Paperjam Mai 2022

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NUMÉRO 223

MAI 2022

Business zu Lëtzebuerg

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Édito #Emploi

Du travail pour le travail L’OGBL veut utiliser le 1er mai pour marquer son opposition au report temporaire de l’index, avalisé le 31 mars dernier par la tripartite, dont le principal syndicat s’était retiré. Au-delà de ce positionnement et de la polémique, la Fête du travail pose plus que jamais la question du futur du travail. Le scénario d’un monde où les machines rempliraient les fonctions productives et génératrices de richesses, permettant aux individus de vivre en toute oisiveté, doit être relégué au rang de science-fiction. Il n’empêche, la technologie remplace, voire surpasse, de longue date les capacités humaines dans certaines opérations. Et la tendance va s’ac­célérer. Les pronostics laissent augurer une transformation profonde des « job descriptions » dans les prochaines années. Rien que pour la décennie à venir, le Forum économique mondial chiffre à 1,1 milliard le nombre d’emplois qui seront profondément repensés sous l’effet de la technologie. L’urgence de la formation continue et de la remise à niveau des « skills » devra donc figurer en bonne place des futurs programmes gouvernementaux lors de la campagne de 2023. Toute évolution structurelle est considérée tantôt comme un risque, tantôt comme une opportunité. Pour une place financière qui repose historiquement sur des fonctions administratives ou de support de grands groupes dont les centres décisionnaires sont à l’étranger, la transformation de ces compétences en nouvelle valeur ajoutée

sera primordiale, pour maintenir à la fois l’emploi et les recettes fiscales indispensables à l’État. De la capacité des acteurs publics et privés à définir une stratégie nationale d’upskilling dépendra le futur du principal secteur du pays qui reste en compétition avec d’autres centres financiers. Quant aux opportunités, cette transformation graduelle du marché du travail représente un double avantage. Celui, tout d’abord, de recourir à la technologie pour limiter une partie de son besoin en importation de maind’œuvre et, par ricochet, celui de réduire l’impact environnemental de son économie. L’innovation représente aussi un formidable levier d’attraction des jeunes écoliers vers des parcours moins plébiscités aujourd’hui, dans l’artisanat ou les filières scientifiques. En donnant les incitants nécessaires aux entreprises pour réussir la transition énergétique et digitale, le Grand-Duché pourrait aussi se positionner comme un centre d’excellence sur certains métiers de demain, sur base de l’expérience engrangée dans la finance ou l’ICT. Des perspectives qui seront jalonnées de défis, de questions éthiques, de remise en cause de certains acquis, d’une réforme profonde de l’enseignement et de la formation, mais qu’il convient de prendre à bras-le-corps. Grâce à un dialogue social qui devra, lui aussi, continuer à se réinventer. Rédacteur en chef THIERRY RAIZER

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Mai 2022

Ristretto 10 #POLITIQUE 12 STEFANO BONACCINI

Conversations

« Des relations profondes avec le Luxembourg »

26 JEAN-PAUL OLINGER

« La prévisibilité est importante pour chaque ménage et chaque commerçant »

14 #ENTREPRISES 16 GWENNHAËLLE BARRAL

« Le droit pénal des affaires a vocation à s’exporter »

30 OCTAVIE DEXANT

18 #PLACEFINANCIÈRE 20 LUC NEUBERG

« La gestion du risque n’est pas un coût »

p. 36 Thomas Gibon et le List dressent un constat implacable du travail à réaliser en vue d’atteindre la neutralité carbone à l’échelle nationale.

Data Dada 24 #INFLATION

Aider les ménages, un exercice délicat

« Seul un changement radical de tous peut limiter le risque climatique » –

36 THOMAS GIBON

« Une empreinte carbone marquée par le pouvoir d’achat » –

40 MARIE-PAULE GILLEN

« L’évolution techno­ logique va plus vite que le droit » –

42 DOMINIQUE COLAIANNI

« Malgré l’adversité, la restauration reste un magnifique métier » –

46 JULIE CONRAD

« J’aime raconter des his­toires avec les objets »

Photos

Matic Zorman

50 EDSUN

p. 46 Julie Conrad milite aussi pour une meilleure prise en compte des métiers du design dans l’écosystème local, à l’instar de ce qui s’observe à l’étranger.

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Mai 2022 Luxe (3.600 – 30.000 $)

QUEL POTENTIEL DE CROISSANCE ?

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En milliards de dollars 2019 Projections 2025

Asie

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Enjeux Montres

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Un marché aux multiples ressorts

Source McKinsey analysis, expert interviews

p. 54

Europe 20

Grand luxe (> 30.000 $)

56 LES TENDANCES

DU MARCHÉ Quand la montre fait sa révolution

10

Amériques Autres

D’ici 2025, le marché horloger devrait croître de 1 % à 3 % Premium (180 – 3.600 $) par an, comme le montrent les projections de l’évolution de la valeur du marché selon les régions et les segments de produits.

58 PETITE(S)

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ET GRANDE(S) HISTOIRE(S) Les mécaniques du temps

RÉGIONS GÉOGRAPHIQUES

SEGMENTS DE PRIX

60 DISTRIBUTION

Mono vs multimarque

61 MARCHÉ DE L’OCCASION Le lieu des bonnes affaires

62 POUR OU CONTRE

La vente en ligne, une bonne expérience ?

64 SMARTWATCHES

Un précieux temps de poignet

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Portfolio

Collègues de sang

Business Club

p. 86 Laure et son mari habitent à Luxembourg dans une maison qui marie ancien et moderne. Visite des lieux.

Lifestyle 86 88 90 92

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MA MAISON MON STYLE MA COLLECTION MA RECETTE

La liste

6 économistes pour garder le cap Débat public

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Guy Wolff et Nader Ghavami

08 ANDRÉ BAULER

Advertoriaux 22 WEDELY

Une technologie digitale au service de la restauration

p. 68 Frères et sœurs, ils dirigent ensemble l’entreprise familiale. Dans les coulisses de duos pas comme les autres.

66 BANQUE DE LUXEMBOURG Accompagner la transmission d’une entreprise familiale MAI 2022

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Débat public Les images qui nous parviennent d’Ukraine reflètent une horrible souffrance humaine. Les Ukrainiens se battent non seulement pour l’indépendance de leur pays, mais également pour la liberté de l’Europe tout entière. Nous sommes solidaires avec l’Ukraine. Le Luxembourg, entre autres, subit les conséquences économiques de cette guerre affreuse, même si, en comparaison avec la détresse énorme qu’éprouve le peuple ukrainien, nous payons un prix incomparablement moins élevé. Toutefois, cette guerre engendre des répercussions sociales considérables pour notre propre pays où population et entreprises s’inquiètent pour leur avenir. Les dif­ ficultés d’approvisionnement et la hausse des prix de l’énergie font grimper l’inflation. Personne ne sait de quoi l’avenir sera fait. Le gouvernement grand-ducal prend les inquiétudes des gens très au sérieux. C’est pourquoi une tripartite a été convoquée à l’initiative du Premier ministre Xavier Bettel (DP). Contrairement à 2012, un compromis a été trouvé entre le gouvernement, deux syndicats et le patronat, faisant de cette tripartite un grand succès de solidarité nationale, même si un syndicat (l’OGBL, ndlr) n’approuve pas l’accord. Une décision qui est à déplorer. Ses revendications, qui se chiffrent en milliards, n’étaient toutefois pas finançables et auraient hypothéqué l’avenir des générations futures des années durant. L’accord en question prévoit un catalogue de mesures importantes

André Bauler Député DP

d’un montant de quelque 830 millions d’euros. L’ampleur de ces mesures va bien au-delà de la logique de notre politique budgétaire habituelle. Ce paquet de solidarité fera en sorte que chaque ménage luxembourgeois disposera bientôt d’un pouvoir d’achat supérieur à celui d’avant-crise. Ainsi, la perte de pouvoir d’achat des classes salariales les plus modestes sera surcompensée par un crédit d’impôt socialement échelonné, ce qui souligne bel et bien la dimension sociale de la politique gouvernementale. Grâce à ce paquet, les entreprises disposeront également des aides financières nécessaires pour faire face à la situation exception­ nelle que nous vivons à l’heure qu’il est. L’accord tripartite, qui a été approuvé par les partenaires sociaux qui l’ont signé, soutient donc aussi bien les ménages à faible et moyen revenus que les entreprises qui souffrent des prix élevés de l’énergie. Aucun autre pays de l’UE n’a réussi à ficeler un catalogue de mesures comparable. À aucun moment il n’a été question de supprimer l’indexation des salaires, garant de la paix sociale au Luxembourg. André Bauler est député et président de la commission des finances et du budget de la Chambre des députés. Ce débat public, en principe mensuel, est un rendez-vous qui donne carte blanche aux représentants élus au Parlement. Photo MATIC ZORMAN

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NOVEMBRE MARS 2020 2021

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Ristretto #Politique Sélectionné par PIERRE PAILLER et IOANNA SCHIMIZZI

CONVAINCU

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« L’intérêt pour notre langue a clairement pris de l’ampleur ces dernières années. »

Le ministre de l’Éducation nationale, Claude Meisch (DP), a présenté, à la mi-avril, la nouvelle plateforme d’apprentissage du luxembourgeois, qui sera bientôt lancée par l’Institut national des langues. 2

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INDIGNÉ

SOLIDAIRES

« Nous avons fait des contributions humanitaires de près de trois millions d’euros, mis à disposition du matériel de communication par satellite ainsi que du matériel médical, et des armes et du matériel militaire défensif. » Le ministre des Affaires étrangères et européennes, Jean Asselborn (LSAP), a rappelé, lors d’un conseil Affaires étrangères de l’Union européenne qui s’est tenu le 11 avril à Luxembourg, le soutien luxembourgeois à l’Ukraine. 4

SATISFAITE

« Nous avons élaboré un bon concept pour permettre une réouverture de la maternité du Centre hospitalier du Nord. » La ministre de la Santé, Paulette Lenert (LSAP), a annoncé, le 7 avril, avec le ministre de la Sécurité sociale Claude Haagen (LSAP), avoir approuvé un concept de prise en charge néonatale développé par le CHDN en partenariat avec le CHL. Cela faisant suite à la fermeture temporaire de la maternité d’Ettelbruck, décidée le 4 avril.

« Si les experts arrivent à la conclusion que la vaccination obligatoire doit encore être instaurée pour que nous puissions passer l’automne, alors la loi doit également être prête pour l’automne. » Alors qu’un nouveau rapport du panel de cinq experts est attendu concernant l’instauration d’une obligation vaccinale pour les plus de 50 ans et ceux travaillant au contact des plus fragiles, la ministre de la Justice, Sam Tanson (déi Gréng), a expliqué, de son côté, début avril, que le projet de loi y afférant « avait bien avancé ». 6

RÉSILIENT

« La tripartite n’a pas échoué. »

Après plus de 40 heures d’échanges, la négociation tripartite liée à la hausse des prix de l’énergie n’a pas permis d’arriver à une unanimité entre les partenaires sociaux et le gouvernement, suite au refus de l’OGBL d’accepter le paquet de mesures ad hoc. Le 31 mars, le Premier ministre Xavier Bettel (DP) estimait, à la Chambre, juste avant de le signer, qu’un accord avec une « dimension historique » avait été trouvé.

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Romain Gamba (archives) et Nader Ghavami (archives)

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Ristretto #Politique

«Des relations profondes avec le Luxembourg» Stefano Bonaccini, président de la région d’Émilie-Romagne, fait le point sur les échanges entretenus avec le Luxembourg avant sa visite prévue au début du mois de juin.

Vous serez au Luxembourg du 1er au 3 juin prochain, un an après votre dernière venue… Oui, je viendrai à l’occasion de la Fête de la République italienne. Je suis très heureux de revenir dans un tout autre contexte et avec moins de restrictions dues à la pandémie. Quels seront les thèmes de votre visite ? L’année dernière, nous avons jeté les bases de relations importantes dans de nombreux domaines : économique, touristique, technologique et numérique. Cette année, nous voulons renforcer ces derniers et les rendre encore plus opérationnels. L’Émilie-­Romagne est une région qui a historiquement de solides relations internationales partout dans le monde : nous avons des protocoles d’accords et des relations de partenariat avec, entre autres, le Guangdong chinois, la Californie ou encore les Pays de la Loire. Nous sommes un territoire fortement voué à l’exportation, à tel point qu’aucune région italienne n’exporte autant depuis six ans que l’Émilie-Romagne si l’on regarde les chiffres par rapport à la population. Quels sont les liens économiques entre l’Émilie-­Romagne et le Luxembourg ? Ils sont beaucoup plus pertinents que l’on pourrait le penser. L’Italie est le sixième fournisseur et le cinquième acheteur du Luxembourg au niveau mondial, et l’Émilie-Romagne a une part d’exportation avec le Grand-Duché supérieure à celle de l’Espagne. Comment cela se traduit-il en chiffres ? En 2018, la valeur des échanges entre nous et le Luxembourg était de 1,1 milliard d’euros, et en 2019, elle augmentait déjà de plus de 20 %. Bien sûr, les effets de la pandémie se sont fait sentir, mais ces derniers mois, nous avons regagné une grande partie du terrain perdu et je suis très confiant, voire certain, qu’à l’avenir, nos relations ne feront que s’accroître. Le Luxembourg est-il, pour vous, une source d’inspiration dans certains domaines ? Les relations avec le Luxembourg sont profondes : c’est historiquement une terre d’immigration italienne depuis le 19e siècle, et parmi ceux qui ont choisi de s’y installer, beaucoup sont originaires d’Émilie-Romagne. Votre pays a donné naissance à l’une des places financières

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les plus importantes d’Europe et, surtout, à l’essor de centres de recherche et d’innovation qui attirent des jeunes formés de tout le continent. Cela nous intéresse beaucoup. Vous investissez également dans la haute technologie ? Oui, beaucoup, ainsi que dans le big data, à tel point que nous devenons de plus en plus l’European Data Valley : le Technopôle de Bologne héberge déjà le data center de l’European Weather Center, et le supercalculateur européen Leonardo est sur le point d’arriver. Et nous voulons collaborer avec ceux qui partagent cette vision. Quelles sont vos attentes vis-à-vis de ce supercalculateur ? Leonardo est un investissement extraordinaire. Notre Data Valley mettra l’Europe en position de concurrencer les géants américains et chinois. Nous prévoyons l’arrivée de milliers de chercheurs du monde entier, ce sera une révolution. Leonardo, comme Meluxina au Luxembourg, est un designer du futur, un incubateur du monde à venir et que nous devons rendre meilleur. Comment expliquez-vous le très fort développement des secteurs de l’innovation dans votre région ? Les experts nous disent que 30 % de nos enfants et plus de 60 % de nos petits-enfants occuperont des emplois qui n’existent pas encore aujourd’hui. Notre capacité à garantir l’emploi dépendra donc du degré d’innovation et de technologie numérique du territoire. C’est pourquoi il est essentiel d’investir dans l’avenir. Dans ce domaine, je vois beaucoup de résonance avec ce que fait le gouvernement luxembourgeois, et je suis sûr que nous trouverons un terrain d’entente pour la collaboration. Nous avons la même vision. Stefano Bonaccini observe avec intérêt le développement du secteur financier luxembourgeois. Interview IOANNA SCHIMIZZI Photo SIP / JULIEN WARNAND (ARCHIVES)


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Ristretto #Entreprises Sélectionné par CATHERINE KURZAWA et THIERRY LABRO

EN MANQUE

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« Pendant la crise du coronavirus, 2.000 salariés ont quitté l’horeca pour se réorienter professionnellement. » Soit 10 % des employés d’un secteur déjà en difficulté pour recruter, selon ce qu’a déclaré François Koepp, secrétaire général de la fédération Horesca, le 15 avril. 2

OPPORTUNISTE

« Les clients savent qu’ils peuvent aussi bénéficier de la prime de l’État pour [les] vélos enfants. Chaque membre de la famille y a droit. » Les familles et les frontaliers sont les clients espérés des magasins de vélos, d’après les déclarations de Benji Kontz, CEO des Cycles Arnold Kontz, le 14 avril. DÉSABUSÉ

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« Ce n’est pas une surprise, et les salariés en ont marre d’être sous le pavillon Liberty Steel à Dudelange, où la production est extrêmement faible depuis des semaines. » La liquidation du site de Liberty Steel de Liège, le 13 avril, a ravivé les craintes toujours formulées par Robert Fornieri, secrétaire général adjoint de la coordination de la fédération Industrie-Sidérurgie au LCGB. 4

SOUS PRESSION

« Nous sommes passés d’une trentaine de taxis remplis à la sortie du TGV venant de Paris à sept ou huit taxis en moyenne. » Paulo Leitão, président de la Fédération des taxis, à la mi-avril, alors que le tourisme d’affaires est en berne.

« Je suis doublement surpris : non seulement, je n’étais pas au courant, personne n’en a jamais parlé, mais le CEO de la BIL, Marcel Leyers, a été un actionnaire impliqué et précieux pendant la crise. » Le CEO de Luxair, Gilles Feith, a découvert, le 8 avril, dans la presse, qu’un de ses actionnaires historiques pensait à vendre ses parts. 6

MOBILISÉ

« J’espérais ne jamais avoir à être confronté à cela. »

Sous la conduite des époux Lynn et David Holland, le CEO de la start-up ChefPassport, Matteo Ressa, a pris la direction de la frontière polonaise. Pour y être confronté à l’exode ukrainien, raconte-t-il, le 6 avril.

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Mike Zenari (archives) et Romain Gamba (archives)

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Ristretto #Entreprises

«Le droit pénal des affaires a vocation à s’exporter» Après Marseille, le cabinet d’avocats parisien fondé par le pénaliste Hervé Temime a établi une présence au Grand-Duché. Gwennhaëlle Barral, avocate aux Barreaux de Paris et de Luxembourg, détaille les objectifs de cette arrivée.

Qu’est-ce qui a motivé le cabinet Temime à poser un pied au Luxembourg ? Depuis mon arrivée il y a quatre ans au sein du cabinet, nous avons reçu un flux constant de dossiers soit entièrement luxembourgeois, soit qui comprennent un volet luxembourgeois. Comme ces dossiers couvrent le droit pénal des affaires, une matière dans laquelle je suis spécialisée, ils m’ont été attribués par opportunité, mais avec la réelle satisfaction de découvrir ce marché en toute humilité et avec créativité. J’y suis présente en alternance avec l’activité à Paris. Notre volonté est de nous implanter durablement, en grandissant comme nous l’avons fait à Marseille où nous avons ouvert un bureau en 2016. Il y a donc une stratégie d’expansion du cabinet… La conviction de notre fondateur, Hervé Temime, est de considérer que le droit pénal des affaires a vocation à s’exporter. Cette matière représente une activité sur le long terme pour les avocats en raison de la tendance au durcissement des sanctions, en droite ligne du renforcement du cadre réglementaire. Or, tant au Luxembourg qu’en France, nous sommes en décalage sur les montants des sanctions pratiquées à l’international, par exemple aux États-Unis. Nous pensons que l’Europe va opérer un rattrapage. Votre cabinet défend notamment le multientre­ preneur Flavio Becca. Que viennent chercher de tels noms lorsqu’ils frappent à votre porte ? Pour ceux qui nous connaissent, ils viennent chercher une étiquette de spécialiste du droit pénal des affaires qui peut les rassurer. Au Luxembourg, des équipes spécialisées se développent, mais il y a peu d’équipes qui sont entièrement dédiées aux cols blancs. Comment percevez-vous le paysage des avocats au Luxembourg ? Il est dominé par des cabinets importants actifs dans le droit des affaires, par les cabinets du Magic Circle, ce qui est logique compte tenu de l’activité de la place financière. Quelle est votre ambition dans ce contexte ? Nous voulons proposer une boutique autour du contentieux et qui ne soit pas une fonction support de l’activité transactionnelle, comme c’est souvent le cas dans ces cabinets. Nous pensons, du reste, que l’activité foisonnante dans notre secteur permet

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tout de même à de nouveaux venus de se développer, sous l’effet de la croissance du pays. Vous voulez également développer une activité de prévention. En réponse à la régle­mentation grandissante ? Le volet préventif est en effet en train de prendre une grande ampleur. Ce « monstre réglementaire » entraîne de plus en plus de potentiels ­problèmes devant les instances concernées et donc de plus en plus de travail pour les avocats. Quel regard portez-vous sur la pratique judiciaire ici ? La première différence qui m’a sauté aux yeux est de nature organisationnelle : l’horaire des audiences, qui peuvent durer parfois jusqu’à tard dans la nuit en France. Ici, l’audience commence à 9 heures avec une pause pour déjeuner, et il est très rare qu’elle se prolonge au-delà de 17 h 30. Nous sommes donc sur un rythme plus condensé. On retrouve le trait de pragmatisme attribué au pays… C’est en effet l’impression que l’on peut avoir avec des juges qui conduisent leur audience d’une main de maître, en sachant que l’avocat n’est de toute façon jamais le maître du temps. Cette manière de procéder ne me dérange pas, car un dossier en correctionnelle se gagne ou se résout toujours sur quelque chose de simple, autour du nœud de l’audience. Le reste n’est que du contexte. Comment présenteriez-vous le Luxembourg sur base de votre récente acclimatation ? On sent que la vie professionnelle occupe une place non négligeable dans la vie des habitants du pays. Le pays est aussi un m ­ elting-pot intéressant, avec beaucoup de gens de divers horizons qui arrivent ici souvent pour des ­raisons professionnelles, et finissent par s’y établir. Retrouvez la version in extenso de cette interview sur paperjam.lu. Les infractions au pénal résultent souvent d’un manque de conseil en amont, résume Gwennhaëlle Barral. Interview THIERRY RAIZER Photo MATIC ZORMAN



Ristretto #PlaceFinancière Sélectionné par AURÉLIE BOOB, MARC FASSONE, MATHILDE OBERT et BENOÎT THEUNISSEN

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VISIONNAIRE

« Vu l’évolution du marché, de l’activité et des technologies, il fallait, pour rester compétitif, des investissements qui dépassaient mes moyens. »

Bob Kneip, fondateur et actuel vice-président de la société éponyme, à propos de la vente de Kneip à Deutsche Börse Group. Ce dernier souhaite, avec cette opération, créer un centre de données de fonds de premier plan basé au Luxembourg, sous forme de société indépendante. 2

RÉALISTE

« En lançant notre plan de développement à cinq ans, il était clair, dès le départ, qu’on allait vers plusieurs exercices déficitaires. »

Nicholas Harvey, Group CFO de Quintet Private Bank. Pour son exercice 2021, Quintet affiche de lourdes pertes à hauteur de 110,2 millions, dues à des éléments exceptionnels, dont le retrait du marché suisse. Toutefois, le résultat opérationnel s’est redressé avec une perte ramenée à 5,9 millions contre 17,2 millions en 2020. 3

PERPLEXE

« D’un point de vue financier, la décision ne semble pas logique. » Carla Valente, qui a négocié le plan social au niveau de l’Aleba pour les 169 salariés de Commerzbank au Luxembourg. Interrogée sur la raison de la fermeture, la direction met en avant l’adaptation du réseau international aux besoins des entreprises allemandes clientes. 4

DISSOCIÉ

« Je ne connais pas le budget alloué à la consultance stratégique au niveau de l’État, mais à mon sens, cette polémique n’a pas lieu d’être au Luxembourg. »

IDÉALISTE

« Dans un monde idéal, l’impôt sur les sociétés devrait être nul. »

Chris O’Donnell, managing partner d’Atoz, pense que l’impôt sur le revenu des sociétés n’est pas forcément la bonne manière de les taxer, lui préférant l’impôt sur les dividendes, tout en reconnaissant qu’il s’agit là d’un point de vue « puriste » et théorique. 6

CONVAINCU

« La principale conséquence à ce stade est de renforcer notre conviction qu’il faut continuer à investir dans la cybersécurité. »

Philippe Oddo, associé-gérant d’Oddo BHF, à propos de la guerre en Ukraine et de ses conséquences sur l’état du marché, mais aussi sur la gestion du portefeuille d’actifs d’Oddo BHF.

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MAI 2022

Photos

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Guy Wolff, Anthony Dehez (archives) et LaLa La Photo (archives)

Pierre-Jean Forrer, government and public sector leader chez EY Luxembourg à propos de la polémique autour du recours abusif aux sociétés de conseil privées par l’État français, notamment en référence au scandale McKinsey.


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Ristretto #PlaceFinancière

«La gestion du risque n’est pas un coût» La Luxembourg Association for Risk Management (Alrim) organise avec l’Alfi, ce 16 juin, sa traditionnelle Risk Management Conference. L’occasion de revenir sur une fonction méconnue avec son président, Luc Neuberg.

Qu’est-ce que la gestion du risque ? Avant de parler de gestion du risque, il faut parler de la notion même de risque qui, en finance, est liée à la notion d’incertitude. On a souvent tendance à ­ penser que le risque est lié uniquement aux pertes. Ce n’est pas le cas. La gestion du risque, c’est tout simplement l’identification et la gestion de tous les facteurs qui peuvent engendrer une incertitude à atteindre ses objectifs.

et de la protection des consommateurs. Le risk management fait partie de ce que l’on appelle « la substance de compétences ». Et son importance est reconnue à l’étranger. Ce n’est pas un hasard si les actifs nets de l’industrie des fonds d’investissement ont atteint 5.800 milliards d’euros. Où doit se situer un risk manager dans l’entreprise ? La clé est l’intégration de la culture du risque dans le busi­ness. Je ne sépare pas la gestion du risque du business lui-même. L’essence du risk management, c’est qu’il fait partie du business. C’est dans cette intégration que réside la valeur ajoutée. La gestion du risque ne doit pas être vue comme un coût mais comme une valeur ajoutée.

Ceci posé, en quoi consiste le métier de risk manager et quels sont ses principaux défis ? Il faut d’abord savoir traiter les risques qui se sont matérialisés et qui peuvent se reproduire. Comme le risque de liquidité. Le deuxième enjeu, c’est l’intégration de nouveaux facteurs, par exemple le risque de durabilité. Si ce risque n’a pas encore été matérialisé par une crise financière, il faut quand même l’intégrer dans la gestion courante des entreprises. Et le troisième enjeu est d’anticiper les risques futurs.

L’actualité, c’est la guerre en Ukraine. Comment un tel événement est-il appréhendé en gestion du risque ? Il ne faut pas hésiter à revenir en arrière et à considérer une perspective historique. On a déjà vécu des choses similaires, avec une ampleur différente. Comment intégrer la guerre en Ukraine ? Il faut voir quels sont les facteurs qui vont être impactés et qui vont nous impacter – comme le rating de la Russie, l’évolution du coût de l’énergie ou encore l’évolution des taux d’intérêt – et revenir aux bases, notamment en recourant à l’analyse historique.

Le risk manager se doit d’être un futurologue ? Attention quand même. Les anticipations dont je parle doivent être raisonnables. Si elles sont démesurées, cela n’a pas de sens. On peut parler de Troisième Guerre mondiale ou de catastrophe nucléaire, mais, dans ce cas, les problèmes quotidiens du business passent à l’arrière-plan… Que recouvrent alors ces anticipations ? On est ici plus dans la proactivité, qui est fondamentale dans ce métier. Être proactif, c’est agir avant qu’un événement arrive. Il ne s’agit pas de le prédire, mais de l’anticiper.

Quelle sera la prochaine crise ? Je crois qu’on y est déjà. Les facteurs de risque sont connus : la remontée des taux d’intérêt, qui porte en elle l’acceptation d’une récession et d’un probable impact sur le marché immobilier. Ou encore l’envolée des prix de l’énergie. Un baril de pétrole à 200 dollars est désormais plus qu’une simple hypothèse de travail.

L’anticipation, c’est un état d’esprit, une culture. Existe-t-il une culture du risque au Luxembourg ? Oui. Et elle est très forte. Nous avons la chance d’avoir une culture du risque qui s’est développée depuis de nombreuses années dans l’industrie financière. Peut-être plus que sur d’autres Places. Ce n’est pas juste la communauté des risk managers qui se sent concernée, c’est toute la Place. Toutes les parties prenantes, y compris le régulateur, échangent régulièrement sur le sujet, participent à des groupes de travail… Cette culture et le savoir-faire qui en découle sont-ils un argument pour la promotion de la Place ? Oui. Il faut bien voir que la problématique de la gestion du risque est liée à la confiance

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MAI 2022

Pour Luc Neuberg, la culture de la gestion du risque est bien ancrée sur la Place.

Interview MARC FASSONE Photo MATIC ZORMAN


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Restauration

Une technologie digitale au service de la restauration

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MAI 2022

Comment effectuer une livraison rapide et de qualité ? C’est pour répondre à cette question et optimiser les processus que les fondateurs de Wedely ont lancé, en 2016, leur propre plateforme de commande et de livraison de repas à domicile. « Au départ, nous étions une société d’IT, et nous avons mis nos compétences en œuvre pour créer une solution très efficace permettant de mettre en relation des clients, des restaurateurs et des livreurs, explique Filippo Biasotto, CEO et Project Manager de Wedely.

Grâce à la maîtrise que nous offre cet outil, nous pouvons garantir un temps de livraison inférieur à 35 minutes. Nous savons en effet que la première priorité, pour le client, est de recevoir rapidement son repas. » Mais pour tenir cette promesse, Wedely a également dû appliquer des critères stricts pour sélectionner les restaurants avec lesquels la société collabore. « Nous voulons vraiment offrir un niveau de service où le client est au centre de l’attention, affirme Emanuele Chichi, CEO et Project Manager de Wedely.

Pour cela, nous devons nous assurer que les restaurants qui sont sur la plateforme soient capables de préparer leurs plats dans le temps imparti et avec une qualité constante. Notre technologie et notre algorithme exclusif d’optimisation des livraisons vont ensuite tout orchestrer de la meilleure façon possible. » C’est aussi pour garantir un service professionnel et une livraison des plats rapide qu’une distance maximale de 5 kilomètres entre le restaurant et le point de livraison est acceptée.

Photos

Les fondateurs de Wedely ont lancé leur propre plateforme de livraison de repas à Luxembourg pour apporter une contribution importante au secteur de la restauration, avec l’objectif d’offrir un service de haute qualité.

Wedely

Contenu sponsorisé par WEDELY


BRAND VOICE

VRAI OU FAUX ?

