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Himalayan Flower, la fine feuille des darjeeling de printemps

Un parfum floral s’échappe avec finesse de l’Himalayan Flower, dont le bouquet annonce avec fraîcheur les premières notes du printemps. D’une grande richesse aromatique, ce thé noir est issu des récoltes printanières et se partage comme une confidence d’initiés entre amateurs du monde entier. À raison, car le déguster, c’est prendre un aller simple pour l’Inde, sur les terres éternelles de Darjeeling.

Dans les contreforts de l’Himalaya , une centaine de jardins se partagent le privilège de cultiver l’un des thés les plus prisés au monde : le darjeeling. Auréolée de mystère, cette appellation (la seule Indication Géographique Protégée du monde théicole) offre des thés profonds aussi rares que copiés… mais jamais égalés.

Au carrefour de cultures et de traditions

Nombreux sont les passionnés à avoir succombé au bien nommé « jardin de la foudre » (du tibétain Dorjé Ling). À la croisée du Tibet, du Bhoutan, du Népal et du Bangladesh, la région est un carrefour de cultures et de traditions dans lesquelles le thé a une place cruciale. La plante a même scellé l’histoire de cette terre de confluences : si en 1780, le territoire était contrôlé par les rois bouddhistes du Sikkim, il a ensuite été envahi par le Népal, puis les Anglais en ont pris le contrôle en 1835 pour le compte de la Compagnie britannique des Indes orientales. Sous des latitudes idéales pour la culture du thé, Darjeeling a ainsi traversé les époques et les bouleversements politiques pour pouvoir offrir aujourd’hui son thé noir inimitable et préservé.

Des théiers à perte de vue

Depuis la ville de Darjeeling, au cœur du Bengale occidental, se dévoile un paysage onirique : la chaîne de montagnes sacrées de l’Himalaya découpe sur 250 km ses crêtes vertigineuses, et sur ses versants, des champs entiers d’arbustes verdoyants s’étendent à perte de vue. Ici, pas de théiers d’Assam comme ailleurs dans le pays. C’est le botaniste Robert Fortune (lire p. 30-31) qui, au xixe siècle, vient planter en Inde des théiers rapportés de Chine. Le Camellia sinensis ainsi expatrié s’est tant épanoui sur ces terres bengalies que les plantations se sont peu à peu étendues jusqu’à quasiment recouvrir les pentes escarpées de ces zones montagneuses.

Une récolte de printemps exceptionnelle

Aujourd’hui, ces jardins de thé occupent 17 500 hectares et emploient la moitié de la population locale ! Certains d’entre eux donnent au printemps d’exquises feuilles et de délicats bourgeons d’un vert tendre cueillis à la main. Ces premières récoltes de l’année sont très attendues et célébrées pour l’excellence incontestée de leur production. Et pour cause : les arbustes, soigneusement laissés en dormance pendant plusieurs mois, ont concentré dans leurs plus jeunes pousses toutes les huiles essentielles lentement accumulées pendant l’hiver. Ainsi, seules les premières cueillettes de printemps contiennent une si grande quantité de bourgeons ( golden tips) et de premières feuilles chargées d’essences aromatiques, et cela compose un first flush (littéralement, « première récolte ») tellement exceptionnel qu’il est demandé dans le monde entier.

Un thé rare et mystérieux

Des effluves sacrés émanent de ce thé mythique qui retrace en une tasse l’histoire entière de la boisson. Cultivés entre temples bouddhistes et hindous, les feuilles et bourgeons de cet Himalayan Flower se parent de teintes cuivrées pour infuser en une liqueur dorée, avec une élégante astringence doublée d’une pointe d’amertume. Le résultat : un thé noble qui se développe sur la longueur avec beaucoup de persistance, soutenue par une structure tannique unique !

Ses notes florales, végétales et amandées en font l’allié parfait d’un croissant bien beurré tout juste sorti du four, pour s’éveiller aux merveilles de cette région hors du temps dès les premières heures du jour. •

DES GRADES DANS LE THÉ ?

On peut souvent lire sur les thés noirs une énigmatique série de lettres. Elle indique en réalité le grade du thé, et notamment le type de cueillette ainsi que la taille de la feuille. Par exemple, lorsqu’il est noté F.T.G.F.O.P., soit Finest Tippy Golden Flowery Orange Pekoe, cela signifie que le thé provient de la cueillette la plus fine composée des deux premières feuilles et du bourgeon terminal qui se retrouve doré par l’oxydation. Une récolte particulièrement remarquable !

Dans les régions himalayennes, le temps change très vite. Le soleil resplendit, puis la brume et la pluie saisissent les plantations en quelques minutes à peine.

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