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Guyane

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Clipperton

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VERS UNE MEILLEURE PROTECTION DE LA FORÊT AMAZONIENNE ET DES PEUPLES AUTOCHTONES

Plus de 95 % de la Guyane est recouverte par une des forêts tropicales les plus préservées de la planète, mais malgré tout menacée. Deux motions approuvées au Congrès mondial de la nature de l’UICN engagent à plus de protection de la forêt amazonienne et des peuples autochtones.

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La Guyane s’étend sur plus de 83 000 km², ce qui en fait la deuxième plus grande région de France, en superficie. La forêt amazonienne y est particulièrement préservée, en comparaison aux pays frontaliers. Elle abrite des milieux naturels remarquables : forêts tropicales primaires, inselbergs – roches isolées dominant une plaine ou un plateau – savanes, mangroves... De nombreuses espèces animales et végétales, y compris endémiques, constituent ainsi le patrimoine écologique rare et fragile de la Guyane.

Au-delà de la diversité biologique, la diversité culturelle de l’Amazonie est présente à travers les nombreux peuples qui la composent : plus de 175 ! En Guyane, les Kali’na, Lokono, Paykweneh, Teko, Wayana, et Wayãpi sont les six peuples autochtones vivant sur le territoire.

Lors du Congrès mondial de la nature de l’UICN en septembre 2021, la motion « éviter le point de non-retour en Amazonie », adoptée à l’unanimité, invite les États membres à « protéger, conserver et gérer durablement au moins 80% de l’Amazonie d’ici à 2025, en partenariat avec, et en reconnaissant, l’autorité des peuples autochtones [...] ».

Porté par le Comité français de l’UICN, une seconde motion vise à « réduire les impacts de l’industrie minière sur la biodiversité ». Les résultats du vote ont montré un soutien fort à ce texte, des États comme des ONG, ce qui en fait un des textes les plus importants au niveau international concernant les enjeux miniers.

La canopée guyanaise au lever du jour.

© Rémi Michel

Cette motion a pour ambitions principales de réduire les usages de matières premières, de privilégier leur recyclage et d’adopter des alternatives pour la prospection et l’extraction de matériaux bruts. Les mesures qui en découleront permettront de minimiser les projets miniers de grande envergure et les impacts associés sur les écosystèmes.

Au-delà de la réglementation de l’industrie minière, la lutte contre l’orpaillage illégal, qui engendre pollution des cours d’eau et destruction des écosystèmes, restera le défi majeur pour la protection de la forêt de Guyane, plus grande réserve de biodiversité terrestre française.

Représentants de peuples autochtones d’Amazonie équatorienne soutenant l’adoption à l’unanimité de la motion « Éviter le point de nonretour en Amazonie en protégeant 80 % d’ici à 2025 ».

© Comité français de l’UICN

Pour Christophe Yanuwana Pierre, porte-parole et cofondateur du mouvement Jeunesse Autochtone de Guyane :

Ces projets industriels miniers ne menacent pas uniquement les peuples autochtones. Ce sont des projets qui menacent les fleuves, l’ensemble du vivant, l’ensemble de la forêt, et l’ensemble des habitants de Guyane.

Source : interview Survival International France du 2 mars 2021 - https://www.youtube.com/watch?v=nUD7ONR2NCQ

Rédaction : Lucie Labbouz

L’OFB EN OUTRE-MER : PROGRAMMES DE CONSERVATION ET ESPÈCES EMBLÉMATIQUES

Créé le 1er janvier 2020, l’Office français de la biodiversité (OFB) est un établissement public entièrement dédié à la protection de la biodiversité marine et terrestre sur l’ensemble du territoire français. Dans les outre-mer, l’OFB s’implique dans différents programmes de conservation.

© Mathilde Lasfargue

Fort de ses 2 800 agents, l’OFB est responsable d’une large diversité de missions : police, connaissance, appui aux politiques publiques, gestion des espaces naturels et mobilisation de la société. Des équipes pluridisciplinaires qui œuvrent de manière transversale et se déploient à différentes échelles géographiques, notamment dans les territoires ultramarins.

