République Algérienne Démocratique et Populaire Ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique UNIVERSITE FERHAT ABBAS – SETIF 1 INSTITUT D’ARCHITECTURE ET DES SCIENCES DE LA TERRE DEPARTEMENT D’ARCHITECTURE
MEMOIRE DE MASTER DOMAINE : ARCHITECTURE ET METIERS DE LA VILLE FILIERE : ARCHITECTURE OPTION : PATRIMOINE ARCHITECTURAL ET URBAIN
Thème NOUVELLE VOCATION ET IDENTITÉ D’UN EDIFICE PATRIMONIAL LA RECONVERSION DE LA SYNAGOGUE DE SETIF
Présenté par : Abdelkrim LENEGUER
Encadré par : M. Saïd CHOUADRA Promotion : 2017
Jury de soutenance : Président : Pr Hamza ZEGHLACHE Encadreur : M. Saïd CHOUADRA Examinateur : Mme Assia OMARI
A la mémoire de mon père, Aux femmes de ma vie, ma mère, ma femme, ma sœur A mes enfants, pour qui j’espère être un exemple comme le fut mon père pour moi Je dédie ce modeste travail Abdelkrim LENEGUER
Je tiens à remercier Monsieur Saïd CHOUADRA d’avoir accepter de me diriger pour réaliser ce travail. Merci à ma femme, non seulement pour m’avoir soutenu et surtout supportée tout au long de cette année, mais surtout d’être à mes côtés depuis dix ans. Merci aussi a mes amis, Farid BENSALEM, Fayçal SAAD et Belkacem AIDOUD avec qui j’ai partagé un rêve qui ne se réalisera peut-être jamais, et dont seul ce mémoire restera comme trace. Mes amis : Oussama KHARCHI, Ali RAHMANE et Boubaker BELAACEL qui ont crus en moi et m’ont encouragé à faire cette expérience, pour cela je serais toujours reconnaissant. Enfin je remercie Melle Asma DEKKAR pour toute l’aide qu’elle m’a fournie pour la réalisation de ce travail. Abdelkrim LENEGUER
Table des matières CHAPITRE PREMIER : PRESENTATION DU THEME. ..................................... 3 1.1. Introduction ........................................................................................................ 4 1.2. Problématique..................................................................................................... 5 1.3. Intentions et objectifs ......................................................................................... 6 CHAPITRE II : APPROCHE THEORIQUE............................................................ 7 2.1 Introduction ......................................................................................................... 8 2.2 Notion de patrimoine ........................................................................................... 9 2.2.1 Qu’est-ce que le patrimoine ? ....................................................................... 9 2.2.2 Qu’est-ce que le patrimoine architectural ? ................................................ 11 2.2.3 Qu’est-ce que le patrimoine religieux ? ...................................................... 12 2.2.4 Le patrimoine culturel religieux dans la culture musulmane : ................... 13 2.3 Un patrimoine spécifique : les édifices de cultes non musulmans en Algérie .. 14 2.3.1 Les édifices inscrits sur la liste des biens culturels protégés ...................... 15 2.3.2 Les édifices inscrits sur l’inventaire supplémentaire .................................. 16 2.4 Les enjeux du patrimoine .................................................................................. 17 2.4.1 L’appropriation du patrimoine .................................................................... 19 2.4.2 Les différents types d’appropriation ........................................................... 20 2.4.3 Patrimoine, mémoire et identité .................................................................. 20 2.5 La conservation du patrimoine .......................................................................... 22 2.5.1 Les théories de la conservation du patrimoine bâti ..................................... 22 2.5.2 Objectifs de la conservation du patrimoine ................................................ 28 2.5.3 Moyens et outils de la conservation du patrimoine bâti ............................. 29 Conclusion ............................................................................................................... 32 CHAPITRE III : DE LA SYNAGOGUE A LA MAISON DE L’ARCHITECTURE ............................................................................................... 33 3.1 Introduction ....................................................................................................... 34 3.2 Intérêts de la reconversion................................................................................. 34 3.3 La synagogue..................................................................................................... 36 3.3.1 Origine et Histoire ....................................................................................... 36
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3.3.2 Architecture des synagogues ....................................................................... 39 3.4 La synagogue de Sétif ....................................................................................... 43 3.4.1 Histoire ........................................................................................................ 43 3.4.2 Les enjeux de l’édification .......................................................................... 44 3.4.3 Architecture de la synagogue ...................................................................... 45 3.4.4. La place de la synagogue dans la ville ....................................................... 47 3.4.5. Diagnostic et état des lieux ........................................................................ 47 3.5. Les étapes de la mise en valeur et la reconversion de la synagogue................ 48 3.5.1. Introduction ................................................................................................ 48 3.5.2. Première Phase : Diagnostic et bilan : ....................................................... 49 3.5.3. Deuxième phase : Elaboration du plan d’actions pour la mise en valeur. . 54 3.5.4. Troisième phase : Projets d’exécution détaillée des actions retenues. ...... 55 3.6. Le projet ........................................................................................................... 59 3.6.1. La maison de l’architecture ........................................................................ 59 3.6.2. Exemple : La maison de l’architecture en Île-de-France ........................... 61 BIBLIOGRAPHIE .................................................................................................. 67 Livres .................................................................................................................... 67 Revues .................................................................................................................. 69 Thèses ................................................................................................................... 69 Articles ................................................................................................................. 71 Colloques et rapports............................................................................................ 75 Vidéos................................................................................................................... 76 Webographie ........................................................................................................ 77 LISTE DES FIGURES ............................................................................................ 79
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Chapitre Premier : Présentation du thème. Introduction Problematique Intentions Et Objectifs
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1.1. Introduction Aujourd’hui, les architectes, sont amenés à intervenir sur des ″édifices existants″, Leurs rôle consiste à intervenir sur ces édifices de manière à leurs permettre de rester en vie, ces édifices peuvent être en état de ruine, d’usage, en mauvais état ou hors d’usage. C’est une pratique existe depuis la nuit des temps, tout au long de l’histoires des bâtiments ont été adaptés à différents usages. La nature de ces interventions diffère selon le type d'édifice ainsi qu’en fonction des raisons qui conduisent à le transformer : on intervient sur les lieux de culte lors d’un changement de culte, sur les lieux de pouvoir, sur les lieux de production et sur les lieux de vie qui ne sont plus adaptés. L’expression ″d’édifice existant″ peut englober autant des ensembles d’édifices que des parties d’un bâtiment. Si peu d’édifices existant peuvent encore abriter la même fonction pour laquelle ils ont été conçus, ces interventions implique généralement un changement de fonction. Par ″reconversion″ on entend l'introduction d'une fonction nouvelle dans un bâtiment désaffecté. Si elle s'est pratiquée de tout temps, la reconversion n'a accèdée que récemment au rang de technique architecturale réfléchie1. Quel que soit les raisons pour lesquelles on intervient sur un édifice existant, et au-delà de ses caractéristiques (forme, structure, volume, espaces …,) la question de la valeur patrimoniale qu’on lui attribue se pose toujours. Mais comme la notion de patrimoine est aujourd’hui extrêmement floue2, l’intervention sur un bâtiment existant ne saurait donc se réduire à l’application d’une méthode générique, comme le préconisait les chartes d’Athènes et de Venise, mais doit être l’aboutissement d’une réflexion raisonnée et singulière sur le site concerné.
‘Reconversion Du Patrimoine Architectural, Applications Architecture Industrielle: Bibliographie Sélective Annotée’, Etudes et Documents Sur Le Patrimoine Culturel, N°. 17 (Unesco • ICOMOS, 1988), p. 49. 2 Thibault Le Hégarat, ‘Un Historique de La Notion de Patrimoine’, 2015 <https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs01232019> [accessed 28 January 2017]. 1
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1.2. Problématique La synagogue de Sétif est sans aucun doute le reflet du temp passé, véhiculant une symbolique forte. Elle est aussi le reflet de l’esprit de son temps et de la société qui l ’a bâtie. Porteuse de sens et objet de mémoire, elle occupe une place fondamentale dans notre imaginaire. De ce fait, cet édifice ″ est inséparable de l ’histoire dont il est témoin et du milieu où il se situe3 ″. Ayant perdu sa fonction originelle, elle trouve difficilement sa place dans notre société. Cependant, sa survie, sa transmission a des générations futures, dépend souvent de son intégration dans la société actuelle et de son appropriation par les individus. Le meilleur moyen pour la protéger serait de lui ″ trouver une fonction ″ dans le présent, afin d’assurer sa pérennité. Comment lui redonner sens et vie et faire de cet édifice une véritable valeur ajoutée pour la ville ? Comment faire cohabiter un bâti existant avec une nouvelle fonction, sans nuire à l ’authenticité du lieu ?
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Charte internationale sur la conservation et la restauration des monuments et des sites (charte de Venise 1964), Article 7
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1.3. Intentions et objectifs • Donner sens et vie à la synagogue, c’est faire en sorte qu’elle (re) devienne utile pour tous. Il s’agit non seulement de la conserver et l’ancrer dans la vie contemporaine, mais aussi conserver l’identité et la mémoire d’un lieu, se le réapproprier et assurer la transmission d’un héritage et s’inscrire ainsi, dans une démarche de développement durable.
• La question de la dimension marchande des usages du patrimoine faisant débat, il faut donc concilier les enjeux économiques les enjeux culturels, afin de permettre un équilibre sain entre usage économique et pérennité symbolique de la synagogue.
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Chapitre II : Approche théorique Introduction Notion de patrimoine Un patrimoine spécifique : les édifices de cultes non musulmans en Algérie Les enjeux du patrimoine La conservation du patrimoine Conclusion
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2.1 Introduction Pour comprendre ce qu’est la reconversion du patrimoine, il est nécessaire d’abord de définir clairement le patrimoine d’une manière générale et le patrimoine religieux d’une manière spécifique, et par quoi il se concrétise. Il est aussi important de de comprendre les relations qu’il entretient avec la mémoire et l’identité, avec la multiplication des menaces qui pèsent sur lui, qui sont le résultat d’un phénomène double : • D’une part, l’action du temps. Incarnée par le vieillissement, puis aggravée par la pollution atmosphérique. Elle a pour effet d’accroitre et d’étendre les phénomènes chimiques de destruction des matériaux d’un édifice. De plus le vieillissement est précipité par les vibrations dues aux moyens de transports contemporains ou de la nature, ces effets sont particulièrement graves sur des bâtiments qui sont de plus en plus vulnérables et soumettent les structures des édifices anciens a une dégradation accrue.4 • D’autres part, l’action de l’homme qui est une action destructive directe. Il y a les destructions volontaires occasionnées par l’ignorance, le manque de culture, d’information ou le désir de récupération d’un territoire. Ensuite le jugement esthétique qui est subjectif et reste très fluctuant et fragile, est aussi à l’origine de la détérioration du patrimoine architectural5. Enfin, par la perte de fonction d’un bâtiment est aussi une forme de dégradation induite par l’homme. Ce phénomène s’applique à toutes les architectures, et particulièrement celles d’ordre religieux. En conséquence, des visions de sauvegarde se sont développées, évoluant dans le temps avec les pratiques et les courants de pensés architecturales.
Anne Chabas, Tiziana Lombardo, and Patrick Ausset, ‘Impact de La Pollution Urbaine Sur Les Matériaux Du Patrimoine Culturel’, Daniel R. Thévenot. Journées Scientifiques de l’Environnement 2006: Le Citoyen, La Ville et L’environnement, May 2006, Créteil, France. 2006, 2007., 2006 <https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-00180324> [accessed 12 October 2017]. 5 Mohamed Boussalh, Manuel de Conservation Du Patrimoine Architectural En Terre Des Vallées Pré Sahariennes Du Maroc, CERKAS, 2005. 4
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La question de la conservation est venue donc se poser, au travers de nouveaux usages, l’enjeu résidera dans la capacité de respecter et de garder la spécificité initiale du lieu, son unicité, voire sa signification sociale, tout en lui apportant une fonctionnalité nouvelle6. 2.2 Notion de patrimoine 2.2.1 Qu’est-ce que le patrimoine ? Au sens propre, le patrimoine concerne, d’une manière générale : ″ Ensemble des biens que l’on hérite de ses ascendants ou que l’on constitue pour le transmettre à ses descendants7 ″. Au sens figuré, le patrimoine a une acception plus large et concerne : ″ Ce qui est transmis à une personne, une collectivité par les ancêtres, les générations précédentes, et qui est considéré comme un héritage commun 8 ″, mais ″ c’est par une généralisation du terme de patrimoine que nous en sommes venus à y inscrire la notion de propriété commune, née de la conscience d’une collectivité9″. Le passage d’une notion réservée au strict domaine familial à une notion collective est le résultat d’une longue évolution de la société, sous l’effet de plusieurs causes que Jean-Pierre Babelon et André Chastel, dans leur ouvrage La notion de patrimoine, ont identifiées autour de six facteurs historiques du phénomène : le fait religieux, le fait monarchique, le fait familial, le fait national, le fait administratif et le fait scientifique. Malgré que cet ordre ne constitue pas une chronologie en soi, mais on pourrait tout de même reliés ces faits à des époques plus au moins bien
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Maria Gravari-Barbas and others, Nouveaux Défis Pour Le Patrimoine Culturel Rapport Final Du Consortium PA.TER.MONDI., 2014. 7 T.L.F.I. : le Trésor de la langue française informatisée, http://atilf.fr 8 T.L.F.I. : le Trésor de la langue française informatisée, http://atilf.fr 9 Jean-Pierre Babelon and André Chastel, La Notion de Patrimoine (L. Levi, 2004).
