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Annexes

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Jayne Engle

MCCONNELL FOUNDATION

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L’époque à laquelle nous vivons exige que nous fassions appel à notre créativité, notre curiosité et notre courage, individuellement et collectivement, pour faire face aux problèmes complexes qu’entraînent les changements climatiques et les inégalités croissantes. Au cours de la prochaine décennie, nous devrons apporter des changements sans précédent dans toutes les facettes de la société et cela doit commencer là où nous habitons, c’est-à-dire dans nos villes, nos quartiers et nos communautés. La bonne nouvelle est que nous avons ce qu’il faut pour faire ces changements. Cela exigera toutefois de nouvelles façons de nous organiser, et d’organiser nos systèmes. Nous devons aussi mieux réfléchir et agir ensemble, afin de répondre aux Appels à l’action de la Commission de vérité et réconciliation du Canada.

Celle-ci a publié son rapport en 2015, la même année où nous avons entamé le parcours qui a mené à la création du programme Canada participatif. Des partenaires de la Fondation McConnell ont découvert cette année-là des travaux inhabituels et inspirants faits à Londres au Royaume-Uni dans le but de transformer des communautés. Ils étaient inhabituels du fait de leur conception, qui invitait tout le monde à faire part de leurs idées créatives, et prometteurs en raison de leur potentiel de changement systémique et d’accroissement de l’ampleur. Éventuellement appelée Every One Every Day, l’initiative, qui a d’abord été mise en œuvre dans l’arrondissement de Barking et Dagenham à Londres, était dirigée par la Participatory City Foundation. Nous avons eu envie d’adapter et de développer ces travaux ici au Canada, qui incluaient l’amélioration de la cohésion sociale, l’accélération de la transition écologique et de l’économie de demain, et l’avancement de la réconciliation au sein des communautés locales.

La Fondation McConnell et la Participatory City Foundation ont donc fait équipe pour mettre sur pied le programme Canada participatif. Elles l’ont fait avec le soutien du Programme de préparation à l’investissement du Gouvernement du Canada et en réponse à des demandes de la part de Halifax, Montréal et Toronto. Nous voulions réaliser une phase de recherche et développement sociale (R et D sociale) d’un an pour explorer la faisabilité de cette approche. Nous étions au beau milieu de notre planification au début de l’année 2020 lorsque la pandémie de la COVID-19 a commencé. Nous avons alors dû modifier notre trajectoire pour voir ce qui était possible dans notre nouvel environnement. Les équipes des trois villes ont rapidement décidé d’aller de l’avant et de modifier leurs plans au besoin, car elles avaient compris qu’il était plus important que jamais de renforcer la résilience communautaire de manière novatrice.

La pandémie est venue exacerber les inégalités déjà en place et a donné lieu à de nouvelles crises, dont bon nombre se poursuivront encore longtemps. Si nous voulons être à la hauteur collectivement face à l’ampleur des défis auxquels nous sommes confrontés, nous devons imaginer et créer de nouvelles façons d’être, de vivre et de travailler ensemble, au sein même des communautés locales. Et pour créer les conditions nécessaires à une telle transition, au rythme et à l’ampleur exigés, nous devons repenser la création d’infrastructures sociales pour que celles-ci puissent correspondre à l’avenir.

Alors, quelles sont les infrastructures sociales qui conviennent à l’époque?

La Fondation McConnell se penche sur la question dans sa stratégie communautaire1. Les infrastructures sociales aident à nourrir et maintenir une vie collective saine à l’échelle communautaire en permettant aux gens de se réunir en vue d’apprendre et de prendre soin les uns des autres, et de façonner une société à leur image. Voici une définition préliminaire des infrastructures sociales :

Il s’agit des services, des systèmes, des lieux physiques, des espaces, des plateformes et des organismes accessibles au public qui déterminent la façon dont les gens interagissent les uns avec les autres, et qui peuvent appuyer la vie collective. Elles ont le pouvoir d’encourager les interactions sociales, de permettre aux personnes, aux familles, aux groupes ou aux communautés de répondre à leurs besoins sociaux et collectifs, et de prospérer, et d’améliorer la résilience et le bien-être communautaires, aujourd’hui et demain.

Les données probantes recueillies jusqu’à maintenant indiquent que l’approche de l’initiative Every One Every Day renvoie à des infrastructures sociales efficaces. Elle fournit des outils, des ressources, des relations, du savoir et des lieux accessibles qui permettent aux gens de créer, fabriquer, apprendre et croître ensemble, et ce, au sein de réseaux de coopération qui constituent les pierres d’assise d’une société saine et résiliente. Les projets réalisés par Halifax, Toronto et Montréal prouvent qu’il est possible d’adapter cette approche à différents contextes. Par exemple, à Halifax, l’initiative Every One Every Day Kjipuktuk-Halifax est gérée par des Autochtones et place la réconciliation au cœur des préoccupations. À Montréal, Notre voisinage crée de la solidarité entre des résidentes et résidents de longue date et des personnes arrivées récemment au Canada, en favorisant les projets axés sur une transition écologique urbaine. Enfin, à Toronto, le projet Our Neighbourhood vient renforcer la cohésion sociale, surtout entre des résidentes et résidents de divers milieux qui n’habitent pas le même type de logement.

