LIFEST YLE I SPORT I AVENTURE I VOYAGES
PURE ENERGY LIVES HERE.
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ÉDITORIAL C’est une qualité suisse que le monde entier nous envie : savoir trouver des équilibres. La conviction est bien là, dans la société, en chacun de nous. Comment éviter d’être partie prenante de la déroute écologique globale, sans sentir poindre en nous une culpabilité plus souvent stérile que constructive ? Quand et comment initier le mouvement ? Comment parvenir à moduler plus efficacement notre quotidien sans le chambouler ? Et sans, pour autant, jouer les ayatollahs verts. Il s’agit de trouver une ligne de crête. Définir des horizons possibles, les pieds sur terre et les mains dans le cambouis. Où, mieux qu’en Suisse ? Une étude de 2017 a placé notre pays en tête des 60 nations les plus développées en matière de transition écologique. Cette 1re place est justifiée. Partout, ici, se développent et éclosent des projets embrassant l’avenir. Constructions écologiques intelligentes gérées par informatique. Développement rationalisé de l’agriculture bio, de la permaculture et de l’hydroponie. Mobilité partagée, réduction des déchets, valorisation d’anciens sites industriels, le tout largement appuyé sur la technologie. Sur tous ces sujets, la Suisse progresse et fait figure d’exemple. Hier et aujourd’hui ne sont plus antinomiques, bien au contraire : ils sont complémentaires. Et dans bien des domaines, le collectif et les projets intergénérationnels s’imposent. Les idées remontent du terrain, par essence pragmatique. Un an après le lancement de sa nouvelle formule, c’est plus que jamais dans cet esprit positif et soucieux de demain que 30° degrés se place. Sans ostentation, sans morale, mais avec le souci permanent de la qualité et la volonté d’étonner et de tracer des possibles. Dans ces pages, cohabitent ainsi îlots de sérénité préservée et pistes pour le futur. Le jeune Dimitri Vogt y explique sa décision de ne pas aller aux JO de Tokyo pour réduire son empreinte carbone. Kilian Jornet, lui aussi, réduit la voilure pour la même raison. Les marques de sport et outdoor se mettent à la durabilité. Quant à Franco Banfi, parti s’immerger en Extrême-Orient russe, il nous apprend que l’on n’a pas toujours ce que l’on veut, mais que l’on ne revient pas bredouille pour autant. Tout est dans le regard. Claude Hervé-Bazin — Rédacteur en chef adjoint ©
30° magazine / N° 74
46
84
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SOMMAIRE 8 20
GRAND ANGLE
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MONTAGNE
94
ÉCOLOGIE
Stephan Siegrist Première en hommage aux amis disparus
124 30
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NEWS
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SPORT
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TRENDS HORLOGERIE HORLOGERIE
Les horlogers aux petits soins pour les océans
108
VOYAGE
Colombie, terre de café
Dimitri Vogt
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NEWS
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TRENDS DÉCO
Alex Strohl L'appel du nord
122
TRENDS SPORT
AVENTURE
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Le grimpeur qui s’élève dans la droiture
51
100
PORTRAIT
Anna Von Boetticher Une apnéiste sous la banquise
51
Les marques de sport jouent la durabilité
PORTFOLIO
Franco Banfi Dans les brumes de la mer d’Okhotsk
HÔTEL
Hüttenpalast Une caravane en ville ©
30° magazine / N° 74
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N° 74
IMPRESSUM
RÉDACTEUR EN CHEF
Christian Bugnon christian@30degres.swiss
PUBLICITÉ SUISSE (PRINT + DIGITAL)
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RÉDACTEUR EN CHEF ADJOINT
Claude Hervé-Bazin claude@30degres.swiss RÉDACTION
Daniel Bauchervez Christian Bugnon Nathalie Cobos Laurent Grabet Claude Hervé-Bazin Yannick Nardin
SECRÉTARIAT
Mélissa Hertzeisen melissa@30degres.swiss Anne-Laure Bugnon annelaure@30degres.swiss ABONNEMENT POUR LA SUISSE
Parutions : mars / mai / septembre / décembre 1 an (4 éditions pour CHF 45.–, TVA 2,5 % incluse) 2 ans (8 éditions pour CHF 85.–, TVA 2,5 % incluse) info@30degres.swiss
PHOTOGRAPHES
Shawn van Eeden, Piotrek Deska, Brynjar Tvedt, Petr Polách, Alexander Wick, Nicolas Hojac, Tobias Friedrich, G.Arrieta, Daniel Hug, Marco Müller, Alex Strohl, Franco Banfi, Picture Organic Clothing, Aaron Lieber, Jean-Baptiste Chauvin, Charly Boillot, Laurent Ballesta, Tide Ocean, Jan Brockhaus
ABONNEMENT POUR L'EUROPE
Parutions : mars / mai / septembre / décembre 1 an (4 éditions pour CHF 60.–) 2 ans (8 éditions pour CHF 113.–) info@30degres.swiss 30° présent dans les kiosques en Suisse Numéro à CHF 12.–
DIRECTION ARTISTIQUE & LAYOUT
District Creative Lab Sàrl www.district.swiss GRAPHISME
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Sabine Dröschel PHOTOLITHOGRAPHIE
Images 3 ÉDITION & ADMINISTRATION
30° degrés magazine District Creative Lab sàrl Place de l'Hôtel de Ville 2 1110 Morges – Suisse admin@30degres.swiss www.30degres.swiss Tél : +41 21 312 41 41 Christian Bugnon owner/CEO christian@district.swiss
COPYRIGHT 30° 2002-2020
En vertu des dispositions relatives au droit d'auteur ainsi qu'à la loi contre la concurrence déloyale et, sous réserve de l'approbation préalable écrite de l'éditeur, sont notamment interdites toute réimpression, reproduction, copie de texte rédactionnel ou d'annonce ainsi que toute utilisation sur des supports optiques, électroniques ou autres. L'exploitation intégrale ou partielle des annonces par des tiers non autorisés, notamment sur des services en ligne, est expressément interdite.
PHOTO DE COUVERTURE
© Alex Strohl Conçues par l'architecte canadonorvégien Todd Saunders, les quatre résidences d'artiste de l'île Fogo, ancrées à même la rocaille, sont entièrement autonomes en énergie.
Ce magazine a été imprimé sur papier issu de forêts gérées durablement. www.30degres.swiss #30degresmagazine #30degres
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grand angle
Shawn van Eeden / Red Bull Illume — Windhoek, Namibie
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grand angle
Piotrek Deska / Red Bull Illume — Ludvikov, République tchèque
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Brynjar Tvedt / Red Bull Illume — Sogndal, Norvège
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grand angle
Alexander Wick / Red Bull Illume — Salathé Wall, El Capitan, Yosemite National Park, États-Unis
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grand angle
Petr Polách / Red Bull Illume — Cenote Concha, Yucatan, Mexique
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STEPHAN SIEGRIST
PREMIÈRE EN HOMMAGE AUX AMIS DISPARUS texte Laurent Grabet
photos Nicolas Hojac
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Le vent et le froid sculptent parfois d’improbables et esthétiques reliefs sur les pentes supérieures des sommets andins. ©
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Si l'altimètre confirme la relative modestie de certains sommets de Patagonie, les paysages de glaciers, de croupes neigeuses et de crêtes rocheuses effilées ont tout de la haute montagne.
montagne
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Le piolet traction, à la lame recourbée, se révèle vite un compagnon indispensable dans de pareils terrains de jeux, pour réussir à venir à bout des passages neigeux et englacés…
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montagne
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Le célèbre alpiniste suisse Stephan Siegrist a bouclé cet hiver sa 19e expédition en Patagonie, en ouvrant une voie très engagée dans la face nord-est du Cerro Cachet (2’700 m). Retour sur un beau succès que le Bernois et ses deux jeunes compatriotes dédient aux regrettés Julian Zanker, David Lama et Ueli Steck.
« Je vis pour l’alpinisme. J’aime le contact fusionnel avec les éléments qu’il implique pour atteindre les sommets. Et j’aime lorsque l’aventure commence dès la descente de l’avion, comme ce fut le cas cette fois… » À 48 ans, la même passion de la montagne anime Stephan Siegrist. Une passion approfondie et assagie au fil des ans, des expériences et des amis disparus en chemin... Du 3 novembre au 15 décembre 2019, l’alpiniste et guide bernois est venu à bout de sa 19e expédition en Patagonie. L’aventure a eu pour point d’orgue une première très engagée dans la face nord-est du Cerro Cachet (2’700 m). UNE MÉTÉO TRÈS CAPRICIEUSE
Les trois compagnons de cordée ont baptisé leur voie « Homenaje a los amigos perdidos » (« Hommage aux amis perdus ») en mémoire d’Ueli Steck (19762017), de David Lama (1990-2019) et de Julian Zanker (1990-2019). C’est d’ailleurs
avec ce dernier, tombé dans la face nord de l’Eiger en février 2019, que Stephan Siegrist avait d’abord imaginé son aventure patagonienne, sur la seule base d’une photographie, de quelques captures d’écran Google Earth et d’informations grapillées lors des rares expéditions réalisées précédemment dans la zone. Le nord de la Patagonie a été très peu défriché par les alpinistes. Aucune carte précise du relief de la zone n’existe, d’ailleurs, « ce qui contribue à rendre ces ascensions encore plus aventureuses », se réjouit Stephan. À ses côtés, pour leur première expérience patagonienne : deux compatriotes formés à l’école du « team d’expédition du Club Alpin Suisse », l’aspirant guide Appenzellois Lukas Hinterberger, 26 ans, et le Bernois Nicolas Hojac, 27 ans. Ce dernier relève : « En Patagonie, les montagnes ne sont pas très hautes et il n’y a donc pas de phase d’acclimatation. Par contre, la météo très capricieuse complique les choses… » ©
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Les trois alpinistes suisses ont discrètement laissé leur trace sur ce rocher de la forêt de Patagonie où était établi leur camp de base.
