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Ciel et terre

Drôles d’oiseaux, de Charlie Belin

Avec Drôles d’oiseaux, la réalisatrice

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Charlie Belin explore le monde de l’enfance à travers un film d’aventures dont le territoire, entre Saumur et l’île de Souzay, est devenu le terrain d’exploration de la jeune Ellie, passionnée par les oiseaux. Un voyage initiatique à hauteur d’herbes folles, rendu par un trait d’aquarelle à la beauté majestueuse.

Difficile d’imaginer que Charlie Belin, la cinéaste, ne partage pas la passion d’Ellie, l’héroïne dont elle a couché sur papier la silhouette et les traits pour son deuxième film d’animation, Drôles d’oiseaux La première est une jeune réalisatrice formée notamment à l’ESAAT de Roubaix, l’EMCA d’Angoulême puis La Poudrière de Valence, qui avait déjà réalisé un court-métrage, Le Coin , en 2016, dans le cadre d’une collection intitulée « En sortant de l’école ». La seconde est une gamine de dix ans récemment entrée en sixième, à Saumur, et qui semble – à l’image des oiseaux qui littéralement la passionnent – survoler de très haut une vie au collège dont elle n’a pas les codes. Ellie vit seule avec sa mère et privilégie la compagnie des livres. Observatrice du monde qui l’entoure, elle a développé une fascination pour les oiseaux dont elle traque traces et plumes dans son quotidien, à la table du petit déjeuner en lisant La Hulotte, sur le chemin de l’école, en classe. S’il n’était si solaire, le film dans son ensemble aurait la délicatesse d’un crissement de pas de rouge-gorge dans la neige. Donnant à voir le monde, réel ou imaginaire, du point de vue de sa jeune héroïne, Charlie Belin dessine d’un geste à la fois précis et poétique – dont l’aspect sobre et joyeux n’est pas sans rappeler les planches animalières de certains beaux livres du xixe siècle – une faune patiemment observée : moineaux, corneilles, pigeons, oiseaux des villes invisibilisés par la grisaille, autant que des mésanges charbonnières, balbuzards du pêcheur et geais des chênes, oiseaux des champs croisés par Ellie dans les pages de l’Atlas de poche des oiseaux de France qu’elle emprunte à la bibliothèque du collège, puis qu’elle rencontre au fil d’une aventure à hauteur d’enfant, véritable réacteur du film.

Drôles d’oiseaux est né d’un appel à projets lancé par France Télévisions ; il s’agissait d’imaginer le « récit initiatique d’une héroïne contemporaine ». Charlie Belin avance donc elle-même en exploratrice, à la fois éthologue et cartographe. Comme dans le plan d’ouverture qui contextualise l’action du film dans la région où elle se situe depuis le point de vue d’un oiseau planant au-dessus du paysage – dévoilant l’organisation de la ville, son rapport au fleuve, la Loire, à la fois imposante et bienveillante, l’importance des zones boisées –, la cinéaste s’attache à faire découvrir un territoire, embrassant dans un même mouvement le ciel et la terre.

Bâti sur un important travail documentaire, écrit au cours d’une résidence à l’Abbaye royale de Fontevraud et nourri par des repérages réguliers sur l’île de Souzay (bras de terre de quelques kilomètres de long en aval

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