Un nouveau marché pour les restaurants La société de livraison a connu un développement constant depuis sa création, et qui s’est accéléré pendant la crise du Covid. « En l’espace de six mois, nous avons connu une augmentation importante de la demande, avant qu’elle revienne à la normale, se souvient Filippo Biasotto. Les entreprises se sont rapidement mises au digital et Wedely leur a fourni les outils technologiques pour accompagner ce changement de manière simple et efficace. Notre soutien important apporté aux restaurants en difficulté face à la situation ainsi qu’aux clients nous rend très fiers de notre travail. » Il est vrai qu’au-delà des atouts que Wedely offre aux utilisateurs de la plateforme, ce sont aussi les restaurants qui ont tout intérêt à l’intégrer. « Certaines personnes ne se déplacent pas au restaurant pour différentes raisons. En ne se positionnant pas sur ce créneau, un restaurant perd donc tout un marché », relève Emanuele Chichi. Le respon­ sable de Wedely pointe notamment l’intérêt de la vente de plats en ligne pour les nouveaux restaurants. « En intégrant la plateforme, ces restaurants vont instantanément être mis en contact

«L a recherche et l’innovation constantes sont les ingrédients du succès de Wedely. » Emanuele Chichi CEO et Project Manager, Wedely

avec des milliers de clients potentiels. Nous veillons d’ailleurs à les mettre en avant sur notre site et nos réseaux sociaux. Quant aux restaurants déjà installés, ils peuvent agrandir virtuellement leur salle de plusieurs dizaines de couverts grâce à Wedely. C’est assurément une manière de faire croître son business, d’autant que nous répartissons les clients de manière équilibrée en fonction des aires pour maximiser le nombre de commandes pour chaque établissement. » En assurant en interne la gestion de son IT, Wedely offre en outre une grande flexibilité aux restaurants. Ceux-ci peuvent avoir un aperçu des préférences et des commentaires des clients, et adapter leur menu facilement, par eux-mêmes, à travers un panneau de contrôle auquel ils ont directement accès. « Grâce aux outils que nous proposons et aux données que nous collectons, nous sommes en mesure de dire aux restaurateurs quels plats les clients souhaitent, à quelle heure et quel jour, générant une efficacité impensable jusqu’à récemment. Le restaurant pourra alors optimiser son offre en expérimentant de nouveaux services et en satisfaisant les besoins des clients », commente Filippo Biasotto. Notons qu’il est aussi proposé aux restau­ rants de profiter d’une séance photo pour donner un meilleur aperçu de leurs plats – une démarche qui permettrait de décupler le nombre de com­ mandes passées. Dernier atout : il n’y a pas de frais d’entrée pour les établissements partenaires, qui devront simplement s’acquitter d’une commission en fonction du nombre de commandes passées. À Luxembourg, et désormais dans le Nord Depuis sa création, Wedely s’est concentrée sur la capitale luxembourgeoise, proposant la livraison de plats dans et à proximité de Luxembourg-ville

La livraison ne concerne que des plats de restauration rapide FAUX. Plus de 120 types de cuisine sont disponibles sur Wedely. Il y en a donc pour tous les goûts !

«S atisfaire les besoins des restaurants et accroître la fidélité des clients sont nos missions. »

Il est possible de se faire livrer un repas un autre jour que celui où il est commandé VRAI. Vous pouvez choisir la date et l’heure qui vous conviennent le mieux pour votre livraison.

Filippo Biasotto CEO et Project Manager, Wedely

et dans le Sud, couvrant les principales villes de la région. Mais depuis 2022, la société se déve­ loppe dans le Nord, comme à Diekirch et Ettelbruck. Il n’est pas exclu que, dans les prochaines années, la plateforme de com­ mande et de livraison de plats à domicile s’exporte en dehors du Grand-Duché. En attendant, les deux fonda­ teurs de Wedely cherchent à améliorer leur outil, notamment en proposant de nouveaux services. Et ils ne manquent pas d’idées. « Nous étions au départ une société d’IT qui est parvenue à mettre en contact des clients et des restaurateurs. Alors, pourquoi ne pas mettre en relation des clients avec d’autres fournisseurs de services, toujours avec des livraisons en temps réel ? Des nouveautés importantes seront disponibles dans un avenir très proche », explique Filippo Biasotto. Avec cette motivation et cette attention portée à la qualité du service, les possibilités sont en effet infinies pour cette société made in Luxembourg.

Il est possible de commander quand le restaurant est fermé VRAI. Mais cette pré­commande ne sera livrée que lorsque le restaurant rouvre ses portes.

Un code de réduction ou un remboursement est offert si un élément est manquant dans la commande VRAI. Il vous suffit de nous contacter via notre page de contact et nous vous répondrons dans les 24 heures.

La carte bancaire est le seul moyen de paiement FAUX. Il est également possible de payer via Payconiq / Digicash et autres paiements en ligne.

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Data Dada #Inflation

Aider les ménages, un exercice délicat

2.000 €

Les ménages les moins aisés souffrent le plus de la hausse des prix des carburants… mais 35 % d’entre eux n’ont pas de voiture. Un chiffre qui témoigne de la difficulté pour le gouvernement de trouver l’aide la plus adaptée. Auteur THIERRY LABRO 1.500 €

1.162 €

2,2 %

POIDS MOYEN DES DÉPENSES EN CARBURANT 1.081 €

1.000 €

2,1 %

786 €

SOMME DÉPENSÉE EN CARBURANT

500 €

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Les pourcentages du budget dépensé en carburant et la somme sont une moyenne pour chaque quintile.

36 %

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PART DES MÉNAGES SANS VOITURE

12 %

120.000 €

51.000 €

60.000 €

36.000 €

REVENUS NETS DISPONIBLES

0€

QUINTILE 1 24

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QUINTILE 2

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1.537 € 3%

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QUINTILE 4

Sources

Statec et Fondation Idea

69.000 €

QUINTILE 5 MAI 2022

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« Nous ne pouvons pas attendre le gouver­ne­ ment de 2023 pour agir sur la fiscalité », prévient Jean-Paul Olinger.


Conversation Jean-Paul Olinger

« La prospérité future du pays n’a rien d’évident » Le directeur de l’UEL, Jean-Paul Olinger, plaide pour un effort collectif en faveur de la compétitivité. Dans un contexte d’incertitude et de hausse des coûts, le Luxembourg reste en concurrence avec d’autres localisations pour attirer et retenir tant les entreprises que les talents. Interview THIERRY RAIZER

Dans cette période chahutée, quelles sont les priorités de l’Union des entreprises luxembourgeoises (UEL) ? Pour assurer la prospérité future du ­Luxembourg, l’UEL agit pour le développement de talents durables, en travaillant étroitement avec toutes les parties prenantes engagées. La priorité sera la capacité de notre pays à attirer, former et mobiliser les talents de demain. Qu’est-ce qu’un talent durable ? Les talents sont durables quand ils sont pérennes, évolutifs et engagés pour la transition vers le développement durable. Je pense au talent individuel des dirigeants, des salariés et des indépendants, mais aussi au talent collectif des entreprises créant la richesse de demain. Et, bien sûr, à notre talent d’équipe, entre orga­ nisations privées et publiques, si spécifique au Luxembourg, en matière de partenariats public-privé. Il s’agit de préserver les compé­ tences existantes et de développer des com­ pétences nouvelles. Les talents individuels doivent encore rem­ placer ceux qui partent en retraite et ceux qui viendront créer l’emploi nécessaire pour finan­ cer l’État providence. Un emploi représenté par des professions existantes, mais aussi par des métiers en devenir qui nous aideront à épouser la double transition: digitale et envi­ ronnementale. Des talents qu’il faudra continuer à faire venir pour alimenter les caisses de l’État. Ce modèle est-il mis à mal par le télétravail et un recours à des collaborateurs qui n’auraient plus un lien ni physique ni fiscal avec le pays ? Le Luxembourg est attractif pour des talents étrangers en raison de sa stabilité, de son éco­ nomie et de son ouverture. Pour autant, le recours

Photo ANTHONY DEHEZ

à des collaborateurs distants n’est pas nouveau, même si cela semble s’accentuer. Déjà avant le Covid, certains salariés non résidents représen­ taient leur entreprise luxembourgeoise aux quatre coins du monde et alimentaient plutôt les caisses publiques de leur lieu de résidence. À côté de cela, nous avons toujours connu des entreprises qui avaient accès à des ressources établies dans d’autres pays, soit parce que les compétences n’étaient pas disponibles en suf­ fisance au Luxembourg – comme les informa­ ticiens –, soit parce que la main-d’œuvre y était moins chère. Nous allons de plus en plus ­assister à un mode hybride de l’organisation en entre­ prise et des flux commerciaux, a fortiori dans une économie ouverte comme celle du Grand-­ Duché. Les frontières dans le monde du travail s’estompent de plus en plus.

BIO EXPRESS Jean-Paul Olinger est né le 5 juin 1978 à Luxembourg. Aux côtés des entreprises Il dirige l’Union des entreprises luxembourgeoises (UEL) et l’Institut national pour le développement durable et la responsabilité sociale des entreprises (INDR) depuis juillet 2018. Il était auparavant associé chez KPMG Luxembourg avec une activité centrée sur la fiscalité. Mandats Il est membre de la Fédération des jeunes dirigeants d’entre­ prise, membre du conseil d’administration (CA) du Cercle Munster, membre du CA de la Fondation Luxembourg Air Rescue et vient d’être nommé au CA de la Philharmonie.

Cela dit, l’intérêt de notre pays est bien de disposer de suffisamment de jeunes talents que nous ne pouvons pas uniquement importer. Nous devons aussi les former sur place et favo­ riser les écosystèmes nécessaires pour dévelop­ per les compétences. L’enjeu reste bien de financer l’État providence… C’est tout un cercle vertueux qu’il faut entre­ tenir. Et ce cercle est d’abord financé par le secteur financier au sens large, en prenant en compte tous les prestataires et consultants du secteur. Les retombées du principal pilier de l’économie se font ensuite ressentir sur la construction, la restauration… Ce secteur phare de l’économie est la locomotive qui permet de développer l’emploi direct et indi­ rect, qui génère ensuite des impôts et des cotisations, garants de l’État providence. Ces éléments ne sont pas non plus acquis, en rai­ son notamment du mouvement continu de l’harmonisation des règles fiscales interna­ tionales et d’une responsabilité accrue du Luxembourg en Grande Région. Et qui dit responsabilité accrue, dit financement accru. Où se situent les principaux risques actuels qui peuvent entamer la bonne santé du secteur financier ? Bien que je ne sois pas un expert du secteur financier, j’estime qu’il faut écouter les marchés et tenir compte des changements en cours : compétition internationale, réglementation, structure de coûts locale, environnement fiscal, démographie européenne, organisation du tra­ vail et Brexit. Le Covid a accentué le problème du manque de main-d’œuvre. Ceci se vérifie tant pour le boucher ou le restaurateur que le banquier. Si on veut se différencier d’autres pays et attirer MAI 2022

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Conversation Jean-Paul Olinger

des talents, en plus du télétravail, nous devons repenser l’organisation du travail. Et rajouter par exemple de la flexibilité avec des hautes et basses saisons, etc. Dans l’environnement fiscal international tel que nous le connaissons, nous devons tra­ vailler sur trois éléments. Tout d’abord, encou­ rager l’investissement dans les transitions écologique et digitale via des incitants fiscaux pour les entreprises et les personnes p ­ hysiques. Nous devons aussi maintenir une législation fiscale compétitive pour le secteur financier, en particulier dans les fonds. Enfin, nous devons aussi rendre attractive la fiscalité des personnes physiques pour attirer des jeunes talents étrangers. Ni les autres pays ni les jeunes talents ne nous attendent. Le niveau de vie élevé du pays implique des rentrées fiscales importantes, d’une part, et, d’autre part, un impact environnemental non négligeable. Ce fonctionnement vous semble-t-il sous tension ? « There ain’t no such thing as a free lunch » dans un marché unique harmonisé. À court terme, nos finances publiques nous placent dans une situation enviable par rapport aux pays voisins. Une situation enviable qui est aussi – rappelons-le – liée au triple A que nous conservons. C’est à nouveau un cercle vertueux qui repose sur un équilibre très fin. Les résultats de la tripartite (accord entre partenaires sociaux, hors OGBL, du 31 mars dernier en vue d’atténuer la hausse des coûts de l’énergie, ndlr) contribuent à préserver cet équilibre au Luxembourg, et dans la Grande Région d’ailleurs. Le Grand-Duché fait face à de nombreux défis pour préserver son modèle économique et social vertueux pour les générations futures. Se rajoute – pas uniquement depuis la crise en Ukraine – le besoin de réconcilier les objec­ tifs d’indépendance énergétique, de réindus­ trialisation de l’Europe, les objectifs climatiques et le devoir de vigilance en matière de chaînes de valeur. Une quadrature du cercle. Un mois après la tenue de la « tripartite énergie », que retenez-vous de l’accord obtenu entre le patronat (que l’UEL représente), deux syndicats (LCGB et CGFP) et le gouvernement ? L’accord tripartite représente un bon compro­ mis établi au départ d’un bilan des différents secteurs de l’économie qui n’évoluent pas sous les meilleurs auspices. En effet, la guerre en Ukraine entraîne d’importantes répercussions sur les prix de l’énergie et des matières pre­ mières. Ce bilan a aussi été effectué en tenant compte de la situation des ménages, qui sont aussi soumis à l’inflation généralisée. Nous aurions souhaité faire un peu plus en faveur de la compétitivité des entreprises. 28

MAI 2022

Comme un index était tombé en 2021, nous avions par exemple demandé que l’index soit suspendu cette année, sans supprimer son principe. Nous n’avons pas obtenu gain de cause, mais l’accord a été trouvé sur une limi­ tation, cette année et en 2023, à une tranche indiciaire, tout en prévoyant des compensa­ tions pour les ménages les «moins bien lotis», sachant que l’on parle tout de même d’une intervention pour la moitié des ménages. Ce compromis était finalement acceptable pour presque tous les participants à la tripartite, ainsi que pour 52 des 60 députés qui ont dû se prononcer sur le texte.

positifs ont été récemment annoncés, il faut les remettre dans le contexte de ces dernières années, qui ont vu le nombre de banques pré­ sentes au Luxembourg se réduire. Le ratio dépenses/recettes a aussi fortement augmenté sous l’effet de la pression réglementaire, ce qui pousse les banques à se structurer en suc­ cursales et à être de plus en plus sélectives quant à l’ouverture de nouvelles filiales. Compte tenu de la structure des coûts au Luxembourg, nous devons rester attentifs à ces éléments. La tendance est similaire dans les fonds, où nous restons leaders, mais les autres centres financiers, comme l’Irlande, la GrandeB­retagne ou l’Allemagne, voient leur part de marché augmenter. Ces Places ont aussi été convoitées dans le contexte du Brexit et de la relocalisation d’acteurs établis dans la City. Plus que jamais, rien n’est acquis, tout doit se méri­ ter. La prospérité future du pays n’a rien d’évident.

Lors de la présentation du paquet de mesures de solidarité en conférence de presse, le président de l’UEL, Michel Reckinger, a rappelé l’importance de la prévisibilité pour les entreprises. Comment cela se vérifie-t-il sur le terrain, dans le contexte actuel ? Au-delà de l’accord tripartite, que retirezLa prévisibilité est importante pour chaque vous des modalités et des tonalités ménage et chaque commerçant, tous secteurs du dialogue social à l’échelle nationale ? et toutes tailles d’entreprises confondus. Pour L’adoption d’un accord à la majorité prendre l’exemple du secteur financier, nous plutôt qu’au travers d’un consensus observons que, afin de préserver leur compé­ montre-t-elle que le modèle traditionnel titivité, les grands groupes internationaux exa­ de la tripartite a vécu ? minent la pertinence de leur organisation, de Je ne crois pas. Le dialogue social fonctionne. leur cœur de métier et de leurs implantations, Nous devrons analyser, avec un peu de recul, ainsi que de leurs investissements et prises de le déroulement de cette tripartite et le posi­ participations. Même si des résultats annuels tionnement des différents acteurs par rapport à ce qu’ils représentent dans l’économie natio­ nale. Le Luxembourg présente une économie non marchande au sein de laquelle le secteur de la santé est très important. Ce secteur, pri­ DES COMPÉTENCES mordial pour la vie du pays, est fortement AU COÛT DU TRAVAIL représenté au sein de l’OGBL. Il bénéficie peu ou prou des mêmes conditions salariales que le secteur public, avec pour conséquence de voir les salaires augmenter confortable­ Selon l’enquête du World Economic Forum ment en fonction de l’évolution des conven­ et de PwC, l’investissement dans la formation professionnelle continue représente seulement tions collectives. Aujourd’hui, les salaires de 0,5 % du PIB mondial. ce secteur – qui bénéficie aussi de la garantie de l’emploi – figurent parmi les plus élevés en Europe, voire dans le monde. Si l’on considère que le modèle de compen­ Le Future of Jobs Report 2020 du World Economic sation retenu pour remplacer temporairement Forum dédié au changement du marché du travail dans un monde post-pandémique pointe l’index bénéficie proportionnellement aux notamment que 84 % des employeurs de secteurs salaires moins élevés, qui sont d’abord repré­ à cols blancs à l’échelle mondiale sont enclins sentés dans le commerce, l’horeca ou partiel­ à digitaliser rapidement leur processus, avec un usage appuyé du télétravail. Et le potentiel lement l’industrie – des secteurs en partie de transférer 44 % de leurs collaborateurs vers moins syndiqués –, on peut comprendre les un mode de travail à distance. positionnements des uns et des autres. Ceci dit, le modèle de la tripartite n’est pas remis en cause pour autant.

0,5 % 44 %

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C’est, en euros, le coût horaire moyen d’un salarié au Luxembourg selon Eurostat (2021). Soit la deuxième position de l’UE, juste après le Danemark avec 46,9 euros. La Belgique suit avec 41,6 euros. La France arrive cinquième, avec 37,9 euros, et l’Allemagne septième, avec 37,2 euros. L’Irlande, centre financier concurrent, affiche 33,5 euros. À l’échelle de l’UE, le coû est de 29,1 euros, et de 32,8 pour la zone euro.

Le modèle classique de l’index devrait-il continuer à être rediscuté sur base du modèle transitoire imaginé durant la tripartite ? Il reviendra aux responsables politiques de trancher, mais la situation actuelle a proba­ blement montré les faiblesses de l’indexation


LA PLACE RÉSILIENTE

Source

Commission de surveillance du secteur financier (chiffres provisoires de l’emploi pour les banques)

telle que nous la connaissons. Cette réflexion ouvre la voie à une alternative qui permettrait de maintenir le pouvoir d’achat sans faire peser sur l’économie – et donc sur les entre­ prises – des hausses salariales importantes que nous n’observons pas dans une pareille mesure au sein des autres pays. Le principe de l’index fonctionne en situa­ tion normale et, pour le reste, en situation exceptionnelle, nous avons l’outil de la tri­ partite, qui permettra de rassembler le gou­ vernement et les corps intermédiaires pour trouver des solutions temporaires à des pro­ blèmes – espérons-le – temporaires.

Si la photo de la place financière publiée par la Commission de surveillance du secteur financier (CSSF) illustre la poursuite de l’érosion du nombre des banques, l’emploi demeure en progression, sous l’effet du secteur des fonds.

BANQUES

-

COMPARAISON ANNUELLE

Nombre (28/02/2022)

123

3 entités

Somme des bilans (30/09/2021)

921,437 Mia €

74,679 Mia €

Résultat avant provisions et impôts (30/09/2021)

3,876 Mia €

455 Mio €

L’emploi (au 31/12/2021) reste dominé par le secteur bancaire, même s’il voit logiquement son nombre baisser, à l’image de l’évolution du secteur. Une évolution, précise la CSSF, qui ne correspond pas à une création ou une perte nette d’emplois, mais comprend des transferts d’emplois existants du secteur non financier vers le secteur financier. Et vice versa.

L’OGBL pointe les résultats positifs 25.965 affichés par certaines grandes banques 141 pour contrecarrer le gel de l’index. Mais ces institutions ne devraient pas cacher une forêt d’entreprises – surtout des PME – qui ne dégagent pas de bénéfices exorbitants… 39.000 entreprises sur les 40.000 que nous 8.892 recensons au Luxembourg emploient moins 95 5.949 5.084 de 50 personnes. Parmi le millier d’entreprises 473 222 restant, environ 800 emploient moins de 1.903 740 118 250 personnes. On compte donc quelque 129 200 grandes entreprises. Banques Sociétés Entreprises PSF PSF Établissements On doit par ailleurs se féliciter que le sec­ de gestion d’investissement spécialisés de support de paiement / teur financier engrange des bénéfices. Aussi (chapitre 15) de monnaie longtemps que ce sera le cas, il va payer des électronique impôts et il va trouver une raison d’être durable au Luxembourg, car il y est profitable. Cela dit, nous constatons que la rentabilité relative des banques est plutôt à la baisse en raison de la réglementation accrue et du besoin en capital, qui n’a fait qu’augmenter durant les L’UEL attend des impulsions fiscales de la qui ne rapporteront rien en termes d’accrois­ dernières années. Presque un quart des banques part du gouvernement pour cette année afin sement de productivité. Nous nous attendons au Luxembourg sont déficitaires. Qui dit d’envoyer à nouveau un signal vers l’étranger. là aussi à un incitatif fiscal pour accélérer ces banque déficitaire, dit business model remis Pensez-vous pouvoir être entendus ? investissements, ainsi qu’à une feuille de route Nous ne pouvons pas attendre le gouverne­ précise pour la mise en œuvre détaillée des en cause à moyen terme. ment qui sortira des urnes en 2023 pour agir objectifs climatiques au niveau des entreprises. Est-ce envisageable de discuter avec sur la fiscalité. Nous devons à nouveau nous les partenaires sociaux – en particulier comparer par rapport à ce qui est pratiqué Finalement, peut-on décrire la méthode la CGFP – de la hausse des coûts salariaux dans d’autres pays, comme l’Irlande, la Reckinger-Olinger pour conduire alimentés par la hausse des salaires Grande-Bretagne et la Suisse, pour définir les les activités de l’UEL ? dans les secteurs public et parapublic ? mesures ad hoc. Pourquoi ne pas encourager Notre méthode est fondée sur un travail col­ Nous avons besoin d’un secteur public perfor­ fiscalement les entreprises et les personnes légial et complémentaire. Michel Reckinger mant, notamment pour développer notre éco­ physiques à investir dans la double transition et moi-même allions notre parcours et nos nomie et aborder la transition écologique. Il numérique et environnementale et le skilling? compétences complémentaires pour aborder faut néanmoins rester prudent quant au recru­ Restera le problème du logement pour amé­ les différents sujets qui nous sont propres. tement massif et au niveau des salaires dans le liorer la qualité et le niveau de vie. Nous devons Après, il ne faut pas oublier qu’être directeur secteur public, qui sont plus élevés en moyenne construire plus et plus vite, afin d’enlever une est un poste à temps plein, alors que le pré­ que dans le privé. Toute augmentation devrait source de pression financière qui nuit à l’at­ sident a une entreprise à gérer ! suivre une logique d’accroissement de produc­ tractivité du pays. La fiscalité peut être un tivité. La compétition pour attirer les talents vecteur vertueux. s’exerce aussi par ce biais. Si cette attraction du privé vers le public se faisait ressentir essentiel­ Qu’attendez-vous de la mise en place lement dans l’artisanat, nous la ressentons bel d’un « pacte climat pour les entreprises », et bien aujourd’hui dans le secteur financier. qui figure dans l’accord tripartite ? Ce qui signifie – hors postes spécifiques – que Les entreprises industrielles et artisanales, le secteur public est devenu le secteur le mieux via leurs fédérations respectives, ont reconfirmé rémunéré, et cela en plus de la garantie d’em­ leur volonté de s’inscrire dans cette transi­ Retrouvez la version in extenso ploi. Ceci n’est pas tenable dans la durée. tion, qui passe d’abord par des investissements de cette interview sur paperjam.lu. MAI 2022

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Conversation Octavie Dexant

« Seul un changement radical de tous peut limiter le risque climatique » Interview AURÉLIE BOOB

Photo MATIC ZORMAN

Octavie Dexant, CEO d’AXA Luxembourg et AXA Wealth Europe depuis janvier dernier, se livre sur l’évolution du métier d’assureur, entre crises climatique et pandémique. Si elle ne peut prévoir le futur, elle tente néanmoins d’en modéliser les risques et opportunités pour en dessiner les contours… en vert, forcément.


Conversation Octavie Dexant

BIO EXPRESS

Après près de 100 jours de recul sur votre fonction, quel regard portez-vous sur la Place luxembourgeoise et le rôle qu’AXA peut y tenir ? Nous sommes sur un marché très sain, en croissance et porté quasi exclusivement par des réseaux physiques. Non pas parce que c’est traditionnel, mais parce que c’est c ­ ulturel. Il y a, ici, un grand sens de la relation, une im­ portance donnée à la confiance inter­personnelle. C’est un atout précieux. Côté offre, le mar­ ché reste en revanche encore relativement traditionnel, et c’est là que nous pourrions sans doute amener de la nouveauté. Ce que l’on a déjà fait sur des sujets assez inédits au Luxembourg, comme le domaine de la pet insurance ou le fait d’avoir été les premiers à assurer les navettes autonomes dans le Grund.

Octavie Dexant a rejoint la direction de la stratégie du groupe AXA en 2010 après avoir dirigé Dare, la joint-venture virtuelle entre AXA et ING. Spécialiste des missions stratégies et acquisitions, mais aussi transformation et digital, elle dirigera les marchés Europe et Amérique latine du groupe avant de prendre les rênes d’AXA Luxembourg en janvier 2022, à 38 ans.

de chiffre d’affaires en 2021, comme nombre de compagnies d’assurances, dans un contexte post-pandémie et post-inondations. Quelle est la part du Luxembourg dans ces résultats ? Sur les 100 milliards d’euros, AXA Luxem­ bourg a émis 275 millions d’euros de primes brutes en 2021, avec une croissance soutenue Vous avez toujours occupé des postes à dominante stratégique. En quoi votre que ce soit en vie ou en non-vie. Quant à AXA mission ici sera-t-elle différente de celles Wealth Europe (la branche gestion de fortune que vous avez menées jusqu’alors ? d’AXA au Luxembourg, ndlr), on est passé de Il y a toujours eu la stratégie, effectivement, 450 millions d’euros de primes brutes émises même si la dominante était plutôt business en 2020 à 610 millions en 2021. Une grosse ces dernières années. La vraie rupture est plu­ performance pour cette branche créée il y a tôt le fait de passer de projets de construction, seulement six ans. La dynamique est là. via des acquisitions ou des montages de gros deals commerciaux, à un défi de transforma­ La branche AXA Wealth Europe tion d’une entité qui est installée et qui fonc­ est arrivée tardivement au Luxembourg… tionne, pour la préparer à soutenir sa crois­ Nous sommes, à vrai dire, le dernier arrivé. sance de demain. Et, là-dessus, mes projets Mais on a su trouver notre place avec une passés, et notamment le digital, vont sans très belle croissance sur ce segment et une forte agilité. C’est l’avantage d’être arrivés aucun doute m’aider. récemment, le modèle a été bâti avec des outils nouveaux et un souci de digitalisation Peut-on envisager que la direction de l’expérience client. La qualité de service générale d’AXA à Luxembourg se stabilise, et l’efficacité d’AXA Wealth Europe sont re­ puisque Mirjam Bamberger n’est pas restée longtemps (1 an et 8 mois) après connues, et je dois dire que cette dynamique Marie-Hélène Massard (8 ans) ? convient bien à mon caractère assez speed. J’ai La direction générale d’AXA Luxembourg a naturellement une forme de sens de l’urgence. toujours été stable historiquement. Mirjam a On ne remet jamais au lendemain ce qui peut été appelée à prendre une fonction au sein du être fait le jour même ! groupe qui constituait une opportunité, dont on ne peut que se réjouir pour elle, et cela ne Comment allez-vous investir change en rien la stratégie, qui est toujours co­ vos bénéfices à Luxembourg ? hérente. La continuité est là, d’autant plus que C’est très clair, puisque c’est dans la continuité l’on a mené une transition main dans la main de ce que nous avons commencé à faire de­ depuis décembre. Comment je m’y projette? puis quelques années: nous investissons mas­ Je peux juste vous dire que j’ai fait déménager sivement dans la transformation interne de au Luxembourg mari et enfants, je ne l’aurais l’entreprise. Au niveau IT, nous renouvelons certainement pas fait si j’envisageais le poste les outils existants pour être capables d’évo­ comme un rôle à court terme. Et je m’en réjouis. luer avec les besoins du client et délivrer « ce qui compte vraiment » pour lui, que ce soit en termes d’offre ou de service. On a vu que Le groupe AXA affiche des records la pandémie avait amené plus de digitalisa­ de croissance avec 100 milliards d’euros

« Il ne faut pas négliger la part de l’intuitu personae ! » 32

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tion et un besoin de flexibilité auquel nous devons pouvoir répondre. Comment la compagnie française se démarque-t-elle sur la Place, notamment face aux majors Lalux-Foyer-Bâloise qui ont un ancrage historique ? Je pars du principe que nous sommes sur un marché en croissance où chacun peut trouver sa place. Il y a effectivement quatre assureurs principaux (Lalux-Foyer-Bâloise-AXA, ndlr), qui servent bien ce marché, et notre ambi­ tion ne s’exprime pas en termes de concur­ rence ou de classement. Quant à l’ancrage historique, nous sommes, en réalité, issus de La Paternelle qui a été la première com­ pagnie à avoir reçu l’agrément d’assureur au Grand-Duché… en 1853 ! Foyer et Lalux sont des acteurs locaux. Bâloise est multi-pays, mais plutôt régional, là où AXA est un acteur résolument mondial, ce qui est un atout sur un marché dont près de 50% de la population est internationale. Les nouveaux arrivants connaissent souvent déjà notre marque, qu’ils retrouvent d’un pays de résidence à un autre. Si AXA au Luxembourg peut se démarquer, c’est par la force de sa marque et la puissance du groupe qu’il y a derrière. Peut-on encore dire que les Luxem­ bourgeois vont davantage se tourner vers des assureurs d’ancrage local et que les Français vivant au Luxembourg vont se tourner vers AXA ? C’est sans doute un petit peu cliché… J’ima­ gine que la population française peut avoir le réflexe AXA en arrivant, car nous avons tous tendance à aller vers ce qui nous est familier. Mais je ne suis pas sûre que les chiffres soient aussi nets, car il y a toujours ce fameux rela­ tionnel, absolument clé au Luxembourg. Il ne faut pas négliger la part de l’intuitu personae! En tout cas, je peux vous dire que mon pro­ priétaire, qui est Luxembourgeois, est assu­ ré chez nous… L’objectif d’investissements verts de votre groupe d’ici 2023 passe de 24 à 26 milliards d’euros. Quel rôle peuvent jouer les assureurs dans l’expansion de projets d’énergies renouvelables ou d’électro­mobilité dont l’Europe a besoin ? Les assureurs ont un double rôle à jouer, en étant à la fois sélectifs et incitatifs. Sélectifs en tant qu’investisseurs, par l’ex­ clusion de certaines activités ou de certains acteurs non engagés dans la transition, mais aussi par l’investissement dans plus de pro­ jets permettant la transition vers les énergies vertes et faibles en carbone. Incitatifs en tant qu’assureurs, en encoura­ geant et en accompagnant les transitions de leurs clients, que ce soient des entreprises ou des personnes. Cela passe par le développement


AXA EN CHIFFRES-CLÉS de nouvelles couvertures ou par l’encourage­ ment des comportements vertueux. C’est ce que nous avons mis en place, avec des réduc­ tions de 15 à 25% sur les primes des véhicules hybrides et électriques. D’autres exemples ? Ils sont multiples. Le climat est en effet un sujet sur lequel AXA s’est fortement engagé depuis longtemps. Nous avons même une entité en­ tièrement dédiée au sujet, AXA Climate. Nous avons développé de nouveaux types d’assu­ rances, comme le paramétrique, des produits spécifiquement modélisés sur le risque clima­ tique pour les agriculteurs, des couvertures in­ tégrées pour couvrir les nouveaux équipements de type panneaux photovoltaïques ou pompes à chaleur. Nous avons même monté une école du climat appelée AXA Climate School, qui permet de former les employés d’entreprises désireuses de s’engager dans une transition durable. Une formation que nous avons pour objectif de faire suivre à tous nos salariés au Luxembourg cette année. Vis-à-vis de vos clients, il n’y a, pour l’instant, que des incitations à vivre de manière « plus durable », mais aucune obligation ? Pas d’obligation de manière générale, si ce n’est les exclusions que nous faisons qui, elles, s’im­ posent à nos clients. Nous verrons ce que dira l’avenir… Le vrai impact serait que les gens le fassent non pas parce qu’ils y seraient obligés, mais parce qu’ils en seraient convaincus. C’est là que nous avons un rôle à jouer via l’éduca­ tion et la prévention.

