE PAILLER et IOANNA SCHIMIZZI

ANALYSTE

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« Les prix ne peuvent pas continuer à augmenter indéfiniment. »

Les prix de l’immobilier continuent de flamber au Luxembourg. Mais cela ne va pas durer, selon Pierre Clement, CEO de Nexvia et spécialiste de l’immobilier. ENDEUILLÉ

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Le Premier ministre Xavier Bettel a réagi au décès de Paul Helminger, député DP et notamment ancien bourgmestre de la Ville de Luxembourg, le 17 avril, à l’âge de 80 ans.  3

NAVRÉE

« Ce fut un triste spectacle à la Chambre des députés. C’est la preuve d’un jeu politique, le Cipa Um Lauterbann à Niederkorn n’était pas le seul cluster, mais il se situe sur la commune de Käerjeng, dont le député Michel Wolter est le bourgmestre. » La ministre de la Famille Corinne Cahen (DP) a réagi au dépôt, début avril, d’une motion commune de l’opposition réclamant sa démission, dont le député Michel Wolter (CSV) avait été un des instigateurs.

Interrogé par Paperjam au sujet de la désaffiliation de la sécurité sociale de certains chauffeurs routiers frontaliers, le ministre de la Sécurité sociale, Romain Schneider (LSAP), a expliqué que « les raisons précises du refus d’entamer des négociations en vue de conclure des accords par le passé ne sont pas connues », et qu’« il n’y avait pas de volonté, de la part de nos pays voisins, de déroger de manière générale aux règles définies dans le règlement européen pour toute une catégorie de travailleurs ». Un règlement européen prévoit qu’un frontalier travaillant au Luxembourg, mais qui passe au moins 25 % de son temps de travail dans son pays de résidence, doit s’affilier à la sécurité sociale de son pays de résidence.  5

CRITIQUE

« Un adulte avec des réflexes post-pubertaires. » C’est ainsi que Jean-Claude Juncker (CSV) a décrit son propre parti sur RTL. L’ancien Premier ministre et président de la Commission européenne déplore le conflit interne qui a lieu au sein du CSV à propos de Frank Engel.

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Shutterstock et Jean-Christophe Verhaegen/SIP

INCERTAIN

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Ristretto #Politique

« Le CSV reste le plus grand parti populaire » Christophe Hansen, déjà député européen, est attendu en tant que secrétaire général au sein de la nouvelle équipe dirigeante du CSV.

Comment avez-vous vécu la polémique autour de Frank Engel ? C’est un conflit qui a endommagé l’image du CSV et qui n’aurait pas dû avoir lieu. Une dénonciation au Parquet par les députés n’aurait-elle pas dû être évitée ? Ce n’était pas une dénonciation, mais une obligation du mandat de député. Cela dit, si une solution avait été trouvée en interne, cela n’aurait pas été nécessaire. Mais ce dialogue n’a pas eu lieu. Pourquoi ? La fraction parlementaire a mis le problème à l’ordre du jour de plusieurs réunions. Mais Frank Engel, qui est normalement présent, n’est pas venu. Or, pour trouver une solution, il faut la présence des deux parties. Avez-vous été déçu par Frank Engel ? Il a pris des décisions qui n’étaient pas les bonnes. Je n’aurais pas fait de la sorte. Mais je regrette cette situation. Je l’estime d’un point de vue intellectuel. D’autres membres de l’exécutif du parti – le trésorier ou le secrétaire général – n’auraient-ils pas dû être plus vigilants ? Bien sûr, le trésorier signe les dépenses… Mais il faut le protéger, car ces personnes ont été mises à bord par Frank Engel et elles ont été jetées à l’eau. Je les plains plus qu’autre chose… Mais faut-il changer la manière de gérer les finances du parti ? Avec les précédents présidents, les dépenses qui devaient être effectuées étaient mises à l’ordre du jour du comité national, qui prenait une décision. Des pratiques qui n’ont pas été suivies par Frank Engel. Comment s’assurer qu’elles le soient à nouveau ? Nous avons demandé un audit externe pour mettre les choses au clair et en règle. Et l’affaire est en justice désormais. Il est temps de tourner la page et d’aller de l’avant. Claude Wiseler s’est présenté à la présidence du CSV, mais c’est toute une équipe qui était candidate pour constituer le nouvel exécutif du parti – une première. Pour quelle raison ? En équipe, nous évitons un déchirement du parti lors du vote. Cela a malheureusement été le cas lors de la précédente élection début 2019 Pour Christophe Hansen, 12

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le conflit autour de Frank Engel a endommagé l’image du CSV.

(qui a opposé Serge Wilmes à Frank Engel, ndlr). Il est alors très difficile de combler le fossé qui se creuse… Quel est votre rôle en tant que secrétaire général ? Un rôle d’organisation – des congrès et des élections à venir – et de coordination avec la base, les organisations locales, les conseils communaux. C’est une grande tâche de les inclure. Quels sont les principaux défis à relever pour le CSV ? Cela concerne la sortie de crise. Quels secteurs et quelles populations sont les plus touchés ? Au niveau social, le risque est que les inégalités se creusent. Et s’il y a des dépenses massives pour éviter le pire, à quelle échéance veut-on remettre les finances de l’État à l’équilibre ? Que propose la nouvelle équipe pour répondre à ces enjeux ? Nous avons cinq groupes de travail, plus de 200 personnes – des membres du parti, mais aussi de la société civile – qui travaillent sur ces questions. Nous misons sur une logique participative. Le CSV baisse dans les sondages. Comment l’expliquez-vous ? Le CSV reste le plus grand parti populaire, par le nombre de membres, mais aussi car il représente un quart des électeurs et un tiers des députés. Mais il est plus difficile de se renouveler quand on n’est pas au gouvernement : quand on a des ministres, de nouveaux députés sont désignés pour les remplacer. Un rajeunissement du parti n’est-il pas nécessaire ? C’est un grand défi que nous devons prendre très au sérieux. Beaucoup de responsables des CSJ (les jeunes du CSV, ndlr) occupent des postes dans les communes. Donc nous trouverons des personnes pour prendre la relève. Mais nous devons faire mieux. Interview PIERRE PAILLER Photo MATIC ZORMAN *Cette interview a été réalisée quelques jours avant le congrès du 24 avril, lors duquel a eu lieu le vote pour désigner la nouvelle équipe dirigeante du CSV.


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Ristretto #Entreprises Sélectionné par CATHERINE KURZAWA et MATHILDE OBERT

PESSIMISTE

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« Il y a potentiellement une vague de faillites à attendre dans le secteur non financier. »

Le financial services market leader de chez PwC Luxembourg, Olivier Carré, suite à la parution du CEO Survey 2021 du cabinet, qui a pris la température des patrons d’entreprise quant au redressement économique. VAINQUEUR

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« Le luxe se porte bien, et la demande émane de ce secteur. On n’a pas fini de voir des boutiques de luxe ouvrir dans les mois qui viennent. »

C’est la conviction de Virginie Chambon, retail director chez Impakt SA, suite à l’annonce de l’ouverture, d’ici au mois de juin, de trois nouvelles enseignes premium dans la Ville Haute : Brunello Cucinelli, Messika et l’enseigne multimarque Saint-Joseph.  3

PRUDENT

« On ne va pas tous rouler en électrique dans les années à venir. » Pour Guido Savi, porte-parole de la Febiac, même si l’électrique et l’hybride ont devancé le diesel au premier trimestre 2021 avec 32,4 % des nouvelles immatriculations contre 30,3 %, ce dernier n’est pas voué à disparaître. En témoigne notamment le fait que 7 % des véhicules hybrides nouvellement immatriculés ont besoin d’électricité et de diesel pour fonctionner.  4

INQUIET

« Paul Wurth a joué un rôle primordial pour l’histoire économique du Grand-Duché en étant le fleuron d’une propriété intellectuelle de très haut niveau. »

Le syndicat LCGB a directement réagi à l’annonce de la cession du solde du capital (40,8 %) de l’entreprise Paul Wurth par l’État luxembourgeois au groupe allemand SMS, qui en détiendra donc la totalité. Il s’étonne que l’État cède sa part au sein d’une société détenant cette capacité d’innovation dans le monde de l’acier alors que « les responsables politiques cherchent à promouvoir toutes les démarches innovatrices en termes de réduction des émissions de gaz à effet de serre ». INNOVANT

« La modélisation de la croissance des cultures et la détection des maladies seront essentielles pour contribuer de manière significative à la durabilité environnementale en viticulture. » Corinne Kox, gérante du domaine L & R Kox qui est impliqué dans un projet européen de recherche à 7 millions d’euros pour développer des solutions interconnectées de robots, de la désinfection des hôpitaux à la gestion agricole. RÉSILIENT

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Romain Gamba (archives) et Matic Zorman (archives)

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Ristretto #Entreprises

« Le cœur de notre stratégie, nos salariés » Internet ne tuera pas les agences de voyages, selon Michael Gloor. Il dirige le Travel Group Luxembourg, fruit de l’union entre Sales-Lentz et Emile Weber.

Sales-Lentz et Emile Weber ont uni leurs agences depuis le 1er avril. Dans quel but ? Nous préparer aux défis actuels et futurs et rester un partenaire fiable pour nos clients.

ments. Nous devons améliorer notre site pour proposer aux clients de nous contacter par voie virtuelle. Je veux que l’on y trouve qui est le spécialiste pour quel pays. Sera-t-il aussi possible de réserver en ligne ? Je n’y vois pas de valeur. Pour proposer un moteur de recherche à la pointe, il faut investir beaucoup. Ce n’est pas notre stratégie.

L’alliance aurait-elle eu lieu sans le Covid ? Les premiers échanges avaient déjà eu lieu en 2019. La crise a été un accélérateur. Économiquement, comment s’est construite cette fusion ? Nous avons à peu près le même chiffre d’affaires (non communiqué) et le même nombre d’agences et de salariés de chaque côté. Chaque partie apporte 100 %. Le capital se partage à 50-50.

Les agences physiques ont-elles un réel avenir ? Beaucoup, depuis des décennies, pensent qu’internet va rendre les agences futiles. Ce n’est pas du tout le cas. Dès que l’on a des besoins plus compliqués, le vrai conseil passe par des spécialistes.

Réunir deux concurrents historiques, cela ne crée pas trop de difficultés ? Cela a été pris de manière positive.

Comment attirer les plus jeunes en agence ? C’est un défi sur lequel nous travaillons. Il faut proposer une porte d’entrée attractive avec le site. S’ils y trouvent des inspi­ rations, des conseillers leur donnant confiance, ils peuvent y voir une valeur ajoutée. Ce qui est très bien aussi, c’est d’avoir des professionnels qui ont l’âge du client et parlent le même langage.

Qui a eu l’idée ? Je n’étais pas encore là. Ce sont deux familles qui se connaissent de longue date. Si les 34 agences gardent leur nom et leur identité, qu’est-ce qui change ? Pour les clients, rien. Ils restent dans un monde soit We love to travel (Sales-Lentz), soit Voyages Emile Weber. Ce sont deux généralistes, mais certains clients préfèrent l’un ou l’autre pour des raisons géographiques ou par affinité. Le Travel Group ne sera pas une marque commu­ niquée à la clientèle. Nous essayons d’attribuer les bonnes personnes aux bons endroits, harmoniser la politique commerciale, faire des investissements communs.

Y aura-t-il une réunion géographique de certaines équipes ? Nous n’avons pas encore de locaux ensemble, nous sommes en train de chercher. Mais nous sommes bien habitués à travailler en virtuel. Quelles perspectives de reprise dans votre secteur ? Je suis très positif. Je pense que tout le monde attend de pouvoir voyager. 2020 représente une perte de 80 % du chiffre d’affaires. En 2021, cela s’améliore un peu, mais ce ne sera pas encore comme en 2019. On table sur 30 à 60 % par rapport à 2019. Les gens font leurs réservations à court terme avec la crise, ce qui rend les prévisions compliquées. Nous pensons être de nouveau profitables à partir de 2022-2023. La stratégie n’est pas forcément de refaire le même chiffre d’affaires qu’en 2019, mais d’être rentables. Les gens voyagent de plus en plus consciemment, nous allons essayer de pro­poser des voyages durables.

Lesquels ? L’investissement, c’est d’abord de subir les pertes. Puis travailler sur nos sites internet, qui restent distincts, ce qui monte à quelques centaines de milliers d’euros. Pour quelle stratégie ? Nous n’allons pas devenir un moteur de recherche, il y en a déjà suffisamment. Le cœur de notre stratégie, ce sont nos 130 salariés qui ont l’expertise, devenue plus importante avec la crise. Beaucoup de gens avaient fait des réservations en ligne et se sont retrouvés face à un site internet, sans réponse pour leurs rembourse-

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Michael Gloor, à la tête de Travel Group Luxembourg, croit toujours dans l’avenir des agences de voyages.

Interview MATHILDE OBERT Photo MATIC ZORMAN


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Ristretto #PlaceFinancière Sélectionné par JEAN-MICHEL LALIEU

SATISFAIT

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« À ma prise de fonction, mon analyse était qu’il nous fallait augmenter nos effectifs de 50 % […] Nous y sommes arrivés, nous avons réussi, grâce à un effort collectif important, à recruter et intégrer plus de 300 nouveaux collaborateurs. » Claude Marx repart pour un second mandat à la tête de la CSSF et dresse le bilan du premier. SUR LE DÉPART

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« Il s’agit d’une décision stratégique visant à renforcer la présence de Pictet en Allemagne, qui est un marché de croissance clé pour le groupe Pictet. » Frank Renggli, responsable de la communication de la banque suisse Pictet & Cie, a confirmé que la filiale Pictet & Cie (Europe) SA déménagera en Allemagne « d’ici le second semestre 2022 ». Mais 650 des 700 collaborateurs luxembourgeois du groupe bancaire resteront en place pour gérer les différentes activités qui, elles, restent bien au Luxembourg. VOLONTARISTE

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CONVAINCU

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« Aucun gestionnaire d’actifs de taille raisonnable ou fonds d’investissement ne peut simplement ignorer l’ESG, ce phénomène deviendra encore plus important. »

Sachin Vankalas, le directeur général de Luxflag, estime que 2021 sera l’année de l’investissement durable. « La finance durable n’est pas simplement un autre type d’investissement. C’est un changement de mentalité complet », a-t-il observé en présentant les résultats pour l’année 2020.  5

ENTHOUSIASTE

« En 40 ans, j’ai connu beaucoup de changements, mais cette transition vers la finance durable, c’est du jamais-vu. » ATTRACTIF

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CONTENT

La banque Raiffeisen se montre satisfaite de ses résultats pour l’année 2020. Son résultat est en progression de 8,1 %, atteignant les 18,8 millions d’euros. Une année marquée par de nombreux moratoires sur les crédits et l’offre de prêts garantis par l’État. « Les remboursements se passent très bien, comme pour un prêt traditionnel », rassure Yves Biewer, président du comité de direction depuis novembre 2020. 18

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Selon une récente étude de l’institut New Financial, le Luxembourg apparaît à la troisième position des destinations refuges des sociétés de la City après la mise en place du Brexit. New Financial a calculé que 440 sociétés financières ont délocalisé une partie de leurs activités, déplacé des emplois ou établi de nouvelles entités dans l’UE. Dublin en a accueilli 135, Paris 102 et Luxembourg 93.

Gaël Lesure (Archives) et Matic Zorman (Archives)

Robert Scharfe a quitté ses fonctions de CEO de la Bourse de Luxembourg le 21 avril, à l’âge de 67 ans. Son bras droit, Julie Becker, lui succède. C’est à elle que l’on doit la plateforme pour les obligations durables LGX.


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Ristretto #PlaceFinancière

« Ne pas seulement voir l’impact des marchés » Malgré la crise sanitaire, Corinne Lamesch tire un bilan satisfaisant de son premier mandat à la présidence de l’Alfi. Elle se dit prête pour un second tour.

Au terme de votre premier mandat à la présidence de l’Alfi, quelle est votre plus grande satisfaction ? Je tenais vraiment à prouver que l’industrie des fonds n’est pas découplée de l’intérêt des gens. Or, nous faisons face à de nombreux défis : changement climatique, pression démographique, financement des retraites… Dans notre feuille de route 20202025, nous avons donc mis l’accent sur le financement de ces différents enjeux. Avez-vous pu avancer autant que vous le souhaitiez, malgré la crise sanitaire ? L’Alfi a travaillé énormément au cours de cette année. Nos conférences virtuelles ont connu beaucoup de succès, alors que j’étais au départ un peu sceptique. Je pense d’ailleurs que ce modèle hybride va perdurer pour certaines conférences. La seule chose qui n’a pas été possible, c’est de partir à la rencontre de nos clients à l’étranger. Vous êtes candidate à un second mandat ? J’ai effectivement posé ma candidature. Mais ce sera au nouveau conseil d’administration, une fois élu, en juin, de choisir un nouveau président. Ceci étant dit, je me sens privilégiée d’avoir été chargée de la présidence au cours des deux dernières années. Je suis engagée et motivée à servir l’association dans cette fonction, si le nouveau conseil me soutient. Un an après cette crise sanitaire, comment analyser son impact sur le secteur luxembourgeois des fonds d’investissement ? Notre industrie a particulièrement bien résisté, même si l’instabilité des marchés financiers, en mars 2020, a provoqué une baisse brutale des avoirs de 11 %. Mais elle a été plus que récu­ pérée depuis, puisque nous avons dépassé la barre des 5.000 milliards d’euros d’actifs sous gestion. Nous sommes actuellement sur une trajectoire positive, même si la concurrence internationale, la pression sur les coûts et les tendances protectionnistes pourraient l’entraver. Franchir le seuil des 5.000 milliards d’euros, ça représente quoi ? Ce n’est pas un but en soi. Ça montre que nous restons une Place internationale importante, capable d’attirer

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des acteurs internationaux qui domicilient leurs fonds au Luxembourg, et que nous pouvons continuer à évoluer sur un marché qui reste très concurrentiel. Mais il faut rester vigilant, continuer à développer de nouveaux produits et adapter notre cadre réglementaire. Vous parlez des atouts du Luxembourg, mais on voit que l’industrie européenne des fonds, dans son ensemble, a aussi atteint un nouveau record… Oui, on observe une croissance générale du secteur. Fin décembre, le total des actifs sous gestion pour l’Europe atteignait 18.800 milliards d’euros, avec un taux de croissance de 5,7 %. Cela s’explique par le fait que le secteur n’a pas été trop touché, et que de l’argent liquide attendait de pouvoir être investi. Cette augmentation n’est-elle pas avant tout liée aux performances des marchés financiers ? Au Luxembourg, on a engrangé 160 milliards d’euros d’argent frais sur les 12 derniers mois. Pour l’Europe, le montant atteint 687 milliards. On ne doit donc pas seulement voir l’impact des marchés. Dans un contexte de crise comme celui-ci, quels sont les avantages des fonds ? Leur diversification, qui protège la performance, et l’aspect long terme, qui permet de garder son sang-froid malgré la volatilité des marchés. Il y a eu une accumulation d’épargne parmi les ménages luxembourgeois l’an dernier. Vous attendez-vous, dès lors, à un flux supplémentaire vers l’industrie des fonds ? Je ne pense pas. Il reste encore du travail à faire, en Europe, par rapport à l’éducation financière, pour que les gens investissent plus dans les fonds, et moins dans l’épargne, qui ne rapporte plus rien. Mais j’espère aussi que les gens vont injecter beaucoup d’argent dans les activités qu’ils n’ont pas pu pratiquer durant toute cette crise. L’entrée en vigueur du Brexit depuis le 1er janvier a-t-elle changé beaucoup de choses ? Non, peu de choses ont changé. Les gestionnaires d’actifs s’étaient préparés au Brexit depuis un bon moment. Ils étaient prêts. On n’a plus assisté non plus à de nouvelles délocalisations d’activités depuis le début de cette année. Corinne Lamesch prête à repartir pour un nouveau mandat de deux ans en tant que présidente de l’Alfi.

Interview JEAN-MICHEL LALIEU Photo MATIC ZORMAN



Ristretto #Investissement

« Investir dans le Private Equity, c’est investir dans l’économie réelle » Contenu sponsorisé par Degroof Petercam Luxembourg

Comme de nombreux investisseurs à la recherche de solutions alternatives aux actifs cotés en bourse, Valérie s’est tournée vers le Private Equity. Son banquier privé, Alexandre Schmitz, chez Degroof Petercam, l’a accompagnée et nous en parle.

Vos clients ont-ils tous le même profil que Valérie ? Dessiner un portrait-type de l’investisseur en Private Equity serait trop réducteur. Nos clients ont des profils qui sont tous très différents. Cela dit, on constate qu’ils ont souvent un profil d’entrepreneur ou sont Partners au sein d’un cabinet d’avocats ou d’un Big Four,, comme l’est en l’occurrence notre cliente Valérie. D’autres encore ont hérité d’un patrimoine important. Dans tous les cas, ce sont des investisseurs à la recherche de placements alternatifs, différents des actifs cotés en bourse. Ils ne viennent parfois chez nous que pour nos services en Private Equity, même si la plupart d’entre eux sont généralement déjà clients de la banque. Il faut rappeler aussi que l’investissement en Private Equity reste réservé à une clientèle qualifiée qui dispose des connaissances nécessaires, ainsi que d’une surface financière adéquate.

Le banquier doit veiller, avec son client, à une diversification suffisante de cette poche d’actifs, en répartissant ses investissements sur différentes stratégies et en les saupoudrant, sur plusieurs années, sur des vintages variés, comme on peut le faire pour se constituer une cave à vins : on ne se limite pas à une seule appellation ou à un seul millésime.

Qu’est-ce qui séduit tant les investisseurs au sujet du Private Equity ? C’est autant la dimension entrepreneuriale qui accompagne ce type d’investissement que la perspective d’un rendement supérieur. Avec le Private Equity, on investit directement son capital dans le développement des champions de demain. Nos clients, comme Valérie, « s’identifient » donc davantage à ce type de projet. Ensuite, le Private Equity participe également à la diversification nécessaire d’un portefeuille, la volatilité étant moindre que les variations journalières d’un placement en bourse. Et puis, le Private Equity est aussi synonyme d’un club d’investisseurs restreint, auquel l’accès est en quelque sorte privilégié.

Demain, à quoi peut-on s’attendre comme développements ? Le monde du Private Equity a prouvé sa résilience aux chocs économiques, et après un développement significatif ces 20 dernières années, son avenir semble toujours aussi prometteur. Il complémente parfaitement un portefeuille d’actifs cotés et séduit de plus en plus d’investisseurs. Il participe activement à la transformation de l’économie, et ne se limite pas seulement aux thématiques porteuses du digital, de la mobilité ou des fintech, mais il a également investi le monde industriel et celui des services. Il intègre de plus en plus les critères ESG dans ses décisions d’investissement et invite d’ailleurs les entreprises à en faire de même. Il ne représente aujourd’hui que 5 % de la capitalisation mondiale. C’est dire tout son potentiel !

Quelle est la démarche proposée par Degroof Petercam pour ses clients ? Avec plus de 8.000 fonds de Private Equity disponibles, la clé réside dans le conseil et l’accompagnement d’un professionnel qui dispose tant de l’expertise technique pour la sélection des fonds que de l’accès aux meilleurs fonds, dont la grande majorité est fermée au public.

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MAI 2021

Quels sont généralement les doutes, les interrogations, de vos clients ? Comment les rassurez-vous ? La principale préoccupation des clients est « Qu’est-ce de répondre à cette question : «  qui me permet de croire au projet qu’on aujourd’hui? » Ils ne vont s’engager me présente aujourd’hui?  avec conviction que si le projet de l’équipe de Private Equity les a convaincus, d’où l’importance de notre analyse préalable et rigoureuse de ces projets. La durée de l’investissement peut également être un frein. En effet, vous vous engagez sur des périodes qui vont jusqu’à 10 ans, avec des rendements souvent négatifs les premières années.

Alexandre Schmitz nous rappelle à quels enjeux répondent les investissements de Private Equity.

Photo SIMON VERJUS (MAISON MODERNE)

plus, savoir n e r u ment Po irecte ctez d a itz : t n m o c re Sch d n a x Ale

itz@ a.schm cam.lu r ofpete degro


Valérie souhaitait investir dans l'économie réelle.

Alexandre l'a orientée et accompagnée sur le Private Equi .

Growing together


Data Dada #3eÂge

Maisons de retraite : un enjeu complexe

4.728 € 2.466 €

Comment prendre soin de toujours plus de personnes âgées dans de bonnes conditions et à des prix « abordables », compte tenu des écarts de pension entre les hommes et les femmes dans un univers aux multiples visages, entre acteurs publics et acteurs privés, et sur fond de pénurie de personnel ? Un enjeu complexe, révélateur de la bonne santé de toute la société.

4.728 €

Am Schleeschen ECHTERNACH

2.888 € 2.673 €

Auteur THIERRY LABRO

Belle-Vue PORTRAIT-ROBOT Deux bénéficiaires de la dépendance sur trois sont des femmes.

80 %

4.453 € 2.640 €

2.760 €

2.466 € La pension médiane 3.634 € pour un homme est le double de celle 1.838 € d’une femme.

Trois hommes sur quatre en situation de dépendance résident à domicile. 3.491

des résidents ont plus de 70 ans.

Trois pensionnaires sur quatre en établissement 4.778 sont des femmes.

76 %

5.307 €

Schlassbléck

2.874 € 2.764 €

Sanatorium

des femmes touchent une pension inférieure au prix moyen des Cipa (2018).

VIANDEN

5.120 €

Bei der Sauer DIEKIRCH

2.747 €

Pontalize ETTELBRUCK

2.575 € 2.958 € 2.217 €

3.270 €

HPPA CLERVAUX

5.035 € 2.683 €

5.035 €

Cipa Liewensbam TROISVIERGES

Geenzebléi WILTZ

LÉGENDE Chambre simple Chambre double Aucune chambre double disponible Appartement 1 pers. Appartement 2 pers. Studio 1 pers. Studio 2 pers. Différence de prix selon les chambres Les prix des 52 établis­ sements ne sont pas tous publics. Le Cipa est l’organisme le plus transparent.

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5.520

personnes travaillaient, en 2018, dans un des 52 établissements de soins continus.


2.850 € 2.742 €

ALLEMAGNE Op Lamp WASSERBILLIG

DU MOINS CHER AU PLUS CHER

2.575 €

2.217 € Chambre au Cipa Liewensbam de Troisvierges 0

2.452 € Prix moyen dans les Cipa

HPPA GREVENMACHER

3.187 € Fondation Pescatore 3.250 €

4.954 € Appartement au Cipa Op der Rhum à Luxembourg

4.760 €

3.500 €

chambre en gériatrie

SERVICES SUPPLÉMENTAIRES

6.138 € 4.948 €

5.384 € 4.523 €

MONDORF-LES-BAINS

4.954 € 6.677 €

4.361 € 5.711 €

€ 77,85

4.635 €

3.187 €

3.231 €

Conseil diététique (par séance d’une heure)

5.364 €

3.715 €

5.384 €

Exemples tirés des tarifs du Cipa

Résidence Monplaisir

2.961 €

5,6 €

2.682 €

2.392 €

5.729 € Réfection supplémentaire du lit (convenance personnelle)

4.635 €

Am Park

2.650 €

Op der Rhum

Fondation Pescatore

Beim Klouschter

2.543 €

HOWALD

70 €

BOFFERDANGE

2.615 €

LUXEMBOURG-VILLE

Entretien du linge de corps (par mois)

Grand-Duc Jean DUDELANGE

2.757 € 2.435 €

HPPA

17,8 €

4.635 €

VOLMERANGELES-MINES

2.864 € BERTRANGE

2.650 €

€ 36,70

Roude Fiels RUMELANGE

3.408 €

Intervention technique sur biens personnels (par heure et facturé par tranche de 15 min)

2.448 € Op der Léier 2.650 € Les Parcs du 3e Âge

2.650 €

ESCH-SURALZETTE

4.158 €

2.392 €

Une nouvelle exigence qualitative

2.466 €

2.575 €

FRANCE

Um Lauterbann

HPPA HPPA

NIEDERKORN

EISCHEN

Thillebierg DIFFERDANGE

REDANGE

ARLON

N

BELGIQUE

Déjeuner du dimanche

LONGWY

Le 11 février 2020, la ministre de la Famille, Corinne Cahen (DP), a présenté une refonte de la qualité des services d’accueil des personnes âgées : la qualité (agrément préalable, projet d’établis­sement, présentation des prestations et services ; qualifi­ cations profes­sion­ nelles, notamment linguistiques) ; la transparence ; la flexibilité (pour le chargé de direction et en interdisant la sous-traitance dans le soin).

MAI 2021

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Conversation Béatrice Belorgey

«  Il est temps de passer à un développement plus durable » Interview MARC FASSONE

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MAI 2021

Béatrice Belorgey a pris les rênes de BGL BNP Paribas en juillet 2020. Arrivée en pleine période de pandémie, elle a dû accompagner le basculement des activités de la banque en mode Covid. Un véritable défi, qui n’a pas empêché la BGL de produire un résultat net de 398,3 millions d’euros, en progression de 15 %. Si la banque a su prouver sa résilience, Béatrice Belorgey insiste sur la croissance et sur la nécessité de se digitaliser.

Photo ANDRÉS LEJONA


Béatrice Belorgey espère que la crise du Covid enclenchera la prise de conscience qu’il est temps désormais de passer à un développement plus durable.

MAI 2021

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Conversation

BIO EXPRESS Naissance De nationalité française, Béatrice Belorgey est née le 23 mars 1962.

DIX DATES-CLÉS

De manière un peu rapide, même… Du coup, j’étais très heureuse de pouvoir revenir pour ce deuxième séjour, notamment parce que le premier avait été un peu écourté.

La banque comme choix de carrière Son diplôme en poche, elle choisit de faire carrière dans la banque. Elle entre chez BNP Paribas en 1986 comme analyste crédit. En 2000, elle fait un premier passage au Luxembourg comme membre du comité exécutif de la banque privée de BNP Paribas Luxembourg. Elle repart à Paris en 2005 et prend, en 2013, la responsabilité de la banque privée en France. Le retour au Luxembourg En juillet 2020, elle prend les rênes de BGL BNP Paribas et est nommée présidente du comité exécutif de BGL BNP Paribas, membre du conseil d’administration de la banque et responsable pays du groupe BNP Paribas au Luxembourg.

Ce deuxième passage au Luxembourg était-il un choix personnel ou un aléa de carrière ? Lors de mon premier passage, j’avoue avoir suivi mon mari. Ce n’était pas un choix personnel. Ce premier séjour nous a laissé de très bons souvenirs. Toute la famille a été heureuse ici, séduite à la fois par les activités professionnelles, artistiques et sportives. Nous avons été surpris par la très grande dynamique de la vie culturelle. Je crois que l’on n’est jamais allé autant à l’opéra et à des concerts de toute notre vie que lors de notre premier séjour ici. Je n’ai, à l’époque, pas eu d’autre choix que de repartir, parce que la banque me l’a demandé.

Quand on fait Sciences Po Paris, on se destine généralement à une carrière publique ou politique. Pourquoi avoir choisi la banque ? En France, pour faire une carrière publique, il faut passer par les concours administratifs, qui sont, quels qu’ils soient, très difficiles. Les réussir est une question de volonté. Mais il faut que l’on se projette complètement là-­ dedans, ce qui n’était pas mon cas. Je faisais à l’époque beaucoup de choses à côté de mes études : du bateau, du ski… et passer un à deux ans à m’enfermer pour préparer des concours administratifs n’était pas tellement dans mes projets. Par ailleurs, je me mariais, et donc je voulais commencer à travailler. Et comme je voulais faire une carrière diversifiée, assez naturellement, mon choix s’est porté sur la banque. Un choix que je n’ai jamais regretté. Pas plus que la décision d’entrer à Sciences Po. Outre la satisfaction d’y être entrée – car ce n’était pas évident –, cela a été très formateur. J’ai beaucoup capitalisé sur cette formation très généraliste. Quelle est votre journée de travail type ? J’arrive à la banque à peu près à 7 h 45, après un copieux petit-déjeuner, afin d’être opérationnelle dès 8  h pour les premiers ­rendez-vous et les premières réunions de la journée. E ­ nsuite, il y a de nombreuses rencontres avec mes collaborateurs rapprochés, beaucoup de réunions et de comités sur les projets de transformation, et plus globalement sur tout ce qui touche à la gestion d’une banque au quotidien. Je consacre également beaucoup de temps aux questions relatives aux ressources humaines. L’administration d’une entreprise, c’est aussi la gestion des

01.01.1934

01.10.1968 13.12.1962

28.09.1919 Création de la BGL La création de la BGL résulte d’initiatives croisées. Alors que la Société Générale de Belgique sondait le terrain au Grand-Duché, l’avocat Alphonse Weicker la contacte pour l’attirer au Luxembourg. C’est ainsi que naît la BGL, société de droit belge, filiale de la SGB. Le siège est établi à Arlon, assorti d’un siège admi­ nistratif prévu à Luxembourg.

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23.04.1959 Société de droit luxembourgeois

Fernand Puissant Baeyens président

Suite à une loi belge de 1933 qui impose la séparation des banques d’affaires et de dépôt, la SGB fusionne toutes ses banques de dépôt, dont la BGL, dans la Banque de la Société Générale de Belgique. Après la dissociation du franc belge du franc luxembourgeois, la BGL devient une société de droit luxembourgeois.

En 1959, la BGL fête son 40e anniversaire, et deux événe­ ments marquent l’année : une augmentation du capital, qui passe de 20 à 40 millions de francs ; et le remplacement, à la présidence de la BGL, de Willy de Munck par Fernand Puissant Baeyens, vice-président de la Banque de la Société Générale de Belgique.

Alphonse Weicker président

L’ère des innovations

Tout au long de l’année 1962, des négociations sont menées avec la Banque de la Société Générale de Belgique en vue de faire passer la majorité des titres de la BGL en des mains luxem­ bourgeoises. Ce sera acté lors d’une assemblée générale extraordinaire tenue en 1962. À cette même date, Alphonse Weicker est nommé président du conseil d’administration.

Une série de modernisations technologiques sont mises en œuvre à partir de la fin des années 1960. Le 1er octobre 1968, le premier distributeur auto­ma­ tique de billets (Paymatic, créé par la Générale de Banque) entre en service à l’agence Gare de la BGL. La banque mettra les innovations techno­ logiques au centre de son modèle opérationnel.

BGL BNP Paribas

Formation Elle suit les cours de l’Institut d’études politiques (IEP) de Paris, dont elle sort diplômée en 1983. En 1999, elle complète sa formation avec un diplôme d’analyste financière (Cefa).

Photos

Vous avez été nommée à la présidence du comité exécutif de BGL BNP Paribas et responsable pays du groupe au Luxembourg en juillet dernier. Pouvez-vous nous parler un peu de vous et de votre parcours ? Mon diplôme de l’Institut d’études politiques de Paris en poche, j’ai tout de suite rejoint BNP Paribas, entreprise dans laquelle j’ai fait, jusqu’à aujourd’hui, tout mon parcours. Un parcours très diversifié. D’abord analyste crédit, j’ai ensuite passé 10 années dans la partie Corporate and Investment Banking, en commençant par le trading sur les taux pour finir responsable de l’équipe de trading obligataire, avant de passer sur la partie actions. C’est à ce moment-là que j’ai suivi le cursus pour devenir analyste financier, parce que, pour les dirigeants d’entreprise, il était très important d’avoir des interlocuteurs qui comprennent leur business et qui soient capables de bien apprécier la valorisation de leur entreprise. Puis, je suis arrivée au Luxembourg en 2000, pour mon premier séjour dans la banque privée comme membre du comité exécutif de la banque privée de BNP Paribas Luxembourg. J’ai ensuite rejoint l’équipe Relations investisseurs, où, durant toute la crise financière, j’étais à l’écoute des investisseurs et des analystes. C’est à ce moment-là qu’a eu lieu la fusion entre la BGL et le groupe. Cela a été une période passionnante et formatrice. Puis, je suis retournée dans la banque privée en France, où j’ai passé huit ans à la tête de la plus grosse banque privée du groupe, que j’ai quittée avec un peu plus de 100 milliards ­d’euros d’actifs sous gestion. Et en juillet dernier, j’ai pris la direction de BGL BNP Paribas, ce qui me permet de capitaliser sur cette diversité d’expériences que j’ai eues et d’avoir la gestion complète d’un établissement financier sur l’un des quatre marchés domestiques du groupe, qui opère en outre dans une économie dynamique.


