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Dans le cabinet de curiosités de Marc Caro

Depuis ses premiers courts-métrages, le goût de l’animation n’a jamais quitté Marc Caro, de la même manière que son tropisme pour les cabinets de curiosités peuplés d’objets bizarres, l’inventivité technique et les robots. Rencontre avec un érudit du cinéma d’invention.

En 1974, vous créez la revue Fantasmagorie, entièrement dédiée au cinéma d’animation, puis vous réalisez deux courts-métrages d’animation avec Jean-Pierre Jeunet. Comment en êtes-vous venu à vous intéresser à l’animation ?

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Tout enfant, je faisais de la pâte à modeler, des marionnettes… Au départ, je voulais faire de la bande dessinée. C’est ce qu’il y a de plus abordable : un crayon et une feuille de papier suffisent. Mais le mouvement m’a toujours manqué. Mon premier boulot d’été m’a permis d’acheter une caméra Super 8 avec laquelle j’ai réalisé mes premiers films d’animation. Je lisais un fanzine dans lequel quelqu’un écrivait une rubrique sur l’animation, André Igual, aujourd’hui décédé. Je lui ai écrit : « Ça te dirait de faire une revue sur le cinéma d’animation ? » À l’époque, il n’y avait rien sur le sujet. Il m’a dit banco, et en 1974 on a lancé la revue Fantasmagorie, dont le titre rend hommage à la fois au film éponyme d’Émile Cohl et à Étienne Robertson, ses fantasmagories et son fantascope.

Le premier numéro était consacré aux liens entre bande dessinée et animation. Je suis allé au festival d’Annecy pour la vendre, et j’ai rencontré un jeune homme qui s’appelait Jean-Pierre Jeunet ; nous sommes devenus amis. Nous nous sommes retrouvés à Paris ; Jean-Pierre travaillait dans le studio de Manuel Otero, Cinémation, et moi j’y suis allé pour faire de la bande dessinée et travailler pour Métal Hurlant. J’ai aussi commencé des études à l’école des Gobelins, qui venait d’ouvrir ; mais je devais travailler pour vivre et je n’ai pas pu aller jusqu’au bout. Jean-Pierre voulait faire ses propres courts-métrages. Il m’a demandé de faire les marionnettes pour L’Évasion, en 1978, puis Le Manège, en 1980.

Les univers de la bande dessinée et de l’animation ont toujours été corrélés dans votre parcours, mais c’était aussi une caractéristique de l’époque de vos débuts.

C’est vrai que c’était un domaine qui était en train de devenir adulte : avec Fritz le Chat de Ralph Bakshi, en 1972, La Planète sauvage de René Laloux, en 1973… L’éditeur Jacques Glénat, qui a repris Fantasmagorie, a aussi créé avec André Igual une revue appelée Carton. Les Cahiers du dessin d’humour, avec Chaval, Bosc, Mordillo, Sempé, tous ces gens-là. Certains auteurs comme Francis Masse, qui a réalisé Le Cagouince

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