AMBIANCE MAGIQUE ET HOSTILE
Les trois hommes ont en effet dû patienter pas moins de trois semaines, seuls au monde, un œil toujours rivé sur les prévisions météo, dans le camp de base spartiate aménagé de leurs mains à la limite de la forêt — dans une ambiance « into the wild » sympathique, même si le séjour y fut un peu long… « On a beaucoup lu, gratté la guitare et joué aux échecs pour tuer le temps... Et quand une fenêtre météo s’est finalement présentée, on s’est lancé à l’assaut du Cerro Largo (2’799 m). » Un bon échauffement. « Cette course s’est davantage apparentée à une sortie de ski-alpinisme exigeante, suivie d’un court passage d’escalade sur glace, plutôt qu’à une ascension engagée », insiste modestement Stephan Siegrist. Leur vrai défi ? Le Cerro Cachet, défloré en 1971 par une équipe néo-zélandaise, mais par une voie bien moins engagée. Les Suisses s’y sont, eux, attaqués par la face nord-est. « La plupart du temps verticale, elle rappelle les Grandes Jorasses, précise Stephan. Nous avions choisi de l’escalader ©
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à trois car, dans ces montagnes si éloignées où la météo est si changeante, cela augmente les chances de survie en cas d’accident. » Arrivés au pied des premières difficultés vers 7 h, les complices, pressés par le temps et sous adrénaline, enchaînent rapidement les étapes. Avec, d’abord, un formidable canyon aux flancs plâtrés de neige et de glace. « La lumière du matin brillait sur ces cristaux. Cette ambiance magique nous a donné un coup de fouet au moral après tant de jours de mauvais temps », se souvient Stephan. Une fois au col, vers 10 h, le morceau de choix de l’ascension s’offre à la cordée : un mur vertical de 600 m découpé devant elle dans le ciel azur. Personne ne s’y est jamais risqué auparavant. GROSSE EXPÉRIENCE ET SANG-FROID REQUIS
Les 80 premiers mètres rapidement effacés, la glace se fait traître et friable. « Il a alors fallu progresser prudemment. Je devais nettoyer la roche granitique pour
voir où positionner mes piolets de traction. Placer de véritables assurages était presque impossible. Nous avons dû mettre à profit toute notre expérience pour venir à bout de cette section. » Une cheminée tout aussi délicate à traverser suit. Chacun s’illustre en tête, tour à tour, avec le sang-froid requis, conscient que chaque erreur peut être fatale à tous. Les portions les plus difficiles de l’ascension sont sans doute cotées M7+, estime le trio. La fin est, elle, plus abordable : les derniers 120 m d’escalade facile conduisent les alpinistes sur l’arête neigeuse menant au sommet. Après 12 h d’effort, vers 19 h, les Suisses se tombent dans les bras, hilares, le Pacifique à portée de regard. Avant de se lancer dans le long rappel qui doit les ramener en bas, ils déposent là-haut une petite poupée en hommage à Julian Zanker « conscients que, bien souvent, la différence entre la vie et la mort ne tient qu’à la chance… » www.stephan-siegrist.ch
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ANNA VON BOETTICHER
UNE APNÉISTE SOUS LA BANQUISE texte Laurent Grabet
photos Tobias Friedrich
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C'est au milieu de la soupe de glace du fjord de Tasiilaq, au sud-est du Groenland, qu'Anna von Boetticher s'est immergée. Par sécurité, elle n'est jamais restée plus d'1 minute sous l'eau, alors qu'elle peut tenir 6 minutes sans respirer !
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Si la température de l'eau affichait -3° C, celle de l'air, à la surface des icebergs, tournait plutôt autour de -27° C — sans même tenir compte du coefficient de refroidissement dû au vent.
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Comme tout apnéiste, Anna von Boetticher ne se jette jamais à l'eau : elle y entre progressivement, comme dans une bulle d'introspection. La respiration joue un rôle central dans ce processus.
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Durant ses plongées entre les icebergs groenlandais, le rythme cardiaque d'Anna s'est abaissé, jusqu'à descendre sous 30 battements par minute.
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portrait
Cette Munichoise de 49 ans, venue à sa discipline de prédilection sur le tard, a vécu dans un fjord du Groenland quelques-unes de ses plus belles et plus glaçantes plongées. Pour ses apnées, la plongeuse a fait creuser dans la banquise un grand trou triangulaire, plus facilement identifiable depuis les profondeurs.
Anna von Boetticher peut s’arrêter de respirer plus de six minutes. Venue tardivement à l’apnée, alors qu’elle était déjà âgée de 37 ans, l’ancienne libraire s'est imposée en une décennie comme l'une des figures mondiales de ce sport à hauts risques. Détentrice des records d’Allemagne dans six de ses huit disciplines (en piscine et en mer), elle a établi pas moins de 34 records, dont un mondial ! SA PLONGÉE LA PLUS EXTRÊME
En mai dernier, la Munichoise a vécu ses « plongées les plus belles et les plus extrêmes » à Tasiilaq, un fjord de la côte Est du Groenland. « Je sortais de cinq mois difficiles suite au décès de ma mère », révèle l’apnéiste à Red Bull TV. S’immerger longuement sous un dédale aussi menaçant qu’onirique d’icebergs l’a aidée à faire son deuil. Comment ? Pourquoi ? Elle ne saurait vraiment le dire. Ces expériences, relevant de l’état de conscience modifié, n’ont que peu à voir avec la pensée rationnelle. La pratique de l’apnée tient avant tout en une ascèse exigeant d’aiguiser et d’entretenir une condition physique hors-norme. La quête est ici davantage d’ordre spiri-
tuel que purement sportif. Pour Anna, plonger, c’est se confronter aux extrêmes, à la nature, explorer ses limites physiques et mentales, en visitant des sphères où le temps est comme dilaté et où rode la mort. Dehors, le mercure affichait -27° C. L’eau, elle, tournait autour de -3° C. Une température à laquelle le trou d’entrée, large triangle taillé à la tronçonneuse dans la banquise, se refermait bien vite sur Anna. On imagine, alors, le sentiment d’angoisse. Chaque plongée exige, dans ces conditions, de tisser autour de soi une bulle de calme, en contrôlant sa respiration. Dans ce « monde fascinant de glace et d’ombres », le rythme cardiaque d’Anna est descendu sous les 30 battements par minute (bpm), le corps tout entier passant alors en « mode survie ». LES RISQUES D'UNE IMMERSION SOUS LA GLACE
L’essentiel, ici, est de ne pas se perdre sous l’envers du miroir : les habituels filins de sécurité ne peuvent être utilisés, car ils se prendraient dans les glaces. « Une fois, je me suis trouvée désorientée. Rien ne ressemble plus à un iceberg
qu’un autre iceberg. À ce moment-là, il est vital de ne pas se laisser gagner par la panique, de mettre la peur de côté pour trouver calmement mais rapidement une issue… » révèle la Munichoise. C’est alors que la forme triangulaire du trou d’entrée joue son jeu : « elle a l’avantage d’être aisément reconnaissable du dessous », explique l’athlète. De retour au sec et au chaud, les instants d’anxiété disparaissent bien vite. Surgit alors un sentiment intense, qui habite Anna. « Aussi longtemps que je vivrai, je plongerai », conclut-elle. www.annavonboetticher.com www.below-surface.com
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IL BOARDE LES MONTAGNES SUR SA PLANCHE DE SURF « One Board, Two Worlds »… Ainsi s’intitule le dernier opus vidéo du snowboardeur et quadruple champion du monde Mathieu Crépel. Le Pyrénéen, âgé de 35 ans, est depuis longtemps animé par un rêve plutôt fou : celui de rider la montagne et l'océan avec la même planche ! À travers ce film insolite, il montre que la chose est bel et bien possible. L’athlète nous emmène ainsi tour à tour sur les rouleaux du Pays basque et dans les montagnes de ses chères Pyrénées. La rencontre entre ces deux éléments fleure un brin le marketing, mais attise aussi des envies d’océan et de montagne et c’est bien là l’essentiel ! www.mathieu-crepel.com
© G.Arrieta
EN 4X4, À 6’694 M D’ALTITUDE
Étonnant record. Fin décembre, un team allemand de dix membres est parvenu à faire grimper deux véhicules Mercedes Unimog modifiés jusqu’à 6’694 m, soit moins de 200 m sous le sommet du volcan (actif) Ojos del Salado (6’893 m), qui domine le désert d’Atacama, au Chili. Le geste n’était pas totalement gratuit : l’équipe était chargée d’installer quatre émetteurs radio dans quatre refuges implantés sur les pentes de la montagne, pour permettre de prévenir les secours en cas de besoin. Le dernier étant situé à 6’100 m, la dernière portion du trajet n’avait toutefois d’autre but que d’effacer le précédent record (6’688 m) détenu depuis 2007 par… une vieille Suzuki Samurai ! EN AUSTRALIE, 80 % DES MONTAGNES BLEUES SONT PARTIES EN FUMÉE
Le chiffre fait froid dans le dos. Les incendies catastrophiques qui, à début février, avaient déjà dévasté plus de 10 millions d’hectares en Australie (2 fois ½ la surface de la Suisse), ont presque réduit à néant les célèbres Blue Mountains, en Nouvelle-Galles-du-Sud. Le terrain de jeu
des habitants de Sydney, très apprécié pour la randonnée, l’escalade, le canyoning et le VTT, est classé depuis l’an 2000 au Patrimoine mondial de l’Unesco pour la richesse de ses forêts d’eucalyptus, marquées par un fort degré d’endémisme. Seuls certains secteurs très déterminés ont pu être sauvés des flammes. Plus au sud, dans les Snowy Mountains, la station de ski de Selwyn a été entièrement détruite par le feu. www.bluemts.com.au L’ALPINISME INSCRIT AU PATRIMOINE MONDIAL IMMATÉRIEL DE L’UNESCO
Mi-décembre, l’Unesco a ajouté l’alpinisme à sa liste de plus de 500 activités déjà classées au titre des pratiques humaines (à l’instar de la gestion du danger d’avalanches). Porté au printemps 2018 par les villes de Chamonix et Courmayeur, bientôt rejointes par Orsières (VS), le dossier a été approuvé en un temps record. Le comité souligne les « références esthétiques » de l’alpinisme, « l’élégance du geste dans l’ascension, la contemplation des paysages et la communion avec les milieux naturels traversés », mais aussi « des principes
éthiques reposant sur les engagements de chacun, notamment à ne laisser aucune trace de son passage et à porter secours aux autres praticiens. » ich.unesco.org/fr/RL/l-alpinisme-01471 PETIT POINT DES EXPÉS HIVERNALES AU K2
Qui, mais qui parviendra enfin au sommet du K2 en hiver ? La question reste sur toutes les lèvres, tandis que l’expédition internationale menée par le Népalais Mingma Gyalje Sherpa a jeté l’éponge début février, suite au forfait de cinq de ses huit membres (dont son boss !), insuffisamment préparés aux conditions climatiques dantesques — neige en abondance et vents très violents. Denis Urubko, concentré sur le Broad Peak, n’aura probablement pas le temps de se lancer dans une tentative. Quant à l’équipe polonaise gravitant dans l’orbite d’Adam Bielecki, elle ne s’attaquera à l’ascension hivernale du K2 que l’année prochaine. En attendant, elle se prépare. Dans le viseur : une première hivernale au Batura Sar (7’795 m), également dans le Karakorum, qui ressemble par bien des aspects au K2.
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SURTOURISME, SURSKI, MÊME COMBAT
Barcelone, Venise et bien d’autres destinations croulent sous les visiteurs, jusqu’à pousser les autorités à tenter d’en contrôler ou même réduire le nombre. Le phénomène est désormais planétaire. Village et domaine saturés par une foule de skieurs trop dense, la station de Crystal Mountain, établie au pied du mont Rainier (4’392 m), près de Seattle (dans le Nord-Ouest des ÉtatsUnis), a purement et simplement décidé de cesser de vendre des forfaits à la journée à ses guichets, pendant le week-end et les vacances scolaires. Seuls quelques forfaits journée, répondant à un quota strict, seront encore prévendus en ligne. Décidée à adopter une voie plus verte, Crystal Mountain a parallèlement aménagé 250 places de parking dédiées au covoiturage (4 passagers minimum). www.crystalmountainresort.com EMPREINTE CARBONE : KILIAN JORNET RÉDUIT SES DÉPLACEMENTS
Le symbole est fort. L’ultratraileur catalan, désormais installé en Norvège avec sa compagne Emelie Forsberg, a pris la
décision de limiter à l’avenir ses déplacements autour de la planète. Le but ? Réduire son empreinte carbone en rationalisant ses déplacements, éviter l’avion autant que possible, favoriser les séjours plus longs et privilégier les déplacements et compétitions qui « font vraiment sens », « pour pouvoir continuer à profiter de ces montagnes que j’aime et que les générations futures en profitent également. » Au programme 2020, deux courses seulement : la Pierre Menta et Pikes Peak. www.kilianjornet.cat DEUX NOUVELLES VOIES AU TENGI RAGI TAU
La fin de l’automne 2019 a été marquée par un doublé au Tengi Ragi Tau. Conquis une unique fois en 2002 par une expédition japonaise peu après son ouverture par le gouvernement népalais, le sommet, proche voisine du Cho Oyu et de l’Everest, a vu coup sur coup passer deux duos, l’un franco-suisse et l’autre américain. Premiers sur la montagne, Tino Villanueva et Alan Rousseau ont ouvert une voie sur la face ouest (cotée M5+), la première en style alpin au Tengi Ragi Tau (6’943 m).
