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LA SÈVE DE L’ART

L’ART COMME OXYGÈNE DE LA PENSÉE, LA NATURE COMME SOURCE D’INSPIRATION. LA BOUCLE EST BOUCLÉE, EN APPARENCE TANT LES CHEMINS SONT PLURIELS. DES ARCHITECTURES D’ANTONI GAUDI, DU DOMAINE DE CHAMARANDE OÙ L’HOMME SE FAIT ANIMAL, À LA FORÊT DE MILLY DANS LES ENTRAILLES DU CYCLOP, SANS OUBLIER LE FEU SACRÉ DES PIONNIÈRES DES ANNÉES FOLLES ET LES ÉCHAPPÉES SURRÉALISTES D’ELSA SCHIAPARELLI, LES ÉGAREMENTS SONT VIVIFIANTS. PAR Virginie Bertrand instant. N°1 Flou artistique Dans un va-et-vient entre peinture et photographie, Catherine Balet trame l’imaginaire au réel afin d’apprivoiser au fil des saisons, la complexité du vivant. Sa série Endless se traduit en quatre grands triptyques, printemps, été, automne, hiver autour de formats plus petits symbolisant l’intersaison. L’artiste a choisi de réaliser ses tirages dans un format basé sur le nombre d’or, cette « proportion divine » régissant le rapport mathématique harmonieux entre les parties et le tout, omniprésent dans la nature. Jusqu’au 9 juillet. Galerie Bigaignon. 18, rue du Bourg-Tibourg, 75004. Tél. 01 83 56 05 82 et bigaignon.com

1. Catherine Balet, Endless, Intersaison 03. L’artiste superpose les clichés, joue des transparences, créant une accumulation picturale sous forme de collage numérique, avec, en toile de fond, ses propres peintures.

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instant. N°2 Herbier joaillier Regarder la nature à travers le prisme universel de l’art et de la beauté. La maison Chaumet a puisé dans son vaste patrimoine, afin de faire résonner son identité naturaliste avec toutes les formes artistiques inspirées du végétal. Plus de 400 œuvres dialoguent avec des pièces de joaillerie, d’une fresque pariétale de plus de 5000 ans, en passant par les peintures d’Arcimboldo, Monet, Courbet, Delacroix, Dora Mar, aux photos de Brassaï, Mapplethorpe ou encore la forêt d’Eva Jospin. Une déambulation dans des univers-paysages. « Végétal, L’École de la beauté », du 17 juin au 4 septembre. Beaux-Arts de Paris. 14, rue Bonaparte, 75006. Tél. 01 47 03 50 00 et beauxartsparis.fr

instant. N°3 Dans l’œil du Cyclop Une œuvre vivante, vibrante… dans le bois de Milly. Niki de Saint Phalle et Jean Tinguely fomentent à mains d’artistes, à partir de 1969, le monstre de la forêt. Le Cyclop est une utopie collective, réunissant quatorze artistes. Sa rénovation par le CNAP vient de se terminer. Sa face de miroirs voulue par Niki de Saint Phalle de nouveau rutilante, le wagon des déportés d’Eva Aeppli restauré, comme le Pénétrable Sonore de JesusRafael Soto ou les machineries infernales de Tinguely, l’œuvre renoue avec sa superbe. Bois de Milly-la-Forêt, 91490. lecyclop.com

instant. N°4 Mode et surréalisme Le musée des Arts Décoratifs rend hommage à Elsa Schiaparelli, en dévoilant ses salons de haute couture décorés par Jean-Michel Frank. Dans l’intimité de ses liens artistiques, se dessine une mode surréaliste. Plissé laqué par Jean Dunand, homard sur fourreau par Salvador Dalí, trompe- l’œil de Jean Cocteau sur un manteau, 272 costumes viennent en miroir de plus de 500 œuvres. « Shocking ! les mondes surréalistes d’Elsa Schiaparelli », du 6 juillet 2022 au 22 janvier 2023. MAD. 23, rue de Rivoli, 75001. Tél. 01 44 55 57 50 et madparis.fr

2. Joseph Chaumet (1852-1928), broche feuilles de houx réalisée vers 1890, en or, argent, perles fines et diamants. 3. Jean Tinguely, Le Cyclop, 1969-1994, forêt de Milly. Donation Jean Tinguely, Niki de Saint Phalle à l’État en 1987 / Centre national des arts plastiques. 4. Horst P. Horst, Elsa Schiaparelli, Vogue USA, 15 mars 1937 Elsa Schiaparelli, robe du soir en soie, 1937, en collaboration avec Salvador Dalí. Une salle entière est dédiée à ce tandem mythique animé par le goût de la provocation.

instant. N°9 Les pionnières Marginalisées et discriminées durant leur formation puis leur carrière, les femmes artistes se saisissent des années 1920, en font des Années folles, à l’avant-garde des grands mouvements de la modernité, du fauvisme à l’abstraction, en passant par le cubisme, le dadaïsme, le surréalisme. Suzanne Valadon, Tamara de Lempicka, Marie Laurencin, Marie Vassilieff, Claude Cahun et d’autres venues du monde entier comme Pan Yu Liang, Tarsila Do Amaral… s’affranchissent du patriarcat, initiant des réseaux féminins, explorant d’autres territoires. Jusqu’au 10 juillet. Musée du Luxembourg. Jardin du Luxembourg, 75006. Tél. 01 40 43 62 00 et museeduluxembourg.fr