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définies, pour aboutir à la définition actuelle du patrimoine dans le langage officiel et commun, une définition qui englobe une grande variété de biens10. La définition est donnée par Jean-Pierre Babelon et André Chastel, dans leur ouvrage précité : ″ Le patrimoine, au sens où on l’entend aujourd’hui dans le langage officiel et dans le langage commun, est une notion toute récente, qui couvre de façon nécessairement vague tous les biens, tous les ″ trésors ″ du passé. En fait, cette notion comporte un certain nombre de couches superposées qu’il peut être utile de distinguer. Car elle intervient au terme d’une longue et chaotique histoire du domaine français, des biens français, de la sensibilité française au passé. […] Dans toute société, dès la préhistoire, […], le sens du sacré intervient en invitant à traiter certains objets, certains lieux, certains biens matériels, comme échappant à la loi de l’utilité immédiate. L’existence des lares familiaux, celle du palladium de la cité doivent probablement être replacées à l’origine ou au fond du problème du patrimoine. Il faut en rapprocher le sort de certains objets usuels, armes et bijoux, et même d’édifices, qui, pour des raisons diverses, ont échappé à l’obsolescence et à la destruction fatale pour se voir doter d’un prestige particulier, susciter un attachement passionné, voire un véritable culte. L’histoire du développement humain est liée aux comportements à l’égard des morts…. Mais il est lié aussi à des attitudes, à des règles concernant des objets privilégiés qui méritent d’échapper aux fatalités naturelles11… ″ Dans une approche pluridisciplinaire du groupe patrimoine et développement du GEMDEV12, Le patrimoine est, …, défini comme un ensemble de biens, reconnu comme tel par la collectivité locale considérée. Cette dernière lui confère une valeur, liée à son passé, qu’elle souhaite transmettre à ses descendants. Il s’agit de biens, matériels ou immatériels, dont l’une des caractéristiques essentielles est de
Samir Nedjari, ‘Conversion Des Lieux de Culte À Alger Du XVIIIème Au XXème Siècle. Cas de La Mosquée/ Cathédrale Ketchaoua’ (Université Paris I Panthéon- Sorbonne, 2012). http://www.institut-numerique.org 11 Babelon and Chastel. 12 Groupement d’intérêt scientifique pour l’étude de la mondialisation et du développement : www.gemdev.org 10
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permettre d’établir un lien entre les générations, tant passées que futures. Le patrimoine est donc lié à un héritage à transmettre, issu de l’histoire, plus ou moins ancienne, du territoire étudié13. C’est ainsi qu’aujourd’hui, le patrimoine recouvre un ensemble de biens matériels ou immatériels à caractère naturel, culturel, architectural ou historique. Ceux-ci ne sont pas seulement des vestiges du passé : tout élément est susceptible de devenir patrimoine, dès lors qu’il suscite un intérêt communautaire local national ou international, qu’il résulte d’une forme d’attachement collectif et qu’il présente un intérêt à être transmis aux générations futures14 2.2.2 Qu’est-ce que le patrimoine architectural ? Le patrimoine architectural est l'ensemble des constructions humaines qui ont une grande valeur parce qu'elles caractérisent une époque, une civilisation ou un événement et que, à cause de cette valeur, nous voulons transmettre aux générations futures15. La Convention pour la sauvegarde du patrimoine architectural de l’Europe définit le ″ patrimoine architectural ″ comme comprenant16 : • Les monuments : on entend par monuments toutes réalisations particulièrement remarquables en raison de leurs intérêts historique, archéologique, artistique, scientifique, social ou technique, y compris les installations ou les éléments décoratifs faisant partie intégrante de ces réalisations. • Les ensembles architecturaux : par ce qualificatif on désigne tout groupements homogènes de constructions urbaines ou rurales remarquables par leur intérêt
Michel Vernières, ‘La Contibution Du Patrimoine Au Développement Local : Enjeux et Limites de Sa Mesure’, 2012 <https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-00671494> [accessed 19 September 2017]. 14 Nils Devernois, Sara Muller, and Gérard Le Bihan, Gestion Du Patrimoine Urbain et Revitalisation Des Quartiersanciens : L’éclairage de L’expérience Française (Agence Française de Développement, 2014). 15 https://fr.wikipedia.org/wiki/Patrimoine_architectural 16 Convention pour la sauvegarde du patrimoine architectural de l’Europe Conclue à Grenade le 3 octobre 1985, Article 1 13
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historique, archéologique, artistique, scientifique, social ou technique et suffisamment cohérents pour faire l'objet d'une délimitation topographique. • Les sites : les sites sont des œuvres combinées de l'homme et de la nature, partiellement construites et constituent des espaces suffisamment caractéristiques et homogènes pour faire l'objet d'une délimitation topographique, remarquables par leur intérêt historique, archéologique, artistique, scientifique, social ou technique. Les monuments historiques sont ″toute création architecturale isolée ou groupée qui témoigne d'une civilisation donnée, d'une évolution significative et d'un événement historique″17. ″Toute création″ désigne autant les grandes œuvres que les œuvres modestes. Ainsi les palais ont la même importance que les modestes fermes rurales. On sauvegarde donc l’authenticité du témoignage, sa propre originalité. ″La conservation et la restauration des monuments visent à sauvegarder tout autant l'œuvre d'art que le témoin d'histoire18″. 2.2.3 Qu’est-ce que le patrimoine religieux ? ″ Le patrimoine religieux est composé de biens immobiliers, mobiliers ou archivistiques qui appartiennent ou ont appartenu à une église ou à une tradition religieuse, qui lui sont reliés ou l’ont été dans le passé. Ces biens ont été constitués, construits, fabriqués ou acquis dans le contexte des fonctions inhérentes ou corollaires à la mission religieuse, institutionnelle ou sociales de leur propriétaire ou à des fins de témoignage.19 ″ Majoritairement constitué par des édifices de culte, on ne peut observer le patrimoine architectural sans prendre en compte sa dimension religieuse, le patrimoine religieux 17
Loi n°98-04 du 15 juin 1998 relative à la protection du patrimoine culturel, Article 17. www.joradp.dz Charte internationale sur la conservation et la restauration des monuments et des sites (charte de Venise 1964), Article 3 19 Conseil du patrimoine religieux du Québec. Projet de loi no 82, Loi sur le patrimoine culturel, Mémoire du Conseil du patrimoine religieux du Québec, Novembre 2010, 10 pages 18
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constitue, compte tenu de l’importance quantitative des témoignages encore existants, l’élément le plus visible de ce patrimoine20. Toutes les civilisations ont marqué le rôle essentiel des édifices de cultes dans la vie social de la ville, ces édifices sont le fruit de la religion et, en même temps structurent le paysage, les villes, les quartiers. Les minarets des mosquées, les clochers des églises sont inscrits dans le paysage, de nombreux nom de lieux, de villes, de rues font référence aux prophètes et au saints. Nul ne peut occulter les implications culturelles, anthropologiques et sociologiques soulevées par la pratique d’un culte. Ainsi, le patrimoine religieux est une composante mémorielle, culturelle et identitaire fondamentale de la société21 2.2.4 Le patrimoine culturel religieux dans la culture musulmane : Si dans la tradition musulmane l’immortalité est accordée exclusivement au divin, et nul objet ou personne ne peut prétendre à ce privilège, par-là tous les objets sont voués à la finitude et ne méritent pas la vénération, on insiste d’un autre coté sur l’aspect immatériel avec l’essence des objets et la transmission des savoirs et des traditions. Mais cela n'empêche pas le développement de traditions de conservation d'objets matériels liés à la personne du prophète (s.a.w.s) et à ses compagnons. Le seul objet qui met en évidence un rapport direct entre un objet matériel et Dieu ‘’هللا est la mosquée ‘ ’ المسجدqui est communément appelé ‘’ بيت هللا, littéralement ″ la maison de dieu ″, même si elle est plus définie par l’espace qu’elle occupe et les fonctions qu’elle remplit que par l’objet architectural en lui-même22. Dans le droit islamique, le patrimoine culturel religieux est géré par l’institution juridique que l’on qualifie de biens wakfs23 ou de biens habous ; les fonds placés
Paul Iogna-Prat, ‘Le Patrimoine Culturel Entre Le National et Le Local : Chances et Limites de La Décentralisation’ (Université d’Angers, 2009) <https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-00435144> [accessed 23 October 2017]. 21 Samuel Mathieu, ‘Le Patrimoine Religieux | VRM - Villes Régions Monde’ <http://www.vrm.ca/le-patrimoinereligieux/> [accessed 6 November 2016]. 22 Nedjari. 23 En Algérie les biens Wakfs sont régis par la Loi n° 91-10 du 27 Avril 1991 Relative aux biens wakfs. 20
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sous ce régime sont immobilisés de sorte qu’ils ne sont ni vendus ni donnés, et leurs revenus reviennent à l’aumône ; Autrement dit il s’agit d’un bien placé hors de la sphère du commerce et à l’abri de toute aliénation en raison de sa finalité d’intérêt général24. Ce système des habous autorise l’affectation à perpétuité d’un bien mobilier ou immobilier à une œuvre pieuse ou d’utilité publique, ce qui fait qu’on retrouve ce rapport direct entre le divin et les biens matériels dans la culture islamique, du fait que ces biens acquièrent le statut de bien habous et deviennent inaliénable pour l’éternité25. 2.3 Un patrimoine spécifique : les édifices de cultes non musulmans en Algérie26 Une nation tel que la nôtre, qui a vu se succéder une multitude de civilisations, a hérité, d’un patrimoine cultuel foisonnant et nuancé. Allant des traces et objets de cultes pré et protohistoriques jusqu’aux édifices religieux hérités de la colonisation française, en passant par les vestiges romains, byzantins et berbéro-musulmans. Malheureusement ce patrimoine n’est pas aujourd’hui reconnu dans son intégralité. En effet le patrimoine religieux dans sa globalité représente près de 25% des biens culturels protégés en Algérie, dont 18% en tant que monuments isolés et le reste soit. 7% inclus dans des secteurs sauvegardés. Pour des raisons socioculturelles et historiques évidentes 92.5% des biens cultuels protégés appartiennent au culte musulman. Le patrimoine religieux de culte non musulman ne représente qu’à peine 2% de l’ensemble des biens culturels protégés en Algérie. Ce legs est jusqu’à aujourd’hui victime de rejet et méconnaissance. Bien que théoriquement l’acquisition d’un statut officiel27 par un bien, est la reconnaissance ultime des valeurs véhiculées par celui-ci et lui permet de bénéficier d’une protection et des fonds des institutions chargées de la préservation du Tahar Khalfoune, ‘Le Habous, Le Domaine Public et Le Trust’, Revue Internationale de Droit Comparé, 57.2 (2005), 441–70 <https://doi.org/10.3406/ridc.2005.19355>. 25 Nedjari. 26 Naouel Nessark, ‘Devenir Des Édifices Religieux de Culte Non-Musulman Des XIXème et XXème Siècles’ (Université Mouloud Mammeri De Tizi-Ouzou, 2014). 27 Classement ou inscription sur l’inventaire supplémentaire 24
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patrimoine pour des éventuelles restaurations ou réhabilitation et une obligation de transmission aux générations futurs, cette protection demeure précaire et pas tangible. Dans la pratique, protéger n’est pas forcément synonyme de conserver. Ces édifices sont compétemment à l’abandon ou souffrent des conséquences de reconversions faites souvent dans la hâte et la loi28 stipule clairement que le bien inscrit sur cet inventaire, peut être radié de la liste s’il n’est pas classé au bout de dix ans. 2.3.1 Les édifices inscrits sur la liste des biens culturels protégés29 Les biens religieux de cultes non-musulmans classés comportent quatre (4) églises, trois (3) objets de culte juif, un objet de culte protestant, un séminaire et de nombreuses mosaïques et restes d’églises antiques. Outre les édifices inscrits sur la liste des biens protégés, l’inventaire supplémentaire comportent quant à lui, cinq autres édifices. Les édifices religieux de culte non-musulman, ne constituent que 0.7% des biens culturels classés sur la liste nationale des biens culturels protégés. • Chapelle de Santa Cruz – Oran : Classée en 1950, classement reconduit en 1968. • L’ex église Saint Louis d’Oran : Classé en 1952 et reconduit 1968. L’édifice actuellement est à l’abandon. • L’ex église Saint Cyprien d’El Kala - El Taref : Classée en 1953. Le classement est reconduit e n 1968. L’édifice est actuellement fermé. • La basilique Notre Dame d’Afrique – Alger : Le bien est classé en 2012. • L’ex grand Séminaire de Kouba – Alger : Le bien est classé en 2012. L’édifice abritant aujourd’hui le ministère des ressources en eau.
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Loi 98-04 relative au patrimoine culturel. Article 04 www.joradp.dz Nessark. N
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Figure 1: L’ex église Saint Louis d’Oran Source : www.tripadvior.fr
Figure 4: Le grand Séminaire de Kouba Source : www.wikimapia.org
Figure 2: L’église Saint Cyprien d’El Kala Source : www.vitaminedz.org
Figure 3: La basilique Notre Dame d’Afrique Source : Wikipédia
Figure 5: Chapelle de Santa Cruz – Oran Source : www.flickr.com
2.3.2 Les édifices inscrits sur l’inventaire supplémentaire30 L’inventaire supplémentaire comporte quant à lui, cinq édifices religieux de culte non-musulman sur un peu plus de deux cent quatre-vingt (280), que contient la liste de 201331. • Temple juif Idrissia – Djelfa : inscrit en 2009 il est aujourd’hui le siège d’une association • Eglise Saint André Collo – Skikda : inscrit en 2013, il est aujourd’hui Centre culturelle, 30 31
Nessark. N Une liste englobant tous les biens culturels immobiliers présentant un éventuel intérêt patrimonial
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• Basilique Saint Augustin – Annaba : inscrit en 2011, • Ex église D’Ouargla : inscrit en 2010
, l’édifice est aujourd’hui le Musée
communal du Moudjahid • Eglise de Djelfa : inscrit en 2011, l’édifice est aujourd’hui abandonné.
