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ANTONELLA MARINI
ntonella Marini est née à Cagliari en 1959. La photographie est devenue pour elle un langage et un moyen d’apprendre à se connaître. Son parcours d’artiste a commencé par la découverte du noir et blanc.
Il ne lui suffisait pas de trouver ce moment où, par magie, une relation parfaite se créait entre deux mondes.
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La caméra était la frontière entre elle et son désir d’apprendre.
C’était la baguette magique qui lui permettait de trouver ou de créer un monde auquel appartenir.
C’était l’imagination, la passion d’être humain, le calme que l’on peut ressentir quand on trouve un lieu d’appartenance. Les femmes, leur regard, leur beauté, seront son premier territoire d’expérimentation et de compréhension.
Bientôt, sa ville natale va lui devenir etroite et avec sacrifice, elle commence un long voyage vers la maturité en tant que femme et en tant qu’artiste.
Florence sera sa nouvelle maison. Elle s’inscrit à la faculté d’architecture où elle obtient son diplôme et où elle passe l’examen d’aptitude à la profession.
C’est pendant ces années que sa formation a commencé. Elle abandonne la camera obscura, mais grandit.
Elle est animée par une immense curiosité pour l’art en général, mais pour l’art contemporain en particulier.
Elle commence à voyager, principalement en Europe, mais ses voyages sont toujours un appel à la connaissance.
Elle aime vivre pendant un certain temps dans les villes qu’elle visite, pour connaître et entrer sur la pointe des pieds dans la réalité des lieux et des peuples qui l’accueillent.
Elle ne fait jamais de séances de photos pour documenter son expérience. Elle vole les couleurs, les atmosphères, les ombres et les lumières. Forte de son expérience, elle retrace le chemin du retour, pour raconter ses émotions.
Elle est revenue définitivement en Sardaigne en 2000 et a constaté qu’elle devait tout recommencer pour montrer le meilleur de luimême. Entre-temps, tout avait changé.
Il était nécessaire d’apprendre la «langue» locale pour gagner l’estime, le respect et la crédibilité, en tant que femme et en tant qu’artiste. Un chemin douloureux, mais plein de satisfaction.
e ne me souviens pas et je ne saurais dire quand et comment j’ai rencontré Antonella Marini, j’ai au contraire l’impression de la connaitre de tout temps sans en effet savoir grand chose d’elle, sauf peut-être de ressentir une complicité naturelle et immédiate.
De plus ce n’est que lorsque je l’ai invitée à participer à la Collettiva di Fotografia (que nous avons organisé avec Chiara Cossu, ad Oristano, exposition où seize photographes ont accepté de participer, dont cinq d’entre eux résidant et travaillant pour la plus part en France), que j’ai découvert ses études et son exercice de la profession d’Architecte et non seulement.
Je me rends compte qu’il y a une chose qu’elle ne cite pas dans son curriculum vitae ou dans le texte qu’elle m’a fait parvenir pour cette publication, à ma demande.
C’est qu’elle chante, et même très bien, en plus d’être une comédienne très douée et auteur de textes, comme celui qu’elle nous a présentée lors de l’inauguration de l’exposition.
En fait Antonella est une artiste totale, comme la Renaissance italienne nous fit découvrir et dont c’est un peu perdue l’habitude dans un monde qui a cru que la spécialisation et la sectorisation aurait été un progrès au lieu d’être une régression évidente. La capacité de création d’un être humain s’exprime dans n’importe quel domaine et par n’importe quel moyenMerci Antonella.
ntonella Marini est née à Cagliari en 1959.
Dès l’école secondaire, qu’elle a fréquentée au Conservatoire de musique P.Luigi da Palestrina de Cagliari, elle a manifesté un vif intérêt pour les arts en général.
En 1977-78, elle obtient un diplôme d’études secondaires scientifiques.
En 1979, elle s’inscrit à la faculté d’ingénierie de Cagliari, qu’elle fréquente jusqu’en 1984.
Très jeune, elle est tombée amoureuse du monde de la photographie, qui lui a apporté une satisfaction personnelle, avec sa participation à des concours nationaux et internationaux et la réalisation d’expositions personnelles et collectives.
Toutes ses passions, développées avec amour et dévouement, deviendront un terrain fertile pour le développement et le sou- tien de son projet de vie, mais aussi une pierre angulaire de son engagement professionnel.
Ses intérêts l’éloignent de plus en plus de l’université de Cagliari.
Elle décide de s’installer à Florence pour suivre les cours de la faculté d’architecture.
Elle a obtenu non seulement son diplôme mais elle a aussi passé avec succès l’examen d’habilitation à la profession qui est obligatoire en Italie et presque, si non plus, difficile que celui de l’Université.