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Quelques jours plus tard, Silvan Schüpbach (CH) et Symon Welfringer (F) rejoignaient, dans le même esprit, le sommet nord (6’820 m), encore vierge de présence humaine, par la voie Trinité (M6). LÉGITIME COCORICO EN CASCADE DE GLACE
À seulement 19 ans, le prodige Louna Ladevant a réalisé un exploit remarqué en janvier à Saas-Fee (VS). Le Français a surclassé les archi-dominateurs athlètes russes et asiatiques lors de la dernière étape de coupe du monde de cascade de glace, s’adjugeant du même coup le titre de Champion d'Europe. C’est une première pour un Français ! Louna Ladevant a été le seul à « toper » la voie de finale en mode « randonnée ». « Je ne me suis pas du tout rendu compte de la qualité du run que je produisais, tout était si fluide et facile. C'est en regardant les vidéos que j’ai réalisé l’état de flow dans lequel j’étais », s’est félicité le résident des Hautes-Alpes.
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30° magazine / N° 74
Célébrez Tokyo 2020 au Musée Olympique !
Du 02.04 au 01.11.2020
Manga by URASAWA Naoki
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JOST KOBUSCH AU SOMMET DE L’AMOTSANG On pourrait parler de galop d’essai. Pour se mettre en jambes avant sa folle tentative hivernale en solitaire et sans oxygène à l’Everest, l’alpiniste allemand s’est offert une première sur le plus modeste Amotsang (6’393 m), planté sur le versant nord des Annapurnas. Personne n’avait encore réussi à épingler ce sommet, accessible aux alpinistes depuis 2002, mais difficile à rejoindre en raison de sa topographie. www.jostkobusch.com
© Daniel Hug
DEUX NOUVELLES VOIES EN 9A+ POUR CÉDRIC LACHAT
Cédric Lachat a particulièrement bien commencé l’année 2020. Fin janvier, « l’indécrochable » grimpeur jurassien de 35 ans « cochait » la voie « Pachamama » (9a+), à Oliana, au pied des Pyrénées catalanes — dont il ambitionne maintenant de réaliser la variante en 9b baptisée « Mamichula ». Deux semaines plus tard à peine, sur le même spot, il venait à bout de la redoutable « Joe Mama », voie de plus de 40 mouvements, cotée elle aussi 9a+. « Entre ses projets de grandes voies
extrêmes et les 9a+ qui n’en finissent pas de tomber, Cédric Lachat demeure l’un des grimpeurs les plus prolifiques du moment », soulignent justement nos confrères du magazine Grimper. L’UTMB PLUS DÉSIRABLE QUE JAMAIS
C’est un record de plus pour le légendaire Ultra-Trail du Mont-Blanc (UTMB). Plus de 32'000 personnes ont tenté de s’inscrire à l’édition 2020, qui aura lieu du 24 au 30 août entre la France, la Suisse et l’Italie. C’est 6’000 de plus qu’en 2019. Au final, seuls 10’000 chanceux, de 111 nationalités
différentes, se retrouveront sur la ligne de départ. Parmi eux figurent 224 athlètes disposant du statut d'élites internationales, selon l'Association Internationale de Trail Running (ITRA). Depuis 2008, l'UTMB mise sur un système de points et un tirage au sort pour gérer au mieux l'afflux de coureurs désireux de participer. Sur la course principale, longue de 170 km pour 10'000 m de dénivelé positif, ils avaient moins d'une chance sur six d'être tirés au sort ! www.utmbmontblanc.com
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30° magazine / N° 74
DIMITRI VOGT
LE GRIMPEUR QUI S’ÉLÈVE DANS LA DROITURE texte Laurent Grabet
photo Marco Müller
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30° magazine / N° 74
Les Jeux Olympiques de Tokyo approchent à grands pas. Voici quelque temps, à la surprise générale, le grimpeur Dimitri Vogt y renonçait en raison de ses convictions écologiques. Le prodige biennois de 22 ans nous a reçus chez lui à Worben (BE) pour nous expliquer ce choix et évoquer sa vision de l’escalade.
page précédente : Le prodige biennois Dimitri Vogt n’apprécie rien tant que les falaises. Sa décision de renoncer aux compétitions éloignées lui a donné la possibilité de s'y frotter plus souvent !
La vaste chambre d’ado dans laquelle Dimitri Vogt aiguise sa technique et ses muscles a tout d’une salle de grimpe. Quelque 600 prises y ont été savamment dispersées au fil des ans et des rentrées financières sur 30 m2 de murs et 5 m de haut. Dans un coin, entre un tas de chaussons usés, un autre de baudriers imprégnés de magnésie, des haltères et des dégaines, une bibliothèque semble s’être perdue. L’essentiel de son contenu se compose de topos d’escalade. Le reste est consacré à la géologie et à l’écologie. À 22 ans, Dimitri Vogt, membre du cadre national de Swiss Climbing et champion suisse de vitesse 2018, mange, dort, rêve et respire escalade. Il s’entraîne 20 à 25 h hebdomadaires, six jours sur sept, et confesse adorer ça. Sa décision, l’an passé, de tirer un trait sur les JO de Tokyo, où sa discipline fétiche sera représentée pour la première fois, n’en a que davantage surpris — d’autant que le jeune Biennois faisait partie du très fermé « pool olympique » de cinq athlètes suisses susceptibles de pouvoir se qualifier. « Je suis 100 % serein avec cette décision », affirme pourtant Dimitri, avant d’expliquer ce choix, posément assis en tailleur sur l’un des nombreux crashpads
jonchant le sol de sa chambre. Au même moment, ses coéquipiers de Swiss Climbing disputent sans lui des compétitions aux quatre coins du monde. SON CHOIX LUI FERME DES PORTES ET LUI EN OUVRE D’AUTRES
Son talent, sa passion et son travail l’avaient conduit jusqu’en NouvelleCalédonie, en Chine et aux USA. Mais cette page internationale est désormais en grande partie refermée. Le jeune Bernois ne se rend plus qu’aux compétitions accessibles en voiture ou en transports publics. Cette décision, difficile à prendre, a été longuement mûrie. « L’année passée, je me suis mis pour la première fois à lire beaucoup sur l’écologie et le changement climatique. A l’Uni de Berne, où j’étudie la géologie, un cours sur le développement durable m’a aussi ouvert les yeux. J’ai pris conscience que notre mode de vie occidental n'est pas pour rien dans tout ça. Que si nous étions si aisés matériellement, c’était en partie au détriment d’autres êtres humains. Par honnêteté vis-à-vis de moi-même, j’ai compris que je devais changer quelque chose dans ma propre vie », explique Dimitri. Loin de lui l’envie de s’ériger en modèle.
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« Mon seul souci était d’être en accord avec mes valeurs », assène-t-il. Si sa décision a été bien comprise par ses pairs et par ses entraîneurs, dont il redoutait un peu la réaction, elle l’a contraint à renoncer au programme que l’armée suisse réserve aux sportifs d’élite. Plus difficile encore : il ne pourra plus prétendre être un véritable professionnel de l’escalade de compétition. Personne n’a pris sa place dans le « pool olympique », car aucun autre garçon ne remplissait les critères de sélection. Mais la droiture — surtout celle à laquelle il est difficile de s’astreindre —, a aussi ses récompenses. « Tout cela m’a laissé du temps pour faire ce que je préfère : de la falaise ! Et au printemps dernier, j’ai réalisé un rêve de gamin : répéter ’’Coup de grâce’’ ! » se réjouit Dimitri. Cette voie située dans le Val Bavona (TI) est sa seconde 9a (après « La cabane au Canada », libérée à 19 ans, sur les traces de son héros de jeunesse le Tchèque Adam Ondra). Le nom de cette voie mythique est d’ailleurs inscrit parmi d’autres au marqueur noir sur le mur personnel de Dimitri, entre les prises multicolores, aux côtés de « Muir Wall » — une légendaire 8a+ (de 1’000 m de dénivelé)
du Parc de Yosemite, vaincue en avril 2017 en compagnie de Silvan Schüpbach. L’APPEL DE LA NATURE ET DE L’EXCELLENCE
« Dès que j’ai commencé à grimper sérieusement, il a été clair pour moi que la compétition n’aurait qu’un temps alors que les falaises, elles, seraient mes complices pour la vie ». Venu à l’escalade dès l’âge de six ans, à l’occasion d’un cours de grimpe parents-enfants, Dimitri avoue — en riant — avoir longtemps craint de monter à plus de 3 m… A dix ans, pourtant, il commence à s’entraîner sous l’égide de Robert Rehnelt. À quatorze, il entre en équipe nationale et, à seize, dispute ses premières finales internationales, « souvent stressé avant et toujours frustré après ». Parallèlement, il intègre la grande famille des grimpeurs de falaises. « Des gens simples, ouverts, droits et pas compliqués, qui te tutoient d’emblée quel que soit ton niveau. » Il goûte à cette « sensation addictive d’être intensément dans le présent et d’enchaîner les bons gestes sans penser à rien d’autre ». En U20, Dimitri se relâche, décide de voir la compétition comme un jeu de progression et prend plus de
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risques. Il remporte une coupe d’Europe, arrive second aux championnats d’Europe et troisième aux championnats du monde. Le jeune homme passe la Matu en sport-étude. Ses parents et « sponsors principaux » l’encouragent, mais ne le poussent pas. Vivre de l’escalade n’est pas une obsession. Et l’avenir, alors ? Dans dix ans, Dimitri Vogt s’imagine plutôt travailler comme géologue à un poste qui aura du sens. « Je me verrais mal, par exemple, contribuer à extraire du gaz de schiste ou des hydrocarbures », lâche-t-il en souriant. En attendant, il ambitionne surtout d’escalader quelques-uns des fameux « big walls » dont les noms ornent sa chambre-bloc. Il rêve aussi de se lancer dans un projet qui lui correspondrait mieux encore : un long climb trip à vélo entre amis à travers l’Europe, pour réunir à la fois ses convictions environnementales et sa passion de l’escalade !
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PARTEZ À L'AVENTURE ! Même si le monde n’a pas vraiment quatre coins, 30° degrés les explorera quand même. Des sommets himalayens au plus profond des mers du Sud, des plages paradisiaques aux confins des zones les plus hostiles de la planète. Peu importe, pourvu que l’aventure soit au rendez-vous ! Et vous ? Quand partez-vous ? De la Polynésie à la Thurgovie, il y a toujours une bonne raison de faire ses bagages. Que vous voyagiez pratique, léger, urbain ou tout terrain, ou que vous vouliez faire plaisir à un(e) ami(e), 30° degrés a pensé à ses lecteurs à l’âme vagabonde...
