7 minute read
Guadeloupe
Ci-dessus : vue aérienne de la forêt marécageuse et de la mangrove de Jarry. © DEAL Guadeloupe
LA FORÊT MARÉCAGEUSE DE JARRY : UN ÉCRIN DE VERDURE AU CŒUR DU POUMON ÉCONOMIQUE DE L’ÎLE
Advertisement
La zone industrielle de Jarry est l’une des plus grandes zones d’activités de France : elle s’étend sur près de 300 hectares et génère plus de 10 000 emplois. Au cœur de cette zone économique se trouve une forêt humide méconnue de 180 hectares, que le Conservatoire du littoral et ses partenaires visent à préserver et à restaurer, grâce au projet JA-RIV.
Depuis les années 1970, la forêt marécageuse de Jarry subit de fortes pressions en raison du développement de la zone industrielle : elle a perdu près d’un quart de sa surface ces 50 dernières années ! Les arbres sont coupés et la zone humide comblée pour permettre l’implantation de nouvelles entreprises. Les pollutions issues des activités industrielles, de la circulation ou encore les pollutions lumineuses et sonores impactent fortement les milieux.
Cet espace de mangrove et de forêt marécageuse est pourtant remarquable, d’un point de vue écologique, mais également du point de vue de la protection des biens et des personnes. Situé à l’interface de la terre et de la mer, il joue un rôle « tampon » majeur et atténue les effets des événements climatiques (inondations, cyclones, érosion du littoral).
Pour lutter contre les pressions sur cette zone humide, le Conservatoire du littoral pilote le projet JA-RIV, qui a pour objectif principal de restaurer et préserver la mangrove et la forêt marécageuse de Jarry. Il agit en premier lieu en sollicitant les entreprises qui occupent illégalement le domaine public, afin de les accompagner vers une libération des terrains qui ont été remblayés sur la forêt. À terme, ce sont 27 hectares qui seront libérés, dépollués puis restaurés. La dépollution des sols est d’ailleurs particulièrement problématique en Guadeloupe, où il n’existe pas de filière dédiée. Des expérimentations consistant à utiliser des plantes ou des micro-organismes pour dépolluer seront menées sur certaines parcelles.
En parallèle de ces actions de « libération » des terrains occupés, un diagnostic complet du site a été réalisé : inventaires floristique, faunistique, et études hydrologiques ont permis de mettre en avant des problématiques particulières – la pollution aux hydrocarbures par exemple – et d’initier des discussions avec les acteurs concernés.
Selon Angélique Gourdol, responsable du projet JA-RIV pour le Conservatoire du littoral :
Des actions de sensibilisation seront par ailleurs conduites, notamment l’aménagement d’un sentier de découverte, pour amener le grand public à explorer la forêt marécageuse et ses espèces remarquables. Ce sentier permettrait également de connecter la zone économique au reste de l’île, dans le cadre plus large du développement des mobilités douces à l’échelle du territoire.
Rédaction : Lucie Labbouz
LE CIRAD DANS LA CARAÏBE : UN ACTEUR PHARE DES RÉSEAUX RÉGIONAUX DE SANTÉ, ANIMÉ PAR L’APPROCHE « UNE SEULE SANTÉ »
Aux Antilles-Guyane, le Cirad mobilise près de 200 chercheurs, ingénieurs et techniciens dans les trois territoires de Guadeloupe, Martinique et Guyane. Ses programmes en agroenvironnement et santé rayonnent dans l’ensemble de la Grande Caraïbe.
LE RÉSEAU CARIBÉEN DE SANTÉ ANIMALE ET DE SANTÉ PUBLIQUE VÉTÉRINAIRE CARIBVET
Né il y a une vingtaine d’années, le réseau CaribVET a été construit à partir d’un engagement fort du Cirad et de ses partenaires caribéens en lien avec les organisations régionales. Il met en réseau les services de santé vétérinaire de la sous-région et facilite les interactions entre CARICOM, les Antilles françaises, américaines, néerlandaises, britanniques, Cuba et la République dominicaine.
L’objectif est de répondre de façon opérationnelle et coordonnée aux enjeux sanitaires et aux émergences de maladies dans la Caraïbe qui compte plus d’une trentaine de territoires de tailles, d’économies et de statuts politiques très variés. CaribVET, unique réseau de santé animale et santé publique vétérinaire de la Caraïbe, est reconnu par les instances régionales (CARICOM, CAHFSA, IICA) et internationales (OIE, FAO, PAHO, USDA) – ellesmêmes parties prenantes de sa gouvernance. Il regroupe les services vétérinaires de 34 pays et territoires, sept universités et sept centres de recherche et développement (48 membres). Il a, depuis 2020, un statut d’association loi de 1901 après avoir fonctionné sur la base d’une charte pendant près d’une décennie, ce qui lui permet de participer et de piloter des projets en son nom.
Le réseau bénéficie d’une gouvernance et d’une coordination participative très actives. Actuellement la présidence tournante est assurée par le chef des services vétérinaires de Cuba ; le secrétariat et le comité de coordination sont pilotés par le Cirad. Les groupes de travail (laboratoires, épidémiologie, santé publique vétérinaire, recherche, maladies des principales filières animales…) favorisent des collaborations avec d’autres projets régionaux. Ainsi, CaribVET s’est impliqué dans la gestion de la santé animale lors de catastrophes naturelles en appuyant les services vétérinaires et la coordination de l’aide dédiée à la santé animale comme ce fut le cas en 2021 après l’éruption volcanique à Saint-Vincent. Il s’organise actuellement pour faire face à la ré-émergence de la peste porcine africaine (PPA) dans la région.
LE CPHD (CARIBBEAN PLANT HEALTH DIRECTORS) : LE RÉSEAU RÉGIONAL POUR LA SANTÉ DES PLANTES
Quant au domaine de la santé végétale, il est couvert par un réseau régional du même type, le forum des Directions des Services Phytosanitaires de la Caraïbe (CPHD), dont le Cirad est membre et animateur du groupe de travail sur les maladies des musacées (bananiers et plantains) qui fait l’actualité avec la menace de l’arrivée de la fusariose TR4 dans la zone.
LA COORDINATION PAR LE CIRAD DE L’INITIATIVE CARIBGREEN
Pour promouvoir l’approche « une seule santé » à l’échelle de la Caraïbe, le Cirad s’appuie sur les socles partenariaux solides, CaribVET et CPHD Forum, et également sur une expérience riche en agroécologie et avec ses partenaires locaux guadeloupéens de santé humaine. Ainsi est née l’initiative d’une plateforme partenariale et collaborative CaribGREEN. Cette plateforme a vocation à rapprocher dans la Caraïbe les différentes santés : humaine, animale, végétale et environnementale. Son approche « One Health » se veut pragmatique en renforçant les collaborations entre réseaux régionaux de santé existants – CaribVET, CPHD notamment – tout en y associant une composante environnementale, en mobilisant les leviers de l’agroécologie et de l’agroforesterie.
La plateforme CaribGREEN est soutenue financièrement pour deux ans par l’AFD. Elle interagit avec d’autres grands projets coordonnés par le Cirad dans l’océan Indien et en Afrique de l’Ouest, ou le projet européen MOOD. Cette dynamique est alignée avec l’initiative internationale PREZODE, dont le Cirad est l’un des organismes fondateurs, initiative lancée lors du « One Planet Summit » en janvier 2021 par le président de la République, avec le soutien de la Commission européenne et de la FAO.
L’initiative PREZODE (PREventing ZOonotic Disease Emergence) est une initiative mondiale pour prévenir les épidémies.