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Nouvelle-Calédonie
LA CONSERVATION DU MONT PANIÉ, COGÉRÉE PAR L’ASSOCIATION DAYU BIIK
Depuis 2004, Dayu Biik travaille en cogestion avec la Province Nord sur le site du mont Panié. Véritable levier pour les populations locales sur les questions environnementales, l’association agit pour la préservation et la valorisation d’un patrimoine naturel et culturel d’exception.
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La Réserve de nature sauvage du mont Panié s’étend sur le plus grand massif forestier de la Nouvelle-Calédonie. Avec un taux d’endémisme de plus de 80 % pour la faune et la flore, elle abrite une forêt de kaoris millénaires, qui forme la plus grande forêt de nuages du Pacifique tropical insulaire.
Le kaori est menacé par de multiples facteurs tels que le changement climatique, les micro-organismes pathogènes, les insectes, les activités anthropiques, ainsi que l’érosion des sols due notamment à l’activité fouisseuse des cochons féraux envahissants.
Cet arbre endémique est classé depuis 2014 par l’UICN en danger critique d’extinction. Dayu Biik a mis en place un programme d’actions pour le sauvegarder.
INTERVIEW
LÉON RAZAFINDRAKOTO DIRECTEUR DE DAYU BIIK
• Pourriez-vous nous présenter en quelques mots votre association ?
- L’association pour la conservation en cogestion du mont Panié Dayu Biik (ACCMP Dayu Biik) regroupe16 administrateurs, 5 salariés permanents ainsi qu’une vingtaine de chasseurs volontaires.
Elle a pour but de favoriser la gestion participative et d’assurer avec la population locale et les coutumiers une bonne gouvernance du patrimoine naturel et culturel du territoire de la commune de Hienghène. Nous travaillons notamment à la mise en œuvre du Plan de gestion de la Réserve de nature sauvage du mont Panié.
• Qu’est-ce qui caractérise le massif du mont Panié ?
- Le mont Panié, « toit » de la Nouvelle-Calédonie culminant à 1 629 mètres d’altitude, est un secteur clé pour la biodiversité prioritaire. Considéré comme un centre d’endémisme local, il héberge une quarantaine d’espèces microendémiques, dont 7 palmiers, ainsi qu’une dizaine d’espèces en danger critique d’extinction, tel le kaori ou « dayu biik » en langue locale. Cette espèce sensible, qui peut vivre jusqu’à plus de 1 000 ans, occupe la partie sommitale du massif, un endoit « sacré » pour les coutumiers.
Dans la culture locale, trois sommets sont tabous et le mont Panié symbolise le monde de l’invisible et des esprits. Ce site revêt ainsi une grande importance culturelle en Nouvelle-Calédonie. Dans le Code de l’environnement de la Province Nord, il est classé depuis 2008 en Réserve de nature sauvage , « de façon à préserver ses caractéristiques naturelles intactes ».
• Comment agissez-vous pour contribuer à la conservation de ce site naturel calédonien ?
- La nature et la culture sont au centre des préoccupations de notre association. En termes de conservation de la biodiversité, nos actions s’articulent autour de la mise œuvre du projet d’extension de la Réserve, du suivi de l’état de santé des kaoris et d’opérations de régulation des espèces d’ongulés envahissants avec des chasseurs volontaires des tribus de la commune.
Nous avons aussi initié un travail de concertation de la population de Hienghène pour mieux identifier l’importance culturelle du mont Panié et proposer une gestion communautaire participative de l’environnement à l’échelle des tribus et de la commune. Le projet BEST2.0 « PC-NAT » que nous conduisons est axé sur la promotion de la culture au bénéfice de la préservation de la nature.
Nous intervenons également sur des projets d’éducation à l’environnement avec les établissements scolaires locaux. Et enfin, nous valorisons le site par le biais de sentiers de découverte. L’OFB, via le programme Te Me Um, nous y aide cette année en soutenant notre microprojet.
• Avez-vous obtenu des retours, à la suite de votre participation au Congrès mondial de la nature de l’UICN en septembre dernier ?
- J’ai pu participer virtuellement à ce Congrès. De plus, je suis intervenu sur le Pavillon du programme BEST2.0 et y ai présenté un film documentaire sur notre projet RECOFOR, qui signifie « Régulation des cerfs pour la conservation des forêts », financé en 2018-2019. Nous avons eu un retour très positif ! Notre film sera valorisé sur leur site web et le soutien de la Commission européenne est très encourageant pour nous.
Rédaction : Romy Loublier