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P O R T F O L I O
L'APPEL DU NORD
ALEX STROHL
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Les fjords du parc national de Jostedalsbreen, abritant le plus grand glacier d'Europe continentale, s'éveillent sous une fine couche de neige, un matin d'automne. ©
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Situé dans les Alpes Juliennes, près de la frontière italo-slovène, l'étroit refuge de Kanin s'amarre au-dessus du vide grâce à de puissants câbles... Il peut accueillir 9 personnes.
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L'image est célèbre : le Preikestolen, alias Pulpit Rock (« La Chaire »), avance son replat granitique en saillie 604 m au-dessus des eaux du Lysefjord, au sud-ouest de la Norvège.
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Wapiti et bœuf musqué sont, chacun à leur manière, taillés pour affronter les frimas du Canada et de l'Alaska.
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L'hiver a enveloppé cette tourbière brûlée du parc national de Yellowstone d'un linceul de patience.
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L'hiver, les falaises de grès rouge friables des îles de la Madeleine, flottant à l'orée de l'immense golfe du Saint-Laurent (au Québec), s'ancrent dans la banquise.
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Éveil, un matin d'hiver, aux îles de la Madeleine.
Résidences d'artistes sur l'île de Fogo, au large de Terre-Neuve !
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Conçues par l'architecte canado-norvégien Todd Saunders, les quatre résidences d'artiste de l'île Fogo, ancrées à même la rocaille, sont entièrement autonomes en énergie.
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La Norvège à bord d'une vieille Volvo... what else ?
Cavalcade matinale dans la cordillère de Huáyhuash, au Pérou.
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Ride acrobatique sur la moraine du glacier Knik, aux portes d'Anchorage.
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Reliant l'océan Arctique, la Dempster Highway est la route la plus septentrionale au monde.
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Une tempête de neige s'empare des forêts d'épicéas de Sitka d'Hurricane Ridge, sur les hauteurs du parc national d'Olympic, dans le Nord-Ouest des États-Unis (État de Washington).
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La solitude des grands espaces de la Dempster Highway.
L'îlot de Spirit Island sur fond de montagnes Rocheuses : une image emblématique du parc national de Jasper, en Alberta (Canada).
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Français expatrié en Amérique du Nord, Alex Strohl est tombé dans le bain de la photo un peu par hasard. Les circonstances lui ont offert un bien beau métier et il parcourt désormais la planète en quête d’images convoquant sensations pures et authentiques. Avec un coin de prédilection : ce Montana où il réside (dans la vallée du Flathead), déjà exploré par son père dans les années 1960. Un refuge dans la fureur du monde. interview Claude Hervé-Bazin
photos Alex Strohl
PHOTOGRAPHE, EST-CE UN MÉTIER OU UNE PASSION ?
Être photographe n’a jamais été un but en soi. Enfant, je bricolais des ordinateurs, puis je me suis mis à faire des images pour alimenter mes envies de Photoshop. À l’adolescence, j’ai beaucoup déposé de photos sur le site Flickr. À cette époque, on venait de déménager au fin fond de l’Ardèche (sud de la France) ; j’allais de balade en forêt pour faire des photos à l’ordi pour les retoucher. Plus tard, j’ai fait des études en design graphique ; je pensais que la photo resterait un hobby. Par un concours de circonstances et un déménagement à Vancouver, en 2012, j’ai cofondé avec Maurice Li une agence de représentation de photographes nommée Stay And Wander. Mais je profitais de mes moments libres pour parcourir la côte ouest du Canada et mettais des photos sur Instagram tous les jours. Mon audience continua de grandir. Maurice jugea utile d’ajouter mon portfolio sur le site de l’agence et c’est comme ça que j’ai fini derrière l’objectif à plein temps !
événement qui nous arrive a une raison d’être. Ce qui compte, c’est comment on s’adapte et on réagit. Tout au long de 2019, j’ai tenu un journal et il m’a permis de constater que je suis fondamentalement heureux. Je m’efforce de prendre chaque jour comme si c’était le dernier et de n’avoir peur de rien.
États-Unis est particulier à cet égard, de par son immense superficie et sa faible densité. Et si on traverse la frontière vers le Canada, on peut diviser la population par dix. Le Yukon, l’Alaska, le Nunavut, le Groenland, la Sibérie… toutes ces régions croulent sous les lieux fantastiques où l’on peut se perdre facilement.
LA RAISON DE VOTRE SUCCÈS SUR
VOS ENDROITS FAVORIS À LA SURFACE DU GLOBE ?
LE NET : L’HUMOUR ? L’OPTIMISME ? LE CHOIX DE PRIVILÉGIER LES LIEUX LES PLUS ISOLÉS ET SAUVAGES ? L’IDÉE QUE DEMEURENT DES LIEUX VIERGES ?
En dehors du fait d’avoir sauté à bord d’Instagram dans son état embryonnaire en 2011, je pense que mon désir de nouvelles expériences est contagieux et que les gens de l’autre côté de l’écran ont envie de me suivre là où je vais. Je suis à fond dedans et, quand quelqu’un est sincère et enthousiaste, on a toujours davantage envie de l’imiter.
VOTRE PHILOSOPHIE DE VIE ?
MAIS Y A-T-IL ENCORE VRAIMENT DES COINS SECRETS SUR CETTE PLANÈTE ?
J’aime aborder la vie de façon simple. Je suis convaincu qu’on peut influencer son destin. Si on souhaite quelque chose, on peut diriger nos efforts vers ce but et s’en rapprocher. Je crois vraiment que chaque
Certainement ! Il faudrait 100 vies pour en faire le tour. Des coins secrets on en trouve à 30 minutes de chez moi, dans le Montana. Des coins où une poignée d’humains ont foulé le sol. Le Nord-Ouest des
Partout où la mer rencontre les montagnes : la Norvège, l’Alaska, la Patagonie pour n’en citer que quelques-uns. Plus ça va, plus je m’amuse à chercher des coins complètement hors des sentiers battus, comme certaines vallées du Caucase. QUELLE VERTU À SE PERDRE ?
Choisir de sortir de sa zone de confort dans des régions sur lesquelles peu d’informations existent est la liberté ultime. C’est ce que je recherche. Être libre d’aller me perdre. Inutile de partir à 8’000 km de chez soi pour ça, on peut très bien se perdre dans sa propre région. J’ai grandi à 45 minutes de Madrid et tous les weekends je cherchais des coins paumés pour aller faire du VTT. Croyez-moi, ça ne manquait pas !
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Le centre-est de l'Utah est devenu un QG des riders de tous poils ; ils s'attaquent ici aux pentes argileuses des aiguilles de Swing Arm City, aux portes du parc national de Capitol Reef.
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Immersion dans la forêt norvégienne. La nature à pleins poumons.
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QUELS SONT VOS SUJETS DE PRÉDILECTION ?
Ma thématique des huit dernières années repose sur l’interaction entre l’humain et le naturel. Si je devais choisir, je pense que je privilégierais la nature, mais l’homme à une grande place dans mon travail, parce qu’il connecte le public à l’image. Même si je ne montre pas toujours des hommes, j’aime suggérer leur présence. Comme un refuge de montagne à moitié éclairé au milieu de la nuit. PAS DE NOIR ET BLANC ?
Je suis optimiste à outrance et pour moi la vie est pleine d’éclat. Je suis très sensible aux couleurs et aux tonalités de la lumière et je trouve que ça manque de ‘vie’ en noir et blanc. Qui plus est, le noir et blanc demande en général de travailler une lumière assez extrême, car ce sont les forts contrastes qui lui donnent vie, alors que je préfère photographier des lumières douces et apaisantes de fin de journée. QUELS SONT VOS SOUVENIRS DE LA PHOTO LA PLUS DIFFICILE À PRENDRE DE VOTRE VIE ?
J’ai la chance d’avoir une mémoire très sélective et j’oublie vite les moments difficiles… Ça m’aide à repartir au quart de tour après une sortie compliquée !
Mais j’ai une anecdote récente : la semaine dernière, je travaillais à une commande pour un opérateur téléphonique nord-américain. Le concept, tiré par les cheveux, demandait d’éclairer un versant de montagne durant une tempête de neige, en pleine nuit. Dans cette scène irréelle, un skieur devait, en un unique essai, sauter au-dessus d’un arbre croulant sous la neige et le heurter gentiment avec ses skis de façon à disperser un nuage de poudreuse. On a passé presque une heure à placer nos six spots sous des rafales glaciales. Je me suis mis en place, on a fait le décompte et j’ai attendu derrière l'objectif. À notre plus grande surprise tout s’est passé exactement comme prévu et le skieur est retombé sur ses pieds ! FAUT-IL CHERCHER UN MESSAGE DANS VOS IMAGES ?
J’aime réfléchir à l’effet qu’elles feront. Quelles sensations vont-elles évoquer chez ceux qui les regardent ? J’aime immerger le spectateur dans le moment vécu. Ça, ça donne envie. QUELS ÉQUIPEMENTS UTILISEZ-VOUS ?
Mis à part ma flotte d’appareils Canon, je suis un adepte du drone. Il permet de faire une grande partie de ce que ferait
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un hélicoptère, sans le coût ni l’empreinte carbone. Le caisson étanche a aussi contribué à agrandir mon terrain de jeu. Ma compagne est mordue d’océan et de surf et moi… pas. Quand on partait au Mexique, je me demandais toujours ce que j’allais bien pouvoir photographier. C’est là que j’ai découvert le boîtier étanche et qu’une porte vers un nouveau monde sous-marin s’est ouverte. Vu que l’eau et le bleu font partie de mes thèmes de travail, je me demande pourquoi je n’y avais pas pensé avant ! COMMENT TRAVAILLEZ-VOUS : PRIORITÉ À LA CHANCE OU ORCHESTRATION SAVANTE EN FONCTION DE LA SAISON, DE LA LUMIÈRE, DES PROBABILITÉS, ETC. ?
C’est un mélange des deux ; j’appelle ça «planifier la chance». En d’autres termes, quand on connaît bien les conditions météo et qu’on sait exactement à quel endroit on va, on peut espérer un gros coup de chance — comme une percée du soleil à travers des nuages bas en fin de journée, ou une belle brume matinale parce que le point de rosée est à une certaine température. Plus on intègre ce genre de calculs, plus ça devient instinctif et plus on peut prévoir des sorties sur un coup de tête, avec peu d’informations.
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Alex Strohl en balade en Islande. L'homme aime le froid, le (Grand) Nord, la nature pas encore cadenassée.
LE SPORT EST INTIMEMENT LIÉ À VOS AVENTURES ET À VOS IMAGES.
J’ai le malheur ou la chance d’avoir un trop plein d’idées et d’énergie, ce qui me rend un peu hyperactif. Pour moi, l’expérience de la nature décuple quand j’en prends plein la gueule physiquement ! Cela étant, en mode survie, il devient trop difficile d’apporter une énergie créative. Je m'efforce donc de trouver le juste milieu. QUELLE PLACE OCCUPE LA MONTAGNE DANS VOTRE VIE ET VOTRE TRAVAIL ?