Source

AXA Luxembourg

Est-ce que cela signifie que demain, tout pourra être assurable ? Sur le principe, à partir du moment où il y a un aléa (en l’occurrence, personne ne peut contrô­ ler la météo), que c’est modélisable et que c’est mutualisable, tout est assurable. Sur les aspects climatiques, le risque est, comme pour la pan­ démie, que la simultanéité des cas vienne bri­ ser le principe de mutualisation puisque tout le monde se retrouve touché en même temps. Devrait-on rendre l’assurance contre certains risques climatiques (en fonction du pays – ici, les inondations, par exemple) obligatoire, comme l’est l’assurance responsabilité civile ? Plus que d’obligation de s’assurer, je parlerais de droit à la protection des citoyens. Cela peut pas­ ser par un mécanisme d’assurance individuelle privée obligatoire comme par un système de fonds de garantie dont le financement est assu­ ré par les acteurs publics et privés, par une taxe climat. Les solutions possibles sont multiples. Mais la clé réside aussi et surtout dans le fait de continuer à mettre en place des mécanismes de prévention efficaces pour limiter l’impact

Répartition du chiffre d’affaires du groupe en 2021

Répartition du chiffre d’affaires d’AXA Luxembourg en 2021

(100 milliards d’euros), soit +6 % par rapport à 2020

(total : 275,3 millions d’euros) Axa Assurance-vie 141,6 M €

Axa Assurance non-vie 133,7 M €

Dommages 49,3 mrds € Vie, épargne, retraite 33,3 mrds €

Santé 15,2 mrds € Gestion d’actifs 1,5 mrds €

Répartition du CA d’AXA Assurances Luxembourg par ligne de produits Autres produits 6,8 M €

Autre 2,1 M €

Automobile 58,1 M €

Santé 13,2 M €

Responsabilité civile 5,4 M €

Dommages 7,8 M €

Lignes commerciales

Lignes personnelles

Automobile 13,3 M €

Autre 3,7 M € Responsabilité civile 2,3 M €

Santé 4,5 M €

Habitation 16,6 M €

Répartition du CA d’AXA Assurances-vie Luxembourg par ligne de produits en 2021 Vie individuelle

Vie groupe

Épargne 19,2 M €

Épargne 82 M € Protection 10,2 M €

Épargne et protection 10,2 M €

Investissements 4,2 M €

Protection 16,1 M €

MAI 2022

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Conversation

À l’avenir, le plus grand risque sera-t-il climatique ou pandémique ? Si l’on interrogeait les gens, ils répondraient peut-être encore la pandémie, car il y a ce traumatisme d’une société à l’arrêt et qui n’était pas prête à répondre à la situation, ne serait-ce qu’en termes logistiques avec l’absence de matériels de protection les plus basiques. À titre personnel, je pense que le risque majeur est clairement le changement climatique, contre lequel personne ne peut se prémunir seul, quand c’est au moins par­ tiellement possible sur des risques de type pandémique via l’isolement, les masques, etc. Seul un changement radical de tous peut per­ mettre de limiter le risque climatique. Il faut arriver à mettre fin à une inertie collective.

1853 Les statuts de La Paternelle sont enregistrés auprès du tribunal d’arrondissement de Luxembourg. C’est la première compagnie à avoir obtenu l’agrément pour opérer en matière d’assurances au Grand-Duché de Luxembourg. 1977 Naissance d’AssurLux par la fusion de plusieurs sociétés, dont celle ayant intégré l’historique La Paternelle. 1991 AXA devient actionnaire à 99,4 % d’AssurLux. 1992 AssurLux devient AXA Assurances Luxembourg. 2006 Le groupe AXA achète le groupe Winterthur de Credit Suisse et les activités de Winterthur au Grand-Duché sont reprises par AXA Assurances au Luxembourg l’année suivante.

Combien ont coûté les inondations de juillet au groupe AXA ? L’impact a été significatif pour AXA en Eu­ rope, compte tenu d’une part de marché com­ prise entre 10 et 20 % sur ses trois marchés touchés (Allemagne, Belgique, Luxembourg). Cet impact a été partiellement mitigé par des mécanismes de réassurance et d’inter­ vention étatique. Le CEO de l’Aca – votre association sectorielle –, Marc Hengen, s’interroge sur la capacité financière du secteur à continuer d’assurer les dégâts causés par les catastrophes naturelles, si elles deviennent récurrentes. Qu’en pensez-vous ? Encore une fois, c’est assurable lorsqu’il y a un aléa modélisable et mutualisable. Le principe de mutualisation commence à être remis en cause lorsque le nombre de cas simultanés devient trop important et lorsque la modélisation et la tarification deviennent compliquées quand la fréquence s’emballe. Le prix requis pour s’as­

« Plus que la digitalisation, j’ai une obsession pour la simplification. C’est là l’objectif, la digitalisation n’est qu’un moyen. » 34

MAI 2022

surer pourrait devenir un frein. Je pense que c’est le point de vue de Marc. Allez-vous augmenter vos primes ? Nous avons procédé à une augmentation très modérée sur les primes 2022, à l’instar des autres assureurs, du fait de l’évolution des coûts (augmentations des réassureurs suite aux différentes inondations de 2021, inflation des matières premières pour reconstruire, in­ flation du coût de la main-d’œuvre, etc.), mais en aucune façon nous n’avons augmenté les primes de façon à provisionner de futures catastrophes naturelles qui pourraient arri­ ver au-delà de 2022. Comment la volonté de limiter le « potentiel de réchauffement » du groupe AXA au sein de ses propres activités (selon un rapport préliminaire à la COP26 sur la limitation de certains investissements) se traduit-elle jusque dans la gestion des portefeuilles de wealth management au Luxembourg ? AXA Wealth Europe ne gère pas les porte­ feuilles. En revanche, les structures de gestion du groupe sur lesquelles nous nous appuyons (AXA IM et Architas) ont déjà intégré les fac­ teurs ESG dans leur processus de sélection des investissements. Et, de façon générale, nous nous assurons de notre côté que, dans l’offre proposée, il y ait toujours une r­ eprésentativité significative de fonds labellisés (ESG, ISR, Greenfin, Luxflag…). L’enjeu est maintenant de pouvoir offrir un choix d’investissements «propres» toujours plus large à nos clients. En matière d’ESG, AXA a renforcé ses critères d’exclusion sur le pétrole et le gaz. Le principe d’exclusion en matière d’investissements suffit-il à durabiliser un portefeuille ? Étant donné l’ampleur du défi, ce n’est évidem­ ment pas le seul levier, mais il est nécessaire! L’exclusion seule ne suffit pas et doit bien évidemment s’accompagner d’une politique active d’accroissement des investissements soutenant les énergies renouvelables et la transition énergétique. C’est comme pour tout, il ne s’agit pas seulement d’empêcher le pire d’arriver, mais de s’engager activement pour faire émerger le meilleur. Le rapport climat du groupe prévoit des objectifs à 2050. N’est-ce pas un peu trop éloigné ? Quels sont les objectifs à court terme ? Sur un risque comme le risque climatique, la pro­ jection et la capacité à avoir un impact ­significatif sont forcément longues… 2050 est l’horizon que nous avons pris pour nous aligner avec les objectifs de l’accord de Paris sur le climat (2015). Bien évidemment, nous avons des objectifs in­ termédiaires pour mesurer l’avancée de notre

Maison Moderne

Le risque pandémique est-il désormais pris en compte ? Cela fait des années que le risque figure dans notre top 10 des risques à venir. Nous publions un rapport sur les risques futurs chaque année, dans lequel le risque d’épidémie mondiale figurait parmi les risques majeurs tels que le réchauffement climatique, les cyberattaques, l’instabilité géopolitique, le terrorisme, etc. Il y avait déjà eu des épidémies qui avaient fait craindre une pandémie, notamment le Sras et le virus H1N1, et ces signaux alliés à la mondialisation et à l’uniformisation des modes de vie avaient poussé nos actuaires à commencer à développer un nouveau modèle actuariel pour les pandémies. Ce n’était pas le risque auquel on s’attendait le plus, mais il avait été modélisé. D’où l’intérêt de tra­ vailler sur du long terme, car le risque arrive toujours plus tôt qu’on ne l’imagine. Reste le principe de mutualisation, qui est remis en cause en cas de pandémie – puisque, par na­ ture, la pandémie touche tout le monde en même temps – et qui nécessite de trouver un nouveau moyen de faire face en alliant acteurs publics et acteurs privés.

AXA LUXEMBOURG EN 5 DATES-CLÉS

Photos

de ces risques climatiques via des systèmes d’alerte des citoyens toujours plus réactifs et efficaces, et via la construction de boucliers contre ces déchaînements climatiques, que ce soit au niveau des matériaux de construc­ tion, du renforcement des digues…


Octavie Dexant

stratégie climat. AXA a ainsi mis en place l’In­ dice AXA pour le progrès. Il prévoit, notam­ ment, de réduire l’empreinte carbone des actifs de son fonds général de 20% d’ici 2025, d’ac­ croître ses investissements verts pour atteindre 25 milliards d’euros d’ici 2023 et d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2025 en réduisant les émissions de ses opérations de 20% (énergie, déplacements, digital) et en compensant les émissions résiduelles.

et trouver quelqu’un pour vous informer et vous conseiller sur le mode de fonctionnement d’un pays dont vous ne connaissez pas encore les règles, cela n’a pas de prix et ne se remplace pas. Parole de nouvelle résidente! Quel rôle souhaitez-vous jouer auprès d’associations sectorielles comme l’Aca ? J’ai eu l’occasion de découvrir l’Aca la première semaine de mon arrivée, car il y avait un conseil d’administration. J’ai été chaleureusement accueillie et de la même façon que le marché est sain, le relationnel l’est aussi, bien que nous soyons tous concurrents. Il y a un vrai souhait de trouver ensemble comment faire évoluer l’assurance et protéger au mieux nos clients. Je suis vice-présidente de la Commission Mar­ ché local présidée par Christian Strasser, de LaLux. Je suis encore en phase d’apprentissage à ce stade en ce qui concerne le marché luxem­ bourgeois, mais j’imagine que le rôle que je pourrai jouer à terme est celui d’apporter une ouverture sur les expériences d’autres marchés et d’autres modèles que j’ai pu expérimenter depuis 12 ans et que je continue à suivre à tra­ vers le groupe.

Dans quelle mesure êtes-vous concernés par le blocage des actifs russes en Europe ? Nous avons la chance de ne pas avoir été im­ pactés par ces blocages. La réglementation forte du Luxembourg, en complément des directives européennes, est-elle un avantage concurrentiel ou un frein au développement ? La différence principale que j’ai vue à ce stade, entre les directives européennes et la réglemen­ tation locale, porte sur le secret professionnel. Par principe, la réglementation a toujours pour objectif de protéger les assurés, mais aussi la société dans son ensemble, puisque les assu­ reurs jouent un rôle majeur dans l’économie. L’objectif du régulateur est de rendre le mar­ ché sain, stable et structuré. Mais on voit, dans le cas spécifique du secret professionnel, que son application stricte rend parfois difficiles les transformations que doivent engager les assureurs, que cela concerne le digital ou le cloud. Il y a toujours un juste équi­ libre à trouver pour continuer à protéger les intérêts des assurés sans aller vers une sur­ réglementation qui hypothèquerait le futur. Ce qui n’est pas un sujet propre au Luxembourg! Outre la stratégie, vous êtes également très attachée à la digitalisation du secteur. Sur la base de votre expérience, qu’allez-vous apporter au Luxembourg ? Plus que la digitalisation, j’ai une obsession pour la simplification. C’est là l’objectif, la digitali­ sation n’est qu’un moyen. Au-delà de la simpli­ fication, c’est la transparence et la pertinence de ce que l’on fait qui m’importe: être là au bon moment, celui qui compte pour notre client. Mon objectif: simplifier la vie de nos clients, comme celle de nos agents et de nos employés. L’intelligence artificielle peut-elle faire disparaître les agences, comme c’est le cas avec les banques ? Non, on ne remplace pas les agents par des ro­ bots. L’IA peut venir en soutien des agents pour faciliter certaines tâches, mais ne remplace en rien le relationnel, l’expertise et le devoir de conseil. Et encore moins dans un marché comme le Luxembourg, où l’interpersonnel est clé et où le nombre de nouveaux résidents aug­ mente chaque année. Entrer dans une agence

FAST & CURIOUS Cigale ou fourmi ? Cela dépend du contexte. Sports collectifs ou course à pied ? Sports collectifs. Neuf ou seconde main ? Je pars vers la seconde main. Risque ou opportunité ? Opportunité. France ou Luxembourg ? Luxembourg ! Rock ou électro ? Rock. Fait-maison ou resto ? Fait-maison.

Vous avez figuré dans le dossier 50 Femmes CEO d’entreprises de plus de 100 personnes, publié dans l’édition de mars dernier de Paperjam. Comment percevez-vous cette mise en avant des femmes dirigeantes ? Au-delà de l’impact sur ma personne, je suis heureuse et fière de représenter l’industrie de l’assurance, et encore plus de participer à la normalisation du fait d’être une femme, jeune, sur ce type de responsabilités. J’ai eu la chance d’être inspirée par des femmes chez AXA qui m’ont montré que c’était possible, et je consi­ dère que c’est à mon tour d’en être la preuve pour la génération qui suit. Je mentore réguliè­ rement des jeunes femmes de façon formelle ou informelle en interne. On a d’ailleurs lancé un programme de mentoring, début mars, en interne. J’essaie de leur donner les clés que j’ai pu mettre des années à trouver et que j’aurais aimé connaître plus tôt, et j’essaie de faire tom­ ber les barrières mentales à cause desquelles on peut parfois se bloquer toute seule. À aucun moment je n’ai eu l’impression d’avoir à sacrifier ma vie personnelle pour mener ma carrière et vice versa. Pour preuve: ma petite tribu, dont la dernière a un an, et le fait qu’à chaque retour de congé maternité… j’ai été promue !

Retrouvez l’interview vidéo Fast & Curious d’Octavie Dexant sur paperjam.lu.

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« Chaque tonne de CO2 non émise est bonne à prendre » pour répondre à la crise climatique, selon Thomas Gibon.


Conversation Thomas Gibon

Une empreinte carbone marquée par le pouvoir d’achat Le Luxembourg pourra-t-il atteindre la neutralité carbone d’ici 2050? Une équipe de scientifiques du List a établi un scénario de décarbonation pour le pays, secteur par secteur. Un rapport holistique qui souligne combien le niveau de vie record du pays pèse sur son impact CO2. Auteur PIERRE PAILLER

Résoudre l’équation impérieuse de la neutra­ lité carbone en 2050 passe par une indispen­ sable compréhension des données de base. C’est justement l’objet du travail mené par une équipe multidisciplinaire encadrée par le professeur Florian Hertweck, de l’Univer­ sité du Luxembourg, impliquant les scienti­ fiques du Luxembourg Institute of Science and Technology (List). Un travail qui prend la forme d’un scénario holistique, englobant tous les secteurs et comportements, de la mobilité au bâtiment en passant par l’urba­ nisme, le régime alimentaire, l’agriculture ou encore la consommation de biens. Une série d’indicateurs qui doivent aussi permettre d’atteindre les objectifs de l’accord de Paris, à savoir limiter le réchauffement climatique à un niveau inférieur à 2 °C, voire à 1,5 °C, par rapport aux niveaux préindus­ triels. Le Luxembourg y contribue à travers sa loi climat, adoptée en décembre 2020, qui vise 55 % de réduction des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030 et l’objectif de neu­ tralité carbone en 2050. Or l’établissement de l’état des lieux ne fut pas une mince affaire: «Il y a plus de travail au Luxembourg que pour n’importe quel autre pays», estime Thomas Gibon, chercheur au List en charge, avec Claudia Hitaj, de calculer l’em­ preinte carbone de chaque mesure visant à réduire les émissions de CO2, et de coordonner l’ensemble. La difficulté étant que «le Luxembourg est un petit pays très connecté à ses voisins, ce qui provoque beaucoup d’effets de bord». On comprend le phénomène à la lecture des études internationales qui situent toujours le Grand-­ Duché, avec le Qatar et quelques pays du MoyenOrient, parmi les pays où les émissions par personne sont les plus élevées au monde. Pour bien prendre en compte les spécifi­ cités locales, il s’agit donc de distinguer les

Photo MATIC ZORMAN

émissions dues aux résidents de celles prove­ nant du tourisme à la pompe ou de l’activité des frontaliers, qui travaillent et consomment la journée et repartent le soir. «Au lieu d’avoir les 20 tonnes de CO2 par personne et par an des statistiques internationales, on en obtient environ 15,5 – ce qui est déjà beaucoup», constate Thomas Gibon. En comparaison, la France est à 10 tonnes, l­ ’Allemagne à 13 et la Belgique à près de 15. Ce niveau élevé est lié à de nombreux fac­ teurs, mais ils convergent vers un dénominateur commun: la richesse du pays. «Si l’on doit trouver un coupable à notre empreinte si élevée, c’est notre pouvoir d’achat, pointe Thomas Gibon. La corrélation entre niveau de vie et empreinte carbone a été prouvée maintes et maintes fois: de fait, plus on est riche, plus on a une grande

BIO EXPRESS Expérience nordique Né en 1986 au Mans, Thomas Gibon est diplômé de l’École centrale de Paris. Il réalise sa thèse en environ­nement en Norvège, où il vit pendant six années. Focus sur les cycles de vie Il commence à travailler en tant que chercheur au List en 2016. Son activité consiste à évaluer l’impact environnemental de produits, services, technologies, territoires, en prenant en compte tout le cycle de vie : sont donc concernées non seulement les émissions dues à l’usage, mais aussi toutes celles liées à l’extraction, la production, l’assemblage, le transport, et ce jusqu’à la fin de vie. Ce qui permet notamment de déterminer si, par unité de service rendu, un nouveau produit est meilleur ou non que le produit conventionnel.

maison, un grand nombre de voitures, une alimentation carbonée, plus on achète de produits de consommation, de voyages en avion, de meubles, de vêtements ou d’articles de sport.» Ce que l’on retrouve de la même façon au niveau des services publics: «La défense, l’école, la santé, la police, les pompiers, toute l’infrastructure de l’urbanisme public, cela implique un coût carbone à allouer à chaque résident. Or c’est aussi le fruit d’une société riche, qui prend soin de ses citoyens», constate le chercheur. Un scénario démographique à préciser Il s’agissait, pour les scientifiques du List, d’identifier les postes d’émissions de gaz à effet de serre les plus importants, pour pou­ voir par la suite proposer les solutions adé­ quates. Ces dernières ont été présentées sous forme de trois rapports publiés entre 2021 et 2022, le tout en réponse à la consultation Luxembourg in Transition initiée par les minis­ tères de l’Énergie et de l’Aménagement du territoire, pilotés par le ministre Claude Turmes (déi Gréng), pour imaginer le futur du pays. Pour réduire l’empreinte du pays de 15,5 tonnes de CO2 par personne par an à 1,6 – soit une diminution d’environ 90 % –, le rap­ port présente, outre une panoplie de solutions, un scénario d’ensemble cohérent, qui implique de manière générale une refonte de l’aména­ gement du territoire et des modes de vie. Avec un préalable: aucune artificialisation des sols supplémentaire pour construire des loge­ ments. Autre condition sine qua non : revoir la démographie à la baisse par rapport aux projections officielles. Si le Statec prévoit plus de 920.000 résidents en 2050, le scéna­ rio du List limite la hausse de la population à 750.000 habitants – avec un transfert des 170.000 personnes restantes vers les pays voisins, en particulier la France. MAI 2022

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Conversation

1,2 personne par voiture. «C’est ce qu’on appelle l’autosolisme: si vous observez l’A3 à 7h du matin, les voitures ne sont remplies que d’une seule personne», constate le chercheur. Concernant ce premier poste d’émissions, dont la décarbonation a par ailleurs été enga­ quelques spécificités qui expliquent une empreinte gée – l’empreinte est passée de 7,2 millions de carbone plus lourde: les logements luxembour­ tonnes de CO2 en 2005 à 4,8 en 2020 –, il geois se classent parmi les plus grandes surfaces convient de redoubler d’efforts pour réduire en Europe. Et l’énergie pour chauffer ces der­ ce « point noir ». Différents objectifs se com­ nières est constituée de la part la plus impor­ binent pour les voitures: diminuer de moitié tante en hydrocarbures (près de 80% de mazout la taille du parc automobile national; augmen­ ou de gaz pour 20% d’électricité). ter le taux d’occupation de 1,2 à 1,6, notam­ La décarbonation de ce secteur devra quant ment grâce à un recours accru au covoiturage; à lui suivre trois chemins. Tout d’abord, la favoriser les transports publics et la mobilité décarbonation rapide du chauffage. «La priodouce; et faire aboutir l’électrification presque rité est de baisser le fioul, qui émet le plus de complète du parc automobile d’ici 2050. À cela CO2, précise Thomas Gibon. Le gaz peut ress’ajoute une réduction du recours aux trajets ter une énergie de transition. Mais, en 2050, aériens de 90 % : si une alternative de moins il faut absolument s’en débarrasser et installer de 5 heures existe, le train serait à privilégier, des pompes à chaleur et du chauffage électrique.» et il s’agirait de se limiter à un trajet en avion Il faudra aussi diminuer la surface des loge­ tous les deux ans. Enfin, un effort plus consé­ ments, avec l’objectif de passer de 53 m² par quent du gouvernement est nécessaire en vue personne à 35m² – ce qui rend mécaniquement d’aligner le niveau des taxes sur les carburants le chauffage plus efficace. « Le modèle actuel, par rapport à celui de ses voisins. c’est le pavillon unifamilial, la maison avec jardin, rappelle Thomas Gibon. Or, il faut être Focus sur le chauffage des logements honnête: s’il y a 600.000 habitants avec deux Deuxième poste d’émissions: le bâtiment (3 tonnes ou trois personnes par foyer, on ne peut pas avoir de CO2 par personne par an). Avec, là aussi, une maison de ce type par foyer. Il faut donc

DES EFFORTS DRASTIQUES POUR ATTEINDRE LA NEUTRALITÉ CARBONE Mobilité (ménages) Mobilité (tourisme à la pompe) Logement Alimentation Biens de consommation 19 %

10 %

6%

21 %

12 %

19 %

TOTAL 2050 1,6 tonnes de CO2 par personne et par an

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Mobilité (aviation) Services publics 12 %

TOTAL 2020 15,5 tonnes de CO2 par personne et par an

« À l’heure actuelle, pour séquestrer tout le carbone du Luxem­ bourg, il faudrait que la forêt couvre l’équi­ valent de huit fois l’étendue du pays. » l’Alzette à Esch-sur-Alzette : elle se vide au bénéfice de la zone commerciale de Foetz. Il faut freiner ce phénomène et même revenir en arrière, afin de retrouver des commerces de proximité, des centres-villes piétonnisés, quelque chose qui ressemble à ce qu’on avait il y a 50 ans, avec un kilomètre à pied maximum pour aller faire ses courses. La ville du quart d’heure, on l’avait par le passé, et c’est cela qu’il faut retrouver. » Dans cette perspective, pour rendre commerces et transports publics plus effi­ caces, l’intensification du logement est aussi nécessaire, avec réduction des surfaces habi­ tables et surélévation des bâtiments afin de densifier les villes. Les entreprises ont aussi leur rôle à jouer pour réduire l’empreinte des trajets domicile-­ travail. Le télétravail partiel est la première et la plus efficace de ces mesures. Et si celui-ci est impossible à adopter, en cas de réelle néces­ sité de se déplacer, une panoplie de solutions déjà mentionnées existent: transports en com­ mun, électromobilité, covoiturage. Ainsi que la multiplication des espaces de coworking à la frontière. « Cela permettrait à des gens qui habitent Metz de se rendre à Bettembourg plutôt que d’aller jusqu’à Luxembourg-ville », explique Thomas Gibon. Certains s’y sont

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« Nous ne demandons à personne de devenir végan du jour au lendemain. »

La « ville du quart d’heure » Des mesures transversales combinant à la fois mobilité et logement, et impliquant une nou­ velle vision de l’urbanisme, émergent en paral­ lèle. C’est le cas du concept de la « ville du quart d’heure », où commerces, bureaux et logements sont concentrés dans une zone où tout est accessible dans ce laps de temps. « L’idée est de faire l’inverse de ce qui se passe aujourd’hui. Car que ce soit à pied, à vélo ou en transport, ce quart d’heure, on ne l’a pas, explique Thomas Gibon. Regardez la rue de

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Pour établir l’état des lieux des émissions du Luxembourg, le List a adopté une méthode de calcul différente de celle utilisée par le gouvernement. Ce dernier comptabilise les émissions territoriales, en excluant celles couvertes par le système européen ETS, le système d’échange de quotas d’émissions (donc celles de l’aviation et de l’industrie), ainsi que celles dues aux importations. Ce que le List prend en compte. Pour un produit importé, ne sont donc concernées que les émissions dues à l’usage, mais aussi toutes celles liées à l’extraction, la production, l’assemblage et le transport. Ce qui a un lourd impact pour un pays comme le Grand-Duché qui, s’il conserve une industrie, est essentiellement une société de services, et importe donc beaucoup. Les émissions liées aux produits exportés sont ensuite déduites de cette somme pour ne garder que l’empreinte de la consommation finale. Si, en 2019, les émissions de gaz à effet de serre comptabilisées par le gouvernement sont de 10,7 millions de tonnes, elles grimpent ainsi, selon les calculs du List, à 15,3 millions de tonnes.

privilégier les bâtiments multifamiliaux.» Reste à améliorer l’efficacité énergétique des bâti­ ments – ce qui est en cours. « C’est quelque chose qui est très poussé au Luxembourg. Depuis 2021, les bâtiments doivent consommer moins de 20 kWh par m² par an, ce qui rend les nouvelles constructions très efficaces énergétiquement », assure le chercheur.

Base de données Exiobase, calculs List, 2020

DES ÉMISSIONS QUI VARIENT SELON LES CALCULS

Source

Le rapport du List confirme que la mobilité représente le premier poste d’émissions de gaz à effet de serre du pays, avec près de 3 tonnes de CO2 par personne et par an pour la seule partie automobile, auxquelles s’ajoutent les émissions de l’aviation et des transports publics. Un tel niveau s’explique par quelques «records»: «700 voitures pour 1.000 habitants, cela représente le taux de possession de voitures le plus élevé en Europe. Et nous achetons des voitures neuves plus grosses que la moyenne, qui émettent le plus de CO2 par kilomètre», explique Thomas Gibon. Sans compter un taux d’occupation bas, de


Thomas Gibon

d’ailleurs déjà mis : en plus d’un seul jour de présentiel par semaine exigé, PwC fait ainsi office d’exemple en passant à sept bureaux satellites d’ici à la fin 2022, tous situés à proxi­ mité de la frontière, ce qui permettra à plus de

« Il faut retrouver des commerces de proximité, des centres-villes piétonnisés, quelque chose qui ressemble à ce qu’on avait il y a 50 ans. »

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Eurostat 2019, ICTT 2020, FAO 2019

10% du personnel de travailler à distance du site principal de la Cloche d’Or (voir l’édition d’avril 2022 de notre magazine, ndlr). Vers un changement dans les assiettes Vient ensuite la consommation de produits alimentaires (2,4 tonnes), caractérisée par une consommation de viande de bœuf très élevée, à raison de 26kg par personne par an. Et, du fait d’un secteur agricole concentré sur la pro­ duction de viande et de lait (2% des surfaces sont réservées aux légumes), le pays recourt à une importation massive des autres produits alimentaires, comme les fruits et légumes. Restent la consommation de biens en tout genre (1,8 tonne) ainsi que les émissions issues des services publics (2,3 tonnes). Pour diminuer l’impact de notre assiette, un changement de régime est nécessaire. «Nous ne demandons à personne de devenir végan du jour au lendemain, assure cependant Thomas Gibon. Mais le Luxembourg part d’assez haut, donc même le fait de ne manger de la viande qu’un ou deux jours par semaine est un très bon début pour ceux qui en mangent tous les jours. Pour les gens qui en mangent moins, il faudrait réduire cela à un jour par semaine. Le tout en achetant de la viande locale de qualité.» Pour atteindre la neutralité carbone, le rapport pro­ pose un régime «flexitarien» – végétarien six jours par semaine et omnivore une journée. En complétant cela par un effort drastique pour éviter le gaspillage alimentaire, afin de le dimi­ nuer d’un taux actuel de 25% à seulement 5%. L’avantage de ces mesures dites «comporte­ mentales» est qu’elles ne nécessitent pas d’in­ frastructures ou de réglementations, mais qu’elles font seulement appel à la bonne volonté du citoyen, et qu’elles peuvent ainsi être efficaces immédiatement. Le schéma est le même pour la consommation de biens qui doit, selon le rapport du List, diminuer de 88%. Ce qui implique

déjà de doubler la durée de vie des produits, en incitant le consommateur à réparer plutôt qu’à acheter. Mais aussi d’encourager les entreprises à modifier leur approche. Des garanties plus longues pourraient être très efficaces: «Il faut que les entreprises proposent des garanties qui ne soient plus de deux ans, mais de trois, voire quatre ou cinq ans. C’est quelque chose que la loi peut imposer très facilement», assure Thomas Gibon. Le marché de l’occasion ou le modèle de la location plutôt que celui de la propriété sont aussi des options pour augmenter la durée de vie utile d’un produit.