Béatrice Belorgey

«  Je suis convaincue que plus les collaborateurs se sentent à l’aise, plus ils sont efficaces et productifs. » équipes, des hommes et des femmes. Il faut passer du temps là-dessus. À 18 h, on arrête les rendez-vous. Du moins, on essaie… Après, je m’occupe des e-mails restants dans ma boîte, des derniers coups de fil à passer, et je quitte mon bureau aux alentours de 20 h. Comment définiriez-vous votre style de management ? Je suis très à l’écoute. Ce qui me permet de bien connaître les personnes. Je laisse beaucoup les gens s’exprimer, pour que se d ­ essine un consensus. Et s’il tarde à arriver, on va dire que j’aide un peu à la solution. Et puis, je pense que je suis assez bienveillante. Je suis convaincue que plus les collaborateurs se sentent à l’aise, plus ils sont efficaces et productifs. Sous la pression, il n’y a rien de constructif qui sorte, ce n’est pas efficace. Cela étant, être à l’écoute et bienveillante n’empêche pas une certaine exigence. Tout le monde doit s’y mettre, et il faut que les choses soient faites de manière efficace. Si ce n’est pas le cas, tout le monde devra ­travail­ler plus. Quelles sont, ou ont été, vos principales sources d’inspiration ? J’ai été pas mal inspirée par certains de mes enseignants à Sciences Po. J’ai eu la chance d’avoir des enseignants de très haut niveau,

Rétrospectivement, je crois que la première fois où j’ai ressenti que j’avais une influence significative, c’était lorsque je m’occupais des relations investisseurs du groupe en pleine crise financière. J’écoutais du matin au soir les analystes et les actionnaires / investisseurs pour bien comprendre leurs questions, leurs interrogations, leurs doutes, que je devais relayer à la direction générale. Par ailleurs, dans mon rôle de responsable de la banque privée en France, gérant 100 milliards d’euros d’actifs, j’ai considéré qu’il était souvent exigeants – très exigeants –, mais important, et de ma responsabilité, de ­permettre bienveillants. Ce qui n’est pas toujours le cas. à nos clients, qui, en investissant, avaient J’ai aussi beaucoup appris auprès de certains un formidable pouvoir, de rencontrer des managers avec lesquels j’ai travaillé. Tout ce gens qui pouvaient leur donner des idées que je trouvais bien d’eux, je le prenais. ­d’investissements à impact positif. Dans cette Pour ce qui est des livres, j’ai des goûts très optique, j’ai noué un partenariat avec Habitat variés, mais j’aime bien quand il y a des réfé- et H ­ umanisme, une association qui lutte contre rences historiques. Quant à la musique, j’aime le mal-logement et pour l’insertion des perbeaucoup l’opéra, avec une préférence très sonnes en difficulté, pour permettre à nos claire pour Verdi. clients de participer à des projets comme des logements sociaux ou des établissements Qu’est-ce qui vous préoccupe dans d’hébergement pour personnes âgées dépenle monde, aujourd’hui, et vous pousse dantes (Ehpad). J’ai également conclu un parà vous engager ? tenariat très important avec France Angels – la C’est d’abord clairement l’urgence climatique fédération nationale française des business et tout ce qui tourne autour du développement angels – afin de permettre à nos clients ­d’investir durable et de la préservation de la biodiversité. dans des start-up. Le sort des personnes âgées me préoccupe Évidemment, la banque n’interagissait pas également. Elles ont un poids de plus en plus dans ce processus. La volonté était de perimportant dans nos sociétés occidentales et mettre à nos clients, qui veulent de plus en sont, dans le même temps, mises de côté. Je ne plus donner du sens à leurs investissements pense pas que l’on pourra continuer long- et à l’épargne, de se rapprocher de projets temps comme ça. La condition des jeunes répondant à cette attente. entrepreneurs m’interpelle également, plus que jamais, même, avec la crise sanitaire que Influence, toujours… Que pensez-vous de la place des femmes dans la banque ? l’on traverse. Je pense que la place des femmes dans la Vous sentez-vous, à votre poste actuel, banque est la même que celle des hommes. Il ou dans vos postes passés, n’y a pas une place spécifique. Ce qui est imcomme une femme d’influence ? portant, c’est d’avoir des équipes diversifiées, On influence à la fois beaucoup et pas assez. de manière à avoir la plus grande richesse Et sûrement pas autant qu’on le souhaiterait… possible de points de vue, de suggestions.

01.01.2016

01.01.1970

20.05.1987

06.05.1993 31.12.2008

Georges Schwall président

Georges Arendt président

Marcel Mart président

Le sauvetage de FBL

Georges Schwall remplace Alphonse Weicker. Le début des années 1970 est marqué par les questions sociales et des problèmes liés aux ressour­ ces humaines (conventions collectives, manque de maind’œuvre qualifiée…). La marche des affaires est caractérisée par une internationalisation des activités et par le renforcement du réseau d’agences.

Georges Arendt devient président du conseil d’admi­ nistration suite à la démission de Georges Schwall. À la tête du comité de direction depuis 1984, il est remplacé à ce poste par Alain Georges.

Marcel Mart, ancien ministre, est nommé président du conseil d’administration. Entre la fin des années 1980 et le début des années 1990, quelques décisions impor­ tantes sont prises. C’est ainsi que, le 13 avril 1989, la décision de construire un centre ban­ caire au Kirchberg est prise – centre dont la première pierre sera posée le 24 mars 1993.

À cause de la crise des sub­ primes, la tentative de rachat d’ABN Amro par Fortis précipite la chute de la banque belge, qui avait repris la BGL en 2005. Fortis Banque Luxem­bourg (FBL) — nom qu’a pris la BGL en 2005 — redevient la BGL, avec, à son actionnariat, l’État luxembourgeois, qui détient 49,9 % des actions, et le groupe BNP Paribas.

Les nouveaux bâtiments du Kirchberg Les deux tours, dont la construction fut lancée en 2013, sont pleinement fonctionnelles. La banque y réunit tout son personnel, sauf les agences, au début de l’année.

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Conversation Béatrice Belorgey

BGL BNP PARIBAS DEVELOPMENT Une initiative qui tient à cœur à Béatrice Belorgey.

Tout simplement. On va quand même dire qu’il y a encore un peu de travail pour y arriver. Tous les membres du comité exécutif du groupe ont signé une charte qui s’appelle «  Jamais sans elles  ». Tous ses signataires ­s’en­ga­gent à ne jamais participer à une réunion ou une table ronde où il n’y a pas de femmes. Ce n’est pas très compliqué, et cela peut contribuer à faire évoluer les esprits. Quelles sont vos missions et vos ambitions pour BGL BNP Paribas ? Elles sont grandes ! À court terme, c’est de continuer à accompagner nos clients dans cette crise sanitaire et de contribuer à la relance. Nous pensons qu’elle se fera progressivement dans le courant de l’année 2021. C’est important pour nous d’être un acteur majeur dans la contribution à cette relance de l’activité en 2021. À plus long terme, ce qui m’importe, c’est d’abord de continuer à développer la banque en nous appuyant sur notre modèle diversifié avec des franchises fortes en banque privée et en corporate. Opérer dans beaucoup de métiers différents est une chance. Cela nous permet d’avoir beaucoup de leviers de développement pouvant se passer le relais selon les périodes. De plus, tous nos métiers peuvent travailler entre eux, interagir. Forcément, cela développe le cross-selling, qui permet à la banque de croître un petit peu plus vite que si l’on n’avait qu’un seul segment de clientèle. Il faut également continuer à investir pour améliorer notre efficacité opérationnelle. La pression réglementaire s’accroît, cela génère énormément de travail, de tâches qu’il faut automatiser. Il faut également énormément investir pour digitaliser encore davantage les parcours client. Quelle a été votre première décision à la tête de BGL BNP Paribas ? Oh, cela n’a pas été très difficile : réduire le nombre de comités, et pour ceux qui ­restaient, réduire d’un tiers la volumétrie des présentations qui y étaient faites. Pour donner du temps aux équipes pour agir en faveur du ­développement de la banque, justement.

BGL BNP Paribas Development, c’est la branche private equity de la banque. L’idée est d’accompagner les entreprises luxembourgeoises de taille moyenne via une prise de participation minoritaire en capital.

Cela complique quand même la tâche dans les activités quotidiennes ? Il y a un élément qui est très important dans ce contexte, c’est que les collaborateurs sont plus loin, et donc, les managers les voient moins. Tout se fait beaucoup à distance, il faut donc une écoute plus attentive. Il faut certainement aussi beaucoup plus de bienveillance. Nous sommes très vigilants. Nous faisons régulièrement des enquêtes pour prendre le pouls de nos équipes à distance et voir comment elles vont. Et nous analysons les résultats de cette enquête avec l’ensemble de nos managers. Pour ce qui est de nos clients, évidemment, au-delà de toutes les précautions que nous avons mises en place en respectant scrupuleusement les recommandations des autorités sanitaires, il a fallu les guider en les encourageant à privilégier des canaux à distance pour toutes leurs opérations les plus courantes. Cela a impliqué un gros travail d’accompaVous êtes, pour ainsi dire, arrivée avec gnement de la part de nos équipes. On a la le Covid. Qu’est-ce que la pandémie chance d’avoir un modèle omnicanal, c’esta changé dans la manière de fonctionner à-dire que, quand le client a besoin d’interade la banque ? On ne peut pas parler de 2020 sans parler du gir avec la banque, c’est lui qui choisit comment : contexte dans lequel la banque a dû opérer, il prend son téléphone ou il utilise le web et de la façon dont elle a dû s’adapter pour banking, soit sur son ordinateur, soit sur son assurer l’accompagnement des clients et la smartphone. continuité des opérations. Bien entendu, ce Du coup, il a vraiment fallu encourager les qui était pour nous absolument essentiel, clients à utiliser tous ces moyens à distance c’était de préserver la santé de nos collabo- pour leur permettre d’éviter de se déplacer et rateurs et de nos clients. Ainsi, les premières de prendre les risques qui vont avec ces déplamesures ont consisté à se mettre en télétra- cements. Vraiment, on a noté une formidable vail progressivement, et puis, à la rentrée des mobilisation de nos équipes pour parfois congés d’été, on a franchi une étape supplé- résoudre des difficultés de certains clients qui mentaire en s’organisant en équipes séparées, étaient un peu la quadrature du cercle. Et avec ce qui veut dire que, dans une même unité, un peu d’ingéniosité, d’énergie, je crois qu’on on a séparé les équipes en deux, et ces deux est toujours arrivé à répondre à ces questions. morceaux ne se croisent jamais. On divise Je crois qu’on peut dire que cette organiainsi par deux les risques de contamination. sation, qu’il a fallu mettre en place relativeCe mode de fonctionnement est en place ment vite, et notre modèle omnicanal nous depuis septembre, et, depuis ce moment, on ont permis d’opérer et d’assurer la continuité a des collaborateurs qui n’ont pas revu l’autre des opérations de la banque. Une fois cette partie de l’équipe. Pour ceux et celles qui organisation mise en place, les équipes se sont mobilisées pour accompagner les clients pour trouver des solutions à leurs difficultés. Sont ciblées les sociétés luxembourgeoises commerciales, industrielles ou technologiques, non cotées, avec un chiffre d’affaires supérieur à 10 millions, une activité rentable et des perspectives de croissance. « Et qui ont besoin d’un coup de main, soit pour accélérer leur développement, soit pour éventuellement assurer une transmission. Nous n’avons pas vocation à rester indéfiniment au capital. Notre horizon d’investissement est de 5 à 10 ans, et nous avons prévu d’investir environ 50 millions dans les cinq années qui viennent. »

«  Je pense que la place des femmes dans la banque est la même que celle des hommes. Il n’y a pas une place spécifique. » 30

MAI 2021

doivent travailler sur site, ces équipes ont été séparées et travaillent dans des espaces ­différents. On a la chance d’avoir des locaux très spacieux. On en a donc profité.

La question de la rentabilité des établissements bancaires est au cœur des interrogations des autorités prudentielles et des analystes. Quel est votre avis sur le sujet ? Il y a en effet une forte pression sur la ­rentabilité des banques, et elle résulte de deux facteurs différents. Le premier de ces facteurs est lié aux conséquences des crises financières qui se sont succédé depuis 2008. La réponse des régulateurs aura été, pour faire simple et schématique,


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Conversation Béatrice Belorgey

de renforcer considérablement les exigences de capitaux propres que les banques devaient avoir (Bâle III, puis Bâle IV) et de renforcer considérablement les règles en matière de protection des clients (Mifid II). La protection des intérêts des clients est un sujet ­crucial : on parle de la confiance même des gens dans le système bancaire. Tout cela a impliqué des investissements absolument considérables de la part des banques. Et n’oublions pas les coûts liés à la hausse de la pression réglementaire qui continue sur d’autres volets qui sont tous très importants, comme la lutte contre le blanchiment. Le deuxième facteur, c’est la baisse très forte des taux d’intérêt due aux politiques monétaires des banques centrales très accommodantes, d’abord en réponse à la crise de 2008, et maintenant en réponse à la crise sanitaire. Ce renforcement mène à des taux négatifs importants qui grèvent considérablement les revenus de la banque. Tous les soirs, les excès de dépôts qui ne sont pas replacés sont placés à 50 points de base à la Banque centrale européenne. Donc, forcément, ça veut dire que cette baisse de revenus doit être compensée par une amélioration de l’efficacité opérationnelle. Les établissements bancaires sont-ils à même de relever ce double défi ? Je crois qu’il faut d’abord dire que ce ne sont pas les seuls défis. Il y en a un troisième, qui est celui de la digitalisation. Le changement des habitudes de nos clients nécessite d’adapter tout notre dispositif de joignabilité et d’améliorer la capacité à répondre rapidement à leurs demandes. Aujourd’hui, les clients consomment la banque,

1.500

Et les petits acteurs ? C’est beaucoup plus difficile pour les acteurs plus petits que pour les grands groupes. C’est incontestable. Après, oui, peut-être que ça mènera à des rapprochements…

MILLIONS D’EUROS

C’est, en millions d’euros, le résultat net consolidé de la banque. Pour bien se rendre compte du poids de BGL BNP Paribas sur la Place, il faut rapporter ce chiffre aux 3,031 milliards de bénéfices des 126 banques luxembourgeoises pour 2020. À elle seule, la BGL pèse pour 13,14 % de ce chiffre !

Si vous étiez chef économiste, conseilleriez-vous à vos clients d’investir dans le secteur de la finance et des banques ? Oui. Mais cela dépend du point d’entrée.

comme n’importe quel autre service, un téléphone à la main. Commander un billet de train prend 30 secondes. Et vous voulez que ce soit bien fait, que votre billet soit disponible dans votre app. Les clients demandent au quotidien la même chose aux banques – banques qui doivent en plus être capables, à certains moments, d’apporter le service à valeur ajoutée qu’attend le client. Le bon conseil, la bonne suggestion... C’est à nous de trouver le bon équilibre entre la banque « au quotidien », délivrée rapidement et à distance, et les services à valeur ajoutée prodigués par un conseiller via le canal que le client aura choisi d’utiliser. Tout cela mis bout à bout nécessite ­d’in­vestir – ce qui grève la rentabilité – et beau­­ coup plus de fonds propres – ce qui grève la profitabilité. Pour bien opérer aujourd’hui, il faut bien connaître les règles du jeu, il faut être capable de mener des projets de transformation importants et avoir la capacité d’investir afin d’améliorer l’efficacité opérationnelle.

Le groupe a la volonté de réduire son réseau d’agences. Cette volonté se traduira-t-elle sur le terrain au Grand-Duché ? Quelle est la place du réseau dans l’omnicanal ? Le groupe adapte en permanence son dispositif d’agences aux usages des clients. Mais, en même temps, il investit considérablement pour que le client puisse justement ­travailler en ­interaction avec la banque, quel que soit le canal utilisé (téléphone, web, app…). Ce qui importe pour nous, c’est que chaque client choisisse son moyen de contact et que l’on puisse répondre à ses sollicitations rapidement. Pour citer quelques chiffres, on a eu une baisse de 50 % des opérations dans les agences en 2020, et, par ailleurs, une explosion des virements via les smartphones et des entrées en relation digitales. Donc, voilà, il faut continuer à nous adapter en ce sens. Sans oublier aussi d’accompagner nos clients dans un développement plus durable, un financement plus vert, des investissements plus socialement responsables. Ça, c’est aussi quelque chose qui est très important pour nous. Au final, c’est un jeu de vases communicants dans lequel l’agence reste une brique.

LES RÉSULTATS DE BGL BNP PARIBAS AU FIL DES ANS

2.000 MILLIONS D’EUROS Crise pour ce qui s’appelait alors Fortis Banque Luxembourg

398,3

Fusion effective BNP et BGL

Produit net bancaire

1.315,9

1.346,8

Centenaire

Résultat net (part du groupe)

1.373,5

1.352,2

1.345,3

1.447

1.510,1

Premiers résultats présentés par Béatrice Belorgey

1.595,5

1.123,4 797,6

793

500

277

297,8

226,4

336,9

342,3

357,9

403,9

365,8

338,9

345

398,3

6,2 0

32

2009

2010

MAI 2021

2011

2012

2013

2014

2015

2016

2017

2018

2019

2020

BGL BNP Paribas

811,4

Source

1.000


CECI EST UNE CAPSULE

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Conversation Béatrice Belorgey

Pensez-vous que la crise du Covid a changé le rôle des banques dans nos sociétés ? Le rôle de la banque, c’est de permettre à la fois aux entreprises de se développer et aux particuliers de concrétiser leurs envies et leurs besoins. La banque est d’abord un facilitateur. Après, c’est un facilitateur qui a aussi les moyens de suggérer certaines s­ olutions plutôt que d’autres. Et là, je reviens au rôle que peut avoir une banque pour une économie plus durable. Et quid de l’image des banques ? Désastreuse après 2008, et en première ligne aujourd’hui. Pensez-vous que l’on voit désormais les banques comme un partenaire des sociétés ? Ce que révèle cette crise, c’est le caractère essentiel et l’utilité des banques pour les clients et pour l’ensemble de la société. Les banques se sont beaucoup mobilisées pour accompagner les clients particuliers qui se retrouvaient sans web banking, et donc en grande difficulté au moment du premier confinement, car ils ne pouvaient pas se déplacer. Elles se sont mobilisées aussi pour les entreprises, en travaillant avec l’État luxembourgeois pour la mise en place de moratoires et de prêts garantis, et pour conseiller les clients face à ces instruments. Durant notre exercice 2020, nous avons accordé 5.322 moratoires sur les activités luxembourgeoises afin d’aider nos clients à faire face à des difficultés imminentes de trésorerie, et une centaine de prêts garantis par l’État. Les banques se sont donc b ­ eaucoup mobilisées. Nous verrons si cet engagement portera ses fruits dans les enquêtes d’opinion d’ici quelque temps. Ce serait bien que l’image du métier s’améliore. Mais je n’en suis pas certaine Les équipes ont été formidables durant la crise. Elles ont redoublé d’efforts et d’attention, et ont eu à cœur de mener des opérations solidaires pour venir en aide aux personnes qui étaient les plus démunies face à cette pandémie, et aussi aux personnels de santé. On se souvient que la crise est arrivée très vite et que, partout, les professionnels de santé manquaient de masques. Il se trouve que nous en avions. Partout dans le monde, le groupe a donné ces masques aux professionnels de santé. Au Luxembourg, ce sont 35.000 masques qui ont été cédés… Nous avons donné 100.000 euros à la Fondation Robert Schuman, à Caritas Luxembourg et à la fondation Stëmm vun der Strooss. Pendant tout l’été, nous avons prélevé un pourcentage des commissions des paiements par carte que faisaient nos clients pour à la fois faire à nouveau une donation à Caritas Luxembourg et accompagner des clients qui étaient confrontés à des difficultés pour se loger. Et on a fait la même opération à l’automne, en prélevant 34

MAI 2021

un pourcentage de nos commissions sur ­certains placements, au bénéfice de la fondation Stëmm vun der Strooss. La banque a accéléré ses projets autour du développement durable. Notre deuxième rapport RSE, publié en même temps que notre rapport annuel, recense toutes les initiatives prises dans le cadre des quatre critères que nous nous attachons à suivre dans des sujets économiques, sociaux, civiques ou environnementaux. Tout cela reflète ma forte conviction que notre croissance devra être durable, ou elle ne sera pas.

FAST & CURIOUS Thé ou café ? Café. Crémant ou champagne ? Champagne. Sur place ou à emporter ? Sur place. Télévision ou radio ? Radio. Presse papier ou internet ? Les deux. Netflix ou cinéma ? Mille fois le cinéma. Travailler tôt ou tard ? Plutôt tard. Pour ou contre les quotas de femmes aux postes de décision ? Contre. Épargner ou investir ? Sans hésiter, investir. Réunion en visioconférence ou, à l’ancienne, en présentiel ? Les deux. Retrouvez l’interview vidéo Fast & Curious de Béatrice Belorgey sur paperjam.lu.

Plus largement, quel sera, selon vous, l’impact du Covid sur notre société et nos modes de vie ? Et quelle leçon aimeriez-vous que l’on tire de cette crise ? Je crois que l’on s’est retrouvé du jour au lendemain dans une situation totalement inattendue, où il a fallu tout faire à distance. Je pense que les banques, la société, enfin, tout le monde s’est quand même adapté de manière assez remarquable à ce nouveau paradigme, et je pense que cela montre qu’il y a une capacité d’adaptation de la société plus forte que celle à laquelle on pouvait s’attendre. Dans cette crise, qui par ailleurs est à la fois très profonde et qui a généré beaucoup de malheur tout autour, il y a eu des côtés positifs. On s’est « débrouillé pour faire ». Au ­quotidien, nos équipes se sont vraiment débrouillées pour fonctionner, aider et accompagner. Je pense que la crise a aussi renforcé un certain besoin de solidarité. Ce que je considère comme très positif. J’espère que cela enclenchera une vraie prise de conscience sur le fait qu’il est temps de passer à un développement plus durable. Quels sont, selon vous, les trois moments-clés de votre vie ? Le premier serait mon entrée à Sciences Po, parce que cela a entraîné pas mal de choses ensuite. Et c’était aussi une grande satisfaction personnelle. Le deuxième moment-clé, c’est la rencontre avec mon mari, parce que cela aussi a induit pas mal de choses derrière. Le troisième moment, quant à lui, est lié à ma vie professionnelle : c’est lorsque j’ai pris la responsabilité de l’équipe Relations investis­ seurs de la banque. S’ensuivirent sept années de contacts quotidiens avec la direction générale de la banque – contacts particulièrement intenses durant la crise financière. On n’est plus pareil après.


Tackling bias in artificial Table ronde intelligence, and eventually Luxembourg Recovery in humans

Ann-Elise Delbecq AI Elite team EMEA (IBM)

TRANSLATION INTO ENGLISH PROVIDED

T HJUERS U DDAY I Artificial intelligence awakens great hopes, by allowing us to make decisions more quickly and objectively than human judgments alone. While it holds out the promise of competitiveness, it also has a dark side, that of undesirable biases. AI is dependent on the social and cultural context of its designers and the data that feeds them. During this Club Talk, Ann-Elise Delbecq, AI Elite team EMEA at IBM, will discuss the emergence of tools and methodologies to deal with these new algorithmic biases.

REGISTRATION REQUIRED ON PAPERJAM.CLUB

17 14 UV NIEE R JAJN

18H30 18:30


BRAND VOICE

Technologie

De rêveur à leader dans la technologie RH au Luxembourg Contenu sponsorisé par SKEELED

Pour une entreprise, recruter est un processus complexe et onéreux. Il doit donc être rapide et efficace. Du côté du candidat, postuler à une offre est une expérience qui peut s’avérer frustrante et décourageante. Comment résoudre cette double problématique sur un marché de l’emploi comme celui du Grand-Duché, où l’offre est parfois supérieure à la demande ? Des plateformes digitales dédiées aux RH permettent aujourd’hui d’y répondre. En phase de recrutement, comment les entreprises pourraient-elles trouver rapidement des candidats dont le profil répond à leurs attentes ? Comment, par ailleurs, offrir une meilleure expérience à ces candidats, pour qui le processus de recrutement peut s’avérer éprouvant, sinon frustrant ? C’est en réfléchissant à ces questions que le Luxembourgeois Mike Reiffers et le Bruxellois Nicolas Speeckaert ont commencé à concevoir une solution qui permettrait d’assurer une réelle transformation digitale du recrutement. « Ce secteur nous semblait pouvoir encore être amélioré », se souvient Nicolas Speeckaert, Founder & Managing Partner de skeeled. La technologie comme déclic Les deux jeunes entrepreneurs ne voient qu’une seule solution : le recours à des solutions technologiques de pointe. « Quand nous avons vu les nouveaux développements en 36

MOIS 2021

CHIFFRES-CLÉS

+ 15.000

candidats dont le recrutement a été géré par la plateforme skeeled par mois au Luxembourg.

+ 100

skeeled compte aujourd’hui près d’une centaine de clients au Luxembourg, proposant un millier d’offres d’emploi.

matière d’intelligence artificielle, nous nous sommes dit que le recrutement pourrait, lui aussi, être révolutionné en utilisant ces outils », précise Nicolas Speeckaert. Convaincus, les fondateurs de skeeled s’installent au Luxembourg. Le marché de l’emploi au Grand-Duché est en effet un excellent environnement pour mettre à l’épreuve une solution RH. Dynamique et international, il est aussi confronté à des problématiques auxquelles souhaite répondre le jeune tandem d’entrepreneurs. Dans certains secteurs d’activité

comme l’IT, l’offre d’emploi est par exemple supérieure à la demande. « Le Luxembourg est apparu comme une évidence, relève Mike Reiffers, Founder & Managing Partner. Notre tout premier client était une grande structure à qui nous avons dit que nous ne pourrions pas proposer directement une solution finie. Mais cette approche de co-création l’a séduite. De doux rêveurs, nous sommes petit à petit devenus les leaders du marché au Luxembourg. » Atteindre, évaluer et convaincre les talents Ce logiciel d’acquisition de talents se positionne comme un outil unique au Luxembourg permettant d’assurer tout le suivi du processus de recrutement, de la création de l’annonce jusqu’à l’embauche du candidat. En outre, le logiciel aide les entreprises à attirer des candidats en publiant des offres d’emploi sur une liste de plus de 2.000 sites et

skeeled vu par Cactus ROBERT FAYMONVILLE Directeur des Ressources Humaines Quand et pourquoi avez-vous décidé de recourir à la solution de skeeled ? Nous étions à la recherche d’un logiciel de recrutement qui soit à la fois moderne, convivial et qui réponde également aux contraintes RGPD. Avec skeeled, nous avons trouvé une solution idéale pour traiter plus efficacement les 15.000 candidatures que nous recevons chaque année. En quoi le recours à cette solution vous a-t-il permis de gagner en efficacité ? Il était important à nos yeux de pouvoir disposer, d’une part, d’une solution nous permettant de collaborer efficacement avec les différentes structures opérationnelles du groupe, et d’autre part, de permettre un traitement structuré et un suivi rapide des nombreuses candidatures reçues. La solution skeeled répondait parfaitement à ces critères avec, en plus, les avantages que représente une solution Cloud. Comment l’équipe de skeeled. advisory a t-elle pu adapter la stratégie RH de Cactus à l’outil skeeled ? Nous avons fait appel à l’équipe de skeeled.advisory afin d’améliorer nos méthodes de travail et de maîtriser toute la puissance de l’outil. L’équipe d’advisory nous a aidés à analyser et à optimiser nos processus de recrutement en adéquation avec le nouvel outil. Elle a également assuré la formation des utilisateurs skeeled de nos entités opérationnelles.

« L e recrutement est un processus qui peut être révolutionné en utilisant les bons outils digitaux. » Nicolas Speeckaert Founder & Managing Partner de skeeled.


skeeled vu par Foyer FLORENCE MARTIN Attachée à la direction des Ressources Humaines Pourquoi avez-vous décidé de recourir à la solution de skeeled ? Notre système interne avait atteint les limites de sa capacité, ne nous permettant plus de gérer de manière optimale les quelque 2.000 CV reçus en moyenne chaque année et qui continuaient de croître. Nous avions donc besoin d’un outil RH plus en phase avec les attentes de nos candidats, de notre département RH ainsi que de nos managers. En quoi le recours à cette solution vous a-t-il permis de gagner en efficacité ? Grâce à skeeled, nous pouvons, dès le lancement du recrutement, faire une recherche dans la base de données candidats disponible dans l’outil. Cela nous permet de proposer rapidement des CV aux managers en faisant une recherche basée sur quelques critères. Nous gagnons dès lors en proactivité.

Photo

Simon Verjus (Maison Moderne)

06_legende harum eos restrum quideli

«  Je suis fier de pouvoir dire aujourd’hui que skeeled est leader dans la HR Tech, ici, au Luxembourg, et que notre outil représente le premier choix des entreprises locales. » Mike Reiffers Founder & Managing Partner de skeeled

canaux d’emplois génériques et spécialisés. Grâce à une intégration unique avec l’ADEM, skeeled offre aussi aux entreprises luxembourgeoises la possibilité d’automatiser la communication obligatoire des postes vacants. La plus-value de la plateforme réside certainement dans l’utilisation des nouvelles technologies pour faciliter le recrutement, même à distance. « Nous mettons à la disposition de nos clients un outil de ‘screening & matching’, animé par l’IA, qui permet de repérer directement les candidats les plus à même de répondre efficacement à leurs besoins, détaille Nicolas Speeckaert. Sur skeeled, il est également possible d’organiser différentes évaluations pré-­emploi. Le candidat peut aussi enregistrer une vidéo dans laquelle il répond aux questions du recruteur. Il bénéficie donc d’une bien meilleure expérience tout au long de son processus de recrutement : il est contacté pour les bonnes raisons,

il dispose d’une offre précise et a la possibilité de rebondir sur les questions de son interlocuteur. De son côté, le recruteur dispose d’une série de fonctionnalités qui permettent de suivre au plus près l’ensemble des candidatures. Les fonctionnalités peuvent être mises en place de façon indépendante pour convenir tant à la PME qu’à la grande structure. » Protéger les données Mais skeeled va plus loin, en garantissant que les pratiques liées au recrutement sont en conformité avec le RGPD. « Certaines obligations sont mal connues des entreprises. Celles-ci sont par exemple censées détruire les CV après un certain temps, donner accès à certaines données ou les supprimer sur demande. Avec une solution digitale comme skeeled, ces différents aspects sont totalement sous contrôle », affirme Mike Reiffers. Fort d’une quarantaine de collaborateurs au Luxembourg et au Portugal, skeeled compte déjà

Quelles sont les fonctionnalités de skeeled qui sont, selon vous, les plus appréciables ? L’une des forces de skeeled est sa capacité à évoluer en tenant compte des demandes et besoins de ses clients, et en 3 ans, nous avons vu les fonctionnalités de la plateforme se multiplier.

des clients dans 20 pays et prévoit de renforcer sa présence sur des marchés-clés tels que le Benelux. La technologie qui anime skeeled est, quant à elle, en perpétuelle évolution. Dernièrement, un nouveau module analytique a été mis en place pour permettre de repérer facilement les éléments du processus de recrutement susceptibles d’améliorations ainsi qu’un nouveau département “skeeled.advisory’’ a récemment été mis en place pour aider les sociétés à réussir la transformation digitale de leurs processus de recrutement.

n plus vrez-e led sur Décou k l s ee logicie sur le m

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MOIS 2021

37


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Banques

Cryptomonnaies : investissement du futur Contenu sponsorisé par SWISSQUOTE

Les cryptomonnaies, à commencer par le Bitcoin, séduisent les particuliers, mais aussi de plus en plus les investisseurs institutionnels. Une tendance amenée à se confirmer. 2020 a été une année de défis pour les investissements. Quel regard portez-vous sur cette année ? DAVE SPARVELL  L’année 2020, qui avait débuté sur des niveaux record, a rapidement connu en mars, lorsque l’état de pandémie mondiale fut déclaré, des mouvements d’une ampleur inédite. Elle s’est conclue sur une hausse de 16 % pour le S&P 500 et même de 43 % pour le Nasdaq, riche en valeurs technologiques qui ont dans l’ensemble moins souffert de la crise du Covid-19. Donc 2020 a été une très bonne année pour les investisseurs, qui ont su garder leur sangfroid. Nous avons surtout observé l’arrivée d’une nouvelle génération d’investisseurs, après plusieurs années d’apathie à l’égard de l’investissement actif en actions. Les cryptomonnaies ont aussi bénéficié de cet engouement pour l’investissement actif. En quoi est-il intéressant pour les investisseurs de se diversifier en se tournant vers les cryptomonnaies ? Nous sommes dans un environnement de taux d’intérêt historiquement bas. Les investisseurs sont donc 38

MAI 2021

à la recherche d’alternatives aux comptes d’épargne et aux placements obligataires. C’est ce qui a notamment provoqué un tel afflux de capitaux vers des actifs souvent considérés comme des valeurs décorrélées des fluctuations des marchés boursiers et dont l’offre paraît limitée, comme l’immobilier, l’art, les objets de collection ou même les cryptomonnaies. L’or a longtemps joué ce rôle de valeur refuge, mais ne rencontre – pour le moment en tout cas – que peu d’intérêt de la part des investisseurs particuliers. Il y a, à l’inverse, un fort engouement pour les cryptomonnaies. Si celles-ci ne représentent pour l’instant qu’environ 1 % des avoirs liquides de nos clients, les tendances actuelles suggèrent que cette proportion va continuer de croître. Pour quelles raisons cette classe d’actifs est-elle aujourd’hui considérée comme prometteuse ? Plusieurs grandes banques d’investissement se sont récemment prononcées en faveur d’une allocation de portefeuille modeste au bénéfice du Bitcoin comme moyen de diversification. Par ailleurs, nous constatons que certaines multinationales ont choisi d’adopter les cryptomonnaies (PayPal, Tesla, Visa…), et certaines ont même commencé à placer une partie de leur

Dave Sparvell, CEO de Swissquote Bank Europe

trésorerie en Bitcoins. À l’heure actuelle, la majorité des gestionnaires d’actifs n’ont pas la possibilité d’ajouter des cryptomonnaies dans leurs fonds d’investissement destinés au grand public. Cela crée une situation assez unique dans laquelle les investisseurs individuels peuvent devancer les institutions en achetant ces cryptomonnaies avant celles-ci.

À quel profil d’investisseurs ces monnaies virtuelles s’adressent-elles en priorité ? Nous voyons, d’une part, des traders actifs qui négocieront de manière quotidienne ou hebdomadaire et, d’autre part, des investisseurs qui gèrent leur portefeuille moins fréquemment. Ces derniers ont tendance à allouer une petite partie de leur portefeuille en cryptomonnaies, principalement en Bitcoins


QUI EST SWISSQUOTE ?