Je suis né au pied des montagnes et j’aime les voir tous les jours, elles me donnent de l'énergie. Je crains et je respecte la montagne. J’ai la sensation que, plus on veut s’en approcher, plus elle se referme et nous repousse. J’aime ce défi. ET LA PLACE DE L’ÉCOLOGIE DANS VOTRE MONDE ?
J’y pense beaucoup et je trouve que notre génération est pleine de contradictions. J’achète des brosses à dents en bois par exemple, mais en même temps je commande sur Amazon. Je vais au studio à vélo, mais je prends l’avion tous les mois. Plus j’y pense, plus ça me frustre, parce que je sens que la seule façon de bien faire les choses, c’est de devenir ermite,
cultiver son potager et aller partout à vélo. Rare sont ceux qui peuvent vivre ainsi. Du coup, je pense qu’il faut faire de son mieux et en parler aux autres sans chercher à moraliser ou les culpabiliser. Je préfère inspirer les gens à faire des petites actions, parce que ça encourage à devenir plus ambitieux et à questionner ses choix. Sur le sujet, personne n’est exemplaire et chacun doit balayer devant sa porte. RACONTEZ-NOUS LA GENÈSE DE VOTRE LIVRE ALTERNATIVE LIVING.
Alternative Living, c’est simplement aller à la rencontre des personnes qui ont décidé de vivre en marge de la société, qui ont décidé de se retirer dans les bois ou au milieu de nulle part. Je suis (pas si secrètement) jaloux de ce qu’ils ont réussi à faire et j'espère toujours tomber sur celui qui réussira à me convaincre de l’imiter ! VOS RAPPORTS AVEC LA SUISSE ?
Je dis toujours que si je n’habitais pas aux États-Unis, j’habiterais en Suisse. Ce pays jonché de sommets qui font tourner la tête me plaît énormément. Depuis 2014, j’y passe au moins 15 jours par an pour le plaisir et ce n’est pas près de s’arrêter. J’aime traverser la Suisse par les petites routes, m'arrêter dans un village d’alpage
et y boire à la fontaine. N’ayant jamais vécu le quotidien en Suisse, j’ai tendance à l’idéaliser et ça me va bien comme ça : un pays fait de vallées profondes qui est fier de ses régions. VOS PROJETS ET VOYAGES À VENIR ?
Avec ma compagne, cette année, nous traverserons le Japon, puis le Chili, du nord au sud. Je prépare une série de films sur ces deux voyages pour montrer comment on s’y prend à ceux qui décideraient de suivre nos traces. Ça va être une belle année ! www.alexstrohl.com
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FRANCO BANFI
DANS LES BRUMES DE LA MER D’OKHOTSK texte Laurent Grabet photos Franco Banfi
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Les majestueuses et imposantes baleines boréales arborent sur la tête des taches blanches propres à chaque individu. ©
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Profitant de la courte fenêtre de dégel annuel, le célèbre photographe, plongeur et aventurier tessinois s’est confronté aux eaux de la mer d'Okhotsk, dans l’Extrême-Orient russe. Son objectif : immortaliser les baleines boréales. Il en a rapporté bien d’autres choses…
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Le photographe tessinois a tenté de s'approcher des baleines boréales en paddleboard pour ne pas les effrayer.
Franco Banfi… ce nom est familier de bien des lecteurs de notre magazine. Au fil des ans, les aventures aquatiques du plongeur et photographe ont marqué les esprits et surtout les rétines. Lauréat notamment du prestigieux prix « Wildlife Photographer of the Year », l’aventurier tessinois, aujourd’hui âgé de 61 ans, est l’un des meilleurs spécialistes mondiaux de la photo subaquatique. Il a déjà, à ses risques et périls, nagé avec les requins-marteaux aux Bahamas, les baleines bleues au Sri Lanka, les bélugas dans le Grand Nord, les morses en Norvège et même avec un redoutable anaconda dans les eaux troubles amazoniennes… Il s’est aussi glissé sous d’immenses icebergs au Groenland. En août dernier, toujours prêt aux défis, Franco Banfi s'envolait vers la mer d’Okhotsk, cette large parenthèse glacée délimitée par la longue péninsule du Kamtchatka et l’archipel des Kouriles, aux portes de l’Arctique. En tête, un objectif
ambitieux : nager aux côtés des baleines boréales et les photographier ! Première étape : rejoindre par avion Khabarovsk, ville russe située à 30 km de la frontière de la Mandchourie chinoise. Il a ensuite fallu enchaîner sur 800 km dans un minibus jusqu’à Komsomolsksur-l’Amour, puis, de là, s’enfoncer dans la taïga en 4x4, pour finalement rallier en bateau la baie de Wrangel et une plage sur laquelle Franco et son équipe ont planté leur tente pendant dix jours. Loin de toute civilisation. DISCRÈTE APPROCHE EN PADDLEBOARD…
Allaient-ils parvenir à approcher les baleines boréales ? Ces mastodontes de 14 à 18 m de long, pouvant atteindre 100 tonnes et vivre jusqu’à 200 ans (record mondial pour les mammifères), comptent parmi les plus imposants cétacés au monde. Seules les intouchables baleines bleues sont plus lourdes. ©
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Les rapaces sont très présents en mer d'Okhotsk, des aigles de Steller aux grandes buses pattues, comme ici.
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Parmi leurs particularités, les baleines boréales n’ont pas de nageoire dorsale, mais arborent une tache blanche caractéristique personnelle à chaque individu. Autre spécificité : elles chantent en permanence cinq mois durant et peuvent briser une banquise d’1 m d’épaisseur d’un simple coup de tête ! Un graal pour un photographe animalier aventurier. Dans ce métier, la patience et la préparation, bien qu’indispensables, ne suffisent pas forcément à atteindre le but fixé, surtout s’il est aussi relevé. Une fois n’est pas coutume, Franco Banfi l’a constaté à ses dépens : le photographe n’a aperçu un animal de près qu’à une seule reprise. « Nous avons approché un groupe de baleines en paddleboard afin de ne pas les alerter par notre bruit. Lorsque nous sommes arrivés suffisamment près d’elles, nous nous sommes mis à l’eau. Malheureusement, la visibilité était si mauvaise que nous n’avons pu les voir qu’une fois », peste le sexagénaire. L’expérience s’est révélée d’autant plus frustrante que, la nuit venue, depuis leurs tentes, Franco et ses camarades d’expédition pouvaient entendre les baleines refaire surface régulièrement. Une déception pour le photographe qui confesse « ressentir une émotion profonde » lorsqu’un animal sauvage lui permet de l’approcher.
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qu’elles sont gelées une bonne partie de l’année. Pendant cette « fenêtre » d’une poignée de mois moins froids, la vie prospère. La forêt, parmi les plus vastes au monde à avoir échappé à l’empreinte humaine, se fait même dense et luxuriante. Lynx, loups, rennes, cervidés, élans et ours y vivent, tandis que les cours d’eau regorgent de saumons venus frayer. L’équipe s’en est d’ailleurs plus d’une fois régalée ! Elle a aussi rencontré phoques barbus et phoques annelés. Tous les membres de l’expédition ont aussi été frappés par la richesse de la région en populations d’oiseaux. « Sur certaines îles comme celle de Talan, lorsque des nuées de stariques cristatelles prennent leur envol, le ciel se fait sombre », s’émerveille Franco Banfi. La mer d'Okhotsk est également connue pour héberger l’une des plus grandes concentrations au monde de pygargues de Steller, une sorte d’aigle géant piscivore. Et le photographe de conclure: « Il y a encore des découvertes à faire en ce monde pour les voyageurs curieux, aventureux et ouverts d’esprit. La région de la mer d'Okhotsk est clairement l’une d’elles ! » www.wildlifephototours.ch www.banfi.ch
DIX JOURS D’ISOLEMENT DANS UNE NATURE BRUTE
Le Suisse s’est alors plutôt concentré sur l’incroyable richesse de la faune et de la nature de l’Extrême-Orient russe. Durant l’été, les températures s’y font relativement clémentes et les eaux de la mer d’Okhotsk atteignent 8 à 12°C, alors ©
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Californie, road trips infinis, géants des mers et autres aventures extraordinaires, la rédaction vous présente ses coups de cœur Instagram du moment.
@mayaaharrison #surf Swami's Beach, Californie
@_marcelsiebert #fantasticearth Jurassic coast, GB
@avi_photography #purenewzealand Lindis Pass, NZ
@mountainbubba #vanlifeexplorers Redwood (NP), CA
@sebastienclosuit #eyesneverlie Suisse
@mscherle #climbing Niagara Glen, Canada
@14_mount_8000 #iceclimbing Himalaya
@hannes_becker #gameofthrones Irlande du Nord
@travisburkephotography #freediving Îles Derawan, Indonésie
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LES MARQUES DE SPORT
JOUENT LA DURABILITÉ texte Claude Hervé-Bazin
photos Picture Organic Clothing
Le monde du sport et de l’outdoor se réunit chaque année à Munich pour la grand-messe de l’ISPO. Les dernières innovations s’y exposent et les tendances du marché s’y dégagent. Dernier axe en date : améliorer la durabilité des produits.