Figure 6: Eglise Saint André Collo – Skikda Source : http://colliotte.free.fr/
Figure 7: Basilique Saint Augustin – Annaba Source : Wikipédia
Figure 8: Eglise de Ouargla Source : http://encyclopedie-afn.org
Figure 9: Eglise de Djelfa Source : http://www.titteri.org
2.4 Les enjeux du patrimoine Partout dans le monde, la question du patrimoine prend aujourd’hui un nouveau sens. Les interrogations se dirigent plus vers les rôles que l’on peut attribuer aux 17
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traces du passé et vers les enjeux liés aux lieux de mémoire. Dans le cas de l’Algérie, ou la société est toujours en quête de repères, la notion de patrimoine accompagne un mouvement d’appropriation et d’identification, la sélection des objets et leur conservation jouent un rôle essentiel32. Les débats sur ce qui doit faire partie ou non du patrimoine, et sur la place qu’on lui laisse, ne sont pas encore dépassés. ″ La notion de patrimoine ne se fonde pas sur un véritable consensus et demeure au contraire au centre de débats d’opinion larvés33″. Le patrimoine n’existe pas donc a priori, mais il a émergé en tant que question sociale, à partir du moment où certains groupes ont réussi à l’imposer comme norme, à travers leurs revendications et leurs interventions34. Le patrimoine est donc une affaire de pouvoir, pour asseoir, légitimer, assumer ou combattre une autorité. ″ Celui qui contrôle le passé contrôle le futur, celui qui contrôle le présent contrôle le passé″35. Le patrimoine est devenu enjeu de développement économique et de légitimation politique, c’est pourquoi il est la préoccupation des pouvoirs politique36 et, mis au service de la construction de la Nation. ″ Construire la Nation, c’est aussi pour l’État contribuer à lui donner un visage sensible inscrit dans le temps. Car il n’y a pas de nation sans mémoire37 ″. Le fait d’invoquer le patrimoine contribue à susciter l’adhésion du plus grand nombre à un espace, et par là même à ceux qui y exercent le pouvoir38, c’est aussi le point autour duquel tendent à se focaliser les résistances, celles des peuples et des sociétés dominées, celles du local face à l'emprise de la globalisation, celles des communautés de croyance...
Nabila Oulebsir, Les Usages Du Patrimoine : Monuments, Musées et Politique Coloniale En Algérie (1830-1930) (Éd. de la Maison des sciences de l’homme, 2004). 33 Maria Gravari-Barbas and Vincent Veschambre, ‘Patrimoine: Derrière L’idée de Consensus, Les Enjeux D’appropriation de L’espace et Des Conflits’, in Conflits et Territoires (Presses universitaires François-Rabelais, 2003), pp. 67–82 <https://doi.org/10.4000/books.pufr.1831>. 34 Thierry Linck, ‘Économie et Patrimonialisation’, Développement Durable et Territoires, 2012 <https://doi.org/10.4000/developpementdurable.9506>. 35 Orwell G.H. dans « 1984 ». 36 L'Etat protège le patrimoine culturel national matériel et immatériel et œuvre à sa sauvegarde. Article 45 de la constitution de l’Algérie. 37 Rosanvallon Pierre, 1990, L’État en France de 1789 à nos jours, Le Seuil, Paris, p. 109. Cité par Iogna-Prat. 38 Gravari-Barbas and Veschambre. 32
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2.4.1 L’appropriation du patrimoine Si initialement, le patrimoine désigne un bien transmis de génération en génération, ″ c’est par une généralisation du terme de patrimoine que nous en sommes venus à y inscrire la notion de propriété commune, née de la conscience d’une collectivité39″. Mais on assiste de plus en plus, à la dilution de cette notion dans celles de culture et de civilisation pour englober tout ce qu'un groupe social peut construire, acquérir et transmettre. Cela suppose un processus d’adoption qui s’appelle l’appropriation. Théoriquement, toute appropriation suppose la mise en œuvre d'une règle, qui est l'expression d'un choix collectif lui-même issue d’une volonté individuelle libre. Elle constitue donc un système, relevant à la fois de l'individuel et du collectif. Mais la construction d’un choix collectif est plus complexe qu’une simple agrégation de décisions individuelles. La notion d'appropriation est un processus d'activation, de gestion, de renouvellement et, en définitive, et plus précisément d'appropriation collective, qui est une capacité à identifier les ressources collectives, à les définir, à en faire usage, à les transformer, à les aménager, à en tirer bénéfice et à les transmettre. Elle se distingue de l'appropriation individuelle par la diversité de ses formes et modalités, et repose comme l’appropriation individuelle sur le principe de l’exclusion. C’est l’importance de cette appropriation individuelle qui explique le succès de l’appropriation dans une connotation collective40. Mais comme il n'y a pas d'appropriation collective sans exclusion, le patrimoine est aussi ″ ce dont la préservation demande des sacrifices et ce dont la perte constitue un sacrifice41
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Babelon and Chastel. Linck. 41 André Chastel, ‘La Notion de Patrimoine’, in Les Lieux de Mémoire, ed. by P. Nora (Gallimard, 1986), pp. 405–50. 40
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2.4.2 Les différents types d’appropriation42 • L’appropriation affective : qui peut être aussi qualifiée d’existentielle. Ce sentiment d’attachement se dessine par le ″ le simple fait de s’être mobilisé pour sauver un édifice de la démolition ou de la dégradation créant un rapport affectif à cet objet. ″ Cet appropriation naitra aussi du sentiment d’être à sa place voire chez soi quelque part, induisant de ce fait un sentiment d’appartenance. Le rapport aux lieux est alors vécu dans une réciprocité. ″ Un lieu est à nous parce qu’on est à lui, il fait partie de nous parce que nous faisons partie de lui. ″ • L’appropriation cognitive : le développement d’une connaissance approfondie théoriques et pratiques, des savoirs et des savoir-faire qui entourent l’élément patrimonial permet de devenir un initié et de s’approprier les lieux de manière symbolique mais aussi d’en user de façon pertinente ou stratégique. Cette démarche sera concrètement accomplie à travers la recherche documentaire, historique et l’établissement de cartographies et d’inventaires. • L’appropriation identitaire : Ce mode d’appropriation décrit au mieux le rapport que les citoyens ont avec leur patrimoine. Ce dernier sera ″ associé à un groupe social ou une catégorie au point de devenir l’un de ses attributs, c’est-àdire participe à définir son identité sociale ″. L’enjeu étant, d’affirmer une visibilité, une existence sociale des individus et des groupes. 2.4.3 Patrimoine, mémoire et identité Evoquer le patrimoine, c’est renvoyer à l’histoire et à la mémoire. Une mémoire collective, mobilisée à la fois pour s'identifier, se reconnaître et agir ensemble. ″ La mémoire collective est la mémoire que le groupe ne partage avec aucun autre groupe. Cette mémoire ne connait pas de rupture car elle entretient avec le passé un rapport continu. Le passé est transmis par une mémoire vivante, réelle, par le
Lamia Mansouri and Samira Debache–Benzagouta, ‘Outils et Mécanismes D’appropriation Du Patrimoine. Regard Sur Le Centre Historique d’Alger’, Sciences & Technologie D, 2017, 9–15. 42
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milieu matériel qui nous entoure, et non savante ″43.L’enfermement et le repli sur soi, ne pourrait être que le résultat d’une mémoire sélective et plastique. Le patrimoine apparaît souvent comme une notion consensuelle instituant, à partir d’un rapport partagé à l’histoire et à la mémoire, un nouveau type de bien commun 44. Qu’elle soit collective ou individuelle, la mémoire repose sur un rapport au sol et aux cadres matériels qui constituent pour les sociétés ″ un abri et un appui sur lequel poser leurs traditions ″. Il se trouve que l’histoire urbaine de façon générale est une histoire mouvementée, fragmentée et poreuse45. Fortement liée à la notion de patrimoine, l'identité collective en est même la fonction principale. En effet, l'histoire du patrimoine s'articule, autour de la promotion d'une identité fédératrice propre à chaque pays. Le Patrimoine ″ joue en effet un rôle éminent dans la formation des identités individuelles et collectives, et constitue à ce titre un élément fédérateur et souvent consensuel. Il peut aussi devenir un enjeu, voire une cible, en cas de conflits ou de crises politiques majeurs, ou servir de prétexte à des débordements régionalistes et nationalistes. Telle est donc l’ambivalence des passions identitaires, à la fois dévastatrices lorsqu’elles alimentent les replis sur soi et créatrices lorsqu’elles enracinent dans l’amour du passé l’aptitude à vivre ensemble46 ″. La patrimonialisation renvoie à l’idée de tri, de sélection, aucun élément n’a à priori le statut de patrimoine, il le devient à un moment donné de l’histoire si certains groupes de population le sélectionnent sur la base d'un ensemble de valeurs collectivement admises. Il exprimera une affectation collective qui traduit un accord social implicite, témoignage tacite d’une indéniable identité partagée47.
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Maurice Halbwachs, La Memoire Collective, Bibliotheque de Sociologie Contemporaine (Presses Universitaires de France, 1968). 44 Patrice Melé, ‘Conflits Patrimoniaux et Régulation Urbaine’, ESO Travaux et Documents, 2005, 51–57 <https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-00005717> [accessed 25 October 2016]. 45 Nassima Dris, ‘Patrimoine et Developpement Local: L’appropriation Collective Du Patrimoine Comme Forme D’intégration Sociale’, Revista Internacional de Desenvolvimento Local, 8.13 (2006), 9–18. 46 J L Goff, Patrimoine et Passions Identitaires:, Actes Des Entretiens Du Patrimoine (Fayard, 1998). 47 Mansouri and Debache–Benzagouta.
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Ces liens entre identité et patrimoine laissent entrevoir le potentiel du patrimoine en tant qu’instrument de cohésion sociale et spatiale. Si son instrumentalisation est susceptible, dans certains contextes, de nourrir des tensions ethniques ou religieuses, ces risques ne doivent pas occulter l’intérêt de sa valorisation, notamment dans les pays en développement soumis aux enjeux de la reconquête de leur culture et de leur histoire. Le patrimoine joue par ailleurs un rôle de premier plan dans la résilience des sociétés soumises à des mutations rapides : à l’articulation du passé et du présent, inscrit dans la durée, il procure un sentiment de continuité indispensable pour permettre aux groupes sociaux d’incorporer les changements sans sombrer dans la crise identitaire48. 2.5 La conservation du patrimoine D’une manière générale, ce qui doit être transmis doit d’abord être conservé :il n’y a donc pas de patrimoine sans intention de le conserver, cette question est jusqu’à nos jours au cœur de débats incessants, elle est l’expression d’une volonté commune de préserver l’héritage du passé. ″Chargées d’un message spirituel du passé, les œuvres monumentales des peuples demeurent dans la vie présente le témoignage vivant de leurs traditions séculaires. L’humanité, qui prend chaque jour conscience de l’unité des valeurs humaines, les considère comme un patrimoine commun, et, vis-à-vis des générations futures, se reconnaît solidairement responsable de leur sauvegarde. Elle se doit de les leur transmettre dans toute la richesse de leur authenticité49″ 2.5.1 Les théories de la conservation du patrimoine bâti Les réflexions autour de cette question s’articulent essentiellement à la pensée de trois auteurs : Ruskin, Sitte et Giovannoni. Bien que ces derniers partagent l’idée que c’est l’ensemble qui est porteur de valeur patrimoniale, ils présentent des points de
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Devernois, Muller, and Le Bihan. Charte internationale sur la conservation et la restauration des monuments et des sites (charte de Venise 1964),
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vue passablement divergents quant aux buts et modalités de la conservation du patrimoine urbain50. Nous évoquerons ici les pensées les plus marquantes a) John RUSKIN51 John RUSKIN reconnu au XXe siècle comme le père du mouvement de la conservation, son approche est fondée sur la notion d’authenticité, qui interdit toute intervention sur le patrimoine, dans but d’une transmission de la vérité aux générations futures. La conservation des bâtiments d’architecture vernaculaire étant le plus précieux témoignage d’un savoir-faire historiques développé en réponse à des impératifs culturels et contextuels. Ses principales thèses sont présentées dans son ouvrage ″The Seven Lamps of Architecture″, l’œuvre de RUSKIN est représentative de la dialectique entre mémoire et oubli, qui peut être interprétée par le processus de résistance naturelle des individus ou des groupes face au changement rapide d’une société. L’architecture représente pour RUSKIN un gage de mémoire considérée comme l’expression identitaire par excellence, le reflet d’un savoir-faire qu’il est impossible de recopier. Il définit l'architecture comme un être humain qu'il faut préserver (en le restaurant le moins possible) mais qu'il faut laisser mourir. Son analyse du monument historique se fait non seulement du point de vue de la conservation, mais à la recherche des qualités inhérentes au monument que l’architecture nouvelle devrait adopter.