LES RECORDS « CLIMATICIDES » DU LUXEMBOURG Le plus haut taux de possession de voitures Nombre de voitures pour 1.000 habitants 681

663

645

Luxembourg

Italie

Chypre

Les voitures neuves les plus émettrices Émissions moyennes de véhicules neufs (en g CO2 / km) 119

114

113

Luxembourg

Allemagne

Autriche

Le chauffage le plus hydrocarburé Part des énergies fossiles alimentant le chauffage résidentiel 79 %

Luxembourg

70 %

70 %

Belgique

Pays-Bas

La plus forte consommation de viande de bœuf Consommation de bœuf (en kg par personne par an) 26

Luxembourg

24

Danemark

22

«Après, cela touche à des choses très personnelles : le matérialisme est à notre époque un indicateur social fort, reconnaît Thomas Gibon. Deux gros­ses voitures, une grande maison, une belle cuisine, c’est ce que les gens veulent parce que sont des marqueurs sociaux. Il faut aussi changer cela: que cela devienne plus cool d’avoir un vélo cargo plutôt qu’un SUV, de savoir réparer des objets plutôt que d’en acheter de nouveaux. Mais ce sont des phénomènes de mode qui risquent de prendre du temps à faire évoluer.» Puits vs gisements de carbone À toutes ces mesures de réduction des émis­ sions s’ajoute la nécessité d’augmenter la capa­ cité du pays à stocker le carbone, indispensable pour éradiquer la tonne et demie de CO2 par habitant et par an qui subsistera à l’échéance de 2050. «À l’heure actuelle, pour séquestrer tout le carbone du Luxembourg, il faudrait que la forêt couvre l’équivalent de huit fois l’étendue du pays, prévient Thomas Gibon. Mais beaucoup de choses peuvent être faites en réhabilitant les haies et en reboisant l’espace en bordure de rivière», précise-t-il. En outre, «il est nécessaire de ne plus empiéter sur les espaces arables et naturels. Et de faire en sorte que les pâturages deviennent des puits de carbone plutôt que des gisements de carbone. Cela va de pair avec la réforme de l’agriculture. Avec tout cela, il serait possible de séquestrer notre tonne et demie de dioxyde de carbone par habitant.» L’ensemble de ces mesures de décarbona­ tion a l’avantage de présenter un scénario cohérent menant vers l’objectif souhaité. Mais, devant l’ampleur des moyens à mettre en œuvre, une question demeure: cette ambition reste-t-elle réalisable dans le temps imparti ? «Cela relève peut-être plus de l’expérience de pensée que du plan réaliste », admet Thomas Gibon, qui reste très sceptique sur notre capa­ cité à limiter le réchauffement à 1,5°C du fait d’une forte inertie au niveau mondial. Mais cela ne doit pas être décourageant pour autant: « Pour l’instant, nos trajectoires s’alignent sur un réchauffement allant de 2,7 à 3 degrés. Donc chaque tonne de CO2 non émise est bonne à prendre», estime-t-il. Et le problème reste gra­ duel: «1,5 degré, c’est ce qu’il faut faire si nous voulons réduire au maximum les risques de catastrophes, ce n’est pas une limite au-delà de laquelle tout bascule, assure Thomas Gibon. Pendant le chemin qui reste à parcourir, si nous mettons en place la moitié de ces mesures, il y aura déjà de quoi être satisfait. Et si davantage sont adoptées, ce sera encore mieux.» Face à la crise climatique, le pessimisme démobilisateur n’est pas de rigueur. Chaque acteur – gouvernement, entreprise, citoyen – devra garder cela à l’esprit afin de trouver les ressources pour se mobiliser.

Suède

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Conversation

« L’évolution technologique va plus vite que le droit »

Marie-Paule Gillen reste attentive au projet de loi de 2020 – toujours en cours – pour instaurer des class actions.

Avocate en droit bancaire, Marie-Paule Gillen observe des risques de transparence dans la digitalisation des produits financiers. Une transformation qui pose des questions en matière de protection des investisseurs. Interview BENOÎT THEUNISSEN Photo MATIC ZORMAN

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Marie-Paule Gillen

BIO EXPRESS

Vous présidez l’Association européenne pour le droit bancaire et financier (AEDBF) au Luxembourg. Quels en sont les objectifs ? La vocation de l’AEDBF est de promouvoir le droit bancaire européen auprès de profes­ sionnels spécialisés dans les aspects juridiques des activités financières. Fondée à Paris en 1988, l’AEDBF a créé au fil des ans des comi­ tés nationaux dans différents pays européens. Tous les comités nationaux travaillent en étroite collaboration et, tous les ans, nous organisons un colloque européen dans une capitale. Cette année, c’est Luxembourg qui a été choisie comme lieu d’accueil de cette conférence européenne. Cette conférence, organisée le 5 mai, se déroule autour de la notion de clientèle. Qu’est-ce qui vous a amenés à ce thème ? Les règles concernant la protection des consom­ mateurs de produits d’investissement ont subi des évolutions très profondes au cours des deux dernières décennies. Il y a eu Mifid I en 2004, ensuite Mifid II en 2014 (directive sur les marchés d’instruments financiers, ndlr). L’évolution a été notable dans le sens où, au départ, ces règles visaient à organiser les pro­ fessionnels en vue d’instaurer un marché européen des services financiers. Le but de ces règles était aussi d’assurer une protection des consommateurs des services financiers, des investisseurs privés et professionnels, sur un level playing field grâce aux directives. La protection des investisseurs a donc été ren­ forcée en améliorant leur accès à l’informa­ tion des produits financiers qu’ils consomment. Plus ils sont informés, mieux ils sont protégés. La protection par la transparence a ainsi visé la responsabilisation des prestataires de ser­ vices financiers. Depuis lors, comment a évolué la protection de la clientèle ? Toutes les règles encadrant la protection de la clientèle se trouvent aujourd’hui fortement impactées par les développements technolo­ giques, les services financiers faisant l’objet d’une digitalisation très importante. Mainte­ nant, les clients ont surtout accès aux services financiers par les services numériques alors que, dans le passé, ils allaient voir leur ges­ tionnaire bancaire pour discuter de leur pro­ fil investisseur, afin de choisir des produits d’investissement leur correspondant. Pour cela, des formulaires très élaborés permet­ taient de définir le profil investisseur pour renforcer la conscientisation sur les risques. Cela aussi pour responsabiliser les profes­ sionnels qui offrent ces services. Aujourd’hui, de plus en plus de clients utilisent leur smart­ phone pour faire des placements. Cette évo­ lution porte atteinte à l’efficacité des règles qui ont été mises en place, sans que l’objectif final de la protection du consommateur et du

Carrière Spécialisée dans le droit bancaire et financier, Marie-Paule Gillen est avocate depuis 1975. Domaine Associée au cabinet DSM, elle conseille ses clients en matière de conformité réglementaire et de criminalité en col blanc. À côté de son métier, elle préside le comité luxembourgeois de l’Association européenne pour le droit bancaire et financier (AEDBF) où elle contribue à la réflexion sur les enjeux réglementaires.

à la couverture qu’on leur donne, c’est-à-dire le risque de greenwashing. Les banques doivent donc désormais approfondir certaines affir­ mations qu’elles font par rapport au marché et prendre des engagements. Le consomma­ teur doit pouvoir se fier à ces informations lorsqu’il choisit un produit financier ESG.

Les clients doivent donc bénéficier de moyens de recours au cas où ils se sentiraient lésés. Qu’en est-il des actions collectives ? Il n’y a pas de cadre légal actuellement au bon fonctionnement des marchés financiers Luxembourg pour ce que l’on appelle les class soit remis en cause, bien entendu. Mais l’évo­ actions (actions collectives). Un projet de loi lution technologique va plus vite que le droit. a été déposé en 2020 pour instaurer une pos­ sibilité d’actions collectives, mais il n’est tou­ Comment la digitalisation remet-elle jours pas passé. Il y a très peu de pays européens en cause l’efficacité des textes de droit ? qui permettent ce type de recours. Ce genre Un investisseur qui fait des investissements d’action permettrait à des investisseurs pri­ en ligne ou qui utilise son smartphone n’aura vés de se regrouper lorsqu’ils constatent avoir pas le même niveau de protection qu’avec la été trompés par un produit. Des procédures façon traditionnelle de le faire, car il y a la longues et coûteuses au niveau individuel ont question de la rapidité. Premièrement, le moins de chances d’aboutir. Sur le plan de temps de réflexion que donnaient les com­ l’efficacité des recours, les actions collectives portements traditionnels disparaît. Deuxiè­ sont certainement très intéressantes. mement, lorsque vous faites un investissement dans un produit financier, vous devez savoir Un tel moyen de recours ne permettrait-il de quoi il s’agit, connaître les risques, com­ pas de rééquilibrer juridiquement prendre comment il est structuré et quel est la relation d’affaires entre une banque son coût. Toutes ces informations-là, l’inves­ et ses clients ? tisseur les a alors sur son petit écran de smart­ Pour répondre à ce souci, la directive Mifid phone. Prenez les prospectus de fonds, par avait notamment créé le système de l’ombuds­ exemple, composés de centaines de pages. man – dont chaque institution financière doit Imaginez-vous les lire sur un smartphone. Le disposer afin de recevoir les réclamations des législateur européen a tenté de répondre dès clients et de rechercher éventuellement une 2009 à cette préoccupation dans le cadre de solution non judiciaire. Les régulateurs ont la directive portant refonte des règles sur les également dû mettre en place une section, au OPCVM. Celle-ci introduit des règles qui sein de leurs propres entités, qui réceptionne obligent les sociétés de gestion des OPCVM les plaintes des consommateurs. Les régula­ à publier des KIIDS (documents d’informa­ teurs jouent aussi un rôle d’intermédiation en tions-clés pour les investisseurs), lesquels, recherchant un règlement à l’amiable. Lors­ dans la pratique, tiennent sur deux ou trois qu’ils reçoivent des plaintes de la part de clients, pages. Mais, aujourd’hui, deux ou trois pages les régulateurs contactent les banques concer­ à lire sur un smartphone sont peu praticables nées et leur demandent des explications. Si les plaintes sont nombreuses et justifiées, ils et ne correspondent plus aux usages. peuvent aussi aller voir ce qu’il se passe dans cette banque. Dans ce rôle de conciliateur, il La tendance des produits ESG (critères environnementaux, sociaux n’est pas possible d’aller plus loin si une banque et de gouvernance, ndlr) fait-elle aussi estime qu’elle a joué correctement son rôle évoluer la notion de clientèle ? d’information auprès du client. Dans ce cas, Il y a eu deux directives en matière d’investis­ c’est aux juges de prendre le relais. sements ESG qui imposent de respecter une certaine taxonomie des produits financiers au regard de la finance verte et durable ainsi que des obligations de transparence et de repor­ ting. Les producteurs de produits financiers développent des offres qui ont certaines carac­ téristiques respectueuses de l’environnement pour lesquelles les consommateurs manifestent un intérêt croissant. Ils ont des attentes, voire des revendications, quant au fait de pouvoir investir dans ce type de produits. Mais le risque est que ces produits ne correspondent pas MAI 2022

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La fidélisation de la clientèle est déterminante pour la continuité de l’activité, résume Dominique Colaianni.


Conversation Dominique Colaianni

« Malgré l’adversité, la restauration reste un magnifique métier » Après deux années d’épreuves, entre pandémie et inondations, Dominique Colaianni souffle les 30 bougies de son restaurant La Mirabelle. La passion est intacte, mais celui qui a aussi cofondé le groupe Espaces Saveurs s’inquiète pour l’avenir de la profession, faute de formation suffisante et de personnel qualifié. Interview FABIEN RODRIGUES

Avec 30 ans d’expérience à la tête de La Mirabelle, qui a donné naissance au groupe Espaces Saveurs, vous êtes un des restaurateurs emblématiques de la scène luxembourgeoise. Comment est née cette aventure ? Je suis né de parents italiens et suis originaire de Nancy, ce qui n’est pas vraiment surprenant, vu le nom du restaurant dans lequel on se trouve. J’y ai grandi, j’y ai fait des études courtes dans le commerce et un début de ­carrière dans ce créneau de la vente, avec quelques extras dans la restauration pour arrondir les fins de mois. C’est dans ce cadre que j’ai eu un déclic: le métier me plaît beaucoup, j’aime être au contact des gens, leur faire plaisir. Je me voyais bien m’épanouir dans cette profession, et j’ai su, lorsque cela commençait à être le cas, que c’était mon ­avenir… Puis sont arrivés des facteurs décisifs dans cette future carrière qui se dessinait alors : des rencontres! De belles rencontres, qui ont été l’élément déclencheur de mon arrivée au Luxembourg, aux Caves Gourmandes. Puis celle avec mon associé principal, encore aujourd’hui, Olivier Fellmann. On était encore des gamins – la vingtaine à peine – et on ­partageait les mêmes rêves. Est alors a ­ rrivée La Mirabelle, en 1992… Quelles étaient ces envies communes, justement ? L’idée était d’exploiter un créneau libre dans le paysage gastronomique au Luxembourg, représenté par un fait notable au début des années 90: la présence grandissante d’avocats, de médecins, de professionnels de la finance ayant des envies et des exigences particulières

Photo ROMAIN GAMBA

et variées. Nous avons alors développé, pen­ dant les années qui ont suivi l’ouverture de La Mirabelle, d’autres concepts: un restaurant alsacien, la Goethe Stuff, un restaurant ita­ lien d’un certain standing, le Come Prima, mais aussi Le Septième Art à Contern, par exemple, pour ne pas rester que dans la capi­ tale. Nous avons aussi repris le Domus des Mosconi à Esch-sur-Alzette et Le Bouquet Garni à Moutfort, des projets ambitieux pour notre jeune âge…

LES ESPACES SAVEURS EN BREF La Mirabelle L’amorce du groupe en 1992. Une cuisine gastronomique, des produits nobles, un cadre sophistiqué et des salons privatifs. L’Ultimo Le grand restaurant chic ouvert à Mamer en 2010. Une salle confortable et calme où l’on déguste des saveurs méditer­ra­ néennes revisitées ou de grands classiques de la cuisine italienne, pour une clientèle autant business que locale. Le Gusto La caution pizza du groupe, auparavant nommée La Forge de Massard, à Sandweiler. Le Bistro du Sommelier Ce nouveau fer de lance inauguré en 2021 est à mi-chemin entre le bar à vins et le restaurant, avec une jolie salle conviviale et une terrasse à quelques pas du Glacis.

À un moment, on ouvrait un établissement par an, voire plus, pendant cette petite dizaine d’années! Beaucoup d’ambition, pas froid aux yeux : on a pu se permettre tout cela, car on savait qu’on avait une belle terre d’accueil au Luxembourg pour se permettre ce genre ­d’audace, pour réaliser notre vision commune. L’année 2008 a été marquée une crise financière majeure, avec d’importantes répercussions sur l’économie. Comment avez-vous fait face à cette épreuve ? La clé a été la fidélisation de notre clientèle, par une présence sur place, une relation forte entre elle et nous. C’est ce qui nous a permis de bien nous en sortir, et ce qui nous permet aujourd’hui d’être encore présents, 30 ans après notre pre­ mière ouverture. Je pense qu’on peut compter les établis­sements avec une telle longévité – et avec les mêmes patrons – sur les doigts d’une main… Pourtant, ce n’était pas gagné… À l’époque, la place Dargent était plus synonyme de «fau­ bourgs extérieurs » de la capitale que partie intégrante de celle-ci, comme c’est le cas à pré­ sent. Et puis, on était souvent plus jeunes que nos employés! Il a fallu y mettre les tripes, sans douter. Et c’est cette même passion qui nous anime encore. Aujourd’hui, on parle beaucoup du problème du personnel dans le secteur de l’horeca, justement. Vous en avez vu passer plusieurs générations. Qu’est-ce qui a changé ? Il y avait déjà une évolution des mentalités et des envies au fil des années. Puis, la pandémie de Covid-19 a tout bouleversé. Lorsqu’on a commencé dans les années 90 et 2000, on MAI 2022

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Conversation

Cyril Molard

Qu’est-ce qui a encore changé suite à la pandémie, par rapport à cette ­pro­blématique de personnel ?

Son trois-services idéal Dominique Colaianni partage son menu parfait, entre simplicité et authenticité. ENTRÉE « Du poisson cru pour mettre en appétit avec légèreté, sous forme de tartare, de ceviche ou même de sashimi. Avec une grande pré­férence pour le bar, mon pois­son de prédilection. » PLAT « De bonnes pâtes, dans la simplicité et le goût. Une recette tradi­tionnelle et bien faite comme un ‘ aglio, olio e peperoncino ’ ou ‘ cacio e pepe ’, ou encore avec quelques tomates cerises, quelques copeaux de parmigiano reggiano et du basilic frais… Ou un bœuf en croûte, je reste un viandard ! » DESSERT « Encore une fois, je miserais sur un grand classique que j’aime depuis toujours : une pavlova. Le mélange des textures, la fraî­cheur des fruits rouges, la gour­ mandise… Idéal pour clore ce déjeuner. »

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Edesia à Peppange « C’est un vrai plaisir d’y retrouver le sourire de Giovanna, qu’on a connue à l’époque dans la rue de la Boucherie, à l’Essenza. C’est l’Italie, la convivialité, l’amitié. Et dans l’assiette, c’est top. » Ma Langue Sourit à Moutfort « Imparable. C’est ce que l’on attend d’un restaurant doublement étoilé, et on n’est jamais déçu avec Cyril Molard. » Ryôdô, en ville « Une de mes très belles découvertes récentes ! Mettre un tel niveau de cuisine et de créativité dans un restaurant japonais est vraiment remarquable. »

Le fait de devoir rester à la maison a cham­ boulé le secteur. Ce n’est pas un métier où on a l’habitude de ne rien faire chez soi. Ça a été assez difficile à gérer pour beaucoup de profes­ sionnels, et ça a donné des envies de changer de métier à d’autres. J’en connais certains qui sont devenus paysagistes, qui sont allés tra­ vailler dans la manutention, la vente, ou encore en fiduciaire… Ceux-là, nous les avons per­ dus pour de bon, car ils savent aussi qu’ils peuvent faire des extras en plus et garder ainsi un pied dans la profession. C’est sur ce point que je suis le plus pessimiste, car ce problème de personnel n’est pas général qu’au Luxem­ bourg; il l’est partout ­ailleurs aussi. Cette raré­ faction de staff qualifié entraîne aussi une surenchère au niveau des salaires demandés, ce qui s’ajoute aux charges déjà importantes avec l’augmentation des énergies et des matières premières. Sauf qu’il est impossible de tout répercuter sur l’addi­tion. Les clients, eux aussi, voient le coût de la vie augmenter, et je les vois mal se dire que ce n’est pas un problème de dépenser beaucoup plus pour aller déjeuner ou dîner dehors. Et les candidatures… elles se font aussi plus discrètes ? Plus que discrètes! À une époque, si je publiais une annonce, je recevais plusieurs dizaines de CV dans les jours qui suivaient. Aujourd’hui, tout le monde est en galère, même dans les ­restau­rants étoilés, et pour tous les postes. C’est angoissant, même pour ceux qui se lancent dans des projets ambitieux, d’autant plus que, dans la restauration, on ne débauche pas chez les ­collègues… Il faut donc regarder plus loin, prévoir des logements, donc des coûts supplémentaires encore une fois. Et ce n’est plus un problème passager ; il est bel et bien ancré, et il ne va pas se résoudre tout de

suite. Même si on entend parler de bonnes initiatives, comme une nouvelle école hôte­ lière dans le sud du pays. Et c’est tant mieux, car, malgré l’adversité, la restau­ration reste un magnifique métier, qui fait ­plaisir aux gens. Un métier gratifiant, qu’il ne faut pas laisser tomber et qu’il faut continuer de s­ timuler, notamment et surtout via la formation. Vous avez longtemps fait appel à des jeunes étudiants d’une école hôtelière étrangère. N’est-il pas possible d’y recourir à nouveau ? Effectivement, nous travaillions très bien avec l’école hôtelière de Poznań, en Pologne, qui a une excellente réputation. Les jeunes qui en sont issus, dont beaucoup étaient Ukrainiens, et qui venaient en stage chez nous, étaient tou­ jours sérieux et très doués, mais la législation luxembourgeoise ne permettait malheureuse­ ment pas de les embaucher à l’époque. Du coup, on les perdait une fois qu’ils retournaient à l’école pour être diplômés, ce qui était vrai­ ment dommage… Ajuster ces règles pourrait être bénéfique pour tout le monde. Revenons à vous… Quel a été l’impact particulier du Covid sur votre activité ? Comme beaucoup, nous étions quasiment à l’arrêt. Nous avons fait un peu de take-away, surtout pour garder un lien avec notre clien­ tèle. Cela n’a clairement pas été rémunérateur. C’était une chouette expérience, car nous n’avions pas l’habitude de le faire, mais cela nous a aussi permis de maintenir une certaine cohésion et une stimulation des équipes, ne serait-ce que psychologique. Surtout pendant le second confinement, qui a été vraiment dur. En tant que groupe de plus de 80 employés, nous n’avons pas été indemnisés de la même manière que des restaurateurs ayant une acti­ vité habituellement plus réduite. Il n’y a vrai­ ment rien à dire là-dessus, nos autorités ont simplement suivi les directives de Bruxelles sur le sujet. Mais bon, pour faire bref, on a mangé! On a dû faire un emprunt conséquent, avec le soutien de notre banque, simplement pour garder nos établissements à flot et nos employés, et non pas pour se développer et s’améliorer, comme c’était le cas auparavant. Ça, c’est dur à avaler. Mais on a fini par s’en remettre, avec le retour des clients, avec leur envie de nous retrouver, et aussi avec des tickets moyens qui augmentaient dans tous nos ­restaurants. À peine voyait-on le bout de ce tunnel que sont arrivées les inondations de juillet 2021… Des inondations qui vous ont surtout coûté un de vos établissements phares, le Sapori. Pouvez-vous revenir sur cette tragédie ? C’est simple: le 14 juillet 2021, tout ce qui a été perdu l’a été pour de bon, définitivement.

Espaces Saveurs, Shutterstock et Mike Zenari (archives)

Tout cela a donc évolué… On a vu une soif d’aller apprendre ailleurs chez les jeunes, peut-être grâce aux voyages, deve­ nus beaucoup plus accessibles, et d’aller bien au-delà de leur région d’origine. C’est flagrant avec celles et ceux qui sortent de l’école hôte­ lière de Diekirch, par exemple, dont très peu restent ici… Le turnover est devenu beaucoup plus important, et il est devenu difficile de gar­ der de bons éléments, qui ne s’en vont plus seu­ lement pour des questions financières, comme ça pouvait être le cas avant, mais aussi et surtout parce que la profession permet maintenant d’assouvir des envies internationales. Alors je n’irais pas jusqu’à dire que la profession est en danger aujourd’hui à cause de cette évolution, mais cela peut représenter une sacrée épine dans le pied, si on veut continuer à envoyer du bon travail, de manière professionnelle, midi et soir, en semaine comme pendant le weekend. Fidélisation, q ­ ualification et formation sont des éléments à stimuler autant que possible.

SES BONNES ADRESSES Nous avons demandé à Dominique Colaianni de dresser la liste de ses trois coups de cœur gourmands.

Photos

avait encore affaire à des personnes que je qualifierais de «carriéristes», pour qui la res­ tauration représentait une vraie voie profes­ sionnelle génératrice de revenus et de fierté. Des collaborateurs qui étaient fidèles à leur établissement, dans une approche résolument familiale du métier. J’ai d’ailleurs la chance d’avoir encore avec moi des gens avec qui je travaille depuis 25 ans!


Dominique Colaianni

Le matériel, la salle sous les eaux, la cave… Nous n’avons pas été les seuls à être touchés, bien sûr, et dans ces cas-là, le soutien de tout le secteur, sur lequel je sais que l’on peut comp­ ter, est primordial. Mais dans le contexte actuel, je ne peux pas m’empêcher de me poser des questions: qu’est-ce qui va encore nous arriver ensuite? Quand cela va-t-il s’arrêter? C’est une charge mentale non négligeable. Mais on fait tout pour garder le sourire et l’envie d’aller travailler chaque jour. Pour en revenir aux inondations, ce genre de drame alerte égale­ ment clairement sur l’urbanisme et l’environ­ nement. Comme tous les autres secteurs, l’horeca a un rôle à jouer dans la transition écologique, mais c’est un ensemble de métiers pour les­ quels du temps, et surtout de l’aide et de la formation, va être nécessaire pour parvenir à une transformation de certaines mentalités et à des changements concrets et durables… L’environnement, certes, mais aussi l’énergie et l’augmentation actuelle drastique de son coût doivent aussi impacter votre modèle économique. Dans quelle mesure ? Le coût de l’énergie qui s’envole a un impact indéniable sur tous les niveaux du secteur: nos transporteurs répercutent cette augmentation sur leurs tarifs, nos fournisseurs directs font de même, donc nous aussi, nous devons à un moment trouver un moyen de le compenser, via nos prix. On essaie bien sûr de ne pas aug­ menter nos «best-sellers», qui nous font tour­ ner en grande partie, mais lorsqu’on voit les factures de gaz et d’électricité actuelles, il faut trouver des solutions et faire preuve de créa­ tivité. Travailler encore mieux un produit moins noble, ­repenser les assiettes pour ne pas faire flamber le prix des menus… C’est donc aussi un vrai défi et une remise en question quoti­ dienne en cuisine et en salle, ce qui n’est pas forcément une mauvaise chose, même si l’éco­ nomie n’est pas le plus vendeur en restauration. Vous réalisez une grande partie du chiffre d’affaires de La Mirabelle avec une clientèle business. Comment a-t-elle évolué en 30 ans ? D’un côté, nous avons une clientèle tradition­ nelle privée qui vient en famille depuis de nombreuses années, avec les enfants, et même les petits-enfants de nos premiers clients, qui nous ont découverts très jeunes et qui conti­ nuent à venir. Mais bien sûr, c’est notre ­clientèle d’affaires que nous avons vue le plus évoluer… Des évolutions qui rythment notre dynamique. On a tous connu l’époque où les déjeuners d’affaires duraient des heures, avec des contrats signés sur un morceau de nappe ou avec une simple poignée de main autour d’une excel­ lente bouteille de vin. Aujourd’hui, c’est beau­ coup plus rapide, il faut être efficace. C’est pour cela que nous avons mis en place le lunch

de 45 minutes et que nous avons réaménagé les salons et les solutions de parking. Mais c’est une clientèle fidèle, qui revient volon­ tiers le soir, et ce de manière régulière. Les ­habitudes ont juste un peu changé! C’est d’ail­ leurs un schéma que l’on retrouve – pas à l’identique, mais presque – au Bistro du Som­ melier au Limpertsberg et à L’Ultimo à Mamer. C’était aussi le cas au Sapori… Vous nous aviez confié, au lendemain des inondations de juillet dernier, vouloir rouvrir le Sapori, justement. Mais ailleurs. Qu’en est-il ? C’est une idée qui reste à l’étude pour le moment. Nous nous demandons si, dans les conditions actuelles, notamment en matière de loyers, cela vaut vraiment le coup, ou s’il vaut mieux se concentrer sur le développement du Bistro des Sommeliers – dont le succès prouve qu’il y a une demande pour un lieu qui tourne autour du vin et de moyens plus variés de se restaurer. Nous avons cherché de façon assi­ due dès le 16 juillet, et nous avons visité des espaces qui conviendraient très bien, mais ils sont tout bonnement impayables… D’autant plus que nous étions copropriétaires au Sapori. Cela change forcément la donne. La perte du restaurant a été un crève-cœur, mais nous avons reçu un nombre absolument incroyable de messages de soutien, de restaurateurs, mais aussi et surtout de clients peinés parce que le Sapori n’est plus. On entend souvent dire qu’il faut trois ans avant de savoir si un projet est viable dans la restauration, mais c’est ­réducteur, voire erroné. On l’a vu avec le Sapori, qui avait encore beaucoup de choses à offrir après plus de 15 ans d’existence, mais qui a disparu du paysage gastronomique en une nuit, alors que nous sortions tout juste du confinement…

POUR LA PETITE HISTOIRE « En 1992, lorsque nous avons ouvert La Mirabelle, la place Dargent faisait plus partie des faubourgs extérieurs que partie intégrante de la ville, comme c’est le cas à présent. Il fallait réussir à faire descendre les clients jusque-là ! La clientèle d’affaires a été une des premières à faire le pas, et elle nous est restée fidèle… »

Leçons de parcours SUCCÈS « J’ai toujours apprécié les établissements qui ont une vision et l’audace de la mettre en place. L’enseigne Nobu m’a toujours inspiré dans ce sens. J’ai eu le plaisir d’en faire quelques-uns, et dès le lancement de l’enseigne dans les années 90, j’ai parti­ culièrement aimé la mixité inspirante qu’on y trouvait, que ce soit dans l’assiette, bien sûr, mais aussi dans la salle, avec des collaborateurs de tous les horizons, des accents et des influences du monde entier, des playlists étudiées… Le mélange des cultures est une valeur que je trouve nécessaire dans la restauration. » ÉCHEC « Ici, je ne citerai pas d’exemple en parti­cu­lier, mais il y a une chose qui, à mon sens, ne peut mener qu’à l’échec : c’est celle d’avoir de trop grandes ambitions sans avoir les moyens de les réaliser. La pro­mes­se non tenue. Tout le monde ne peut pas obtenir une étoile, par exemple. Nous n’avons d’ailleurs jamais cherché à en obtenir une pendant toutes ces années. Même si l’ambition, lorsqu’elle est réaliste, reste bien sûr une vertu. »

Après 30 ans dans le rétroviseur et deux années d’épreuves consécutives, comment garez-vous la motivation, et que prévoyez-vous pour La Mirabelle dans les 30 années à venir ? La motivation, l’envie et la passion sont tou­ jours là chaque jour, c’est clair. Mais outre les épreuves récentes, une chose qui m’a aussi beaucoup peiné est le fait de ne pas avoir pu célébrer ces 30 années de travail et de succès à La Mirabelle, entourés de celles et ceux avec qui on aurait voulu le faire. On est en train de mettre en place quelques petits événe­ ments dans les mois à venir, mais ce ne sera pas pareil, et cela fait évidemment penser à l’avenir. D ­ ’autant plus que l’énergie, elle, n’est plus la même à 60 ans! Pour moi, l’idéal serait de transmettre le restaurant en interne, en famille, préserver ce nom, qui est devenu une véritable référence pour la clientèle. Quand on dit « Mirabelle », on sait où c’est. Mais si on décide de vendre lorsqu’on arrêtera, alors il est fort possible que La Mirabelle laisse la place à un nouveau nom, même s’il restera – j’en suis certain – bien présent dans l’esprit des gourmets… En tout cas, je regarde tou­ jours vers l’avant, parce qu’on ne rattrapera plus ce qu’on a perdu dans le passé !