ISPO, LE RENDEZ-VOUS INCONTOURNABLE DE L’OUTDOOR
I comme International. S comme Sport. P comme Professional. O comme Outdoor. Né en 1970, l’ISPO, le plus important salon mondial de l’équipement sportif, célèbre en 2020 son demi-siècle d’existence. L’ISPO, c’est désormais 2’950 exposants répartis sur 200’000 m2 et 83’000 visiteurs chaque année, réunis fin janvier ou début février à Munich. Ce sont aussi deux salons chinois et un autre, au début de l’été, en Bavière, OutDoor by ISPO. Autant de plateformes pour les nouveautés et les innovations technologiques. En 2020, l’ISPO a adopté une triple devise. Be active, Be creative, Be responsible. Le constat est là : après avoir innové au-delà des espérances, les grandes marques outdoors prennent conscience de la nécessité de s’impliquer également dans la durabilité, la conception écologique — et même sociale — de leurs produits. Un " code de conduite " a été adopté l’année passée par l’ISPO, qui encourage organisateurs, exposants et visiteurs de la foire à agir de manière climatiquement neutre, économe en ressources et
durable, en collaboration notamment avec l'European Outdoor Conservation Association (EOCA). Le CEO du salon, Klaus Dittrich, souligne une forte perspective : « dans les 50 prochaines années, nous avons l’ambition de devenir la plus grande plateforme mondiale dédiée au sport et, ce faisant, de contribuer à changer l’industrie en trouvant des réponses aux questions pressantes du temps : comment nous attaquer au changement climatique ? Comment développer des opportunités pour tous, plutôt que d’accroître les différences de niveau de vie dans le monde ? Comment améliorer notre durabilité ? Nous pensons que le sport est un levier puissant pour contribuer à répondre à ces questions essentielles (…) qui agitent société et entreprises. Nous devons trouver des solutions avant qu’il ne soit trop tard. » DE GREENWASHING À GREENDOING
Le mot est lâché : durabilité. Le 29 juin prochain, quelque 250 éminents spécialistes issus des mondes du sport, de la politique, de la culture, de l’économie et de la société civile plancheront à Munich,
lors du SDG (Sustainable Development Goals) Summit, sur la meilleure manière de transformer les objectifs de développement durable en réalités dans la planète outdoor. En tête d’affiche : le lauréat du Prix Nobel de la paix Muhammad Yunus, inventeur du microcrédit. L’ISPO et ses membres se placent ainsi dans l’ambitieux sillage des Nations-Unies en faveur des 17 objectifs de l’Agenda 2030 — comprenant notamment l’éradication de la pauvreté, la lutte contre la faim, l’accès à la santé, à l’eau et à l’éducation, le recours aux énergies renouvelables, une consommation responsable, la lutte contre le changement climatique et la promotion d’une industrialisation et de villes et communautés durables. Il est temps de laisser le pouvoir du sport et de l’outdoor changer le monde, dit le slogan. Dirigeant de l’European Outdoor Group (EOG), représentant les industriels du secteur, Mark Held soulignait récemment lors d'une conférence de presse la nécessaire évolution du milieu vers une « responsabilité sociale et environnementale » accrue. Déjà, 97 % de ses membres se sont engagés à améliorer leur empreinte ©
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écologique. Le milieu, à l’en croire, investit chaque année 200 millions de dollars dans le développement durable. De nombreuses entreprises ont commencé à faire la chasse aux PFC (gaz à effet de serre, difficilement dégradables), comme Mammut, et au PVC (cancérigène). Certaines questionnent aussi désormais le téflon (idem) et les nanoparticules (à la dispersion dans l’environnement incontrôlable). Quelques avancées ont été présentées à l’ISPO, comme la fondation du Microfiber Consortium, une organisation sans but lucratif — quoique intimement liée à l’industrie — qui travaille au développement de solutions techniques pour les entreprises textiles dans l’optique de minimiser leurs rejets dans l’environnement. L’instance promeut aussi une réduction des plastiques d’emballage à usage unique, en les recyclant en amont de la vente au consommateur, lorsqu’ils sont encore propres, pour accroître leur durée de vie. Ainsi traités, ils pourraient être réutilisés jusqu’à 14 fois. Le plus important distributeur européen du secteur, Décathlon, s’est déjà engagé — et quelques autres aussi. L’EOG finance depuis douze ans l’European Outdoor Conservation Association, qui soutient elle-même des projets locaux en faveur de l’environnement, tel le nettoyage des plages. Mais Klaus Dittrich, le boss de l’ISPO, le souligne bien : « Nous sommes juste au début des transformations. » DES FABRICANTS PIONNIERS
Au-delà des mots, le salon a un puissant outil dans sa manche : les ISPO Brandnew Awards, ces trophées récompensant les idées et les produits les plus novateurs
de l’année. Longtemps, la priorité a été accordée à l’innovation pure, à la technicité, aux progrès invraisemblables de la respirabilité, de la résistance au vent, à la pluie, à la neige. Mais la règle pourrait changer. Déjà, cette année, l’ISPO a distingué la veste eco pur de la jeune start-up suisse dimpora, à la membrane protectrice conçue sans PFC et… entièrement biodégradable ! Un pur produit de l’institut polytechnique de Zurich, financièrement soutenu par Innosuisse. Au Sustainability Hub de l’ISPO, fin janvier 2020, le GRV Transparency Tour a mis en avant d’autres fabricants investis dans les matériaux biodégradables et biotechnologiques. Parmi eux, l’Américain PrimaLoft, dont les isolants synthétiques sont employés par de nombreuses grandes marques, s’est engagé à faire en sorte que, d’ici fin 2020, 90 % de ses produits contiennent au moins 50 % de matériaux recyclés (issus des plastiques PET). La marque, forte de son slogan We are relentlessly responsible, a parallèlement développé le PrimaLoft Bio, 100 % issu de matériaux recyclés et biodégradable à 93,8 % (à 2 ans), qui réduit significativement la dispersion de micro-plastiques dans l’environnement. Comment ? En rendant les fibres plus appétissantes aux micro-organismes qui les digèrent et les renvoient dans le cycle naturel ! Un pas important sachant que, aux États-Unis, les deux tiers des déchets textiles (multipliés par 9 depuis 1960…) finissent encore en décharge. Des engagements qui valent à PrimaLoft d’être le plus important fabricant de son secteur certifié Bluesign — un label indépendant garantissant une production textile sûre et durable.
Parmi les autres intervenants, DyeCoo, basé aux Pays-Bas, a développé un procédé de teinture sans aucune utilisation d’eau ni de produits chimiques nocifs, applicable à l’échelle industrielle. Plus d’additifs contaminants, mais un recours au CO2 (de récupération) chauffé à haute pression comme solvant des colorants — une technologie révolutionnaire qui a valu à la compagnie d’être nominée par le Forum Économique Mondial lors des Circular Economy Awards 2019. Appliquée à l’échelle mondiale, elle permettrait d’économiser plus de 3 milliards de mètres cubes d’eau annuellement ! Mieux encore : le CO2 utilisé est recyclable à 95 %, entrant ainsi dans un cercle vertueux. Le procédé, parfait pour le polyester, commence à s’implanter dans certaines usines asiatiques de Nike, Adidas et Mizuno. LE MODÈLE PATAGONIA
Le champion toutes catégories en matière de durabilité ne s’est pas inventé écologiste hier. Dès les années 1970, Patagonia, à l’instigation de son fondateur Yvon Chouinard (lire l’article que nous lui avons consacré dans notre n°73), a privilégié la qualité et la durabilité de ses produits. Pour des raisons d’éthique personnelle. Vêtements en PET recyclés et en coton bio avant tout le monde, investissement du champ politique pour soutenir la défense de l’environnement, réparation et revente de ses produits, fondation et financement de l’ONG environnementale One Percent for the Planet (à hauteur de 1 % du chiffre d’affaires), etc. Plusieurs fabricants ont depuis fait de la protection de l’environnement un axe de leur stratégie d’entreprise, à l’instar de l’équipementier de montagne bavarois
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Vaude, qui garantit des produits à la fois équitables (en partenariat avec la Fair Wear Foundation) et conçus grâce à des matériaux et ressources durables. Ils sont pensés pour être intemporels, ce qui leur évite de se démoder, et faciles à réparer. Vaude, qui publie chaque année un rapport de durabilité, a même construit un siège climatiquement neutre (avec cantine bio !). L’exemple montre que l’on peut contrôler les conditions de travail chez ses sous-traitants, fusse à l’autre bout du monde. Depuis l’origine (2008), les jeunes Français de Picture n’ont jamais pensé qu’écoconception et développement durable. Leurs produits sont 100 % issus de matériaux recyclés, biologiques ou bio-sourcés. Des doublures en chutes de tissus récupérées ? Pourquoi pas. Des casques en polymère issu du maïs ? Bingo. À Munich, les ISPO Gold Awards pleuvent. Le néoprène se recycle mal ? Suit une combinaison de surf en caoutchouc naturel à 85 %. Puis le projet Harvest Jacket, pour un tissu issu de la canne à sucre et de l’huile de ricin. La voie est tracée et, désormais, même les grands s’y mettent. Adidas va d’ailleurs lancer les premières baskets 100 % recyclables. Renvoyées à l’entreprise en fin de vie, elles seront broyées et refondues. À une échelle moindre, l’Anglais Nikwax apporte sa pierre à l’édifice avec ses imperméabilisants aqueux à base de cire minérale « assouplie » (sans solvants nocifs) qui rendent aux vêtements techniques leurs qualités perdues au fil du temps. La marque a même développé une lessive spécifique biodégradable. La question n’est pas anecdotique : nombre
de vestes de ski ou de montagne sont tout simplement impossibles à laver sans détruire les propriétés protectrices et respirantes de leur fragile membrane! Certaines marques en ont fait leur cheval de bataille, comme Nobis et Gore-Tex. Et les fourrures alors ? Très simple : placez les quatre jours au congélateur dans un emballage, elles sortiront comme neuves ! L’AVENIR EST À LA SIMPLICITÉ
Certaines marques se sont-elles perdues en chemin en proposant des produits toujours plus technologiques ? Qui a vraiment besoin, pour aller skier, d’une veste conçue pour affronter le froid polaire ? Les matériaux ultratechniques, parfois questionnables en termes de santé ou d’environnement, reculent ou s’adaptent aux nouvelles exigevnces. Bois (pour les skis), coton bio, chanvre, bioplastiques se développent ou s’invitent désormais dans la course. L’exigence de matériaux écologiquement rationnels s’accroît. Le fast fashion et la consommation avide perdent de leur élan. Pour les industriels de l’outdoor comme pour toutes les entreprises du monde, le moment est venu de prendre en compte ces tendances. Il s’agit, désormais, de voir à moyen et long terme. De mesurer l’implication pour tous des conditions de production. De penser coordination et intégration des efforts. Sans doute un cadre législatif global favoriserait-il une évolution en ce sens. Le green deal tracé par Ursula von der Leyen, la nouvelle présidente de la Commission Européenne, pourrait être cette voie, si elle ne se mue pas en simple déclaration d’intention. En attendant, les initiatives personnelles resteront déterminantes,
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à l’instar de la Fashion Revolution lancée en 2014 par l’Anglaise Carry Somers, suite à la catastrophe du Rana Plaza, au Bengladesh, où trouvèrent la mort 1’138 employés de sous-traitants textiles. Plus anecdotique, les Jeux Olympiques de Tokyo se sont engagés, cet été, à fabriquer les quelque 5’000 médailles qui seront décernées à partir d’équipements électroniques recyclés. Même les podiums seront en plastique recyclé ! Tout un symbole.
MISE À L’INDEX
Outre les divers labels et trophées, un outil permet désormais de mesurer la véracité des engagements verts des entreprises de confection : l’indice Higg. Conçu sous les auspices de la Sustainable Apparel Coalition, qui réunit 250 entreprises membres dans 35 pays, représentant plus de 500 milliards de chiffre d’affaires annuel dans le monde, il permet au consommateur d’identifier les compagnies les plus vertueuses, mais aussi aux sociétés du secteur de choisir leurs partenaires en fonction de leur implication environnementale.
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30° magazine / N° 74
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TROP D’OBJETS INUTILES ? Offrez plutôt quelques heures d’aventure à vos proches...
DES SPORTIVES À TOUTE ÉPREUVE par Nathalie Cobos
LONGINES CONQUEST V.H.P.
Son leitmotiv ? Partir sereinement à l’aventure jour après jour, sans compromis au niveau de l’élégance. Forte d’une technologie novatrice basée sur le quartz, la Conquest V.H.P. est indéréglable. Fiabilité, précision, durabilité et simplicité sont les atouts de ce garde-temps proposé dans un diamètre de 43 mm, sur un bracelet de cuir brun inédit. Cette nouvelle déclinaison est dotée d’un cadran argenté orné de chiffres arabes et d’index recouverts de Super-Luminova©. www.longines.ch
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ORIS LAKE BAIKAL LIMITED EDITION
ZENITH DEFY EL PRIMERO 21 BLUE
TAG HEUER CARRERA HEUER 02 ÉDITION SPÉCIALE 160 ANS
TISSOT SEASTAR 1000 PROFESSIONAL
Les nuances aquatiques de son cadran dégradé et de sa lunette tournante avec insert en céramique évoquent d’emblée l’univers de l’eau. Les ventes de ce modèle limité à 1’999 pièces contribueront à soutenir les activités de la Lake Baikal Foundation, dédiée à la surveillance et à la protection de l’immense lac sibérien, qui renferme à lui seul 20 % des réserves mondiales d’eau douce de surface. Cette création en acier sur bracelet acier est présentée dans un coffret écologique en carton.
