2 minute read
d’animation
« L’animation contient toutes les formes d’art et, à cet égard, nous vivons une nouvelle Renaissance 1 » Comment mieux dire l’ampleur du phénomène qui se joue aujourd’hui sous nos yeux ?
Le temps est en effet révolu où l’on considérait communément le dessin animé comme un genre pour enfants obéissant aux canons disneyens, en ignorant à peu près tout de son extraordinaire palette. Peinture animée, films de marionnettes, grattage sur pellicule, animation sur écran d’épingles, ombres chinoises et papiers découpés lui ouvrent pourtant, depuis plus d’un siècle, un champ d’investigation sans limite, à la croisée des arts plastiques, de la danse, de la musique, de la littérature, de la poésie et du cinéma.
Advertisement
Avec le numérique, l’animation a vu ses possibilités expressives s’amplifier et sa présence s’étendre à tous les écrans. Aujourd’hui, elle fait feu de toute part : des longs-métrages du Studio Ghibli à ceux de Wes Anderson ou Guillermo del Toro aux séries qui s’émancipent des standards établis pour s’ouvrir à d’autres publics et d’autres écritures, jusqu’aux créations originales pour internet. Elle n’a jamais été aussi visible dans sa diversité formelle.
En quelques années, elle est devenue en France l’une des filières les plus dynamiques des industries culturelles. Troisième pays producteur d’animations derrière les États-Unis et le Japon, notre pays a imposé un modèle qui repose sur la personnalité artistique de ses auteurs – formés dans un réseau d’écoles reconnues pour leur excellence – et une économie conjuguant financements publics et privés, et coproductions à l’échelle européenne. Et la région des Pays de la Loire, dans tout cela ? Elle s’est inscrite dans le mouvement de l’histoire. Sans qu’on le soupçonne, de grands noms sont attachés à son territoire : Benjamin Rabier dont le célèbre canard Gédéon ambitionna de rivaliser avec ses cousins américains, Félix le Chat, Mickey Mouse et consorts ; Jacques Demy qui fit ses premiers pas de réalisateur en animant des marionnettes ; Serge Danot dont Le Manège enchanté ravit plusieurs générations de jeunes téléspectateurs ; René Laloux qui jeta à Angers les bases de ses films avec Moebius et Caza ; Marc Caro qui participa avec Jean-Pierre Jeunet à l’effervescence créative des années 1980 ; Michel Ocelot qui fut un temps élève à l’école des beaux-arts d’Angers avant que Michel Body n’y crée, en pionnier, l’une des toutes premières formations à l’animation… Une histoire souvent faite d’éclipses, car la condition du cinéma d’animation est restée précaire en France jusqu’au tournant du nouveau millénaire.
Mais il y a aussi les festivals, les salles de cinéma, les associations qui, au cours de ces décennies, ont travaillé à créer un public pour le cinéma d’animation, à promouvoir celui-ci en tant qu’art, en montrant des films de tous horizons, en invitant leurs réalisateurs à rencontrer les habitants, comme Nick Park à Premiers Plans, Koji Yamamura aux Trois Continents, David O’Reilly à La Roche-sur-Yon et tant d’autres… Ces lieux de diffusion ont aussi suscité des vocations, aiguisé des envies de créer, d’entreprendre en région.
Aujourd’hui, une floraison de talents, d’idées et d’initiatives témoigne que l’animation est bien présente dans les Pays de la Loire, avec ses écoles, ses studios, ses productions, ses résidences et les films qui en sont issus, déjà récompensés aux Césars, au Festival d’Annecy et nominés aux Oscars. Ici comme ailleurs, ce dynamisme n’est pas près de s’éteindre tant il est porté par un phénomène générationnel. Oui, l’animation est l’art d’aujourd’hui et de demain !