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SAISONS!
Vue sur le Grand Bec
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n conclusion de son rapport de 2018*, la Cour des Comptes préconise une transition des stations vers un tourisme « mieux réparti entre les saisons ». Mais depuis quelques années déjà, le concept de « quatre saisons » et l’idée d’attirer une clientèle à l’année imprègnent les communications officielles. Dans le cadre du Plan Montagne, présenté en septembre par la région Rhône-Alpes-Auvergne, une enveloppe de 15 millions d’euros y est d’ailleurs consacrée. “C’est une volonté politique. Mais l’or blanc est un marché de masse, et on ne va pas trouver quatre marchés de masse, quatre vaches à lait sur quatre saisons”, constate François Gauthier, Président pour Rhône-Alpes de la commission hôtels du Groupement National des Indépendants HôtellerieRestauration, lui-même basé en HauteSavoie. “Pour les stations qui vivent à l’année, il y a déjà l’embryon de quelque chose, comme à Megève, St Gervais, Chamonix. Mais quid de la Savoie et de ses stations d’altitude ?”
TENDANCES PRINTEMPS-ÉTÉAUTOMNE-HIVER Avec ses destinations haut perchées, comme Val Thorens (2300 m), les Ménuires (1850) ou Méribel (1500), le domaine savoyard des Trois Vallées, justement, est gonflé à bloc. La communication « terrain de jeu à l’année » sur le dossier de presse hiver 2020-21, ou la nouvelle mouture du site internet, qui promeut la cueillette de champignons, le brame du cerf ou la descente des alpages, ne laissent aucune place au doute. “Depuis maintenant un an, c’est notre ambition, une volonté stratégique forte”, confirme Olivier Desaulty, directeur général de l’association des Trois Vallées. “Nous n’avons jamais été très bons dans la manière de communiquer sur l’été, mais maintenant nous allons aussi parler du printemps et de l’automne, parce qu’il y a tellement de choses à faire en dehors de la saison de ski qu’on ne va plus se cantonner à l’ouverture et la fermeture des remontées mécaniques. Il y a des professionnels qui sont prêts à jouer le jeu, il faut qu’on
Pour anticiper sur un avenir compliqué, en plus de la diversification de leurs activités, les stations sont incitées à imaginer une offre à l’année. Mais les quatre saisons, si c’est bien sur une pizza ou en musique classique, dans un cadre touristique, est-ce que ça s’applique ?
© Sylvain Aymoz
/ OPEN BAR /
PAR MÉLANIE MARULLAZ
arrive à ouvrir - mais on y arrivera - le nombre de services qui convient pour nos clients : supermarché, boulangerie, pharmacie… On a la volonté d’avancer dans ce sens-là.”
OUVERTURE FACILE ? Pourtant, même les stations dites « villages », qui ont une vie à l’année, reconnaissent qu’avant de penser quatre saisons, il faut se concentrer sur deux. Elles essaient, pour commencer, de motiver leurs socio-professionnels à allonger l’été, à rester ouverts de la fin du printemps au début de l’automne. “Les locaux font du vélo ou du trail, ils sont donc à l’initiative d’événements qui font vivre le village, avec des résidents secondaires très présents sur ces périodes, en week-end de 2-3 jours ou petits ponts”, constate Guy Magand, directeur
*« Les stations de ski des Alpes du Nord face au réchauffement climatique : une vulnérabilité croissante, le besoin d’un nouveau modèle de développement » Rapport public annuel 2018 – février 2018
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