Johanne Brochu, ‘La Conservation Du Patrimoine Urbain , Catalyseur Du Renouvellement Des Pratiques Urbanistiques ? Une Réflexion Théorique Sur L ’ Appropriation de La Notion de Patrimoine Urbain Par L ’ Urbanisme La Conservation Du Patrimoine Urbain , Catalyseur Du Renouv’ (Université de Montréal - Faculté des Études Supérieures, 2011). 51 RUSKIN JOHN (1819-1900) Écrivain, critique d'art et réformateur social, www.universalis.fr 50
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Pour comprendre la position conservatrice de RUSKIN, il faut savoir qu’elle est intimement liée à sa théorie de la beauté, qui selon lui est fondée sur les lois des formes naturelles. Pour résoudre le problème du rôle de l’émotion dans la beauté et l’art ; cette théorie est complétée par sa théorie sur le sublime. Selon lui la beauté se retrouve dans l’impression de l’âge52, que l’on caractérise à l’époque sous la notion de pittoresque. Cependant Il fait une distinction entre le sublime véritable tel que les montagnes, le ciel, les paysages, et le sublime parasite qui se retrouve dans l’art, parce que le sublime parasite adjoint ou accidentel ″ se trouve le plus souvent incompatible avec la conservation du caractère original53 ″. La restauration pour RUSKIN est donc un ″ mensonge ″. Elle signifie ainsi la destruction la plus complète que puisse souffrir un édifice. ″ Il est impossible, aussi impossible que de ressusciter les morts, de restaurer ce qui ne fut jamais grand ou beau en architecture54 ″. RUSKIN privilégie l’authenticité du bâtit quitte à renoncer à le laisser se délabrer. Il défend une restauration légère qui viserait uniquement à renforcer la structure de l’édifice. Les autres dégradations du temps seraient laissées visible et aucune transformation ne pourrait être tolérée. Tout élément nouveau même s’il a vocation à remplacer à l’identique un élément ancien abimé, est considéré comme ″ une falsification ″, Car la restauration serait pour lui un principe des temps modernes avec un objectif économique. ″ Le principe des temps modernes consiste d’abord à négliger les édifices puis à les restaurer. Prenez soins de vos monuments et vous n’aurez nul besoin de les restaurer55 ″. Il préconise la prévention, et parle Indirectement de protection et de consolidation sans se préoccuper de l'esthétique.
Valeur d’ancienneté d’Alois RIEGL, Johon Ruskin, La Couronne d’Olivier Sauvage. Les Sept Lampes de l’Architecture. Traduction de George Elwall (Société d’édition artistique, 1900).p 257 54 Ruskin. P 259 55 Ruskin. 52 53
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RUSKIN fut le premier à souligner la valeur patrimoniale des ensembles urbains anciens, et il insiste sur leurs préservations. Pour lui le monument d’architecture ne peut être considéré en lui seul, il s’inscrit dans son milieu. À cet effet, la conservation du bâtiment nécessite que soit prise en compte celle de son environnement. La conservation intégrale de la ville préindustrielle est pour lui la seule option envisageable56, elle apparaît primordiale à la sauvegarde d’une identité collective. Les ensembles urbains anciens permettent à la fois d’enraciner les habitants dans l’espace et dans le temps57. b) Camillo Sitte58 SITTE fut le premier à souligner l’intérêt didactique et esthétique des ensembles urbains anciens, ses réflexions sont à l’origine de l’émergence d’un intérêt patrimonial pour les ensembles urbains anciens. Bien qu’il n’aborde pas directement la question de la conservation des villes anciennes, le regard que pose Sitte sur ces ensembles débouche sur leur muséification59. La ville et les quartiers anciens sont perçus comme des ensembles ″ historiques ″ dont l’usage est périmé et qui, pour la vie moderne, n’ont plus d’intérêt que pour l’art et le savoir. Son étude minutieuse des tissus anciens est essentiellement motivée par l’espoir de découvrir des règles d’organisation esthétique de l’espace, transposables aux créations de l’urbanisme contemporain. L’objectif propre de Sitte n’était pas la préservation des espaces traditionnels. Cependant, ses analyses sont à l’origine d’une conservation muséale des villes historiques que traduit en partie la notion de ″ ville d’art et d’histoire ″60.
Mathieu Payette-Hamelin, ‘Pour Une Approche Urbanistique de La Conservation et Dela Mise En Valeur Du Patrimoine Bâti :l’expérience Du Canal de Lachine À Montréal’ (Université de Montréal, 2011). 57 Françoise Choay, L’allégorie Du Patrimoine, du seuil, 1992. 58 Camillo Sitte (1843 - 1903) un architecte et théoricien de l'architecture autrichien. 59 Payette-Hamelin. 60 Choay. 56
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C’est lui qui s’intéressa le premier à la ville ancienne comme source de connaissances et de plaisir esthétique marquant ainsi un intérêt pour la ville historique. C’est le rôle didactique et la valeur esthétique de la ville ancienne qui l’intéresse61. Son modèle se fonde sur une valorisation inconsidérée du passé. L’esthétique prend chez Sitte, l’importance du rôle que joue l’hygiène chez les premiers progressistes. C’est un urbaniste qui cherchant dans le passé des points d’appui – historiques et artistiques – pour justifier sa démarche urbaine. Il faut nécessairement étudier les œuvres du passé et remplacer la tradition artistique perdue par la recherche des causes de la beauté des créations des anciens. De cette façon seulement nous pourrons formuler les principes de l'esthétique des villes et nos cités regarderont le charme qu'elles ont perdues, si du moins il en est encore temps62. Ce modèle, en raison de l’importance accordée au passé et plus spécifiquement aux formes bâties antérieures, constitue le foyer à partir duquel germe une approche patrimoniale des ensembles urbains. La ville préindustrielle est perçue comme un idéal d’aménagement dont l’unité organique aurait été perdue en raison de l’industrialisation. Il a tendance à aborder la ville ancienne comme source de connaissances et de plaisir esthétique, ce modèle s’appuie sur une conception de la ville ancienne comme monument et débouche éventuellement sur sa muséification. Comme cette dernière n’a pas la capacité de jouer de rôle central dans la ville contemporaine, elles ne peuvent servir que le savoir historique et le plaisir esthétique. A cet effet, les villes anciennes ne sont vouées qu’à devenir les reliques d’un passé révolu. En soulignant l’intérêt didactique et esthétique des ensembles urbains anciens, Sitte ne prévoit pas l’intégration de ces milieux aux dynamiques de la ville moderne. Pour 61
Payette-Hamelin. Camillo Sitte, ‘L’art de Bâtir Les Villes : Notes et Réflexions D’un Architecte; Traduites et Complétées Par Camille Martin’, 1890. 62
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lui, leur sauvegarde passe par leur conservation intégrale, quitte à les voir vidés de leur vie urbaine et des activités qui les animent. SITTE créé ainsi la ville historique. Au même titre que le monument historique, les ensembles urbains anciens constituent pour lui une source de connaissances et de plaisirs esthétiques. c) Gustavo Giovannoni63 Giovannoni assimile, en les dépassant, les deux démarches opposées de Ruskin et de Sitte., fait de la ville historique un monument en soi, irréductible à la somme de ses parties, et surtout élabore une théorie qui réintroduit les tissus anciens dans la vie contemporaine en les intégrant dans les plans directeurs d’urbanisme et en les réservant à des usages adaptés à leur morphologie spécifique. Giovannoni a également développé une méthode de curetage (diradamento) des ensembles anciens64. Dans son ouvrage ″ L'urbanisme face aux villes anciennes ″, publié en 1931, Giovannoni propose un ensemble de notions et de concepts qui permettent d'aborder la conservation du patrimoine urbain, mais aussi, de penser la ville moderne. ″ L'urbanisme face aux villes anciennes ″ est considéré comme le premier ouvrage théorique de l'urbanisme, puisque c'est la première fois que la question du patrimoine urbain est partie prenante d'une réflexion urbanistique. Ainsi, il s'attache à démontrer que la destruction des quartiers anciens entraîne un appauvrissement culturel au sens large, mais elle s'avère tout aussi désavantageuse tant du point de vue financier et économique qu'en termes d'efficacité de fonctionnement de la ville moderne65. La notion de patrimoine urbain constitue un élément clé de l’approche Giovannonienne, puisqu'elle aborde conjointement le patrimoine urbain et
Gustavo Giovannoni (1873 – 1947) : architecte et ingénieur italien. Pierre Merlin and Françoise Choay, Dictionnaire de L’urbanisme et de L’aménagement (PUF, 2010). 65 Brochu. 63 64
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l'urbanisme. Il voit dans la conservation de la ville ancienne, du patrimoine urbain en général, le ″ catalyseur dans la création d'un nouvel organisme urbain. ″ Pour Giovannoni, l'élaboration d'une vision globale réaliste est primordiale, elle exige une approche conceptuelle qui intègre la prise en considération des ensembles existants. Ses analyses lui ont permis de contester point par point l'urbanisme fonctionnaliste. Il s'agit pour Giovannoni d'élaborer une approche conceptuelle capable de prendre en charge les enjeux auxquels sont confrontées les villes. L'approche qu'il propose s’articule autour de deux axes indissociables : le premier a trait au patrimoine urbain et à sa conservation tandis que le deuxième, porte sur les pratiques urbanistiques. Sa motivation principale en termes de conservation du patrimoine, est de redéfinir le rôle du centre historique dans de nouveaux ensembles ″métropolitains″ dans le contexte d'un nouvel assemblage urbain, c'est une ″conservation vivante″ qu’il propose. C’est ainsi qu’il réactualise ainsi l'apport de ses prédécesseurs en accordant à l'ensemble ancien un rôle significatif dans l’élaboration de la ville contemporaine. ″La quête du savoir-être de Ruskin et celle du savoir-faire de Sitte fondent la recherche du savoir devenir de Giovannoni″66. 2.5.2 Objectifs de la conservation du patrimoine Parmi les grands objectifs de la conservation du patrimoine selon le consensus international, nous pouvons citer67 : • Conserver la dimension civilisationnelle pour la mémoire et l’identité de la société, • Enrichir la culture humaine en préservant la diversité culturelle des peuples
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Brochu. سلسلة.المجلس الوطني للثقافة والفنون واآلداب الكويت: نحو مدرسة عربية للحفاظ على التراث الثقافي وإدارته: الحفاظ على التراث الثقافي، جمال عليان، 67 )2005( 322 عالم المعرفة
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• Les valeurs culturelles et sociales du patrimoine sont source éducative, scientifique, artistique, culturelle et sociale. • La conservation d’une matière stratégique ayant un rôle dans le développement économique local. 2.5.3 Moyens et outils de la conservation du patrimoine bâti Dans la notion de patrimoine, il y a clairement une idée de sauvegarde, de transmission. La recommandation de Varsovie-Nairobi (Unesco, 1976) définit la sauvegarde comme identification, protection, conservation, réhabilitation, entretien et revitalisation des ensembles historiques ou traditionnels et de leur environnement68. Les énoncés de la Charte d’Athènes, rédigés en 1933, tendent à la ″ sauvegarde ″ des ″ valeurs architecturales69 ″. Certes, cette position est subordonnée à un certain nombre de conditions : ″ Elles seront sauvegardées si elles sont l’expression d’une culture antérieure et si elles répondent à un intérêt général…… La mort qui n’épargne aucun être vivant frappe aussi les œuvres des hommes. Il faut savoir, dans les témoignages du passé, reconnaître et discriminer ceux qui sont encore bien vivants. Tout ce qui est passé n’a pas, par définition, droit à la pérennité : il convient de choisir avec sagesse ce qui doit être respecté. ″70 Par ailleurs, dans la notion de patrimoine, il y a également la notion de transmission. Il émane donc l’idée que les hommes, qui sont aujourd'hui, de plus en plus nombreux à vouloir protéger un patrimoine menacé par l’économie de marché et par la société contemporaine, ne sont que les dépositaires d’un bien71, et que les générations futures seront en droit d’avoir un regard sur ce qui a été conservé. Les débats se
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Recommandation concernant la sauvegarde des ensembles historiques ou traditionnels et leur rôle dans la vie contemporaine (Unesco 1976) www.unesco.org 69 Edifices isolés ou ensembles urbains 70 Le Corbusier – La charte d’Athènes in Jukka Jokilehto, Definition of Cultural Heritage: References to Documents in History, 2005 <http://cif.icomos.org/pdf_docs/Documents on line/Heritage definitions.pdf>. 71 Jean Davallon, ‘Comment Se Fabrique Le Patrimoine?’, Sciences Humaines. Hors Série n°36 (En Ligne), March 2002 <https://www.scienceshumaines.com/comment-se-fabrique-le-patrimoine_fr_12550.html>.
