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Clipperton

Clipperton

PAR CHARLES TROTTMANN, DIRECTEUR DU DÉPARTEMENT TROIS OCÉANS DE L’AGENCE FRANÇAISE DE DÉVELOPPEMENT (AFD)

Dans son plan d’orientation stratégique 2018-2022, l’AFD a pris l’engagement d’avoir une action « 100 % Accord de Paris ». Elle s’assure systématiquement de la cohérence de tous ses financements avec un développement bas carbone et résilient du pays ou du territoire, au sens de l’Accord de Paris. Elle continue par ailleurs à dédier 50 % de ses financements à des projets présentant des bénéfices directs dans la lutte contre les changements climatiques, qu’il s’agisse d’atténuation ou d’adaptation.

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Avec les Outre-mer, la France se place au quatrième rang mondial en termes de biodiversité, ce qui lui confère une responsabilité majeure en matière de conservation de la nature. Les enjeux de préservation de l’environnement et des ressources naturelles sont d’autant plus importants qu’ils ont des répercussions importantes sur les populations et nécessitent une mobilisation active des solutions fondées sur la nature et de leurs multiples cobénéfices.

Dans un contexte de grande diversité sur les trois océans (Atlantique, Pacifique et Indien), le Groupe AFD se démarque par son ancrage fort dans les territoires français ultramarins, tout autant que dans les États qui les avoisinent. Premier partenaire financier du secteur public ultramarin, l’AFD continue de mobiliser sa palette d’outils en prêts ou en subventions pour accompagner les collectivités dans leurs investissements visant l’atténuation des effets du changement climatique, la réduction des vulnérabilités, la protection de la biodiversité, la réduction des déchets et le lien social. Avec 156 M€ de financements dédiés en 2020 à l’atténuation et à l’adaptation au changement climatique et à la biodiversité, dont près de 60 M€ consacrés à la biodiversité (10 % de l’engagement total du Groupe sur la biodiversité), l’Agence renforce son positionnement auprès des collectivités ultramarines dans la mise en œuvre de leur stratégie de développement durable et de transition écologique.

Parmi les programmes emblématiques auxquels participe le Groupe figure l’Initiative Kiwa, dans le Pacifique, une des régions du monde les plus vulnérables aux effets du changement climatique. Ce programme, doté de 41 M€, fédère l’Union européenne (UE), les Affaires mondiales du Canada (GAC), le Département des Affaires étrangères et du Commerce de l’Australie (DFAT) et le ministère des Affaires étrangères et du Commerce de la Nouvelle-Zélande (MFAT). Mise en œuvre par l’AFD, l’Initiative Kiwa ambitionne de protéger la biodiversité terrestre et marine de cette région en privilégiant les solutions fondées sur la nature. Elle a vocation à répondre à des besoins existants et à renforcer les capacités des 19 pays et territoires insulaires du Pacifique éligibles, dont les trois collectivités ultramarines françaises de la région : Nouvelle-Calédonie, Polynésie française et Wallis-et-Futuna.

Dans l’océan Indien, le Groupe soutient entre autres les Plateformes d’intervention régionales de la Croix-Rouge française, mises en place dans les Outre-mer pour faire face aux catastrophes naturelles.

Du côté de l’océan l’Atlantique, l’AFD participe activement à la protection des îles et des zones côtières des pays de la Caraïbe contre les invasions massives et régulières d’algues sargasses. L’Agence répond à cette urgence à travers plusieurs actions, notamment le financement de la Conférence Internationale sur les Sargasses en 2019, le financement de la réalisation d’une bande dessinée documentaire qui combine la recherche scientifique et la mise en image artistique afin de sensibiliser le public, ou encore le financement d’une étude de faisabilité pour la mise en place d’un réseau de mesure de la qualité de l’air dans les pays de la Caraïbe.

L’AFD a dédié près de 10 Mds€ à la biodiversité depuis 2013. Elle continuera de soutenir des projets de territoires résilients présentant de réels bénéfices pour l’environnement et amplifiera son soutien aux solutions fondées sur la nature, les écosystèmes constituant la pierre angulaire des efforts d’atténuation et d’adaptation au changement climatique.

Charles Trottmann

PROTÉGER LA BIODIVERSITÉ : UN DÉFI COMMUN AUX TROIS OCÉANS, UNE PRIORITÉ DE L’AGENCE FRANÇAISE DE DÉVELOPPEMENT

Le patrimoine naturel de l'outre-mer français est unique, tant par sa richesse que par sa diversité. Or il est fortement menacé par la destruction des habitats, la surexploitation des ressources, la pollution, la prolifération d'espèces invasives... Priorité aussi cruciale que le climat, la protection de la biodiversité est au cœur des projets du Groupe AFD.

La biodiversité devient un enjeu aussi crucial que le changement climatique. Sa sauvegarde est au centre des négociations liées à l’atteinte des objectifs de l’Accord de Paris ou de l’Agenda 2030.

Pour enrayer ce déclin et assurer la protection des écosystèmes, des changements majeurs et une mobilisation aux niveaux national et international s’imposent. Aujourd’hui l’agenda international s’accélère : le futur Cadre mondial pour la biodiversité sera négocié lors de la COP15 de la Convention sur la diversité biologique en avril en Chine, après son lancement virtuel en octobre dernier.