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Outre son activité propre, Julie Conrad milite pour une meilleure prise en compte du design dans la société.


Conversation Julie Conrad

« J’aime raconter des histoires avec les objets » Depuis une dizaine d’années, Julie Conrad diffuse son design via de nouveaux produits, des scénographies et des installations, ou encore des conceptions graphiques. Celle qui a aussi investi le champ de l’économie circulaire revient sur les enjeux de sa profession. Interview CÉLINE COUBRAY

Photo MATIC ZORMAN

J’étais inscrite comme indépendante jusqu’en Vous avez lancé votre entreprise janvier 2021, et maintenant, j’ai créé une sàrl très jeune, juste après vos études. pour dégager mon activité professionnelle de Était-ce une décision facile à prendre ? ma seule personne, et donc mieux protéger Comment avez-vous réussi à la développer ? C’est encore un peu un mystère pour moi. mes collaborateurs. Je crois que j’étais assez consciente de ce que je voulais faire et de la façon dont je voulais Vous êtes donc à la fois product designer et m’y prendre, grâce aux stages que j’avais effec­ graphic designer. Comment conjuguez-vous tués. D’un autre côté, ce parcours s’est déroulé ces deux disciplines du design ? de manière fluide. Après mes études à Paris, Ce sont des activités que je développe côte à je suis revenu à Luxembourg où la scène du côte et qui parfois s’entremêlent. J’essaie quand design de produits n’est pas très développée, même de les tenir séparées: je me présente de et je voulais voir si un avenir était possible. plus en plus en tant que designer produit et je J’ai commencé doucement, avec quelques donne plus d’autonomie à ma collaboratrice projets, puis je m’y suis lancée à temps plein. Vera pour la création graphique, même si je Le plus difficile est d’être à la fois designer et participe aussi à la conception de ces projets. entrepreneure. J’aime les deux facettes, mais j’ai souvent l’impression d’être déchirée entre Est-ce que l’activité de graphiste, qui est plus répandue et connue, ces deux aspects. permet d’apporter des revenus plus réguliers et donc une forme de stabilité Est-ce que vous auriez souhaité être pour développer le product design ? plus ou mieux accompagnée sur le volet entrepreneurial ? Oui, complètement. En design de produits, les Certainement, mais j’ai l’esprit d’aller chercher projets sont souvent de plus grande envergure, les informations qui me manquent, et poser des questions ne me fait pas peur. Cela m’a servi notamment pour apprendre à gérer les finances. Il faut surtout trouver les bonnes personnes pour répondre aux questions. Cela aurait BIO EXPRESS ­évidemment été plus facile si j’avais eu ce Éducation ­background avant, mais il y a des choses qu’on Julie Conrad est née à Luxembourg peut apprendre juste en les faisant. en 1988. Elle est diplômée, Est-ce facile de monter une entreprise quand on est jeune au Luxembourg ? Non, d’autant plus que je n’avais pas d’autres exemples sur place qui auraient pu me m ­ ontrer la voie. Et le statut de designer n’existe pas. Comment avez-vous fait, si ce statut n’existe pas ?

avec félicitations du jury, de l’école Creapole à Paris en 2012.

Projets En 2013, elle ouvre son agence au Luxembourg et lance, en 2015, sa collection Unpaper. En 2019 et 2022, elle est retenue par Le French Design à deux reprises pour le FD100 (une sélection de 100 projets ou personnalités qui font bouger le design).

et donc plus longs. Ils sont aussi plus risqués, avec une plus forte probabilité de ne pas ­aboutir. En graphisme, c’est plus fluide, et on arrive plus vite au résultat. Cela apporte des flux d’argent plus réguliers, c’est certain. Mais nous sommes vraiment au point où les deux disciplines ­fonctionnent à parts égales dans notre activité globale. Et les deux activités se nourrissent l’une l’autre. Certains clients viennent nous voir parce que nous avons cette double casquette. C’est ce qui s’est passé, par exemple, avec SOS ­Kannerduerf où nous avions un projet de ­produit – la création d’un doudou – qui est devenu un projet de graphisme avec la création d’une ­nouvelle mascotte. Est-ce que vous arrivez quand même à vivre de votre activité de product designer ? Cela reste un challenge quotidien. J’ai la chance de pouvoir le faire, mais je me bats tous les jours. C’est tout sauf facile. Vous êtes membre du conseil d’admi­ nistration de Design Luxembourg. Est-ce important, à vos yeux, de participer à ce type d’association pour mieux faire reconnaître votre métier ? Absolument. Je donne beaucoup de mon temps à faire avancer la cause des designers au Luxem­ bourg, donc devenir membre du comité de Design Luxembourg était une évidence. Depuis septembre dernier, nous sommes une nouvelle équipe très motivée et nous aimerions à terme devenir la fédération des designers au ­Luxembourg. On a gagné aussi le concours pour accueillir l’European Design Festival en 2023 au cours duquel se tiendront les European Design Awards. J’en suis très contente. Il y a quelques années, le design était beaucoup plus soutenu au Luxembourg, MAI 2022

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Conversation Julie Conrad

La multifonction est aussi un élément qui revient souvent dans vos créations, tout comme l’utilisation de matériaux durables. C’est une voie que j’ai empreintée dès mes études, puisque je m’intéressais à ce qu’on appelait, à l’époque, l’éco-design. L’idée est de considérer les différents cycles de vie des pro­ duits. J’aime cette analyse des produits: d’où vient la matière? Pourquoi ces produits sontils là ? Où va la matière ? Est-ce qu’il y a des possibilités d’enrichir l’expérience? Ce ques­ tionnement aboutit souvent à des produits qui sont multifonctionnels. Souvent, aussi, je ­commence le projet avec une matière déjà récupérée, comme cela a été le cas, par exemple, pour la collection réalisée à partir des bâches du chantier du pont Adolphe. Le design comme argument du greenwashing, ça existe ? Oui, bien entendu, et on reste très vigilant sur ce point. Au bureau, on essaie vraiment d’avoir une approche attentive: nous voulons faire du design qui est juste, par des gens qui sont cor­ rectement rémunérés, avec une production locale, qui détruit le moins possible, qui est le plus durable possible.

Vous avez été lauréate, en 2021, du Circular by Design Challenge de Luxinnovation avec le projet CEGO, qui est un système d’ameublement multifonctionnel, où ce projet en est-il ? Il n’a pas encore vu le jour. Il a même été à l’arrêt pendant presque un an à cause de dis­ cussions avec le partenaire qui m’accompa­ gnait au début, ProGroup, et, pour le moment, le projet ne continue pas avec eux. En paral­ lèle, j’ai postulé, avec ce projet, pour participer à l’incubateur du Via – le French Design –, à Paris, et j’ai été acceptée, ce qui me permet, pendant un an, de suivre des ateliers, d’être encadrée, et de participer à une exposition finale. Le Via est une structure qui accompagne les designers de produits, surtout pour le mobi­ lier et les objets de la maison. Ils sélectionnent une dizaine de projets par an pour aider à en faire naître de nouveaux. Que vous apporte cette expérience parisienne ? Beaucoup, dont de nouvelles rencontres. Je profite aussi d’une bourse de Kultur | lx pour le développement de carrière, ce qui me ­permet de me déplacer environ tous les deux mois à Paris, car avec l’incubateur, il n’y a ni ­résidence ni soutien financier. Mais je profite de tous les contacts du Via, comme le FCBA, qui est un centre qui nous permet de tester la résis­ tance des meubles avant de les mettre sur le marché. C’est très concret et j’apprends beau­ coup. De plus, le Via développe beaucoup le volet communication, et l’exposition donne une belle visibilité.

« Nous voulons faire du design qui est juste, avec une production locale. » 48

MAI 2022

Au niveau international, vous avez aussi fait partie du collectif artistique qui a pris part au pavillon luxembourgeois à Dubaï. Était-ce une bonne expérience ? C’était vraiment un projet de longue haleine, et notre participation a été indécise pendant long­ temps pour finalement ne durer que deux semaines, ce qui était décevant. Mais je ne regrette pas d’avoir participé, car il est toujours bien de montrer que le design existe. C’était aussi l’occasion de développer un nouveau pro­ jet et de rencontrer de nouvelles personnes. Depuis la fin de l’année dernière, vous êtes aussi installée dans un pop-up store de la Ville de Luxembourg. Qu’est-ce qui s’y passe, et pourquoi avoir décidé de vous lancer dans ce projet ? C’est un pop-up store qui est à la fois bou­ tique et espace de travail. Ce qui m’intéresse est d’avoir une visibilité pour mon activité, pour le design, et d’être au cœur de la ville. Je connais tellement d’autres exemples de villes où il y a des rues avec des petites bou­ tiques de créateurs, et je trouve cela dommage de ne pas avoir cela ici. On travaille, produit et vend dans le même espace. On a aussi choisi de ne pas vendre que nos propres créations, mais de présenter les produits d’autres desi­ gners locaux que nous aimons. Finalement, il s’agit de faire de la pédagogie autour du design… Oui, un peu. Mais je comprends aussi que, dans un pays où il y a si peu de designers, il n’y ait pas d’institution qui fasse cela pour nous. C’est toute la situation qui doit changer, avec la fameuse question : qui de l’œuf ou de la poule arrive en premier ? Je ressens quand même beaucoup de bonne volonté au niveau des interlocuteurs officiels. L’élan est là, mais c’est souvent bloqué. Et je n’arrive pas tou­ jours à voir où est le problème… Mais je garde bon espoir. Vers quoi vous dirigez-vous maintenant ? J’ai très envie de sortir une collection de meubles, et je suis en contact avec plusieurs personnes à ce sujet. Aussi pour trouver un éditeur et des investisseurs prêts à s’engager dans une collection luxembourgeoise. Par l’intermé­ diaire du Via, j’ai postulé à un speed dating avec des éditeurs. On verra bien si quelque chose en sort. Par ailleurs, j’aimerais vraiment que cette expérience du pop-up store serve à établir, sur le long terme, un hub qui ­rassemble en un seul et même espace une boutique ­partagée et des zones d’ateliers. Ce serait ­vraiment formidable.

Retrouvez la version in extenso de cette interview sur paperjam.lu.

Julie Conrad Design Studio / Christophe Karaba

Comment résumer votre propre approche du design ? Le travail avec les matières m’intéresse parti­ culièrement. Mélanger différentes techniques, la production industrielle avec l’artisanat, des inspirations venant de nulle part avec des objets concrets. J’aime raconter des histoires avec les objets, sans oublier le fonctionnel.

« UNPAPER » Le paravent Unpaper est réalisé à partir de Tyvek, un textile non tissé produit au Luxembourg par DuPont de Nemours. Léger (9 kg), il est aussi bien décoratif que pratique. Attaché d’un côté à un mur, il peut se déployer en éventail et de manière plus linéaire. Cet objet a fait partie de l’exposition itinérante No Taste for Bad Taste, organisée par le Via, et qui présente 40 objets design emblématiques. Il est également présenté au pop-up store situé au 30, rue des Capucins à Luxembourg.

Photo

notamment à travers Design City qui a aujourd’hui disparu. Est-ce qu’on est dans le creux d’une vague ? Est-ce que vous devez adopter une position plus militante pour défendre votre profession ? Je ne ressens pas de trou, mais je reconnais que, depuis que je suis dans la vie profession­ nelle, je ne ressens pas beaucoup de soutien. J’ai quand même l’impression que les choses s’améliorent un peu. Mais je constate une grande différence avec d’autres pays. Actuel­ lement, je vais beaucoup à Paris, et le design et les designers ont une tout autre place dans la société.


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Comme beaucoup d’artistes mis en sourdine ces derniers mois sur fond de pandémie, Edsun peut à nouveau rêver d’exercer son art vocal en public.


Conversation Edsun

« I take my broken heart and turn it into art » Edsun prépare son grand rendez-vous : la présentation, le 6 mai prochain, du travail d’un an de résidence à la Rockhal. L’occasion d’évoquer le recours à la chanson comme moyen de partager son expérience de vie tout en ­défendant la cause de la communauté LGBTIQ. Interview JULIEN CARETTE AVEC THIERRY RAIZER

Vous finissez une résidence dans les locaux du Rocklab, l’incubateur dédié aux musiques actuelles et à l’accom­ pagnement d’artistes à la Rockhal. Qu’étiez-vous venu y chercher ? Du temps! C’est clairement la première chose que cela m’a apportée. J’ai pu me consacrer une année entière à ma musique, répéter avec mes musiciens, des danseurs, dans d’excel­ lentes conditions. Tout ce travail va me servir pour la suite. Cette résidence a été à la fois une remise en question et le prolongement de mon évolution. Cela m’a remis aussi dans un état de workaholic. Et il va en ressortir quelque chose de nouveau, de totalement différent. Mais je n’en dirai pas plus… On nous dit que vous travaillez beaucoup l’écriture des chansons. Dans le but de réussir à sortir un tube qui vous ferait connaître en dehors du Luxembourg ? Ce n’est pas ce que j’ai le plus travaillé lors de ma résidence. Mais je le fais lorsque j’œuvre sur mes nouvelles chansons en studio. Sans pour autant penser à l’éventuel succès qui pour­ rait en résulter. Je me laisse guider librement par l’inspiration. Si je gardais dans un coin de ma tête cette idée que je dois écrire un hit, cela me freinerait dans le processus créatif. Par contre, je visualise déjà d’autres choses: un clip, la déclinaison en live… L’éventuel succès, cela vient après. Lorsque je rêve. Et de quoi rêvez-vous ? De très grands concerts. D’arénas, de stades ! De pouvoir chanter toute ma vie aussi. De ­continuer à apprendre et évoluer. Quand on regarde et écoute vos clips ou vos prestations live, on se dit que vous avez une belle voix, que vous évoluez

Photo ROMAIN GAMBA

Que pensez-vous des plateformes comme dans un style musical qui marche Spotify, Apple Music, Deezer, Tidal… ? à l’heure actuelle et que vous livrez À notre niveau, financièrement, elles ne un vrai show sur scène. Qu’est-ce qu’il ­r apportent rien et sont plutôt là pour la vous manque pour vraiment percer ? Je ne sais pas si ce qui me manque est un hit. ­promotion. Pour gagner un peu d’argent, il Quand j’y réfléchis, j’ai plutôt l’impression faut plutôt regarder en direction des radios d’avoir besoin de ce petit quelque chose ou de nationales qui jouent nos morceaux… cette personne qui me mettrait dans la lumière. Une plateforme qui parierait sur moi, par Avant, pour percer dans la musique, exemple, ou même simplement un booker qui vous aviez besoin d’une grosse major m’ouvrirait les portes de salles de concert situées ou d’un agent important. Désormais, dans de grandes villes. Des lieux importants avoir une chanson qui marche sur où je pourrais montrer ce dont je suis capable. un réseau social peut suffire. Bref, ce petit coup de pouce qui me permet­ Est-ce vraiment plus simple ? trait de faire rentrer ma musique dans la vie Je ne sais pas… En même temps, le nombre d’artistes potentiels a fortement grimpé. Ce des gens à une plus grande échelle… qui rend la part du gâteau beaucoup plus petite… Mais c’est vrai qu’il est bien plus aisé d’accéder au monde et de pouvoir offrir sa musique aux autres. Parfois, il ne faut même plus avoir un label avec soi. Un bon booker BIO EXPRESS peut suffire. Dans le monde musical actuel, Sans âge chacun peut détenir sa petite niche. Il faut « Je suis né le 18 avril 19… » juste réussir à la trouver. Au moment d’évoquer son année de naissance, Edson Pires Domingos, dit Edsun, s’arrête d’un coup. « Parce qu’un artiste n’a pas d’âge », dit-il en souriant.

Citoyen du monde Si Edsun se dit « citoyen du monde », il est né à Luxembourg de parents cap-verdiens ayant émigré jeunes vers le GrandDuché, histoire de trouver une meilleure vie. « Je me sens davantage Luxembourgeois. Mais quand je me rends au CapVert, j’y retrouve un sentiment de communauté qui n’existe pas ici… » Artiste de 2018 La première édition des Luxem­ bourg Music Awards en 2018 avait couronné Edsun : Artiste de l’année et Meilleure vidéo musicale pour la chanson ‘Lisa’.

Et votre niche à vous, l’avez-vous trouvée ? Sur le plan national, je pense que oui. À plus grande échelle, non. Mais je sais qu’elle est là, quelque part. Quand j’écris, je le fais à la base pour moi-même, en tant que personne noire et LGBTIQ. Mais je sais que, dans ma niche, on retrouve d’autres personnes dans la même situation. Des personnes qui ont besoin d’être encouragées, qui étaient ou sont, comme moi, peut-être un peu marginalisées. Vous partagez donc votre vécu dans vos textes. C’est un vrai besoin chez vous ? Oui. Cela me permet de me libérer. Or, la liberté est justement une chose que j’essaie d’at­ teindre via mon « art ». Parce qu’en tant que MAI 2022

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Conversation Edsun

« Qu’une personne homosexuelle puisse atteindre ces fonctions est vraiment très inspirant », explique Edsun, au moment d’évoquer le Premier ministre, Xavier Bettel. Et l’artiste de relier les milieux politique et artistique, du fait qu’on y est « plus vite jugé qu’ailleurs. Or, ces jugements peuvent freiner certains à s’engager dans une voie… Xavier Bettel représente un symbole de réussite. » Et, pour Edsun, sa réussite peut influencer et convaincre d’autres personnes à ne pas renoncer. « Des personnes qui, à leur tour, pourront encore davantage influencer le futur. »

Et tout cela influence et enrichit donc votre musique ? Oui. Mais j’essaie que cela ait un véritable impact positif sur moi. Au travers de mes chansons, je souhaite dire bye bye à tous ces aspects négatifs que j’ai pu vivre. Comme je le chante dans mon morceau ‘Apologee’, « I take my broken heart and turn it into art ». Cela résume assez bien ma manière de voir les choses. Aujourd’hui, le côté dark que j’évo­ quais est derrière moi.

Vous vous sentez comme une sorte de porte-voix d’une communauté, ou bien exprimez-vous simplement votre vécu afin de tenter de rendre d’autres personnes moins seules ? Je ne pense pas en savoir assez, ni avoir assez vécu, pour pouvoir me considérer comme un porte-drapeau. Donc, je penche plutôt pour Je situerais ça à la période où j’ai sorti le clip votre deuxième option. La musique que je La question de l’identité du genre de la chanson ‘Lisa’ (octobre 2018 sur YouTube, propose, je tente juste de l’inscrire dans un n’a donc pas de sens à vos yeux ? ndlr). Une chanson qui était présente sur mon processus de partage. Avec l’espoir que cela Je crois surtout en l’identité de chacun. Mais deuxième EP, ‘You are not just one thing’. Le puisse toucher certaines personnes et leur faire je sais que nous sommes fortement influencés premier avait été marqué par des morceaux du bien, en leur permettant de se rendre compte dès notre plus jeune âge. Qu’on nous inculque très sombres. Avec celui-ci, j’ai commencé à qu’ils ne sont pas les seuls à vivre ou avoir vécu que les filles portent du rose et les garçons du davantage m’ouvrir, à accéder à cette tentation certaines choses. bleu. Parfois, cela me brise un peu le cœur de la liberté. Aujourd’hui, vous parvenez à vivre qu’on se limite ainsi à certaines idées qui nous à 100 % de votre musique ? ont été en quelque sorte imposées. J’avoue que Y a-t-il eu un événement déclencheur ? cela me travaille beaucoup intérieurement. J’étais beaucoup à Londres à cette époque-là. Entre les cachets pour mes prestations live et Toutes ces images que l’on nous met dans la Une ville où, comme à Berlin où j’ai égale­ les droits d’auteur, oui. Mais j’emploierais tête sont des barrières. Des barrières que j’es­ ment séjourné, je ressentais un autre senti­ peut-être plutôt le mot « survie ». saie de r­ enverser à ma façon. Et porter une ment de liberté lorsque je me promenais dans robe de mariée en étant un homme, c’est un la rue. Peut-être qu’indirectement, cela a joué. Si un artiste reconnu comme vous peu une manière de tenter de le faire. Cela coïncide aussi avec la période où j’ai au Luxembourg parle de survie, effectué mon coming out de manière, disons, cela en dit long sur ce que d’autres Un univers comme celui des affaires plus officielle, auprès des personnes avec qui doivent connaître… est également très normé. Être artiste dans le monde musical d’un pays je travaillais. Quel regard portez-vous sur lui ? comme le Luxembourg, c’est un job précaire. Je ne suis pas très familier de celui-ci. Mais je En 2022, est-il toujours aussi compliqué Mais quand je vois une artiste comme Jana travaille avec des gens qui le côtoient plus. Des de faire son coming out ? Bahrich de Francis of Delirium réussir à faire personnes qui, elles, se laissent davantage de Oui. Je le vois clairement dans mon entourage, de vraies tournées en Angleterre ou actuelle­ liberté. Pour en venir à votre question, j’espère avec des personnes qui évoquent leur situation ment aux États-Unis, cela me motive. J’ai déjà qu’un univers comme celui-là s’ouvrira un peu avec moi, mais qui n’en ont pas encore parlé bossé un peu avec elle et c’est une jeune fille plus à l’avenir. À mon sens, ce que les clients avec leurs parents ou leurs amis. On continue très talentueuse et hyper cool. recherchent avant tout, c’est de l’humain, de à vivre dans une humanité où les codes en l’authenticité. Et il faut avouer que le classique vigueur vous font ressentir que l’hétérosexua­ Vous êtes photogénique et télégénique costard-cravate peut clairement s’afficher comme lité est la normalité. Et où, si vous êtes gay, comme on peut le voir dans vos vidéos. lesbienne ou bisexuel, on vous enferme alors Tout en possédant une vraie personnalité. un obstacle à ce niveau-là. dans une autre case. Et vous vivez pendant des Vous n’avez pas d’autres envies artistiques ? À quel moment avez-vous réussi à vous années avec cette vision du monde à l’arrière-­ Si. J’aimerais bien tourner au cinéma. Par le affranchir des codes qui régissent notre plan… Faire son coming out reste donc très passé, j’ai fait un peu de théâtre. Et là, j’ai société et peuvent brider l’expression compliqué, même si la société actuelle est bien envie de me remettre un peu dans le bain. Je ne me sens pas encore totalement de qui on est vraiment ? beaucoup plus ouverte. prêt, mais quand je le serai, je me position­ nerai de manière à tenter d’attirer l’œil des producteurs et autres responsables de casting. Mais, pour l’heure, je n’ai les yeux tournés que vers une chose : le concert du 6 mai à la Rockhal. On a tellement bossé dessus. C’est un rendez-vous à ne pas manquer.

« Être au Luxembourg, c’est un job précaire. » 52

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Anthony Dehez (archives)

C’est pour ça que vous pouvez apparaître assez décomplexé dans vos clips ? On pense par exemple à celui de ‘Miss Me’, où vous portez une robe de mariée… J’essaie surtout de montrer des images que je n’avais encore jamais vues moi-même avant. Et que j’aurais aimé voir. Je me dis que ce sont des visions du monde que j’aimerais montrer, par exemple, à mes nièces et neveux, afin de leur apporter ce sentiment de liberté qui m’a justement manqué. Qu’ils sachent ainsi qu’un homme a le droit de se maquiller ou de se mettre du vernis sur les ongles.

« XAVIER BETTEL, UN SYMBOLE DE RÉUSSITE »

Photo

personne homosexuelle, je n’ai pas l­ ’impression d’avoir pu en bénéficier durant mon enfance et mon adolescence. Aujourd’hui, j’essaie justement de m’approcher de ce sen­ timent grâce à ma musique.



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Enjeux Montres

Un marché aux multiples ressorts

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Quel potentiel de croissance ? L’industrie horlogère laisse derrière elle la pandémie. D’ici 2025, le marché devrait croître de 1 % à 3 % par an, comme le montrent les projections de l’évolution de la valeur du marché selon les régions et les segments de produits. Un niveau qui pousse les marques à tenter de privilégier les modèles de vente directe.

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En milliards de dollars 2019 Projections 2025 Source

McKinsey analysis, expert interviews

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6 – 7

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Asie

Europe

Amériques

RÉGIONS GÉOGRAPHIQUES 54

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Autres


SOMMAIRE

Il suffit de regarder le nombre de nouveaux modèles dotés d’innovations technologiques de pointe lancés chaque année pour constater que la montre est un univers de passionnés. Et un marché dynamique. Le Luxembourg présente un énorme potentiel pour les manu­factures grâce au fort pouvoir d’achat des résidents. La concurrence y est féroce.

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Quand la montre fait sa révolution Analyse et présentation des tendances du marché. 58

Les mécaniques du temps Pourquoi les montres sont-elles des objets de désir et d’investissements parfois onéreux ? 60

Mono vs multimarque Les différents distributeurs locaux expriment leur point de vue.

33 – 38

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Le lieu des bonnes affaires La seconde main creuse sa place. Une aubaine pour les collectionneurs et les vendeurs.

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La vente en ligne, une bonne expérience ? Nouvelle niche durant le Covid ou simple support avant la vente ? Analyse. 64

Un précieux temps de poignet Les smartwatches, une vraie menace pour l’horlogerie ?

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Grand luxe (> 30.000 $)

Luxe (3.600 – 30.000 $)

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Premium (180 – 3.600 $)

LE SAVIEZ-VOUS ?

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C’est, en milliards de dollars, le volume du marché de l’hor­ logerie en 2019, selon la dernière étude sur le sujet de McKinsey. 78 % de ce volume sont dus aux segments du luxe et de l’ultra-luxe.