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heurtent alors fréquemment à cette difficulté de faire vivre un héritage, une richesse dans un environnement socio-économique totalement en rupture avec les conditions qui ont présidé à sa création. Concilier l’inconciliable relève souvent du périlleux. Il s'agit là d'être novateur, imaginatif, ouvert, à l’écoute, respectueux de l'environnement, empreint du passé mais résolument tourné vers l’avenir 72. La question se complique avec l’invention du patrimoine national, un héritage culturel protégé par l’Etat et qui appartient à tous les citoyens. Le passage de la responsabilité de la conservation du patrimoine du niveau de l’individu ou de la famille à celui de l’Etat73. Les mots de conservation, protection et préservation sont souvent employés indifféremment à propos du patrimoine ; or ils ont des sens très différents. La notion de conservation insiste plus sur le résultat, qui est l’absence de changement ; celle de protection insiste plus sur le moyen, la défense contre des agressions extérieures ; le terme de préservation est intermédiaire74. Si dans le domaine de l’architecture, la notion de conservation désigne le recours à des techniques et procédés matériels, servant à maintenir les édifices dans leur intégrité physique. La conservation vise à préserver l’objet architectural de l’altération et de la destruction afin d’en garantir la transmission. Elle exclut toute intervention qui amènerait des modifications et, de manière plus générale, toute atteinte à l’édifice75.Dans le domaine du patrimoine bâti, l’acception de sauvegarde est plus large que celle de conservation. D’un usage récent, elle est davantage liée au concept d’ensemble et à leur intégration dans la vie de la société contemporaine. On parle alors de Conservation intégrée76, Résultat de l’action conjuguée des
Pierrette Guibourdenche, Conserver Le Patrimoine Pourquoi ?, 2010 <https://www.icem-pedagogie-freinet.org>. Mohamed Sofiane Idir, ‘Valorisation Du Patrimoine, Tourisme et Développement Territorial En Algérie : Cas Des Régions de Béjaïa En Kabylie et de Djanet Dans Le Tassil N’Ajjer’ (Université Grenoble Alpes, 2013). 74 Pierre-Marie Tricaud, ‘Conservation et Transformation Du Patrimoine Vivant Étude Des Conditions de Préservation Des Valeurs Des Patrimoines Évolutifs’, Projets de Paysage (Paris Est, 2011) <http://www.projetsdepaysage.fr/editpdf.php?texte=594> [accessed 8 February 2017]. 75 Les Bulletins de l’ISPAN N016 (Genève : Institut de sauvegarde du patrimoine national, 2010), p. 11 76 Déclaration d'Amsterdam (Congrès du patrimoine architectural européen, 21-25 Octobre 1975) www.icomos.org 72 73
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techniques de la restauration et de la recherche de fonctions compatibles avec la substance en présence. Son but est de conserver, restaurer ou réhabiliter des constructions ou des ensembles urbains. Elle porte son effort simultanément sur la valeur culturelle des édifices et sur leur valeur d’usage. Elle suppose que conservation du patrimoine et aménagement du territoire fassent l’objet d’une politique et d’une législation coordonnées. La conservation intégrée constitue aujourd’hui une dimension importante de l’urbanisme 77.
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Les Bulletins de l’ISPAN N016 (Genève : Institut de sauvegarde du patrimoine national, 2010), p. 11
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Conclusion Il est tout à fait clair que l’identification d’un héritage ne suffit pas pour le propulser au rang de patrimoine, il faut pour cela qu’une communauté se l’approprie. C’est à travers cette appropriation que nait la relation entre l’objet patrimonial et son environnement. Elle permet aussi d’estimer l’intérêt spécifique que l’individu entretient avec les objets de l’environnement physique en leur attribuant des valeurs propres à les caractériser comme étant un patrimoine78. L’enjeu n’est plus alors, la conservation du patrimoine, mais la mise en valeur de ce dernier par l’intermédiaire d’un ensemble de pratiques et d’usage de la communauté qui, par cet acte affiche son attachement et sa volonté de sauvegarder ce qu’elle désigne comme étant l’héritage de ces ancêtres. La meilleure garantie de conservation des monuments et œuvres d'art leur vient du respect et de l'attachement des peuples eux-mêmes79.
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Mansouri and Debache–Benzagouta. La Charte d'Athènes pour la Restauration des Monuments Historiques – 1931 www.icomos.org
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Chapitre III : De la synagogue à la maison de l’architecture Introduction Intérêts de la reconversion La synagogue La synagogue de Sétif Les étapes de la mise en valeur et la reconversion de la synagogue Le projet
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3.1 Introduction Le développement, dans le chapitre précédent, les différentes attitudes liées à la conservation du patrimoine architectural, va maintenant nous permettre d’entamer une réflexion sur le devenir de ce patrimoine et plus spécifiquement le devenir de la synagogue de Sétif, faces aux changements imposés par la dynamique de transformation urbaine et sa participation à cette dynamique de renouvellement urbain. Comme tout édifice, la synagogue, en plus d’être une création architectural singulière, peut aussi, être l’illustration de l’architecture d’une époque. Elle contient une empreinte laissée par l’histoire qu’elle a traversée, les motifs de sa construction, les choix techniques et architecturaux. C’est aussi à la fois le témoin de son histoire propre, et de l’Histoire en général80.Toute décision sur l’avenir de la synagogue ne saurait être pris sans une connaissance de cette histoire. Le premier inspecteur général des monuments historiques en France, Ludovic Vitet, définit ainsi en 1831, les missions qui lui sont confiées : ″ Constater l'existence et faire la description critique de tous les édifices du royaume qui, soit par leur date, soit par le caractère de leur architecture, soit par les événements dont ils furent les témoins ″81, il faut donc connaître suffisamment le site et son histoire pour développer un plan d’action en adéquation avec ses particularités. 3.2 Intérêts de la reconversion La reconversion est à la jonction de deux problématiques : le devenir d'un bâtiment désaffecté : la recherche d'une implantation pour un programme. Alors que tant
‘Dominique Perrault Architecture Cour de Justice de l’Union Européenne’ <http://www.perraultarchitecture.com/fr/projets/2463-cour_de_justice_de_lunion_europeenne.html> [accessed 14 November 2016]. 81 ‘Les Monuments Historiques’, Monuments Historiques & Sites Patrimoniaux Remarquables <http://www.culturecommunication.gouv.fr/Thematiques/Monuments-historiques-Sites-patrimoniauxremarquables/Presentation/Monuments-historiques> [accessed 14 November 2016]. 80
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Nouvelle vocation et identité́ d’un édifice patrimonial : La reconversion de la synagogue de Sétif
d'ouvrages désaffectés ou laissés à l'abandon risquent de tomber en ruine, il semble opportun aujourd'hui de se poser la question de leur réutilisation82. Même si l'idée de reconvertir un ouvrage est rarement évidente a priori, parce ce que l'on n'est pas propriétaire, parce que cela semble compliqué ou insensé, parce que tout simplement on n'y pense pas ..., il parait pourtant logique d'utiliser ce qui existe avant d'entreprendre de nouvelles constructions. La reconversion d’un bâtiment désaffecté présente un certain nombre d'avantages et s'inscrit dans le développement durable83 : • La reconversion représente une économie de terrain, de voirie et de réseaux, dans la mesure où elle évite de construire un bâtiment sur un terrain excentre ou extérieur ii l'agglomération, • L’insertion paysagère d'un bâtiment ancien existant est plus facilement réussie que celle d'un bâtiment neuf implanté à l’entrée d'un bourg ou d'une ville. • Même si la reconversion ne s'avère pas toujours économique en termes de travaux, elle apporte souvent une valeur ajoutée sur le plan architectural (volume, matériaux, modénature ...), qualité qu'un bâtiment neuf n'atteint pas toujours. • Un bâtiment reconverti peut offrir des espaces généreux, inattendus, voire insolites qui préexistent et dont le maintien ne pose pas de problème. Cette originalité est une qualité que l'on ne retrouve pas souvent dans une construction neuve soumise à des contraintes financières, • La reconversion peut permettre de sauvegarder un bâtiment dont l'histoire est digne d'intérêt ou dont la seule présence témoigne du passé local. Ces dimensions patrimoniales et sociales sont importantes car elles assurent la permanence de la mémoire du lieu et une certaine continuité et solidarité entre générations. • Réutiliser un bâtiment désaffecté permet non seulement sa remise en état, mais aussi sa revalorisation. II faut donc saisir toute opportunité dès qu'elle se présente. ‘Les Cahiers Du CAUE N°12’, Mettre En Valeur Son Patrimoine Bati: La Reconversion, Une Alternative À L’abandon (CAUE d’Eure-et-Loir, 2004). 83 ‘Les Cahiers Du CAUE N°12’. 82
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• L’extension d'un équipement public dans un bâtiment contigu reconverti ou construit ex-nihilo peut permettre d'éviter son déménagement. • La reconversion d'un bâtiment désaffecté a des effets induits bénéfiques. L’aménagement des abords supprime ce qui était souvent devenue une friche. Son nouvel usage recrée aussi une animation. 3.3 La synagogue 3.3.1 Origine et Histoire La synagogue, du grec Sunagôgê, en hébreu Beit Knesset, qui veut dire ″ maison de l'assemblée ″84, désigne le lieu de célébration du culte juif85. A l’origine le terme synagogue désignait une fonction et non un type architectural défini par une tradition86, puisque selon la définition du droit canonique judaïque, une synagogue est n'importe quel endroit où dix hommes âgés de plus de treize (13) ans peuvent se réunir pour prier et étudier87. Ce quorum est nécessaire pour que le culte public puisse se dérouler ; le rassemblement des hommes importe plus que le lieu physique qui n’est donc pas l’objet d’une quelconque consécration. Dans certains pays, la fonction d’étude, bet hamidrach, est tellement primordiale que la synagogue est
Dominique Jarrassé, ‘Fonctions et Formes de La Synagogue : Refus et Tentation de La Sacralisation’, Revue de L’histoire Des Religions, 2005, 393–409 <https://doi.org/10.4000/rhr.4216>. 85 Le mot Juif (ancien français Juiu, Juieu), dérivé du latin Judaeus (grec Ioudaïos), issu de l'hébreu Yehūdī, désigne primitivement les ressortissants du royaume de Juda en Palestine (940 à 586 av. J.-C.) www.univwrsalis.fr 86 Dominique Iogna-Prat and Gilles Veinstein, Lieux de Culte, Lieux Saints Dans Le Judaïsme, Le Christianisme et L’islam : Présentation, Revue de L’histoire Des Religions [En Ligne], 2005 <http://rhr.revues.org/4220> [accessed 7 November 2016]. 87 Sheldon Levitt and Julia Gersovitz, ‘Synagogues’ <http://www.encyclopediecanadienne.ca/fr/article/synagogues/> [accessed 11 February 2017]. 84
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désignée comme scuola ou schule, école88.Originellement elle ne possède pas un caractère sacré, mais l'acquiert au fil du temps.
Figure 10 : Beth Sholom Synagogue: Frank Lloyd Wright Source : – www.savingplaces.org
Au sujet de la date d'apparition des synagogues, les thèses s'opposent. Si pour certains auteurs, la synagogue naquit dans la captivité de Babylone, la plupart d’entre eux placent la naissance de la synagogue à l'époque postexilique89, et donc elle ne remonte pas au-delà du IIème siècle avant l'ère chrétienne 90. Les vestiges des anciennes synagogues qui existent aujourd'hui et les plus conservées des anciennes, comme la grande synagogue de Kafr Bir'im, ou celle de Capharnaüm, ne présentent que de très maigres données, tout en contenant beaucoup d'intérêt et de nombreuses formes caractéristiques, Sur la façade principale de la synagogue Kafr Bir'im, il y avait évidemment trois portes avec des architraves ornées, la centrale étant surmontée d'une arche semi-circulaire enrichie. Du plan il n'y a pratiquement aucune indication, excepté que le bâtiment était rectangulaire, avec un portique en avant soutenu par des colonnes91.
88
Jarrassé D 2005 L’exil de Babylone 90 Gérard Nahon, ‘Histoire Des Synagogues’, Encyclopædia Universalis [En Ligne] <https://www.universalis.fr/encyclopedie/histoire-des-synagogues/> [accessed 21 October 2017]. 91 Wilhelm Bacher and Lewis N Dembitz, ‘Synagogue’, JewishEncyclopedia.com <http://www.jewishencyclopedia.com/articles/14160-synagogue> [accessed 10 November 2017]. 89
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Figure 11 : Ruines de l’ancienne synagogue à Kafr Bir'im, en Palestine. Source : www.jewishencyclopedia.com
D'autres vestiges, tout en offrant des suggestions de moulures et d'ornements, ajoutent peu d'informations. La porte de la synagogue faisait face à l'arche était à l’autre
l'extrémité
est
orienté
vers
Jérusalem.
L'almemar
était
placé
approximativement au centre du bâtiment ; l'espace de chaque côté était consacré aux hommes, tandis que les femmes occupaient une galerie réservée à leur usage exclusif92.