En 1986, elle suit un cours de mise en scène au théâtre Fabbricone de Prato.
Elle a beaucoup voyagé, faisant de ces expériences une occasion d’étude et d’approfondissement.
Elle a toujours aimé, plus que visiter un pays, le vivre, essayer de travailler sur place, étudier les us et coutumes locaux.
À Florence, elle a étudié et travaillé.
Elle y a rencontré Luigi Anedda, avec qui elle s’est lancée dans un projet entrepreneurial qui les a conduits à fonder Studio Cadrea.
Les fortes motivations qui les animent, se développent parallèlement à la formulation d’un idéal de vie et conduisent à la naissance d’une entreprise à l’empreinte essentiellement artisanale. Le parcours se termine par l’achèvement de ses études, sanctionnées par un diplôme d’architecte et l’obtention d’un diplôme d’État.
Elle a poursuivi son travail de photographe et de peintre en parallèle, combinant souvent les deux techniques. Elle a participé à de nombreuses expositions et manifestations culturelles, notamment en créant des pièces de théâtre et des spectacles à forte composante visuelle.
Elle a participé à l’exposition “Christmas Art” dans la série “Better a Woman” avec quelques-unes de ses créations hybrides mêlant photographie, peinture et dessin.
Elle prévoit de présenter l’une de ses créations scéniques lors de l’exposition collective, éventuellement à plusieurs reprises.
Entre autres choses, elle nous a dit : “J’ajouterais seulement que le monde féminin, dans toutes ses nuances, est la caverne où j’aime me réfugier et parler de moi à travers elles...” e musée de l’Orangerie à Paris a présenté «Obsessions d’un peintre», une exposition consacrée à Sam Szafran, décrite par la critique comme «envoûtante, fascinante, didactique et lumineuse, une véritable révélation, une rétrospective exceptionnelle, à voir sans hésitation».
Et j’ajouterais, une apparition qui laisse perplexe.
Vue en novembre 2022, en semaines intenses et riches en visites, pour suivre une offre exorbitante d’expositions en revanche du conditionnement pandémique, cette exposition s’insérait dignement entre Munch à Orsay, Hyperréalisme à Maillol, Autour de l’arte povera au Jeu de paume.
Mais elle a aussi placé Monet-Mitchell au Vuitton, Füssli au Jacquemart-André, Walter Sickert au Petit Palais sans oublier Kokoschka au Musée d’art moderne, Alice Neel et Christian Marclay au Pompidou.
Et comme cette liste, qui n’était même pas complète, correspondait à une foule de matériaux et d’idées, il n’a pas été facile de recueillir et de sélectionner les idées et les évaluations en temps voulu.
En janvier, alors que l’invasion touristique de Noël s’est estompée, je suis retourné dans les salles enfin tranquilles de l’Orangerie.
Et le coup de foudre est devenu encore plus captivant lorsque j’ai parcouru les quatre sections (Chronologie / Le chaos domestiqué / Le vertige de l’espace - escaliers / L’inversion de l’intérieur - feuillages) de l’exposition organisée par Julia Drost, du Centre allemand d’histoire de l’art, et Sophie Eloy, de l’Orangerie.
Une solution de mise en page qui résume les moments d’une évolution artistique mais qui raconte aussi l’histoire de cette exposition : un choix tardif de reconnaissance publique pour un artiste inexplicablement sous-estimé et marginalisé dont la mort soudaine s’est transformée en une rétrospective de son aventure artistique et humaine et d’une histoire qui n’avait jamais été révélée.
Biographie d’un brillant outsider.
Bien que présente dans d’importantes collections françaises et internationales, l’œuvre de Sam Szafran a rarement été publiée. Des expositions lui ont été consacrées à la Fondation Maeght à Saint Paul-de-Vence en 2000 et à la Fondation Pierre Gianadda à Martigny en 1999 et 2013, et à Paris une exposition au Musée de la Vie Romantique en 2000; le Musée d’Orsay en 2008 a honoré deux de ses œuvres dans l’exposition « Mystère et Splendeur «. Pastels du Musée d’Orsay».
Une rétrospective a été organisée en 2010 au musée Max Ernst de Brühl, en Allemagne. Le marchand d’art Claude Bernard a cru en sa valeur et a œuvré à sa promotion depuis les années 1960 en organisant des expositions répétées dans sa galerie.
Ainsi, sans gêne, certains pourraient s’exclamer «Szafran et qui était-il», comme le critique juif Mervyn Rothstein qui s’est déclaré stupéfait de l’existence cachée de cet artiste, «un outsider brillant», qui dans sa discrétion a souffert et vécu les contradictions, les tourments et les ferments de son époque.
