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Private Bankers Association
IN T ER V IE W CEN T R ALE - T H O MA S L E Y SEN
“Il faut impliquer toutes les couches de la société dans la
“Il nous faut rassembler les initiatives qui ont besoin d’argent et les personnes qui souhaitent agir dans l’intérêt de la société.” Thomas Leysen, président Umicore
philanthropie” La philanthropie est certes en plein essor mais il lui reste plusieurs défis à relever. “Le don n’est pas réservé aux personnes fortunées, il concerne toutes les couches de la société”, estime Thomas Leysen. “Nous devons réunir les initiatives qui ont besoin d’argent et les personnes qui souhaitent apporter leur pierre à l’édifice commun, avec tous les intermédiaires: la Fondation Roi Baudouin, les notaires, les gestionnaires de patrimoine et les banquiers privés.”
Quelle place occupe la philanthropie dans votre vie? Thomas Leysen: “J’y ai consacré une partie de mon temps ces dernières années. Pendant six ans, j’ai présidé le conseil d’administration de la Fondation Roi Baudouin. Je suis toujours président du Fonds Baillet Latour, l’une des principales fondations privées de ce pays. Pour moi, la philanthropie consiste à servir l’intérêt public avec des fonds privés. À l’époque de ma présidence de la Fondation Roi Baudouin, j’ai été témoin de nombreux récits fascinants. Souvent, ceux-ci impliquaient des personnes passionnées par une question particulière ou compatissant à un problème spécifique, parce qu’elles l’avaient vécu personnellement ou qu’elles étaient indignées par des abus et voulaient réagir. Ces personnes veulent changer le monde et l’améliorer. Canaliser leurs émotions pour les transformer en geste positif.”
La philanthropie est-elle suffisamment connue dans notre pays? Thomas Leysen: “Je remarque une immense générosité en Belgique et en Europe. On le sait trop peu! La philanthropie est
généralement associée aux États-Unis, aux grandes fortunes et aux fondations d’envergure telles que la Fondation Bill & Melinda Gates et la Fondation Rockefeller. Or, dans notre pays aussi, il existe un large éventail d’initiatives philanthropiques. En coulisse se jouent de belles histoires, de celles qui réchauffent le cœur. Au fil des années, j’ai pu constater la multiformité de la philanthropie, et à quel point la générosité est grande en Belgique. Les statistiques montrent qu’en 2020 particulièrement, les Belges ont énormément donné. Les attestations de déduction fiscale ont atteint 370 millions d’euros. Si vous ajoutez à cela les legs, vous arriverez probablement au double de cette somme.”
S’agit-il d’un soutien proprement financier ou également d’un soutien opérationnel? Thomas Leysen: “Au départ, il s’agit d’un soutien financier, allant de petits montants et de dons jusqu’à la création de son propres fonds, soit au nom de la Fondation Roi Baudouin, soit par le biais de fondations spécifiques. Cela prend habituellement la forme d’un soutien structurel à des organisations, des associations ou des projets qui reposent en partie sur des subventions.
Ces ressources supplémentaires sont bien sûr les bienvenues mais le soutien n’est pas toujours purement financier: il peut passer par un engagement personnel ou du temps offert à une cause. Tout est possible. Souvent, ces associations demandent aux donateurs de réfléchir avec elles. Ceci étant dit, le levier principal demeure financier, c’est évident.”
Pratiquez-vous la philanthropie à titre uniquement personnel? Ou le faitesvous aussi à partir des entreprises dans lesquelles vous vous impliquez? Thomas Leysen: “Si la philanthropie est dans mon cas essentiellement personnelle, les entreprises peuvent soutenir certains projets dans leur région et y associer leurs employés. En l’occurrence, je préfère parler d’engagement social plutôt que de philanthropie. Mais les frontières ne sont pas toujours clairement définies. Qu’est-ce que le sponsoring? Qu’est-ce que le mécénat? Qu’est-ce que la ‘vraie’ philanthropie? Chez Umicore, que je dirige, nous consacrons par exemple certains budgets à l’environnement de l’entreprise. À Anvers, Umicore est l’un des principaux sponsors du MAS et du Musée de l’argent. Il s’agit plutôt de