Figure 12:La synagogue blanche de Capharnaüm Source : www.capharnaum.custodia.org
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Bacher and Dembitz
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Figure 13:Plan de la synagogue de Capharnaüm Source : www.interbible.org
Figure 14: Synagogue de Capharnaüm Source : http://catho-gratteurs.fr
La synagogue de Capharnaüm dans le village de Galilée93 qui porte le même nom, célèbre pour être fréquenté par Jésus et citée dans la bible94. Nous donne plus d’indications. Découverte en 1905 par des archéologues allemands, Son plan est simple ; on le retrouve dans plusieurs autres synagogues de Galilée, qui ont été construites à peu près à la même époque. Un atrium (A sur le plan), formant un quadrilatère irrégulier, est situé à l’est de la synagogue proprement dite. C’est par lui qu’on a accès cette dernière, orientée vers Jérusalem (B). Une colonnade divise la salle sur trois côtés ; le côté sud est demeuré libre, car c’est en son milieu que l’armoire aux livres saints était aménagée (C). Une entrée secondaire à escalier était apposée au coin nord-ouest de cette salle (D) ; elle s’ouvrait sur une galerie intérieure où prenaient place les femmes95. 3.3.2 Architecture des synagogues Ces édifices n'ont pas de caractère spécial et ne requièrent aucune architecture particulière ; cependant, ils comprennent habituellement une salle centrale avec des bancs pour les assistants, un pupitre surélevé pour la lecture de la Loi et une niche pour placer les Rouleaux de la Loi. Des pièces adjacentes sont utilisées pour
93
La Galilée est une région située dans le nord de la Palestine Eugène Victor Félix Bovet, Voyage En Terre-Sainte. With a Map and a Plan, 1862 <https://books.google.dz/books?id=QCNXAAAAcAAJ>. 95 Guy Couturier, ‘La Synagogue de Capharnaüm’, La Découverte Du Monde Biblique <http://www.interbible.org/interBible/decouverte/archeologie/2009/arc_091113.html> [accessed 10 November 2017]. 94
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l'administration de la communauté96. Ils suivent l'architecture des temps et des lieux où ils furent élevés, mais afin de saisir l'architecture du sanctuaire, il est d'abord nécessaire de connaître les éléments clés et les traditions qui l'ont façonné. Le sanctuaire est formé de deux éléments essentiels : la bimah, qui consiste en une plateforme ou estrade sur laquelle on lit la Torah pour la congrégation, et l'arche sainte aron kodesh où sont rangés les rouleaux de la Torah97. L’arche doit être plus élevée que l’estrade98. La relation entre ces deux éléments (bimah et aron kodesh) détermine l'architecture de la synagogue. À l'origine, la bimah était toujours placée au centre de la pièce et une allée menait tout droit à l'aron kodesh. Le rituel consistant à prendre les rouleaux de la Torah de l'aron kodesh, à les transporter jusqu'à la bimah pour les lire, puis les replacer ensuite dans l'arche. Cependant, au fil du temps, la disposition de ces éléments permettant ce rituel a été légèrement modifiée. Dans certains cas la bimah et l'aron kodesh sont placés côte à côte sur la même plateforme le long du mur Est99. a) L’Arche L'Arche, aron kodesh fait référence à l'arche de l'Alliance100, qui contenait les tablettes portant les Dix Commandements. C'est l'endroit le plus saint dans une synagogue. Dans sa forme la plus rudimentaire, l'Arche était généralement un meuble mobile, il ne s'agissait que d'une caisse ou d'un placard en bois, soulevé suffisamment du sol. Parfois, l'arche est façonnée comme un renfoncement ou une niche dans le mur. Lorsque cette méthode est adoptée, elle est généralement ornée de colonnes, de corniches et d’arcs ; c’est une niche à rideaux dans un mur semi-circulaire, flanqué de pilastres et de colonnes.
96
Nahon. Levitt and Gersovitz 98 Jarrassé D 2005 99 Levitt and Gersovitz 100 Dans la Bible, l'arche de l'alliance était un coffre en bois portative, surmontée de deux chérubins d'or. 97
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Figure 15: L'arche de l'alliance Source : http://ctrussell.fr
Figure 16: Arche de la loi dans la synagogue de Gibraltar Source : www.jewishencyclopedia.com
L'Arche est toujours surmontée d'une représentation des deux tables de la Loi, tandis qu'une lampe perpétuelle est suspendue en avant ; des lampes d'argent et de bronze sont parfois placées sur les côtés. Les portes, sont couvertes de rideaux, et les murs de l'intérieur sont également ornés. L'Arche est toujours abordée par au moins trois marches, mais il en utilise parfois beaucoup101. b) La Bimah La bimah, appelée aussi Almemar ou Almemor102, est une plate-forme élevée dans la synagogue, sur laquelle il y a un bureau est recouvert de draperies. L'Almemar est généralement de forme rectangulaire, Les côtés sont ouverts et sont approchés par des marches, jamais moins de trois et parfois plus. On trouve divers aménagements de balustrades ou de balustrades avec des lampes sur les poteaux d'angle. En règle générale, le bois est le matériau employé ; mais il y a des cas où le marbre et le bronze sont utilisés.
Adler Cyrus, J. M Casanowicz, and A. W Brunner, ‘Ark of the Law’, JewishEncyclopedia.com <http://www.jewishencyclopedia.com/articles/1778-ark-of-the-law> [accessed 9 November 2016]. 102 De l’arabe al-minbar www.jewishencyclopedia.com 101
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Figure 17:Almemar de la synagogue de Florence Source : www.jewishencyclopedia.com
Dans la plupart des synagogues anciennes, la position de l'Almemar est invariablement soit au centre du bâtiment, soit plus loin, plus près de l'entrée. L'espace entre celui-ci et l'arche est laissé ouvert et entièrement libre de sièges. Récemment, cependant, combiner l'Almemar avec l'Arche est devenue générale. Ainsi, alors que la tradition exige que l'Almemar reste au centre de la pièce, la nécessité pratique d'un plus grand nombre de sièges a entraîné l'adoption de l'arrangement le plus récent dans la grande majorité des synagogues modernes. En conséquence, le développement logique de ce système a conduit à élargir la plateforme sur laquelle repose l'Arche, lui donnant une capacité suffisante pour le bureau de lecture et la chaire, qui est une structure séparée souvent placée devant le bureau de lecture sur une légère niveau inférieur103.
Lewis N Dembitz, Kaufmann Kohler, and A. W Brunner, ‘Almemar or Almemor’, JewishEncyclopedia.com <http://www.jewishencyclopedia.com/articles/1283-almemar> [accessed 10 November 2016]. 103
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3.4 La synagogue de Sétif 3.4.1 Histoire Inaugurée en grande pompe le 22 juillet 1853104,en présence des autorités civils et militaires de l’époque. La presse de relève qu’il s’agit d’un édifice ″ digne de plusieurs de ses sœurs de France et d’Algérie ″ et surtout que c’est ″ le premier édifice religieux israélite, construit dans ce pays, dans le style européens ″. La construction de la synagogue, dans un projet plus global de l’administration coloniale de ″ régénération ″ des ″ israélites indigènes ″, jugés arriérés105. Cette volonté est clairement énoncée dans un rapport soumis au gouvernement français en 1842, à la suite d’un voyage d’enquête en Algérie106. L’enjeu étant d’abord idéologique et politique, il faut noter que les juifs d’Algérie sont, dès 1830, parrainé par les institutions juives de France. C’est ainsi que l’ordonnance de 1845 prévoit une organisation des communautés juives calquée sur celle de la métropole. Trois consistoires sont alors institués dans la colonie, sur le modèle napoléonien. Les consistoires des provinces d’Oran et de Constantine sont placés sous la direction du Consistoire algérien, basé à Alger et lui-même soumis à l’autorité du ministre de la Guerre. Par la mainmise sur la nomination des rabbins et des ministres officiants, le ministère de la Guerre et, à travers lui, l’État français sont censés pouvoir contrôler tous les détails du culte juif. Tout en offrant au judaïsme algérien une organisation centralisée et hiérarchisée qu’il ne connaissait pas jusque-là107.
‘La Synagogue de Sétif’, L’Univers Israélite, 1853, 9–12 <http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1149925/f1.item.r=Setif> [accessed 7 November 2017]. 105 Valérie Assan, ‘Les Synagogues Dans l’Algérie Coloniale Du XIXe Siècle’, Archives Juives, 37.1 (2004), 70–85 <https://www.cairn.info/revue-archives-juives-2004-1-page-70.htm#no2> [accessed 10 October 2016]. 106 Le rapport est connu sous le nom de ses deux auteurs Isaac Altaras & Joseph Cohen, sous le titre de : « Rapport sur l’état moral et politique des Israélites de l’Algérie et les moyens de l’améliorer », il présente les principales conclusions qui ont permis la naturalisation des juifs d’Algérie. 107 Assan V 2004 104
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3.4.2 Les enjeux de l’édification Dans cette volonté de réformer le culte et les mœurs des Juifs algériens, il est d’ailleurs significatif que la première synagogue de Sétif offre la forme d’une synagogue de campagne française, avec toit pentu a quatre pans, pilastres en façades. Edifiée sur les plans d’un architecte français ″ Montbabut ″ et avec le secours du ministère de la guerre, pour réaliser les charpentes, on utilisa du bois de France108. Lors de l’inauguration le commissaire de la synagogue fit cette remarque ″ En adoptant pour cette synagogue le style de l'architecture moderne, en la rendant accessible au beau sexe, vous avez donné une preuve de l'influence qu'exerce sur vous votre contact avec la population française, qui est destinée à opérer un si heureux changement dans les mœurs de ce pays. La subvention que le gouvernement a bien voulu nous accorder est un honneur dont nous saurons nous rendre dignes en nous attachant de plus en plus à notre nouvelle patrie cette bienheureuse France qui a un droit si sacré à notre amour et à notre patriotisme ″109. Si lors de sa construction, l’adoption d’une architecture dite ″ moderne ″, est l’expression d’un projet de francisation des juifs algériens, la reconstruction de cette même synagogue vers 1900 dans un style ″ Orientaliste ″110 est une façon de montrer que les juifs restent du côté des colonisés et ne peuvent pas passer pour des européens111. Même si par sa fonction, cet édifice ne requiert aucune architecture particulière ; il comprend donc, une salle centrale avec des bancs pour les assistants, un pupitre surélevé pour la lecture de la Loi et une niche pour placer les Rouleaux de la Loi.
Dominique Jarrassé, ‘Deux Synagogues d’Algérie Ou L’orientalisme Peut-Il Devenir Une Modalité de La Francisation ?’, in Contributions À Une Histoire Du Catholicisme: Papauté, Aquitaine, France et Outre-Mer : Mélanges Offerts À Marc Agostino (KARTHALA Editions, 2013), pp. 397–411. 109 ‘La Synagogue de Sétif’, L’Univers Israélite, 1853, 110 Jarrassé D 2013 111 Assan V 2004 108
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3.4.3 Architecture de la synagogue La construction en pierre de taille et en brique, abritaient une salle principale, que deux rangées de colonnes, longeant les deux murs nord et sud, divisaient en un espace central et deux bas-côtés. L’arche est située sur le mur Est de la synagogue en direction de Jérusalem. Sa façade, orientée vers le l’Ouest, comportait trois entrées, la porte centrale étant surmontée d'un arc en plein cintre. Trois fenêtres sont percées dans la partie supérieure de la façade.
Figure 18: Reconstitution de la façade de la synagogue de Sétif
Figure 19: Plan Reconstitution de la synagogue de Sétif
Figure 20: Coupe sur la synagogue de Sétif
Relevés : Auteur Dessins : Asma Dekkar - Architecte
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Figure 21: Synagogue de Sétif Source : Morel. D
Figure 22: Intérieur de la Synagogue de Sétif Source Auteur
Si la description de la façade de la synagogue correspond à celle des synagogues de Kafr Bir'im, ou celle de Capharnaüm112. Il semblerait que le modèle servant de référence, soit la synagogue de Belcourt à Alger construite plutôt en 1890, de Souk Ahras construite en 1880, elles-mêmes ayant pris comme modèle la synagogue de la rue Buffault à Paris construite elle en 1877113.
Figure 23: Synagogue de la rue Buffault https://met2015.wordpress.com/lejudaisme/
Figure 24: Synagogue de Belcourt Source : www.JudaicAlgeria.com
Figure 25: Synagogue de Souk Ahras Source : www.JudaicAlgeria.com
Gabrielle Sed-Rajna and Dominique Jarrassé, ‘SYNAGOGUE - Universalis.edu’, Encyclopædia Universalis [En Ligne] <https://www.universalis.fr/encyclopedie/synagogue/> [accessed 7 November 2017]. 113 Jarrassé, ‘Deux Synagogues d’Algérie Ou L’orientalisme Peut-Il Devenir Une Modalité de La Francisation ?’ 112
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Figure 26: Vue intérieure de la synagogue de la rue Bouffaut Source : Archives Juives, vol. vol. 42, no. 2, 2009
Figure 27: Intérieur de la synagogue de Sétif Source : Assan, V
Figure 28: Synagogue de Sétif Source : Auteur
3.4.4. La place de la synagogue dans la ville Comme Sous la domination turque, l’emplacement de la synagogue dans la ville est lié au sort réservé aux Juifs et à leur obligation de résider dans un quartier spécifique. Ils étaient ordinairement refoulés vers la périphérie, le long de l’enceinte. 114 » A Sétif, La construction de la synagogue est tolérée (financée même) mais contrainte à la discrétion. En effet, la synagogue se distinguaient mal des habitations. 3.4.5. Diagnostic et état des lieux La loi du 9 décembre 1905 dite de "séparation des Eglises et de l’Etat", rendue applicable en Algérie à compter du 01 Janvier 1908, avait mis sous la juridiction des communes tous les édifices cultuels construits avant 1905, ayant bénéficiés des subventions étatiques. L’Algérie une fois indépendante avait fait valoir cette loi pour récupérer la propriété des édifices religieux de culte non-musulman désaffectés115. En effet, la synagogue de Sétif comme tous les édifices construits avant 1905, sont systématiquement devenues propriétés des communes algériennes. Après quoi elle fut cédée pour le compte des services des "Wakfs" selon les clauses de l’arrêté n°
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Assan V 2004 Nessark.