Swissquote Bank Europe (anciennement Internaxx Bank) est la première banque en ligne luxembourgeoise pour investisseurs et traders. Elle fêtera cette année son vingtième anniversaire.

Le siège mondial du groupe Swissquote à Gland, Suisse

Elle est titulaire d’une licence bancaire délivrée par la Commission de Surveillance du Secteur Financier (CSSF) sous l’autorité de la Banque centrale européenne (BCE).

100 %

Photos

Simon Verjus (Maison Moderne)

Jeremy Lauret, Head of Sales & Marketing chez Swissquote Bank Europe

et en Ether. Les marchés de la cryptomonnaie ne dorment jamais, ce qui représente un atout majeur pour les traders. Ceux-ci peuvent gérer leurs investissements en dehors de leur journée de travail et continuer de négocier, par exemple, chaque week-end, chaque soir ou bien en réponse immédiate à des événements macro-économiques exceptionnels.

LES CRYPTOMONNAIES EN QUELQUES CHIFFRES

Dans quel cas de figure ces cryptomonnaies, comme le Bitcoin, vontelles se montrer les plus intéressantes ? Les cryptomonnaies sont par nature très spéculatives, car il existe encore beaucoup d’incertitudes concernant leur adoption, non seulement par les particuliers, mais aussi par les institutions, les autorités de régulation et les gouvernements. Le rythme / l’absence d’adoption par ces participants va donc être un facteur déterminant dans le succès des cryptomonnaies.

Le montant minimum que les clients peuvent investir en une seule transaction est de 25 € (maximum 500.000 €).

12

Le compte d’investissement de Swissquote permet de posséder et trader 12 cryptomonnaies dans un portefeuille.

24

Le négoce de ces actifs numériques est ouvert en permanence, vous pouvez trader des cryptomonnaies 24 h / 24 et 7 j / 7.

25

Certains protocoles d’échanges décentralisés proposant des contrats intelligents, comme l’Ethereum, ont aussi le potentiel d’exécuter des transactions financières complexes tout en réduisant leurs coûts. Cela pourrait bouleverser la façon dont nous gérons et consommons les services financiers à l’avenir. Nous pensons que d’ici la fin de l’année, un règlement sera sur la table pour accroître

Swissquote Bank Europe est détenue à 100 % par Swissquote Group Holding SA. Qui détient également Swissquote Bank SA, la première banque en ligne suisse.

la protection des consommateurs et investisseurs, et réguler les actifs. Dans ce contexte, quelle est l’offre proposée par Swissquote Bank Europe ? Notre but est d’offrir à nos clients la gamme de produits d’investissement la plus large possible réunie au sein d’une unique plateforme de gestion et dans le cadre protecteur d’une banque réglementée. C’est dans cette optique que nous sommes devenus la première banque en ligne dans l’UE à proposer un compte d’investissement avec une fonctionnalité intégrée d’échange de cryptomonnaies. Cela permet à nos clients de faire leurs premiers pas dans un environnement sûr et familier. Et comme le règlement est instantané, ils peuvent aisément vendre leurs cryptomonnaies pour les convertir en euros ou dollars, et réinvestir ces fonds immédiatement dans les actions, ETF ou fonds d’investissement de leur choix.

En ajoutant la cryptomonnaie à sa plateforme en ligne et ses applications mobiles, elle devient la principale banque en ligne multi-actifs au Luxembourg.

Outre son compte d’investis­sement multidevises, elle propose des crédits Lombard pour le trading sur marge, eForex, CFD et Smart Portfolios (solutions d’investissement automatisées dans des ETF à faible coût).

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Norbert Eilenbecker (à droite) avec son associé André Steinmetz (à gauche) ont créé la société Cannad’Our il y a 25 ans.


Conversation Norbert Eilenbecker

« Nous cherchons à nous positionner dans la course au cannabis » Pionnier de la culture du chanvre au Luxembourg, Norbert Eilenbecker s’impatiente de voir le cannabis récréatif être légalisé. Le gouvernement Bettel l’a promis d’ici à la fin de sa législature, en 2023. Mais entre-temps, le Covid-19 est passé par là. Interview CATHERINE KURZAWA

Vous êtes un ancien producteur de lait qui a décidé de se reconvertir dans le chanvre. Quand et pourquoi est-ce arrivé ? Les vaches et le lait, je ne suis pas marié avec. Un jour, je me suis demandé comment j’allais finir ma vie. J’ai demandé à mes cinq neveux et nièces si l’un d’entre eux voulait produire du lait. Personne ne voulait le faire. Alors, j’ai décidé d’arrêter, car le fait d’avoir des vaches implique de travailler 7 jours sur 7, et au-delà de 60 ans, cela devient très difficile. J’avais encore 60 vaches laitières. Mais pour produire du lait et de la viande de manière rentable, il faut entre 200 et 400 vaches. Je ne voulais pas faire une usine. Donc, vous avez décidé de vous tourner vers le chanvre… J’ai décidé de m’occuper des plantes, et surtout du chanvre. Cela fait 25 ans que je cultive le chanvre à travers la société Cannad’Our. Pour moi, c’est une plante exceptionnelle, avec tous les usages que l’on peut en faire, notamment du thé ou de l’huile à partir des fleurs – une huile très saine, car riche en acides gras essentiels oméga-3 et oméga-6. C’est aussi une plante un peu mystérieuse. Peu connue du grand public, on l’assimile vite au cannabis. Qu’a-t-elle de si particulier ? Chanvre et cannabis sont des synonymes pour des variétés appartenant à la même espèce végétale, le Cannabis Sativa. Seulement, par sélection, différentes variétés ont été créées ; certaines ont surtout un usage industriel (fibres, textiles, cordages, papier, isolant, etc.), alors que d’autres ont surtout un usage récréatif (marijuana, haschich). Le chanvre industriel est en principe relativement riche en cannabidiol (CBD) et pauvre en tétrahydrocanna-

Photo ANDRÉS LEJONA

binol (THC), qui est un composé psychotrope. Par « cannabis », par contre, on entend surtout les variétés riches en THC et contenant relativement peu de CBD. Le chanvre est aussi une plante très intéressante pour l’environnement, bonne pour le sol et pour le climat. Un hectare de chanvre fixe 5 à 6 fois plus de CO2 qu’un hectare de forêt sur une année !

Nous faisons les semis entre fin avril et début mai. La germination est relativement lente, mais une fois que les plantes atteignent 30 à 40 cm, leur croissance est vraiment lancée. Avec des températures optimales en juillet, elles poussent d’environ 10 cm par jour. C’est fantastique à voir. Nous récoltons les graines en septembre.

Quel usage faites-vous des fleurs et des graines ? Parlez-nous de vos plantes... Je cultive exclusivement du chanvre industriel, Avec les fleurs, nous produisons une tisane le seul que nous ayons l’autorisation de planter. composée à 100 % de fleurs de chanvre, ainsi Les plantes ne sont traitées ni par des pesticides que trois tisanes « mélanges », avec à chaque fois ni par des herbicides. Les fleurs de ce chanvre 70 % de fleurs de chanvre – plus 30 % de fenouil industriel sont récoltées à la main et immédia- pour la première, 30 % de verveine pour la deutement mises à sécher. Si on attend plus d’une xième, et, enfin, un mix de 23 % d’orties et 7 % heure, elles deviennent inutilisables. de gingembre pour la dernière. Avec les fleurs, nous produisons aussi des huiles CBD. Concrètement, comment se passe la culture du chanvre ? Quelles sont les indications de l’usage du CBD sur les gens ? Le CBD est décrit comme étant relaxant, il agit contre les inflammations, contre les douBIO EXPRESS leurs, contre les spasmes. C’est aussi un bon complément en cas de chimiothérapie, car il Des vaches au chanvre Âgé de 70 ans, Norbert Eilenbecker en réduit les effets secondaires. a d’abord été éleveur de vaches laitières. Mais, voici 25 ans, le Luxembourgeois établi à Kalborn, près de Clervaux, a décidé de se consacrer à la culture du chanvre industriel. Avec son associé André Steinmetz, il a fondé la société Cannad’Our. Elle exploite 15 hectares de terres et peut produire, si la météo est clémente, entre 1 et 1,4 tonne de fleurs de chanvre par an. Jamais seul À côté de son exploitation agricole, le Luxembourgeois préside l’asbl BEO Ourdaller, une association née de l’initiative des agriculteurs pour l’Oesling et le Parc naturel de l’Our. Elle regroupe sept cultivateurs et quelque 125 hectares de cultures variées.

Le CBD est aussi préconisé chez les animaux. Dans quel but ? Surtout contre l’arthrose et les tumeurs chez les chiens et les chats, mais aussi chez les chevaux. Les doses administrées sont tout simplement plus élevées chez les chevaux. Une clinique vétérinaire dans le pays utilise nos produits. Et avec les graines, qu’est-ce que vous faites ? On les récolte et on les sèche immédiatement. On peut ainsi les stocker sans problème. En fonction de la demande, on fait de l’huile par MAI 2021

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Conversation Norbert Eilenbecker

pression à froid, des graines décortiquées (qui se mangent, ndlr), ainsi que de la farine. Dans quel périmètre écoulez-vous votre production? L’huile CBD est vendue au Luxembourg et dans les pays limitrophes, ainsi qu’en Suisse, en Pologne et en Slovénie. Les exportations représentent actuellement 30 % de notre activité. Beaucoup de boutiques de CBD ont fleuri ces dernières années au Luxembourg. Est-ce qu’elles vendent vos produits, ou pas spécialement ? Pas vraiment. Elles préfèrent vendre des produits qui viennent de l’étranger. Vous le regrettez ? Oui. Si on produit dans le pays, on veut aussi vendre dans le pays. Mais je peux aussi comprendre qu’on ne veuille pas acheter notre produit si on peut s’en procurer auprès de grands producteurs à l’étranger qui vendent les huiles moins cher, car le plus souvent obtenues par extraction au CO2 hypercritique. Qu’est-ce qui fait la force du Luxembourg pour la culture du chanvre ? Je suis le premier, et pour ainsi dire le seul, au Grand-Duché et dans la Grande Région, à cultiver le chanvre [sourire]. Quinze années de culture m’ont donné une grande expérience dans différentes applications. Le Luxembourg est bien placé, au centre de l’Europe, entre la France, la Belgique et l’Allemagne. Qu’est-ce qui différencie le CBD luxembourgeois de ses concurrents étrangers ? Nous faisons une extraction à l’alcool, alors que la plupart des huiles sur le marché sont produites par extraction au CO2 hypercritique. Il y a donc une différence dans la composition de l’huile, dans son goût et dans sa couleur. Notre huile contient de la chlorophylle et est, par conséquent, verte, alors que les huiles extraites par CO2 hypercritique ont une couleur ambre. Chacun de nos lots d’extraits est analysé au Laboratoire de l’État, à Dudelange, pour connaître la concentration en CBD et en THC. À quelles obligations êtes-vous soumis ? Pour la culture du chanvre industriel, les normes européennes prévoient une limite autorisée de 0,3 % de THC dans les parties aériennes des plantes séchées. La variété que nous utilisons affiche un taux de THC d’environ 0,06 % et de CBD de 2 %. Vous vous situez parfois à la frontière de la légalité avec vos produits. Comment l’expliquer ? La majorité de nos produits de chanvre ont un taux de THC suffisamment bas pour être légaux. Quelques produits, cependant, ont un taux légè42

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UN LONG PARCOURS VERS LA LÉGALISATION 2001 Le Luxembourg dépénalise la consommation et la possession de cannabis à des fins personnelles. Elles sont, depuis lors, passibles d’une amende. 2018 L’accès au cannabis à des fins médicales est autorisé au Luxembourg pour les patients souffrant de douleurs chroniques, de nausées ou vomissements causés par la chimio­ thérapie, ou encore ceux atteints de spasmes musculaires liés à la sclérose en plaques. 2019 Début de la phase pilote de délivrance du cannabis médicinal prévue pour deux ans. Le ministre de la Santé Étienne Schneider (LSAP) et le ministre de la Justice Félix Braz (déi Gréng) effectuent un voyage d’études au Canada dans le cadre de la légalisation du cannabis récréatif et précisent que sa vente sera réservée aux seuls résidents majeurs. 2021 Fin théorique de la phase pilote de délivrance du cannabis médicinal. Le ministère de la Santé confirme qu’une évaluation de la situation observée entre février 2019 et février 2021 est en cours mais, dans le même temps, cette première phase est prolongée « afin de poursuivre l’évaluation et l’adaptation continue du programme ». 2023 Fin de la législature actuelle. Si la légalisation du cannabis récréatif figure au programme de la coalition, le ministre de la Santé indique que « le gouvernement ne s’est pas donné de délai précis pour l’entrée en vigueur du projet lié à l’élaboration des objectifs définis par le programme gouvernemental. La priorité est plutôt que le gouvernement se donne le temps nécessaire pour mener à bien cette entreprise de manière sereine et efficace. »

l’heure, la question n’est toujours pas tranchée dans son intégralité. Depuis 2018, au Luxembourg, le cannabis médical est autorisé. Mais le pays se fournit au Canada. Comment percevez-vous le fait que l’État aille chercher si loin son cannabis ? Je ne suis pas content. Le ministère de la Santé sait qu’on produit le CBD également ici, au Lux­embourg, avec un peu de THC. Nous avons toujours cherché le contact avec le ministère, et nous sommes déçus de n’avoir jamais été contactés, ne serait-ce que pour savoir si nous avions la possibilité de faire du cannabis médical. C’est désolant. En quoi le cannabis médical est-il différent du CBD que vous produisez ? Avec un rapport CBD/THC d’environ 30/1, notre huile CBD contient très peu de THC, nettement moins que le cannabis médical Sativex, dans lequel le rapport CBD/THC est d’environ 1/1. En général, le cannabis médical contient plus de THC que de CBD. Le cannabis médical est très souvent administré sous forme de fleurs séchées qui sont soit fumées directement, soit passées dans un vaporisateur spécial pour cannabis. Notre CBD est disponible sous forme d’extraits huileux, donc liquide et facile à doser.

Qu’est-ce qui vous distingue dès lors des fournisseurs de cannabis médical ? Comme je l’expliquais, nous produisons de l’huile CBD à très faible teneur en THC. Nous sommes aussi une petite entreprise, mais qui peut revendiquer une grande expérience pratique. Notre publicité se limite au bouche-àoreille. Nous sommes contactés directement par les personnes intéressées. Nous sommes rement supérieur. Ce qui est important, en prin- disponibles en permanence pour des conseils cipe, c’est le rapport CBD/THC qui, dans notre ou pour répondre aux questions. Nous avons cas, est d’environ 30/1. Pour le reste, on peut appris beaucoup sur les effets de l’huile sur jouer sur la dilution. Le chanvre est un produit différents problèmes de santé, sur les doses naturel : la teneur en CBD et en THC change « optimales », sur la durée des effets, grâce aux avec les conditions climatologiques telles que nombreux feed-back que nous avons reçus. la température et l’ensoleillement. C’est pour Nos livraisons sont très rapides. Nous veilcela que nous faisons réaliser des analyses sur lons à ne jamais être en rupture de stock. chacun des lots. Le ministère de la Santé sait ce Mais avez-vous, actuellement, la possibique l’on fait, nous n’avons jamais rien caché. lité de produire du cannabis médical ? Pour le moment, non. Mais nous faisons le Vous travaillez dans un environnement truffé de contraintes. Auriez-vous nécessaire pour remplir les conditions requises, un souhait à émettre au gouvernement ? surtout en matière de locaux et d’infrastrucMon souhait est que le gouvernement auto- tures afin de répondre aux normes GMP (Good rise légalement le THC à une concentration Manufacturing Practice, ndlr) imposées pour jusqu’à 1 % dans nos huiles CBD. la production de cannabis médical. ... un taux qui vous permettrait de vendre davantage de produits ? Effectivement, nous pourrions vendre davantage de produits en collant à la réalité de la demande sur le marché. Cela fait 10 ans que je produis de l’huile CBD, et les discussions entourant sa légalisation n’en finissent pas. Pour

Quel investissement cela représente-t-il ? Je n’ai pas encore de chiffres précis. Mais, il y a quelques semaines, une équipe d’architectes a fait le tour du site pour réaliser des estimations. Développer le cannabis médical est, en tout cas, notre prochain objectif pour étendre nos activités.


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Conversation Norbert Eilenbecker

« Le développement du cannabis médical est notre prochain objectif. » Combien de temps cela nécessite-t-il ? À mon avis, il faut compter environ 6 mois.

déjà. Nous étions les premiers en Europe à en faire. Nous n’avons pas reçu le moindre encouragement pour nous lancer dans cette voie, excepté de la part du ministère de l’Agriculture. Nous avions contacté Luxinnovation, nous voulions faire un projet de recherche avec l’Université, le ministère de la Santé et le ministère de l’Économie, mais nous n’avons pas été entendus. C’est dommage.

Vous avez déjà des idées de pays ou d’institutions à qui vendre ce cannabis médical ? Nous ne pouvons pas produire de cannabis médical pour tout le monde car nous sommes un petit producteur, donc en rien comparable aux grands producteurs aux États-Unis ou au Canada. Mais pour le marché luxembourgeois, nous voulons faire des produits de haute qua- Et si demain le THC est légalisé ? lité. La production locale garantirait une dis- Il faut voir. Il faudra des licences de l’État ponibilité en continu, sans interruption. Une pour réglementer le marché. À l’annonce de fois toutes les conditions remplies, nous avons la légalisation prévue du cannabis, Européens, l’intention de soumettre une offre dans le cadre Américains et autres venaient s’informer en des marchés publics sur le cannabis médical. envisageant de cultiver du cannabis au Luxembourg. Si cela arrive, les producteurs luxemLe gouvernement a promis de légaliser bourgeois peuvent arrêter. Il faudra des licences le cannabis récréatif d’ici à 2023. Le dossier afin de protéger la production luxembourn’a pas avancé. Quelle est votre impression ? geoise et maximiser les chances de réussite. C’est une bonne question. On en a parlé il y a des années, notamment avec Cannamedica Vous seriez prêt à cultiver du cannabis qui demandait plus d’informations sur la voie récréatif ? que le ministère allait prendre. L’annonce de Oui, pourquoi pas. la légalisation a fait beaucoup de bruit, mais peu de gens savent comment la mettre en Mais, par rapport à ce projet aussi, pratique. J’espère que ça va venir, mais il faut vous auriez un problème d’infrastructures ? des licences et un contrôle adéquat. Pour l’instant, nous disposons d’infrastructures pour produire des huiles à faible teneur en Pensez-vous que la légalisation se fera THC car nous pouvons faire les cultures à l’exou qu’il est déjà trop tard ? térieur. S’il s’agit de cultiver des plantes avec Je pense que le mieux à faire est de bien se pré- plus de THC, il faudra d’autres infrastructures, parer pour que le déploiement se passe sans notamment des serres spéciales sécurisées. encombre. De mon point de vue, tout a été mis sous cocon, mais avec le CBD, il n’y a pas eu de De quels moyens financiers base vraiment légale pendant plusieurs années. auriez-vous besoin ? Et le ministère de la Santé a longtemps toléré Cela dépend de la taille d’infrastructure que cette situation. Nous espérons que la législation l’on vise. Je dirais que ça peut aller de 200.000 du cannabis récréatif se fera. à 2 millions d’euros... c’est la fourchette. Mais Vous semblez douter du cadre juridique actuel… Pour le moment, il existe toujours un risque à produire du CBD... En tant qu’entrepreneur, si vous voulez investir dans un secteur, vous devez bénéficier d’un peu de sécurité. Si vous ne disposez pas de cette sécurité, mieux vaut ne pas le faire. C’est un peu le problème, actuellement. Vous pensez que le Luxembourg a pris du retard ? Oui. On a déjà perdu beaucoup de temps, car nous faisons du CBD depuis presque 10 ans 44

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558 C’est le nombre de patients ayant reçu au moins une ordonnance pour du cannabis médicinal en 2020 au Luxembourg, indique le ministère de la Santé. Cela représente un bond de 34 % par rapport à 2019, où ils étaient 415 à avoir reçu cette prescription.

je crains que le risque ne soit plus grand que le bénéfice. J’ai entendu dire que des gens essaient de vous voler du chanvre. Est-ce exact ? Il y en a qui essaient et qui emmènent quelques plantes pour les vendre [rires]. Mais leurs « clients » se rendent vite compte que le produit ne correspond pas à ce qu’ils recherchent [sourire]. Redoutez-vous une forte concurrence le jour où le cannabis récréatif sera légalisé au Luxembourg ? Je cultive le chanvre depuis 25 ans. Les 12 premières années, j’ai travaillé sans faire de bénéfice. Mais j’ai été guidé par mon enthousiasme pour la plante. Quand il y a de l’argent à gagner, il faut toujours s’attendre à une concurrence. Mais le marché du chanvre est, en réalité, un marché difficile. Vous n’avez pas gagné d’argent pendant les 12 premières années ? Effectivement. Au début, nous avons seulement fait de l’huile « pression à froid » à partir de graines de chanvre. Depuis, nous avons développé quatre sortes d’huiles, celle de chanvre était plus chère, mais les gens n’osaient pas trop l’acheter par peur d’être drogués. En octobre 2019, la CLC a organisé une table ronde sur le potentiel de la légalisation du cannabis pour le commerce au Luxembourg. Avez-vous des ambitions ou objectifs pour vous positionner dans la course au cannabis ? Bien sûr que nous cherchons à nous positionner dans la course au cannabis. Cette table ronde a été organisée dans nos locaux à ­Kalborn. C’était une chouette soirée. Nous avons toutefois été déçus de n’y voir personne du ministère de la Santé. Pour le côté anecdotique, au départ, les organisateurs de la CLC nous avaient demandé de nous occuper seulement du catering. Eux devaient s’occuper du reste. Mais pour le financement de l’ensemble, ils nous ont finalement demandé de trouver un sponsor. Malheureusement, aucun organisme n’a souhaité soutenir financièrement un événement associé au chanvre. C’est finalement Cannad’Our qui a tout payé. Outre le cannabis médical, vous avez d’autres projets concrets ? Nous ne nous intéressons pas seulement au chanvre. Mais, en ce qui concerne le chanvre, nous y travaillons depuis longtemps et nous réfléchissons à un partenariat local pour développer – entre autres – une gamme de crèmes avec du CBD. Les produits à base de chanvre ont déjà fait leurs preuves en dermatologie.


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Conversation

« Amorcer une évolution dans la conception de nos habitats »

Sara Noel Costa de Araujo, commissaire déléguée de Homes for Luxembourg.

Sara Noel Costa de Araujo (Studio SNCDA), curatrice déléguée de l’exposition Homes for Luxembourg, curatée et organisée par le LUCA à la Biennale d’architecture de Venise, nous présente son approche. Interview CÉLINE COUBRAY

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Photo ANDRÉS LEJONA


Sara Noel Costa de Araujo

BIO EXPRESS

Tous les deux ans, le Luxembourg est présent à la Biennale d’architecture de Venise à travers une exposition, qui se tient désormais dans la Salle d’Armes de l’Arsenal. Commissionné par le ministère de la Culture, le Luxembourg Center for Architecture (LUCA) est désigné pour assurer l’organisation et le commissariat de l’exposition dans le pavillon. Pour cette 17e édition de la Biennale d’architecture, qui aurait dû se dérouler en 2020, mais qui a été reportée à deux reprises pour raisons sanitaires, le LUCA a confié le rôle de curatrice déléguée à l’architecte Sara Noel Costa de Ajauro (Studio SNCDA) .

Début de carrière À travaillé pour Coop Himmelb(l)au à Vienne en 2000, Zaha Hadid Architects à Londres en 2001 et Xaveer de Geyter Architects à Bruxelles entre 2002 et 2015. Indépendance Elle fonde Studio SNCDA en 2014 à Senningerberg et ouvre un second bureau à Bruxelles en 2015. Recherche Son travail de recherche l’amène à présenter Gesamtcollage, une réflexion autour d’un système autonome et durable de la ville à la Biennale d’architecture de Venise, à la Triennale d’architecture de Lisbonne, au LUCA, au Frac Centre et à Établissement d’en face.

Quand on dit habitat modulaire, on pense souvent aux logements conçus dans des containers, utilisés après une crise ou une guerre, qui ne proposent une qualité architecturale que très médiocre. J’imagine que ce n’est pas tout à fait cela que vous proposez... Non, effectivement. Ce sont des habitats modulaires et préfabriqués, mais avec une haute qualité architecturale et énergétique, réalisés à partir de matériaux durables, recyclables, réutilisables. Nous ne sommes en effet pas les premiers à développer des visions, des estimations et des modèles d’unités d’habitation mobiles. Ce que nous avons trouvé intéressant, en parallèle du développement d’unités d’habitation nomades, c’est la conception d’un habitat temporaire non pas en raison de la guerre, de la pauvreté ou d’autres catastrophes, ni en raison du mode de vie, mais pour des raisons financières. Parce qu’ils sont fabriqués en série et pour une certaine quantité, leur coût de production devient abordable.

Le commissaire général de la 17e Biennale d’architecture, Hashim Sarkis, a énoncé comme thématique « How will we live together ? ». Comment vous à la Biennale de Venise relève de la même êtes-vous approprié cette question approche et est combinée avec le sujet si forpour l’exposition présentée dans tement d’actualité qu’est l’habitat abordable. le pavillon luxembourgeois ? Avec Andrea Rumpf, directrice du LUCA, nous avons proposé une exposition pour le Du paysage à l’habitat abordable, pavillon luxembourgeois qui formerait la der- quel est le lien ? nière partie du triptyque commencé par l’ex- Il s’agit en effet de lancer le débat autour de Est-ce aussi une possibilité d’habiter position Futura Bold? Post-City: Considering l’habitat modulaire et abordable au Luxem- « à la carte »? the Luxembourg case, de Philippe Nathan, bourg, à travers un habitat non invasif, s’opé- Parfaitement. L’avantage de ce type d’habitat, Yi-Der Chou et Radim Louda en 2012, suivie rant sur des terrains loués qui sont restitués c’est que la maison réagit aux conditions de de The Architecture of Common Ground, en à la fin d’un bail. C’est une occupation tem- vie, et non l’inverse. Actuellement, les jeunes collaboration avec le master en architecture poraire d’un site, le temporaire pouvant quand qui sortent de leurs études ont cette habitude de l’Université du Luxembourg en 2018, et même être à longue échéance – de 5, 10 ou de consommation. Pourtant, notre habitat ne pour laquelle nous avions déjà exposé le pro- 15 ans en fonction de la durée du bail conclu s’adapte pas du tout à ces nouveaux comporjet Gesamtcollage. Pour ce dernier volet pré- avec le propriétaire foncier. C’est donc une tements. Le gouvernement luxembourgeois senté en 2021, nous avons souhaité poursuivre proposition qui permet de lever le poids du essaie de développer une offre de logements la recherche menée autour de la question du coût du foncier, puisque le terrain n’est pas abordables, mais celle-ci répond toujours à sol au Luxembourg, mais en nous intéressant acheté, mais loué. la même logique. L’habitat modulaire est une à la dimension humaine de ce sujet, et plus proposition de niche, qui se présente comme particulièrement à la question de l’habitat sur C’est par conséquent un autre une alternative supplémentaire et qui n’exce territoire. Ce qui pouvait sembler être, à rapport au site, au sol, que vous clut pas la densité. Avec ce système, il est pospremière vue, une question très générale a introduisez par ce biais. sible de construire des maisons individuelles, pris une tout autre dimension et signification Absolument, je pourrais même dire que dans des maisons en bande, des logements étuaprès les confinements que nous avons connus son rapport au site, la proposition est assez diants, du coliving... Cette approche peut aussi radicale : pas de jardin privé, pas de clôtures, être une solution pour densifier de grands et que nous vivons actuellement. pas de places de parking individuelles... En terrains partiellement occupés, comme une Comment êtes-vous parvenue à faire d’autres termes, moins privé, plus collectif. Cela maison avec un grand jardin, ou des espaces résonner ce sujet avec votre propre travail suggère que nous devons penser différemment laissés vacants entre deux constructions. Il de recherche et pratique architecturale ? et apprendre à vivre ensemble. Ensuite, cela ne s’agit pas nécessairement de grands vilDepuis plusieurs années, avec Studio SNCDA nous donne vraiment l’occasion de réfléchir à lages ou de grands ensembles de construcque j’ai fondé et que je dirige, nous abordons comment mieux utiliser nos espaces urbains. tions modulaires. Ce système peut aussi le paysage en modifiant le moins possible Ce que nous avons vu se produire au cours de fonctionner simplement comme un ajout. l’existant, embrassant à la fois la question du cette période remet radicalement en question paysage et de la ville. C’est une approche que la relation traditionnelle entre l’architecture et Avez-vous déjà des contacts avec nous avions développée pour un projet de le sol, la ville et la campagne, l’intérieur et l’ex- des propriétaires qui pourraient être jardin accolé à la Möllerei, à Belval, dans le térieur. Une situation aussi originale exacerbe prêts à accueillir ce type de logement cadre d’Esch2022, mais qui n’a finalement les enjeux de notre société et ceux spécifique- sur leur site ? pas eu de suite. Notre proposition était de ment liés au Luxembourg. Elle nous demande Nous sommes effectivement en contact avec créer un nouvel espace extérieur dialoguant de réfléchir à notre relation aux autres et au certaines personnes. Il s’est avéré, après disavec la végétation existante, en n’y apportant monde dans lequel nous vivons : comment cussion avec différents acteurs, qu’il n’y a pas que des structures ou du mobilier temporai- allons-nous vivre ensemble ? Nous pensons d’obstacle légal, mais plutôt des freins liés à rement ajoutés, pouvant être retirés pour que le cadre de la Biennale de Venise pourrait la mentalité. La Biennale sera l’occasion de retrouver l’état sauvage du site. C’est en fait être le bon endroit pour lancer un changement présenter des études de cas concrets d’urbaun projet qui mélange architecture, ­scénographie de mentalité et amorcer une évolution dans la nisation à l’aide de cette approche modulaire. et tiers paysage. L’idée que nous défendons conception de nos habitats. C’est aussi l’occasion d’interroger la ­possibilité MAI 2021

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Conversation Sara Noel Costa de Araujo

« Il s’agit en effet de lancer le débat autour de l’habitat modulaire et abordable au Luxembourg. » de faire de l’urbanisme avec de la végétation plutôt qu’avec du minéral. Mais avant tout, cette approche modulaire permet de rendre abordable le logement, car on se détache du coût d’achat du foncier. Qu’espérez-vous de cette proposition? Notre attitude de départ, pour le projet, est de transformer les vides urbains en de nouveaux lieux communs, et de produire de nouveaux modes de vie réversibles et abordables. À travers ce projet, nous voulons mettre en évidence des modes alternatifs de gestion des ressources et de la propriété, en opposition directe avec la privatisation ou la nationalisation. La « production » des nouveaux espaces communs présente spatialement une nouvelle notion de partage, de négociation et d’usage. Ces nouveaux espaces, définis par leur utilisation et non par leur propriété, sont des espaces régis par des programmes changeants et des usages ouverts, par une nouvelle forme de convivialité. Pourquoi développer cette question à Venise ? L’objectif de cette exposition à la Biennale est de mettre le sujet sur la table et d’ouvrir le débat. La Biennale de Venise est un moment fort dans l’actualité architecturale internationale. Cet événement polarise les attentions. C’est donc une merveilleuse occasion pour présenter nos recherches, lancer des idées, essayer de trouver des solutions, en discuter, en débattre. Montrer qu’il y a d’autres formes d’habitats possibles. En nous interrogeant sur le fonctionnement d’un pavillon national pendant la pandémie, nous retrouvons un thème central pour le Luxembourg, précédemment proposé par le LUCA, et l’inscrivons dans un thème universel, mais spécifique : le sol. Dans le cadre du lancement par le LUCA de la nouvelle problématique curatoriale élargie et de la scénographie que nous allons proposer, le prétexte du thème choisi nous donne des clés centrales pour aborder ce sujet et donner des réponses. La résidence peut commencer, donner vie à une scénographie et être un élément central de l’exposition, en dialogue constant avec une publication et 48

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­ ollaborative, de remettre en question nos c habitudes, d’interroger nos automatismes, d’apporter un autre point de vue, une autre approche, une réflexion complémentaire. Pour le projet de la Biennale, je me suis entourée de deux architectes qui sont aussi actifs dans d’autres domaines comme le textile et la recherche, et d’un artiste. Nous avons ensuite invité un photographe à collaborer avec nous. Nous travaillons aussi en dialogue avec les ingénieurs en structure du bureau Bollinger + Grohmann. Grâce à ce panel de personnes et de talents, nous évitons d’avoir un projet avec une vision unique. Nous interrogeons un site web qui permettront une audience le processus, et les idées des uns et des autres plus large et une durée de vie plus longue pour viennent enrichir le propos et sont intégrées nous réunir en dehors des murs de l’Arsenal au projet. Pour la conception de la caserne de Venise. Il s’agit, dans ce cas précis, d’une des pompiers à Dilbeek (Belgique), j’ai tranouvelle façon d’habiter une construction vaillé en collaboration avec le graphiste Karel existante, en changeant le programme et la Martens. Cela a abouti sur une façade très destination de la construction. Ce type de structurée, très graphique, avec des fenêtres projet a des contraintes fortes, mais il est ayant un coin arrondi qui sont en fait la réapintéressant de se réapproprier cette architec- propriation d’un objet trouvé par Karel. Nous ture et de dialoguer avec elle dans une nou- avons aussi repris et transformé la porte à velle perspective d’utilisation. C’est une forme double chambranle que Marcel Duchamp d’habitat alternatif, et il en existe plein d’autres. utilisait dans son appartement du 11, rue ­Larrey, à Paris. Cette inspiration du monde artistique Vous avez aussi choisi de collaborer compte beaucoup. Pour le projet à Venise, avec des artistes. Pourquoi ? nous nous sommes inspirés, pour un des éléLa collaboration avec les artistes est fréquente ments, d’un détail d’un tableau de Picasso, et dans notre travail à l’agence. Mais nous n’avons le titre de l’exposition, Homes for Luxembourg, rien inventé, le Bauhaus le faisait déjà. Cela a été choisi en référence aux Homes for A ­ merica nous permet de développer une critique de Dan Graham. C’est à la fois un travail ­collaboratif et référencé.

« HOMES FOR LUXEMBOURG » L’exposition du pavillon luxembourgeois à la Biennale d’architecture de Venise, présentée du 22 mai au 21 novembre, se tient dans la Salle d’Armes de l’Arsenal. La contribution luxembourgeoise est commissionnée par le ministère de la Culture et curatée et organisée par le LUCA. Les visiteurs peuvent y découvrir une installation conçue par Sara Noel Costa de Araujo qui présente ses recherches sur l’habitat modulaire, avec la contribution des artistes Koenraad Dedobbeleer, Ester Goris et Arnaud Hendrickx. En plus de ces recherches, le LUCA programme un ensemble de rési­ dences curatoriales proposées à des professionnels émergents du domaine de l’architecture (auteurs, photo­ graphes, curateurs, scénographes, activistes…) ainsi qu’une série de débats, conférences et workshops.