Nous n’aurions jamais pu imaginer à quel point le monde allait changer lorsque nous avons amorcé ce parcours il y a plusieurs années. Aujourd’hui plus que jamais, nous devons faire tout ce que nous pouvons pour créer un monde meilleur, pour les générations actuelles et futures.

Canada participatif peut nous aider à y arriver, car il fournit une trame narrative originale et des exemples tangibles de ce à quoi la transition peut ressembler à l’échelle des quartiers. Il adopte une approche pouvant entretenir des liens avec des mouvements de changement semblables, solidifier les travaux faits actuellement dans les communautés, et être adaptée et développée dans les différentes villes du monde. Plus simplement, il nous procure de l’inspiration pour repenser notre manière de vivre et de travailler ensemble au sein des communautés afin que celle-ci soit favorable à avenir meilleur.

L’organisme Participatory City a élaboré une approche systémique innovante sur une période de 11 ans en vue d’intégrer la participation pratique au cœur même de la vie quotidienne. Cette approche combine des systèmes, des méthodes, des infrastructures et des stratégies qui ont donné lieu à des moyens uniques de créer conjointement une participation inclusive dans les quartiers, les arrondissements et les villes.

Au plus haut niveau, ces nouveaux systèmes participatifs sont conçus pour appuyer la transition vers un mode de vie plus sain, équitable et durable (et régénérateur).

Il n’est pas question que cela ne soit qu’un ajout agréable aux grandes infrastructures sociales. Ces systèmes sont indispensables dans toutes les communautés, comme nous l’ont dit à plusieurs reprises les résidentes et résidents avec qui nous avons collaboré. Ils existent pour qu’il soit facile de participer à des activités pratiques, utiles, agréables et inclusives au sein même des quartiers. Ils ne reposent pas sur des gens extraordinaires ou des héros. Au contraire, ils peuvent faire partie de la vie de tous les jours pour que les communautés en tirent de nombreux avantages.

Bien qu’il soit possible d’établir des comparaisons avec les approches de création de communautés, l’approche de l’organisme Participatory City est unique, car elle place les gens et leurs compétences au cœur même de la création conjointe d’une nouvelle façon de vivre ensemble. Nos recherches à ce jour sur l’impact d’une participation continue et répétée dans le cadre de l’initiative Every One Every Day montrent qu’une telle participation nourrit une capacité d’agir individuelle et collective. Celle-ci se manifeste par des gens s’adonnant ensemble à des activités pratiques et utiles de la vie quotidienne.

EARLY CONFIDENTIAL DRAFT, PLEASE DO NOT CIRCULATE

EARLY CONFIDENTIAL DRAFT, PLEASE DO NOT CIRCULATE

Canada participatif

Ce qui a été réalisé à Halifax, Toronto et Montréal au cours de la dernière année est remarquable. Les équipes de ces trois villes ont fait preuve du genre d’imagination, de souplesse et de résilience qu’il faut pour rebâtir ensemble nos sociétés, à tous les niveaux. Elles ont réussi à contourner tous les obstacles imposés par la COVID-19 pour réaliser et tester des projets dans leur quartier.

Bâtir de nouveaux systèmes participatifs pratiques n’est pas la même chose que reproduire des projets ou des programmes standards. Cela implique de découvrir comment faciliter la cocréation de possibilités qui permettront aux gens, aux familles et aux organismes d’aider à créer des modes de vie cohésifs et régénérateurs. Cela implique aussi d’intégrer les différents lieux et idées à un vaste réseau d’occasions de participation, où tout le monde pourra exprimer sa créativité.

Cette approche de « ville participative » consiste à intégrer à long terme une infrastructure sociale d’apprentissage, de désapprentissage et de réapprentissage dans nos quartiers. C’est un processus de co-création qui est dynamique et s’adapte constamment aux nouvelles personnes et idées qui viennent donner vie aux villes et aux quartiers. Adaptatif, créatif et changeant, il cultive un environnement vivant qui réagit aux idées, changements, défis et possibilités qui se présentent.

Les équipes des trois villes ont relevé ce pari, durant une période particulière où se tenir loin les uns des autres était plus bénéfique qu’être ensemble. En même temps, le besoin de contact humain n’avait jamais été si grand.

La réalisation de cette initiative au Canada durant la dernière année a été doublement inspirante pour moi d’un point de vue personnel :

• Elle est venue mettre en lumière l’ampleur de ce que nous avons à apprendre les uns des autres; • Elle m’a montré à quel point ces apprentissages sont merveilleux, mais aussi complexes.

J’en suis également venue à mieux comprendre la condition humaine.

Nous sommes tous et toutes uniques et extraordinaires, tout en étant, de bien des façons, semblables. Nous avons besoin les uns des autres.

Alors que nous continuons de développer cette approche, je sais que nous parviendrons à créer d’autres moyens intéressants et efficaces pour réunir des gens sous le signe de l’amitié et de la confiance. Et c’est grâce à ces fondements d’amitié et de confiance que nous pourrons susciter les idées et l’enthousiasme nécessaires pour concevoir des choses concrètes et utiles qui amélioreront notre vie, ainsi que celle des générations futures.

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