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74/04 du 10/06/1974. La synagogue de Sétif a accueilli les services de l’état civil de la commune de Sétif jusqu’en ……., depuis cette date elle est abandonnée.116 Le système porteur du bâtiment ainsi que les murs de refend sont constitués de pierres. L'ensemble est en bon état mais les infiltrations des eaux de pluies ont fait des dommages réparables au niveau de la structure (fissures superficielles). La couverture est en mauvais état vue les dégâts dues aux agents agressifs, de nombreuses tuiles ont glissé et la structure en bois de la charpente est altérées. Les façades sont dégradées au fait des intempéries : les corniches et les éléments décoratifs abimés. Le mortier détaché dans plusieurs endroits. 3.5. Les étapes de la mise en valeur et la reconversion de la synagogue 3.5.1. Introduction La mise en valeur du patrimoine ne se résume pas à sa sauvegarde, sa protection et son enrichissement. Elle consiste aussi à lui donner de la valeur, étant un atout majeur pour l’attractivité des territoires, l’équilibre économique, l’identité et la cohésion sociale. Il n’y a pas de recette miracle pour un projet de mise en valeur du patrimoine. Toutefois, une approche adéquate (démarche continue de lecture, d’analyse et de projet) permettra de faire la lumière sur le sujet afin de réaliser un projet fructueux. La mise en valeur du patrimoine comporte trois phases117 : • Diagnostic et bilan, • Elaboration du plan d’actions pour la mise en valeur. SAAD Faycal, Rapport Préliminaire: Diagnostic Technique de L’état Physique de La Synagogue de Sétif. Elaboration Du Plan de Protection et de Mise En Valeur et D’un Plan D’action Du Site de DOUGGA, 1994 <http://www.dougga.rnrt.tn>. 116 117
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• Projets d’exécution détaillée des actions retenues. Pour la synagogue, on s’est posés les questions suivantes., • A-t-elle effectivement une valeur patrimoniale ? • Quelles sont ses formes urbaines signifiantes du site ? • Quelles sont les mesures de protection et de mise en valeur adéquates à adopter ? Les réponses à ces questions nous permettront peut-être de reconcilier ce bâtiment avec la ville dans le cadre d’un projet de mise en valeur. 3.5.2. Première Phase : Diagnostic et bilan : C’est une étape de connaissance et de maitrise. On a donc essayé de de rechercher et rassembler un maximum de documents historiques afin d’établir son histoire et de comprendre son évolution à travers le temps. C’est un travail d’enquête pour une connaissance approfondie sur le sujet. Pour cela on a pris en considération différentes échelles : • La première : L’échelle du territoire, • La deuxième, l’échelle de la ville ; • La troisième : l’échelle du quartier. Cette connaissance est indispensable, puisque c’est à travers l’observation et la compréhension des différentes composantes urbaines, qu’on a pu plus tard évaluer les potentialités du bâtiment et du site, mais pas avant d’avoir confirmé sa valeur patrimoniale, c'est-à-dire répondre à la fameuse question : en quoi est-ce du patrimoine ? L’identification de cette valeur ne s’est pas faite uniquement sur la bases des énoncés de classement cités dans la loi, mais aussi dans les documents consultés.
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a) L’échelle du territoire : La charte de l'urbanisme et de la politique urbaine coloniale, permet de comprendre la logique de l’implantation de la ville de Sétif, dans une perspective de colonisation et de domination française, comme du temps des romains. Selon les sept principes 118 : • Les villes sont créées à la discrétion de celui qui aménage le territoire ; • L’armature urbaine répond à une stratégie d'aménagement du territoire qui poursuit un nombre très limité d'objectifs, principalement deux : le maintien de l'ordre public et le développement du commerce colonial ; • La hiérarchie des villes est fondée sur leurs fonctions de service et de commerce ; • Les institutions urbaines diffèrent d'une ville à l'autre ; ces différences tiennent compte d'une part de la place de la ville dans la hiérarchie des villes et d'autre part de sa propre dynamique socio-politique ; • Les sites des villes à créer – et les sites de leurs extensions ultérieures – sont réputés vierges de tout établissement humain, de tout droit foncier et de toute histoire ; • La même autorité prend en charge la totalité des tâches de conception d'implantation, de découpage et d'attribution des sols ; • Ia place de chacun dans la ville résulte de son statut qui grossièrement se ramène à ce qu'il est convenu d’appeler aujourd'hui son “appartenance raciale”.
Gustave Massiah and Jean-François Tribillon, Villes En Developpement : Essai Sur Les Politiques Urbaines Dans Le Tiers Monde (La Découverte, 1988). 118
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Figure 29: Réseau routier de la Maurétanie Sétifienne Source : Salama Pierre.
Cela se confirme avec la promulgation du décret de 18/04/1841 et la création d’une armature urbaine dédiée à la colonisation, par l’aménagement des grandes villes du littoral, la Création des centres d’accueil des garnisons de 6000 à 7000 hommes (Bases de ravitaillement) à l’intérieur du pays et à la limite de la région désertique et enfin Compléter le réseau des centres par l’implantation des villages agricoles.
Figure 30: Les village de la colonisation 1830-1847
b) L’échelle de la ville : À travers la lecture des différents documents, la compréhension de son évolution historique et de ses transformations, nous a permis de comprendre la logique du tracé de la ville par le génie – militaire. 51
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b.1) Le premier tracé de la ville Il y avait une similitude entre le camp militaire et la ville coloniale. Le premier projet du 1843 intitulé « Village coloniale » avait les mêmes éléments caractéristiques d’un camp : • La fortification (la muraille ou les remparts) • Des règles de symétrie et de proportions [parcelles (ou tente) et les rues] Le projet du 1844 a pris la forme d’une ville et cela se manifeste dans : • La taille de la ville, • La taille des ilots, • La place qui accueille plus d’équipements
Figure 31: Sétif 1843_1844 Source : Malverti
b.2) Le tracé final de la ville La ville a toujours pris l’Est comme axe principale pour son étalement urbain, le mur byzantin unique obstacle pour l’ordre symétrique de la ville et l’excentricité de la place. La ville a adopté la même logique du tracé de tous les centres coloniaux à cette époque : • La fortification (l’enceinte bâti en 1844). • La rigueur et la simplicité (les règles du Génie). • La régularité et l’ordre (voies larges et carrefours vastes). • Les axes structurants : Est-Ouest et Nord-Sud. 52
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• La place générale entourée par les équipements (Temple, Mosquée, Ecole, … etc.). • Promenades et jardins bien répartis. c) L’échelle du quartier : A travers la description et l’analyse des caractéristiques et spécificités typos morphologiques du quartier et de la ville à l’étude (typologies architecturales, formes urbaines), qui nous a permis de comprendre la logique de l’implantation de la synagogue dans la ville, et toute la situation de malaise qu’elle exprime. C’est un bâtiment public, qui a été construit pour accueillir les fidèles, mais qui ne doit pas être trop visible dans le contexte de l’époque de sa construction (et même plus tard), d’autant plus qu’il est situé dans l’ilot qui a connu le plus grand nombre de morcèlement et de transformation dans le centre coloniale de Sétif.
Figure 32: Le réseau viaire Source : Auteur
Figure 33: Morphologie urbaine de l'ilot Source : Auteur
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3.5.3. Deuxième phase : Elaboration du plan d’actions pour la mise en valeur. Dans l’introduction on a parlé d’une démarche continue, cette phase est donc la suite logique de la première phase. Afin de définir les objectifs du projet de mise en valeur. Après avoir statuer sur le site étudié, c’est à dire identifier les menaces et les opportunités du bâtiment (la synagogue) et du site, on peut à nouveau se poser les questions suivantes : • Quelles sont les protections légales qui existent ? • Quelles sont les actions à prendre pour la mise en valeur ? La réponse à la première question se trouve non seulement dans la règlementation en vigueur, notamment la loi 98-04 relative au patrimoine et ses textes d’applications qui ont apportés les outils de protection légales pour le patrimoine immobilier, mais aussi dans les différentes chartes internationales. La réponse à la deuxième question trouve sa réponse dans le fait que le projet de mise en valeur répond à un double objectif relevant à la fois du patrimoine et de l’urbanisme : • Un
objectif
patrimonial
:
étendre
le
champ
d’intervention :
Au-delà des mesures prise sur le bâtiment lui-même il faut à tout prix étendre le champ d’intervention dans le cadre d’une approche patrimoniale ″ urbaine ″ qui considère que l’intérêt historique, culturel et esthétique de la ville ne peut être réduit à la seule présence de bâtiments historiques, mais résidait dans l’harmonie et la qualité de l’ensemble des édifices et des espaces qui le composaient119.
119
Chantal Ausseur-Dolléans, Les Secteurs Sauvegardés, 2000.
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• Un objectif urbain : offrir une alternative à la rénovation. Avec l’état de dégradation dans lesquels se trouvent la plupart des ilots de cette partie du centre-ville, victime d’un succès économique mal maîtrisé qui a conduit à une hypertrophie de l’activité de l’hôtellerie, la flambée des prix du foncier, la tentation est grande d’appliquer la solution radicale : Démolir et reconstruire120. 3.5.4. Troisième phase : Projets d’exécution détaillée des actions retenues. L’objectif premier du projet de mise en valeur est bien un objectif patrimonial, mais la question du patrimoine urbain n’est pas uniquement posée en termes d’image et d’identité mais également et simultanément en termes de fonctionnalité et d’usage121. En cela, on peut dire que le projet de mise en valeur est porteur d’un projet urbain spécifique fondé sur la protection et la mise en valeur du patrimoine urbain. Notre proposition d’intervention fait appel à tous les éléments forts du site • La synagogue
• Le jardin Raffaoui
• Le temple protestant
• Le rempart byzantin
• La mosquée El atik
Figure 34: Les points de repères Source : Auteur 120
Ausseur-Dolléans. Cahier Des Charges: Etude de Transformation de La Zppaup En Avap - Pre-Etude de Faisabilite D’un Secteur Sauvegarde, 2013. 121
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Figure 35: Les lieux de cultes
Source : Auteur
Même si l’objectif initial est de ″ reconcilier ″ le bâtiment qu’est la synagogue avec son environnement et avec la ville. L’intégration des différents élément cités plus haut dans une démarche aboutie d’intégration de la politique patrimoniale et de la politique d’urbanisme susceptible de se saisir de leurs dimensions fonctionnelles et sociales, de leur vocation historique à être des lieux de plurifonctionnalités, des lieux de coexistence, pour aller à l’encontre de ce refus de l’histoire, de la mémoire, par des aménagements qui respectent leurs échelles tant formelles que fonctionnelle122. « Car le patrimoine aujourd’hui, n’est plus considéré comme uniquement ayant une valeur culturelle et symbolique, mais comme un produit à monnayer source de progrès et de développement. Il doit être intégré dans un processus global défini dans le cadre d’un projet urbain ou projet de ville … Ainsi le concept de conservation du patrimoine doit, non seulement, prendre en compte des bâtiments exceptionnels mais aussi la reconnaissance de l’environnement qui les entoure123». En prenant en compte ces dix critères124 :
Roukia Bouadam-Ghiat, ‘Le Centre Ville de Constantine: Patrimoine et Renouvellement Urbain - Realites et Reflexion’ (université Mentouri - Constantine, 2011). 123 Said Chouadra, ‘Renouvellement Urbain, Patrimoine et Développement Urbain - Cas Du Centre Colonial de La Ville de Sétif’, in Colloque International Du 30 Avril Au 4 Mai 2011 Interventions Sur Les Tissus Existants Pour Une Ville Durable, 2011. 124 Sakji Ons, ‘Patrimoine et Reconversion’, in Cinquantième Colloque de l’Association Des Sciences Régionales de Langue Française (ASRDLF)., pp. 1–14 <http://www.asrdlf2013.org>. 122
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• Respect de l’environnement immédiat, • Respect de la substance ancienne, • Respect de la logique constructive, • Respect du décor existant, • Mise en valeur de la construction, • Réversibilité de l’intervention, • Distinction entre le nouveau et l’ancien, • Compatibilité de la fonction avec la forme existante de la construction, • Durabilité et évolutivité • Et enfin le critère innovation et créativité a) Les actions retenues a.1) Actions sur le quartier : • Mise en valeur des édifices symboliques qui sont dans le quartier. o Le mur byzantin o Le temple protestant o Le jardin raffaoui o La mosquée El-Atik • Créer une dynamique globale, qui permettra d’offrir au quartier une nouvelle image (identité) o Les parcours et les itinéraires urbain. a.2) Actions sur l’édifice. • Réparation des dégâts, sans altérer l’édifice. o La couverture : changer toutes les tuiles. o La charpente en bois : reprendre l’ensemble. o Enduit de façades : effectuer un traitement de l’ensemble des murs • Affectation d’une nouvelle fonction. 57
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o Maison de l’architecture : Structure d'action culturelle, qui a pour mission de promouvoir la culture architecturale et urbaine auprès de tous les publics. o La maison de l'architecture conçoit et met en œuvre des actions de médiation, des expositions, des conférences, des rencontres, des débats, des visites, des parcours (itinéraires urbains), et des ateliers pour accomplir sa mission.
Figure 36: Itinéraires urbains Source : auteur
• Conserver l’esprit du lieu. o C’est un édifice qui a été construit pour être caché (invisible) o L’édifice a été toujours un lieu d’accueil (comme tous les lieux de culte). o Il est témoin des transformations qu’il a subi (il a abrité les services de l’état civil) a.3) Implication de plusieurs acteurs : • Publics, Privé, associations
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3.6. Le projet Le projet est donc le support de la mise en œuvre d’un double objectif patrimonial et urbain. Il est le support de l’identification et de la protection du patrimoine urbain ; et il doit intégrer toutes les dimensions urbaines : dimensions sociales, économiques, fonctionnelles… ; Il doit être intégré dans un processus global défini dans le cadre d’un projet urbain ou projet de ville …. Par conséquent l’idée de sauvegarde s’impose par elle-même 125. Cette réflexion sur la relation entre le bâtiment ancien et le projet nouveau, nous permettra de mettre en lumière les qualités architecturales et historiques de l’édifice existant. La volonté de conserver le bâtiment est à l’origine du choix de la reconversion. Dans ce cas, il ne s’agit évidemment pas de mettre au goût du jour un bâtiment existant, mais d’élaborer un projet qui utilisera la singularité de son architecture au service de son usage, à travers : • La mise en valeur du projet par l’existant • La mise en valeur de l’existant par projet Cette dialectique est au cœur de la conception architecturale, et a fait l’objet de remises en question régulières au cours de l’élaboration du projet.