Pour autant, on parle bien d’architecture, de création avec une fonction, pas de proposition artistique... Ce que nous présentons à Venise n’est pas une vision utopiste, mais une proposition très concrète, qui répond directement à un besoin identifié, tout en conservant une grande liberté de modulation, avec une solution spatiale intéressante pour chaque cas de figure. Notre proposition répond à une préoccupation bien réelle, celle de la rareté du foncier. Nous y répondons avec une proposition qui a une faible emprise au sol et qui laisse le foncier disponible. C’est une combinaison d’idées qui, in fine, répondent à un besoin. Cette approche architecturale de combinaisons d’éléments, nous l’avions déjà développée dans ­Gesamtcollage, un atlas de structures qui composent une ville. Pour Venise, la création de ce « Gesamtwerk » devient une structure, la structure devient une construction, la construction devient un bâtiment, le bâtiment devient un espace, l’espace devient une création.


Mobilité : vers un Luxembourg, une Grande Région décentralisé(e) JEUDI

23 SEPTEMBRE

La ville de Luxembourg s’étend, la démographie augmente, les travailleurs frontaliers se multiplient… Avec la gratuité des transports publics luxembourgeois et les nouvelles façons de travailler, la question du lieu de vie évolue, de même que celle du lieu d’implantation pour les entreprises. Allons-nous vers un Luxembourg décentralisé ?

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Benoît Poletti, le CEO de l’Incert, s’étonne parfois lui-même des résultats obtenus avec une équipe relativement limitée.


Conversation Benoît Poletti

« L’Incert a un gros potentiel » G7, G20, présidence portugaise de l’Union européenne, OMS, OIM, OACI : l’Incert a des clients de premier plan. Le GIE spécialisé dans la cybersécurité a pourtant été créé par l’État et pour l’État, rappelle son CEO, Benoît Poletti. Interview THIERRY LABRO

Dans le tranquille quartier général, les premiers rayons de soleil printaniers baignent le bureau de Benoît Poletti de la même lumière que celle dans laquelle se trouve « son » groupement ­d’intérêt économique. La réputation internationale de l’Incert n’est plus à faire, assure son CEO, qui prépare un nouveau positionnement.

Photo ANDRÉS LEJONA

une autre pour le Bureau de l’immigration et une pour le ministère de la Sécurité intérieure. Sachant qu’en moyenne, chaque infrastructure de ce type-là coûte 600.000 euros… Pour le même montant, avec une seule infrastructure, on gère plusieurs documents de voyage. On va potentiellement l’étendre à d’autres documents, comme les documents médicaux, ce qui permet de rationaliser les coûts.

Les experts vous connaissent assez bien, et les autres pas du tout. Il y a eu ce besoin pour les documents Qu’est-ce que l’Incert ? À quoi sert-il ? Nous gérons des projets qui ont des conso- de voyage. Et tout à coup, l’international… nances « cyber », des infrastructures qui sortent À l’époque, quand Raymond Faber, directeur du classique dans un laps de temps relative- de la Confiance numérique au ministère de ment court. On nous a demandé de travailler l’Économie, est parti, il a été remplacé par Mario en 2014 sur l’infrastructure de la nouvelle Grotz. Quand il a vu ce que nous étions capables carte d’identité électronique. Nous avions six de faire, il nous a poussés à jouer un rôle plus mois pour concevoir l’infrastructure, pour la déployer, pour la mettre en test. Dans des conditions normales, cela aurait pu se faire en un an. Il y avait les élections législatives, BIO ce n’était pas vraiment la priorité, mais il y Un discret CEO avait eu un règlement grand-ducal qui impoBenoît Poletti est le CEO du GIE Incert, mis en place en 2012 sait cette date du 1er juillet. Cela sous-entend par l’État et la Chambre quelque part qu’on a une certaine agilité. Quand l’État et la Chambre de commerce se réunissent pour donner naissance à ce groupement d’intérêt économique, qu’est-ce qu’ils visent ? L’idée de départ était de mutualiser des infra­ structures parce que la gestion électronique des documents de voyage est une spécialité à part entière. Il faut maîtriser des standards de ­l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI), ce qui n’est pas forcément évident : il y a à peu près 1.000 pages de spécifications. Si l’État n’avait pas fait ce choix, aujourd’hui, on se retrouverait avec une infrastructure pour les passeports au niveau du Bureau des passeports,

de commerce pour imaginer et déployer une infrastructure de gestion des documents d’identité et de voyage luxem­bour­ geois et les maintenir en sécurité. Un ambassadeur reconnu Il est le représentant luxembourgeois à l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI) et des comités de norma­ lisation ISO, et un interlocuteur de choix à l’Organisation mondiale de la santé et à l’Office international pour les migrations. Un leitmotiv répété Tout expert de la cybersécurité qu’il soit, le CEO d’Incert répète à l’envi qu’il veut être utile à tout le monde

actif. C’est ce que nous avons fait. Nous avons eu notre premier mandat pour la traçabilité des produits du tabac. Nous nous occupons d’émettre, depuis 2019, les identifiants uniques pour tous les paquets de tabac. Soit 300 millions d’identifiants au niveau luxembourgeois et 800 millions au niveau belge, parce que les douanes luxembourgeoises avaient convaincu leurs homologues belges de travailler avec nous. Et la réussite se profile avec de nombreux engagements ? Exact. Au niveau européen, nous pouvons tout à fait nous associer avec quelqu’un. Un Big Four est venu nous voir pour travailler sur un volet du carnet de vaccination électronique parce que, fin 2020, nous avons été mandatés par l’OMS pour travailler sur le nouveau carnet de vaccination digital. Nous contribuons aux spéci­ fications techniques du smart vaccination certificate, ce qui, en soi, est aussi une belle reconnaissance. Si nous arrivons à développer des systèmes pour le compte de privés ou d’autres acteurs étatiques, nous allons pouvoir créer ce que nous appelons des digital assets, et l’État luxembourgeois pourra en bénéficier via notre agence. Nous créons de la valeur ajoutée. En 2020, nous avons connu notre premier succès au niveau international avec la signature d’un contrat avec Harman, l’équipementier automobile, qui nous offre une belle perspective. Il nous a fallu deux ans de négociations avec eux. Début avril, malgré la pandémie, nous avons accéléré négociations et développement parce qu’ils voulaient l’infrastructure rapidement. En quelques mois, nous l’avons fait. Qu’est-ce qu’elle fait, cette infrastructure ? Elle génère des paires de clés d’encryption et de chiffrement pour chaque voiture, au ­bénéfice MAI 2021

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Conversation Benoît Poletti

des 18 constructeurs automobiles qui sont les clients finaux de chez Harman. Nous leur avons demandé quels étaient les éléments diffé­renciateurs par rapport aux cinq offres concurrentes : notre compétence, notre agilité – parce que le but n’est pas seulement de proposer des solutions, mais de bien ­comprendre les attentes du client –, notre flexibilité et notre positionnement avec un actionnariat étatique. Chaque voiture a une durée de vie minimum de 15 ans. Ils voulaient être sûrs que la société avec laquelle ils allaient signer serait toujours là. Comme nous gérons des infrastructures avec les passeports et qu’ils ont une durée de vie de cinq ans en l’état actuel, c’est important. Le critère du prix est bien sûr arrivé dans la course. Nous sommes aussi très vigilants quant à la qualité du produit que nous délivrons, notre niveau d’exigence est assez élevé et cela fait aussi la différence. Ces exigences sont d’autant plus exemplaires que vous n’êtes pas nombreux. À une vingtaine de personnes, par rapport à des bataillons d’ingénieurs ou de ­développeurs, ce n’est pas beaucoup… Nous sommes 27. C’est un problème. Nous sommes à flux tendu. Nous avons toujours du travail pour Harman. Nous avons signé un accord pour le prototype des fiches ­d’hébergement au Luxembourg, pour voir dans quelle mesure on peut digitaliser les fiches au niveau des hôtels, ce qui permettrait déjà de respecter la distanciation sociale. On peut faire de l’onboarding à distance pour les hôtels et avoir un meilleur suivi des personnes qui viennent dans ces derniers à des fins ­statistiques. L’idée est de capitaliser sur une plateforme que nous avons rachetée à Post, Idential Novento, une solution qui gère les événements sécurisés. Actuellement, nous l’utilisons pour gérer d’ici la présidence portugaise de l’Union européenne, pour l’organisation des réunions, que ce soit en virtuel ou en présentiel, pour l’enregistrement des délégations, les demandes d’habilitation ou de port d’arme, toutes les escortes. Ça fait plusieurs milliers de personnes et un bon millier de réunions. Il faut avoir une plateforme qui soit robuste. Le digital onboarding, ça va venir. Si vous vous créez un portefeuille avec un token pour vous identifier à un service public ou privé, à partir d’un de vos docu-

DES PROJETS DE PREMIER PLAN Les documents de voyage Le GIE gère la signature électronique des documents d’identité et de voyage du Luxembourg et la vérification aux frontières pour 44 pays.

Parce que l’UE se soucie davantage d’éthique ? Le yin, c’est l’aspect RGPD, à l’échelon européen. Le yang, c’est que cela ne donne pas vraiment envie à des sociétés internationales Les clés chiffrées des voitures Harman a confié à l’Incert le déve­ de s’établir en Europe, à cause de ces contraintes. loppement de clés d’un nouveau Au niveau européen, on essaie d’être vigilants genre qui permettraient de réduire au niveau des instances internationales. Le très les vols de voitures. Soit 25 millions de clés par an environ. bon exemple, ce sont les travaux qu’on a démarrés au niveau de l’OMS pour le smart vaccination certificate. Le directeur de l’inno­vation de l’OMS nous avait indiqué qu’il avait eu une présentation de technologie, de blockchain, de ments de voyage ou d’identité, il n’y a plus Visa et Mastercard, qui proposaient de mettre qu’à vous promener avec votre téléphone et sur les cartes de crédit des certificats de santé. à montrer un QR code dynamique, qui va Comme ça, les gens auraient leur pass sanichanger au fur et à mesure qu’il reçoit de nou- taire avec eux… velles informations. La personne qui va le scanner va pouvoir vous authentifier. C’est Quand on veut voyager dans certains pays, on accepte de démontrer qu’on a été quand même pratique. vacciné avant de partir… Pourquoi est-ce si compliqué d’imaginer un QR code sur Ces technologies sont très « sensibles ». un passeport physique pour voyager ? Elles tracent chaque personne, qu’elle soit en règle avec la légalité ou pas… C’est un peu l’objectif du passeport vert. Il faut Ce mythe-là de la traçabilité… On la vit au que son déploiement aille de pair avec la généquotidien, même sans s’en rendre compte, ne ralisation de la campagne de vaccination. En soi, serait-ce que par l’utilisation de sa carte ­bancaire. cela perturbe des gens dans leur liberté et dans Quand on utilise son passeport ou sa carte la préservation de leur liberté parce qu’ils estid’identité, c’est normalement un acte volon- ment que le Covid a déjà entravé nos facultés taire. Il faut s’imaginer qu’on est dans un de circulation. Le passeport sanitaire est jusaéroport, qu’il y a des caméras partout. De tement un des moyens de retrouver cette liberté. toute manière, on est obligés de passer par On pourra circuler, avec un QR code. Ceux les comptoirs, de s’enregistrer… Oui, il y a qui ne veulent pas être vaccinés devront démonune faisabilité théorique de tracer les gens. trer qu’ils ont un test PCR en cours de validité Dans un passeport, il y a différents méca- ou qu’ils ont été infectés et qu’ils ont un dosage nismes de sécurité pour protéger les données d’anticorps suffisant. Ça prouve que l’on va dans la puce. Il faut présenter son passeport devoir vivre avec le Covid au moins un an, un pour que les données à l’intérieur soient lues. an et demi, avant que ça devienne éventuelleIl existe un protocole qui s’appelle « active ment quelque chose de saisonnier. authentication », qui a été défini par l’OACI et qui permet à la puce de signer une demande Est-ce que, pour les gens, afin de dire où tu te trouves et de dire « je suis ce n’est pas abstrait, tout cela ? là ». Ce protocole-là n’a jamais été actif dans Complètement. Quand vous regardez à un quelconque document européen, juste- ­l’international, ces sujets-là sont des sujets ment pour préserver la vie privée. Dans d’autres du quotidien. Quand vous observez ce qui se pays, oui, ça peut être actif, mais pas ici. C’est passe en Europe et ce qui se passe aux ÉtatsUnis, la notion de cybersécurité est prise ­différemment, ils y sont plus sensibles. Il suffit de s’intéresser au nombre de recrutements dans la cybersécurité aux États-Unis ou en Asie. La différence est effarante. Suivi des paquets de cigarettes L’Incert a délivré 1,45 milliard de codes uniques depuis mai 2019 à 34 cigarettiers pour leur distribution auprès de 13.000 revendeurs.

« Ce mythe de la traçabilité… On la vit au quoti­dien, même sans s’en rendre compte. » 52

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une préoccupation chez nous dans le sens où les technologies que nous voulons développer doivent être GDPR compliant. Un des plus grands dangers, ce serait une utilisation non éthique de l’intelligence artificielle, pas les technologies que nous utilisons.

Comment cela s’explique-t-il ? On en revient au fait d’avoir un champion digital européen. Si on pouvait avoir une société qui ait la capacité de se battre au niveau international, ça aiderait et ça fédérerait. Atos est


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Conversation Benoît Poletti

une belle société. Comme Airbus. Mais quand on les compare à d’autres sociétés internationales… Cela pose problème. Au niveau des standards, chaque pays pèse le même poids au niveau du vote. Le Luxembourg pèse aussi lourd que les États-Unis ou la Chine, chaque voix est entendue. Quand on a la possi­bilité de débattre avec d’autres experts à l’international sur des thématiques comme la standardisation et la réglementation, on se rend compte qu’on a non seulement de bonnes idées, mais qu’on sait aussi correctement les exprimer. La France a mis en place une école de cyberdéfense. C’est ça qu’il faut, accentuer l’attrait pour les formations, pour nourrir les besoins avec de hauts potentiels, capables de rivaliser avec les autres. Est-ce qu’on peut partir de zéro ? Il y a des pays qui ont mis en place des politiques de formation à grande échelle de mathématiciens et d’informaticiens pour avoir un vivier dont ils peuvent extraire ensuite des experts de plus haut niveau… La cybersécurité, ce n’est pas s’orienter vers de nouvelles technologies, mais utiliser correc­ tement les technologies existantes. Le relationnel que nous avons à l’international joue beaucoup. Nous avons par exemple un contact à Singapour. Un Indien qui travaille pour l’immi­ gration singapourienne et qui était responsable d’un projet digital pour la banque d’Inde avec 750 personnes sous ses ordres pour ce projet. Il a essayé de déterminer les personnes-clés sur lesquelles il pouvait compter ou qui ont réellement contribué de manière active au projet. En réalité, 35 personnes ont apporté une contribution significative à celui-ci. C’est une affaire de personnes, pas de nombre. Il gère toute la partie sur la lecture des passeports à l’aéroport de Singapour. À six personnes, ils arrivent à être en mesure de gérer le côté applicatif et les vérifications des 30 millions de personnes qui passent par cet aéroport, 24 heures sur 24. Un des challenges était que leur application pouvait lire et authentifier les données dans une puce en 12 secondes, et le gouvernement pensait que c’était trop lent ! Ils ont réussi à passer à 8 secondes, ce qui leur a permis d’augmenter le trafic de 20 % en ne modifiant aucune infrastructure, mais parce que les flux de migration étaient accélérés. Si vous développez votre agilité, il y a une place. Est-ce frustrant de ne travailler qu’avec une vingtaine de personnes ? Le corollaire est qu’il faut aussi recruter les bonnes personnes, sinon, les ennuis peuvent s’accentuer. Si nous parvenons à atteindre une taille de 30-35 personnes, je pense qu’on sera bien. Nous sommes sollicités toutes les semaines. Aujourd’hui par d’autres personnes ou entités pour nos compétences rédactionnelles dans les standards, parce qu’ils comprennent que, 54

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« La cyber­sécurité, c’est utiliser correc­tement les techno­logies existantes.  » pour pouvoir se positionner et assurer la promotion de ce sur quoi ils travaillent, ils doivent pousser un standard au niveau ISO pour que tout le monde y adhère. Rédiger un standard est compliqué, alors ils nous consultent. Je ­discute avec une société basée au Sénégal, qui nous avait contactés pour une assistance. Mon problème va plutôt être de gérer toutes les demandes. De dire non ou de recruter. Et chez nous, cela ne se fait que si nous avons généré assez de chiffre d’affaires pour recruter. Nous développons notre savoir-faire et nous le mettons à disposition de l’État. Créer une SA, cela pourrait mettre en péril nos missions historiques. Les certificats électroniques utilisés, comme ceux du tabac, c’est parce que nous sommes reconnus en tant qu’administration que nous avons eu ce contrat. Si nous devenons une SA, nous ne sommes plus éligibles à ce contrat. Autre élément, le fait que nous soyons un GIE ne nous donne pas accès aux fonds FNR, ce qui est embêtant pour nous. C’est un peu dommage. Je le sais, et je le comprends. Mais quand vous voyez un laboratoire de recherche qui tourne avec deux ressources et ce qu’il arrive à produire, vous aimeriez le passer à quatre ou cinq personnes, ce qui n’est pas délirant. Ça permettrait d’avoir un peu plus de caractère d’innovation. Aujourd’hui, nous avons pas mal de succès : nous gérons les infrastructures gouvernementales pour tout ce qui est signature électronique et vérifications, nous représentons le Luxembourg auprès de la Commission européenne, de l’OACI et de l’Iata pour tout ce qui est documents de voyage, auprès de l’Unece pour tout ce qui est coopération économique, mais nous avons les infrastructures

COCHONS SOUS SURVEILLANCE Trois micros et l’IA Trois micros dans une installation porcine de Zoufftgen et une intelligence artificielle permettent d’étudier le stress, le bien-être ou la faim des cochons. Grâce à ce prototype, l’agriculteur peut savoir en temps réel quoi faire pour améliorer la situation de son élevage. De quoi prétendre aux plus hauts niveaux d’exigence tant pour un label bio que pour les ambitions de la politique agricole commune.

de traçabilité des produits du tabac, on a Harman, Novento avec la présidence portugaise, et d’autres présidences et sollicitations, comme le G7 ou le G8, notre pôle R & D a travaillé sur le chiffrement post-quantique avec des projets LuxQCI et EuroQCI. Sans parler d’évoluer vers davantage de prospective, non ? Nous commençons à faire cela pour quitter notre mode opportuniste et aller vers un mode solution, pour « packager » nos solutions et aller au-devant du marché. Nous voulons accélérer le volet véhicules connectés avec l’automobile et la partie de la gestion de l’identité, mais il faut avoir des ressources… qui sont accaparées par des projets. Aujourd’hui, on a aussi un contrat avec l’Office international pour les migrations, nous, une entité d’un niveau ­national ! Eux, avec 12.000 salariés, 2 milliards de dollars de projets par an ! Ils nous donnent des projets et on les aide ; comme au Nigéria, pays émergent qui a des besoins d’expertise dans le domaine de la sécurité des postes-frontières, des flux migratoires, qui a aussi besoin d’un registre national parce que 80 % des citoyens n’ont pas d’identité et donc pas accès à des soins. Pourquoi nous ? Le Luxembourg est neutre, on ne représente pas un secteur ou une société, mais on a un niveau d’expertise similaire à celui de la France ou de l’Allemagne pour tout ce qui est documents de voyage. Nous avons aussi été sollicités pour la crise migratoire au Vénézuéla. Aujourd’hui, les Vénézuéliens partent dans les pays voisins, qui n’ont pas de moyens pour les identifier. L’OIM nous a demandé une solution. Nous sommes en train de travailler sur une infrastructure PKI qu’on pourrait projeter et qui fonctionnerait de manière autonome, mais qui va pouvoir générer des documents d’identité pour être enregistrés dans les pays dans lesquels ils vivent, et ensuite pouvoir bénéficier de services publics. Si nous arrivions à aller au bout de ce projet-là, nous pourrions améliorer la vie d’un certain nombre de personnes. Ce qui me fait plaisir, à titre personnel, c’est que l’essentiel des p ­ rojets cyber sur lesquels nous travaillons ont une portée humaine. C’est concret.


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Conversation

« J’ai dépassé le stade où l’on se plaint de ces inégalités-là » Christine Majerus est sans conteste la sportive luxem­ bourgeoise n°1 des années 2010.

À 34 ans, la cycliste professionnelle Christine Majerus a l’expérience de celles qui vivront cet été, à Tokyo, leurs troisièmes Jeux olympiques. Et le vécu pour analyser les mutations que connaît aujourd’hui le sport féminin. Interview JULIEN CARETTE

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Photo ANDRÉS LEJONA


Christine Majerus

BIO

Cet été, vous allez disputer vos troisièmes Jeux olympiques, après Londres et Rio. Le cyclisme est un sport qui n’a pas forcément besoin de l’exposition médiatique des JO pour exister. Par conséquent, que représente, pour vous, cette participation ? J’espère déjà que je pourrai bien prendre part à ces Jeux. La situation semble avancer dans le bon sens quant à leur organisation, mais par les temps qui courent, rien n’a jamais l’air complètement sûr avec la situation sanitaire… Pour en venir à votre question, dans pas mal de sports, le nombre de participations aux JO en dit souvent beaucoup sur la carrière d’un athlète et sur la qualité de celui-ci. Donc, oui, cela signifie quelque chose à mes yeux. Et si le cyclisme masculin n’a peut-être pas un grand besoin de la caisse de résonance qu’offrent des Jeux, chez les filles, cela reste un événement très important. Devenir championne olympique, c’est encore un peu plus fort qu’être championne du monde. Du moins, à mes yeux.

Études et débuts Née le 25 février 1987, Christine Majerus a fait des études de Staps à la faculté des sports de Nancy. Ancienne athlète, elle est arrivée au cyclisme via le triathlon et le duathlon, ne se mettant sérieusement au vélo que vers ses 18 ans. Aujourd’hui, elle fait partie de l’équipe SD Worx, une des meilleures au monde. 36 fois championne du Luxembourg Sacrée six fois Sportive luxembourgeoise de l’année, dont cinq fois lors des cinq dernières éditions (2015 à 2019), elle cumule 36 titres de championne nationale : 14 en contre-la-montre, 11 en course en ligne et 11 en cyclocross. Aucune de ces couronnes ne lui a échappé depuis 2010. Sur un plan international, elle a pris la 4e place des championnats du monde de cyclocross en 2018 et a terminé la saison 2019 au 9e rang mondial (UCI) sur route.

faire les choses pour les bonnes raisons. Je n’ai pas commencé le vélo pour être dans les médias. Ce qui m’ennuie plus, c’est que ce déficit de médiatisation n’aide pas à développer le sport ou, plutôt, à faire naître des vocations. C’est un manque de publicité que j’associe à une forme de gâchis, même si je dois être juste et dire que les choses se sont déjà un peu améliorées. Sur le plan personnel, j’ai d’ailleurs investi pas mal de temps à cultiver une certaine relation avec la presse. C’est tout le sport féminin qui est globalement moins médiatisé. Il suffit de feuilleter un journal ou un cahier sportif pour s’en convaincre. Mais, dans le cyclisme, la donne a un peu changé grâce à la télévision. Beaucoup plus de courses féminines sont aujourd’hui télévisées. C’est une belle exposition… Le cyclisme féminin n’est plus là pour servir de bouche-trou dans les grilles des programmes TV. Aujourd’hui, nos épreuves font partie de la programmation. C’est évidemment une évolution intéressante. Après, toutes les courses ne sont pas retransmises. Celles qui le sont sont souvent des épreuves où une version masculine existe déjà et passe à la télé. Ce qui signifie que les moyens techniques sont déjà en place. Cela rend plus simple la retransmission de notre course. Mais c’est déjà une avancée. Désormais, il faut espérer que toutes nos courses puissent être télévisées. Et pas juste les grandes classiques flamandes, comme c’est le cas aujourd’hui. La pandémie a eu beaucoup de côtés négatifs, mais il y en a tout de même un qui a joué en faveur du cyclisme féminin : vu que les spectateurs ne peuvent plus venir sur le bord des routes, les organisateurs sont obligés de proposer une retransmission. Sinon, cela ne sert plus à rien d’organiser cette épreuve. Et la bonne nouvelle, c’est que cela semble intéresser le public. Les audiences sont en augmentation et les retours sont positifs. Il faut maintenant que l’offre s’élargisse…

En 2016, vous aviez terminé 16e de préparation en montagne dans mon prode la course en ligne au Brésil… gramme, je ne perds pas de vue que d’autres Mes deux participations olympiques ont été belles courses m’attendent en fin de saison. très différentes. À Londres, en 2012, j’étais jeune et surtout inexpérimentée. Physique- Les Jeux sont un événement où hommes ment, j’étais au niveau, mais je n’avais pas et femmes sont mis sur un pied d’égalité. forcément l’expérience nécessaire pour accro- Ce qui n’arrive pas si souvent en matière cher un top 10 dans une telle course. Du coup, de sport. Vous qui évoluez dans une la 21e place que j’avais récoltée m’avait causé discipline à la tradition profondément quelques regrets. Même si cette expérience masculine, ressentez-vous souvent ne s’acquiert qu’avec le temps... Aujourd’hui, cette différence que l’on peut faire entre les hommes et les femmes ? dans les mêmes conditions, je ferais mieux. Quatre ans plus tard, à Rio, le circuit ne me Oui, c’est certain. On constate des inégalités convenait pas. Il était taillé pour des grimpeurs. en termes de médiatisation, de rémunération… Je m’étais donc rendue au Brésil sans grande Mais je vous avoue que j’ai dépassé le stade où ambition et, au final, si mon résultat (16e) peut l’on se plaint de ces choses-là. Le sport fémiapparaître quelconque pour le grand public, à nin a ses propres forces. J’essaie donc souvent mes yeux, c’était une petite victoire. Parce que de mettre celles-ci en avant, plutôt que d’aller j’avais pu réussir, le jour J, la meilleure perfor- dans la comparaison avec les hommes. Il y a mance qu’il m’était possible d’obtenir. largement de quoi rendre notre discipline intéLe cyclisme n’est pas un sport « normalisé ». ressante et attractive. Ce serait une faute de Ce que je veux dire, c’est que l’on ne court pas vouloir forcément reproduire ce qui se passe dans un environnement qui est toujours le même. chez les garçons. Il faut essayer d’apprendre Contrairement à des nageurs dans une piscine des erreurs commises sur le circuit masculin, qui fait toujours la même longueur ou des ath- mais tout en gardant notre propre identité. Vous parliez aussi de l’aspect financier. lètes sur une piste d’athlétisme. En vélo, un par- À mes yeux, c’est une manière de faire plus À ce niveau-là, la différence est-elle aussi cours peut vous convenir. Un autre non. C’est efficace que de se battre systématiquement grande qu’on peut l’imaginer entre hommes et femmes ? une donnée qu’il faut toujours garder en mémoire. sur tous les points de différence. Oui, c’est un fait. Même si tout n’est pas rose Et ne pas comparer « bêtement » les chiffres. Mais cela doit être frustrant, non plus chez les garçons. Ceux qui évoluent quand même, de voir ces écarts Et le parcours de Tokyo, comment est-il ? dans le World Tour, c’est-à-dire la D1 du cyclisme, Je n’ai pas eu la chance de pouvoir effectuer de traitement quand on commence gagnent bien leur vie. Mais pour ceux qui sont une reconnaissance… Après, les avis diver- à pratiquer un sport de haut niveau ? dans les catégories inférieures, cela peut s’avégent, même si la tendance est plutôt à dire Ce n’est pas gratifiant, en tout cas. Quand vous rer bien plus compliqué… Après, au sommet, les différences sont là qu’il s’annonce très difficile, avec un dénivelé réalisez un top 10 dans un monument du cyclisme, comme on n’en voit que rarement dans les comme le Tour des Flandres, et que cela vous et sont importantes. En matière de prize money, épreuves féminines et un circuit d’un type donne droit à une ligne dans les journaux, alors notamment. Vous avez peut-être vu l’énorme qu’on ne connaît pas vraiment par ici, avec que, dans le même temps, il y a deux pleines écart entre la dotation des vainqueurs masune moitié en faux plat montant. Je vais être pages sur une course masculine où aucun Luxem- culin et féminin sur la première classique de sincère : je ne vais pas tout miser sur cette bourgeois n’a franchi la ligne d’arrivée, c’est l’année, Het Nieuwsblad (l’Italien Davide course. Même si j’incorpore quelques stages forcément frustrant. Mais il faut apprendre à Ballerini a touché 16.000 euros, alors que la MAI 2021

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Conversation Christine Majerus

Néerlandaise Anna van der Breggen en a perçu… 960, ndlr) ? C’est assez incompréhensible ! Depuis deux ans, l’Union cycliste internationale (UCI) a imposé un salaire minimum sur le World Tour féminin. C’est une bonne chose, mais le décalage hommes-femmes reste très important (en 2021, le salaire féminin minimum est fixé à 20.000 euros brut pour une employée et 32.800 euros pour une cycliste sous statut indépendant, alors qu’ils sont respectivement de 40.045 euros et 65.673 euros sur le World Tour masculin, ndlr). Les salaires du vélo féminin doivent se situer loin de ceux révélés dernièrement dans la presse italienne concernant les stars du peloton masculin... Au niveau des meilleurs, les écarts sont encore plus marquants, oui. Les meilleures féminines gagnent beaucoup moins que leurs équivalents masculins. La Gazzetta dello Sport annonçait ainsi que le Slovène Tadej Pogacar, lauréat du dernier Tour de France, est à 5 millions d’euros par saison. Le Colombien Egan Bernal gagne, lui, 2,8 millions. Et juste derrière, on retrouve le champion du monde français, Julian Alaphilippe, à 2,3 millions d’euros, puis les nouvelles stars comme Wout Van Aert (2,2) et Mathieu van der Poel (2). C’est bien simple, avec un seul de ces derniers salaires, on peut réaliser une saison complète d’une équipe féminine !

DEPUIS JOSY BARTHEL EN 1952… Le seul champion olympique luxembourgeois se nomme Josy Barthel. Et son exploit date de 1952. Une médaille d’or en athlétisme remportée dans le stade olympique d’Helsinki, après sa victoire sur le 1.500 mètres. Et ce, alors que la légende tchèque Emil Zátopek réalisait, quant à lui, un exploit plus jamais égalé, le triplé 5.000 m-10.000 m-marathon. Depuis, à l’exception du skieur Marc Girardelli (double médaillé d’argent en 1992 à Albertville) aux JO d’hiver, plus aucun Luxembourgeois n’est monté sur un podium olympique. Le plus proche d’y arriver a été le cycliste Andy Schleck, en 2008 à Pékin. Le Mondorfois a passé la ligne en cinquième position, avant de gagner une petite place suite au déclassement pour contrôle positif de l’Italien Davide Rebellin. Il a donc terminé quatrième, au pied du podium…

de la hausse de médiatisation du cyclisme féminin. En tout cas, je l’espère, parce que cette dernière serait alors due à de mauvaises raisons. Même s’il est toujours bon de pointer des inégalités… [silence] Pour moi, l’explication est plutôt liée à la hausse de niveau des courses. Une fois que l’on regarde une course féminine, on s’aperçoit qu’elle contient tous les ingrédients qui font le sel du cyclisme. Si l’on est fan de vélo masculin, il n’y a aucune raison de ne pas apprécier son pendant féminin. À moins d’être misogyne.

On peut certainement évaluer à plus d’un millier le nombre de garçons qui sont professionnels dans votre sport. Et chez les filles, combien êtes-vous ? Le World Tour est composé, pour l’heure, de neuf équipes, comportant chacune 12 coureurs. Faites le calcul… Et à ce contingent, on peut Vous avez aujourd’hui 34 ans. sans doute ajouter une quinzaine de jeunes filles C’est un âge où une femme peut se dire qui ont la chance de pouvoir être soutenues par qu’il est temps de devenir maman. une structure comme celle que l’on connaît Une grossesse semble de plus en plus chez nous avec l’armée luxembourgeoise. Cette compatible avec le fait de mener une dernière accueillant en son sein pas mal d’ath- carrière de haut niveau dans le sport. lètes. Cela existe aussi notamment en Allemagne, Aujourd’hui, il apparaît possible d’être en Italie… Et cela en a sauvé plus d’une, ces une championne et une maman. Avez-vous dernières années. Heureusement que ces struc- senti une évolution à ce niveau-là ? tures étaient là. Parce que si on avait dû attendre La maternité est un frein à la carrière d’une le salaire minimum de l’UCI, beaucoup n’au- athlète féminine. Le temps est compté et peut raient pas connu la carrière qu’elles ont eue. amener à devoir effectuer des choix que les C’est d’ailleurs mon cas... hommes ne sont, eux, pas tenus de faire. Un En temps de pandémie, les structures comme garçon peut continuer sa carrière jusqu’à 38 celles-là sont encore plus un réel avantage. Cela ou 39 ans. Une fille aussi, potentiellement. assure une certaine sécurité financière alors Sauf que l’envie d’avoir un enfant pousse à que pas mal d’équipes, elles, ne parviennent arrêter. Mais il est vrai que, de plus en plus, pas à assurer leurs obligations à 100 %. C’est certaines arrivent à mener de front ces deux une assurance qu’il faut saluer. Et remercier les « vies ». Je pense notamment à mon ex-­équipière, gens qui la rendent possible. la Britannique « Lizzie » Armitstead (32 ans). Cette dernière a donné naissance à une petite Avez-vous senti des effets de la vague fille voici deux ans, avant de revenir, l’année féministe qui a suivi le mouvement #MeToo ? dernière, sur le circuit. Et de retrouver son Les agressions sexuelles existent dans le sport. niveau, puisqu’elle fait toujours partie des Comme dans tous les secteurs. Mais je ne meilleures au monde. Du coup, alors qu’elle pense pas que ce mouvement soit à la base disait qu’elle allait arrêter à l’horizon 2020 58

MAI 2021

pour fonder une famille, elle envisage désormais de rouler quelques saisons de plus. Il existe également désormais une clause concernant la maternité dans les contrats des équipes World Tour. Ce qui semble être tout à fait normal pour une personne travaillant pour une entreprise quelconque, mais qui ne l’est pas forcément dans le domaine du sport. Souvenez-vous des athlètes qui avaient vu, voici deux ans, certains de leurs sponsors diminuer leurs dotations parce qu’elles étaient enceintes. Et ce en raison d’une clause dans leurs contrats liée à la performance. Nike, notamment, avait été mis en cause. C’est Allyson Felix, sextuple championne olympique d’athlétisme, qui avait dénoncé ces faits… La clause dont je parle nous offre donc une certaine forme de liberté vis-à-vis de notre employeur. On ne peut pas être « lâchée » du jour au lendemain. Cela peut forcément donner des idées. On sait que, dans votre discipline, une femme comme Jeannie Longo a couru jusqu’à 45 ans. Mais vous, à 34 ans, songezvous à l’après-cyclisme ? Il faut être réaliste, je suis plus proche de la fin que du début. Mais je suis toujours au niveau. Et si rien ne change dans les deux prochaines années, je ne vois pas de raison de précipiter ma fin de carrière. Mon contrat court jusque fin 2022. On verra alors les options qui s’offrent à moi, et surtout l’envie qui m’animera (ou non). Après, je n’ai pas encore pris vraiment le temps de réfléchir à cet après-­ carrière. Si vous me demandez aujourd’hui vers quoi je m’orienterais, j’aurais tendance à vous répondre que l’envie m’habite de découvrir d’autres horizons. Mais rien n’est encore concret dans ma tête. Et cela ne m’inquiète pas. Je suis quelqu’un de polyvalent à qui son job a apporté certaines qualités qui peuvent servir dans bien des domaines. Notamment dans le travail en équipe. On ne peut donc pas rêver de vous voir aux JO de Paris en 2024 ? Je ne crois pas… Même si cela pourrait être une très belle fin de carrière pour moi, vu que j’habite pas mal dans le Val-d’Oise, en région parisienne. C’est un peu ma deuxième maison. Mais tout cela est encore tellement loin…


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Alex Reding assure la promotion, depuis deux décennies, des artistes contemporains luxembourgeois à travers la galerie Nosbaum Reding.


