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L'organisation en temps d'occupation

après satisfaction des priorités absolues. Art.2 Les transports ne figurant pas dans les 2 catégories ci-dessus sont exécutés dans la mesure où il existe des bateaux disponibles, après que les priorités ont été satisfaites. »

L'organisation en temps d'Occupation

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Il y a une volonté de réformer le pays. Cette volonté est à la fois idéologique dans le cadre de la « Révolution Nationale » impulsée par le Maréchal Pétain et mais aussi technique avec les projets de rationalisation économique des techniciens qui dominent les gouvernements. C'est l'idée du Plan longuement réfléchit avant-guerre au sein du groupe « X-Crise » souvent en opposition à l'incohérence des gouvernements successifs de la fin de la Troisième République, d'après eux. Cette débauche d'activité administrative ne doit pas faire illusion. Car, il y a un grand MAIS, la France vaincue et occupée militairement est soumise à un armistice drastique. La convention d'armistice du 22 juin 1940 concernant les transports stipule par exemple que la S.N.C.F. est mise à la disposition de la direction allemande des transports, la « Haupt-Verkehrs-Direktion », H.V.D., qu'elle doit donner son accord pour modifier que soit dans la réglementation ferroviaire française, que le réseau doit être remis en état et entretenu aux frais de la France.308 Un autre exemple de ce décalage entre les faits et les lois de Vichy est l’arrêté du 30 juin 1942 prohibant l'exportation des bateaux de navigation intérieure qui est bien loin de ce qui se passe pendant ces années.309

Ainsi les lois et décrets pris par le régime de Vichy n'ont qu’une emprise limitée, voire nulle face à la volonté de l'occupant. Les 240 Comités d'Organisation, C.O., institués sont constitués de personnes nommées par le gouvernement et non élus par des instances syndicales ou patronales. Vichy manifeste de cette manière sa volonté de faire illusion pour gérer à la place des Allemands la zone occupée économiquement et administrativement. D’ailleurs les bureaux ministériels reviennent à Paris dès l'été 1940 alors que le gouvernement lui s'installe à Vichy.310

De fait, en zone nord, les C.O. n’ont aucune influence, les autorités allemandes établissant directement la répartition des ressources et les programmes de fabrication des entreprises. De plus, la création le 10 septembre 1940 de l’Office Central de Répartition des Produits Industriels, O.C.R.P.I., est placée sous la tutelle des autorités allemandes. Il prive les C.O. de tout pouvoir sur la répartition des

P. Durand - La S.N.C.F. pendant la guerre - PUF - 1968 Code de la navigation intérieure - 1944 Vichy, la guerre et les entreprises - Michel Margairaz - Henry Rousso - Année 1992 -

matières premières entre les branches. Ils ne conservent qu’un pouvoir de sousrépartition entre les entreprises, qui donne lieu à des procédures bureaucratiques qui ne font qu’accroître la désorganisation de l’économie.311

Le régime de Vichy peut maintenir la fiction d’une unité économique du pays à condition que son administration s’adapte aux besoins allemands. L’O.C.R.P.I. est ainsi une structure administrative française fonctionnant comme un instrument de domination allemande sur l’économie française, dans un contexte où la répartition des matières premières conditionne toute activité. Cette structure conçue par le régime de Vichy a pour objectif de transformer l’organisation économique du pays pour après la guerre. Cette soumission imposée par la fin des hostilités en 40 va vite devenir une politique de collaboration active et assumée. Le secrétaire d’État aux Communications Jean Berthelot s’engage dans une collaboration technique avec l’occupant. Cela conduit à un régime autoritaire de coordination des moyens de transport pour la route, la navigation intérieure et les chemins de fer. Ce dirigisme s’accompagne d'une organisation quasi militaire d’apparence corporative des entreprises privées dans le cadre des comités d’organisation. Selon lui, il convient d’assurer tous les transports que demanderont les Allemands afin de conserver une certaine indépendance pour l’exécution des autres transports. L’ambiguïté de la collaboration économique se trouve résumée dans ce pari. Jean Berthelot se résigne à « administrer la pénurie » sous la tutelle de l’occupant, dans l’espoir que cette tutelle laissera subsister un minimum de vie économique. La France se voit comme un partenaire futur dans la nouvelle Europe dirigée par l'Allemagne qui devrait gagner tôt ou tard la guerre qui continue contre les Britanniques. 312

Cette nouvelle organisation instaure un Conseil général des Transports par fer, route, air et eau par la Loi du 11 décembre 1940 qui est purement consultatif. En fait, le secrétaire d’Etat aux Communications n’est pas tenu de le consulter ni de respecter ses avis.313

311 Les patrons sous l'Occupation - Rochebrune Renaud De, Hazéra Jean-Claude - Revue d’histoire Vingtième Siècle. - 1996

312 La coordination des transports en France de 1918 à nos jours – Nicolas Neiertz - Comité pour l'histoire de l'économie et financière de la France - 1999 313 La coordination des transports en France de 1918 à nos jours – Nicolas Neiertz - Comité pour l'histoire de l'économie et financière de la France - 1999

Le code de la navigation intérieure de 1942. - Coll. Stéphane Fournier

Le découpage administratif des différentes zones de la France fluviale sous Vichy en 1942. - Coll.

Stephane Fournier

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