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Île de La Réunion

LA CONNAISSANCE SCIENTIFIQUE SUR LES CÉTACÉS À LA PORTÉE DU PLUS GRAND NOMBRE !

Ci-dessus : pendant l’hiver austral, de juin à septembre, les baleines à bosse rejoignent les eaux chaudes de La Réunion pour s’accoupler, ou mettre bas et élever leurs baleineaux. © GLOBICE | Adrian Fajeau

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L’association GLOBICE est née de la volonté d’améliorer les connaissances sur les cétacés dans les eaux réunionnaises. Après plus de 20 ans de recherche scientifique et d’actions de sensibilisation, l’association a aujourd’hui acquis une notoriété nationale, voire internationale, dans le domaine de la protection des cétacés.

Le Groupe local d’observation et d’identification des cétacés (GLOBICE) a été fondé en 2001 par des passionnés de l’océan basés à La Réunion, qui observaient un nombre croissant de baleines à bosse et se sont interrogés sur les espèces de cétacés présentes près des côtes réunionnaises.

Au fil des années, l’association s’est professionnalisée, a porté et participé à des programmes de recherche scientifique pointus, à l’échelle des eaux territoriales et du bassin océanique, pour étudier la question des migrations par exemple. Les travaux réalisés ont mis en évidence l’existence de 24 espèces de cétacés dans la zone !

En mai 2020, un hydrophone a été immergé au sommet du mont sous-marin La Pérouse, à plus de 70 mètres de profondeur et quelque 160 kilomètres des côtes. Cette expérimentation acoustique a permis d’enregistrer pendant près de 10 mois en continu les sons émis par différentes espèces de cétacés. Le rapprochement avec un « répertoire de sons » a confirmé la fréquentation de nombreuses baleines à bosse, de dauphins à long bec mais également… de baleines bleues ! L’espèce est classée par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) en danger critique d’extinction dans le monde. Le retour des observations et enregistrements de ces géants bleus pourrait signifier une augmentation du nombre d’individus : une bonne nouvelle pour l’Océan.

Pose d’un hydrophone au fond de l’eau.

© GLOBICE

Au-delà de ses actions de recherche, GLOBICE a à cœur de vulgariser les connaissances scientifiques acquises et de les rendre accessibles à la population réunionnaise. De nombreux événements sont organisés à destination du grand public et des scolaires, avec la communauté éducative et l’ensemble des acteurs impliqués dans la protection des cétacés.

Pour élargir sa présence sur l’île, 2 projets sont ainsi en cours de développement. Le « Campus cétacé mobile », container itinérant, ira à la rencontre des écoles et partenaires plus éloignés. Le projet « Cétadistance » consistera quant à lui à réaliser des actions de sensibilisation de manière dématérialisée, pour intervenir auprès des populations les plus isolées de La Réunion… et pourquoi pas hors du territoire !

Activité ludique vouée à sensibiliser la jeunesse.

© GLOBICE | J.-M.Gancille

INTERVIEW

JEAN-MARC GANCILLE, RESPONSABLE COMMUNICATION, SENSIBILISATION ET DÉVELOPPEMENT DE L’ASSOCIATION GLOBICE

Jean-Marc Gancille

• La protection des cétacés semble être une évidence, existe-t-il toujours aujourd’hui des menaces qui pèsent sur ces espèces ?

Malheureusement, oui ! Dans le nord de l’océan Indien, les techniques de pêche utilisées ne permettent pas de différencier les animaux capturés. On estime que près de 1,8 million de dauphins a été décimé ces 50 dernières années, ce qui représente 80 % de la population…

Dans les eaux territoriales réunionnaises, ces techniques de pêche ne sont pas utilisées, et la plus grande menace pour les cétacés est finalement celle de l’observation touristique. L’activité de whale watching (observation des baleines) est très attractive et exerce une pression permanente sur les populations de cétacés résidentes. Une réglementation existe désormais, à laquelle GLOBICE a fortement contribué, pour réguler l’activité dans le sens d’un plus grand respect des mammifères marins.

• GLOBICE a fêté l’année dernière ses 20 ans d’existence, comment résumeriez-vous votre parcours ces 2 dernières décennies ?

Depuis 2001, nous avons conduit une montée en puissance des programmes scientifiques qui nous ont permis d’acquérir une crédibilité à l’échelle locale, comme à l’échelle internationale.

En 2020, GLOBICE a ainsi été parrain de la motion 118 visant à « Renforcer la protection des mammifères marins par la coopération régionale » au dernier Congrès mondial de la Nature de l’UICN : une vraie reconnaissance de l’ensemble des confrères, dont nous sommes particulièrement fiers !

Groupe de dauphins d’Électre.

© GLOBICE | Emmanuelle Leroy

• Quelles actions souhaitez-vous mener au cours des prochaines années ?

Au-delà des programmes de recherche, GLOBICE cherche à être toujours plus présent sur le terrain, auprès des Réunionnais et des Réunionnaises.

Nous avons imaginé le projet « Balèn », qui devrait voir le jour d’ici 2025 : l’idée est de créer un tiers-lieu qui serait un endroit d’éducation scientifique et de découverte, dédié à la connaissance et à la protection des cétacés de La Réunion… Une première en France !

Rédaction et interview : Lucie Labbouz

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