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HARDY L’ARGENTIQUE

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BERTOCCHI

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qu’avec du 400 ou du 800, précise-t-il, et puis le numérique, c’est moins artistique.»

«J’aime le côté musée du magasin»

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Un point de vue totalement partagé par Adrien, 27 ans, qui est passé ce matin-là prendre un café avec Bertrand.

«J’aime passer du temps ici pour poser des questions à Bertrand.» nous avoue-t-il.

Le magasin est l’un des seuls dans l’ouest spécialisés dans l’argentique.

Il faut dire que le magasin, avec ses rayonnages débordant d’appareils en tous genres (mais argentiques) a quelque chose d’une caverne d’Ali Baba.

«C’est un musée vivant ! rectifie Bertrand Hardy. Moi, je vends mes œuvres !»

Pour Adrien, l’argentique est effectivement plus à même d’exprimer la créativité du photographe que le numérique. «Je n’aime pas le côté frénétique du numérique, dit-il. L’argentique, ça force à réfléchir. Et puis le rendu organique est plus pictural et moins lisse que le numérique. Ça s’approche de la peinture. On peut y voir du pointillisme.»

Adrien ne s’offre que cinq rouleaux en moyenne par an.

La pellicule coûte plus cher que le numérique et donc, force à bien choisir chaque déclenchement.

«Bien des fois, je me suis refusé à prendre une photo» avoue-t-il.

Sortir du convenu, du banal

«La clientèle du magasin, en majorité, c’est les 18-35 ans, nous dit Bertrand.

Des jeunes sensibles à la culture et à l’art.

On est dans la photo artistique, expérimentale.

Les jeunes qui veulent sortir du convenu, du banal, font de l’argentique.»

Il y a quelques années, Bertrand a même créé un club photo, l’Aléa Club qui compte aujourd’hui 25 membres.

Ils font des animations autour des techniques photo et des jeunes viennent y apprendre des plus anciens.

«Les jeunes nous alimentent aussi dans le fait qu’ils transgressent les codes. Ils font des choses qu’on n’osait pas faire, ajoute Alain Paris, photographe amateur et membre du club. Avec l’argentique, la photo n’est pas parfaite loin de là, mais c’est ça qui les intéresse. Et puis, les images, on leur donne une seconde vie au labo.»

«L’argentique a toujours nourri ma réflexion.» Alain Paris, photographe amateur, Car le club permet aussi d’apprendre les différentes tech- niques, mêmes anciennes, daguerreotype, collodion humide, collodion sec... Bertrand est intarissable sur le sujet.

Pour Alain, Bertrand ou Adrien, l’argentique, c’est aussi l’école de la patience. «Cette génération a besoin de ça. Les jeunes n’ont connu que l’immédiateté. On réapprend à prendre le temps, c’est la slow attitude» constate Alain.

«Et puis, il y a un côté suspense», ajoute Bertrand. Il faut en effet attendre le développement de la pellicule pour découvrir ce qu’on a réussi... ou raté. Mais encore faut-il pouvoir se procurer des bobines.

Et avec le retour en grâce de l’argentique, les pellicules se font plus rares car la production n’a pas augmenté.

« Ils se mettent à l’argentique comme il se mettraient à l’aquarelle»

Cette renaissance de l’argentique a suscité d’ailleurs quelques vocations dans l’ouest comme celle de Lomig Perrotin. D’abord dans son garage à Saint-Nazaire, puis maintenant à Josselin, dans le Morbihan, il a créé son entreprise de production de pellicules photo, films artisanaux ou films spéciaux Film Washi.

Ses clients sont français mais aussi étrangers.

A peine annoncé en production, ses bobines de film sont réservées.

Auparavant, il faisait une production tous les cinq mois, aujourd’hui, c’est tous les deux mois.

Lomig situe lui le rebond de l’argentique vers 2014.

«Les trois quarts des clients, ce sont des jeunes qui n’ont pas connu l’âge d’or du numérique.

Mais ce n’est pas de la fausse nostalgie, tient-il à préciser. Ils se mettent à l’argentique comme il se mettraient à l’aquarelle. Pour faire quelque chose de différent.

Ils veulent donner une esthétique différente à leurs photos.»

Bertrand Hardy avec son magasin nantais «Photo Saint-Pierre», fait partie de son circuit de distribution.

«Ils veulent pouvoir se dire : c’est moi qui l’ai fait»

Ce rebond de l’argentique comble évidemment Bertrand qui, malgré ses 63 ans, n’a pas l’intention de lâcher sa boutique.

Il en fait même restaurer la façade en ce moment pour lui redonner un cachet ancien.

«Je suis passé de dinosaure à phénomène de mode» s’amuset-il.

Pour Estelle Bricard, le choix de l’argentique pour les jeunes photographes est aussi lié à l’envie d’expérimenter.

Pour Estelle Bricard, le choix de l’argentique pour les jeunes photographes est aussi lié à l’envie d’expérimenter.

Sa fille, Estelle Bricard, a même quitté son métier de designer textile pour venir le seconder dans le magasin.

«Quand je faisais mes études, se souvient-elle, en 2012, l’argentique était déjà tendance.

Les jeunes vont plus être dans le côté test de l’argentique.

Ils vont prendre des films périmés.

On ne sait pas à quoi s’attendre. La photo devient un objet précieux.

Ils veulent pouvoir se dire : c’est moi qui l’ai fait.

Je n’ai pas juste appuyé sur le bouton.»

Reprendra-t-elle le magasin de son père ? Pas sûr.

Et la date n’est pas très précise. Un peu floue, comme certains l’aiment dans l’argentique.

«Encore une trentaine d’années, et j’arrête» prévient Bertrand.

Olivier Quentin

https://france3-regions.francetvinfo.fr/pays-de-la-loire/ loire-atlantique/nantes/le-retour-de-l-argentique-en-photographie-je-suis-passe-de-dinosaure-a-phenomene-de-mode

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