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Équipementier • S’adapter aux nouvelles énergies

S’adapter aux nouvelles énergies

À la visite de l’IAA 2022 chez les équipementiers, on identifie deux tendances très fortes : d’une part la course aux énergies (en particulier l’électricité) et d’autre part une automatisation toujours plus poussée.

L’IAA 2022 pourrait se résumer, dans le camp des équipementiers, à une immense foire aux énergies. Jamais nous n’avons vu autant de réservoirs à hydrogène dans les allées ni de piles à combustibles. Il y a les acteurs historiques, comme le canadien Ballard qui commercialise déjà sa troisième génération de pile appliquée aux véhicules industriels (essentiellement des autobus) ou Symbio, associé à Michelin, qui monte en puissance (au sens propre).

Omniprésence de l’hydrogène

L’hydrogène, qu’il soit carburant ou réactif électrochimique, assure aussi un avenir radieux aux spécialistes de la gestion thermique et autres fournisseurs de radiateurs et échangeurs. Hengst, spécialiste de la filtration, entend bien en profiter également, car les piles membranaires sont très sensibles à la pureté de l’air ou des fluides entrant dans leurs réactions électrochimiques. Les Français demeurent dans la course : il faut compter sur Plastic Omnium et Forvia (ex-Faurecia) pour le stockage du H2. Plastic Omnium s’est associé à l’allemand ElringKlinger pour former EKPO,

Les équipementiers furent nombreux à se positionner sur le marché des réservoirs d’hydrogène (ici chez Forvia). Mais rien n’est encore clair entre le 350 et le 700 bars, voire avec l’hydrogène cryogénique.

une coentreprise dédiée aux piles à combustible hydrogène. BorgWarner, Bosch, Cummins, Eaton, FPT Industrial ou ZF envisagent toutes les hypothèses : électrique à batteries, électrique hydrogène à pile à combustible, moteur diesel fonctionnant avec des carburants non fossiles, moteurs à combustion interne au méthane, voire carburant à l’hydrogène. FPT Industrial a rejoint depuis l’IAA 2022 ce club très fermé des motoristes préparant des moteurs à combustion hydrogène. Certains se font une spécialité des carburants gazeux, comme le canadien Westport Fuel Systems. Ce dernier annonce atteindre les 600 ch sur un Volvo D13 alimenté à l’hydrogène avec son injection Dual Fuel HPDI. Borg-Warner, qui a repris les activités d’injection de Delphi, confirme que cela est atteignable si l’on développe des injecteurs à haut débit compatibles avec l’hydrogène. L’équipementier américano-britannique y travaille activement dans son établissement de Blois (Loir-et-Cher). L’hydrogène asthmatique, c’est bientôt du passé! Mais attention: la Chine se place aussi sur la pile à combustible, et le motoriste Weichai doit être pris très au sérieux. Bien sûr, toutes ces batteries, ces piles à combustible et réservoirs (350 ou 700 bars, voire sous forme cryogénique à -253 °C: la réponse n’est à ce stade pas tranchée, ce qui ne simplifie pas les décisions en matière de distribution de l’hydrogène) entraînent du poids supplémentaire qu’il faut compenser tant bien que mal. Hendrickson et VDL exposaient des suspensions allégées, ou renforcées, ayant parfois recours à 100 % aux matériaux composites.

Le véhicule autonome avance masqué

L’autre grande tendance de cette édition 2022 du salon IAA était l’apparition d’équipements permettant une automatisation de plus en plus poussée. Illustration parfaite de cette évolution chez Jost et SAF Holland, qui proposaient tous deux des systèmes d’attelages semi-automatiques. L’idée est de procéder quasiment sans intervention manuelle aux opérations d’attelage et dételage des semi-remorques. Chez Jost, c’est tout l’écosystème qui est proposé, allant jusqu’aux béquilles à déploiement électrique automatique. Ainsi, il ne reste plus au conducteur qu’à faire les connexions des circuits pneumatiques (mains jaune et rouge), et c’est tout. Comme si cela ne suffisait pas, Jost et Rockinger proposent également des caméras facilitant l’alignement de la sellette sur le pivot d’attelage (ou sur le crochet de la remorque dans le cas d’un porteur). Sécurité et confort aujourd’hui, mais probable automatisation intégrale demain avec les systèmes de traitement d’image et de fusion de données. Chez A+ (visible sur le stand Iveco), Bosch, Continental ou ZF, on y travaille activement et les calculateurs exposés dans les allées voient leurs puis-

Hendrickson ose les matériaux composites pour les ressorts à lames. l’enjeu est le gain de poids.

sances de calcul et leur miniaturisation progresser de façon stupéfiante. Une ultime nouveauté, révélée sur le stand Haldex (désormais associé au groupe SAF Holland depuis l’OPA de SAF sur Haldex en juin 2022), ouvre encore plus la voie vers l’automatisation intégrale des véhicules : le freinage tout électrique « brakeby-wire ». Actuellement homologué seulement en Chine, ce système simplifiera considérablement le travail des constructeurs et ouvre le champ au freinage vectoriel roue par roue pour les ensembles routiers. Sans oublier l’avantage d’un temps de réaction encore abaissé, ce qui réduira les distances de freinage. Avec les radars ACC et Lidars (dont l’équipementier grenoblois ARaymond prend soin avec son lave-glace haute pression dédié), les convois routiers sous pilote automatique apparaissent de plus en plus imminents.

Jean-Philippe Pastre

pastre@trm24.fr

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