On ne présente plus le my-thique calibre El Primero de Zenith, l’un des mouvements à chronographe les plus précis du marché, capable de mesurer des temps au 1/10e de seconde. Ce garde-temps légendaire se pare aujourd’hui de bleu tendance, assortissant sa platine à un bracelet en caoutchouc recouvert de cuir d’alligator aux tonalités indigo. Une création audacieuse à l’esthétique sophistiquée, dont le boîtier en titane brossé affiche une étanchéité à 100 mètres.
À l’occasion de son 160e anniversaire, TAG Heuer revisite un de ses modèles emblématiques : le chronographe Heuer Carrera de 1964. Enrichi des innovations technologiques les plus modernes, ce modèle est muni d’un boîtier en acier dont la forme a été légèrement modifiée : diamètre augmenté, mais épaisseur réduite. Sous son cadran argenté bat le mouvement manufacture de haute horlogerie TAG Heuer Calibre Heuer 02, promesse de performances chronométriques d’exception.
Son boîtier en acier est un véritable coffre-fort. Étanche à 300 mètres, résistant aux champs magnétiques élevés et aux chocs latéraux, même sur les couronnes et les poussoirs, il est doté d’une lunette rotative sécurisée et d’une soupape à hélium destinée à éviter toute accumulation d’air ou d’hélium dans la boîte. La Tissot Seastar 1000 Professional répond pleinement aux critères de la norme ISO 6425, à laquelle sont soumises les montres de plongée professionnelles.
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LES HORLOGERS
AUX PETITS SOINS POUR LES OCÉANS texte Yannick Nardin
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©Blancpain / Laurent Ballesta
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La mission de Laurent Ballesta dans l'atoll de Fakarava (Polynésie), financée par l'horloger Blancpain, a permis de mettre en évidence, pour la première fois, un probable effort collaboratif des requins de récif lors de la chasse.
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Protéger l’arc-en-ciel corallien, mener des recherches dans les profondeurs énigmatiques et même faire le ménage sur les plages : l’heure est à l’engagement chez les fabricants de garde-temps.
Il y a peu encore, on imaginait les océans quasi intouchables. Comme si, d’un coup de vague, ils pouvaient tout diluer dans leur immensité. Pourtant les mers souffrent, durement, des activités de l’homme. Alors que la crainte d’un futur sombre réveille la conscience écologique collective, les initiatives environnementales prospèrent dans l’écosystème horloger. Et si le curseur varie entre millions de kilomètres carrés protégés et micro-projets, chaque action apporte une bulle d’espoir bienvenue. Immersion sur fond de montres de plongée.
©Blancpain / Laurent Ballesta
PROTECTION RAPPROCHÉE
Si Neptune se choisissait un bodyguard privilégié, Rolex figurerait parmi ses favoris. Engagée de longue date, la marque finance de multiples acteurs de la défense des océans – pour un montant que l’on peut supposer aussi conséquent que confidentiel. La marque soutient notamment depuis plus de quarante ans l’Our World-Underwater Scholarship Society et, depuis 1982, Sylvia Earle, pionnière de l’exploration sous-marine. L’avenir s’annonce tout aussi ambitieux : Rolex prépare, en partenariat avec le National Geographic, trois expéditions dans des environnements extrêmes, dont les océans. Objectif : analyser l’impact
des activités humaines et déterminer les risques provoqués par les changements écologiques pour progresser vers des solutions. L’engagement pour le monde aquatique figure aussi en tête de liste pour Blancpain, sous le patronage de la Fifty Fathoms, considérée comme la première montre de plongée moderne. Entre 2011 et 2016, l'horloger a apporté un financement déterminant au National Geographic, permettant notamment de protéger 4,2 millions de km2 d’océans. Outre de nombreux projets de sensibilisation, Blancpain s’implique aussi au plus haut niveau politique à travers le World Ocean Summit et soutient, au long cours, le biologiste, plongeur et photographe Laurent Ballesta. Son dernier exploit, un mois passé à 120 m de profondeur dans un caisson pressurisé, a permis la collecte de données inédites en Méditerranée. AU SERVICE DE LA CAUSE AQUATIQUE
Breguet et Ulysse Nardin apportent eux aussi leur contribution à la défense des océans. La première en tant que partenaire de « Race for Water », fondation dédiée à la préservation de l’eau. La seconde en s’engageant aux côtés de Dan Lenard, cofondateur du studio de ©
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Fo : Bethany Hamilton Foto
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ADVENTURE. ACTION. OCEAN LIFE. 05.05.2020 FRIBOURG 08.05.2020 LAUSANNE 10.05.2020 GENÈVE DATES, BANDES-ANNONCES ET PLUS D‘INFORMATIONS SUR : WWW.OCEANFILMTOUR.COM
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conception de yachts Nuvolari-Lenard, impliqué dans un périple en bateau destiné à attirer l’attention sur la détérioration du milieu marin. Chez Certina, le choix iconique de la tortue – animal emblème, depuis 1959, de son système de protection pour montres de plongée – s’est matérialisé, depuis 2017, par un partenariat avec la Sea Turtle Conservancy. La marque lui reverse une partie des bénéfices de la vente de la DS Action Diver Édition Spéciale 60e anniversaire. Avec, en prime, un tour en mer à « dos de tortue », puisque Certina parraine le traçage d’une tortue luth (baptisée Frankie) par une balise sur la carapace. COQUILLAGES ET PLASTIQUES, SUR LA PLAGE ABANDONNÉS…
Ramasser ses déchets fait-il vraiment la différence ? Évidemment ! répond Ocean Conservancy, qui lutte pour la santé des océans – sachant que 15 tonnes de plastiques, venus en majorité des terres, se déversent chaque minute dans les mers. Et voilà Breitling engagée au nettoyage de plages balinaises aux côtés de Kelly Slater, fervent défenseur de la cause… Parallèlement à son soutien financier à Ocean Conservancy via sa montre Superocean en édition limitée, Breitling propose désormais 18 modèles de bracelets Econyl© en filets de pêche recyclés,
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adaptables à tout modèle de la marque. Équation gagnante : 3 bouteilles pour un bracelet, Panerai fait aussi le choix du recyclage, PET cette fois, pour sa Panerai Submersible Mike Horn Edition au boîtier en éco-titane. Prochain défi : une montre en matériaux 100 % recyclés – une prouesse très attendue en horlogerie mécanique. Déjà, de jeunes entreprises font preuve d’initiatives très engagées dans ce domaine. La start-up bâloise Tide Ocean transforme (notamment) en montres les déchets plastiques repêchés en mer et récoltés sur les côtes. Aperçue au poignet d’Emmanuel Macron lors du G7, Awake propose, elle, des montres solaires avec un boîtier en filets de pêche et un bracelet en bouteilles de plastique. Des coups de pouce d’importance : le matériel de pêche dérivant est responsable de la mort d’innombrables animaux marins, suivi de près par les sacs plastique.
©Tide Ocean
Parmi les principaux destructeurs de la vie marine : les sacs en plastique — notamment gobés par les tortues qui les confondent avec les méduses. ©
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©Jean-Baptiste Chauvin
COLOMBIE
TERRE DE CAFÉ texte Daniel Bauchervez
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©Charly Boillot
En plein Triangle du Café, dans la Cordillère Centrale, la vallée de Cocora est connue pour ses emblématiques palmiers à cire, au tronc élancé et très fin. Il arrive qu'ils dépassent 50 m de haut!
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En Colombie, les Andes se dispersent en une cacophonie de chaînes enchevêtrées, enserrant une multitude de vallées tropicales. Entre leurs replis, recoins touffus, plantations de café et cascades prospèrent à l’air des cimes.
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La rumeur de Santa Marta et la chaleur torride de la côte caraïbe s’évaporent peu à peu au fil des lacets. La route se contorsionne entre deux murs de verdure, entrebâillés par moments sur quelques perspectives de hautes montagnes couvertes de végétation. Des rubans de brume matinale achèvent de se disloquer sous l’assaut du soleil équatorial et la lumière irradie intensément à travers les frondaisons.
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DANS LA POUSSIÈRE DES PISTES
Voilà Minca. À 650 m d’altitude, la bourgade se perche confusément sur les contreforts de la Sierra Nevada de Santa Marta — dont le lointain point culminant, le Cerro Kennedy (5’775 m), se couvre à l’occasion d’un inattendu chapeau neigeux. Un carrefour pour centre. Une église blanche cachée derrière un paravent de badamiers. Quelques échoppes et cambuses. Et, au milieu de tout ça, le ballet incessant des motos-taxis, toujours prêtes à affronter les pistes défoncées prenant le relais du ruban de goudron. Minca se résume à peu de choses.
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Le long du camino raviné par les pluies fréquentes, le moteur tousse et les roues patinent. Les fougères et les bambous grimpent aux rideaux. Les ornières succèdent aux ornières. Enfin, après 30 minutes de ce traitement de choc, La Victoria est en vue, tapissée dans son recoin de nature, entre torrent, forêt tropicale humide et plantations de café. Fondé par des Britanniques en 1892, le beneficiadero, au domaine (bio) étendu sur près de 500 ha, fut longtemps l’un des plus gros producteurs d’arabica de la région. Les générations se sont succédé et, désormais, on y vient en pèlerinage pour découvrir ses installations romantiquement figées dans le temps. D’octobre à janvier, les billes rouges du café tout juste cueilli s’y écoulent en vrac dans la despulpadora, qui sépare les grains, ensuite fermentés et séchés. Bien d’autres fincas, dans le secteur, cultivent le café ou le cacao. Que l’on s’y rende en moto, à VTT ou en randonnée, on en profite généralement pour pousser jusqu’aux chutes d’eau du Pozo Azul (le « puits bleu »), voire jusqu’aux Cascadas ©
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Hans Oppikofer en train de contrôler ses pommiers Naturaplan
Naturel.
Juste.
Bon.
Parce qu’il est naturel de protéger l’environnement et ses ressources, ici et partout dans le monde.
Parce qu’il est juste de respecter la nature et ses produits, mais aussi d’agir de façon écologiquement responsable.
Parce qu’il est bon de se faire plaisir sans avoir mauvaise conscience, en harmonie avec la nature.
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©LDD
Cœur productif de la Colombie, l'Eje Cafetero (le Triangle du Café) a été en partie classé au Patrimoine mondial. Mais on cultive en fait le café sur toutes les pentes andines, jusqu'au nord du pays.
