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Guadeloupe
FRÉZIAS NATURE, LA CRÉATION D’UN JARDIN DES MERVEILLES
Imaginé par 2 jeunes passionnés, le projet Frézias Nature s’attelle depuis 2019 à façonnerà Matouba un « jardin des merveilles » . L’idée est de valoriser les richesses forestières de l’île et de recréer des corridors écologiques en pratiquant l’agroforesterie.
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Situés entre 600 et 800 mètres d’altitude, 2 hectares de terres ont été concédés par l’ONF Guadeloupe à Ulysse Mogue et son associé Léonard Normand, les jeunes fondateurs de Frézias Nature, pour leur permettre de développer leur projet agroécologique. Cette initiative, lauréate en 2019 du concours Agriculteurs d’Avenir, catégorie « arbres et cultures » avait au départ été pensée autour de la vanille et du cacao. Puis Frézias Nature a opté pour une succession de cultures étagées et diversifiées assurant un rendement rapide et une meilleure résilience de la production au fil des saisons. L’entreprise propose des paniers de produits frais occasionnels, des cosmétiques naturels et autres consommables transformés, le tout 100 % bio et issu de ces plantations forestières.
L’objectif était de s’inspirer des savoirs locaux en matière de techniques agroécologiques afin d’obtenir une grande diversité végétale via des processus naturels, tout en recréant un maximum de forêts.
Plutôt qu’un système de monoculture défavorable à la biodiversité, Ulysse et Léo ont mis en place un large éventail de cultures étagées sur de petites parcelles, parfois de seulement 60 m 2 . Leur exploitation retirée dans les hauteurs de Matouba s’apparente ainsi à une mosaïque composée de giraumon, roucou, cannelle, goyave, café, piment, herbacées, madère, pois... et même riz ! L’ensemble est cultivé sans machines ni intrants chimiques, entièrement à la main et selon la temporalité de l’agriculture naturelle.
L’agroforesterie est une pratique ancestrale qui désigne l’association d’arbres et de cultures ou d’animaux sur une même parcelle. Elle fait partie des pratiques agronomiques vertueuses. Sur certaines zones dégradées par l’activité humaine, l’agroforesterie offre par exemple la possibilité de reconstituer des écosystèmes et des corridors écologiques – ces passages indispensables au déplacement de la faune et la flore d’un espace naturel à un autre – ce qui favorise les échanges entre les espèces et permet aux végétaux et animaux de recoloniser des milieux endommagés, comme d’anciennes clairières.
Plus globalement, l’agroforesterie participe à améliorer la qualité des sols et la ressource en eau, en réintégrant notamment dans les terres des systèmes racinaires limitant les pertes d’eau et de minéraux. Par l’action naturelle des arbres, elle contribue à capter du carbone et favorise une meilleure qualité de l’air.
À l’échelle de la Guadeloupe, Ulysse et Léo sortent des sentiers battus et souhaitent créer des référentiels pour les agriculteurs dits « non conventionnels », qui se distinguent de l’agriculture productiviste ou industrielle. Ils cherchent à partager leur expérience quant à la production, la transformation et la commercialisation des fruits et légumes pour lesquels il n’existe pas aujourd’hui de marché sur l’île.