instant. N°10 Dans la tête de Gaudí L’architecte Antoni Gaudí (1852-1926) a marqué sa terre natale la Catalogne et l’Art nouveau. C’est dans Barcelone à l’aube du XXe siècle et auprès de ses commanditaires, qu’il va influer sur la physionomie de la ville, en fomentant palais, églises, parcs aux viaducs surmontés de palmiers pétrifiés, jusqu’à son œuvre inachevée, la Sagrada Familia. Photographies, mobilier, dessins, maquettes et reproduction de son atelier en 3D. Jusqu’au 17 juillet. Musée d’Orsay. Esplanade Valéry Giscard d’Estaing, 75007. Tél.01 40 49 48 14 et musee-orsay.fr

instant. N°11 Design poétique La galerie Valérie Guérin met en avant de jeunes designers engagés dans une démarche durable. Antoine Maurice, formé à l’école La Bonne Graine, développe une approche entre objet fonctionnel et sculpture, n’utilisant que d’anciennes poutres. Marie Rolland, diplômée de Boulle, transforme son atelier en matériauthèque, en travaillant la pierre de sel, les granulats de pneumatiques recyclés, les roseaux… « Focus jeunes designers », jusqu’au 30 juillet. Galerie Valérie Guérin. 30, 32 rue de Bourgogne, 75007. Tél. 06 03 66 21 45 et galerievalerieguerin@gmail.com

9. Tamara de Lempicka, Suzy Solidor, 1935, huile sur toile, Cagnes-sur-Mer, Château-Musée Grimaldi. 9. Antoni Gaudí, extravagante coiffeuse conçue pour le non moins fantasque Palais Güell et réalisée par l’ébéniste Francesc Vidal y Jevellí, en bois, laiton et miroir. Collection Güell de Sentmenat. 11. Antoine Maurice, fauteuil en orme sculpté, teinté et ciré. Marie Rolland, « Source de lumière », lampe réalisée avec du sel de Camargue cristallisé, ressource inépuisable, et un socle en béton rose rappelant les bassins d’algues des salins.

instant. N°5 Paradis perdus Jeune artiste franco-espagnole, Marcella Barceló se voit décerner le prix de dessin contemporain des Beaux-Arts de Paris dès 2015. Inspirée par ses voyages au Japon et par le mono no aware, concept esthétique et spirituel, dont les haïkus sont la forme littéraire, elle peint l’impermanence des choses. Nature luxuriante resurgie de souvenirs d’enfance dans laquelle déambulent des êtres mystérieux évoquant les métamorphoses de l’adolescence. Elle fait référence aussi à Balthus, Lewis Carroll, Nabokov ou Laura Kasischke. « Locus Amoenus », jusqu’au 13 juillet. Galerie Les Filles du Calvaire dans le nouvel espace d’exposition FORMA. 127, rue de Turenne, 75003. fillesducalvaire.com

instant. N°6 Homme animal Au Domaine de Chamarande, l’exposition d’été réunit huit artistes qui investissent le château. Louves masquées de Katia Bourdarel, êtres d’un tout organique d’Odonchimeg Davaadorj, dessins d’Edi Dubien, photographies Wilder Mann de Charles Fréger, vols de pigeons en porcelaine fracassés sur un paysage au fusain de Delphine Gigoux-Martin, installations de Benoit Huot, Julien Salaud, Nicolas Tubéry questionnent ce chassé-croisé entre l’animalité de l’homme et l’humanité de l’animal. « Devenir [un autre] animal », jusqu’au 18 septembre. Domaine de Chamarande. chamarande.essonne.fr instant. N°7 Domaine enchanté Depuis 2001, le Domaine départemental de Chamarande fait dialoguer l’histoire et le contemporain, le vivant et la création, l’art et la nature. L’année 2022 est celle de l’animal. Les expositions abordent ce qui réunit l’homme et l’animal. Cette programmation se fait ainsi l’écho de questions actuelles sur le rapport à l’animal et sur le statut que la société lui accorde. Elle se décline jusqu’en février 2023 dans les murs, au château et dans l’orangerie du domaine. Domaine de Chamarande. 38, rue du Commandant Arnoux, 91730 Chamarande. Tél. 01 60 82 52 01 et chamarande.essonne.fr instant. N°8 Plus vrai que nature Axée sur des thèmes liés à la flore et à la faune, la démarche de la photographe finlandaise, Sanna Kannisto, emprunte à la science et à l’histoire de l’art, dans une quête du merveilleux. Que ce soit dans les forêts tropicales d’Amérique latine ou dans les réserves ornithologiques européennes, l’artiste observe le vivant, le met en scène, interroge sur sa fragilité. Avec son studio portatif, elle accompagne des chercheurs et saisit les animaux approchés quelques instants. « Sense of Wonder », jusqu’au 28 août. Maison Louis Carré d’Alvar Aalto. 2, chemin du Saint-Sacrement, 78490 Bazoches-sur-Guyonne. maisonlouiscarre.fr

5. Marcella Barceló dans son atelier. For ever and ever, acrylique, huile et pastel sur toile, 2022, 140 x 100 cm. Et Wallflower, acrylique sur toile, 2022, 200 x 200 cm. 6. Odonchimeg Davaadorj, Hera, 2022, une artiste mongole installée à Paris depuis 2009, diplômée de l’École Nationale Supérieure d’Art Paris-Cergy, son travail est présenté au sein d’expositions collectives. 7. Parc du Domaine de Chamarande. 8. Sanna Kannisto, Leaf cutter ants, photographie d’une fourmi réalisée lors d’un voyage au Costa-Rica.

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