Au total, 14 équipes sont installées au sein de 8 territoires d’outre-mer. L’établissement porte des projets de conservation dans les 5 départements et régions d’outre-mer (DROM) et peut intervenir dans les pays et territoires d’outre-mer (PTOM) à la demande des collectivité locales. La coordination nationale est assurée par 5 délégations territoriales : Antilles, Guyane, océan Indien, Polynésie française et enfin Nouvelle-Calédonie/Wallis-et-Futuna.

Une tortue luth regagne l’océan après la ponte sur la plage de Rémire-Montjoly.

© Mathilde Lasfargue

GUYANE : LA TORTUE LUTH

En Guyane, l’OFB coordonne le Plan national d'actions (PNA) en faveur des tortues marines, qui mobilise une quarantaine d’acteurs locaux. Depuis 2020, des objectifs de coopération transfrontalière se renforcent autour de la conservation de la tortue luth : la sous-population de l’Atlantique Nord-Ouest, classée en danger d’extinction depuis 2019, fait l’objet d’un Plan régional d'actions (PRA) en cours d’élaboration avec les pays voisins (Suriname, Guyane et Trinité-et-Tobago).

Le tuit-tuit à La Réunion.

© Sarah Caceres et Jean-Noël Jasmin

ÎLE DE LA RÉUNION : LE TUIT-TUIT

Comme de nombreuses espèces endémiques de l’île, cet oiseau en danger critique d’extinction est menacé par les espèces exotiques envahissantes. La lutte contre certaines de ces espèces introduites est l’une des missions de l’OFB à La Réunion : une équipe de la direction des Outre-mer anime notamment 3 actions du Plan opérationnel de lutte contre les invasives (POLI) 2019-2022 (DEAL Réunion).

Mammifère marin pélagique, le dauphin à long bec vit autour des côtes et migre pour suivre les bancs de poissons. Le statut UICN de cette espèce est « préoccupation mineure ». Même si leur état de conservation n’est pas préoccupant pour l’instant, ces dauphins restent sensibles aux activités humaines, et notamment au whale-watching. Le Sanctuaire Agoa travaille avec les professionnels de l’observation commerciale des cétacés afin de leur communiquer les bonnes pratiques d’approche. Ceux-ci doivent par ailleurs suivre une formation, délivrée par Agoa, et s’engager à respecter la charte du Sanctuaire pour avoir l’autorisation d’exercer.

© Laurent Bouveret

ANTILLES-GUYANE : LE SANCTUAIRE AGOA

Les eaux du Sanctuaire Agoa, 2ème plus grande aire marine protégée française gérée par l’Office français de la biodiversité, sont riches d’environ un tiers des espèces mondiales de mammifères marins. Ces animaux sont fragiles et certains, comme le lamentin des Antilles, ont déjà disparu des eaux des Antilles françaises. Les missions de l’équipe du Sanctuaire sont donc de veiller à la cohabitation entre activités humaines – travaux sous-marins, whale-watching, etc. – et cétacés, et d’apprendre à mieux connaître ces derniers grâce à des suivis scientifiques tels que les deux campagnes de transects menées en 2021. La coopération internationale est aussi un principe d’action essentiel dans cette mission de protection des cétacés qui, comme l’emblématique baleine à bosse, ne connaissent pas les frontières humaines.

Le namoulohna, une espèce très rare.

© Germinal Rouhan | MNHN

MAYOTTE : LE NAMOULOHNA

Sur terre comme en mer, Mayotte recèle une biodiversité exceptionnelle, dont quelque 300 espèces de coraux et 24 de mammifères marins dans le Parc naturel marin géré par l’OFB. Près de 50 espèces végétales endémiques sont également dénombrées. Le namoulohna (Foetidia comorensis), un arbre d’une rareté exceptionnelle, est uniquement présent à M’tsamoudou. Cette année, le programme Te Me Um de l’OFB soutient notamment l’association des villageois pour protéger cette flore en danger critique d’extinction.

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