Conversation Alex Reding

« Faire avancer le milieu et partager ma passion » La galerie Nosbaum Reding célèbre cette année le 20e anniversaire de sa création. En deux décennies, Alex Reding a marqué le paysage de l’art contemporain au Luxembourg et est aussi un fin observateur de cette scène artistique. Discussion à cœur ouvert sur ce parcours encore en écriture. Interview CÉLINE COUBRAY

Pouvez-vous nous parler de votre parcours avant l’ouverture de la galerie en 2001 ? J’ai fait un parcours artistique assez traditionnel, en allant aux Beaux-Arts de Paris, en arts plastiques à Paris 1 pour passer une maîtrise, ce qui m’assurait de pouvoir devenir professeur au Luxembourg, puis en poursuivant à l’académie de Düsseldorf. À mon retour au Luxembourg, j’ai d’abord continué ma pratique artistique. Mais au début des années 2000, j’en ai eu assez du peu de réseaux possibles au Luxembourg, de l’absence du milieu de l’art, et, avec Véronique, que j’avais rencontrée pendant mes études, et qui partageait la même passion pour l’art que moi, nous avons ouvert la galerie Alimentation Générale en janvier 2001, place de Strasbourg, à Luxembourg. En parallèle, j’ai été professeur au Lycée Michel Lucius pendant environ 10 ans, car cette base économique était nécessaire. Ce n’est pas trop dur de renoncer à sa créativité ? Je considère chaque exposition, chaque accrochage comme un moment de créativité et de création. C’est comme cela que je m’exprime désormais. Quand vous avez ouvert la galerie – vous venez d’ailleurs de le souligner –, le milieu de l’art contemporain au Luxembourg était encore timide. Il y avait certes l’élan donné par la Capitale européenne de la culture de 1995, suivi de l’ouverture du Casino. Quelques galeries existaient sur la Place, dont Toxic, Erna Hecey ou Stéphane Ackermann. Le Mudam était en préfiguration… Pourquoi prendre ce risque d’ouvrir une galerie d’art contemporain ? Parce que j’ai dû m’occuper de développer ma propre carrière artistique, de communiquer sur mes expositions. J’ai appris à réaliser des projets culturels et acquis une certaine ­routine

Photo ANDRÉS LEJONA

et facilité pour cela. Et il faut être réaliste : Quelle ligne directrice avez-vous vivre professionnellement de son travail d’ar- voulu donner à la galerie ? tiste est très difficile, encore plus au Luxem- C’est avant tout un lieu de partage, de passion. bourg en 2001. Sur une génération d’étudiants Il y a l’énergie donnée au moment de la visite aux Beaux-Arts, seuls 1 à 3 % d’entre eux par- dans les ateliers d’artistes, puis le dynamisme viennent à vivre de leur art. Les autres se réor- du montage, et le partage avec le public et les ganisent. Je fais partie de ceux-là. C’est un collectionneurs lors de l’exposition. Notre galeconstat cruel, mais réel. J’ai préféré réaliser rie n’est pas un espace fermé ou élitiste. Contraides projets culturels pour et avec les autres. rement à certains, qui ont fait le choix d’un C’est comme cela que nous avons ouvert la grand espace, à la campagne, nous avons tougalerie, avec l’ambition de pouvoir partager jours privilégié les lieux de passage, là où il y a ma passion pour l’art, la création contempo- naturellement des visiteurs, une vie urbaine. raine et de pouvoir faire évoluer la scène cultu- Je vois la galerie comme un espace ouvert, publirelle au Luxembourg. Tout cela en restant dans quement accessible. Jamais je ne viendrai vous un engagement réel, proche des artistes, et en agresser pour vendre des œuvres. Je suis plutôt les aidant à produire. Ce choix m’a permis dans une démarche d’accompagnement et d’envisager une trajectoire longue, plus ou d’échange avec le plus grand nombre. moins stable, tout en structurant mes ambitions culturelles. Votre galerie est une galerie à programme. Comment le composez-vous ? J’essaie d’avoir un équilibre qui permet de couvrir un maximum d’orientations artistiques, et donc de passions. C’est pourquoi certains de mes artistes ont un travail très BIO EXPRESS intellectuel, d’autres réalisent des œuvres plus 1971 pop. Pour une zone aussi peu dense que LuxemNaissance d’Alex Reding bourg, il faut pouvoir proposer une sélection à Luxembourg. qui corresponde un peu à tous les goûts, mais Janvier 2001 toujours avec une haute exigence de qualité, Ouverture de la galerie Alimentation Générale avec que ce soit dans le choix des artistes, des Véronique Nosbaum, place œuvres ou de l’accrochage. Ce large spectre de Strasbourg, à Luxembourg. artistique permet d’asseoir un spectre finan2006 cier plus large aussi, avec des artistes émerDéménagement au numéro 4 gents, d’autres plus confirmés, des artistes de la rue Wiltheim et changement de nom. locaux, d’autres internationaux. Ce mélange structuré m’a permis de rester actif ces 20 der2015 Création de Luxembourg nières années, malgré les diverses crises que Art Week. nous traversons. Mais je n’ai rien inventé, Mars 2017 j’imite juste les meilleurs galeristes. La galerie Nosbaum Reding occupe également le numéro 2 de la rue Wiltheim.

9 septembre 2021 Ouverture de la galerie à Bruxelles, rue de la Concorde.

Les amateurs d’art et collectionneurs locaux sont-ils suffisamment nombreux pour développer un marché de l’art au Luxembourg ? MAI 2021

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Conversation Alex Reding Su-Mei Tse

Mike Bourscheid

Tina Gillen

C’est effectivement un challenge. Une galerie peut normalement compter sur trois piliers pour développer sa clientèle : le corporate, l’insti­ tutionnel et les collectionneurs privés. Or, au début des années 2000, les grandes entreprises présentes au Luxembourg avaient déjà construit leur siège social et constitué leur collection d’art. Pas de grande source de ce côté, contrairement à l’Allemagne, par exemple, où c’est un secteur beaucoup plus important. Au niveau institutionnel, c’est un volet quasiment absent au Luxembourg. Il y a certes le Mudam, mais il n’achète presque pas dans les galeries locales, ou que de manière très exceptionnelle. Le MNHA arrive parfois à acquérir une ou deux œuvres quand ils font des économies sur les budgets d’exposition. Et c’est tout… Nous n’avons pas d’organisme comme le Centre national des arts plastiques (Cnap), en France, ou les fonds régionaux d’art contemporain (Frac), qui ont des politiques d’acquisition beaucoup plus soutenues et qui achètent en galerie. J’ai estimé que l’institution publique au Luxembourg dépense environ 200.000 euros par an dans les achats en art contemporain. Ce n’est rien du tout. C’est 2,5 % du budget global du Mudam, et 0,1 % du budget du ministère de la Culture. ­Acheter, c’est faire des choix, et les politiques ­n’aiment pas cela. C’est pour ça que nous avons plutôt ce système de bourses, qui est plus neutre. Au final, ce n’est donc que très peu d’argent public qui arrive dans les galeries, et, par la suite, aux artistes pour la vente de leurs œuvres. Restent alors les collectionneurs privés… Oui, on ne repose finalement que sur un seul pilier. Or, il ne faut pas oublier que les galeries ont d’importants frais de fonctionnement. Il y a les loyers, les salaires, les frais généraux, la TVA… Et nous investissons dans les carrières de nos artistes, en leur offrant une communication de qualité, avec des photos professionnelles de leurs ­expositions o ­ rganisées à la

« N ous ouvrons une filiale à Bruxelles au mois de septembre. » 62

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LES ARTISTES REPRÉSENTÉS PAR LA GALERIE Thomas Arnolds, Stephan Balkenhol, Marcel Berlanger, Mike Bourscheid, Aline Bouvy, Philippe Cognée, Damien Deroubaix, Helmut Dorner, Tina Gillen, Tilo Kaiser, Steve Kaspar, Hubert Kiecol, Xavier Mary, Christoph Meier, Manuel Ocampo, Michael Simpson, Barthélémy Toguo, Wawrzyniec Tokarski, Su-Mei Tse, Maja Weyermann, Jens Wolf, Peter Zimmermann.

galerie, des p ­ ublications de catalogues. Nous encadrons les œuvres… Tout ceci coûte de l’argent, bien évidemment. Il faut donc soigner les relations avec les collectionneurs… C’est une relation évidemment importante, un partage autour de la création. La rencontre se fait progressivement. Avec le temps, on apprend à se connaître, à s’apprécier, à partager des points de vue. On parvient à créer une discussion, une fidélité. Le parcours d’un collectionneur est un apprentissage permanent. Il y a une envie au départ, mais le goût et le jugement s’affinent avec les années. Il faut aussi apprendre à faire connaissance avec l’œuvre d’un artiste, comprendre son évolution. Tout ceci permet de mieux apprécier les prix, et de ne pas regarder de manière simpliste une œuvre et une valeur financière. L’argent ne doit pas être le seul critère ­d’appréciation d’une œuvre. On peut aussi faire connaissance avec le travail d’un artiste en achetant un dessin, qui est moins cher, puis évoluer par la suite dans son travail. C’est un peu comme avec les voitures : au début, on achète un petit modèle, puis on va progressivement vers de plus gros modèles, avec une motorisation plus complexe.

d’avoir quelques beaux objets chez eux. Ils soutiennent aussi souvent les artistes locaux et ont un lien direct avec eux, sans nécessairement passer par la galerie. C’est le groupe où je vois le plus de potentiel de développement. C’est aussi pour ce public que nous avons initié Luxembourg Art Week. Pour leur proposer un grand moment de rencontre avec une offre exceptionnelle, sans avoir la contrainte de rentrer dans une galerie. Restons sur le sujet de Luxembourg Art Week. Pendant de très nombreuses années, la création de cette foire a été en discussion, mais sans jamais se faire. Puis, vous avez décidé de prendre ce sujet à bras-le-corps, et, désormais, LAW en est à sa sixième édition, avec un succès qui se confirme d’année en année. La foire est née de cette même volonté de partage, avec l’objectif d’élargir encore plus l’offre. La population active au Luxembourg a doublé en 20 ans. Il y a beaucoup de personnes qui viennent d’ailleurs et qui ne connaissent pas encore nécessairement bien toute l’offre culturelle au Luxembourg. La foire est l’occasion de les rencontrer, d’élargir notre clientèle. C’est aussi l’occasion de toucher un public peut-être plus jeune avec la sélection de galeries qui proposent des œuvres à des prix abordables. Ce sont les collectionneurs de demain. Mais il faut toujours maintenir une exigence de qualité. C’est la clé du succès et de la durabilité. C’est un équilibre savant à trouver dans le choix des exposants pour parvenir à attirer aussi bien des collectionneurs avisés, habitués aux grandes foires internationales et qui sont prêts à acheter des œuvres d’importance à cette occasion, qu’un public plus occasionnel, moins habitué aux rouages de ce milieu, avec un budget plus modeste.

Quelle place souhaitez-vous avoir Comment le public de collectionneurs au niveau international ? se compose-t-il au Luxembourg ? Si j’ai évoqué la dureté du milieu pour les artistes, Il y a environ une centaine de personnes qui pour les galeries, ce n’est pas plus tendre… sont de vrais passionnés, qui vivent l’art au Certains de ma génération sont devenus de quotidien, vont visiter de très nombreuses grands galeristes, d’autres ont complètement expositions, se déplacent dans tous les musées disparu. Les foires permettent de refléter nos à l’occasion de leurs voyages, qui fréquentent ambitions au niveau international et notre positionnement. Mais il y a un classement, là les foires internationales… Puis, il y a un grand groupe de personnes qui aussi : le top du top, c’est Art Basel ; juste après, aiment se faire plaisir à travers des achats artis- il y a la Fiac, à Paris, et Frieze, à Londres ; un tiques. C’est une manière d’améliorer leur quo- échelon en dessous, il y a les grandes foires tidien, que ce soit au bureau ou à la m ­ aison. Ils européennes – mais sans portée mondiale – apprécient l’énergie qui se dégage des œuvres que sont Art Cologne, Art Brussels ou l’Arco, d’art, les pensées qu’elles reflètent, la relation à Madrid. C’est dans cette dernière catégorie avec l’art, les artistes, les échanges intellectuels que nous nous trouvons actuellement. Pendant que l’on peut avoir dans le milieu culturel. C’est un temps, nous avons été sur liste d’attente à un intérêt qui est partagé par beaucoup plus de Art Basel, et nous avons participé à deux reprises personnes que l’on ne pourrait le penser. Je dirais à la Fiac. Mais depuis le déménagement de qu’il s’agit d’un groupe d’environ 500 personnes. la Fiac au Grand Palais, le nombre de galeries Et puis, il y a un troisième groupe, qui est présentes a diminué, nous laissant moins d’opbeaucoup plus large, qui apprécie simplement portunités pour participer.


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Conversation Alex Reding

D’autre part, ces foires sont très structurées au niveau des exposants : il y a ceux qui font de l’art moderne, les global players, ceux de la scène locale et les galeries hype. Nous ne ­rentrons dans aucune de ces catégories… donc, difficile d’y avoir une place. Nous faisons partie de ces 200-300 galeries qui comptent en Europe, mais qui ne peuvent pas avoir de visibilité sur les très grandes foires. Par contre, nous avons une grande facilité à participer à Art Cologne ou Art Brussels, ce qui nous convient tout à fait. Nous y vendons bien. Que pensez-vous de la vente d’œuvres sur internet ? Ce n’est pas vraiment valable. Sauf si vous connaissez déjà le travail d’un artiste et que vous recherchez précisément une œuvre. Ou pour le second marché. Mais pour une galerie comme la nôtre, ce n’est pas intéressant.

d’apporter de nouveaux accents à notre program­ mation au Luxembourg. Je suis personnellement très content et impatient de pouvoir ouvrir ce nouveau lieu. Finalement, vous allez participer à l’export des artistes luxembourgeois, comme ce qu’essaie de faire Kultur:LX. Vous savez, dernièrement j’ai fait le compte, et je suis à l’origine d’environ un quart, si ce n’est un tiers, des expositions à l’international des artistes luxembourgeois. Donc ce n’est pas vraiment nouveau pour moi. Kultur:LX va certainement pouvoir apporter quelque chose à la fois pour l’export, mais aussi pour le développement de la carrière des artistes.

« Si j’ai évoqué la dureté du milieu pour les artistes, pour les galeries, ce n’est pas plus tendre…  »

Vous êtes aussi engagé dans l’organisation du Leap, ou dans d’autres projets artistiques, avec l’asbl Artcontemporain.lu. On vous a vu récemment dans l’accompagnement du programme « Art in situ OAI », Le second marché ne vous a jamais tenté ? par exemple. C’est pourtant un créneau moins Oui, c’est toujours dans cette dynamique comme la structuration du milieu. Nous manrisqué et pouvant apporter un important ­d’essayer de faire avancer le milieu et de par- quons de niveau intellectuel. La scène n’est pas complément de revenus. Tenir une galerie comme la mienne est déjà tager ma passion. L’association permet de faire très large non plus, et il n’y a pas de dynamique un travail très prenant. En temps normal – hors des projets, de structurer des actions, indé- avec des jeunes, de grands moments de créaCovid, j’entends –, je peux être parti cinq jours pendamment de la galerie. C’est à travers elle tivité. Cela manque. Pour autant, le niveau a sur sept, pour aller visiter des ateliers, assister que nous faisons le dépliant et le site internet fortement augmenté ces 20 dernières années. à des vernissages… Avoir en plus une activité Art Actuel, sur lesquels nous répertorions les Regardez la qualité de la génération de Michel de second marché ne serait pas réaliste. C’est expositions d’art contemporain en cours au Majerus, Su-Mei Tse, Tina Gillen, Simone Decun choix, et j’ai décidé de ne pas le faire. Luxembourg et dans la Grande Région. Nous ker… Et pour les trentenaires, avec Sophie Jung, proposons un cycle d’expositions à la Chambre Yann Annicchiarico, Mike Bourscheid… Par Et vous développer à l’international, de commerce, dans une de leurs salles. C’est contre, je pense que nous manquons de lieux avoir une seconde adresse, cela ne aussi cette asbl qui est la structure organisa- d’exposition. La Kunsthalle à Esch devrait aider vous tente pas ? tionnelle de Luxembourg Art Week. à y remédier. Il faudrait aussi arriver à faire comprendre qu’une carrière d’artiste, cela se Si, cela fait même 10 ans que j’y pense. Je peux construit, qu’il y a une progression dans un désormais annoncer que je passe le pas cette Pensez-vous que l’État en fait assez parcours artistique. Il n’est pas normal, par année, puisque nous ouvrons une filiale à pour aider les artistes ? Bruxelles au mois de septembre ! Cela parti- La culture est devenue presque trop étatique. exemple, qu’un artiste encore en début de cipe à cette même idée de désenclavement Je suis déçu de la tournure que cela a pris ces ­carrière puisse faire la Biennale de Venise. Ce type que celle qui nous a motivés au début. P ­ endant dernières années, et je pensais que le gouver- de projet doit arriver comme une consécration, un temps, j’ai pensé m’installer à Paris, car nement actuel aurait une autre philosophie. pour marquer un parcours déjà bien établi et c’est, structurellement parlant, le meilleur Or, les artistes se retrouvent avec une sorte de avec un fort potentiel de développement. Il terrain pour une galerie. Mais Paris est déjà salaire social étatique. C’est bien de leur don- serait logique de commencer avec une exposaturée en nombre de galeries par rapport au ner de l’argent, mais peut-être devrions-nous sition au Salon du Cercle artistique de Luxemnombre de collectionneurs. J’ai donc choisi réfléchir à comment amener de l’argent autre- bourg, par exemple, puis dans des centres de me développer plutôt à Bruxelles. Il y a ment dans le milieu. Quels sont les ascenseurs régionaux, de passer par Dudelange, puis au une vraie ressemblance de mentalité avec existants ? Lesquels sont défaillants ? Quelle Casino, et enfin au Mudam ou à Venise. Cette Luxembourg. C’est une structuration de ­marché place globale donne-t-on à la créativité et à l’art progression semble évidente, et pourtant, ce un peu plus hétéroclite, mais le milieu bruxel- de manière générale dans notre société ? Les n’est pas toujours le cas. lois est ouvert, avec des personnes beaucoup artistes que je défends n’ont que peu de possiplus libres intellectuellement et dans leur bilités de débouchés dans les institutions au Que pensez-vous de la mise en place d’une attitude. C’est un public généralement curieux Luxembourg. Pourquoi ? Nous n’avons pourtant incitation fiscale à l’achat d’œuvres d’art ? et intéressé. Et puis, il y a beaucoup de Belges pas de problème de qualité artistique. Plusieurs Cela pourrait être intéressant, évidemment. On qui vivent ici et avec qui nous avons déjà de de nos artistes font désormais carrière au niveau pourrait envisager un système comme ce qui a bonnes relations. international. Mais ici, au niveau local, ça bloque… été fait pour le cinéma pendant un temps, avec J’ai fait ce choix, aussi, parce que je me devais la loi Rau, où, pour 100 euros dépensés dans le d’offrir aux artistes que nous défendons une Seriez-vous favorable à la création cinéma, on pouvait inscrire 200 euros sur sa vitrine dans une grande capitale européenne. d’une école d’art au Luxembourg ? feuille d’impôts. Mais c’est compliqué à mettre Mais nous aurons aussi des défis, comme celui Pas nécessairement. Je trouve cela bien d’aller en place. Je ne suis pas sûr qu’il y ait actuellede faire découvrir des artistes moins connus aux se confronter à autre chose, d’aller voir ailleurs ment la volonté politique pour le faire. yeux des collectionneurs belges. Cette ­nouvelle comment ça se passe. Mais cette absence ­d’aca­adresse va par ailleurs certainement permettre démie explique aussi certaines défaillances, 64

MAI 2021


RH : les nouvelles façons de travailler

TRANSLATION INTO ENGLISH PROVIDED

JEUDI

24 JUIN

18H30 Le développement de l’ère digitale avait déjà initié une mutation des manières de travailler dans certaines entreprises. La crise du Covid-19 a forcé le recours à de nouvelles pratiques (et notamment au télétravail) dans toutes les entreprises qui en avaient les moyens techniques. Ce changement brutal, imposé, dans un premier temps, ouvre des perspectives sur de nouvelles façons de travailler et de concevoir le travail. Qu’est-ce que cela veut dire pour les entreprises ? Le cadre législatif est-il prêt ? Quels sont les enjeux pour le Luxembourg ?

Avec la participation, notamment, de : Troy Bishop, KPMG Nathalie Bourdeau, AXA Luxembourg Christelle Brignoli, Great Place to Work Nathalie Mège, TNP Luxembourg Romain Muller, Firce Capital

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Débat public Les chiffres disent tout. Le Luxembourg se situe en queue du peloton des pays occidentaux en termes de taux de vaccination. Selon Our World in Data (informations datant du 11 avril 2021), Israël est en tête, avec 61 % de sa population vaccinée (au moins une dose). En comparaison, la Grande-Bretagne est à 47 %, les États-Unis à 36 %, et le Luxembourg à 15 %. Cette lenteur engendre des coûts tragiques : vies perdues, pertes d’emploi, épargne des ménages envolée, rupture de la vie sociale, coups durs pour les finances publiques… Même si nous pouvons espérer avoir rattrapé notre retard pour le troisième trimestre, le mal est fait. Nous voyons les restaurants déjà rouverts en Israël, les pubs remplis en Angleterre, la vie qui a repris normalement aux États-Unis. Par contre, au Luxembourg, l’ouverture de l’écono­mie n’est pas encore planifiée. Cette situation me fait me poser deux questions. La première : Qui est responsable ? Ayant géré une entreprise pendant deux décennies, j’ai appris que la responsabilité individuelle est importante. En cas de problème, il est important de savoir qui l’est, et comment. Sinon, on est condamné à répéter les mêmes erreurs. Au Grand-Duché, malgré le travail héroïque du secteur de la santé et les efforts remarquables du gouvernement, il n’est pas évident de comprendre comment nous nous sommes retrouvés dans cette situation. Nous avons tous entendu les raisons suivantes : l’Europe, les problèmes de production du vaccin AstraZeneca, etc. Mais malgré ces vagues explications, je n’ai pas vu une analyse pertinente ; je n’ai pas entendu un débat

Thomas Seale Administrateur indépendant public transpa­rent sur le sujet. Si plusieurs pays ont pu vacciner la majorité de leurs citoyens avant fin février, pourquoi, à la fin avril, au Luxembourg, ne voyons-nous pas encore le bout du tunnel ? Certes, c’est un sujet qui fâche, mais ce n’est pas une raison pour fermer les yeux. Seconde question : Comment peut-on éviter une telle situation pour une prochaine crise ? Le gouvernement s’est fié à l’approche européenne quant à l’ap­pro­visionnement en vaccins. Historiquement, l’Europe a généré beaucoup d’avantages pour ses pays membres, et ce à plusieurs niveaux : paix, politique, social. Mais les institutions européennes ne semblent pas adaptées à gérer une crise humanitaire. Le réflexe « européen » du gouvernement luxembourgeois était-il trop rapide ? Je ne prétends pas avoir une réponse à ces questions, mais je plaide pour un débat public et informé à ce sujet : Qu’est-ce qui explique la lenteur du programme de vaccination au Luxembourg ? Comment peut-on éviter cette situation, si une prochaine crise nous frappe ? Afin d’encourager un tel débat, j’ai soumis une pétition le récla­ mant à la Chambre des députés. Si vous pensez aussi qu’il sera utile, je vous invite à la signer, jusqu’au 15 mai, en suivant ce lien : https://www.petitiounen.lu/petition/1821. Thomas Seale plaide pour un débat public afin de connaître la raison de la lenteur de la vaccination au Luxembourg. Photo ANDRÉS LEJONA

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NOVEMBRE MAI 2020 2021

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Enseignement

Apprendre une langue : une belle aventure humaine Contenu sponsorisé par PROLINGUA

À 23 ans, Victoria a décidé d’apprendre le luxembourgeois. Elle s’adresse aujourd’hui à un centre de formation professionnel en langues, fondé en 1983 au Luxembourg. C’est ce premier contact avec Prolingua et ses équipes que nous allons vous raconter. C’est un grand sourire que perçoit Victoria après avoir poussé la porte de Prolingua pour la première fois. Carine, assistante commerciale de l’entreprise depuis 22 ans, l’accueille et l’incite à se mettre à l’aise avant de prendre en charge sa demande. Victoria vient de débuter sa carrière dans un grand cabinet d’audit au Grand-Duché et elle cherche à apprendre le luxembourgeois. Cette compétence peut s’avérer utile dans son job, mais c’est surtout un enjeu personnel, l’envie de s’intégrer totalement à la culture du pays, qui l’a motivée à s’adresser à Prolingua. 68

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En tant que centre de formation professionnel en langues, la société s’adresse aussi bien aux professionnels qu’aux particuliers et est réputée pour assurer un service de très haute volée à tous ses clients. Elle dispose d’ailleurs de la certification Eaquals depuis de nombreuses années. Directeurs, formateurs ou équipes d’encadrement administratif et commercial, tous les collaborateurs Prolingua partagent les mêmes valeurs de service, de qualité et de réactivité. Un sérieux qui n’empêche pas l’entreprise de prôner un état d’esprit positif, décontracté et même un sacré

sens de l’humour. Un visage finalement très humain dont se rend vite compte Victoria avec soulagement. La jeune femme un peu timide est rassurée par les conseils de Carine, bientôt rejointe par Naouëlle, directrice générale adjointe de l’entreprise. Ensemble, elles présentent le fonctionnement de l’entreprise et font une proposition de formation à Victoria. Plus de 75 formateurs professionnels chargés des cours et des formations sont à la disposition des apprenants qui rejoignent Prolingua. Une équipe solide qui partage le même état d’esprit et les valeurs de l’entreprise. Si bien que les formateurs sont les meilleurs ambassadeurs de Prolingua. D’ailleurs, Victoria elle-même s’est adressée à la société après qu’une amie lui a parlé de l’expertise et de la sympathie de Phil, son formateur Prolingua en anglais. Il faut reconnaître que l’entreprise choisit ses pédagogues en

leur assurant des formations tout au long de l’année, dans des domaines différents, mais propices à une montée en compétences. Signe de cette ambiance de travail constructive et positive, le turnover est très faible au sein de l’entreprise, que ce soit au niveau de l’équipe administrative que de l’équipe de formateurs. Nombre d’entre eux sont actifs au sein de Prolingua depuis plus de 20 ans. Exactement comme Isabel, formatrice en luxembourgeois, qui passe saluer les équipes administratives au sortir d’un cours. Naouëlle et Carine en profitent pour lui présenter Victoria, qui suivra très prochainement ses cours, en présentiel comme en digital. Prolingua a en effet opéré avec succès la transformation digitale de son activité, une mutation propice au contexte actuel. La conversation s’engage et voici notre jeune apprentie déjà lancée sur la voie du succès. Vill Gléck Victoria !


BRAND VOICE

On en parle ?

PROLINGUA, CE SONT

L’ambiance, la longévité, la formation... Commerciaux, formateurs et administrateurs prennent la parole.

75

collaborateurs

44.500

heures de formation dispensées

4.150

inscriptions individuelles par an

22

salles de classe

38

ans d’activité au Grand-Duché

Un visage humain

Une ambiance unique

« L’accueil des clients a une place prépondérante dans mon travail quotidien et je sais que tous apprécient le visage humain et bienveillant de l’entreprise. Les contacts sont constants avec nos formateurs comme avec les autres membres de l’équipe administrative, ce qui m’a permis de vaincre ma timidité, de regagner confiance en moi. L’entraide est également très forte entre les différentes générations et c’est très appréciable. »

« J’ai tout de suite aimé l’état d’esprit de sérieux conjugué à l’ambiance décontractée qui règnent chez Prolingua. Moi qui ai besoin d’être détendue pour bien travailler, je peux faire mon métier avec passion tous les jours. Nous sommes comme une petite famille, surtout pour les salariés administratifs comme moi qui ne sont pas nombreux. Prolingua est une entreprise très vivante, ce qui me plaît particulièrement. »

Rute, assistante commerciale Prolingua depuis 1 an.

Carine, assistante commerciale Prolingua depuis 22 ans.

10

langues vivantes proposées

1

certification Eaquals décernée

Une école pour tous

Une carrière à long terme

Un ancrage local

« Ma carrière chez Prolingua a beau– coup évolué depuis février 1997. J’ai commencé au service administratif, puis j’ai travaillé en relation avec les fournisseurs avant de rejoindre les Ressources Humaines. Je me suis très vite sentie très engagée chez Prolingua et je crois que ma longévité n’a fait que renforcer les liens avec l’entreprise. Un véritable sentiment d’appartenance s’est développé, partir à la retraite sera difficile ! »

« Prolingua est avant tout une entreprise luxembourgeoise, car elle reflète parfaitement le multiculturalisme et le multilinguisme du pays et c’est ce qui me plaît ici. Mais il est vrai aussi qu’en plus d’être une école de langues, luxembourgeoise notamment, Prolingua permet de s’insérer et de découvrir la culture et la vie au Grand-Duché. J’invite donc les formateurs luxembourgeois qui souhaitent enseigner à nous rejoindre. Kommt bei eis ! »

Edith, responsable des Ressources Humaines Prolingua depuis 23 ans.

Isabel, formatrice en luxembourgeois Prolingua depuis 2011

« Les formateurs Prolingua bénéficient de formations, internes ou externes, qui leur sont proposées ou bien qu’ils ont eux-mêmes sollicitées. La direction est très ouverte à ce sujet. Au-delà des compétences que l’on acquiert ainsi, on se sent valorisé car notre employeur se soucie de notre évolution. J’ai par exemple pu suivre une formation en neuro­ sciences qui était très intéressante pour les pédagogues comme moi. » Phil, formateur en anglais Prolingua depuis 24 ans.

ations s form gua le z e r v n Décou es par Proli sé dispen u

gua.l

prolin www.

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12

10

8,3

Chômage d’un côté, pénurie de main-d’œuvre de l’autre… La formation tente d’apporter une solution. Plus précisément, l’upskilling vise à adapter ses compétences aux métiers en mutation. Le reskilling à en apprendre un autre. Dans les deux cas, individus, employeurs et État se partagent la responsabilité. Encore faut-il y mettre les moyens. Entre 2008 et 2018, le nombre de forma­tions par salarié est passé de 3,7 à 4,7 en moyenne, selon l’Observatoire de la formation. Mais, dans le même temps, leur durée a diminué 4,6 de 4,3 heures. Une tendance surprenante, alors que l’upskilling demande un investissement important, mais ciblé. Différents acteurs nous expliquent leurs plans pour préparer les compétences de demain.

8

6,9 6,5

6

6

DURÉE DES FORMATIONS PAR PARTICIPANT (en heures) 5,6

NOMBRE DE PARTICIPATIONS (par salarié)

4 3,7

2

4,4

5,5

4,3

4,1 3,9

3,6

ÉVOLUTION DU NOMBRE DE PARTICIPATIONS PAR SALARIÉ ET DE LA DURÉE DES FORMA­TIONS PAR PARTICIPANT ENTRE 2008 ET 2018 Les employeurs semblent avoir évalué l’importance de la formation continue, puisqu’ils en font profiter plus régu­lièrement leurs salariés. Mais ils se concentrent sur des modules de plus en plus courts. Leur durée moyenne est passée de 8,3 heures en 2008 à 4 heures en 2018, selon l’Observatoire de la formation. Une tendance liée aux déci­sions des entreprises, qui s’orientent peut-être vers des formats en ligne, souvent plus concentrés.

0 2008 70

2009 MAI 2021

2010

2011

2012

2013


Enjeux

L’upskilling, à la recherche d’un temps d’avance 1 « Il faut

une appro­che plus ambitieuse »

Interview croisée entre Laurent Probst et Christian Scharff, partners chez PwC. p. 72

2 Quand offre

et demande peinent à se rencontrer

5,2

5,2 5

4,9

Analyse du marché du travail où l’offre et la demande ne sont pas toujours en symbiose.

p. 74

5

3 Comment les entreprises appliquent l’upskilling

4,9

4,6

Quatre grands employeurs luxembourgeois expliquent comment ils mettent en place l’upskilling au sein de leur société. p. 76

4 Ils racontent

leur upskilling

De 20 à 50 ans, il n’est jamais trop tard pour repenser sa carrière professionnelle. Témoignages. p. 78

5 La formation

en questions

Demandes, remboursements, démarches, organismes au Luxembourg... Diverses questions abordées concernant la formation. p. 80

2014

2015

2016

2017

2018 MAI 2021

71


1 Interview croisée

« Il faut une approche plus ambitieuse » Des métiers disparaissent, d’autres apparaissent. Et pour aligner les compétences aux besoins du marché du travail, il est urgent d’investir dans l’upskilling, selon Laurent Probst et Christian Scharff, partners chez PwC et auteurs d’un livre sur le sujet 1. Ils le différencient de la simple formation continue. Pourquoi parle-t-on d’upskilling plutôt que de formation ? CHRISTIAN SCHARFF (C. S.) Vous avez en moyenne trois à cinq jours de formation continue par salarié par an. La grande majorité du temps est consacrée à apprendre à faire mieux ce que vous connaissez déjà, et peu de temps est dédié à apprendre quelque chose de nouveau. L’upskilling consiste à acquérir un nouveau set de compétences, de manière à faire un job « augmenté » ou différent. Vous n’allez pas apprendre à faire mieux ce que vous connaissez déjà. En termes de volume, on n’est pas sur trois à cinq, mais sur 15 à 20 jours. En quoi est-ce une problématique importante pour le Luxembourg ? C. S. Il y a un mouvement extrêmement fort, depuis plusieurs années, avec la transformation digitale, puis verte. Si on n’investit pas dans l’upskilling, on va vers un problème de compétitivité, voire de gros problèmes sociaux. On va laisser une grande partie des gens sur le côté. Tout le nouveau business qui va être créé ne peut l’être que par de nouvelles ­compétences. S’ajoute à cela un choc démographique, qui va dans le mauvais sens. Vous avez besoin de compétences différentes, et la ­profondeur de l’étang 72

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dans lequel vous pêchez diminue. Qui reste-til ? Les gens que nous avons déjà. Si vous avez les bonnes compétences au bon moment, il y a des entreprises qui vont venir et créer des emplois dans le domaine. LAURENT PROBST (L. P.) Le Luxembourg a fait quelques tentatives en matière d’upskilling, mais encore basées sur l’ancien modèle de formation. Tout est fait pour former des gens sur une semaine, quelques jours. Il faut une approche plus ambitieuse.

