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Laloux, Caza et Moebius à Angers
: une aventure pionnière
De 1977 à 1980, Angers a accueilli le tout premier studio d’animation de France. Porté par le réalisateur René Laloux, qui travaillait alors avec des figures comme Roland Topor, Moebius et Caza, le Centre du cinéma d’animation a constitué une aventure aussi historique qu’éphémère. Christian Rouillard, ancien chef opérateur du cinéaste, se souvient.
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Dans quel contexte le Centre du cinéma d’animation d’Angers est-il né ?
Au début des années 1970, le cinéma d’animation est encore largement perçu en France comme un genre pour enfants. On parle de « dessin animé ». Et, pour le long-métrage, il n’existe guère d’alternatives à Walt Disney. Le seul à l’incarner, en France, c’est peut-être Paul Grimault qui avait réalisé La Bergère et le Ramoneur sur un scénario de Jacques Prévert en 1953. Mais ce premier long-métrage, désavoué par ses auteurs qui contestaient la version finale imposée par les producteurs, a dû attendre 1980 pour devenir le fameux Le Roi et l’Oiseau
Lorsqu’en 1973 René Laloux réalise La Planète sauvage à partir des dessins de Roland Topor, le film fait l’effet d’une bombe. Prix spécial du jury au festival de Cannes, il constitue la brillante démonstration qu’il est possible de réaliser un longmétrage d’animation pour adultes avec une qualité plastique exceptionnelle. Il donne à René la notoriété et la crédibilité nécessaires pour envisager de poursuivre le longmétrage tous publics.
Pour quelles raisons décide-t-il de s’installer à Angers ?
La Planète sauvage a été tourné en Tchécoslovaquie, où il existe une forte tradition du film d’animation. René en était revenu avec une détestation profonde de la rigidité du système communiste dans les pays de l’Est ! Profitant de sa notoriété croissante, il décide, pour réaliser ses prochains films, de créer son propre studio, en France. Il est soutenu dans sa démarche par le CNC, Centre national du cinéma, qui voit d’un bon œil un créateur de cette envergure produire ses films dans son pays. Comme l’heure est à la décentralisation industrielle, on suggère à René Laloux, pour qu’il puisse obtenir des aides, d’implanter son projet en région. Avant de choisir Angers, il fait un « casting » des villes de province : il souhaite en priorité une liaison rapide avec Paris, afin notamment de pouvoir envoyer les pellicules aux laboratoires et les récupérer dans les meilleurs délais. De son côté, la mairie est réceptive au projet : accueillir le premier studio français de films d’animation est valorisant. Elle y voit aussi des débouchés possibles pour les étudiants de son école des beaux-arts. Les subventions se déclenchent. La Ville propose alors des locaux dans une ancienne usine affectée à la création d’entreprises, dans le quartier de la Brisepotière. René fait aménager le bâtiment et décide
← Maquette originale de Caza pour le film d’animation Gandahar, 1977. Coll. part. Avec l’aimable autorisation de Caza.