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La Résistance

La Résistance

Un petit document de 12 pages daté du 30 janvier 1945, en réponse à une note du 10 novembre 1944, dresse un catalogue des actes de Résistance à l’Occupant faits par l’O.N.N. En fait seulement 4 petites pages portent sur la résistance. Les archives portant sur la seconde guerre font 144 cartons. C’est bien mince ! Cette action relève plus de la résistance passive et se concentre avant tout sur les personnels travaillant sur les voies d’eau. Tout d’abord c’est sur la relève et l’envoi des ouvriers en Allemagne suite à la Loi du 4 septembre 1942, dite du S.T.O. que ce concentre le rapport. L’Office « a été amené à régir contre ces mesures. Il n’est pas toutefois possible d’indiquer les détails d’une résistance de chaque jour et d’interventions multiples. Il suffit de montrer quels en furent les résultats : - La protection total et le maintien à leur poste de tout le personnel de tout âge et de toute nature, ressortissant de la navigation intérieure, soit environ 2.500 hommes - L’assimilation à ce personnel, en vue de leur assurer la même protection, de nombreux étudiants, employés et ouvriers des jeunes classes, soit environ 180 personnes. En outre, il y a la mise à disposition de l’O.N.N. d’un nombre d’imprimés de cartes de travail, de fiches de recensement, de cartes de sursis correspondant à la totalité de personnel protégé. Il y a aussi la possibilité de présenter des listes complémentaires de bénéficiaires de sursis neuf fois en six mois. Puis la possibilité pour l’O.N.N. d’établir, de délivrer et de contrôler lui-même les cartes de sursis et enfin, d’assimiler les conducteurs de tracteurs et le personnel technique au personnel navigant. » D’autres systèmes sont évoqués comme l’embauche avec des contrats antidatés ou pareil pour des cartes de travail, l’embauche de réfractaires comme conducteur de tracteurs…

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Des actes de résistance plus tangibles existent également : - En septembre 1940, des informations concernant les mouvements des bateaux en Belgique et dans l’Est de la France furent communiqués aux services français du 2ème bureau. Ces renseignements étaient de valeur, puisqu’ils avaient trait à la tentative allemande d’invasion de l’Angleterre,

349 Jacques Monier - Un batelier au service des ciments d'Origny - n°81 -2019

- Afin d’éviter l’emprise directe de l’administration allemande sur les services centraux de l’Office et la présence permanente de représentants de l’H.V.D., le directeur de l’O.N.N. fut amené à étendre progressivement l’importance de son service de liaison avec les occupants. Ainsi, aucun contact direct, sauf avec la direction, ne fut établi ente les autorités allemandes et le personnel des voies navigables. « Dans ce domaine, comme dans tant d’autres, l’O.N.N. a vu ses efforts non seulement contrecarrés par l’administration ressortissant de Vichy, mais a encore vu méconnaître l’esprit même de cette action. Il a dû, en conséquence, non seulement agir contre ladite administration pour arriver à ses fins. Les services rendus ne furent pas seulement à rendement immédiat ; ils visaient à une organisation générale de résistance sous le couvert des autorités allemandes et dont les résultats ont dépassé les prévisions les plus optimistes. Il a été possible, de la sorte, d’empêcher la sortie de France du matériel et des matériaux, par la coupure des voies fluviales à proximité des frontières franco-belge et franco-allemandes, en interrompant pratiquement le trafic entre la France et l’Allemagne depuis février 1944.

Lorsque les Allemands, par la suite, eurent en vue d’utiliser la Seine pour transporter des munitions au départ de Paris à destination d’Elbeuf, grâce aux indications fournies par radio clandestine, les barrages de Port Villez et de NotreDame de la Garenne ont été détruits à temps, empêchant tout transport. C’est également à cette organisation que revient l’initiative des destructions qui ont été effectuées dans le Nord et dont l’exécution a été confiée aux organisations locales de résistance de l’Office. »

En somme l’O.N.N. a combattu le régime de Vichy si on croit à ce petit rapport. Les souvenirs de nos témoins sont rares au sujet de la Résistance. D’ailleurs, dans une lettre l’un des mariniers écrit : « Nous avons tous collaboré, ça fâche Naveteur, mais la vérité est là, non il me répond... il fallait bien manger ! » 350 Vide à Reims, nous partons pour charger des grumes à Bar-le-Duc à destination de Lille. C'est le 6 juin 1944. La Résistance a fait sauter les portes d'écluses vers Brayen-Laonnaois. Cette fois, on ne groupe plus les bateaux, nous avons ordre d'amarrer dans le « large » de Maisy. C'est fini pour un temps, les canaux sont bloqués. 351 Le lendemain, du mitraillage aérien, les services des voies navigables nous donnent l'ordre de partir. De nouvelles actions de la Résistance sur le pont-canal de Bourget-Commin vont obliger les Ponts-et-Chaussées à abaisser le niveau du bief. Nous serons échoués. 352

350 François Berenwanger – lettre du 11/04/2008 – Alain Naveteur était un ancien marinier connu à Conflans. 351 Martial Chantre - La péniche, ma vie batelier de père en fils - n° 48 – 2002 352 Martial Chantre - La péniche, ma vie batelier de père en fils - n° 48 – 2002

Travecy dans l'Aisne nous avons été bloqués pour plusieurs mois, car les F.F.I. Forces Françaises Intérieures - faisaient sauter les ponts et les écluses pendant le recul des Allemands. 353

La destruction de l’écluse de Crévic par un acte de sabotage par la Résistance - Coll. Guillaume Kiffer

353 Eliane Droissart Bourdon - Marinière, ma vie, ma profession - n° 26 – 1990

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