LAURENT PROBST partner chez PwC

« C’est un doux rêve de penser que tout le monde va aller en formation de lui-même le soir. »

Tous les salariés sont-ils concernés par l’upskilling ? C. S. Environ 10 % des emplois sont en danger chaque année. Huit sur dix restent, mais le niveau de compétences exigé augmente de manière dramatique. Autrement dit, il ne faut pas faire deux jours de formation pour y arriver, mais 15. Les deux autres emplois disparaissent. En contrepartie, il y en a qui apparaissent. Les emplois verts, dans la technologie, la cybersécurité… L’upskilling s’applique à ces 10 % d’emplois à risque. P ­ lutôt que d’arroser tout le monde de formations, on peut donc concentrer l’effort sur ces 10 % qui en ont réellement besoin dans l’année en cours. Dans quels domaines trouve-t-on ces emplois à risque ? C. S. C’est extrêmement varié. Dans les supermarchés, on peut parler des caisses automatisées. Dans les assurances, du middle-office automatisé. Dans une usine, de l’interface client. Dans les travaux publics, des drones pour aller faire des repérages de chantiers, alors qu’hier, des Hommes les faisaient avec une lunette. On peut encore continuer cette liste. Aucun secteur n’est épargné. Cela dépend de la vitesse d’investissement de chaque firme. À qui revient la responsabilité ? Au salarié, à l’entreprise, à l’État ? L. P. Aux trois. Premièrement, chaque salarié doit essayer de se maintenir à la page. Mais c’est un doux rêve de penser que tout le monde va aller en formation de lui-même le soir. Deuxièmement, c’est dans l’intérêt premier de l’employeur de former ses employés. Et, troisièmement, l’intérêt de l’État est que la personne ne sorte pas du circuit du travail pour entrer au chômage. Ce qui coûte plus cher que de soutenir une entreprise dans l’upskilling. Quel est le rapport coût-bénéfice ? L. P. Le coût de l’upskilling comprend le salaire de la personne pendant la période et la formation. Il peut démarrer à 4.000 euros et aller jusqu’à 100.000 euros par personne, par exemple pour des programmes de neuf mois dans des usines extrêmement automatisées qui n’existent pas en Europe, et qui impliquent d’envoyer les gens en Asie ou aux États-Unis. Le retour sur investissement pour l’entreprise est simple : si elle n’a pas de compétences, elle n’a pas de business. Ou alors, il faut passer du temps à recruter des gens que l’on doit faire venir de l’extérieur. On va payer des surcoûts pour faire venir la famille, etc. Pour l’État, si un job n’est pas occupé parce qu’il n’y a pas les compétences, il ne touche pas les revenus de sécurité sociale, de fiscalité. Et si la personne dont le métier était à risque tombe dans une situation de


Enjeux Upskilling

CHRISTIAN SCHARFF partner chez PwC

«  Si on n’investit pas dans l’upskilling, on va vers un problème de compétitivité, voire de gros problèmes sociaux. On va laisser une grande partie des gens sur le côté. » demandeur d’emploi, on parle de plusieurs milliers d’euros par mois de compensations sociales. L’upskilling bien organisé, c’est une sécurité sociale et sociétale.

Photos

PwC Luxembourg et Gaël Lesure (Archives)

Au minimum, pour 1 euro investi dans l’upskilling, on est à 2 euros épargnés pour la société au sens large. C. S. Il y a aussi un vrai travail à faire sur la manière de communiquer avec les gens, de les rassurer. C’est beaucoup moins traumatisant de devoir suivre 15 jours de formation dans son entreprise que de perdre son emploi et de se retrouver à devoir refaire tout le cycle. Il y a tout le bénéfice social et psychologique. « Upskiller », c’est un vrai sujet de compétitivité économique, mais aussi sociétal et de vivre-ensemble. Dans l’idéal, quel montant l’État luxembourgeois devrait-il investir ? L. P. Ce n’est pas seulement une question d’argent, mais de mettre en place un cadre favorable à l’upskilling. Aujourd’hui, il y a d’excellentes initiatives. Le problème, c’est que ce n’est pas à la taille du changement. On peut rediriger le budget aujourd’hui alloué à la formation vers ces priorités d’upskilling. Trouver plus d’accords intersectoriels pour que les associations professionnelles soient plus actives dans le suivi des compétences en temps réel. C. S. On a aujourd’hui un pool de salariés de très bon niveau au Luxembourg. Si on laisse ce bon niveau se détériorer, on va perdre en compétitivité, en attractivité, et, in fine, on aura des problèmes bien plus importants que la mise en place d’une politique coordonnée d’upskilling au niveau du pays. À quelle fréquence doit-on « upskiller » un salarié ? C. S. En moyenne, tous les sept ans. Cela va probablement s’accélérer. Entre-temps, il y a toujours un peu d’incrémental, pour rester à la page.

Quelle stratégie mettre en place en entreprise pour atteindre cet objectif ? C. S. Cela commence toujours par de la planification, ou workforce planning. Planifier et comprendre ce qui va se passer avec les salariés dans le futur. Cinq ans, c’est trop loin, trois, encore incertain. Le seul horizon que l’on considère comme à peu près certain, c’est un an. Dans certaines entreprises, c’est six mois, voire quatre, tellement cela va vite. Il s’agit donc de se projeter à un an, chaque année, en même temps que le budget, par exemple, et d’imaginer quels sont les 10 % de salariés qui vont être touchés par des transformations. Seconde étape, essayer de définir leurs compétences. Et comparer cela avec les jobs qui vont apparaître ou qui seront transformés d’ici un an. Si vous répétez cela chaque année, au bout de cinq ans, vous aurez « ­upskillé » la moitié de la boîte. Dans quelles compétences investir pour l’avenir ? C. S. Dans les classements des compétences les plus demandées dans le futur, il y a souvent six ou sept soft skills avant les hard. Interagir, travailler en équipe, coordonner… Dire que la solution, ce sont les digital skills, c’est se tromper lourdement. Pour les personnes très en retard dans ce domaine, il faut investir dedans. Mais si vous prenez la population qui a déjà les bases, cela ne veut pas dire qu’elles pourront garder leur job. Il peut totalement disparaître parce qu’un chatbot va répondre à leur place au client. Maintenant, il faudra traiter leurs plaintes. Pour cela, il est nécessaire de mieux connaître les produits (hard skills), d’apprendre à gérer la mauvaise humeur des clients (soft skills) et de savoir utiliser la nouvelle interface où les plaintes arrivent (digital skills). Vous ne pouvez plus vous cacher derrière votre machine. Au supermarché, avec les caisses automatiques, on ne va plus scanner des articles, mais aider le client et lui expliquer comment cela fonctionne.

Quelle stratégie au Luxembourg pour attirer les talents ? Son élaboration est en cours, selon le ministère de l’Économie. Dans le cadre de l’accord de coalition gouvernemental 2018-2023, un groupe de travail a été créé pour établir une feuille de route sur le sujet. Sous la coordination du minis­tère de l’Économie, il regroupe aussi les ministères des Finances, de l’Éducation nationale, de la Digitalisation, le Service des médias et des communications du ministère d’État (SMC), la Direction de l’immigration du ministère des Affaires étrangères et européennes (MAEE), le ministère du Travail, l’Adem, Luxembourg for Finance et Luxinnovation. Toutes ces entités travail­lent à une « approche agencée en trois temps : attirer les talents pour apporter des compétences et expé­riences profes­ sionnelles clés au profit de l’économie nationale ; être en capacité de retenir au Grand-Duché ces profils recherchés ; et réfléchir sur la manière de développer les compétences à l’avenir, en vue de soutenir la compétitivité et le développement économique du pays ». Elles ont pu échanger avec les représentants de différents secteurs, pour arriver à une feuille de route « en cours de finalisation ». Cette dernière sera ensuite soumise au conseil de gouvernement.

Que deviennent les autres caissiers ? C. S. Il faudra changer de secteur. A ­priori, à un horizon de 10 ans, on n’est pas dans une diminution du nombre d’emplois. Il va y avoir énormément de créations dans toute une série de secteurs. Encore faut-il avoir les compétences. On ne peut pas non plus décider de former en masse aux compétences vertes. Si on y est trop tôt, on y est pour rien, il n’y a pas d’emplois disponibles. C’est pour cela que ce délai d’un an est instrumental.

10 %

L’upskilling peut-il aussi pallier, à l’inverse, les problèmes de surquali­ fication, pouvant mener au bore-out ou au brown-out de certains salariés ? L. P. On voit, dans certains cas, des personnes surqualifiées sur le papier par rapport au travail demandé. Le Luxembourg est peutêtre aussi dans cette situation parce qu’il y a beaucoup de personnes qui arrivent avec leur conjoint, qui s’inscrivent à l’Adem et doivent trouver un emploi, pas forcément au niveau espéré. Encore une fois, si elles ont un porte­ feuille de compétences adapté au marché, elles peuvent trouver quelque chose.

des emplois risquent de fortement évoluer, voire de disparaître chaque année, estiment les deux partners de chez PwC.

1 Upskill: 6 steps to unlock economic opportunity for all, Laurent Probst & Christian Scharff, Clink Street Publishing, format e-book, 2019

Au lieu d’un salarié par caisse, on passe à une personne pour plusieurs caisses automatiques.

Auteur MATHILDE OBERT

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2 Marché du travail

Quand offre et demande peinent à se rencontrer

ensuite la mécanique et l’électricité, l’ingénierie, et l’informatique. Alors que le « top 5 » des catégories les plus demandées par les 163.000 candidats inscrits sur moovijob.com se compose du commerce et de la vente en première position. Viennent ensuite le secteur bancaire, le développement informatique, le marketing, la communication et le design, puis l’accueil, l’administration et le secrétariat.

Une inadéquation aussi au niveau des exigences Avec quelques variations, l’Agence pour le développement de l’emploi (Adem) partage ce constat d’inadéquation persistante entre l’offre et la demande sur le marché du travail luxembourgeois. Les métiers recrutant le plus sur les trois dernières années concernent « le support à l’entreprise (comptabilité, informatique, secrétariat, audit, conseil...), ceux spécifiques au secteur financier (front-office, analyse financière...), mais également ceux de la restauration, du nettoyage et de la construction », analyse Inès Baer, responsable de la Future Skills Initiative de l’Adem. La pénurie étant « au plus haut » pour les métiers « de développement informatique, d’audit, de comptabilité et de front-office sur les marchés financiers » (opérateurs de marché). Par ailleurs, la plupart des demandeurs d’emploi recherchent des métiers « nécessitant un niveau de qualification bas ou intermédiaire (nettoyage, ­assistance administrative, conduite, plonge, accueil, vente...) », selon elle. Une pénurie peut en cacher une autre. Par exemple, le fait que le nettoyage figure à la Se former ou « s’upskiller », oui, mais pour aller où ? fois dans la liste des métiers les plus demanInès Baer, de l’Adem, et Yannick Frank, de Moovijob, dés et de ceux recrutant le plus ne signifie pas que la situation y est idéale. « Même s’il y a un nous livrent leur analyse d’un marché du travail où surplus important de candidats potentiels, il l’offre et la demande ne se rejoignent pas toujours. reste souvent une inadéquation entre ce qui est exigé par les employeurs et ce que les candidats La pénurie se fait surtout ressentir dans la cons­ peuvent offrir. En termes de langues, de dispotruction, l’informatique, la santé et le social. Sans nibilité, de compétences, d’expérience, de permis de conduire... », détaille Inès Baer. En regardant oublier d’anticiper les métiers de demain, de plus le taux d’offres sans assignation, c’est-à-dire en plus tournés vers l’écologie et le numérique. pour lesquelles aucun candidat adéquat parmi les demandeurs d’emploi disponibles n’a pu être proposé, on voit « une pénurie élevée également dans les métiers de la santé et du social ». À l’inverse, « nous arrivons à proposer beaucoup En entrant dans une démarche d’upskilling énormément de profils », résume Yannick Frank, de candidats adéquats pour les métiers de secré(montée en compétences, pour s’adapter à un directeur de la plateforme d’offres d’emploi tariat, d’accueil et de plonge ». métier en mutation) ou de reskilling (acquisi- Moovijob au Luxembourg. Sur base des 3.255 tion de compétences différentes, pour changer postes ouverts sur le site début avril 2021, il Rendre plus attractifs les métiers de métier), on tente de se mettre en adéquation note un besoin en main-d’œuvre plus impor- en manque de main-d’œuvre avec le marché du travail. Où le fossé entre tant, dans l’ordre, dans le bâtiment, les travaux Si les analyses pointent, depuis quelques années l’offre et la demande ne se réduit pas, selon publics et la construction (13e catégorie côté déjà, les secteurs où les besoins en main-d’œuvre plusieurs spécialistes… candidats), la comptabilité, le contrôle de ges- se font le plus ressentir, pourquoi n’arrive-t« Les métiers du commerce et de la vente, ou tion et la fiscalité (11e côté candidats), la pro- on pas à rééquilibrer le marché de l’emploi encore du marketing et de la communication, duction (postes d’agent de production, pour faire correspondre l’offre à la demande ? restent très recherchés côté candidats, alors qu’il mécanicien industriel, soudeur, tuyauteur…, Yannick Frank y voit plusieurs raisons. D’abord, y a de moins en moins de demande. Au contraire, 11e catégorie côté candidats), la finance, la banque les conditions de travail, plus attirantes dans les métiers techniques et manuels restent très et le droit (2e côté candidats), ainsi que le trans- certains métiers, même si ce sont ceux qui recherchés par les recruteurs, mais n’attirent pas port et la logistique (7e côté candidats). Viennent recrutent le moins. « Les nouvelles générations 74

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Enjeux Upskilling

L’INADÉQUATION EN CHIFFRES Statec et Adem

Source

6,1 %

Le taux de chômage au Luxembourg s’est établi à ce niveau en mars 2021, après plusieurs mois à 6,3 %. Ce qui correspond à 18.689 demandeurs d’emploi disponibles à l’Adem au 31 mars 2021.

8.194

postes disponibles étaient recensés dans les fichiers de l’Adem au 31 mars 2021. Mois au cours duquel les employeurs ont déclaré 3.910 postes vacants.

445.786

salariés travaillaient au Luxembourg en 2020, selon le Statec. Parmi eux, près de 205.000, soit 45 %, sont des frontaliers.

attachent une attention particulière à la localisation du poste, la flexibilité des tâches et des horaires, l’environnement de travail, l’ambiance, la possibilité de faire du télétravail… », cite-t-il. Le salaire compte aussi. « Certains métiers techniques ou manuels dans l’artisanat ont du mal à attirer, car ils restent, dans la plupart des cas, moins bien payés que d’autres. » Il ajoute : « Certains secteurs ou métiers sont tout simplement plus connus et plus séduisants que d’autres. On apprend souvent cela à l’école, au moment de parler orientation. Et, généralement, ce sont les mêmes métiers qui ressortent. Il y a un travail à faire à ce niveau. L’exemple est le même pour les entreprises : certaines entreprises attirent davantage que d’autres, car elles disposent d’une meilleure marque employeur. » Surtout, « pour exercer un métier, il faut avoir les compétences adaptées. Par exemple, c’est bien de vouloir devenir développeur, car c’est un métier très recherché et qui dispose de nombreux avantages, mais ce métier n’est pas à la portée de tous. Il faut généralement être très bon mathématicien, avoir un sens de la logique, de l’analyse et avoir une personnalité curieuse. Autre exemple, pour devenir menuisier, il vaut mieux être déjà doué de ses mains. » C’est là qu’intervient la formation. « C’est le rôle des entreprises et des collaborateurs de monter en compétences de manière continue », estime Yannick Frank. Miser sur les secteurs de demain Le marché du travail étant en constante évolution, vers quelles compétences se diriger aujourd’hui pour répondre aux attentes de demain ? À l’Adem, Inès Baer voit émerger de nouveaux métiers liés aux transformations technologiques, comme « développeurs fullstack, experts en cybersécurité, architectes cloud, analystes de données, experts BIM (bâtiments et

informations modélisés) dans la construction ». D’autres touchent à la maîtrise des risques et la conformité avec la réglementation (risques de crédits, d’assurance, financiers, physiques, réglementation environnementale…). Ou aux tendances sociétales (ergothérapie, psychologie, assistance sociale, installation de climatisation, logistique autour de l’e-commerce). Yannick Frank complète avec les métiers en relation avec l’e-santé, l’environnement (ambassadeur du tri, conseiller à l’énergie…) ou encore les réseaux sociaux, celui de community manager ayant déjà pris de l’ampleur ces dernières années . « Nous aurons de plus en plus d’influenceurs, de streamers… Chaque individu deviendra sa propre marque. » L’aérospatial « continuera de croître et de nouveaux métiers verront le jour dans ce secteur », selon lui. Il cite encore les agriculteurs urbains ou les « évangélistes », à la fois développeurs et communicants chargés de porter « la bonne nouvelle » d’une marque ou d’une entreprise sur internet. Enfin, « des entreprises et des consultants devront sensibiliser le marché (entreprises et particuliers) à cette évolution ». À l’inverse, d’autres seront amenés à disparaître. Il donne l’exemple du caissier, de la personne assurant l’accueil d’un établissement, du secrétaire, du manutentionnaire, de l’ouvrier de production, du livreur, du pharmacien, et même des chauffeurs, conducteurs et pilotes ou des recruteurs. Sans parler des « incertitudes concernant certains commerces de proximité ». Il justifie : « La technologie prend peu à peu le relais pour ces métiers. Les prises de rendez-vous, par exemple, ne se font plus par téléphone mais en ligne, car elles permettent une simplification des actions, aussi bien pour le client que pour l’entreprise. » Un phénomène « déjà bien présent avant, mais en réelle accélération depuis le début de la crise sanitaire ». « Ces risques sont souvent surestimés , nuance Inès Baer.  Historiquement, peu de métiers ont réellement disparu. Souvent, ils évoluent vers des métiers transformés, qui peuvent nécessiter des qualifications très différentes. » Le risque touche surtout ceux basés sur des tâches routinières, manuelles, administratives ou de service, parce qu’ils se « prêtent bien à une automatisation », confirme-t-elle, ajoutant l’exemple des opérateurs de saisie de données. À plus long terme, « la progression de la technologie, comme dans l’intelligence artificielle, par exemple, pourra emmener une automatisation de tâches plus complexes et de métiers plus qualifiés », prévoit-elle. Reste à savoir si les plans dans les entreprises concernées suivront.

TOP 15 DES MÉTIERS LES PLUS DEMANDÉS Source Adem (demandeurs d’emploi inscrits à l’Adem entre 2018 et 2020) En milliers de candidats 0

2

4

6

8

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Nettoyage de locaux Secrétariat Conduite et livraison par tournées en courte distance Opérations administratives Accueil et renseignements Plonge en restauration Mise en rayon libre-service Vente en habillement et accessoires de la personne Entretien des espaces verts Personnel de caisse Assistance auprès d’enfants Magasinage et préparation de commandes Opérations manuelles d’assemblage, tri ou emballage Service en restauration Comptabilité

TOP 15 DES MÉTIERS LES PLUS RECRUTÉS Source Adem (postes déclarés à l’Adem entre 2018 et 2020) En milliers d’offres 0

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6

8

10

Comptabilité Études et développement informatique Secrétariat Personnel de cuisine Nettoyage de locaux Audit et contrôle comptables et financiers Service en restauration Entretien des espaces verts Conseil en organisation et management d’entreprise Front-office marchés financiers Maçonnerie Défense et conseil juridique Analyse et ingénierie financière Analyse de crédits et risques bancaires Construction en béton

Auteur MATHILDE OBERT

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Enjeux Upskilling

3 Plans de formation

Comment les entreprises appliquent l’upskilling Entre entretiens annuels et plans collectifs, tour d’horizon de la stratégie RH en place chez quatre grands employeurs luxembourgeois, dans le domaine de la sidé­rurgie, des soins, de la banque et du ferroviaire. Plusieurs postes seraient amenés, chaque année, à disparaître ou se transformer, peu importe le secteur. Comment les entreprises adaptent-elles leur plan de formation ? « Même si l’évolution des technologies aura un impact, nous pensons que les métiers auront plutôt tendance à se transformer », estime Barbara Da Costa Paulino, conseillère Carrière aux CFL. Ces risques sont « englobés dans la stratégie de formation », complète Angélique Jaskula, chef du service Formation & Dévelop­pement personnel. Celle-ci se divise en plusieurs parties. « Nous avons déjà un seuil incompressible dans les métiers ferroviaires avec une responsabilité de sécurité. » Par exemple, « un conducteur de train doit avoir au moins une formation par an sur les réseaux sur lesquels il roule. » S’ajoutent celles liées à la stratégie opérationnelle, qui engendre de nouveaux besoins en compétences. Comme « renouveler une gamme d’engins moteurs, faire un pont  », illustre ­Angélique Jaskula. Les services remontent annuellement leurs besoins aux ressources humaines. Et les demandes individuelles de salariés. Un exemple concret d’upskilling concerne les quelque 300 accompagnateurs de train, qui, depuis la gratuité des transports en commun, ne doivent plus contrôler les billets des passagers en seconde classe. Leur nombre n’aurait pas diminué, selon les CFL. Simplement, ils ont suivi des formations en communication. Enfin, la Société nationale des chemins de fer luxembourgeois propose des formations axées sur les soft skills, du mana76

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gement participatif au développement ­ ersonnel. Ses 4.510 salariés bénéficient, p en moyenne, de 126.000 heures de formation par an. De 12.000 à 126.000 heures de formation annuelles Chez ArcelorMittal aussi, la formation se veut « anticipative », selon Florence Fresne-Chaudron, responsable Formation continue Luxembourg. Pour cela, on réalise un état des lieux chaque année après les entretiens avec les salariés, qui guidera la mise en œuvre du plan de formation. Si un poste est amené à évoluer, « on repense l’organisation ». Par exemple, lorsqu’un drone remplace le salarié qui surveillait au sol les trains de laminage, il faut quelqu’un pour le piloter. Soit on forme le salarié, soit on em­­ bauche quelqu’un d’autre, mais dans ce cas, on réutilise ses compétences ailleurs. Tout en lui proposant un accompagnement dans « l’accep­tation du changement ». Les 3.600 salariés ont participé à 120.000 heures de formation en 2019, puis 90.000 en 2020 à cause des contraintes liées au Covid-19. L’entreprise sidérurgique mise aussi sur l’apprentissage pour « préparer la relève » et forme actuellement 46 jeunes. Du côté de BGL BNP Paribas, « il est primordial que nous garantissions l’employabilité de chacun de nos salariés en anticipant les besoins en compétences futures », admet Louis de Looz, en charge des ressources humaines. La banque aux 3.830 employés a donc lancé, début 2019, un projet nommé « Strategic Workforce Planning », qui vise à évaluer les besoins de la banque dans les cinq ans et à mesurer l’écart entre les compétences actuelles et celles nécessaires. Pour affiner les plans de formation, de m ­ obilité interne et de recrutement. Au-delà de ce projet, elle revoit chaque année son offre pour l­ ’ensemble

4,7 formations ont été suivies, en moyenne, par les salariés dans le secteur privé au Luxembourg, en 2018, selon l’Observatoire de la formation.

Cinq métiers amenés à disparaître ou à se métamorphoser Selon les analyses d’Inès Baer de l’Adem et de Yannick Frank de Moovijob.

aissier C oste d’accueil (banque, hôtel) P Manutentionnaire Agent de back-office Opérateur de saisie

des employés, « en lien avec l’évolution de c­ hacune des activités de la banque ». 40.000 heures ont été dispensées en 2020. L’humain au centre Servior se sent moins concerné par l’automatisation du travail. « Nous restons vigilants en ce qui concerne les nouvelles technologies, souligne Corinne Theis, chargée des ressources humaines du gestionnaire de maisons de soins. Mais nous travaillons dans le social, avec des humains. Il n’y a pas encore de postes qui peuvent être occupés par des robots », malgré des tests dans certains pays. Elle pense aux personnes âgées qui ont du mal à s’exprimer ou nécessitent un accompagnement spécifique. Même « le cuisinier ou le serveur ont un contact régulier avec elles. Je ne vois vraiment pas comment on pourrait sacrifier ces postes. » Au contraire, l’entreprise souffre d’une pénurie de talents dans le domaine des soins et envisage la formation comme un moyen de fidéliser son personnel. À son arrivée, chaque salarié participe à un tronc commun de quatre heures sur les valeurs de Servior. Ceux qui travaillent dans le soin et l’encadrement (71 % des 2.020 employés) bénéficient de 44 heures de formation en tout, spéci­fique au métier. Le personnel de l’économie domestique reçoit quant à lui 24 heures axées sur la gestion des personnes âgées. Un quota annuel prévu par une convention collective. De nouvelles formations sont ensuite proposées tous les ans ou tous les deux ans selon les besoins, suite aux entretiens avec les salariés. En 2020, 12.000 heures ont été assurées, contre 29.000 en 2019. Lors du recrutement aussi, les entreprises anticipent les besoins de demain. En misant sur des soft skills telles que la flexibilité. Auteur MATHILDE OBERT


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4 Témoignages

ANDRÉS SANZ BUEZO, 41 ANS

Le parcours d’Andrés Sanz Buezo démarre dans son pays d’origine, l’Espagne. Après l’école, il se tourne vers une formation professionnelle dans l’informatique, surtout axée sur « les télécommunications, l’électronique ». Après cela, il travaille quatre ans dans une compagnie téléphonique en Espagne, où il installe des équipements. Puis à l’usine, comme opérateur, pendant six ans. « J’avais une certaine stabilité. Mais, peu à peu, je me suis dit que je voulais faire autre chose. C’est pourquoi j’ai commencé à combiner mon travail à l’usine avec un bac professionnel. » Travaillant de nuit, il suit des cours au lycée la journée. « À la fin, j’étais fatigué, je ne dormais pas plus de 5 heures par jour », se remémore-t-il. Une fois son diplôme en développement d’applications multiplateformes en poche, il réalise un stage au Parlement européen au Luxembourg, après lequel il est embauché comme consultant en informatique pour la compagnie externe lui fournissant ses services. Il y reste quatre ans, mais finit par se lasser. « Je faisais surtout de la maintenance, je voulais faire plus de développement. » Il accepte donc un poste de consultant en informatique dans le secteur de la finance. Une « m auvaise expérience personnelle », où il « perd confiance » en ses capacités. Pour se relever, il se tourne, sur les conseils de l’Adem, vers l’upskilling et suit une formation de quatre mois, axée sur le développement web. « Après cela, je me suis senti capable de passer des entretiens d’embauche », se réjouitil. Il réalise un stage dans une start-up, avant de trouver un poste de développeur full stack 78

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Pour changer de voie LUCIANA SCALFARO, 25 ANS

Originaire d’Argentine, Luciana Scalfaro rejoint sa mère au Luxembourg après le lycée. Elle enchaîne des expériences de vendeuse, assistante administrative ou encore réceptionniste, avant d’étudier la biologie médicale en Belgique. « Après deux ans, je me suis rendu compte que ce n’était pas pour moi. Je ne me voyais pas toute ma vie dans un laboratoire. J’ai suivi le parcours #YouthYourFuture de l’Adem et j’ai réalisé que je voulais travailler dans l’informatique. » L’agence pour l’emploi l’inscrit donc à une formation de plusieurs mois chez Numericall pour apprendre le code. « Cela m’a donné les compétences pour trouver mon chemin. » Un mois après, la plateforme dédiée au transport, Easy4Pro, l’embauchait comme « développeuse PHP » (un langage de programmation) pour un CDD d’un an, censé s’achever en octobre 2021. Et même s’il ne se transforme pas en CDI, « j’ai beaucoup d’espoir. Je reçois plusieurs messages par semaine sur Linkedin pour des entretiens d’embauche. Les entreprises ont besoin de développeurs. » Pour entrer dans le monde du travail ARTHUR CLÉMENT, 23 ANS

Arthur Clément s’est « ­upskillé » avant même d’intégrer le monde du travail. « J’étais étudiant à l’Institut national des sciences appliquées de Lyon. Je rentrais en troisième année (sur cinq, ndlr). J’ai arrêté ce cursus, qui ne me correspondait plus. Avoir encore un long chemin à parcourir avant d’arriver sur le marché du travail me dérangeait. » Il avait choisi

Pour retrouver un emploi ISABELLE MOSAR, 50 ANS

À 50 ans, retrouver un emploi n’est « pas facile, surtout en cette période où beaucoup d’entreprises vont mal », témoigne Isabelle Mosar. Après avoir travaillé 11 ans comme secrétaire dans la communication, elle est licenciée pour « raisons privées ». L’Adem l’oriente alors vers son programme FutureSkills. « Nous avons été formés aux soft skills : communiquer, travailler en équipe, développer sa créativité. Mais aussi aux digital skills, comme l’utilisation d’outils collaboratifs ; au management, à la gestion de projet et à la bureautique avancée », détaille-t-elle. S’ensuit un stage de six mois, toujours en cours, comme réceptionniste au service d’orientation professionnelle à Belval. Isabelle Mosar espère qu’il aboutira à un contrat. « Ce qui me plaît et que je n’avais pas dans mon ancien poste, c’est que j’ai directement affaire à des personnes extérieures. » Les compétences acquises lors de sa formation l’ont « beaucoup aidée. On se sent plus sûr de soi. » Elles pourraient également lui servir, si besoin, dans un tout autre domaine. « Je préférerais rester dans le même, admet-elle. Je suis secrétaire de formation. Mais je ne suis pas contre le changement. »

Auteur MATHILDE OBERT

Matic Zorman, Luciana Scalfaro et Arthur Clément

Pour reprendre confiance

(codeur capable de réaliser la programmation à la fois en front-end et back-end, qui désignent les parties visibles et invisibles du site) chez Bim-Y, spécialisée dans la modélisation de bâtiments. « Aujourd’hui, je travaille avec des technologies très modernes, cela me plaît. » Il espère donc rester dans l’entreprise après sa période d’essai de six mois, qui se termine en juillet 2021.

cette voie pour devenir ingénieur, sans « idée précise. Mais je savais que je voulais travailler dans le domaine de l’informatique. » Il revient donc chez ses parents au Luxembourg et démarre une formation au code de quatre mois chez Numericall. « Je voulais me mettre le plus vite possible à travailler. » Il ne prend donc pas le temps de passer par l’Adem pour demander un financement de sa formation et paie 6.000 euros de sa poche. Mais elle est vite rentabilisée puisqu’une fois terminée, en avril 2018, il démarre un stage chez Agile Partner, qui se transforme en CDI. Embauché comme développeur junior, il travaille aujourd’hui comme consultant. L’absence de diplôme, « dans le secteur privé au Luxembourg, cela pose peu de problèmes », relativise-t-il. « Je travaille dans un secteur où il y a énormément de demande. » Sa formation lui a permis d’acquérir deux « titres professionnels : intégrateur web et développeur d’applications web ».

Photos

À 20 ans ou à 50 ans, pour changer de voie ou reprendre confiance en son propre domaine… Quatre personnes nous racontent leur expérience d’upskilling au Luxembourg. Leur point commun : l’acquisition de compé­tences recherchées sur le marché du travail.

Ils racontent leur upskilling


Publireportage

Cap Langues A u d e l à d e v os a t t e n t e s

Cap Langues Sàrl

Prête à relever le défi de l’upskilling Sur un marché en constante évolution et dans un contexte général complexe aggravé par la crise sanitaire, l’offre de formation doit s’adapter. La montée en compétences professionnelles doit impérativement se doubler d’une montée en compétences linguistiques dans l’environnement multiculturel qu’est le Luxembourg. Pratiquer une langue étrangère ne doit plus être un obstacle. L’offre de formation en langues ne peut plus se contenter de répondre à une situation d’urgence. Le contexte nous pousse vers une sophistication des actions de formation dans la manière dont elles sont construites et menées. Le prestataire doit se réinventer, anticiper, concevoir de nouvelles pistes d’apprentissage, proposer une offre pertinente et réfléchie, en un mot « être visionnaire ». C’est là l’ADN de Cap Langues, résumé dans son slogan « Au delà de vos attentes ». Notre stratégie repose sur cette base : proposer plus et mieux que ce que le client demande. Notre offre ne se limite pas à un site ou une brochure et des formules existantes. Elle s’articule autour de deux axes essentiels : l’hyperpersonnalisation des parcours au niveau du format, du contenu, des canaux, des outils ; une formation « intelligente », novatrice et flexible.

Marjorie Desloges - Directrice

Au Luxembourg, les entreprises attendent de leurs collaborateurs qu’ils communiquent dans différentes langues étrangères dans un contexte avant tout professionnel. Si le besoin en « langue générale » s’exprime toujours, les demandes en « langue d’activité » se multiplient. Cap Langues propose donc des formations orientées vers l’environnement professionnel et ce, dès les petits niveaux. Nous avons déjà conçu des stratégies de formation globale pour de nombreux partenaires dans des secteurs porteurs comme la banque, l’assurance, l’informatique, l’aviation, l’agroalimentaire… Outre un parcours de formation personnalisé, nous offrons l’opportunité d’une immersion au quotidien dans une nouvelle langue grâce à notre plateforme digitale qui constitue un outil parfaitement complémentaire au cours. Celle-ci plonge chaque apprenant au cœur d’une langue avec ses activités interactives, ses vidéos pédagogiques, ses mises en situation et son parcours personnalisable. Plus que jamais, Cap Langues continue à investir et à innover. Précurseur dans le domaine de la formation sur mesure au Luxembourg dans le passé, acteur reconnu aujourd’hui, soyons le partenaire incontournable de demain !

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5 Offre et financement

les deux ans. Il faut aussi avoir au minimum six mois d’ancienneté chez son employeur ou, pour les travailleurs indépendants, être affilié depuis au moins deux ans à la sécurité sociale. Au-delà de ces limites, il faudra utiliser ses congés classiques. Le quota est le même pour une personne qui effectuerait huit ans de sa Qui finance la formation continue carrière au Luxembourg et le reste à l’étranger, des salariés au Luxembourg ? « Nous disposons de deux outils principaux au par exemple, que pour quelqu’un qui travailniveau de la formation professionnelle conti- lerait toute sa vie au Grand-Duché. nue : le congé individuel de formation et le co­ Si le salarié a droit à des congés supplémenfinancement », résume Tom Muller, directeur taires, le coût de la formation reste en revanche adjoint à la Formation professionnelle au à sa charge. Pour les jours concernés, l’emministère de l’Éducation nationale, de l’En- ployeur reçoit une indemnité compensatoire fance et de la Jeunesse. pour rémunérer son salarié, avec un plafond fixé à quatre fois le salaire social minimum. Le Le congé individuel de formation remboursement pour les indépendants se fait Cette formule permet aussi bien au salarié qu’à sur base du revenu ayant servi comme assiette l’indépendant de prendre un certain nombre de cotisation pour l’assurance-pension lors du de jours de congés payés supplémentaires pour dernier exercice, avec le même plafond. participer à une formation. Il peut également profiter de ce module pour passer un examen Le cofinancement ou rédiger un mémoire. Aucun rapport avec Le congé individuel de formation émane d’une le poste actuel ou un poste à venir n’est exigé. volonté du salarié de se former, qui doit en Seule condition : effectuer la formation auprès faire la demande auprès du service de formad’un organisme agréé, au Luxembourg ou à tion professionnelle du ministère de l’Édul’étranger. Sont également éligibles les chambres professionnelles, les communes, les fondations, les ministères, les administrations et les établissements publics. Ces congés additionnels RÉPARTITION DU NOMBRE DE PARTICIPANTS DANS LES DOMAINES DE FORMATION ne concernent qu’un tiers de la formation. Pour Comparaison des années 2007 et 2017 en pourcentage et selon le domaine calculer le nombre de jours auxquels on a droit, il faut d’abord regarder à combien d’heures de travail correspond la formation, avant de faire Langues Langues la conversion en jours. Par exemple, une for3 % 2 % Qualité, ISO Qualité, ISO mation de 30 heures, pour quelqu’un qui a et sécurité et sécurité l’habitude de travailler quotidiennement 8 heures, 20 % 21 % Techniques / métiers Techniques / métiers correspond à 3,75 journées de travail (30 divi45 % 37 % sé par 8). « Le salarié a donc droit à un tiers de cette durée en tant que congé de formation. » Ici, Informatique / Informatique / 2017 2007 cela donnerait 1,25 jour, à arrondir à l’unité bureautique bureautique 8 % 6 % inférieure, soit un seul jour. On ne peut de toute façon pas en poser moins. Il devra utiliser ses Finance, Finance, congés classiques pour les 2,75 jours restants, comptabilité comptabilité ou s’arranger avec son entreprise si la formaet droit et droit 11 % 19 % tion concerne son emploi actuel. Adaptation du poste de travail Chacun bénéficie d’un quota de 80 jours Management / Adaptation du Management / 3 % GRH poste de travail GRH qu’il peut prendre tout au long de sa carrière 9 % 4 % 12 % professionnelle, sans en poser plus de 20 tous 80

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Observatoire de la formation

cation nationale. Quand il s’agit de la volonté de l’entreprise, celle-ci peut se tourner vers le cofinancement. Elle doit pour cela « être affiliée au Luxembourg et y avoir son activité principale ». L’État lui rembourse alors 15 % du montant annuel investi dans la formation (contre 20 % avant la loi du 29 août 2017). Une majoration de 20 % s’applique pour les coûts salariaux des participants de plus de 45 ans ou non diplômés (contre 15 % avant cette même loi). Sont pris en compte les salaires des participants et des formateurs internes, les frais des organismes de formation externes, les frais de déplacement, les frais de logiciels, les frais de cotisation à des organismes de formation basés sur une convention collective ou un accord interprofessionnel, et ceux de constitution du dossier pour faire la demande de cofinancement, à hauteur de 500 euros. Ce montant annuel d’investissement est plafonné à 20 % de la masse salariale pour les petites entreprises (1 à 9 salariés), à 3 % pour les moyennes, qui emploient entre 10 et 249 personnes, et à 2 % pour les plus grandes, comptant plus de 249 employés. Par exemple, dans une entreprise de 100 salariés où chacun gagnerait 80.000 euros par an, le plafond s’élèverait à 3 % d’un peu moins de 8 millions d’euros (100 x 80.000), après avoir retiré les cotisations patronales nécessaires au calcul de la masse salariale, soit 240.000 euros. Si l’entreprise en question a dépensé plus pour la formation, « ce ne sera pas pris en compte pour le cofinancement », indique Tom Muller.