Marinka, pour s’immerger dans les divins bassins naturels creusés à leur pied. À 3 JOURS DE MARCHE, LA CITÉ PERDUE
C’est l’abricot-pays (un drôle d’abricot XXL) qui lui a donné son nom. Amarré sur un torrent dévalant de la Sierra Nevada de Santa Marta, El Mamey n’a rien d’une destination de charme : une grosse poignée de baraques coagulées, atteinte par une autre piste défoncée — standard colombien. Après, il n’y a plus que la marche. Deux jours et demi de marche, précisément, à se hisser peu à peu sur les contreforts de la sierra, dans un tiercé (désordonné) de saignées boueuses griffées à l’ombre de la forêt, de gués et de passages terrassés de soleil. La pente est raide, parfois rude. Au fil de l’ascension, le panorama tend au panoramique. Des ponts suspendus s’étirent au-dessus de torrents aux émanations glacées. Le chaos des montagnes est adouci par le vert exalté de la végétation, d’où émergent de rares pueblos habités par les Indiens Kogi, aux huttes serrées les unes contre les autres. Réfugiés ici pour échapper aux conquistadors, ils sont toujours là, dans leurs tenues blanches impeccables, veillant sur ce
territoire sacré aux yeux de leurs aïeux. Le soir, au campement, le hamac se balance dans un air de plus en plus frais. Le duvet n’est finalement pas de trop malgré l’humidité ambiante et les toits de tôle rouillée. La pluie tombe, détrempant tout. Puis le jour revient. Il s’agit, désormais, de grimper les 1’200 marches de pierre séculaires menant à la Ciudad Perdida. Pas vraiment une cité, mais un ensemble de terrasses rondes, taillées à flanc de montagne, où les ancêtres des Kogi avaient installé leurs demeures. Loin, très loin du monde. www.colombia.travel/fr www.expotur-eco.com www.turcoltravel.com www.magictourcolombia.com
AVEC NESCAFÉ, LE CAFÉ COLOMBIEN SE MET AU VERT
La Colombie caracole depuis bien longtemps dans le peloton de tête des principaux pays producteurs de café (3e rang mondial en 2019). Plus d’un demi-million de familles s’y dédient à cette culture ! Les plus grandes marques mondiales y sont implantées, au premier titre desquelles Nescafé. L’entreprise contribue ici à faire bouger les lignes, en soutenant, formant et donnant des plants à plus de 40’000 paysans (60 millions de caféiers auront été distribués d’ici fin 2020). L’optique : dépasser les 80 % de production responsable déjà atteints à la faveur du programme Grown Respectfully. C’est ainsi que, en Colombie, les terres produisant pour la marque suisse dégagent un rendement supérieur à la moyenne, avec plus de 1,2 tonne d’arabica à l’hectare. Nescafé soutient près d’1 million de petits producteurs à travers le monde, en leur dispensant, en partenariat avec la Rainforest Alliance, des conseils techniques favorisant aussi pratiques durables et lutte contre le changement climatique. www.nescafe.ch
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LE LÉGENDAIRE MARC BATARD, BON PIED BON ŒIL
Marc Batard a été le premier homme à gravir l'Everest en moins de 24 heures et sans oxygène. C’était en 1988. Trente-deux ans plus tard, il demeure le seul à avoir accompli cet exploit. « Le sprinteur de l’Everest » compte retourner sur le Toit du monde en mai 2022, pour ses 70 ans. Mais, cette fois, ce sera pour la bonne cause. Cette ascension en compagnie du Népalais Pasang Nuru Sherpa et du Pakistanais Ali Sadpara constituera le point d’orgue d'un projet destiné à récolter de l’argent pour fonder une école dédiée à la formation de guides de très haute montagne au Népal, l'Himalayan International Mountain School. Pour faire le buzz, Marc Batard s’est mis en tête d’escalader, sans oxygène, les plus hauts sommets du monde. Son équipe a ainsi prévu des ascensions de l'Annapurna en mars 2020 et du K2 à l’été 2021. UN SUISSE REMPORTE LE « YUKON ARCTIC ULTRA »
Du 30 janvier au 7 février, Whitehorse accueillait le « Yukon Arctic Ultra », autoproclamé (non sans raison) « l’ultra le plus froid et le plus dur au monde ». Fondée en 2003, cette épopée de 100 et 300 miles, empruntant le tracé de la course de traîneaux à chiens Yukon Quest Trail, ne pardonne rien. Cette année, sur 21 participants à la plus longue distance, seuls deux ont réussi à franchir la ligne d’arrivée : notre compatriote Fabian Imfeld en vainqueur et le roumain Tiberiu Useriu ! L’un comme l’autre, l’année passée, avaient dû abandonner en raison de risques d’engelures. Trois autres Suisses étaient en lice. Les Romands Hervé Acosta et Patrick Sumi sont venus à bout de 100 des 300 miles dans des conditions météo éprouvantes et Victor Hugo Docarmo a réussi à atteindre le Mile 179 avant de devoir renoncer. www.arcticultra.de
RIDER'S RING SINCE 2004
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LES FEMMES À L’HONNEUR DU 7e INTERNATIONAL OCEAN FILM TOUR L’International Ocean Film Tour, 7e du nom, dont 30° degrés est partenaire, fera escale en Suisse du 4 au 18 mai dans 14 villes, dont Genève, Lausanne et Fribourg. Objectif annoncé : Plonger, 2h durant, les spectateurs au cœur des océans par le truchement d’une sélection des meilleurs films d’aventures marines de l’année. Surfant sur une vague en vogue, l’édition 2020 fera la part belle aux femmes. On y (re)découvrira notamment la surfeuse hawaïenne Bethany Hamilton et Tracy Edward, qui avec son team « Maiden », constitua le premier équipage féminin à s’aligner sur la Whitbread Round The World Race. Chez les hommes, le défunt Mike DeGruy sera mis à l’honneur. Cet explorateur et fervent militant de la protection des océans fut l'un des meilleurs photographes sous-marins au monde. www.oceanfilmtour.com
© Aaron Lieber
PLONGÉE EN HAUTE ALTITUDE
C’est une expédition d’un genre un peu particulier que le guide et réalisateur romand Sébastien Devrient et le plongeur français de l’extrême Frédéric Swierczinsky ont mis sur pied cet hiver en Argentine. Leur but : rejoindre, à 5’494 m, un lac d'altitude situé sur les flancs du volcan Ojos del Salado, dominant le désert d'Atacama. Frédéric Swierczinsky s'y est immergé dans une eau à 2° C, sous l'œil attentif de la caméra de Sébastien Devrient, dans le cadre de la réalisation d'un documentaire annoncé dans les cinémas suisses à l'automne. Ce long métrage abordera la quête de records, la problématique
de l’acclimatation des corps et proposera une réflexion sur la faculté d’adaptation de l’homme face à ses rêves, ses ambitions et son environnement. L’ÉPREUVE DE SURF DES JO DE PARIS AURA LIEU À TAHITI
Après avoir longuement hésité entre Biarritz, Lacanau, Hossegor et La Torche (Bretagne), le conseil d’administration du Comité d’organisation des Jeux Olympiques de Paris (2024) a tranché : l’épreuve de surf aura lieu à… Tahiti, sur le mythique spot de Teahupo’o. Pas idéal en terme d’empreinte carbone, mais, durant l’été, la Polynésie offre de bien
meilleures probabilités de voir déferler de jolies vagues que la côte atlantique française. Autre souci, Teahupo’o, réputé pour son caractère brutal, est habituellement réservé aux hommes dans le circuit professionnel. Restera à trouver la bonne fenêtre de tir. www.paris2024.org
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UNE CARAVANE EN VILLE texte Claude Hervé-Bazin
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Puck, Kleine Schwester, Nomad, Schneewittchen... chacune des huit caravanes possède son nom, son histoire et sa décoration bien à elle — comme, ici, une surprenante mosaïque de bois.
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C’est tout l’esprit de Berlin qui réside dans ce lieu. Derrière la porte, une courjardin. Derrière la cour-jardin, une ancienne usine d’aspirateurs réinventée en hôtel. Dans l’hôtel, des caravanes d’autrefois. Comme autant de bulles d’histoires.
Hermannplatz, ligne 8 du U-Bahn. Les carreaux jaunes et gris tapissant les murs de la station ramènent quelques décennies en arrière, lorsque Neukölln était l’un des épicentres de la classe populaire berlinoise. Quartier historiquement rouge, puis alternatif, mais situé en secteur américain, le coin n’attirait guère les foules alors. Après la chute du mur — qui passait à quelques pas de là —, ce fut pire. Mais aujourd’hui la longue place a repris des couleurs avec le retour en force des étudiants et des bobos. UN PROJET CARRÉMENT LOUFOQUE
Cent mètres sur la Weserstraße, un poil plus sur la Hobrechtstraße (à gauche) et une façade lambda se dessine, aussi anonyme que les autres. C’est donc là que l’on dort ce soir ? Porche franchi, s’ouvre une cour greffée de son ascenseur extérieur d’un autre âge. On l’imagine
grinçant. Mais l’oasis du Hüttenpalast a déjà fait son charme. Treille, hortensias, fougères, palmes, tournesols et autres pâquerettes roses, voilà un petit bout de nature en ville — et en pot —, où chantent les oiseaux dès les premiers rayons revenus. Les propriétaires, Sarah et Silke, exfashion designer et event manager, ont combiné leurs talents pour imaginer ce lieu à la fois absolument atypique et parfaitement dans l’âme berlinoise. Un endroit décalé. Joueur. Décontracté. Lorsqu’elles sont tombées sur ce vieil immeuble industriel délabré, au plus fort des conséquences de la crise de 2008, « nous n’avions qu’une perspective bêtement banale », rappellent les deux femmes : ouvrir un café et un hôtel. Puis une idée fulgurante s’imposa à Sarah : construire des cabanes dans le hall. Silke, inquiète, temporisa : « des cabanes sur ©
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roulettes, pour que l’on puisse les déplacer et louer la salle… » Le compromis fut vite trouvé : ce seraient (surtout) des caravanes. LE BONHEUR SUR DEUX ROUES
Un parfum furieusement rétro flotte sur le Hüttenpalast, ramenant à cette époque où, sous l’œil de Moscou, les Allemands de l’Est partaient en vacances aux portes mêmes de la ville, dans des caravanes grandes comme des mouchoirs de poche. Une bribe de liberté, alors, dans l’austérité cadenassée du communisme étatique. Un privilège aussi : il fallait dix ans de patience pour se voir accorder le droit d’acheter sa bulle d’évasion sur roues. Elles sont là, réappropriées au présent, avec leurs lits désormais bien confortables. La Friedel, tout en aluminium, datant des années 60. La Puck des 50s, blanc et turquoise. L’incroyable Dübener Ei (Würdig 301 de son vrai nom), profilée comme un œuf, perchée au-dessus des autres. Et la toute légère Blanche-Neige (Weferlinger Heimstolz), tout en contre©
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plaqué, si légère que même une Trabant pouvait la remorquer... Petites, voire toutes petites, ces caravanes n’offrent guère plus que l’espace de leurs couchages. Pas de salle de bains. On partage les sanitaires (impeccables au demeurant), un salon évidemment vintage et, parfois, les ronflements des voisins… Si les attelages sont ancrés à demeure, l’espace est réduit et les bruits, eux, voyagent. Comme dans tout bon camping, la priorité est plutôt ici aux rencontres. À chacun, d’ailleurs, son bout de parvis, sa terrasse lilliputienne pour héler le voisin. Sans intimité, mais avec une jolie collection de mobilier de jardin chiné, projecteurs de ciné et nains de jardin — comme autant d’antidotes à la grisaille du passé et à la rectitude de l’architecture locale. Au matin, petit déjeuner avalé, on sautera sur un vélo (en location à l’accueil) pour aller parcourir Berlin. En toute légèreté. En toute liberté. www.huettenpalast.de
Les caravanes du Hüttenpalast datent des années 1930 à 1980. Si certaines sont ouest-allemandes, la plupart proviennent de l'ancienne Allemagne de l'Est. ©
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