SEGMENTS DE PRIX MAI 2022

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Les tendances du marché

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MAI 2022

Source

Étude Deloitte 2021 sur l’industrie horlogère suisse

Quand la montre fait sa révolution

la multiplication des ouvertures de magasins monomarques à travers le monde. Phéno­ mène qui se voit également au Luxembourg où trois des marques les plus emblématiques de l’industrie – Omega, Patek Philippe et Rolex – disposent de leur boutique. L’adop­ tion de cette approche omnicanale résulte de la volonté des marques de mieux contrôler leur image, d’augmenter leurs marges, de mieux gérer les stocks et leurs relations avec les consommateurs sans intermédiaire. La croissance annuelle moyenne des ventes de montres sous le modèle direct to consumer (DTC) devrait être de 7 à 9% entre 2019 et 2025, faisant passer celles-ci de 20% des ventes glo­ bales en 2019 à environ 30% en 2025. La vente par internet devrait jouer un plus grand rôle à l’avenir, y compris pour les montres de luxe. McKinsey prévoit que d’ici 2025, les ventes de montres en ligne auront plus que doublé pour atteindre 6 milliards de dollars, soit 10 à 20 % de la valeur totale du marché, contre 5% aujourd’hui. Un plus pour les fabri­ cants en matière de datas. Toutes les marques ne sont pas égales devant la vente en ligne. «Elles ne seront pas toutes en Si les manufacturiers ne cessent d’innover sur le plan mesure de réussir le passage à la vente directe aux consommateurs. Elles perdraient l’avantage technique et technologique, ils cherchent aussi à tisser d’une pénétration plus profonde du marché où un lien plus direct avec leurs clients soit par internet, soit les partenaires de distribution ont prouvé que la compréhension des nuances locales et le savoiren ouvrant leurs propres magasins. L’irruption des smart­ faire du marché local peuvent donner un avanwatches et des magasins de seconde main, dans une tage significatif. Les marques du milieu de gamme, en particulier, auront du mal à mettre en œuvre moindre mesure, bouscule également les habitudes. une stratégie de vente directe au consommateur, en raison de leurs gammes de produits plus restreintes et de la faible différenciation de leurs marques à ce jour», note l’étude State of Fashion: La pandémie lui aura coûté entre 25% et 30% l’essor des zones détaxées en Chine. L’Asie, qui Watches and Jewellery. Le magasin physique, multi ou monode son chiffre d’affaires sur le plan mondial. concentre environ 50% des ventes de montres, Un manque à gagner qui ne se rattrapera pas. verra d’ailleurs son poids augmenter grâce à marque – qu’il soit géré en direct ou avec le recours de partenaires locaux – devrait donc Mais l’industrie horlogère semble avoir retrou­ la demande chinoise. vé des couleurs. En Suisse, notamment, où les exportations ont atteint 22,3 milliards de L’essor du « direct to consumer » francs suisses en 2021, selon Morgan Stanley. Pour McKinsey, un tel taux de croissance consti­ Un record absolu. Sur un an, la progression tue un challenge aux producteurs de montres LA BATAILLE est de 31,2 % et par rapport à 2019, de 2,7 %. qui vont devoir continuer à repenser leurs stra­ POUR LE TEMPS DE POIGNET Pourcentages des réponses : Dans son rapport paru en juin 2021, State tégies de mise sur le marché en privilégiant Aucune Montre intelligente of Fashion: Watches and Jewellery, McKinsey notamment la vente directe, que ce soit via des Les deux Montre traditionnelle estimait que le marché mondial de l’horloge­ magasins physiques ou des plateformes digi­ rie pesait, en 2019, près de 49 milliards de tales. 2,4 milliards de dollars de revenus seront 22 % 21 % dollars. Et tablait pour un retour à la normale transférés des détaillants aux horlogers, chiffre d’ici 2025. Sous réserve que les voyages mon­ ainsi McKinsey. Une refonte de la distribution 22 % 18 % diaux retrouvent leur niveau d’avant pandé­ qui bouleversera fondamentalement la struc­ mie, les achats effectués par les consommateurs ture actuelle du secteur, obligeant d’une part 19 % 23 % en voyage à l’étranger représentant environ les marques à tisser des relations plus étroites 30 % du marché prépandémique. avec leurs clients, et d’autre part les détaillants 41 % Ceci dit, le marché restera en croissance au multimarques à rechercher de nouveaux moyens 34 % niveau mondial. Une progression annuelle d’apporter de la valeur ajoutée. moyenne de l’ordre de 1% à 3% qui sera ­portée Traditionnellement, la vente de détail dans par une augmentation de la demande de la les magasins multimarques – qui avaient la part des jeunes consommateurs, par les achats main sur la relation avec le client – était le domestiques dans un contexte de restrictions modèle de commercialisation pour l’indus­ 2020 2021 persistantes des voyages internationaux et par trie. Une époque révolue comme en atteste


Enjeux Montres

encore préserver quelque temps son rôle cen­ tral dans la distribution. Deloitte estime d’ail­ leurs dans son étude 2021 sur l’industrie horlogère suisse que 53% des consommateurs privilégient les boutiques. Et 67% des dirigeants du secteur interrogés pensent que les boutiques traditionnelles physiques continueront à prendre le pas sur celles en ligne. Ils étaient 72% en 2020. Mais les magasins multimarques vont devoir se réinventer, notamment en termes de services et d’offre de marques. La Suisse domine le marché du luxe Si on analyse le positionnement des produits, le marché évolue différemment selon que l’on est dans le segment dit «intermédiaire» – avec des prix qui évoluent entre 180 et 3.600 dollars – ou dans le segment du «luxe» et de l’«ultra-luxe». C’est le segment intermédiaire qui est sou­ mis aux plus grandes pressions. En bas de l’échelle, il doit faire face à la concurrence des montres connectées – qui connaissent une croissance fulgurante –, aux marques de mode qui déve­ loppent une offre horlogère, et aux entreprises qui privilégient les canaux de vente en ligne. En haut de l’échelle, une grande partie des clients passent aux montres de luxe, aidés en cela par des griffes qui proposent des modèles à des prix «abordables». Pour les fabricants de garde-temps de luxe et d’ultra-luxe, les perspectives de croissance sont meilleures : de 2 % à 4 % par an. Ces deux segments sont dominés par un petit groupe de marques (350 en activité), pour la plupart basées en Suisse. Ces ­dernières repré­ sentaient, en 2019, 78% de la valeur au détail de l’industrie horlogère selon M ­ cKinsey. Et 53,6% pour les cinq marques de tête. Pourquoi les montres suisses ont-elles acquis une telle place centrale? «Le pays a su construire un bon nation branding autour de l’horlogerie et de ses traditions, qui remontent à 500 ans», explique Robert Goeres, managing director de Goeres Horlogerie. Il faut aussi savoir qu’il y a très peu d’entreprises de ce secteur qui dépassent les 2.000 salariés. Une grande p ­ artie de l’activité est sous-traitée à de petites PME, des entre­ prises familiales de 200 à 300 personnes non délocalisables. «C’est une spécificité que cette non-délocalisation.» Et une des raisons du suc­ cès de la Suisse. Selon le rapport annuel sur l’industrie hor­ logère suisse que publie Morgan Stanley en collaboration avec le cabinet LuxeConsult, ­spécialisé dans le monde horloger, 2021 aura été une année exceptionnelle pour l’horlogerie helvète avec 22,3 milliards de francs suisses d’exportation – dont 21,2 milliards pour les montres-bracelets. Un record absolu. Sept marques dépassent le milliard de francs suisses de chiffre d’affaires. Et la star du sec­ teur, Rolex, reste de loin en tête avec un chiffre d’affaires, pour 2021, estimé à 8 milliards de francs suisses. Du jamais vu pour la marque

l’impulsion des acteurs en ligne. 30 % des montres d’occasion couvrant les segments de valeur du haut de gamme à l’ultra-luxe sont désormais vendues par le canal digital et des sociétés comme Chrono24 (leader du marché avec 186.000 montres répertoriées et 9 à 10 mil­ lions de visiteurs uniques chaque mois), Watch­ Lancé en 1969, La TAG Heuer Monaco finder, Chronext ou Hodinke. Celles-ci ont connait un rafraîchissement cette année. connu une croissance à deux chiffres ces der­ nières années, indique McKinsey. «Autrefois réservé aux revendeurs privés et aux petits détaillants, le marché des montres lancée en 1905. Si on y rajoute les ventes de la d’occasion est devenu de plus en plus attractif marque « sœur », Tudor, on arrive à 8,5 mil­ grâce à la numérisation, qui en a fait le segment liards de francs suisses. «Aucune autre marque le plus dynamique de l’industrie, celui qui connaît de luxe ne possède une position aussi dominante la plus forte croissance. Les ventes de montres sur son marché», relève M ­ organ Stanley. Car­ d’occasion devraient augmenter de 8 à 10% par tier, numéro deux, présente un chiffre d’af­ an de 2019 à 2025, passant de 18 milliards de faires de «seulement» 2,39 milliards de francs dollars en 2019 à 29 ou 32 milliards de dollars suisses. Omega, troisième, avance un chiffre en 2025, soit plus de la moitié du marché de la d’affaires de 2,2 milliards. première main», note McKinsey. Une croissance L’industrie est de plus en plus polarisée entre supérieure à celle de la vente des montres neuves. quelques marques qui surperforment et qui sont Le secteur est en pleine consolidation. Les marques elles-mêmes commencent à dans un cycle vertueux, ou le taux de croissance des marges est supérieur à celui du chiffre s’intéresser à ce marché. Richemont a fait l’ac­ ­d’affaires – Rolex, Audemars Piguet, Patek quisition de Watchfinder & Co et Watches of ­Philippe et Richard Mille, suivies par Cartier, Switzerland Group a annoncé, en 2020, l’ac­ Omega, Longines et IWC – et les autres. quisition d’Analog Shift, une société avec laquelle Autre fait saillant : la « premiumisation » le groupe collaborait dans la montre de seconde – une montée en gamme de prix par une offre main aux États-Unis depuis 2018. concentrée sur le haut de gamme et la rareté Pour les marques, les enjeux sont multiples. (réelle ou artificielle) de l’offre. Le segment Selon l’étude de Deloitte, 67% des cadres de des montres dont le prix de vente dépasse l’industrie sondés voient ce marché comme 4.000 francs suisses représente 16% des volumes, une opportunité donnée à une nouvelle clien­ mais 82 % des valeurs exportées. tèle de vivre l’expérience de la marque ou d’en­ trer sur le marché du luxe en général. 67% le L’essor du marché de la seconde main voient comme porteur d’une influence posi­ L’engouement pour les montres d’occasion est tive sur la perception et la valeur de la marque, un autre fait marquant de ces dernières années. et 63% le considèrent comme une source de Ce marché arrive aujourd’hui à maturité sous notoriété et de visibilité pour l’ensemble du secteur. Pour McKinsey, se positionner sur ce marché permettrait aux manufactures de réa­ liser un bénéfice supplémentaire estimé entre 5% et 30% par produit. LE CHIFFRE D’AFFAIRES Dans le même temps, les marques travaillent DES PRINCIPALES MARQUES HORLOGÈRES SUISSES à établir une authentification de leurs produits Chiffres de 2021 tirés d’une étude en introduisant une garantie CPO (certified de Morgan Stanley. pre-owned watches). Un concept utilisé par En milliards de francs suisses (CHF) l’industrie automobile depuis des décennies. Richard Mille Le CPO est un processus par lequel les marques 1,130 ou les détaillants inspectent les montres, leurs mouvements et leurs composants pour confir­ Patek Philippe 1,530 mer leur authenticité, tester leur fonctionne­ ment et effectuer les réparations nécessaires. Longines 1,540 Une manière, dans une certaine mesure, d’apai­ ser les craintes quant à la qualité, la fiabilité et l’authenticité de leurs montres sur le mar­ Rolex Audemars Piguet 8,050 1,580 ché de la seconde main. Et de certifier au consommateur que son achat lui garantit bien un accès à un univers où plaisir, technologie Omega 2,200 et art de vivre s’entremêlent. Cartier Watches 2,390

Auteur MARC FASSONE

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Petite(s) et grande(s) histoire(s)

Les mécaniques du temps

guerre des Boers pour culminer avec la Pre­ mière Guerre mondiale. Les montres ne ces­ sèrent alors plus de se miniaturiser, de se perfectionner et de se spécialiser.

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PROBABILITÉ D’ACHETER UNE MONTRE DE LUXE D’OCCASION 2020

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32 %

21 %

Très / assez probable

18 % 18 %

Peu probable / pas intéressé(e)

Indécis / ne sait pas

Des orfèvres du temps Cantonner sa montre à la simple lecture du temps ? Ce serait du gâchis. Les horlogers l’ont bien compris et ont fait de leurs chro­ nomètres de véritables outils de travail en y ajoutant différents composants et fonction­ nalités. Ce sont aussi devenus des objets de luxe affichant clairement le côté esthète – et fortuné – de leurs propriétaires. La montre, un bijou ? Oui. Et ce, dès le début. Durant les guerres de religion, Jean Calvin, réfugié à Genève, interdit le port d’ob­ jets décoratifs. Ce qui poussa les orfèvres à

Analyse Deloitte

Si mesurer le temps est une préoccupation qui remonte à… la nuit des temps, le chrono­ mètre est une invention relativement récente – 1735 – attribuée à John Harrison. Il doit son essor au développement du commerce mari­ time. En effet, pour calculer une position en mer, il faut connaître sa latitude et sa longi­ tude. La première se mesure grâce à l’astro­ nomie. Mais pour connaître la seconde, on doit être capable de mesurer précisément l’heure du passage du soleil au méridien et comparer l’heure de ce passage au port de départ. Une minute d’erreur, et c’est 15 miles marins d’incertitude… Nos montres modernes sont les descen­ dantes directes du chronomètre. Les premières montres portatives remontent au 16e siècle. Ce sont de petites horloges avec un anneau soudé sur le côté pour que l’on puisse les porter autour du cou. Ovales, elles vont s’aplatir pour deve­ nir des montres à gousset – du nom de la petite poche du gilet prévue à cet effet – portées au bout d’une chaîne. Elles domineront le mar­ ché jusqu’au début du 20e siècle. Les montres-­ bracelets étaient, pour leur part, initialement destinées à une clientèle féminine. Il faudra attendre que les militaires s’aperçoivent qu’avoir l’heure à portée de bras peut s’avérer pratique pour qu’elles s’invitent aux poignets de la gent masculine. Le mouvement s’amorça avec la

Source

Les montres font rêver. Pourquoi ? Penchons-nous sur les ressorts d’un objet passionnant pour se familiariser, chemin faisant, avec des termes techniques pas toujours bien employés.

Vue de l’intérieur Voilà pour l’extérieur. Et à l’intérieur, com­ ment ça se passe ? Il existe deux catégories de montres: les mécaniques et les électriques. Commençons par ces dernières. Si la pre­ mière montre électrique date de 1924, il fau­ dra attendre 1945 pour que la miniaturisation des piles permette d’intégrer celles-ci dans le boîtier. La pile fournit l’énergie nécessaire au fonctionnement du mécanisme, rempla­ çant ainsi le ressort. La montre à quartz, qui appartient à la famille des montres à pile, est venue après. La pile four­ nit l’énergie tandis que le quartz est utilisé pour ses oscillations stables, précises et reproduc­ tibles. Si on lui applique un courant électrique, il vibre de façon régulière. Une qualité incon­ tournable en horlogerie. C’est en 1965 que Seiko commercialise la première montre à quartz à affichage analo­ gique, la Seiko Astron. Un choc dont l’indus­ trie des montres suisses mettra près de 15 ans à se remettre. La naissance de la marque Swatch va incarner ce renouveau qui passera en parallèle par un redéploiement sur le seg­ ment du haut de gamme. Le quartz est également sorti du capot pour s’afficher. Certaines montres ont vu leurs aiguilles remplacées par des affichages ana­ logiques grâce à la technologie LCD. Des goûts et des couleurs… Dans une montre mécanique, le fonction­ nement est assuré par le mouvement des pièces les unes par rapport aux autres. L’éner­ gie nécessaire est apportée par un ressort qui se détend progressivement, faisant tourner les différents rouages. Qui dit montre méca­ nique dit remontage. Il se fait une fois par jour grâce à la couronne. Il est achevé dès que celle-ci se bloque. La montre automatique est une montre mécanique dont le remontage s’effectue dès lors qu’elle est portée grâce à un rotor situé dans le boîtier. Le choix entre ces différentes familles? Une question de style. Et de moyens…


Enjeux Montres

Photos

Romain Gamba et Omega

s’intéresser à l’horlogerie… Pour le plus grand bonheur des Suisses. Est-ce pour cela que l’on trouve des rubis dans les montres ? Non. La justification de leur présence est technique : ces rubis sont là pour réduire les phénomènes de frottement et d’usure des mécanismes. Depuis les années 20, la pierre précieuse a cédé sa place à des pierres synthétiques. Mais le nom est resté. À chaque métier, et esthète, sa montre Les montres d’exception ont un nom – trois, en fait. Les spécialistes parlent de la Sainte Tri­ nité qui réunit Patek Philippe (la marque la plus respectée), Audemars Piguet (la plus moderne) et Vacheron Constantin (la plus ancienne). Viennent après les leaders du marché, qui sont Rolex et Omega. Mais, en dehors de ces cinq grands noms, le choix est foisonnant, et d’autres marques tout aussi prestigieuses riva­ lisent de moyens pour conquérir la clientèle. Citons Jaeger-LeCoultre, IWC, Hublot… Les pièces que ces manufactures produisent combinent noblesse des matériaux, travail manu­ facturé de précision, design et tradition. Com­ ment choisir ? Les critères sont multiples. On peut d’abord déterminer l’usage que l’on veut en faire. On distingue deux grands types de montres: les montres habillées et les montres « outils », aussi appelées profession­ nelles. Comme les montres d’aviateur ou de plongée, pour citer les plus célèbres. Puis entrent en jeu les complications. Dans le monde de l’horlogerie, on appelle « com­ plication» toute fonction autre que l’affichage de l’heure, des minutes et des secondes. Sous le capot, elles prennent la forme de modules se rajoutant au mécanisme principal. Le tout témoignant de la maîtrise technologique d’une marque, qui constitue sa carte de visite. La plus connue est le chronographe, f­ onction permettant de mesurer une durée de manière précise et souvent improprement qualifiée de chronomètre, terme servant à désigner un ins­ trument mesurant le temps de manière précise. Le chronographe appartient à la famille des complications dites « pratiques ». On trouve, dans cette catégorie, le très courant affichage de la date, l’indication de différents fuseaux horaires ou encore la réserve de marche. Les complications « astronomiques » ont un côté plus prestigieux. Celles qui sautent aux yeux sont l’indication de phases de lune ou de marées. Avec éventuellement l’indica­ tion du lever ou du coucher de la lune et du soleil. Mais les plus connues sont les quan­ tièmes. Fonctions qui affichent le numéro du jour dans le mois, ainsi que le mois. Dans les complications technologiques, la plus emblématique est le tourbillon. Il s’agit d’une cage mobile abritant le balancier-spiral et l’échappement – le cœur de la montre – compensant les effets de la gravitation ter­ restre. On doit son invention à Abraham-Louis

­ reguet, en 1801. Le tourbillon reste une com­ B plication rare, symbole de l’excellence hor­ logère. Il compte entre 60 et 70 pièces et pèse moins d’un gramme. Qui dit passion dit collection Dès qu’on entre dans le monde des montres, le risque est de vouloir en posséder une, puis deux, puis… Que savoir pour démarrer une collection, sans forcément se ruiner ? Le premier conseil serait de commencer par les classiques et les icônes de chaque marque. Ce sont des intemporelles qui continueront à avoir belle allure au fil des années et qui ont fait leurs preuves d’un point de vue technique. Spee­ dmaster d’Omega, Submariner ou Daytona de chez Rolex, Reverso de Jaeger-LeCoultre… La liste est longue. Cette approche permet d’éviter les tendances fugaces. L’expérience aidant, vous pourrez vous permettre de prendre des risques. La beauté de la montre, c’est que son prix reste constant. Si, sur le marché de l’occasion, une montre neuve peut subir une décote, celleci ne variera plus beaucoup en cas de revente. Et, en général, cette variation se fera à la hausse. Ce qui peut constituer un bon argument au moment de l’achat… Certaines montres peuvent, avec le temps, prendre beaucoup de valeur. C’est le cas pour les montres professionnelles de Rolex ou encore pour les emblématiques Nautilus de Patek Philippe ou les Royal Oak d’Audemars Piguet. Des hausses de prix dues soit à la dis­ parition d’un modèle du catalogue d’une marque, soit à sa qualité de série limitée, soit à sa rareté dans les boutiques. Hormis ces trois marques, le marché du vintage permet aussi de commencer une col­ lection sans se ruiner. Et prenez le temps d’analyser les modèles de différentes marques et leurs prix, afin de trouver la version qui correspond à vos envies et à votre budget. Pensez ensuite à l’usage que vous comptez en faire. La montre est un accessoire qui se doit d’être en harmonie avec votre look – voire votre personnalité – et votre garde-robe. Der­ nier conseil: une collection est quelque chose de vivant. Rien n’interdit de vendre une pièce pour financer un nouveau projet. Prenez grand soin de préserver les papiers d’achat et la boîte d’origine. Ces boîtes sont souvent de petites œuvres d’art difficiles à retrouver sur le mar­ ché de la seconde main.

Incontournables Patek Philippe Nautilus Si la montre emblématique de Patek Philippe est la Calatrava, la Nautilus occupe une place de choix dans le cœur des amateurs. Elle a été dessinée en 1976 par Gérald Genta, designer de génie auquel on doit également la Royal Oak d’Audemars Piguet. Deux symboles de la tendance sport-chic qui revitalisa la création horlogère suisse, mise à mal par le quartz. Rolex GMT Master Créée en 1954 à la demande de la compagnie aérienne Pan Am, qui voulait équiper ses pilotes de montres affichant deux fuseaux horaires, elle est surnommée « Pepsi » en raison de sa lunette rouge et bleu. Il existe également la « Coke » (rouge et noir) et la « Batman » (bleu et noir). Un modèle vert et noir vient de sortir. On attend son surnom. Rolex Daytona Rolex encore… Lancée en 1963, elle est destinée aux pilotes automobiles. Et aux ama­teurs ayant du temps devant eux, tant la liste d’attente est longue. Elle est associée à son propriétaire le plus célèbre, Paul Newman. Omega Speedmaster La légendaire Moonwatch, qui équipe les astronautes depuis les années 60, est la seule qui soit allée sur la Lune. La Nasa a opté pour une montre mécani­ que manuelle, car l’absence de pesan­teur empêche les modèles auto­ matiques de fonctionner.

Auteur MARC FASSONE

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Distribution

Mono vs multimarque

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Le plus des relations interpersonnelles Jacques Molitor a constaté cette évolution vers la distribution monomarque. Ce qui lui a d’ailleurs coûté la distribution d’une de ses marques horlogères. Mais il ne montre pas d’inquiétude par­ticulière face à cette concurrence. « Cette tendance est aussi survenue dans le secteur de l’automobile et on constate aujourd’hui un retour vers le multimarque. Ce retour peut être éventuellement motivé par l’objectif d’apporter à la clientèle un interlocuteur unique pour un choix et une gamme de produits plus larges, ce qui est intéressant sur un marché comme celui du Luxembourg qui est relativement petit, mais qui a le grand avantage, dans le commerce de détail, de pouvoir proposer une relation client personnalisée. » Pour continuer à exister, il mise sur le style d’une mai­ son établie de longue date et qui a su développer avec ses clients des liens de confiance. « Beaucoup de clients préfèrent, surtout lorsqu’ils achètent une pièce de valeur, être conseillés et recevoir des propositions alternatives de montres par quelqu’un qu’ils connaissent. C’est quelque chose que l’on ne trouve pas dans les magasins multimarques. » JACQUES MOLITOR Directeur de la maison Molitor

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« Nous sommes des chasseurs de références »

2 « Nous sommes le bras prolongé de la marque » Robert Goeres gère à Luxembourg les magasins de deux des marques les plus prestigieuses de l’horlogerie suisse : Patek Philippe et Rolex. Le basculement vers le modèle monomarque, il l’a embrassé il y a une décennie maintenant. Et il l’assume. La question du meilleur modèle pour le consommateur ? « Elle n’est pas tranchée », répond-il, évoquant les débats qu’il a eus avec ses confrères. Pour lui, ce basculement lui permet de pouvoir répondre aux attentes d’un client exigeant, de lui donner une vision à 360° de la marque. « Aujourd’hui, le client est un client averti, souvent grâce à internet. Il sait ce qu’il veut et a besoin d’avoir un spécialiste en face de lui. Pas pour le faire changer d’avis, mais pour affiner son choix. » La boutique monomarque est également un lieu où doit se refléter la philosophie et les valeurs de la marque, insiste-t-il. C’est pour ces deux raisons que tout le personnel reçoit des formations régulières. Des formations qui ne peuvent humainement pas se multiplier en fonction du nombre de marques en magasin. ROBERT GOERES Managing director de Goeres Horlogerie

Benoît Lecigne a une position unique dans le microcosme du marché horloger haut de gamme. Il dirige un magasin multimarque – Les Ambassadeurs – et la boutique monomarque Omega. Les deux types de boutiques ont, pour lui, leurs avantages et toute leur place dans le paysage. Avec Les Ambassadeurs, il propose à sa clientèle des marques qui ont une histoire. Un magasin mono­ marque ne peut proposer la même expérience car il a un environnement plus contrôlé, plus codé. L’avantage réside dans le réassort automatique des mo­dèles. Ce qui est plus dur pour les magasins multimarques ? « Ce n’est pas de vendre, c’est d’avoir les produits. Le bon magasin multimarque est celui qui est capable de faire ce travail avec ses fournisseurs. » BENOÎT LECIGNE General manager, Les Ambassadeurs et Omega

4 « Un appauvrissement du marché » L’éclosion des magasins monomarques, Pierre Rossy l’a anticipée. « Il y a 20-25 ans, un grand spécialiste qui conseille les grandes marques mondiales m’avait annoncé que, 25 ans après, les marques auraient d’abord racheté tous leurs sous-traitants, puis éliminé les distributeurs intermédiaires pour, à la fin, vous élimi­ner afin de vendre directement au consommateur final. Nous y sommes. » Comment s’y est-il préparé ? En créant sa propre marque de montres il y a une dizaine d’années. Ce qui lui garantit une vraie indépendance. Pierre Rossy voit en tout cas cette évolution vers le concept monomarque comme un appau­vrissement du marché et une perte de choix pour le client. PIERRE ROSSY Directeur de Schroeder Joailliers 1877

Matic Zorman (archives), Schroeder Joailliers, Les Ambassadeurs et Molitor

Auteur MARC FASSONE

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Photos

Les détaillants multi­marques ont longtemps été le modèle de distri­bution privilégié des manufactures horlogères. Cette position est désormais remise en cause par l’ouverture de magasins mono­marques. Les acteurs locaux passent en revue les deux options.


Marché de l’occasion

Le marché de la seconde main est en train de conquérir les passionnés. C’est le moyen de mettre la main sur quelques belles pièces. Cela peut aussi, pour certains, être le moyen de faire un beau coup financier.

Le lieu des bonnes affaires

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Hublot

séparer d’autres. Une activité accessoire, en quelque sorte. Pierre Rossy, directeur de Schroe­ der 1877, rend aussi ce service à ses clients. «Lorsqu’on a investi dans un objet d’un certain prix et qu’on désire le changer, on ne va pas le mettre à la poubelle. Cet objet garde une valeur, C’est le lieu de rencontre de passionnés qui pourra faire plaisir à d’autres clients, permettre recherchent souvent un modèle, une année ou à des gens de faire leurs premiers pas dans une édition en particulier et d’acheteurs «impa­ l’horlogerie. Quand je réfléchis, de ce point de tients» qui n’hésiteront pas à payer une «prime vue là, je vois le marché de l’occasion d’un très d’immédiateté » pour mettre la main sur des bon œil. Et nous-mêmes, nous avons un cermodèles neufs introuvables dans les boutiques tain nombre de bijoux et certaines montres que officielles des marques où elles ne sont dispo­ nous proposons en occasion comme service et nibles que sur liste d’attente. Quand elles existent… je trouve ça tout à fait légitime. » Les montres les plus recherchées sont les «pro­ fessionnelles acier» de Rolex – les Submariner, Où s’arrête la passion et où commence Daytona et GMT-Master – et les Patek Philippe la spéculation ? Nautilus et Audemars Piguet Royal Oak. Pour La question qui divise est de savoir si ces échoppes ces modèles, la « prime d’impatience » peut sont des lieux de passion ou de spéculation. atteindre 150% du prix catalogue. Voire plus. Dans l’achat d’une montre d’un certain Bien qu’elle ne représente que 10% des ventes niveau, la dimension investissement a toujours d’occasion, cette catégorie de montres à «prime» existé, mais restait accessoire. L’objectif était a pris de l’importance sur le marché, au point plus de protéger son capital que de réaliser une plus-value. La tendance spéculative s’est de représenter 40% des revenus générés. Passionnés et acheteurs impatients corres­ accélérée au fur et à mesure que l’offre sur cer­ pondent peu ou prou aux deux tiers de la clien­ tains modèles ne suivait pas la demande. Et tèle des boutiques d’occasion. Le reste est elle devrait perdurer. constitué d’acheteurs voulant acquérir des articles Pour les spécialistes de la seconde main, la qu’ils ne peuvent se permettre d’acheter au prix vague est telle qu’il est dur de refuser d’y par­ fort et d’un jeune public. Au niveau mondial, ticiper. De plus, le fait d’avoir de tels modèles environ 30% des adolescents à revenus élevés en vitrine, même de manière éphémère, pro­ ont visité un magasin de montres d’occasion, cure de la visibilité et du buzz. Mais ce n’est relève McKinsey. Un potentiel de croissance à pas forcément sur ces produits qu’ils font leur ne pas négliger. marge. Face à des vendeurs «hyper gourmands»,

Trois enseignes dans la capitale On compte à Luxembourg-ville trois maga­ sins spécialisés répartis dans un tout petit espace géographique situé entre la place d’Armes et le Palais grand-ducal. Soit, par ordre d’ap­ parition, Le Collection’Heure, Watchour et My Old Watch by Noël. Des magasins qui ont su se faire une place. Ce qui n’allait pas de soi, tant le marché de l’horlogerie au Luxem­ bourg a longtemps été un marché du neuf. Ce que confirme Jacques Molitor, directeur de la maison Molitor. Qui a développé une acti­ vité de montres d’occasion destinée à rendre service à des clients qui souhaitent acquérir de nouveaux modèles et devant pour cela se

La Square Bang Unico Titanium de Hublot a tout pour devenir un classique

elle serait en effet quasi nulle. Ce qui motive Le Collection’Heure, Watchour et My Old Watch by Noël, c’est de pouvoir partager une passion et donner une seconde vie à un objet qui a déjà vécu avec son proprié­ taire. Ce qui serait plus facile au Luxembourg qu’à Paris ou à Bruxelles, les clients étant ici de vrais passionnés et des collectionneurs. Il leur faut des montres dans un état quasi irré­ prochable, avec leur boîte et leurs papiers d’origine. Et quand on leur propose un tel pro­ duit, la discussion se fait plus sur la montre que sur le prix. Exigeants et aventureux, ils sont prêts à sortir des sentiers battus s’ils sont bien conseillés et ne se cantonnent pas aux «achats sûrs». Jacques Molitor et Pierre Rossy estiment que ce marché est un lieu qui peut favoriser la spé­ culation. Mais à la marge. «La plupart de nos clients qui viennent acheter une montre ne l’achètent pas pour spéculer», estime Jacques Molitor. Benoît Lecigne, general manager pour les boutiques Les Ambassadeurs et Omega, voit pour sa part le marché de la seconde main plus comme «un marché de spéculation qu’un marché de passionnés». Ce qu’il regrette. Pour lui, ce marché devrait être une porte d’entrée pour des amateurs qui ne peuvent s’offrir un gardetemps d’exception au prix catalogue. «Aujourd’hui, on ne trouve que des montres neuves sur un marché de seconde main.» Un comble. Que peuvent faire les marques pour éviter cette dérive? Pour Pierre Rossy, «les marques essayent de contrer ce marché de spéculation». Selon lui, les manufactures horlogères seraient bien inspirées d’analyser leur clientèle et de refuser la vente à des personnes qui n’achètent l’objet que pour le revendre le plus rapidement possible. Ce qui semble difficile. Robert Goeres, managing director de Goeres Horlogerie, et donc responsable de la commer­ cialisation de Rolex et Patek Philippe au Luxem­ bourg – deux des marques sur lesquelles se focalise la spéculation –, a conscience du phé­ nomène et reconnaît un dommage «énorme» pour l’image de ces deux marques. Mais il insiste sur le fait que ses clients «sont avant tout des collectionneurs et des amoureux des montres, et que la plupart des modèles que nous vendons sont vendus au consommateur final». Et il met en avant « le sérieux des marques horlogères suisses qui ne prennent pas pour prétexte cette évolution pour augmenter leurs prix. Elles restent sur des prix justes.»

Auteur MARC FASSONE

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Pour ou contre

La vente en ligne, une bonne expérience ?

Le commerce de montres sur internet a connu un essor considérable grâce à la pandémie. Des habitudes se sont installées. Même le luxe s’est mis au net. La tendance va-t-elle durer ? Les avis sont nuancés et partagés.

Valoriser l’offre retail Benoît Lecigne, directeur du magasin multimarque Les Ambassadeurs, estime que le canal digital doit permettre avant tout de valoriser une offre retail. « À l’instant T, les technologies accessibles à des détaillants comme nous permettent d’avoir un outil transactionnel différencié, et donc différenciant. Notre storytelling version digitale nous permet de faire la différence. Nous sommes des conteurs d’histoires qui, au rythme des sorties de modèles, partageons notre passion et immergeons notre audience dans le monde typique de l’horlogerie-joaillerie. »

TROIS NOUVEAUX MODÈLES DANS L’ÈRE DU TEMPS

JET BLACK (IWC) Un modèle céramique inspiré des montres d’aviateur.

MASTER GRANDE TRADITION (JAEGER-LECOULTRE) Une montre à temps universel de haute volée.