Source

Que rembourse l’État à l’entreprise qui forme ses employés ? Ou au salarié qui en prend l’initiative ? Ou au demandeur d’emploi ? Comment trouver un organisme au Luxembourg ? La réponse aux questions pratiques sur la formation.

La formation en questions


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Enjeux Upskilling

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83,7 % 80 %

74,2 %

73,6 % 62,8 %

58,8 %

60 % 46,7 % 40 %

61,5 %

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30,1 % 20,8 %

20 %

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6,7 %

st ru er ct ce io n d’ et r au é to pa m ra ob tio ile n et s en T r tr an ep s p H os o et éb ag rt re er e st ge au m ra en tio t co Inf o m rm n Ac mu a n tio tiv ité ica n e tio t e s n Ac t d fin tiv ’as an s ité ur ciè r s im anc es sc e m ie A ob nt ct ifi iv ili qu ité èr es es s s ad et pé m in Ac tec cia is ti h lis tr v at ité niq ées ifs s ue , s et de de se so rvi En ut ce se ien s ig ne m en et Sa t ac nté tio h u ac A n s ma oc in tiv rt ité s, s ial e s r pe e éc ct ré ac a le To tive s, us s co se nf ct on eu du rs s

0 %

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om

ou qui font des formations sur mesure, sans catalogue », justifie-t-il. L’abonnement annuel à la plateforme coûtant « quelques centaines d’euros » pour un organisme. Ce sont aussi bien des asbl, que des organismes privés ou institutionnels et sectoriels. Par exemple, la Chambre des métiers, ou encore la Chambre de commerce et sa House of Training, créée avec l’Association des banques et banquiers, Luxembourg (ABBL) et qui affiche 1.133 offres de formations. Le Centre national de formation professionnelle continue (CNFPC) propose formations et cours du soir. Dans le secteur de la construction, on retrouve l’Institut de formation sectoriel du bâtiment (IFSB) et les deux centres de compétences, parachèvement et génie technique. D’autres organismes sont spécialisés dans les langues, comme Prolingua et Inlingua. Le Paperjam + Delano Club propose, lui aussi, des formations, aussi bien Où trouver sa formation ? axées sur le marketing que les ressources humaines. « Aucun organisme de formation n’est contraint Pour s’y retrouver parmi ce large éventail, la de publier son offre sur Lifelong-Learning.lu. plateforme Lifelong-Learning.lu et son moteur Mais c’est aujourd’hui la source la plus fiable de recherche sont « en train d’être revus pour et la plus exhaustive au niveau de l’offre de for- avoir une meilleure expérience utilisateur ». Mise mations professionnelles continues », déclare à jour attendue « en cours d’année. » Pour les demandeurs d’emploi, l’Adem Tom Muller. Le site internet appartient à l’Institut national pour le développement de la fournit des formations transversales ou basées formation professionnelle continue (INFPC), sur les compétences numériques. établissement public sous la tutelle du ministère de l’Éducation nationale. Dessus, on trouve plus de 10.000 offres de formations, dispensées par 279 organismes agréés. On compte entre 450 et 500 organismes en activité au total, selon Tom Muller. Ceux qui n’apparaissent pas sur le site sont « de très petits organismes qui n’y voient pas d’intérêt stratégique, Auteur MATHILDE OBERT

Observatoire de la formation / Statec – Démographie des entreprises 2018 / Inspection générale de la sécurité sociale (IGSS)

C

Lorsque la demande vient du chômeur, ce dernier en discute avec son conseiller, qui juge de « l’adéquation avec son projet professionnel ». Le chômeur doit alors avancer les frais, qui pourront être remboursés à 75 %, les 25 % restants pouvant être soumis à des conditions, comme l’obtention d’un CDI après trois mois, ou d’un CDD après 18 mois. Il n’y a aucune limite au niveau du nombre de formations par personne, on se fie au « bon sens du conseiller ». Tout demandeur d’emploi inscrit à l’Adem peut également demander une indemnité de formation. Il doit se prévaloir d’un taux de fréquentation d’au moins 80 % et ne pas bénéficier d’autres indemnités. Elle est calculée selon les heures effectives de formation. Pour une durée moyenne de 173 heures par mois, elle s’élève à 347,83 euros mensuels, illustre l’Adem sur son site.

Sources

Et pour les demandeurs d’emploi ? L’Adem finance la formation des demandeurs d’emploi via le Fonds pour l’emploi. Au Luxembourg, on ne cumule pas de droits à la formation au fur et à mesure de sa carrière, comme c’est le cas dans d’autres pays, par exemple en France avec le compte personnel de formation. À la place, « nous nous fixons sur le projet professionnel du demandeur d’emploi », nous explique une porte-parole de l’agence. Plusieurs possibilités existent. « Soit un secteur ou une entreprise nous dit qu’il/elle manque de main-d’œuvre. » L’Adem propose alors aux demandeurs d’emploi une formation spécifique, prise en charge à 100 %. Il en est de même pour ses partenariats avec des instituts de formation, comme la House of Training ou la Chambre des métiers, où elle dispose de « places réservées ».

100 %

In du st rie

D’autres options D’autres aides existent, comme les subsides pour l’apprentissage de la langue luxembourgeoise. Toute entreprise établie dans le pays peut les demander si elle fait appel à un organisme agréé. Les indépendants, quant à eux, ne peuvent pas en bénéficier. Seuls les frais de formateurs et de matériel didactique sont en partie remboursables, mais le montant ne peut être précisé à l’avance puisqu’il est « calculé en fonction du nombre d’entreprises ayant introduit une demande et du montant total des frais », lit-on sur Guichet.lu. Salariés et indépendants peuvent aussi prendre un congé linguistique pour apprendre le luxembourgeois s’ils travaillent chez leur employeur, dans le premier cas, ou sont affiliés à la sécurité sociale, dans le deuxième, depuis au moins six mois. La durée maximale du congé linguistique est de 200 heures par carrière. Elle est obligatoirement divisée en deux tranches de 80 heures minimum et de 120 heures maximum chacune. Un diplôme ou certificat obtenu à la suite de la première partie permet d’accéder à la seconde. Le congé peut aussi être fractionné, la durée minimale étant d’une demi-heure par jour. Un salarié peut également demander à son employeur un aménagement de son temps de travail pour se former. Ou un congé sans solde pour formation, pour lequel il faut une ancienneté de deux ans dans l’entreprise. Sa durée maximale est de six mois consécutifs et de deux ans cumulés par employeur, pour un minimum de quatre semaines consécutives.

PART DES SALARIÉS CONCERNÉS PAR LE COFINANCEMENT DE LA FORMATION Selon le secteur d’activité des entreprises (2018)

C on

Attention : les formations obligatoires, prévues par une disposition légale, ne sont concernées ni par le congé individuel de formation, ni par le cofinancement. « Comme les pilotes de ligne, qui doivent suivre des formations continues obligatoires, illustre-t-il. C’est à l’employeur de faire en sorte que l’employé puisse y participer et d’assurer la continuité du salaire à ce moment-là. »


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Portfolio

LE CERCLE DES AGRICULTEURS VERTUEUX Photos

ANDRÉS LEJONA

L’agriculture est le cœur battant de notre société. À l’origine de notre alimentation, les agriculteurs participent également à la préservation de notre planète et de ses écosystèmes. Pourtant, ils ne sont encore qu’une petite poignée à œuvrer de manière durable, parfois en travaillant selon les critères de l’agriculture biologique. Au Luxembourg plus particulièrement, l’agriculture biologique n’occupe actuellement que 5,18 % des surfaces agricoles. En 10 ans, ce chiffre n’a pratiquement pas augmenté (il était de 3 % en 2010), alors que l’urgence climatique est plus que jamais préoccupante. Il va donc falloir mettre les bouchées doubles pour atteindre l’objectif de 20 % fixé par le gouvernement pour 2025 (plan PAN-Bio 2025). Les agriculteurs et producteurs sélectionnés pour ce portfolio sont, chacun à leur manière, exemplaires dans leur secteur. Ce sont les gardiens de notre terre. Auteur CÉLINE COUBRAY MAI 2021

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La spécialité de la ferme Baltes, ce sont les ­chè­vres. Et elles y sont élevées de manière exem­plaire puisque la Bio-Haff Baltes a reçu le label allemand Demonstrationsbetrieb Biologischer Landbau (« ferme modèle de l’agriculture biologique »). Depuis 2007, le lait des quelque 150 chèvres est transformé dans leur fromagerie en une dizaine de produits allant 86

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du fromage frais au fromage à pâte dure. En plus des chèvres, la ferme réalise un élevage de poneys islandais et possède plus de 80 vaches limousines. Tous les animaux sont nourris grâce à des fourrages ou grains produits par la ferme. Aujourd’hui, la relève est assurée par les enfants de Daniel Baltes, dont Kristof, qui ont envie de poursuivre l’exploitation.


Terra est une coopérative lancée en 2014 qui dispose d’un terrain de 1,5 hectare. Mais ses quelque 80 types de légumes sont cultivés sur un demi-hectare, le reste étant réservé pour les arbres, dont des fruitiers, et les chemins. « Nous n’avons pas la certification bio, mais nous travaillons exactement de la même manière », explique Pit Reichert, cofondateur de Terra.

Les employés appliquent les méthodes de la ils sont financés par les membres de la co­opépermaculture, sans labourage, travaillant avec rative et le fruit de leur vente des plus de du compost et en cultures associées. « C’est 200 paniers distribués par cotisation échepour cela qu’il y a de la ciboulette sous les arbres lonnée, « car bien manger ne doit pas être un fruitiers ou des soucis à côté des salades. Et luxe », et dans les points de vente ciblés. Une nous avons aussi des canards qui viennent man­ entreprise qui, aujourd’hui, trouve son équiger les limaces », détaille le chef maraîcher. libre financier, avec un chiffre d’affaires d’enFonctionnant sans subside ni prêt bancaire, viron 250.000 € et qui emploie sept personnes. MAI 2021

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Letz Grow a commencé sous l’impulsion de Senad Alic. Ce qui a d’abord été, en 2014, un passe-temps dans le jardin familial est devenu, à partir de 2018, une petite unité de production de fruits et légumes, sans avoir recours à aucun produit chimique. Letz Grow, que Danny Hutchines a rejointe en 2019, nourrit ainsi plusieurs familles à travers la distribu88

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tion de paniers ou dans une boutique, mais aussi à la crèche du village et dans quelques épiceries, bars et restaurants. Une production à petite échelle, locale et durable. Mais leur engagement ne s’arrête pas là, car Letz Grow accorde beaucoup d’importance à la transmission du savoir et apprend par exemple à cultiver son propre potager.


La bergerie Weber est une entreprise familiale jours. En faisant ceci, nous favorisons la biodi- au Luxembourg. Pourtant, ce sont des méthodes qui a été reprise par Florian Weber et son épouse versité, car les moutons activent certains éléments efficaces, établies avec des biologistes et des géoMyriam en 2012. « Nous travaillons avec les mou­ sur place et transportent aussi avec eux, soit dans logues. Cette action a un rôle très important dans tons comme nous le faisions déjà il y a 100 ans », leur laine, soit à travers leur digestion, des semences. » la protection de l’environnement. » C’est pour explique Myriam Weber. Ils possèdent plus de En effectuant cette transhumance, le berger cela qu’ils veillent aussi à sensibiliser le public 700 têtes réparties en plusieurs troupeaux. « Nous parvient à relier des biotopes séparés et accroît à leur travail, en les invitant à les suivre au cours rejoignons un biotope à pied avec le troupeau et la biodiversité à l’aide des moutons. « Nous som­ de certaines transhumances et en leur explilaissons les moutons en pâturage un ou deux mes quasiment les seuls à travailler de cette manière quant le travail à la bergerie. MAI 2021

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Marc Emering est à la tête de Dudel-Magie, ferme qu’il a reprise en 1995 et qu’il a transformée en production bio en 2000. Si auparavant l’exploitation concernait les céréales et les vaches laitières, il a réorienté l’activité vers la production de poulets bio. « Nous élevons en moyenne 8.000 poulets, quatre fois par an, explique Marc Emering. Nous disposons de 90

MAI 2021

trois étables qui accueillent chacune des bêtes du même âge. Ce système évite la propagation des maladies. » La densité d’occupation est de 9 poulets/m2, soit trois fois moins que dans un élevage industriel. « Après 5 semaines, les poulets peuvent aller à l’extérieur et on voit tout de suite que leur immunité augmente. Ils peuvent ainsi sortir même en hiver. » En complément

de cet élevage, Dudel-Magie est aussi devenue une fabrique de pâtes artisanales. Pour les produire, Marc Emering utilise des œufs bio hors calibre (et qui ne peuvent donc pas aller dans le commerce) et de la farine d’épeautre, qu’il cultive également. « Nous vendons environ une tonne de pâtes par semaine, et tout est fait à la main dans nos ateliers. »


La maison viticole Schmit-Fohl installée à Ahn a choisi de devenir 100 % bio en 2017. Après trois ans de conversion, le millésime 2020 sera le premier à être labellisé avec la feuille verte. Le domaine, dont la création remonte au 18e siècle, est aujourd’hui géré par Armand et Patrizia Schmit, accompagnés de leurs fils Nicolas (depuis 2016) et Mathieu (depuis 2019).

À partir de leur domaine de 12 hectares, ils produisent 80.000 bouteilles de vin et crémant par an. « Travailler en bio, cela signifie avoir plus de travail, s’occuper encore plus de nos vignes, prendre un risque sur la production, mais c’est surtout prendre soin du sol et travailler dans le respect de la nature, pour les générations futures », déclare Nicolas Schmit. MAI 2021

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La ferme Witry est spécialisée depuis 2006 dans la production de lait bio. Le lait tiré des 45 vaches laitières est utilisé sans transformation ou pour faire des yaourts, des fromages… Les vaches sont élevées sans OGM, sans produits chimiques. Pierre et Caroline Witry ont même installé une machine en self-service pour avoir du lait frais 24 h / 24 et 7 j / 7. À côté, un ­frigo rend disponible la production de produits transformés et quelques produits de collègues 92

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fermiers partageant la même approche agricole. Ils reçoivent aussi régulièrement dans leur ferme des groupes d’enfants pour leur faire découvrir les plaisirs de la nature, du travail à la ferme, de la proximité avec les animaux. Il faut dire que Caroline est institutrice et s’est beaucoup investie dans ce projet de ferme MUHlti-­KUHlti, où l’on trouve aussi des poules et deux ânes. Le travail dans les champs est aussi réalisé, principalement pour nourrir les bêtes.


À la ferme pédagogique Kass-Haff, plus de 350 groupes d’enfants viennent tous les ans découvrir les plaisirs de la vie rurale, « car sensibiliser les enfants aux produits de la f­ er­me, c’est investir dans notre futur », assure Tom Kass. Avec sa femme, ils ont choisi de travailler en biodynamique. « En plus de ne pas utiliser d’engrais chimiques ni de pesticides, nous menons des processus complémentaires pour améliorer la terre, comme l’enri­c his-

s­ement de notre fumier avec des plantes telles que la camomille, les pissenlits ou la valériane. » Ils ont aussi une approche respectueuse de leurs animaux, ne pratiquant aucune mutilation. « Pour nous, une ferme moderne est une ferme qui n’est pas spécialisée dans une espèce, mais qui a un peu de tout, en taille gérable. » C’est pourquoi ils ont 30 vaches laitières accompagnées de leurs veaux, 450 poules, ainsi que quelques chèvres. « Nous

ne pouvons pas tout gérer nous-mêmes. Aussi, nous travaillons en collaboration : la fromagerie est gérée par la coopérative BIOG, le magasin est une filiale de Naturata dont 50 % du profit revient à la ferme. » La structure même de la ferme est aussi durable : une sàrl dont une partie des parts est ouverte au public. « Ma femme et moi ne sommes que les gérants de cette société, ce qui rend la transmission plus aisée. » MAI 2021

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Débat public Notre confiance dans la maîtrise humaine a été mise à rude épreuve – et l’est toujours – pour nous protéger d’un ennemi invisible, mais redoutable. Nos repères et nos systèmes de fonctionnement bien rodés, que ce soient l’économie, les services hospitaliers, mais aussi l’éducation scolaire, se sont retrouvés plus qu’ébranlés. Il est trop tôt pour tirer un bilan final. Mais il est primordial d’en tirer les premiers enseignements et de réagir de suite, en commençant par une réflexion approfondie sur notre système scolaire. Après avoir plusieurs fois endossé le rôle de « mauvais élève » dans le cadre des résultats Pisa, il est frappant de constater que le Luxembourg, et ceci malgré tous les efforts de réforme du gouvernement en place, reste encore trop tributaire d’une attitude archaïque, basée sur une segmentation du savoir et des types d’enseignements, avec, comme axe central, la poursuite de la performance pure. Les limites de cette ancienne vue ont été clairement démontrées par les fermetures nécessaires des écoles et par l’enseignement à distance, favorisant les uns et démotivant, voire angoissant les autres. Les écarts entre les élèves se sont encore creusés, le progrès scolaire a été nettement ralenti, et bon nombre d’élèves, de parents, mais aussi d’enseignants ont été poussés à bout, psychologiquement, parfois socialement.

Alain Massen

Président de la Représentation nationale des parents J’imagine une école de demain, intégrative, combinant l’application pratique transversale des savoirs théoriques et les apprentissages de la communication et de la résolution de conflits interpersonnels, la gestion des émotions et du stress, ou encore la solidarité. Ces apprentissages de la vie devraient constituer les nouveaux vecteurs dirigeants. La crise que nous traversons ne doit pas être vécue telle une mise en danger de notre système, mais plutôt comme une opportunité de changer de paradigme, de réformer radicalement nos systèmes de pensées et de valeurs, et donc, notre système d’éducation entier. Faisons en sorte que cette « génération Covid » ne soit pas une génération à déplorer, mais une génération victorieuse et tournée vers l’avenir, parce qu’elle permettra de réformer radicalement notre approche de l’éducation scolaire et parascolaire. Rome ne s’est pas construite en un jour. Notre système scolaire ne pourra se transformer de suite. Mais une véritable vision doit être développée d’urgence afin d’orienter les étapes du processus de changement à mettre en route, et ceci, dès aujourd’hui. Alain Massen souhaite ouvrir le débat sur le système scolaire actuel au Luxembourg. Photo ANDRÉS LEJONA

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NOVEMBRE MAI 2020 2021

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Laura, l’Agent Virtuel des Ressources Humaines de la BIL déployé en collaboration avec Fujitsu Fruit d’une étroite collaboration entre la Banque Internationale à Luxembourg (BIL) et Fujitsu, cette solution d’agent virtuel permet de répondre à des besoins grandissants d’automatisation des conversations et d’exécution automatique des actions qui en découlent.

EN CHIFFRES

>60 processus automatisés en production

10.000 e-mails reçus annuellement

34 sujets distincts configurés

7j/7 disponibilité 24h/24

12.04.21 date de lancement

Créée en 2016, l’équipe Automation de la BIL s’est vu attribuer la mission de réduire la charge de travail opérationnelle en mettant en place des solutions d’automatisation des processus grâce à des technologies de robotic process automation (RPA). Celles-ci sont pensées et conçues par des personnes comprenant les problématiques des métiers de la banque. Suite aux succès et aux bénéfices obtenus grâce à la RPA (plus de 60 processus automatisés en production aujourd’hui), la BIL a rapidement compris l’intérêt de combiner cette technologie à d’autres outils afin d’étendre les possibilités d’automatisation. Ce fut notamment une opportunité de doter l’infrastructure de capacités cognitives. Le premier besoin concret est né du constat que le traitement d’une grande partie des e-mails entrants vers les équipes People Services du département Ressources Humaines était de nature répétitive. En effet, pour les questions relatives au temps de travail et à la gestion des absences, plus de 10.000 e-mails de demande d’informations sont reçus annuellement par l’équipe People Services. Le volume de ce type d’e-mails a connu des pics importants en 2020, notamment suite à la crise de la COVID-19. Partant de ce postulat, l’équipe « Automation » et le département RH de la BIL, en collaboration avec Fujitsu, ont décidé de mettre en place Laura, un agent virtuel ayant pour objectif d’automatiser les interactions entre les employés et le département RH. « Ce projet répond donc à une nécessité de désengorger les canaux e-mails et les appels téléphoniques par l’ajout d’un canal de communication supplémen-

taire. Cela permet aux professionnels RH de se concentrer sur des cas plus complexes nécessitant toute l’attention humaine et de délivrer une plus grande valeur ajoutée aux utilisateurs. Ce type d’innovation offre en l’occurrence une réelle valeur ajoutée pour les employés et est accessible et tangible pour tout le monde. C’est donc une vitrine idéale pour prouver le potentiel de ce type de technologie à l’ensemble des utilisateurs de la banque », explique Franck Niatel, Head of Automation à la BIL. Un agent virtuel, allié incontournable des équipes Un agent virtuel est une plateforme logicielle modulaire, centrée sur un module de NLP (natural language processing). En d’autres termes, il s’agit d’une plateforme ayant la capacité de comprendre le langage humain, l’intention d’une expression, son contexte et le ton employé (analyse de sentiments). Doté de ces fonctionnalités, l’outil peut répondre à certaines questions fréquemment posées, résoudre des problèmes courants (mot de passe perdu, difficulté à accéder à une information ou à utiliser un service, etc.), et donc apporter du support à toute heure. L’agent virtuel est donc une aide précieuse dans le quotidien des équipes. Intégré aux systèmes existants grâce à des connecteurs ou des robots, il permet d’automatiser la collecte d’informations, de rechercher dans des bases les informations requises par l’utilisateur, d’envoyer le bon document à la bonne cible… et cela dans plusieurs langues. « L’usage d’agents virtuels prend


PUBLIREPORTAGE

Photo : Fujitsu

Franck Niatel, Head of Automation chez BIL Pedro Faria, Automation Team Leader chez BIL Steve Heggen, Head of Operations Automation chez Fujitsu Cédric Jadoul, Service Director chez Fujitsu

tout son sens dans le contexte actuel. En effet, il n’est plus à démontrer qu’un outil capable de catégoriser la plupart des requêtes et de répondre aux questions courantes, de jour comme de nuit, optimise l’efficacité des services. L’expertise de Fujitsu dans ce domaine a ainsi permis d’accompagner avec succès nombre de ses clients dans la mise en place d’agents virtuels spécialisés sur des thématiques variées », explique Cédric Jadoul, Service Director chez Fujitsu. Une démarche méthodologique avant tout L’expérience démontre qu’un des critères de réussite les plus importants dans les projets de mise à disposition d’un agent virtuel est lié à la bonne collaboration entre les départements IT et métier. « L’importance de ce type de projet ne réside pas simplement dans l’utilisation de technologies de compréhension du langage humain, mais dans la démarche méthodologique encadrant les différentes étapes du projet. Comme celle qui consiste en la modélisation des intentions (phrases) de l’utilisateur, qui seront supportées par l’assistant virtuel. En effet, il s’agit d’abord d’un projet d’accompagnement métier visant à bien comprendre les différents sujets possibles pour ensuite structurer et mener à bien les conversations. La mise en œuvre d’un assistant capable de couvrir autant de sujets RH différents est un réel défi qui nécessite une grande rigueur méthodologique », souligne Steve Heggen, Head of Operations Automation chez Fujitsu. Lorsqu’ils sont impliqués directement dans le projet, les membres des cellules métier com-

prennent qu’il n’est pas question que les agents virtuels puissent remplacer les êtres humains. Ces agents restent avant tout des assistants. L’objectif est d’améliorer le service rendu par l’équipe, que ce soit par la constance de la qualité, par la rapidité d’exécution, ou encore par l’étendue des plages horaires. Cela se limite souvent à des tâches ou des besoins simples et prédéfinis. Vers un déploiement progressif et évolutif Le projet d’assistant virtuel RH a démarré en janvier 2019, et la phase Family&Friends (premier groupe d’utilisateurs) a commencé le 12 avril 2021. La solution sera mise à disposition de tous les collaborateurs de la BIL en juin 2021. Laura est disponible en deux versions, en anglais et en français, et est en mesure de fournir aux employés des informations sur 34 sujets distincts relatifs aux ressources humaines. Compte tenu de la nature universelle des sujets supportés, les composants développés pour Laura pourraient potentiellement être réutilisés pour d’autres institutions au Luxembourg. « Nous avons voulu maximiser les chances d’adoption de la solution et rendre l’expérience utilisateur la plus proche possible d’une interaction humaine. Dès lors, nous avons travaillé avec les utilisateurs et le métier pour adapter les dialogues, le ton des conversations, le profil et le caractère de Laura. Nous avons ainsi pu personnifier le service, tout comme on formerait un employé par rapport à la culture d’entreprise et aux attentes des utilisateurs. Nous avons même créé un avatar dont l’expression faciale réagit et s’adapte en fonction du contenu

de l’échange », explique Pedro Faria, Automation Team leader à la BIL. L’évolutivité de la solution permet d’ajouter facilement de nouveaux types de contenu, et donc de s’adapter rapidement aux nouveaux besoins ou à des changements brutaux comme nous avons pu en connaître avec la crise de la COVID-19. Dans ce contexte, les agents virtuels représentent un réel atout pour supporter les équipes RH. À l’avenir, l’équipe souhaite explorer davantage ce type de technologies en les transposant dans des domaines tels que le traitement des e-mails (comprendre les demandes des clients et les émotions implicites). Selon la nature de la demande du client, celle-ci peut être adressée par une solution automatisée ou acheminée vers l’équipe compétente. Le traitement automatisé de documents est également en ligne de mire. Il sera dans le futur possible de synthétiser des contenus, effectuer des analyses juridiques, restructurer des contenus qui ne le sont pas, etc. Ce type de service aux clients et utilisateurs va rapidement devenir un standard, et surtout un vecteur de différenciation et de croissance.

FUJITSU LUXEMBOURG www.fujitsu-luxembourg.lu www.virtual-agents.lu


Bienvenue au Club ! 98

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Business club

Chers lecteurs, Nous sommes fières d’annoncer le lancement de notre compétition des Paperjam Recovery Awards (recoveryawards.paperjam.lu), qui est une opportunité unique pour les entreprises participantes de partager leur expérience sur la façon dont elles ont réussi à se réorienter, se transformer, se réinventer, et même se redresser dans certains cas, ainsi qu’à faire preuve de solidarité pendant cette crise sanitaire mondiale. Les entreprises qui soumettront leur dossier avant le 15 juin seront listées dans le magazine Paperjam de cet été. Nous recherchons des entreprises qui ont fait preuve de résilience face à l’adversité et qui sont prêtes à partager leurs « best practices » ; des entreprises qui se sont trouvées dans l’incapacité de fonctionner en raison du confinement, mais qui ont tout de même réussi à servir leurs clients ; des entreprises qui se sont activement engagées à soutenir d’autres organisations ou clients en difficulté ; des entreprises qui ont saisi cette occasion pour digitaliser leur offre, en innovant, en ayant un impact sur leurs modes de fonctionnement interne et externe. Tous les secteurs d’activité sont invités à soumettre leur candidature, des plus petites aux plus grandes organisations, associations et institutions. À vos plumes ! #staysafe MELANIE DELANNOY Director Paperjam + Delano Club ANA WISCOUR-CONTER Deputy director Paperjam + Delano Club

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Inspire Venez écouter des experts, décideurs et influenceurs locaux ou internationaux s’exprimer sur des sujets d’actualité variés. Qu’il s’agisse de 10×6, tables rondes, débats ou encore keynotes, ces rendez-vous vous proposeront une dose d’inspiration pour penser à votre business de demain. Des rendez-vous suivis d’un cocktail dînatoire propice aux échanges et au networking.

Learn Offrez à vos colla­borateurs un pro­gram­me de formation annuel. La Paperjam Academy est un centre de formation continue agréé par l’État, offrant un portfolio ambitieux. Un large choix qui se décline par secteur, par métier ou de manière transversale, proposé dans des domaines-clés, avec notamment 500 heures de formation dispen­sées sur neuf journées par les experts membres du Club.


Le Club en chiffres

Engage Engage Encouragez l’intégration Encouragez l’intégration vos collaborateurs expatriés dede vos collaborateurs expatriés Luxembourg faisant auau Luxembourg enen lesles faisant participer à nos événements participer à nos événements dédiés  : Delano Live Let’s Taste. dédiés  : Delano lives etet Let’s taste. meilleur moyen rencontrer LeLe meilleur moyen dede rencontrer communauté des résidents la la communauté des résidents étrangers Luxembourg  étrangers auau Luxembourg  ! ! Créez valeur pour Créez dede la la valeur pour vos employés grâce aux vos employés grâce aux événements Club. événements dudu Club

1.300 SOCIÉTÉS

C’est le nombre de sociétés qui composent le club d’affaires le plus important du Luxembourg.

18.000 PERSONNES

Jan Hanrion

C’est le nombre de personnes qui font partie de la communauté active du Paperjam + Delano Club et avec lesquelles vous aurez le potentiel d’interagir.

Photos

383

ÉVÉNEMENTS Entre conférences, formations, networking et workshops, ce sont presque 400 événements, physiques et digitaux, par an auxquels vous pouvez participer.

500 HEURES

COMMENT PARTICIPER AUX ÉVÉNEMENTS DU PAPERJAM + DELANO CLUB ?

C’est le nombre d’heures de formation par an qui couvriront hard et soft skills et qui créeront une valeur sup­plémentaire pour vos employés.

Network Rejoignez les 1.300 sociétés membres du Paperjam + Delano Club et développez votre réseau. Générez de nouvelles opportunités d’affaires dans un cadre convivial et informel avec nos formats Networking Circles, Déjeuners Carrousel, CEO Cocktails ou encore les visites Dans les coulisses… Pour joindre l’utile à l’agréable !

Vous êtes déjà membre Il vous suffit de vous rendre sur notre site web paperjam.lu, dans la section Club, afin de trouver l’événement auquel vous souhaitez participer. Remplissez le formulaire d’inscription en bas de page pour vous inscrire à nos événements physiques ou digitaux.

Vous n’êtes pas encore membre Il vous suffit de contacter l’équipe du Paperjam + Delano Club par e-mail via club@paperjam.lu, qui vous mettra en relation avec l’un de nos chargés de compte pour vous faire entrer dans le plus grand business club du Luxembourg.

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Karin Schintgen (House of Startups)   Ingrid Bettendorf (Firstfloor)

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Paul Schergen (SP Engineer)   Norbert Geisen (Fédération des artisans)

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Michel Wurth (ArcelorMittal)

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Ne manquez pas

Business club Mai / Juin 2021

Mardi 4 mai

Mardi 8 juin

TABLE RONDE

ESG: all you need to know about the new regulation

The ESG actions that are taken in this make-or-break decade are critical, but is the goal of net-zero emissions by 2050 good enough? Are the major industrialised nations ready to pay the price that is needed? These are just some of the questions to be Inscrivez-vous put to our round table of thought leaders. PROGRAMME 18:30-20:00, Livestream

Start-up Stories : Round 3

Pour cette nouvelle étape en partenariat avec le Luxembourg-City Incubator, 10 start-upper pitcheront en 3 minutes chacun l’histoire de leur start-up et l’origine de leur idée. Ils seront challengés en live par notre jury d’experts, qui émet des critiques pointues et constructives : Diane Tea (LBAN), Jérôme Wittamer (Expon Capital), José Soares (SnT) et Marina Andrieu (WIDE). PROGRAMME 18:00-19:00, Livestream SPONSOR

PARTENAIRE

Jeudi 24 juin 10×6

RH : Les nouvelles façons de travailler

Le développement de l’ère digitale a initié une mutation des pratiques de travail dans certaines entreprises, et la crise a forcé le recours à de nouvelles pratiques pour toutes les entreprises qui en avaient les moyens. Ce changement ouvre des perspectives sur de nouvelles façons de travailler et de concevoir le travail. Quel avenir pour les entreprises ? Le cadre législatif est-il prêt ? Quels enjeux pour le Luxembourg ? Ce 10�6 proposera les regards croisés de 10 professionnels. PROGRAMME 18:30-20:00, Livestream

Inscrivez-vous

GOLD SPONSORS

100

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Pour vous inscrire, rendez-vous sur le site du Paperjam + Delano Club : club.paperjam.lu

Inscrivez-vous


ESG: all you need to know about the new regulation Julie Becker (Bourse de Luxembourg)

Olivier Carré (PwC Luxembourg)

Kelly Hebert (M&G Investments)

Claude Marx (CSSF)

T U E S DAY

ESG-related issues encompass some of the greatest threats to the existence of humans in the future and yet many discussions remain. When President Biden rejoined the Paris agreement many in Europe breathed a sigh of relief, but this is just the beginning. Whose responsibility is it to drive the ESG agenda forward: consumers, investors, regulators, corporates or the government? These issues are not new news in the Luxembourg financial sector. Whatever your role, whether in the financial sector or not, this affects you. So join us.

