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L’inclusion sous le feu des questions
Nous étions près de 1.000 participant·es réparti·es dans toute la France à saisir l'opportunité de ce grand évènement national organisé le 15 novembre 2022 par l’UNSA Education sur le sujet de l’inclusion, à l’école et plus largement dans la société.
Loin de toute démagogie, nous nous sommes exprimé·es avec beaucoup de sincérité, partageant nos expériences, notre quotidien. Ces moments d’échanges ont encore une fois mis en évidence un hiatus flagrant entre l’affichage politique, souvent coupé des réalités, et la diversité des analyses et des solutions proposées par les acteurs de terrain. Une nouvelle preuve que faire le pari de l’intelligence collective à travers ces ateliers participatifs est pertinent et constructif. Des pistes de réflexion et des propositions ont été faites autour de trois questions :
• Pour vivre ensemble, quelle société inclusive voulez-vous ?
• L’éducation inclusive, plus de ressemblances ? Plus de différences ?
• Quels leviers actionner pour mieux réussir l'éducation inclusive ?
Vous nous avez dit
Manque d’accompagnement et de formation : un constat partagé
La loi de 2005 pour l'égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées a véritablement changé le rapport au handicap et aux facteurs d’exclusion, en particulier dans l’éducation.
Plus de 430.000 élèves en situation de handicap sont accueillis dans les établissements scolaires dont une partie au sein des 10.272 dispositifs d'unités localisées pour l'inclusion scolaire (Ulis).
67.000 élèves sont scolarisés en établissement hospitalier ou en établissement médico-social.
132.200 AESH accompagnent au quotidien ces élèves à besoins particuliers. Si personne ne souhaite véritablement revenir à la situation précédente qui invisibilisait ces publics, le tableau d’ensemble est cependant loin d’être entièrement positif.
Les familles sont mal accompagnées dans les méandres administratifs.
Les délais pour obtenir l’aide d’une AESH pour leurs enfants sont souvent beaucoup trop longs. Lorsque l'accueil doit être adapté dans un établissement spécialisé (IME, hôpital de jour, ITEP, …) les places manquent et les enfants se retrouvent en milieu ordinaire par défaut.
Les enseignant·es et les AESH sont souvent peu ou pas formé·es. Pire, lorsqu’un problème survient, ils et elles sont largement livré·es à euxmême et laissé·es sans solution par leur hiérarchie. Cet état de fait provoque chez certains une grande lassitude et parfois une grande détresse.
Revendications Revendications
Une prise de conscience de la part des décideurs publics de la situation réelle de l’inclusion aujourd’hui est primordiale. Oeuvrer pour l'inclusion scolaire passe nécessairement par des moyens humains et financiers conséquents. Ce n’est pas le cas aujourd’hui. Cela permettrait d’impulser une évolution sociétale vers plus d’inclusion. L’acceptation et le respect de la différence sont des sujets dont il faut s’emparer. Il est nécessaire de prendre en compte les spécificités du handicap, de promouvoir une culture de la différence et une meilleure connaissance de l’autre.
L’identification des besoins à l’école et dans l’environnement est un préalable indispensable. L’inclusion en milieu ordinaire n’est pas toujours possible ou souhaitable à temps complet. Plus de places dans les établissements spécialisés, davantage de Segpa et d’Ulis, des aides pour les enfants allophones plus nombreuses et mieux réparties sur le territoire, sont autant de mesures qui éviteraient un détournement des différents dispositifs. On éviterait un placement par défaut en milieu ordinaire sans autre mesure d’accompagnement, ce qui est souvent préjudiciable aux enfants et aux agents. Par ailleurs, il est nécessaire d’adapter les supports pédagogiques pour prendre en compte les difficultés de chacun.
Nous demandons une véritable reconnaissance des AESH
Un plateau technique accessible centralisant l’ensemble des professionnel·les (médecin, infirmier·e, éducateur·trice spécialisé·e, ergothérapeute, orthophoniste, …) est une idée à étudier. Cela permettrait d’institutionnaliser les temps d’échanges entre professionnel·les, une meilleure communication et un travail en équipe. La formation des acteurs est fondamentale. Ce pourrait être un lieu où seraient dispensées des formations solides, adaptées aux situations et aux publics pris en charge. Enfin cela faciliterait le lien, le dialogue avec les familles et l’accompagnement à la parentalité.
Un véritable statut, une évolution de la rémunération et des perspectives de carrières sont essentiels. Les AESH reçoivent souvent un salaire sous le seuil de pauvreté. Ces collègues ont des difficultés quotidiennes pour se nourrir, se loger, se soigner. Dans ce contexte de crise sociale et d’inflation, il est primordial de s’en préoccuper. Il faut aussi leur offrir des possibilités d'évolutions vers d’autres métiers, par exemple, dans l’enseignement ou dans le secteur médico-social (deux filières en grande tension). La reconnaissance des acquis de l'expérience et la certification des compétences , associées à de réelles formations continues ouvriraient des portes et rendraient ce métier plus attractif (voir aussi p.18 et 19).