Un signe de vitalité commerciale L’essor de la vente par internet est avant tout un signe de bonne santé, résume Robert Goeres, managing director de Goeres Horlogerie : « Cela montre que nous ne sommes pas une industrie en déclin. Sinon, pourquoi développer de nouveaux canaux ? » Créer l’événement ​​Selon Benoît Lecigne, ce qui marche avec la vente en ligne, c’est la possibilité d’avoir des séries limitées en avant-première.

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HISTORIQUES 222 (VACHERON CONSTANTIN) Un bracelet intégré, la grande tendance du moment.

Un marché de niche Pour Pierre Rossy, directeur de Schroeder Joailliers 1877, si la vente sur internet a reçu un coup de fouet avec la pandémie, elle reste encore relativement marginale. Et il constate que de grands groupes comme Richemont, qui ont massivement investi pour acquérir des places de marché virtuelles, voient que les résultats ne suivent pas et font désormais marche arrière. Le risque de frustration Le caractère restreint de certaines opérations, comme la commercialisation de séries limitées en avant-première, peut susciter des frustrations, contreproductives pour l’image de la marque. Un manque d’émotions Le besoin de contact direct est fondamental pour l’achat de pièces de valeur, note Jacques Molitor, directeur de la maison éponyme. Benoît Lecigne va plus loin : le client veut de l’humain. « En achetant une montre, le client se confie sur ses préférences, ce qu’il aime, explique pourquoi il peut acheter une montre. C’est la découverte qui est importante. Lorsque l’on achète une montre en ligne, il n’y a pas de découverte. » Le besoin de service après-vente Les services après-vente des boutiques établies se cantonnent, en général, aux marques dont ils vendent les montres, pour lesquelles leurs horlogers sont régulièrement formés et peuvent recevoir les bonnes pièces. Face à cela, les sites de vente sur internet développent ce type de service, observe Pierre Rossy.

IWC, Jaeger-LeCoultre et Vacheron Constantin

Lutter contre les contrefaçons Pour les marques, proposer ses produits certifiés sur le net peut être un bon moyen d’éviter les contrefaçons et le développement d’un marché gris. Soucieuses de leur image et conscientes que le marché de l’occasion est une porte d’entrée pour de nouveaux clients, les marques travaillent à établir une authentification de leurs produits, à l’instar de ce qui se fait sur le marché de l’automobile d’occasion.

Contre

Photos

Pour



Smartwatches

La tentation de l’hybride 42% des cadres de l’horlogerie interrogés par Deloitte pour son étude 2021 sur l’industrie horlogère suisse considèrent bel et bien les montres connectées comme une menace. L’industrie parle de la «bataille pour le temps de poignet». Certaines marques – Montblanc, Breitling, Tag Heuer, Frédérique Constant ou Hublot – offrent des modèles hybrides ten­ tant d’allier artisanat et connectivité. Avec des résultats, sinon mitigés, du moins limités. Hublot a pu ainsi écouler avec succès une 64

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Avec son Apple Watch, Apple revendique 30% du marché de la montre connectée

Auteur MARC FASSONE

Apple / Hermès

Pour survivre à la montre à quartz, l’horloge­ rie suisse a dû se réinventer. Ce qu’elle a su faire en se recentrant et en faisant monter en gamme sa production. C’est cette montée en gamme qui permet de dire maintenant que les montres connectées ne sont pas une menace directe. Du moins pour les montres de luxe et d’ultra-luxe. Pour ce qui est du s­ egment intermédiaire – avec des prix entre 180 dol­ lars et 3.600 ­dollars –, la situation apparaît plus compliquée. Le secteur des montres connectées est d ­ ominé par des acteurs technologiques tels qu’Apple, Garmin et Samsung, qui proposent des fonc­ tionnalités innovantes offrant aux consom­ mateurs des avantages tangibles, comme le suivi de leur santé et les nombreux paramètres en lien avec leur pratique sportive. La crois­ sance est spectaculaire: à lui seul, Apple vend désormais plus de montres que l’ensemble de ­l’industrie suisse. Un basculement opéré en 2019. Alors que la Suisse exportait 21 millions de montres (mécaniques et à quartz), le géant californien vendait environ 28,5 millions de ses Apple Watch. En 2020, ce sont 33,9 mil­ lions d’Apple Watch qui ont été vendues. En 2021, le marché de la montre connectée a enre­ gistré une croissance de 24 % avec environ 80 millions d’unités vendues, Apple occupant 30,1 % de part de ­marché, selon les données de l’institut ­Counterpoint Research.

le consultant. Pour qui le marché inter­ médiaire pourrait voir ses revenus dimi­ nuer de 2,5 milliards de dollars d’ici 2025, et sa part de marché fondre de 6 %. Pour avoir une idée du choc, il faut se rappeler qu’en 2019, après avoir perdu 1 milliard de chiffre d’affaires, les marques de milieu de gamme représentaient 9 milliards de dollars et 19 % série de montres intelligentes qui permet­ de parts de marché de l’horlogerie. La parade taient de suivre les matchs des dernières Coupes passerait, selon McKinsey, par une revitalisa­ du monde et Euro de football. Tag Heuer en tion de leur image de marque pour se diffé­ a fait de même avec une montre pour les pra­ rencier, une offre de produits r­ epensée et la tiquants de golf, rappelle Benoît Lecigne, création de liens plus «intimes» avec le client. general manager des boutiques Les Ambassa­ deurs Luxembourg et gérant de la boutique Un complément plus qu’un concurrent Omega. Il y a quand même, dans l’engage­ Pour les montres haut de gamme, la montre ment des horlogers traditionnels sur ce mar­ connectée est vue comme un accessoire complé­ ché, une certaine forme de contradiction: une mentaire plutôt que comme un concurrent montre de qualité est destinée à être trans­ direct. Jacques Molitor, qui dirige depuis 1965 mise à la prochaine génération. Et ainsi de la maison Molitor, boutique multimarque spé­ suite. Une montre connectée est frappée par cialisée dans la joaillerie et l’horlogerie haut l’obsolescence ­programmée. Ceci dit, dans de gamme, ne néglige cependant pas cette cette bataille, les smartwatches gagnent du concurrence. «Ce sont de petites merveilles techterrain sur les montres traditionnelles. Mais nologiques. Vous avez un ordinateur au poignet.» le front semble loin des segments du luxe et Mais il constate que cela ne détourne pas ses de l’ultra-luxe. Deloitte relève que les géné­ clients de l’horlogerie traditionnelle de quali­ rations Y et Z, les plus susceptibles de porter té. Pour lui, il n’y a donc en effet pas de concur­ des smartwatches, choisiraient, si on leur rence. « Du moins pas encore. » Pierre Rossy, donnait 5.000 francs suisses, plutôt une montre directeur de Schroeder Joailliers, ne met pas lui non plus smartwatches et montres méca­ mécanique de luxe. niques dans la même catégorie. «Ce sont des objets électroniques. Et très tendance. » Et s’il Le marché intermédiaire menacé La concurrence des smartwatches a un coût. considère ces « objets électroniques » comme Que McKinsey chiffre: elles représentent pour «des concurrents certains pour l’horlogerie suisse», 70 % de la baisse de revenu du marché inter­ il pense – ou espère – que cela peut inciter les médiaire depuis 2015. Soit 780 millions de jeunes générations à découvrir l’horlogerie d ­ ollars. « Sur le marché hautement technique ­traditionnelle. Une vision partagée par Robert et spécialisé des smartwatches, il est peu pro- Goeres, managing director de Goeres ­Horlogerie, bable que les acteurs traditionnels du marché pour qui la montre digitale – qu’il met dans la intermédiaire soient en mesure de rivaliser avec même catégorie que les smartphones – peut les dispositifs portables de plus en plus perfec- constituer le bon marchepied pour franchir le tionnés des entreprises technologiques», estime cap. Ce qui se confirme « quand je vois des montres digitales qui essaient de se rapprocher visuellement le plus possible des ‘anciennes’ montres classiques analogiques». Benoît Lecigne constate pour sa part que la plupart de ses clients ont une Apple Watch au poignet, mais que ce n’est pas pour autant qu’ils arrêtent d’acheter des montres mécaniques. « C’est une question de pur plaisir.» Et aussi de sécurité: «Lorsqu’elles voyagent, beaucoup de personnes préfèrent ­porter une montre connectée. C’est quelque chose que l’on vous volera moins volontiers qu’une Breguet, une Rolex ou une montre en or.»

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L’irruption des smart­ watches renvoie à un très mauvais souvenir pour l’hor­ lo­gerie suisse : l’appa­rition des montres à quartz dans les années 70 qui faillit bien la faire disparaître. 50 ans plus tard, l’histoire bégaie.

Un précieux temps de poignet



L’Académie d’été, pour 15 à 20 jeunes âgés de 18 à 25 ans, est organisée pendant quatre jours au cœur de la saison estivale. Les jeunes font partie de familles entrepreneuriales et peuvent poser leurs questions et échanger.

Transmission d’entreprise

Accompagner la transmission d’une entreprise familiale

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Au Luxembourg, 70 % des PME sont des entreprises familiales. Or, en raison de la transition en cours entre la génération des baby-­boomers et celle qui suit, un grand nombre d’entre elles change­ ront de mains entre 2020 et 2030. Une bonne partie de ces sociétés resteront dans la famille, reprises par un ou plusieurs enfants. Si elle peut paraître plus facile à mener, la transmission « en interne » d’une entreprise familiale n’est pas sans poser certaines difficultés. « Bien souvent, au sein de ces familles, les jeunes sont confrontés très tôt au sujet de la relève. Mais ils se posent aussi de nombreuses questions, parfois difficiles à formuler dans

le cadre familial », explique Charles Sunnen, Conseiller Entreprises au sein de la Banque de Luxembourg. Un rôle de facilitateur La transmission d’une entre­ prise est un moment important dans la vie d’un entrepreneur, mais il s’agit aussi d’une grande étape pour les membres de la génération suivante. Pour aider les familles à répondre à leurs questions et faciliter la communication entre la génération en place et celle qui lui succède, il est important de pouvoir compter sur une tierce partie, qui aide à prendre un peu de recul. C’est ce rôle de facilitateur que joue la Banque de

Luxembourg. « Au sein de notre équipe dédiée aux entreprises et entrepreneurs, nous accompagnons les familles sur le long terme. Souvent, nous sommes à leurs côtés depuis plusieurs générations. C’est essentiel, car il s’agit d’un travail qui touche à l’intimité familiale, précise Charles Sunnen. L’une de nos principales missions est de faciliter la communication entre les membres de la famille, de les mettre autour d’une table pour comprendre quelles sont les attentes de chacun. » Sur base de cet état des lieux, une feuille de route et un plan d’action permettront de mener la transmission afin de pérenniser le patrimoine, tout en préservant l’harmonie

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Reprendre le flambeau d’une entreprise familiale n’est pas toujours évident. À travers un accompagnement personnalisé et différents programmes éprouvés, la Banque de Luxembourg encourage la jeune génération à mieux définir sa position future par rapport à l’entreprise familiale.

Banque de Luxembourg

Contenu sponsorisé par BANQUE DE LUXEMBOURG


BRAND VOICE

DEUX PROGRAMMES...

familiale. « Nous proposons souvent de mettre les choses par écrit, notamment à travers une charte familiale ou un pacte d’action­naires. Ces éléments permettent de s’entendre sur la vision pour l’entreprise, les valeurs familiales, la gouvernance de l’entreprise dans le futur, les condi­tions d’accès pour la prochaine génération, ajoute Charles Sunnen. Bien évidemment, nous aidons aussi les familles à régler les questions techniques en matière de transfert de parts, qu’il s’agisse d’un rachat ou d’une donation, ou encore nous les sensibilisons à l’importance de déterminer la valeur de l’entreprise.»

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Maison Moderne

Une Académie d’été pour échanger Pour les représentants de la jeune génération, il peut être très compliqué de se positionner vis-à-vis d’un éventuel passage de flambeau. Souhaitent-ils vraiment reprendre l’entreprise ? Préfèrent-ils y travailler mais sans en être pour autant pro­ priétaires ? Veulent-ils quitter totalement le giron de l’entre­ prise familiale pour faire tout autre chose ? Or, à 18 ans, chaque individu n’est pas parfaitement au clair

« Souvent, nous sommes aux côtés des entreprises familiales depuis plusieurs générations. » Charles Sunnen Conseiller Entreprises Banque de Luxembourg

avec ses désirs pour l’avenir… ou a tout simplement du mal à les exprimer. Pour mettre ces jeunes dans les meilleures dispositions pour se livrer sur leurs doutes, leurs questionne­ ments ou leur légitimité par rapport à l’entreprise, la Banque de Luxembourg a mis au point, il y a plus de 10 ans déjà, des programmes qui ren­ contrent un grand succès. « Le premier programme que nous proposons est l’Académie d’été, qui regroupe chaque année entre 15 à 20 jeunes âgés de 18 à 25 ans. Pendant quatre jours, au cœur de la saison estivale, ces jeunes, qui font partie de familles entrepreneuriales, vont pouvoir poser leurs questions, échanger sur leurs doutes, et écouter des témoignages d’entrepreneurs qui sont eux aussi passés par là », détaille Anne Goedert, Family Practice Advisor au sein de la Banque de Luxembourg. Le plus grand intérêt de ce programme est de faire prendre conscience à ces jeunes, pas encore impliqués dans l’entreprise, qu’ils ne sont pas les seuls à avoir les mêmes questionnements. « Souvent, ils restent en contact après l­ ’­Aca­démie d’été. Un vrai réseau se crée de cette manière et, lorsqu’ils deviennent vraiment actifs dans l’entreprise, ils y trouvent le soutien nécessaire en cas de difficulté », ajoute Anne Goedert. Un programme pour trouver sa place À côté de l’Académie d’été, la Banque de Luxembourg pro­ pose aussi un Family Business Junior Executive Program, des­ tiné aux jeunes de 25 à 35 ans qui ont déjà intégré l’entre­ prise, mais qui s’interrogent sur leur légitimité et la place qu’ils doivent y occuper. Accompagnés de profes­ sionnels de la banque, mais aussi d’un coach externe, ils vont notamment pouvoir iden­ tifier les compétences qu’il leur reste à acquérir pour être à l’aise avec leurs responsabili­ tés actuelles et à venir. Enfin, des ateliers plus ponctuels sont organisés tout

« Nous misons sur l’intelligence collective pour dégager des pistes de solutions, pour co-construire une réponse à une problématique particulière. » Anne Goedert Family Practice Advisor Banque de Luxembourg

au long de l’année sur des thématiques variées, comme la continuité des affaires en cas d’événement dramatique touchant l’un des propriétaires de l’entreprise. « Comme pour l’ensemble de nos programmes, nous misons sur l’intelligence collective pour dégager des pistes de solutions, pour co-construire une réponse à une problématique particulière », précise Anne Goedert. Cette dernière formule est ouverte à tous, et donc également à la génération actuellement en place. D’ailleurs, pourquoi ne pas proposer des ateliers qui leur seraient directement réservés ? « C’est une idée qui nous trotte dans la tête depuis un certain temps. Il faut voir comment nous pourrions la concrétiser », conclut la Family Practice Advisor de la Banque de Luxembourg. Affaire à suivre, donc…

L’Académie d’été, destinée aux jeunes de 18 à 25 ans, aide ces derniers à évaluer la position qu’ils sou­haitent occuper à l’avenir par rapport à l’entreprise : être propriétaire, colla­borateur ou évoluer en dehors du giron de l’entreprise familiale ?

Le Family Business Junior Executive Program, destiné aux jeunes de 25 à 35 ans, leur permet de trouver leur place au sein de l’entreprise familiale qu’ils ont rejointe depuis quelques mois. Il s’agit notamment de réfléchir aux compétences à acquérir pour asseoir sa légitimité.

… ET DES ATELIERS PONCTUELS

Ouverts à tous les âges, des ateliers ponctuels sont organisés autour de différentes thématiques, comme la continuité des affaires, pour inviter les participants à réfléchir aux dispositions à prendre en cas d’événement dramatique touchant l’un des propriétaires de la société familiale, ou encore la valorisation, qui permet de les sensibiliser à l’importance d’estimer la valeur d’une entreprise.

lus Pour p tions, a m r de d’info QR co ez ce n n a c s

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Portfolio

Collègues Photos NADER GHAVAMI ET ROMAIN GAMBA

Ces collègues se connaissent sur le bout des doigts, et pour cause: ces frères et sœurs sont aussi à la tête d’une entreprise familiale. Ces fondateurs ou représentants d’une nouvelle génération jonglent entre liens du sang et sens des affaires pour faire fructifier leurs sociétés. Portrait de neuf duos pas comme les autres. Auteur CATHERINE KURZAWA

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de sang MAI 2022


Lynn et Sven Hilger 34 et 36 ans 2e génération M enuiserie extérieure 120 salariés

OST-Fenster (1988) « Pour certains sujets, nous n’avons même pas besoin de nous parler, car nous savons déjà quelle sera la réponse de l’autre » : Lynn Hilger travaille avec son frère Sven depuis 2012 au sein d’OST-Fenster, société reprise par leur père Romain en 1988. Après ses études, Lynn a directement intégré la firme, tandis que son frère Sven a d’abord travaillé dans d’autres entreprises de menuiserie. « Travailler ensemble était naturel, nous n’avons jamais été poussés dans une direction, et nous avons décidé de prendre la relève ensemble », insiste la membre du directoire. Elle veille aux ressources humaines et à la comptabilité tandis que son frère est davantage axé sur la technique et la vente. De leur père, ils ont hérité les valeurs de respect et de confiance. Comme conseil à partager aux dirigeants ­d’entreprise dans la même configuration, le duo souligne l’importance de prendre du recul et de différencier vie privée et vie professionnelle.

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Laura et Lionel Ferber 35 et 32 ans 4e génération Coiffure (14 salons) 160 salariés

Ferber (1928) « Notre ADN, c’est l’esprit familial », explique avec enthousiasme Laura Ferber. La gérante de l’enseigne de salons de coiffure travaille depuis presque sept ans avec son frère Lionel. Celui-ci veille au recrutement et à la comptabilité tandis que sa sœur se concentre sur le marketing, les produits et le management, notamment. « Nous sommes très complémentaires. En se mettant ensemble, la diversité apporte toujours un champ de vision plus large », souligne Laura. Son conseil aux duos frères-sœurs désireux d’entreprendre ? Communiquer, c’est la clé de l’entente. « Nous nous disputons comme tous les frères et sœurs, mais après, nous nous rejoignons en repas de famille », confie Lionel. Travailler avec quelqu’un que l’on connaît depuis toujours représente un atout pour Laura : « On a déjà traversé pas mal d’épreuves et on peut se faire confiance à 100 %. »

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Isabelle et Mathias Lentz 42 et 40 ans 10e génération Production et distribution de bières et boissons 290 salariés

Brasserie Nationale (1764) « Ce n’était pas une évidence de rejoindre l’entreprise familiale », confie Isabelle Lentz, directrice commerciale et marketing de Munhowen, la filiale de distribution du groupe Brasserie Nationale. Elle a pourtant franchi le cap en 2012 et évolué dans différents départements avant de parvenir à son poste actuel, tout comme son frère Mathias deux ans plus tard. Aujourd’hui directeur de la Brasserie Nationale, il estime que travailler avec sa sœur a autant d’avantages que d’inconvénients « parce que l’on se connaît ». « Cela simplifie parfois certaines décisions lorsque l’on sait que l’on a un allié dans la structure », ajoute Isabelle. Le duo collabore depuis sept ans et conseille aux frères et sœurs dans le même cas d’être à l’écoute, de respecter son binôme et de ne jamais réagir à chaud, « parce que l’on risque de mettre plus de choses en péril », dixit Isabelle Lentz.

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Martine et Frank Schumacher 51 et 44 ans 10e génération Viticulture 7 salariés

Schumacher-Knepper (1714) « Le fait d’être frère et sœur n’a jamais été un obstacle, mais plutôt une inspiration » : Martine Schumacher travaille depuis 2002 avec son frère Frank au sein du domaine viticole familial. Forte d’un diplôme en sciences commerciales et financières, elle veille au volet administratif et commercial, tandis que son frère – diplômé en œnologie – s’occupe de la production. « Le domaine faisait partie de notre enfance comme une grande aire de jeux. Gast et Félice (leurs parents, ndlr) nous ont encouragés à faire des études et à trouver notre propre chemin dans la vie », explique le duo. Celui-ci dit avoir décidé librement de reprendre le flambeau. Quant aux avantages de travailler avec son frère, Martine évoque sur le ton de l’humour l’absence d’entretien d’embauche. « On connaît déjà les candidats à l’avance, le désavantage est qu’il n’y a pas de période d’essai… »

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Lynn et Goy Grosbusch 37 et 34 ans 4e génération Importation et distribution de fruits et légumes 220 salariés

Grosbusch (1917) « Notre père (René, ndlr) a insisté sur l’importance de faire ce que l’on souhaitait et que l’on ne devait pas se sentir obligé », évoque Goy Grosbusch, administrateur ­délégué. Après ses études, le jeune homme et sa sœur Lynn ont travaillé dans différents pays étrangers, mais toujours dans le commerce de fruits et légumes. « Ces stages, c’est quelque chose d’idéal pour savoir ce que l’on aime et ce que l’on veut faire. Et après ces stages, il s’est avéré que ma sœur et moi étions motivés à rejoindre la société. » L’intégration est passée par la signature d’une charte familiale qui définit les rôles et fonctions, un élément que recommande d’ailleurs le duo à quiconque veut entreprendre en famille. « C’est un grand avantage d’avoir son frère ou sa sœur à ses côtés », assure Goy Grosbusch, qui préconise toutefois d’essayer de séparer au mieux vie privée et vie professionnelle pour réussir cette aventure.

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Lisa et Tom Steffen 26 et 36 ans 2e génération Boucherie et restauration 200 salariés

Steffen (1989) « Nous n’avons pas de filtre entre nous, on se dit absolument tout, même lorsque c’est négatif » : pour Lisa Steffen, travailler avec son frère Tom est un atout. Celui-ci confirme : « Elle a la même vision à long terme que moi. » Le duo collabore depuis mai 2021, date de l’arrivée de Lisa dans le groupe familial fondé par leur père Frank. La petite sœur veille au restaurant La Mezzanine du Boulevard et au take-away L’Atelier Steffen situés dans le complexe Royal-Hamilius. Son grand frère assure le poste de CEO. « On nous a toujours laissé le libre choix de décider de la carrière que l’on voulait », souligne Tom. Comme sa sœur, il a étudié l’hôtellerie avant de faire ses armes au sein de différentes adresses, aussi bien au Luxembourg qu’à l’étranger. Leur conseil aux duos d’entrepreneurs frères et sœurs ? La communication, le respect de l’autre en cas de désaccord et, enfin, passer du temps ensemble en dehors de l’entreprise.

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Frédéric et Laurent Muller 44 et 42 ans 2e génération Fiduciaire 50 salariés

Muller & Associés (1981) « Chaque décision, nous la prenons à deux. Quitte à ce que je sache à l’avance ce qu’il pense », dit en souriant Laurent Muller, administrateur délégué de la société fiduciaire aux côtés de son frère Frédéric. Le duo a repris en 2006 l’entreprise de leur père Marc et a fait évoluer ses activités en cédant l’audit et en se concentrant sur l’expertise comptable et le conseil économique. « Ce n’était pas vraiment naturel pour nous de reprendre l’entreprise. Nous avions d’ailleurs démarré une carrière professionnelle ailleurs », illustre Laurent. Qui dit avoir appris de son père beaucoup de valeurs humaines, mais assume sa gestion différente de l’entreprise : « La société doit continuer à pouvoir fonctionner lorsque mon frère et moi sommes en vacances. À l’époque de notre père, la gouvernance était différente. » À chaque nouvelle génération un nouveau mode de gestion.

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Alison et Héloïse Pierre 36 ans 1re génération Petite enfance et commerce 120 salariés

Aura Groupe Luxembourg (2012) « D’un petit coup de main occasionnel, nous nous sommes associées » : voilà comment Alison Pierre a intégré voici cinq ans Aura Groupe, fondé en 2012 par sa sœur jumelle Héloïse. Après avoir évolué dans la finance, la jeune femme est venue soutenir sa sœur qui a créé la crèche Les P’tits Bouchons. « Moins d’un an après mon arrivée, elle m’a proposé une association. Elle me disait : ‘Je ne te vois pas comme mon employée, mais comme mon associée’ », évoque l’actuelle directrice administrative et financière de l’entreprise basée à Foetz. Celle-ci regroupe quatre crèches, et une cinquième est attendue à Pontpierre à la fin de cette année. Aura Groupe compte aussi le centre de psychomotricité N’Airgym, le centre de formation pédagogique Aura Academy et le concept-store Eachs, ouvert à Esch et attendu à Luxembourg-ville à l’automne prochain.

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Ben et Pol Weisgerber 31 et 32 ans 3e génération Fabrication de portes et châssis en aluminium 40 salariés

Weisgerber (1955) « Je pouvais m’identifier à l’entreprise dès le début et j’ai ressenti une responsa­ bilité » : voilà comment Pol Weisgerber explique son engagement dans la société familiale au terme de ses études. L’aîné a été rejoint par son frère cadet Ben en 2012 et, ensemble, ils sont devenus gérants. Ils connaissaient déjà la firme sur le bout des doigts : enfants, c’est là qu’ils rendaient visite à leurs grands-parents ; adolescents, c’est là qu’ils ont travaillé durant les congés scolaires. De la génération précédente, le duo dit avoir hérité de l’importance des valeurs de confiance et de respect. « Mon père et mon oncle ont travaillé ensemble durant les premières années. Ils ont cessé leur association pour des raisons privées, et cela nous a appris certaines choses », confie Pol Weisgerber. Et d’assurer que « c’est un atout de travailler avec une personne que l’on connaît très bien ».

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Bienvenue au Club ! 78

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Business Club

Chers lecteurs, Le Paperjam + Delano Club a lancé, en avril, un nouveau cycle de conférences sur des sujets devenus interdépendants : la transition écologique, le dynamisme économique, la technologie au service de l’Homme, le vivre-ensemble et la défense de la démocratie. Prochain rendez-vous le 12 mai pour un Lunch Talk avec des représentants du patronat, du Mouvement Écologique et du ministère de l’Économie pour débattre de la question : « La décroissance : un tabou ? » Pour le volet social du déve­ loppement durable, le 10×6 Inclusion : from Words to Action du 31 mai mettra en lumière des mesures concrètes afin que la diversité devienne une force pour l’entreprise. Enfin, ce mois-ci, nous ouvrons la sélection pour les premiers Sustainability Awards, en partenariat avec IMS Luxembourg. Présentez dès maintenant vos initiatives et vos résultats en matière de responsabilité sociale des entreprises au Grand-Duché et dans la Grande Région, puis retrouvons-nous en octobre pour la cérémonie de remise des prix et un dîner prestigieux ! ARTUR SOSNA Paperjam + Delano Club director PIERRE-YVES LANNEAU SAINT LÉGER Head of programming

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Inspire Venez écouter des experts, décideurs et influenceurs locaux ou internationaux s’exprimer sur des sujets d’actualité variés. Qu’il s’agisse de 10×6, de tables rondes, de débats, ou encore de keynotes, ces rendez-vous vous proposeront une dose d’inspiration pour penser à votre business de demain. Des rendez-vous suivis d’un cocktail dînatoire propice aux échanges et au networking.

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300 HEURES

Heures de formation par an qui couvriront hard et soft skills, et qui créeront une valeur sup­ plémentaire pour vos employés.

Network Rejoignez les 1.100 sociétés membres du Paperjam + Delano Club et développez votre réseau. Générez de nouvelles opportunités d’affaires dans un cadre convivial et informel avec nos formats Networking Circles, Déjeuners Carrousel, CEO Cocktails, ou encore les visites Dans les coulisses… Pour joindre l’utile à l’agréable !

COMMENT PARTICIPER AUX ÉVÉNEMENTS DU PAPERJAM + DELANO CLUB ? Vous êtes déjà membre Il vous suffit de vous rendre sur notre site web paperjam.lu, dans la section Club, afin de trouver l’événement auquel vous souhaitez participer. Remplissez le formulaire d’inscription en bas de page pour vous inscrire à nos événements physiques ou digitaux.

Vous n’êtes pas encore membre Il vous suffit de contacter l’équipe du Paperjam + Delano Club par e-mail via club@paperjam.lu, qui vous mettra en relation avec l’un de nos chargés de compte pour vous faire entrer dans le plus grand business club du Luxembourg.

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Norma Bello Cortes (JES'tudio)

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Pedro Castilho (Verbalius) Raymond Schadeck (L’Université dans la Nature)

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Marie-Adélaïde Leclercq-Olhagaray (Arendt)

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Marina Andrieu (Wide)

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Ne manquez pas

Business Club Mai 2022

Jeudi 12 mai

Mardi 17 mai

LUNCH TALK

La décroissance : un tabou ?

La transition vers un modèle durable de société est-elle compatible avec une croissance continue ? Champion du dynamisme économique, le Luxembourg se veut exemplaire et pragmatique. Quels vont être les prérequis pour un développement responsable ? Alors que les équilibres budgétaires reposent sur des prévisions de croissance ininterrompues, des voix s’élèvent pour questionner cette doctrine. Pascale Junker (Luxembourg Stratégie), Blanche Weber (Mouvement Écologique) et Jean Paul Olinger Inscrivez-vous (UEL) échangeront leurs propositions. HORAIRE 11:30 – 14:30 LIEU Salon Namur

BREAKFAST TALK

Pénurie des matériaux : quelles alternatives ?

Conséquence indirecte de la crise sanitaire : la production et la livraison de certains matériaux de construction font aujourd’hui défaut. Les confinements successifs à travers le monde ont entravé les chaînes d’approvisionnement et généré un retard colossal. Parallèlement, de nouvelles alternatives durables voient le jour. Damien Lenoble (List), Laurent Keser (Soludec) et Martine Schummer (Schroeder Inscrivez-vous & Associés) partageront leurs solutions. HORAIRE 08:30 – 10:30 LIEU Salon Namur

Mardi 31 mai 10×6

Inclusion: from Words to Action

Diversité et inclusion deviennent incontournables pour les entreprises, et ce ne sont pas que des mots. Alors que l’égalité de traitement et la lutte contre la discrimination sont des obligations légales, comment les appliquer largement sur les critères de genre, de sexe, d’origine, d’âge ou de situation de santé ? Comment faire de la diversité une force pour l’entreprise, au bénéfice de tous ? Ce 10×6 proposera témoignages et conseils pratiques pour des actions concrètes. HORAIRE 18:30 – 22:30

Inscrivez-vous

LIEU Lycée Vauban

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MAI 2022

Pour vous inscrire, rendez-vous sur le site du Paperjam + Delano Club : club.paperjam.lu.