3.6.1. La maison de l’architecture L'idée prend source dans la volonté de créer des lieux particuliers de valorisation de notre patrimoine culturel en général et du patrimoine architectural en particulier, initiée par l’ordre des architectes durant le mandat 2013-2017. Le choix d’implanter une Maison de l’Architecture à Sétif s'avère pertinent dans la conjoncture actuelle. Dans un contexte de globalisation et de profusion des discours identitaires. En effet, au-delà de l'idée d'inventer simplement un projet qui parle d'architecture, il s'agit aussi de participer à la construction de l'identité culturelle contemporaine de la 125
Chouadra.
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ville et par conséquent, celle du pays. L’ordre des architectes126 est un partenaire incontournable dans cette quette d’identité. L’article 02 du décret qui porte la création de l’ordre définit l’architecture comme l’expression d'un ensemble de connaissances et un savoir-faire réuni dans l'art de bâtir. Elle est l'émanation et la traduction d'une culture127. La mission de la Maison de l’Architecture est la sensibilisation au rôle de l’Architecture dans la société algérienne, et de promotion de la recherche dans ce domaine, puisque La qualité des constructions et leur insertion dans le milieu environnant, le respect des paysages naturels et urbains, la préservation du patrimoine et de l'environnement bâti sont d'intérêt public128.
126
Institution crée par le décret législatif n° 94-07 du 18 mai 1994 relatif aux conditions de la production architecturale et à l'exercice de la profession d'architecte, il regroupe l’ensemble des architectes inscrit au tableau national 127 D. L 94 -07, Article 02 128 Idem
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3.6.2. Exemple : La maison de l’architecture en Île-de-France a) Informations générales • Architectes : Chartier – Corbasson Architectes • Client : CROAIF129 • Budget 1, 250 M€ • Surface : 1000 m2 b) Situation La Maison de l’architecture se trouve dans l’ancien Couvent des Récollets, entre gare de l’Est et canal Saint- Martin, dans le Xe arrondissement de Paris. Le couvent des récollets est un élément incontournable du Xème arrondissement qui a traversé les époques depuis le XVIIème siècle en se renouvelant sans cesse.
Figure 37: Situation du couvent des Récollets Source : Googlemaps
Figure 38: Vue générale de l'ancien couvent des Récollets Source : Wikipédia
c) Histoire Sur le site de la maison de l’architecture de l’Île-de-France on peut trouver les informations suivantes sur son histoire130 • 1603 : Fondation du couvent par Marie de Médicis131. • 1614 : la première chapelle est remplacée par une seconde. • 1619 : reconstruction du couvent.
129
Conseil Régional de l'Ordre des Architectes d'Ile-de-France ‘La Maison de L’architecture En Île-de-France’ <http://maisonarchitecture-idf.org>. 131 Marie de Médicis (1575 – 1642) : Reine de France et de Navarre de 1600 à 1617 130
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• 1789 : À la Révolution, le couvent est pillé, réquisitionné pour y loger une caserne de grenadiers de la garde nationale, avant que s’y installe un atelier de filature. • 1794 : le couvent est transformé en hospice. • 1802 : Il devient hospice des incurables, la chapelle est réduite, et dotée d’une nouvelle façade néoclassique. • 1860 : le couvent devient hôpital militaire Saint-Martin. Des travaux sont engagés, un niveau est ajouté, et la façade est unifiée. • 1913 : il prend le nom de Villemin, médecin militaire découvreur de l’inoculabilité de la tuberculose. • 1926 : une partie du cloitre est détruite pour la construction de l’avenue de Verdun, devenue rue du faubourg Saint-Martin, • 1931 : une partie du terrain est cédée à la Compagnie des Chemins de Fer, pour l’agrandissement la gare de l’Est, • 1968 : Devenu vétuste, l’hôpital ferme ses portes. • 1973 : Deux ailes sont détruites. Les anciens jardins sont affectés à la réalisation du centre hospitalier et universitaire Saint Louis - Lariboisière, et à la création d’un jardin public de la Ville de Paris - le square Villemin. Les restes de l’ancien couvent sont affectés à une école d’architecture, Paris Villemin132. Elle y restera près d’une vingtaine d’années. • 1974 : Par arrêté du 25 juillet, les façades, les toitures, et l'escalier intérieur avec sa rampe en fer forgé du bâtiment subsistant du 18e siècle ; ainsi que la chapelle, sont inscrit au titre des monument historique de France133.
132
L'école d'architecture de Paris Villemin a été créée en 1969, par suite de la fin de la section architecture de l'Ecole nationale supérieure de beaux-arts (ENSBA). En 2001, L'école d'architecture de Paris Villemin est supprimée suite à la création de l'école d'architecture de Paris-Val de Seine, 133 Notice no PA00086485, base Mérimée, ministère français de la Culture. http://www.culture.gouv.fr/public/mistral/merimee_fr?ACTION=CHERCHER&FIELD_1=REF&VALUE_1=PA0008648 5
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• Entre 1991 et 1992, le bâtiment est squatté par un collectif d’artistes, ″Les anges des Récollets″, jusqu’à ce qu’un incendie oblige à la fermeture des lieux. • 1999 : Les bâtiments, classés, sont confiés à la Régie immobilière de la Ville de Paris (RIVP), qui les restaure. • 2003 : entièrement rénové, Il abrite : o Le Conseil régional de l’Ordre des architectes en Île-de-France, dont la mission est de garantir au public la qualité du service architectural. o Le Centre international d’accueil et d’échange des Récollets offre résidence à des chercheurs et des artistes venus du monde entier ; o La Maison de l’architecture en Île-de-France, association œuvrant à la promotion et la valorisation de l’architecture auprès du grand public et des professionnels (architectes, maîtrise d’ouvrage, bureaux d’étude, entreprises, ...). d) L’architecture du lieu L’aménagement intérieur des locaux a été confié par l’Ordre des architectes en Îlede-France à une équipe de jeunes architectes, Karine Chartier et Thomas Corbasson. Leur projet concilie, avec intelligence et finesse, économie et respect de toutes les traces de la longue histoire des Récollets. Les murs en gardent les marques, tandis que les volumes sont rendus à leur noblesse. Traités comme des meubles, les équipements d’aujourd’hui renvoient discrètement à la mémoire des lieux134. L’ancienne chapelle a été transformée en un lieu polyvalent, destiné aussi bien à des rencontres qu’à des spectacles. Dans l’espace de la chapelle, une grande plaque de métal est incrustée dans le sol. Elle se soulève, se déplie et se transforme en une série de gradins et en scène135.
134 135
‘La Maison de L’architecture En Île-de-France’. ‘Chartier - Corbasson Architectes’ <http://chartcorb.free.fr/> [accessed 10 October 2017].
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Figure 39: Coupe sur le projet Source : http://chartcorb.free.fr/
L’espace qui la prolonge, accessible depuis l’ancien cloître, est dédié à l’accueil aux expositions et évènements variés. L’arrière-chapelle abrite également un café, qui profite aux beaux jours d’un jardin136.
Figure 40: La chapelle du Couvent des Récollets option A Source : www.archdaily.com
Figure 41: La chapelle du Couvent des Récollets option B Source : www.archdaily.com
Conçu dans la continuité de la chapelle, un grand hall, traversé par une mezzanine existante regroupe les espaces de réunion, d’exposition et de réception. A l’étage, se trouvent les bureaux du conseil de l'ordre. Dans un souci de cohérence globale, nous
136
‘La Maison de L’architecture En Île-de-France’.
64
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avons choisi une matière unique, l’acier corten137, qui contient du temps, elle s’inscrit dans l’histoire du lieu138.
Figure 42: Système dans la grande salle de la chapelle des Récollets Source : www.archicontemporaine.org
Figure 43: La chapelle du Couvent des Récollets option C Source : www.archdaily.com
Figure 44: La chapelle du Couvent des Récollets pendant les travaux Source : www.cyberarchi.com
Corten : Acier auquel un certain nombre d’alliages ont été ajoutés, tels que P, Cu, Cr, Ni, Mo, afin d’en accroître la résistance à la corrosion atmosphérique par la formation d’une couche auto-protectrice d’oxyde sur le métal de base sous l’influence des conditions atmosphériques. » Définition de l’Acier CORTEN selon l’AFNOR (EN 10025-5 : 2005). http://www.eurokorten.com 138 ‘Chartier - Corbasson Architectes’ 137
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Nouvelle vocation et identité́ d’un édifice patrimonial : La reconversion de la synagogue de Sétif
Liste des figures Figure 1: L’ex église Saint Louis d’Oran ................................................................ 16 Figure 2: L’église Saint Cyprien d’El Kala............................................................. 16 Figure 3: La basilique Notre Dame d’Afrique ........................................................ 16 Figure 4: Le grand Séminaire de Kouba ................................................................. 16 Figure 5: Chapelle de Santa Cruz – Oran................................................................ 16 Figure 6: Eglise Saint André Collo – Skikda .......................................................... 17 Figure 7: Basilique Saint Augustin – Annaba ......................................................... 17 Figure 8: Eglise de Ouargla ..................................................................................... 17 Figure 9: Eglise de Djelfa........................................................................................ 17 Figure 10 : Beth Sholom Synagogue: Frank Lloyd Wright .................................... 37 Figure 11 : Ruines de l’ancienne synagogue à Kafr Bir'im, en Palestine. .............. 38 Figure 12:La synagogue blanche de Capharnaüm .................................................. 38 Figure 13:Plan de la synagogue de Capharnaüm .................................................... 39 Figure 14: Synagogue de Capharnaüm ................................................................... 39 Figure 15: L'arche de l'alliance ............................................................................... 41 Figure 16: Arche de la loi dans la synagogue de Gibraltar ..................................... 41 Figure 17:Almemar de la synagogue de Florence .................................................. 42 Figure 18: Reconstitution de la façade de la synagogue de Sétif ........................... 45 Figure 19: Plan Reconstitution de la synagogue de Sétif........................................ 45 Figure 20: Coupe sur la synagogue de Sétif............................................................ 45 Figure 21: Synagogue de Sétif ................................................................................ 46 Figure 22: Intérieur de la Synagogue de Sétif ......................................................... 46 Figure 23: Synagogue de la rue Buffault ................................................................ 46 Figure 24: Synagogue de Belcourt .......................................................................... 46 Figure 25: Synagogue de Souk Ahras ..................................................................... 46 Figure 26: Vue intérieure de la synagogue de la rue Bouffaut ............................... 47 Figure 27: Intérieur de la synagogue de Sétif ......................................................... 47 Figure 28: Synagogue de Sétif ................................................................................ 47 79
Nouvelle vocation et identité́ d’un édifice patrimonial : La reconversion de la synagogue de Sétif
Figure 29: Réseau routier de la Maurétanie Sétifienne ........................................... 51 Figure 30: Les village de la colonisation 1830-1847 .............................................. 51 Figure 31: Sétif 1843_1844 ..................................................................................... 52 Figure 32: Le réseau viaire ...................................................................................... 53 Figure 33: Morphologie urbaine de l'ilot ................................................................ 53 Figure 34: Les points de repères ............................................................................. 55 Figure 35: Les lieux de cultes ................................................................................. 56 Figure 36: Itinéraires urbains .................................................................................. 58 Figure 37: Situation du couvent des Récollets ........................................................ 61 Figure 38: Vue générale de l'ancien couvent des Récollets .................................... 61 Figure 39: Coupe sur le projet ................................................................................. 64 Figure 40: La chapelle du Couvent des Récollets option A .................................... 64 Figure 41: La chapelle du Couvent des Récollets option B ................................... 64 Figure 42: Système dans la grande salle de la chapelle des Récollets .................... 65 Figure 43: La chapelle du Couvent des Récollets option C .................................... 65 Figure 44: La chapelle du Couvent des Récollets pendant les travaux................... 65
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Thesis: New vocation and identity of a heritage building: The synagogue of Setif Name: LENEGUER First name: Abdelkrim Directed by: Mr. Said CHOUADRA ABSTRACT: Victim of misunderstanding and object of a double rejection, cultual and cultural, since assimilated to the colonization, the synagogue of Sétif translates the absence of patrimonial conscience towards this type of buildings Algeria In this work, we raised the issue of heritage, showing that it can aspire to heritage. The preservation of the synagogue is a means of perpetuating the memory of the past as painful as it is, a means that at the same time allows the society to overcome this evil and to reconcile itself with its whole history, by taking care mainly of the heritage values conveyed by this legacy.
KEY WORDS: Heritage, Reconversion, Places of worship, Religious buildings, worship, becoming, conservation, identification.
Thèse : Nouvelle vocation et identité́ d’un édifice patrimonial : La synagogue de Sétif Nom : LENEGUER
Prénom : Abdelkrim
Encadreur : M. Saïd CHOUADRA
RESUME : Victime de méconnaissance et Objet d’un double rejet, cultuel et culturel, puisque assimilé à la colonisation, la synagogue de Sétif traduit l’absence de conscience patrimoniale envers ce type d’édifices Algérie Dans ce travail, nous avons soulevé la problématique de patrimonialisation de cet héritage, en montrant qu’il peut aspirer à la patrimonialisation. La conservation de la synagogue est, un moyen pour pérenniser la mémoire du passé aussi douloureux soit-il, un moyen qui permet en même temps à la société de surmonter ce mal et de se réconcilier avec toute son histoire, en s’occupant principalement des valeurs patrimoniales que véhicule cet héritage. MOTS CLES : Patrimoine, Reconversion, Lieux de culte, Edifices religieux, culte, devenir, conservation, identification.