Il s’agit d’une biographie dense, marquée par la souffrance mais soutenue jusqu’au bout par cette «obsession» artistique que le titre de l’exposition évoque à juste titre. Samuel Max Berger, qui par affection et en hommage à sa grand-mère prendra son nom de famille Szafran, est né à Paris en 1934 de parents juifs qui avaient fui la Pologne ; ayant échappé à la capture au Vélodrome d’hiver puis interné à Drancy, il est heureusement sauvé par les Américains tandis que son père et une partie de sa famille sont exterminés au camp d’Auschwitz. Une brève et désagréable expérience en Australie, hébergée par une tante, se termine par son retour à Paris où il peine à s’en sortir.
Il a peu étudié et n’a été admis dans aucune école d’art malgré ses profondes aspirations. Cependant, lors de ses incursions pirates à l’Académie de la Grande Chaumière, il est recueilli par Henri Goetz et fait la connaissance de personnages clés de sa formation générale tels qu’Alexander Calder, Raymond Masson, Nicolas de Staël, Jean Tinguely, Samuel Beckett, Joan Mitchell, Yves Klein et surtout Alberto et Diego Giacometti et Henri Cartier-Bresson, avec lesquels il noue une profonde amitié.
Il a commencé à expérimenter l’huile et diverses techniques jusqu’à ce qu’un ami lui donne une boîte de pastels dans les années 1960 et qu’il découvre sa vocation.
Il épouse son grand amour Lilette Keller mais leur fils, Sébastien, naît avec un grave handicap.
Dès le début de la visite, on a l’impression d’entrer dans la vie de Sam Szafran, dans ses lieux d’expérimentation. Ses ateliers successifs sont représentés dans leur matérialité et dans la perspective infinie de leurs espaces, et c’est donc l’atelier lui-même avec ses outils qui devient le protagoniste.
Les premières images sont celles créées au fusain.
Puis la couleur explose, et s’exalte notamment dans la représentation de centaines de bâtonnets de pastel Roché méticuleusement reproduits dans une palette ironique.
Et des échelles curvilignes ou hélicoïdales, en spirale, apparaissent en séquences obsessionnelles, soupçons d’anamorphose qui semblent défier la logique fonctionnelle dans une déformation onirique, une réinterprétation des délires de Piranèse ou des fantasmes d’Esher.
Lorsqu’il découvre, dans l’atelier parisien du peintre chinois ZaoWou-Ki, le philodendron (suit page 22) suit de la page 21)monstera, il est pris d’une fascination qui finit par l’empêcher de travailler.
Jusqu’à ce que cette impression devienne sa nouvelle obsession avec laquelle il remplit de grands formats débordant des feuillages qui envahissent les espaces intérieurs d’immenses serres.
Un regard mobile et sinueux comme un tournage, une approche de l’espace et une vision de l’imbrication de l’intérieur intime et du volume urbain comme un architecte, une précision dans la description du développement botanique comme un encyclopédiste, une sensibilité et une attention inépuisables au signe et à la trace de la présence humaine comme un humaniste indomptable.
Et encore un témoignage de la puissance inépuisable d’une description photographique de la réalité soutenue par le contrôle de la moindre nuance et variation de couleur.
Il a raconté un oncle qui, enfant, le suspendait dans la cage d’escalier de manière menaçante, et ce serait une genèse émotionnelle crédible de ces visions de multiples plans inclinés qui définissent un espace en mouvement, cinématographiquement, une restitution du sentiment de vertige qui dans la dernière œuvre exposée, le funambule Philippe Petit comme une figure giacomettienne vue d’en bas, trouve une synthèse ingénieuse.
Une perspective sur les marges
Il est difficile de faire le bilan de cette expérience et de l’événement dans son ensemble. Mais une hypothèse de lecture peut être proposée.
Un homme et un artiste comme Sam Szafran, qui a toujours été en marge de l’histoire civile et culturelle, qui l’a systématiquement ignoré, après tout, même son sauvetage miraculeux du massacre peut être lu comme une non-reconnaissance de son identité, peut seulement maintenant, dans la phase la plus critique de l’histoire de l’après-guerre, dans la lente dissolution des certitudes et des prédominances établies, même dans le monde de l’art, être reconnu en donnant de l’espace et de la valeur à la force et à la richesse expressive de son langage, qui a été hors du temps, jusqu’à présent minoritaire et négligé.
Giancarlo Ferulano
www.exibart.com/arte-contemporanea/luci-su-sam-szafran-pittore-motra-orangerie-di-parigi/