WORKSHOPS 2022 programme

Agenda 10 May 7 June 22 September 18 October 15 November

Registration and information: www.paperjam.lu/club


Le programme

Business Club Mai / Juin 2022

Jeudi 05 mai

Mardi 17 mai

BREAKFAST TALK

Lundi 30 mai

BREAKFAST TALK

Pénurie des matériaux : quelles alternatives ? HORAIRE 08:30 – 10:30 LIEU Salon Namur

Mercredi 18 mai

PSF de support : nouvelles règles d’outsourcing

Breakfast Nouveaux Membres

HORAIRE 19:00 – 22:30

LIEU The Office City

LIEU Secret location SPONSOR Domaines Vinsmoselle Luxembourg

HORAIRE 08:30 – 10:30 LIEU Salon Namur

Paperjam Foodzilla Awards

HORAIRE 08:15 – 09:30

WEBINAR

SPONSOR i-Hub

Mardi 10 mai

Journée de workshops HORAIRE 09:30 – 12:45 LIEU Abbaye de Neumünster

La réglementation sur la facture électronique à Luxembourg : à quoi s’attendre et comment anticiper la vague ? HORAIRE 13:30 – 14:30, Livestream

Mardi 31 mai 10×6

Inclusion: from words to action HORAIRE 18:30 – 22:30 LIEU Lycée Vauban

SPONSOR Yooz Mercredi 11 mai

Vendredi 03 juin

WEBINAR

Jeudi 19 mai

Delano Live: Philip Crowther and multilingualism HORAIRE 18:30 – 20:30 LIEU Zulu SPONSORS ING, Prolingua

From traditional planning to integrated business planning for banking

Mercredi 25 mai WEBINAR

HORAIRE 11:00 – 12:00, Livestream

Déjeuner Carrousel HORAIRE 12:00 – 14:00 LIEU Ikki

Mardi 07 juin

SPONSOR Board

Journée de workshops HORAIRE 09:30 – 12:45

Jeudi 12 mai

LIEU Abbaye de Neumünster

LUNCH TALK

La décroissance, un tabou ? HORAIRE 11:30 – 14:30 LIEU Salon Namur

Comment fixer des objectifs motivants à vos collaborateurs ? HORAIRE 13:30 – 14:30, Livestream

Retrouvez le programme complet

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Pour vous inscrire, rendez-vous sur le site du Paperjam + Delano Club : club.paperjam.lu


BREAKFAST TALK PSF DE SUPPORT : NOUVELLES RÈGLES D’OUTSOURCING Programme • Welcome breakfast (8h30) • Set the tone (9h00) • Table ronde (9h10) • Express pitch (9h50) • Conclusions (10h05) • Networking coffee break (10h10)

Jean-François Terminaux Président, Finance Technology Luxembourg Cécile Gellenoncourt Service Line Head Supervision of Information Systems and Support PFS, CSSF

05.05 GOLD SPONSOR

Jeudi

Namur, Luxembourg-Hamm

Inscription et informations : www.paperjam.lu/club


Flashback

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« La traduction de l’idée conceptuelle est un vrai travail interdisciplinaire. » Sala Makumbundu CBA Christian Bauer & Associés Architectes

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Crédits

Eva Krins

Vos événements Notre premier Lunch Talk a proposé aux membres du Paperjam + Delano Club un échange captivant autour des décisions prises lors de la COP26. Nos invités, 3 Carole Dieschbourg, ministre de l’Environnement, du Climat et du Développement durable, 2 Selma Vincent, représentante de Youth for Climate Luxembourg et 1 Frédéric Mathot, fondateur de CO2 Strategy, ont tenté de répondre à cette question brûlante : COP26, green business ou greenwashing ? Côté formations, les 25 membres de la promotion 2022 des Advanced Trainings « Boostez votre middle management » et « Réussir la digitalisation de votre entreprise » se sont retrouvés pour deux nouvelles sessions du programme. 4 Béatrix Charlier (P’OP) a proposé aux participants divers ateliers interactifs, leur permettant de développer leurs compétences dans la délégation managériale, et 5 Chantal Boly (Pétillances) leur a livré toutes les clés du time management. Une centaine de membres se sont réunis lors notre Let’s Taste, qui a été l’occasion de développer des opportunités business sur fond de dégustation de vin et de chocolats. Nathalie Reuter a reçu 7 Pierre Étienne, président du Private Banking Group de l’ABBL, 6 Emilie Serrurier-Hoël et 8 Sandrine De Vuyst, vice-présidentes du Private Banking Cluster de l’ABBL, pour échanger sur les grands enjeux du private banking au Luxembourg, lors de l’Apéro Talk. Nous remercions nos sponsors ING et Satisco, sans qui cette soirée n’aurait pas eu lieu. Des architectes passionnés ont transporté nos membres aux quatre coins du globe lors du 10×6 Architecture, en présentant chacun une œuvre architecturale qu’ils admirent, mais n’ont pas conçue. Un voyage inspirant sur cette science artistique au service de la création de projets qui font du monde un endroit meilleur. Merci encore à Polygone pour son soutien. Plus de photos sur

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“A place which gives very strong emotions.” Nadine Gutenstein Architecture + Aménagement

paperjam.lu

« Comprendre à l’intérieur ce qu’il se passe à l’extérieur. » François Hannebicque Lonsdale

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Ma maison

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Laure et son mari habitent à Luxembourg dans une maison qui marie ancien et moderne.

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« Cette maison date des années 1920 et a beaucoup de charme », introduit Laure. Il y a deux ans, le couple a souhaité apporter un coup de frais à leur espace de vie et a refait le salon. « Nous avons choisi une peinture de couleur taupe, pour apporter un caractère intime, ponctuée par quelques touches de couleur. » Aux murs, de nombreux tableaux les accompagnent au quotidien. « Certains sont des tableaux de ma famille, d’autres des coups

de cœur, comme cette large toile de Fernand ­Bertemes, un clin d’œil à la profession de mon mari, vétérinaire. » En ce qui concerne leur ameublement, beaucoup provient de leur famille. « Ces meubles anciens sont conjugués à des pièces plus contemporaines, développe Laure. J’apprécie tout particulièrement ce con­ traste, mélanger différents styles. » C’est ainsi qu’elle n’a pas hésité à refaire tapisser un fauteuil de style Louis XVI avec un tissu à impression peau de zèbre. « En plus, ce fauteuil entre en écho avec ma sculpture de poisson – tête de zèbre. » Cette artiste de profession vit en effet avec plusieurs de ses créations autour d’elle.

Auteur CÉLINE COUBRAY Photos GUY WOLFF

ANCIEN ET 86

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5 1 À l’âge de 15 ans, Laure a investi, sur les conseils de son père, dans des créations Venini, objets qu’elle possède encore aujourd’hui. 2 Laure, devant un portrait de famille et à côté d’une de ses sculptures. 3 La partie salle à manger est en connexion avec la cuisine ouverte et le jardin. 4 Dans le salon, une grande toile de Fernand Bertemes entre en dialogue avec l’ameublement de cet espace. 5 L’entrée et la cage d’escalier sont un mélange de style ancien relevé par des touches contemporaines.

MODERNE MAI 2022

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Marta Dobek Avocat à la Cour, ­associée au sein de l’étude Guetti & Dobek Comment la mode vous influence-t-elle au quotidien ? La mode m’influence quotidiennement d’une manière positive. Une jolie tenue me fait me sentir bien, en toutes circonstances. Quel a été votre premier achat mode le plus audacieux ? Une paire de sandales Christian Louboutin, quand j’avais 16 ans. Je ne connaissais pas le créateur à l’époque, mais la couleur de la semelle m’avait particulièrement marquée. Cette paire occupe ­toujours une place dans mon dressing et fait partie de mes préférées. Quelles pièces emportezvous systématiquement pour un long week-end ? Une robe casual, un legging, une paire de baskets, une paire de chaussures à talons et des lunettes de soleil. Cruise wear chic ou comfy casual wear ? Un mélange des deux. J’aime bien porter de belles pièces tout en gardant du confort. Un joli sac de voyage, vanité ou nécessité ? Nécessité, car peu importe la tenue, un joli sac de voyage peut parfaire le look. Quelle pièce aimeriez-vous transmettre, et à qui ? Un de mes sacs Chanel, à ma meilleure amie Tammy. Une adresse shopping coup de cœur au Luxembourg ? Maje. Ce sont des tenues « passe-partout », pour toutes les occasions, donnant un effet habillé sans devoir les accentuer avec des accessoires.

130 - 160 signes

Ready for a (long) weekend 88

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Mon style

Pedro Castilho Founder & owner, Verbalius Comment la mode vous influence-t-elle au quotidien ? Je ne suis pas une fashion ­victim. Mais il est important d’avoir une apparence soignée, de se rendre compte de ce qui vous va et de ce qui ne vous va pas. Quel a été votre premier achat mode le plus audacieux ? Mon premier pull rose. J’aime la couleur et je suis anticonformiste : le rose n’est pas réservé qu’aux filles. Les ricanements que j’ai pu entendre, avec mon pull rose, m’ont fait comprendre que tout le monde n’était pas forcément du même avis… Quelles pièces emportezvous systématiquement pour un long week-end ? Des chaussures confortables en cuir, un cardigan ou un pull (de couleur !) qui peut très bien aller avec une chemise blanche – pour un style business – ou avec un t-shirt blanc – pour un rendu plus décontracté. J’y ajoute toujours un blazer et, en fonction de la météo, un man­teau à ­hauteur de la cuisse. Cruise wear chic ou comfy casual wear ? Plutôt smart casual. Dans mon cas, les longs week-ends offrent souvent des opportunités pour des rencontres d’affaires, et je n’aime pas être pris au dépourvu. Un joli sac de voyage, vanité ou nécessité ? Un peu des deux. Pourquoi ne pas joindre l’utile à l’agréable ?

130 - 160 signes Marta Dobek a été photographiée au restaurant-hôtel Airfield, et Pedro Castilho au lycée Vauban.

Quelle pièce aimeriez-vous transmettre, et à qui ? Mon bracelet. Je le transmettrai à ma femme. Elle sait pourquoi. Une adresse shopping coup de cœur au Luxembourg ? J’adore le magasin de Pascal Zimmer, Basics and Bespoke. Interview LISA CACCIATORE Photos LORIS ROMANO

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Ma collection

De la fast fashion au style parisien, les goûts d’Olga Santeramo évoluent avec sa vie professionnelle. Olga Santeramo a le goût de la mode depuis toute petite. Originaire de Moldavie, elle a d’abord appris à coudre pour assouvir ses envies de mode. Arrivée au Luxembourg à l’âge de 25 ans, elle accompagne son mari dans son activité de magasins de vêtements et l’aide à choisir les collections, qui seront des ventes à succès. « À cette époque-là, j’achetais tous les maga­zines de mode des différents pays pour connaître les tendances. À partir de ces inspi­ rations, j’arrangeais des looks dans la boutique », explique-telle. Elle-même prend beaucoup de plaisir à se composer alors une garde-robe à la pointe des tendances du moment. « Puis, notre activité s’est tournée vers des franchises, et mon look a évolué avec ces nouvelles marques, explique Olga ­Santeramo. Chaque nouvelle enseigne avec laquelle nous travaillions a influencé mes goûts, et donc mon vestiaire. Je me suis composé des tenues plus féminines et élégantes. Toutefois, j’aimais bien aussi le caractère grunge et rock. » Pour parfaire ses connaissances, elle suit des cours de stylisme en ligne et n’hésite pas à partager son savoir. « Alors que j’étais blogueuse auprès d’une communauté rus­ sophone, j’ai écrit un manuel sur la garde-robe idéale : les pièces indémodables et basiques, les bonnes combinaisons, et comment l’agrémenter de quelques pièces plus mode. » Une méthode qu’elle applique elle-même. Aujourd’hui à la direc­tion de ­Ladurée, à Luxembourg, Olga Santeramo a adopté un style plus parisien : « Simple, avec un détail qui fait la différence. » Auteur CÉLINE COUBRAY Photo ROMAIN GAMBA

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e ssiqu ramo et cla e Chic Olga Sant y r, le jou re plus sex soir. u êt aime s tenues d se pour

Entre basique et mode pointue MAI 2022

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Ma recette

Associate spécia­lisé en structuration de fonds d’investissement la journée, David Darvishi est aussi un chef amateur assumé. Un goût inspiré en partie de ses origines perses, que l’on retrouve dans le safran de ce joli plat riche en saveurs… Pour 4 personnes Préparation : 1 h 45 Cuisson : 20 min 1 beau magret de canard 6 belles coquilles Saint-Jacques POUR LES CRÈMES ET PURÉES 1 chorizo 250 g de champignons shiitakés 3 cuillères de crème fraîche 1 belle patate douce 1 briquette de lait d’amande 350 g de petits pois en conserve 4 gousses d’ail frais 1 cuillère à café de safran d’Iran Beurre demi-sel Ras el-hanout, curcuma, poivre noir, paprika, muscade Menthe séchée en poudre POUR LE VIN Tout Nü, premier vin nature du domaine Schmit-Fohl, puis pinot noir 2020 Stadtbredimus Fels Barrique « Signature » AOP du domaine Cep d’Or.

Surf & turf safrané 92

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n commence avec la prépa­ O ration des 4 crèmes et purées. Passer le chorizo au mixeur sans matière grasse. Faire chauffer une poêle à feu moyen et y ajouter le chorizo mixé, le ras el-hanout, le paprika, le poivre et le curcuma. ans une poêle, faire revenir D dans du beurre demi-sel les champignons et les gousses d’ail finement émincées. Faire chauffer environ dix minutes à feu doux et ajouter 5 pincées de poivre et 3 de muscade. Mixer. plucher la patate douce, É la cuire à l’eau salée bouillante. La passer au presse-purée une fois bien cuite. Ajouter la purée dans une casserole avec du beurre demi-sel fondu et du poivre. Passer les petits pois au mixeur jusqu’à obtenir un ap­pareil homogène. Faire chauf­ fer une poêle à feu moyen et y ajouter les petits pois mixés avec un peu de beurre fondu ici aussi, ainsi que 3 cuillères de menthe séchée. our chaque crème et purée, P finir en remuant 3 à 4 minutes, ajouter une cuillère de crème fraîche et un petit verre de lait d’amande – le but est d’obtenir une texture onctueuse – et réserver. ans une belle assiette noire, D dresser la purée de patate douce et la crème de petits pois en cercles symétriques. De part et d’autre des 2 cercles, ajouter la crème de chorizo et la crème de shiitakés telles 2 traces de peinture avec le dos d’une cuillère. ailler les noix de Saint-Jacques T en 3 à 4 tranches. Dans un petit mortier, écraser le safran. Ajouter de l’eau tiède et remuer. Y plon­ ger les tranches de Saint-Jacques quelques secondes et les dépo­ ser sur la crème de petits pois. En parallèle, cuire le canard à la poêle pour obtenir des tranches bien rosées, à dé­poser par 3 sur la purée de patate douce. Déguster en combinant SaintJacques et canard avec les différentes crèmes comme accompagnements.

Auteur FABIEN RODRIGUES Photos HADRIEN FRIOB


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LUXEMBOURG IN 60 MINUTES

09.06

Thursday

Spuerkeess, Luxembourg

Registration and information: registrations@paperjam.lu


FO N

0 PAR MIKE K 200 OE

DI N ER G

EN DÉ

ÉDITION MAI 2022

DIRECTRICE DE LA PUBLICATION

Bérengère Beffort

Rédaction

DIRECTRICE DES DÉVELOPPEMENTS ÉDITORIAUX

Téléphone 20 70 70 E-mail press@paperjam.lu

RÉDACTEUR EN CHEF PRINT

SECRÉTAIRE DE RÉDACTION

Jennifer Graglia (-108)

POLITIQUE ET INSTITUTIONS

Julien Carette (-116) Nicolas Léonard (-102) Pierre Pailler (-109) Nathalie Reuter (-104) Ioanna Schimizzi (-120)

ENTREPRISES ET STRATÉGIES

Catherine Kurzawa (-115) Thierry Labro (-105) Manon Méral (-173) Mathilde Obert (-114) Thierry Raizer (-108) Jérémy Zabatta (-106)

Nathalie Reuter Thierry Raizer

RÉDACTEUR EN CHEF DIGITAL

Nicolas Léonard

Brand Studio Téléphone 20 70 70-300 DIRECTOR BRAND STUDIO

Youcef Damardji

STRATEGIC BUSINESS DEVELOPMENT ADVISOR

Francis Gasparotto (-301)

HEAD OF MEDIA SALES AND SOLUTIONS

Dominique Gouviaux (-338) ASSISTANTE COMMERCIALE

PLACE FINANCIÈRE ET MARCHÉS

Céline Bayle (-303)

LIFESTYLE ET VIE PRATIQUE

Nicolas Galtier (-318) Mélanie Juredieu (-317) Virginie Laurent (-322) Aline Puget (-323) Léo Santoro (-335) Mikaël Spezzacatena (-326)

Aurélie Boob (-121) Marc Fassone (-157) Benoît Theunissen (-107) Lisa Cacciatore (-176) Céline Coubray (-162) Fabien Rodrigues (-161) RÉSEAUX SOCIAUX

Christophe Lemaire (-118) PAPERJAM GUIDE BIOGRAPHIES ET DATA

Sarah Macri (-181) Jezabel Scolastici (-183)

RELECTURE ET FACT-CHECKING

CONSEILLERS MÉDIA

HEAD OF CONTENT STRATEGY

Emmanuelle Thivollard DIRECTEUR DE CRÉATION

Jeremy Leslie

STUDIO MANAGER

Sandrine Papadopoulos

Pauline Berg, Sarah Lambolez, Elena Sebastiani

Marielle Voisin

WEBPUBLISHING

MISE EN PAGE

Lisa Christl, Didier Hiégel, Adrienne Nélissen

ART DIRECTOR

Elina Luzerne (coordination) Charlène Pouthier

PHOTOGRAPHES

Andrés Lejona, Romain Gamba, Guy Wolff, Matic Zorman, Anthony Dehez, Hadrien Friob, Nader Ghavami et Loris Romano

Éditeur

www.maisonmoderne.com Téléphone 20 70 70 E-mail publishing@maisonmoderne.com FONDATEUR

Mike Koedinger CEO

Mike Koedinger DIRECTEUR ADMINISTRATIF ET FINANCIER

Etienne Velasti

CONSEIL D’ADMINISTRATION

Mike Koedinger (président) Marie-Jeanne Chèvremont-Lorenzini Pascale Kauffman et Daniel Schneider (membres) DIRECTRICE PUBLISHING HOUSE

Bérengère Beffort

STRATEGIC BUSINESS DEVELOPMENT ADVISOR

Francis Gasparotto

DIRECTOR BRAND STUDIO

Youcef Damardji

DIRECTOR BUSINESS CLUB

Artur Sosna

CHIEF DIGITAL OFFICER

Viktor Dick HR MANAGER

Sylvie Notarnicola RESPONSABLE ADMINISTRATIVE

Sylvia Leplang

DIGITAL PROJECT MANAGERS

Meryem Alamy Antonello Di Pinto

RESPONSABLE DIFFUSION

Kévin Thirion

S’abonner au magazine

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Tous droits réservés. Toute reproduction, ou traduction, intégrale ou partielle, est strictement interdite sans l’autorisation écrite délivrée au préalable par l’éditeur. © MM Publishing and Media SA. (Luxembourg) Maison Moderne ™ is used under licence by MM Publishing and Media SA. ISSN 2354-4619

COURRIER POSTAL BP 728, L-2017 Luxembourg BUREAUX 10, rue des Gaulois, Luxembourg-Bonnevoie 10, avenue de la Liberté, Luxembourg-Gare

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natureOffice.com | DE-261-JYACEBD

Maison Moderne s’engage à réduire son empreinte écologique. Le magazine Paperjam a bénéficié d’une impression neutre en CO2, d’un papier recyclé Blauer Engel pour sa couverture et d’un papier intérieur durable, tous deux certifiés Ecolabel et FSC�. Please recycle. Vous avez fini de lire ce magazine ? Archivez-le, transmettez-le ou bien faites-le recycler !

Conformément à l’article 66 de la loi du 8 février 2004 sur la liberté d’expression dans les médias, la présente mention est obligatoire « une fois par an, au premier numéro diffusé ». Nous avons choisi de la publier chaque mois. La société éditrice de Paperjam est détenue directement à 100 % par Mike Koedinger, éditeur domicilié au Luxembourg. La direction générale et la gestion journalière relèvent de sa responsabilité.


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La liste

économistes pour garder le cap

Chef économiste, économiste, stratégiste… le titre varie, mais la fonction reste la même : conseiller – et rassurer – les gérants et les clients face aux soubresauts de plus en plus fréquents de l’économie. Auteur MARC FASSONE

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Guy Wagner

Licencié en sciences économiques de l’Université libre de Bruxelles, Guy Wagner a rejoint la Banque de Luxembourg en 1986, où il fut successivement responsable des départements Analyse financière et Asset Management. Depuis 2005, il est administra­ teur-directeur et chief investment officer de BLI – Banque de Luxembourg Investments. Tous les mois, lui et son équipe publient la revue Highlights, dans laquelle ils pré­sentent leurs anticipations sur l’évolution de l’économie. Dans la dernière livraison, il s’inquiète de la diminution du potentiel de croissance suite à la réduction des dépenses publiques par rapport aux ni­veaux élevés d’il y a un an et de la hausse généralisée des prix, exacerbée par l’invasion de l’Ukraine par la Russie.

Yves Nosbusch

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William Telkes

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William Telkes

SPUERKEESS

William Telkes a débuté sa carrière dans le monde de l’asset management en tant qu’économiste / stratégiste. Il rejoint Spuerkeess en 2017, où il est rapidement promu au poste de chef économiste. Depuis 2019, il y supervise également les activités de banque privée. Titulaire d’un master en sciences économiques de l’Université Nancy 2 et d’un doctorat en sciences économiques de l’Université d’Orléans, il se présente comme un « économiste passionné ». Pour lui, un bon chef économiste doit justifier d’une bonne formation, et d’ex­ périences complémentaires sur le terrain. Et il se doit aussi d’être un bon orateur. « Sans se perdre dans un vocabulaire trop technique, il doit être capable de transmettre des messages-clés de manière simple et compréhensible. » Il constate que, dans le monde de la finance, le rôle des économistes a gagné en importance. « Dans un contexte conjoncturel caractérisé par de fortes incertitudes, les missions-clés des économistes – à savoir interpréter, anticiper et prévoir – sont encore plus marquées. Comme le monde est en con­tinuelle évolution, tout comme les relations entre indicateurs économiques, l’économiste devrait rester un acteur essentiel du monde de la finance. »

Banque de Luxembourg, Anthony Dehez (archives), Spuerkeess, Romain Gamba (archives), J.P. Morgan AM et Orcadia AM

Guy Wagner

BANQUE DE LUXEMBOURG

Yves Nosbusch est membre du comité exécutif de BGL BNP Paribas et en charge des départements Communication, RSE et Stratégie. Il est également chief economist de la banque. Il est titulaire d’un PhD. en économie de l’Université de Harvard, ainsi que d’un MSc. et d’un BSc. en économétrie et économie mathématique de la London School of Economics. Avant d’entrer au sein de BGL BNP Paribas en 2012, il était membre à temps plein de la faculté de Finance de la London School of Economics. Ses recherches académiques ont porté sur la dette publi­ que, le risque souverain et les systèmes de pension. Yves Nosbusch est également actif sur la Place. Ancien membre du Conseil de la Banque centrale du Luxem­ bourg, il a été président de 2017 à novembre 2018 du Conseil national des finances publiques – institution qu’il a rejointe dès sa création, en 2014.

Photos

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Yves Nosbusch

BGL BNP PARIBAS


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Vincent Juvyns

J.P. MORGAN ASSET MANAGEMENT

Étienne de Callataÿ

ORCADIA ASSET MANAGEMENT

Titulaire d’un master en gestion de l’entre­prise et en finance délivré par l’Institut catholique des hautes études commerciales de Bruxelles, Vincent Juvyns occupe le poste de stratégiste des marchés mondiaux. Basé en Europe, il est chargé de fournir des analyses économiques et de marché aux clients du Benelux, de France et de Genève. Le monde de l’économie et de la finance l’a toujours fasciné. Passion est le mot qui revient le plus souvent lorsqu’il parle de son métier. Curiosité ensuite. Si on lui demande quelles sont les qualités pour devenir un bon stratégiste, il insiste sur la nécessité de l’expérience pour devenir encore meilleur. « Si la théorie est nécessaire pour acquérir le bon cadre de réflexion qui permet de jalonner notre raisonnement face aux environnements actuels, elle sert finalement relativement peu comme cadre de référence par rapport à ce à quoi on est confronté aujourd’hui. On est dans l’inédit en permanence. Un économiste qui a passé des crises, c’est un peu comme un militaire qui pourrait mettre des galons sur son épaule. » Pour lui, c’est l’expérience historique et du terrain qui fait la diffé­ rence dans le conseil.

Vincent Juvyns

Alexandre Gauthy

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Alexandre Gauthy

DEGROOF PETERCAM LUXEMBOURG

Alexandre Gauthy est macroéconomiste chez Degroof Petercam Luxembourg depuis septembre 2016. Diplômé de l’Université de Liège, où il a obtenu un master en banque et gestion d’actifs, il intègre la banque en août 2012 comme gestionnaire de portefeuilles. Dès l’université, il est captivé par les marchés financiers. Le déclic ? Il assiste à une présentation d’un stratégiste d’une banque belge. Son objectif professionnel est trouvé. Les qualités que doit avoir un bon chef économiste ? « Avant tout, l’éco­ nomiste est confronté à des questions dont l’étendue peut être très vaste. Il est donc primordial de rester informé de l’actualité économique et financière. Ensuite, le goût de l’analyse, l’ouverture d’esprit, la confrontation des arguments et la remise en question de ses hypothèses sont tous des éléments importants dans le métier. L’économie n’est pas une science exacte, et le futur est incertain. L’esprit de synthèse est impor­tant au vu du nombre d’informations à traiter, ainsi que le cheminement intellectuel découlant sur une opinion. J’ajouterai à cela la capacité d’expliquer des concepts parfois complexes de manière simplifiée. »

Étienne de Callataÿ est chief economist d’Orcadia Asset Management et président du conseil d’administration. Durant sa carrière, il a travaillé à la Banque nationale de Belgique (1987-1992), au FMI (19921996), a été chef de cabinet adjoint du Premier ministre belge (1996-1999) et chef de cabinet du ministre des Finances (1999), avant de rejoindre la Banque Degroof (1999-2015), dont il a été le chief economist et un des administrateurs délégués. Son entrée dans la banque est le fruit du hasard. Il rencontre Alain Siaens, alors patron de la Banque Degroof, dans le cadre de son activité de bénévolat. Son aventure politique prenant fin avec la défaite de Jean-Luc Dehaene, Premier ministre belge de l’époque, il propose ses services à Degroof qui ne dispose alors pas d’écono­ miste. Il endosse ce costume. Au début, il participe aux rencontres organisées par la banque privée avec les clients pour parler « climat économique », puis avec les journalistes. Et de fil en aiguille… Pour lui, le bon chef économiste doit être « un esprit extrêmement curieux et ouvert ». Être créatif. Et être prêt au choc des cultures entre celle de l’investis­sement, qui est une culture matérialiste, positive et optimiste, et celle des macroéconomistes, tournée vers l’obser­vation des crises, la conscience des dangers, et qui n’est pas obnubilée par l’argent. Il se compare volontiers à un journaliste : « Je suis dans la transmission de l’information, sa mise en perspective dans une volonté de décryptage. Je me sens beaucoup plus proche du journaliste que de l’expert. »

Étienne de Callataÿ

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Quo vadis Luxembourg? Comment assurer la pérennité du cercle vertueux qui permet de financer un État social fort et de maintenir des niveaux de salaires élevés? Après un accord tripartite qualifié d’historique dans un contexte d’explosion de l’inflation, le directeur de l’Union des entreprises luxem­ bourgeoises (UEL), Jean-Paul Olinger, revient en page 26 sur les enjeux structurels du pays À noter que la rubrique Data Dada de ce numéro, en page 24, est consacrée à l’inflation. Des défis, le secteur des assurances n’en manque pas, à com­ mencer par la modélisation des impacts – actuels et à venir – de la crise climatique, comme l’indique en page 30 la nouvelle CEO d’AXA Luxembourg, Octavie Dexant Pour atténuer les conséquences du réchauffement de la planète, mieux vaut en connaître les origines afin d’agir concrètement. C’est l’exercice auquel s’est livré le List, et que le chercheur Thomas Gibon détaille en page 36 De la protection des consommateurs-­ investisseurs à des pratiques financières qui passent de plus en plus par le canal digital, la réglementation doit s’adapter, comme l’indique en page 40 l’avocate et présidente de l’Association européenne pour le droit bancaire et financier (AEDBF) au Luxembourg, Marie-Paule Gillen 30 ans après l’ouverture de son premier restaurant avec son associé Olivier Fellmann, Dominique Colaianni a dû lui aussi s’adapter à plusieurs crises tout en pouvant compter sur une clientèle fidèle. Le patron de La Mirabelle et du groupe Les Espaces Saveurs partage, en page 42, les moments forts de cette aventure humaine et entrepreneuriale Rencontre également, en page 46, avec Julie Conrad, qui combine les casquettes de graphiste et de designer de produits, avec l’idée d’une production locale et éthique Il se prépare à révéler, le 6 mai prochain, le fruit de son travail de résidence d’un an à la Rockhal. Edsun se confie sans tabou, en page 50, sur son parcours Objet de collection et d’investissement vendu en ligne ou dans des magasins de plus en plus spécialisés, la montre est au cœur du dossier Enjeux de ce mois, en page 54 Ces collègues de travail ne sont pas tout à fait comme les autres puisqu’ils sont aussi frères et sœurs à la tête de leur entreprise familiale. Ils se confient, en page 68, sur cette configuration singulière Dans un environnement pour le moins mouvant, ils continuent de garder un œil attentif sur plusieurs paramètres et font preuve de pédagogie pour ex­ pliquer leur perception de la réalité. Rencontre, en page 96, avec 6 économistes actifs sur la Place. Bonne lecture!

Matic Zorman, Romain Gamba et Nader Ghavami

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