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Une histoire de l’animation

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d’animation

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Art de pure imagination reposant sur l’illusion du mouvement, le cinéma d’animation a conquis le grand public par sa dimension merveilleuse, avant d’être reconnu enfin pour ce qu’il est aussi : un formidable moyen de représenter le réel.

Sait-on que le dessin animé est né trois ans avant le cinéma ? Et que son inventeur est français ? C’est en effet en 1892 que débutent, au musée Grévin à Paris, les séances du Théâtre Optique d’Émile Reynaud. Le nouveau procédé de l’inventeur du praxinoscope consiste en la projection sur un écran d’une bande de six cents images originales, directement peintes à l’encre sur un support transparent qui décompose, image par image, le mouvement de ses personnages. La vitesse de défilement créant l’illusion du mouvement, les protagonistes de ces pantomimes lumineuses semblent prendre vie à l’écran dans des décors fixes, projetés par une lanterne magique. Toute la magie du dessin animé est déjà là. Pourtant, malgré son succès populaire, le Théâtre Optique d’Émile Reynaud, cantonné à sa seule salle parisienne, est rapidement détrôné par le cinématographe, l’invention des frères Lumière dont les écrans se multiplient. Sur ce nouveau support, le dessin animé renaît entre les mains d’un autre Émile – Cohl, ou Courtet pour l’état civil – dont le premier film animé, Fantasmagorie (1908), inaugure une œuvre teintée de l’esprit du Chat Noir et des avant-gardes pré-surréaliste, hydropathe et incohérente. De parapluie en boîte à malice, de plumes de chapeau en bouteille de champagne, l’histoire est une succession d’idées-images qui se transforment l’une dans l’autre pour en inventer une troisième et faire de la métamorphose le propre d’un nouvel art cinématographique : l’animation.

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À la suite d’Émile Cohl, de grands artistes explorent en pionniers les innombrables possibilités formelles du cinéma « image par image » : marionnettes fantastiques de Ladislas Starewitch (Fétiche, 1933), ombres chinoises de Lotte Reiniger (Les Aventures du prince Ahmed, 1926), papiers découpés de Berthold Bartosch ( L’Idée, 1932-1934), écran d’épingles d’Alexandre Alexeïeff et Claire Parker (Une nuit sur le mont Chauve, 1933), interventions directes sur pellicule de Len Lye, expériences dadaïstes de Hans Richter et recherches abstraites d’Oskar et Hans Fischinger… Avec eux, le cinéma d’animation est partie prenante de l’avant-garde artistique de l’entre-deux-guerres, à laquelle il offre les ressources d’un art total.

Aux États-Unis, en revanche, passé les premiers films de Winsor McCay, génial auteur de la célèbre bande dessinée Little Nemo, qui fait de chacun de ses courts-métrages (Little Nemo, 1911, Gertie le dinosaure, 1914) le théâtre d’une expérience formelle, le développement de l’animation prend une tournure industrielle autour d’une technique dominante, le dessin animé qui se prête, plus que toute autre, à la division des tâches et à la production en série. Stylistiquement, le cartoon trouve sa matrice dans le comic strip, la bande dessinée des années dix et vingt : sa composition en deux dimensions et son cadre spatial se réfèrent à la feuille de papier. Félix le Chat d’Otto Mesmer, dont le héros est la première star mondiale du dessin animé, est ainsi, au commencement de la série, un dessin animé quasi « typographique » : la silhouette noire du félin est presque un glyphe et le héros interagit à loisir avec les signes de ponctuation formés au-dessus de sa tête par ses interrogations ou exclamations silencieuses. De la concurrence que se livrent les firmes américaines, au premier rang desquelles le studio des frères Fleischer (Koko le Clown, Betty Boop, Popeye, Superman…) et celui de Walt Disney (Alice Comedies, Mickey Mouse, Silly

← Jiší Trnka, cinéaste d’animation tchèque sur le tournage du Songe d’une nuit d’été, 1959. DR.

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