Le Groupe AFD accompagne la restauration et la gestion durable des espaces naturels, avec et au bénéfice des populations, et intègre cette dimension dans toutes ses politiques de développement. Zoom sur une action portée ou soutenue par le Groupe dans chacun des trois océans.

Karen McDonald Gayle, directrice générale par intérim du CBF.

© CBF

OCÉAN ATLANTIQUE : L’ACCOMPAGNEMENT DU PROJET CARIBBEAN BIODIVERSITY FUND

Aux côtés de la KFW, l’AFD et le FFEM vont accompagner sur cinq ans le Caribbean Biodiversity Fund (CBF) et les 12 fonds fiduciaires nationaux qui lui sont affiliés, en mettant en place une Contribution régionale en appui à la biodiversité (CRAB) de quatre millions d’euros.

Créé en 2012, le CBF est en effet un fonds fiduciaire régional dédié au financement durable de la conservation de la biodiversité marine et terrestre. En investissant son capital (125 millions de dollars) sur les marchés, il génère un revenu régulier venant majorer les ressources des fonds fiduciaires de conservation nationaux de la zone.

L’objectif du CRAB est de consolider des mécanismes de financements innovants et durables pour venir en appui du programme de conservation de la biodiversité porté par le Caribbean Biodiversity Fund. Ce nouveau projet régional couvre la Guadeloupe, Haïti, la Martinique et la République dominicaine. Il s’agit d’aller vers les meilleures pratiques, de mieux aligner les financements sur les priorités régionales pour la biodiversité, de créer des passerelles avec les acteurs français, d’apporter un soutien aux communautés touchées par les conséquences de la pandémie et de contribuer, avec l’OECO, au développement de filières certifiées « Blue Bio Trade ».

La vanille de Humblot, endémique de Mayotte et des Comores, sur l’îlot M’bouzi.

© Les Naturalistes de Mayotte

OCÉAN INDIEN : VARUNA, UNE AMBITION POUR LA BIODIVERSITÉ !

Varuna est le premier programme régional du Groupe AFD à intervenir à l’échelle des territoires du hotspot de biodiversité de Madagascar et des îles de l’océan Indien. Il associe à la fois universitaires, société civile, gestionnaires des aires protégées, entreprises, journalistes et décideurs. La première phase, qui débute en ce mois de janvier, vise à préserver la biodiversité du hotspot à travers des actions de coopération régionale incluant : la gestion des aires marines protégées, la comptabilité du capital naturel, la préfiguration d’une agence régionale dédiée à la biodiversité, la valorisation d’initiatives exemplaires et enfin la coconstruction et le partage de savoirs.

Pour réaliser ces objectifs, le programme Varuna, financé à hauteur de 10 millions d’euros par l’AFD, prévoit donc d’intervenir sur l’ensemble du hotspot. Son animation est confiée à Expertise France, qui fera appel à des partenaires français, malagasy, comoriens, mauriciens et régionaux, en s’appuyant notamment sur les expertises des associations Réserves naturelles de France et Naturalistes de Mayotte, des universités de Maurice et des Mascareignes, de l’Union des chambres de commerce de l’océan Indien, du Cirad et de l’IRD. En proposant des solutions opérationnelles pour prendre en compte la biodiversité dans les politiques publiques et le développement des entreprises, Varuna contribue à protéger 30 % du hotspot, avec au moins 30 % de cobénéfice des « financements biodiversité » en faveur également du climat.

Un magnifique dessin extrait de l’exposition.

© Titouan Lamazou

OCÉAN PACIFIQUE : L’EXPOSITION « ESCALES EN POLYNÉSIE »

Cet événement artistique est à découvrir jusqu’au 26 juin au musée de Tahiti et des Îles. Il est né de l’exposition « Le Bateau-atelier » accueillie au musée du Quai Branly en 2018 et 2019, à travers laquelle Titouan Lamazou proposait une navigation imaginaire aux îles Marquises.

Engagé sur les thèmes de l’environnement, de la paix, des femmes, le peintre voyageur révèle ici la richesse naturelle, humaine et culturelle des cinq archipels de la Polynésie française, en élargissant à l’ensemble du vivant l’attention qu’il a toujours portée aux êtres humains. Ses portraits, paysages et scènes de vie mettent en évidence le lien essentiel qu’entretiennent les Polynésiens avec la nature et ainsi la capacité de résilience que ces populations ont su développer et qui doivent nous inspirer.

Ateliers, conférences, et également visites d’établissements scolaires sont programmés au musée. Car si l’exposition « Escales en Polynésie » est destinée au grand public polynésien et de passage, elle a vocation à être principalement orientée vers la jeunesse, avec notamment l’organisation du concours de dessin « Dessine-moi un motu ».

Afin de sensibiliser les jeunes des îles éloignées pouvant difficilement se rendre à ce type d’événement, des visites seront organisées dans des écoles des cinq archipels. Ce partenariat avec l’AFD s’inscrit dans le cadre de sa mission de sensibilisation et de communication d’intérêt général pour sensibiliser les Français – ici plus particulièrement les Polynésiens – sur l’importance des enjeux environnementaux, de résilience et d’éducation au développement.

Dans le prochain numéro d’Outre-mer grandeur Nature, nous irons avec l’AFD à la rencontre de l’artiste Titouan Lamazou.

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