REGISTRATION REQUIRED ON PAPERJAM.CLUB

04 M AY

18:30


Le programme

Business Club Mai 2021

Mardi 04 mai

Mardi 11 mai

Delano Breakfast Talk Post-pandemic investment opportunities

Jeudi 20 mai FORMATIONS

HORAIRE 08:15 – 09:15 LIEU Sofitel Le Grand Ducal

Mercredi 12 mai WEBINAR

Marcom Breakfast Tendances Visuelles & Digital Design

Journée de workshops HORAIRE 09:30 – 17:15 Livestream

HORAIRE 08:30 – 09:30 LIEU Silversquare

Mercredi 26 mai WEBINAR

TABLE RONDE

ESG: all you need to know about the new regulation HORAIRE 18:30 – 20:00 Livestream

Jeudi 06 mai

Bankruptcy, the law, and possible solutions and remedies for distressed companies HORAIRE 13:30 – 14:30 Livestream

WEBINAR

Mardi 18 mai

Delano Live HORAIRE 18:30 – 20:00 LIEU Bernard-Massard

Mercredi 19 mai

Osez demander le maximum à votre épargne : sécurité, rendement et engagement responsable

Décider avec efficacité en milieu complexe et incertain HORAIRE 13:30 – 14:30 Livestream

Mercredi 02 juin

Breakfast New Members HORAIRE 09:00 – 09:45 Livestream

Start-up Stories Round 3

HORAIRE 11:00 – 12:00 Livestream

HORAIRE 18:00 – 19:00 Livestream

SPONSOR Cardif Lux Vie

SPONSOR Startup Luxembourg PARTENAIRE Luxembourg-City Incubator

Breakfast Nouveaux Membres HORAIRE 08:15 – 09:30 LIEU Hôtel Novotel Luxembourg Centre

Retrouvez le programme complet

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Pour vous inscrire, rendez-vous sur le site du Paperjam + Delano Club : club.paperjam.lu


ROUND 3 MARDI

Le Paperjam + Delano Club a le plaisir de vous inviter au troisième round de la troisième édition des Start-up Stories, sa série d’événements déterminant la start-up de l’année, en partenariat avec le LCI et avec le soutien de Startup Luxembourg.

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10 start-upper pitcheront en 3 minutes chacun l’histoire de leur start-up et l’origine de leur idée. Ils seront challengés en live par notre jury d’experts, qui émet des critiques pointues et constructives.

18H00

JUIN

SPONSOR

PARTENAIRE

INSCRIPTION OBLIGATOIRE SUR PAPERJAM.CLUB


Flashback

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“Luxembourg needs to continue to innovate in capital markets and support sustainable finance more decisively.” Robert Scharfe Société de la Bourse de Luxembourg

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Vos événements Un nouveau Delano Breakfast Talk a eu lieu au Sofitel Grand-Ducal avec un invité de marque : 1  Francis Carpenter, fondateur et managing partner d’AyersRock.Lux, qui a présenté l’impact des critères ESG à nos membres. Dans un ton toujours anglophone, c’est le Brexit qui fut à l’honneur lors de notre dernier 10�6 Finance : Post Brexit, où 10 visions d’experts se sont croisées, dont celles de 3  Nicolas Mackel (Luxembourg for Finance), 4  Robert Scharfe (Société de la Bourse de Luxembourg) et 10  Daniela KlasénMartin (Crestbridge Management Company). Nous remercions encore ING Luxembourg, notre partenaire, ainsi que Son Excellence Monsieur l’Ambassadeur du Royaume-Uni 2  John Marshall, qui a parrainé cet événement. Côté formations, notre nouvelle série événementielle « Boostez votre middle management » a démarré en force avec une promotion de plus de 25 personnes. Pour cette première étape, nos membres ont développé leurs connaissances sur les fondamentaux du management grâce à 5  Christopher Frères (Degroof Petercam). Le deuxième round des Start-up Stories aura vu nos juges désigner EmailTree, EmoHack et Vingineers comme les trois vainqueurs de cette étape. Nous remercions encore Startup Luxembourg et le LBAN pour leur soutien dans le développement de cette série. Enfin, c’est dans les locaux du Mudam qu’a eu lieu le Club Talk : Art & Leadership lors duquel 6  Christian Monjou, ancien enseignant-chercheur à Oxford, a partagé ses analyses en matière de leadership, puisées dans les productions artistiques les plus symboliques. Un événement suivi d’une visite guidée de l’exposition de William Kentridge à laquelle ont participé nos membres présents sur place, dont 7  Nicolas Henckes (CLC) et 8  Bérengère Beffort (ministère de l’Égalité entre les femmes et les hommes). Nous remercions encore le Mudam ainsi que 9  Suzanne Cotter pour ce partenariat avec le Paperjam + Delano Club.

Crédits

Simon Verjus

Plus de photos sur

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paperjam.lu

“Is Brexit an issue for the fund industry? No. Is Brexit an opportunity? Definitely.” Daniela Klasén-Martin Crestbridge MAI 2021

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Ma maison

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C’est dans un apparte­ ment au centre-ville de Luxembourg que Jessika Rausch a choisi d’habiter à son arrivée de Hambourg. Depuis sept ans maintenant, elle en a fait son petit nid, avec des objets qui ont tous une histoire.

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Jessika Rausch est d’origine allemande, mais a aussi vécu à New York et en Italie, avant de s’installer à Luxembourg. La communication est son domaine, toujours pour des entreprises familiales, porteuses de valeurs et d’histoires. C’est aussi comme cela qu’elle vit, entourée de meubles

et d’objets qui racontent chacun un peu de sa vie. Elle aime dire qu’elle fait d’abord son shopping « chez [ses] parents et [sa] grandmère », puis un peu chez les antiquaires ou sur les brocantes. « J’aime l’idée de durabilité », précise-t-elle. C’est comme cela qu’elle a une table fabriquée par son père, ou une armoire qui avait appartenu à sa grand-mère. De son expérience professionnelle chez Villeroy & Boch, elle a gardé plusieurs porcelaines. Quand elle a besoin d’un objet, elle ne se précipite pas et préfère prendre le temps de la réflexion pour trouver ce qui va la suivre le reste de sa vie. « Mes meubles ou mes vêtements, c’est un peu la même chose. Une fois qu’ils sont avec moi, je ne m’en sépare plus. On retrouve d’ailleurs la même palette de couleurs dans mon vestiaire et dans mon salon », remarque-t-elle, amusée. Auteur CÉLINE COUBRAY Photos ANDRÉS LEJONA

CONCENTRÉ 106

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1 Dans l’entrée, c’est le style 50s qui est à l’honneur. La console et le miroir appartenaient à sa grand-mère, et elle a chiné le lampadaire. 2 La cuisine est pensée autour du thème du noir et blanc. La table bistrot a été réalisée par son père. Au mur, les photos sont de Monika von Boch. 3 Pour la salle à manger, elle a choisi une table réalisée par son père et des chaises design achetées dans une agence de publicité. 4 Pour le salon, le confort est de mise : assises en velours, lampe Flos, un ta­pis oriental et des photos anciennes de Beyrouth, ce « Paris du Moyen-Orient ». 5 Dans la chambre, le secrétaire du 18e à la belle patine est associé à une console USM. Autour, elle a accroché des photos qui la racontent : une ballerine du Metropolitan Opera parce qu’elle a fait 18 ans de danse classique ; une photo de JFK en souvenir de son mémoire d’études…

D’HISTOIRES

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Mon argent

Président de Luxair et ancien directeur général d’Unicredit Luxembourg, Giovanni Giallombardo dresse le bilan des leçons qu’il a pu tirer par rapport à l’argent depuis son plus jeune âge. Une devise en matière d’argent ? « L’argent doit représenter l’effort d’un travail fourni. » C’est un instrument d’échange. La première fois que vous avez gagné de l’argent ? À 15 ans, mon papa a estimé que je devais découvrir la valeur de l’argent. Pendant les vacances de Pâques, il m’a donc poussé à travailler sur des chantiers pour changer des tuyaux à trois mètres de profondeur. C’est là que j’ai compris que l’argent se gagne par l’effort accompli. Qu’avez-vous fait de ce premier salaire ? Je convoitais depuis longtemps un très beau vélo que je ne pouvais pas me payer. J’ai enfin pu me l’offrir. Un conseil aux jeunes par rapport à l’argent ? Ils doivent s’attacher à faire un travail qu’ils aiment, se faire respecter par rapport au travail fourni et veiller à être rémunérés correctement. C’est une notion évidemment relative, mais il existe un juste milieu. Avez-vous des passions coûteuses ? J’aime avoir une belle maison dans un beau quartier, comme la mienne, que j’ai achetée il y a 30 ans. Ce n’est pas pour l’argent qu’elle vaut, mais pour la beauté qu’elle représente. J’aime la décorer selon mes goûts du moment. Je suis, de manière générale, attiré par la beauté. Pas par ce qui est cher. Mais les objets uniques ont un prix…

Giovanni Giallombardo prend du plaisir à décorer la maison qu’il habite depuis 30 ans dans la capitale.

Votre dernier coup de folie ? Je viens d’acheter une Mini, pour me rappeler celle que j’avais lorsque je conduisais mes enfants à l’école. Il y a un côté un peu nostalgique et symbolique dans cet achat. Un rêve irréalisable faute de moyens ? Je suis touché par la misère et la souffrance des enfants. Si j’en avais les moyens, je financerais une école ou un centre sportif, quelque chose qui leur permette de progresser dans la vie. De quel objet ne vous sépareriez-vous jamais ? Mes albums photos. Après chaque voyage, par exemple, je crée un album. Et j’en offre un à chaque personne qui était avec moi. J’en ai un peu partout dans la maison. Revenir en arrière permet de mesurer la chance que l’on a.

Le plus mauvais achat que vous ayez jamais fait ? Quand j’étais encore un jeune financier, j’ai acheté des actions Swissair pour 2.500 euros en partant du principe que jamais une compagnie suisse de ce niveau ne pourrait faire faillite. Or, on connaît la débâcle qu’elle a subie il y a 20 ans. J’imaginais doubler ma mise, mais j’ai tout perdu. Je ne l’ai dit à personne, même pas à mon épouse. Il s’agissait d’une partie de notre épargne commune.

Ma maison à Luxembourg [rires]. Je ne pouvais pas imaginer qu’elle prendrait autant de valeur en 30 ans.

Jouez-vous au loto ? Non, j’achète parfois des billets à gratter pour mes enfants, mais ça se limite à cela. Par contre, à l’université, je jouais au poker. Et je me souviens avoir perdu en un soir l’argent que mes parents m’avaient donné pour le mois. Ça m’a servi de leçon.

Vous comprenez les salaires exorbitants de certains PDG ? Absolument pas. J’estime que c’est la valeur ajoutée qui fait avancer une société, mais elle doit être distribuée de manière équitable. Les salaires et bonus de plusieurs millions d’euros que l’on peut voir me scandalisent. C’est amoral.

Un achat trop coûteux que vous ne regrettez pas ?

Avez-vous régulièrement de l’argent liquide sur vous ? Toujours ! C’est stupide, mais j’angoisse à l’idée de perdre mes cartes. J’ai donc toujours environ 500 euros sur moi. Et quand je pars en vacances, je prends au minimum 2.000 euros. On ne sait jamais !

Auteur JEAN-MICHEL LALIEU Photo ANDRÉS LEJONA

Le prix de l’effort accompli 108

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La BCL est fière d’émettre une pièce d’un tiers d’once d’or, frappée dans les ateliers de la Monnaie Royale des Pays-Bas, à seulement 1000 exemplaires. C’est la première pièce luxembourgeoise en euro qui célèbre une naissance royale. Rendez-vous sur apieceofluxembourg.lu pour voir toutes les pièces liées au patrimoine culturel et historique du Luxembourg.

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Vicky Dos Santos Consultante, Everis

Vicky Dos Santos a été photographiée à la Villa Vauban, et Matthieu Bracchetti aux Jardins d’Anaïs.

Quel est votre rapport à la mode ? Chacun doit essayer de trouver, dans la mode, sa propre identité. J’ai un style bien à moi, et je marche aux coups de cœur. Les vêtements doivent me donner une certaine allure et élégance, et une pointe de « rock attitude » ! Un look 100 % black & silver : où ? quand ? pourquoi ? Pour une petite virée en ville, avec des amis. Une tenue élégante en total look black, un peu « glam rock », avec quelques accessoires argentés pour autant de touches de lumière… Avec quelle créatrice / quel créateur aimeriez-vous dîner / faire la fête, et pourquoi ? Ines de la Fressange, l’icône et le symbole du style parisien dans toute sa splendeur ! J’adore son style et son petit grain de folie. Un souvenir particulier avec une paire de lunettes de soleil ? Il faut savoir que je ne sors JAMAIS sans mes lunettes de soleil. Un matin, après une nuit très festive, je sors du Mesa Verde, le soleil m’éblouit et je cherche en vain mes lunettes dans mon sac... C’est là que je me suis dit « plus jamais ! ». Quelle pièce aimeriez-vous transmettre ? Ma paire de Ray-Ban Aviator. Comment combiner style et corporate appropriate ? Un look classique avec une pièce décalée. Un beau tailleur pantalon mixé avec des Stan Smith, ou un look monochrome avec une pièce qui déteint… Un jean bleu, un blazer, un t-shirt blanc basique, une paire de heels, un sautoir, et le tour est joué !

08_legende de cette photo où l'on apprend qu'Anna porte un manteau en fausse fourrure de chez Zara, des escaprins Versace, un jean Reiko et un sac à main Gucci.

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Black, silver and sunglasses 110

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Mon style

Matthieu Bracchetti Founder & CEO, Virtual Rangers Comment aimez-vous définir votre style ? Je le définirais comme un style casual que j’aime agrémenter d’un accessoire plus personnel, comme une montre ou une jolie ceinture. C’est un style dans lequel je me sens bien, pour sa simplicité et son confort. Un look 100 % black & silver : où ? quand ? pourquoi ? Ce look présente, selon moi, l’avantage de pouvoir se porter à tout moment : au travail, en privé… ou en moto – une de mes passions ! Le simple changement de quelques détails permet de s’adapter à n’importe quelle situation. Un souvenir particulier avec une paire de lunettes de soleil ? Lors de mes grands voyages, j’ai pour habitude d’acheter une nouvelle paire de lunettes de soleil. À chaque fois que je les remets, cela me permet de me remémorer les bons souvenirs passés sur place… Quelles pièces aimeriez-vous transmettre ? Mes montres et mes anciens vinyles sont, pour moi, des pièces importantes que j’aimerais transmettre à mes proches… Votre no-go absolu ? J’ai vraiment du mal avec les vêtements qui portent le logo de la marque affiché en grand dessus.

130 - 160 signes 08_legende de cette photo où l'on apprend qu'Anna porte un manteau en fausse fourrure de chez Zara, des escaprins Versace, un jean Reiko et un sac à main Gucci.

Une pièce sentimentale dans votre dressing ? La pièce à laquelle j’attache la plus grande valeur sentimentale est le premier hoodie portant le logo Virtual Rangers. J’aime le porter en rentrant chez moi ou durant le week-end. Il est synonyme de confort cool et de l’aventure professionnelle que je vis…

Auteur FABIEN RODRIGUES Photos ROMAIN GAMBA

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Ma collection

ndy nce rt Bra Robe ne préfére u e s u e o u v a arq les m Stetson. pour t lino e a s r o B

Une tête bien chapeautée 112

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Robert Brandy est actuel­­ lement sous les feux de la rampe avec son exposition rétrospective au Musée national d’histoire et d’art. On le connaît amateur de vieilles voitures et de bidons d’huile pour moteur, mais c’est aussi un féru de chapeaux. Si vous croisez Robert Brandy, il y a de fortes chances que vous le voyiez portant l’un de ses chapeaux ; en feutre si c’est en hiver, ou en paille si c’est en été. « J’ai environ une vingtaine de chapeaux chez moi », confie l’artiste, qui porte ce jour-là un Borsalino vert-de-gris. « J’ai commencé à porter des chapeaux quand j’ai commencé à perdre mes cheveux, poursuit-il, avec un sourire complice. Cela m’évitait de brûler à cause du soleil, ou d’avoir froid à la tête en hiver. » Si, au début, Robert Brandy ne faisait pas attention aux marques, il a maintenant une préférence pour les chapeaux confectionnés par les maisons Borsalino ou Stetson. Si ses peintures sont pleines de couleurs, il n’en va pas de même pour ses chapeaux. « Je préfère les avoir dans des tons neutres, comme le noir, le brun ou le gris. » Parfois, il les porte aussi pour travailler. Ce qui lui vaut quelques déconvenues : « J’ai mis de la peinture sur un de mes chapeaux, j’étais un peu contrarié. Mais un jour, un ami dont la femme aime aussi beaucoup les chapeaux m’a demandé s’il pouvait me l’acheter ! Alors, je l’ai enlevé, je l’ai signé à l’intérieur et lui ai vendu au prix pour pouvoir m’en racheter un neuf ! » Côté achats, il n’a pas de boutique préférée, mais en a acheté quelques-uns dans un magasin à Antibes, ou à Bruxelles. Auteur CÉLINE COUBRAY Photo ANDRÉS LEJONA

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Ma recette

Giovanni Farinella, senior product manager chez Amazon et fondateur de The Grapeist, replonge dans ses racines siciliennes pour s’essayer à une création intuitive et savoureuse. Pour 4 personnes Préparation : 30 minutes Cuisson : 12 à 15 minutes POUR LA RECETTE 3 20 g de bucatini 8 00 g de sardines fraîches 3 00 g de fenouil sauvage U ne petite botte de cébettes (oignons jeunes) Q uelques gouttes de garum (ou colatura di alici en épicerie fine italienne) C hapelure (maison si possible) R aisins secs P ignons de pin S el H uile d’olive POUR LE VIN I f God Exists, I Hope He Has A Good Excuse, riesling nature du domaine tchèque Milan Nestarec, chez The Grapeist.

Commencez par vider et laver les sardines : ôtez les têtes au tranchoir et ouvrez les poissons en deux à la manière d’un livre, puis glissez votre doigt entre les deux moitiés et retirez l’arête centrale. Le tout sous un filet d’eau froide afin de bien nettoyer la chair tendre des sardines. Réservez. Émincez les cébettes et versez-les dans une poêle avec de l’huile d’olive et un peu de garum – ou, à défaut, quelques anchois que vous pouvez laisser « fondre ». Laissez cuire 10 minutes à chaleur moyenne. Ajoutez les sardines, ainsi qu’une poignée de raisins secs et de pignons de pin pour le côté aigre-doux typique de la cuisine sicilienne... Laissez à nouveau cuire 10 minutes. Pendant ce temps, blanchissez le fenouil sauvage dans l’eau salée, puis rincez-le, épongez-le et hachez-le au couteau. Gardez l’eau de cuisson du fenouil pour cuire vos bucatini dans la foulée. Dans une petite poêle, toastez la chapelure à l’huile d’olive jusqu’à ce qu’elle brunisse. Mélangez bien pour l’empêcher de brûler et de devenir trop amère. Une ou deux minutes avant la fin de la cuisson des pâtes, selon le temps indiqué, versez les bucatini dans la poêle où se trouvent les sardines. Ajoutez une louche d’eau et le fenouil haché, augmen­tez la température de cuisson et finalisez celle-ci avec un sauté léger. Servez dans une belle assiette creuse et dressez avec la chapelure toastée. Buon appetito!

Pasta con le sarde 114

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Auteur FABIEN RODRIGUES Photos ROMAIN GAMBA


Paperjam Green Le rendez-vous mensuel des particuliers et des professionnels confrontés à la transition écologique.

Paperjam Week-end C’est le moment détente, découverte et plaisir de la semaine avec des bons plans évasion, des conseils bien-être et le podcast du week-end.

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Mon mental Hélène Tomsin a été soulagée de voir que d’autres parents avaient le même sentiment qu’elle par rapport aux enfants.

Le burn-out parental est moins connu que le burn-out professionnel. Pourtant, il existe bel et bien, et mène nombre de parents à des situations douloureuses. Hélène Tomsin est passée par là et a choisi de témoigner, sans langue de bois. C’est l’histoire d’une famille ordinaire. Hélène Tomsin et son conjoint vivent en Belgique, dans la région d’Arlon, et travaillent dans le secteur bancaire au Luxembourg. Ils ont deux enfants, deux petits garçons qui ont 20 mois d’écart. C’est là que l’histoire commence à se corser. « Lorsque j’ai accouché de mon second garçon, je n’ai pas mesuré l’impact qu’auraient cette nouvelle

naissance et le fait d’avoir un autre bébé à gérer », explique Hélène Tomsin. Ses parents vivent loin, dans le sud de la France, et ceux de son conjoint ne les aident pas particulièrement au quotidien dans leur vie parentale. « J’ai pu profiter du congé parental luxembourgeois, ce qui est très confortable. J’étais donc à la maison avec mes deux petits garçons, à m’occuper pleinement d’eux. » Pourtant, malgré ces conditions qui semblent favorables, elle ne s’épanouit pas. « Je dois reconnaître que je n’ai pas été transcendée par la maternité. On nous dit toujours : ‘Tu verras, la maternité, c’est extraordinaire, cela te transforme.’ Mais moi, je ne l’ai

pas du tout vécue comme cela. Pendant un temps, je me suis même demandé si j’avais un souci d’attachement à mes enfants. Je culpabilisais totalement. » En plus de cela, pour ne rien arranger à ses doutes et questionnements, son fils cadet avait un comportement tout autre que celui de son aîné. « Il pleurait beaucoup plus. Cela me rendait très nerveuse. Mon premier enfant était plutôt facile, et je n’avais pas du tout pris la mesure de ce qu’impliquait l’arrivée d’un second enfant, ou même le fait qu’il puisse être un peu plus difficile que mon aîné. C’était un grand changement pour moi. » Elle mesure alors à

quel point son arrivée impacte considérablement son quotidien. « Je me suis vite sentie dépassée par les pleurs, la fatigue, qui était croissante. Je n’avais plus aucun plaisir ni à m’occuper des garçons, ni à faire autre chose. » Une alarme qui n’est pas entendue Elle essaie d’en parler autour d’elle, mais les portes se referment. « On me disait : ‘Ne t’inquiète pas, ça va aller. Tu as de la chance d’avoir deux beaux enfants qui sont en bonne santé.’ Cela était vrai. Mais je n’y arrivais pas. J’avais choisi d’avoir mes enfants assez tard, puisque j’ai eu mon premier fils à 35 ans, et j’ai

Parents, mais épuisés 116

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« Je n’ai pas été trans­ cen­dée par la maternité. »

entendu plusieurs fois : ‘Tu les as voulus, tu les as.’ Pourtant, je n’arrivais pas à faire face, j’entretenais un sentiment de culpabilité. » Ce qui dérangeait Hélène, c’était que son expérience personnelle de parentalité était en totale contradiction avec ce que la société renvoie. « Je criais, je m’énervais. Alors que je ne voulais pas cela. C’est incohérent. J’avais l’impression que je ne savais pas être maman, que je faisais tout de travers. Personne ne m’a jamais dit : ‘C’est vrai, avoir des enfants, ça peut être la galère !’ » Inconsciemment, elle s’était mis la pression. « J’étais attentive à ces questions d’éducation positive, au fait d’être à l’écoute. Mais j’étais tout le contraire, stressée, énervée, incapable de les cajoler… Je devenais un vrai dragon. » Le week-end déclencheur Un jour, Hélène et son mari doivent partir en week-end en famille. Mais là, elle craque et lui dit : « Vas-y sans moi, je ne peux pas y aller. » Ce refus a agi comme un déclencheur. Suite à cela, elle assiste à une conférence sur le burn-out parental et se rend compte qu’elle est dans cette situation. Elle contacte alors

la conférencière et lui demande de l’aide. C’est ainsi qu’elle rejoint un groupe de parole ouvert aux parents dans la même situation. Et là, c’est le soulagement. Elle s’aperçoit que d’autres parents traversent les mêmes difficultés et les mêmes souffrances qu’elle. « J’ai trouvé d’autres personnes avec qui partager mon expérience et mon ressenti. Elles étaient très ouvertes, on pouvait parler sans langue de bois. Ce travail m’a aidée à mettre des mots sur mes maux. » Le groupe se voit régulièrement et travaille avec l’aide de thérapeutes sur des thématiques. « En discutant avec les autres, je me suis aperçue que ce que je vivais était beaucoup plus courant que ce que je pensais. Ce sujet est encore tabou. Heureusement, les langues commencent à se délier. » Par chance, cela n’a pas créé trop de tensions dans son couple. Son conjoint vivait la même chose, mais différemment, avec d’autres points d’attention. « Au fur et à mesure, j’ai appris à lâcher prise. La situation n’est pas celle que j’aurais voulue, mais c’est comme cela. Je dois faire avec. J’aime mes enfants, mais je vis autre chose que ce message sur la famille véhiculé

dans notre société. C’est comme le prince charmant ; la famille idéale, ça n’existe pas non plus. » Quand la crise est trop forte, elle préfère s’en écarter, le temps que la colère passe. « S’énerver renforce le sentiment de culpabilité et ne sert à rien. » Désormais, ses petits garçons ont six et quatre ans et demi. En grandissant, les difficultés se sont aussi calmées. « Je m’énerve encore, bien sûr, mais moins souvent. Il y a moins de tensions. » Cette position plus détachée lui permet de voir grandir ses enfants autrement. Elle suit également des conférences sur l’évolution du cerveau des enfants. Par ce biais, elle comprend mieux leurs réactions, leurs émotions. « Quand je revois des photos de cette période, je m’aperçois que je n’ai presque pas de souvenirs heureux de ces années. Aujourd’hui, j’ai trouvé mon salut. Je ne peux pas rattraper le temps perdu, je l’accepte. Tout comme j’accepte le fait que je puisse être fatiguée, que j’aie besoin d’aide. Nous ne sommes pas une famille parfaite, et c’est certainement ça, la ‘normalité’. » Auteur CÉLINE COUBRAY Photos ROMAIN GAMBA

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FO N

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ÉDITION MAI 2021

DIRECTEUR DE LA PUBLICATION

Mike Koedinger

Rédaction

DIRECTRICE DES DÉVELOPPEMENTS ÉDITORIAUX

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RÉDACTEUR EN CHEF DIGITAL

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SECRÉTAIRE DE RÉDACTION

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POLITIQUE ET INSTITUTIONS

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Marc Fassone (-157) Jean-Michel Lalieu (-107) LIFESTYLE ET VIE PRATIQUE

Céline Coubray (-162) Fabien Rodrigues (-161) RÉSEAUX SOCIAUX

Christophe Lemaire (-118) PAPERJAM GUIDE BIOGRAPHIES ET DATA

Sarah Macri (-181) Jezabel Scolastici (-183)

RELECTURE ET FACT-CHECKING

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COURRIER POSTAL BP 728, L-2017 Luxembourg BUREAUX 10 et 26, rue des Gaulois, Luxembourg-Bonnevoie

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La liste

présidents influents

Après le secteur financier en mars, nous poursuivons notre passage en revue des présidents de conseils d’administration influents, cette fois dans le secteur des entreprises et services, où les présidentes restent introuvables. Auteur JEAN-MICHEL LALIEU

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Michel Wurth

L’INCONTOURNABLE

Jean-Louis Schiltz

L’INFLUENCE POLITIQUE

Les conseils d’administration sont friands des personnalités ayant fait un bout de chemin en politique. Senior partner au sein du cabinet d’avocats Schiltz & Schiltz, Jean-Louis Schiltz (56 ans) a fait partie de la jeune garde du CSV au début des années 2000. Il a été nommé ministre de la Coopération et des Communications en 2004 et, deux ans plus tard, il a récu­péré aussi le portefeuille de la Défense. S’il a quitté la politique en 2011 pour reprendre ses activités d’avocat, il reste très sollicité pour ses compétences de juriste et son carnet d’adresses. Récemment remplacé à la présidence du conseil d’administration du groupe Hôpitaux Robert Schuman suite à des accusations liées à la campagne de vaccination, il est aussi vice-président de la Fedil depuis juillet 2019. En 2017, il a également remplacé Jacques Santer à la présidence du conseil d’administration de CLT-UFA et est devenu, par la même occasion, administrateur de RTL Group.

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Michel Wurth

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Frank Esser

L’EXPERT INTERNATIONAL

Entré au conseil d’administration du groupe satellitaire luxembourgeois SES en février 2020, Frank Esser (62 ans) en a pris la présidence deux mois plus tard à la suite du départ de Romain Bausch. Le 1er avril dernier, il a obtenu un nouveau mandat d’un an. Spécialiste des télécommunications, le manager allemand est également vice-président du conseil d’administration de Swisscom depuis 2014 et avait également siégé au conseil du groupe français Vivendi entre 2005 et 2012. Diplômé en économie de l’uni­ versité de Cologne, il a d’abord été actif au sein du groupe Mannesmann, où il a contribué au développement de la technologie mobile en tant que membre du comité exécutif. En 2000, après le rachat du groupe par Vodafone, il rejoint l’opérateur français SFR en tant que chief operating officer. Il en devient le CEO et président du conseil d’administration deux ans plus tard et en fait un des grands acteurs de la téléphonie mobile dans l’Hexagone. Il a conservé cette fonction jusqu’en 2012. Les difficultés du groupe à conserver ses clients en pleine guerre des opérateurs l’avaient alors contraint à partir.

Anthony Dehez (archives), Nader Ghavami (archives), Patricia Pitsch (archives), Matic Zorman (archives) et SES

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Frank Esser

Photos

Jean-Louis Schiltz

Même s’il s’est placé un peu en retrait depuis 2019, en mettant un terme à ses mandats de président de l’Union des entreprises luxembourgeoises et de président de la Chambre de commerce – qu’il a quand même tous deux conservé 15 ans –, Michel Wurth (67 ans) reste un personnage incontournable de la vie économique du pays. Président du conseil d’administration d’ArcelorMittal Luxembourg et administrateur du groupe pour lequel il a travaillé tout au long de sa carrière, l’homme qui côtoie les Mittal est aussi le président du groupe Paul Wurth, actif dans l’ingénierie liée à la sidérurgie. Présent dans la vie associative avec un mandat de vice-président de la CroixRouge nationale, il est aussi membre du conseil de la Banque centrale du Lux­embourg, président de BIP Investment Partners et de la Fondation Idea. En 2008, il a aussi été le lauréat du Paperjam Top 100 des dirigeants les plus influents.


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Raymond Schadeck

DOUBLE VIE

Serge Allegrezza

SERVITEUR DE L’ÉTAT

Connu pour être le gardien des chiffres du Luxembourg en tant que directeur du Statec, Serge Allegrezza (61 ans) assure aussi des missions de représentant de l’État au sein de différentes entreprises en vue dans le pays. La plus importante est celle de président du conseil d’administration de Post Group. Il avait été élu pour un premier mandat de cinq ans en 2013, et l’a vu renouvelé au 1er janvier 2018 jusque fin 2022. Mais l’homme à l’éternel nœud papillon est également président de Luxtrust et membre du conseil d’admi­ nistration de SES depuis 2010. Docteur en sciences économiques appliquées de l’université de Liège, il a d’abord été responsable de la politique du marché intérieur et de la politique économique générale au ministère de l’Économie et du Commerce extérieur, avant de rejoindre la direction du Statec en 2003. Il est encore directeur de l’Observatoire de la compétitivité et a longtemps siégé au Conseil économique et social (CES), dont il a assuré la présidence à la fin de la décennie 2000.

Serge Allegrezza

Yves Elsen

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Yves Elsen

LA TÊTE ET LA TECH

Managing partner et CEO de la société d’ingénierie Hitec depuis 2004, Yves Elsen (63 ans) est un homme qui aime s’impliquer dans la société. Membre du conseil d’administration de la Fedil, il est aussi président du conseil de gouvernance de l’Université du Luxembourg depuis juillet 2016. Si sa candidature a été suggé­ rée, c’est que son travail avait été reconnu au niveau de la promotion et de la gouver­ nance du Fonds national de la recherche (FNR), qu’il présidait depuis 2010 et qu’il a dû délaisser pour rejoindre l’université. « Yves Elsen a réussi à insuffler un dynamisme sans précédent au FNR, et ceci à tous les niveaux de l’organisation », avait commenté Marc Schiltz, secrétaire général du FNR, lors de son départ. Outre cette prestigieuse fonction, le Lux­embourgeois a aussi occupé des fonctions d’administrateur indépendant dans différentes entreprises. Au début de l’année, il a cependant quitté le conseil de surveillance de Villeroy & Boch AG, qu’il présidait. Il est par contre toujours président de CD-PME, la Société luxem­ bourgeoise de capital-développement pour les PME.

Après une carrière de 30 ans au sein d’Arthur Andersen et d’EY Luxembourg, qu’il quitte en 2010 après en avoir été le CEO, Raymond Schadeck (65 ans) se lance dans une deuxième vie d’administrateur indépendant à l’âge de 55 ans. Un inves­ tissement en temps et un partage de ses compétences qui vont dans deux directions. Le monde des entreprises et l’associatif. Pour la première orientation, citons au passage la présidence de Luxexpo The Box et des mandats d’administrateur indépendant à la banque Raiffeisen, chez CDCL, Banca Intesa, Minusines, Deveco ou Snapswap International. À côté de cela, le Raymond Schadeck engagé a aussi été jusqu’en 2020 viceprésident du Conseil supérieur pour un développement durable et se montre très actif dans le domaine de l’éducation. Il préside ainsi la UP Foundation, qu’il a créée en 2018 et qui s’engage pour « la réussite, l’excellence et le bien-être des enfants, des jeunes et des apprenants au Luxembourg, ainsi que pour l’équité des chances dans le domaine éducatif ». Il est aussi, depuis 2013, vice-président de l’asbl Le Chemin de l’école et de la Fondation EPI (Fondation luxembour­ geoise pour l’encouragement, la promotion et l’intégration de jeunes et de jeunes adultes en détresse).

Raymond Schadeck

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Photos

Nommée à la tête de BGL BNP Paribas en juillet 2020, Béatrice Belorgey a dû plonger dans le fonctionnement d’une banque en mode Covid. Neuf mois plus tard, elle annonce un résultat net en progression de 15 % pour l’année 2020. Banquière jusqu’au bout des ongles, la patronne de la plus importante banque luxembourgeoise nous raconte son intégration dans un pays qu’elle connaissait déjà partiellement, et nous présente les défis qu’elle perçoit pour son enseigne et le monde bancaire dans son ensemble. Une interview à lire en page 26 Pionnier de la culture du chanvre au Luxembourg, fondateur de la société Cannad’Our, Norbert Eilenbecker aimerait que les promesses du gouvernement de légaliser le cannabis récréatif ne se terminent pas en pétard mouillé. Actuellement, il se concentre sur la production de tisanes et d’huiles à base de fleurs et graines de chanvre, et se prépare au développement du cannabis médical. À lire en page 38 À 34 ans, Christine Majerus fait le point sur sa carrière sportive. Différences salariales entre sportifs masculins et féminins, maternité, mais aussi intérêt croissant des télés pour le cyclisme féminin, la championne luxembourgeoise parle de sa passion de toujours avec la même ferveur. Son interview en roue libre en page 54 fête cette année les 20 ans Passionné d’art, Alex Reding de la galerie Nosbaum Reding. Toujours motivé à animer la scène luxembourgeoise de l’art contemporain, il dresse avec nous un état des lieux de la situation actuelle – à lire en page 58 – et n’hésite pas à ruer dans les brancards Les besoins en personnel qualifié des employeurs correspondent de moins en moins aux personnes disponibles sur le marché. Dans un monde qui évolue rapidement, la formation continue est devenue un impératif pour maintenir ses employés à niveau. L’upskilling doit encore être mieux pris en compte par les employeurs, mais aussi par les salariés. La remise à niveau est plus efficace que la recherche de nouveaux profils. Notre dossier Enjeux est en page 68 L’agriculture est en pleine transformation. De nouvelles initiatives se multiplient pour cultiver la terre autrement que pour le rendement. Nous sommes allés à la rencontre de ces nouveaux acteurs pour fournir la preuve par l’image de ce que ces entrepreneurs terriens sont en train de réaliser. Notre portfolio est à voir en page 84 Enfin, dans la rubrique Mon mental – en page 116 –, le témoignage sai­sis­sant d’Hélène Tomsin, une jeune maman qui a connu un véritable burn -out parental.

Andrés Lejona, Romain Gamba

Clin d’œil


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Se faire tester, même vacciné(e), reste important pour surveiller l’évolution des anticorps qui nous protègent contre la COVID-19.

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