La Sentinelle Janvier-Février 2021

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La Sentinelle

Janvier - Février 2021 - n° 01

Avant-Propos Périodique bimestriel de la Centrale Générale du Personnel Militaire. Éditeur responsable : Yves Huwart - Bureau de dépôt : Bruxelles X - P109013

Petites vidéos à l’armée le syndicat militaire


Avant-propos

Petites vidéos à l’armée AVANT-PROPOS PAR YVES HUWART | PRÉSIDENT

Cette fois, évoquons un peu les apparences, les paroles et les actes, les préférences erronées, la politique avec le frein à main tiré, un univers alternatif, l’e-leadership, votre argent… et les petites vidéos. Au sommet de la Défense, aujourd’hui, ils adorent faire de petites vidéos. Sur eux-mêmes et surtout avec eux-mêmes. Tout à coup, vous y voyez le CHOD et le VCHOD, dans un café, essayant de donner à la communauté militaire un conseil – certes bien intentionné – sur le coronavirus tandis que l’odeur de la bière vous parvient quasi à travers l’écran. Un peu avant, vous recevez un lien vous dirigeant vers une petite vidéo avec l’ex-DGHR qui, tel un ‘mauvais’ vendeur d’aspirateur, tente de promouvoir ses plans pour améliorer le statut du personnel. Des plans qui, entre autres, semblaient surtout n'être que du bla-bla car insuffisamment vérifiés sur le plan politique et pas davantage approuvés politiquement. Récemment, nous pouvions voir, par écran interposé, le militaire le plus haut gradé du pays prêcher la ‘bonne nouvelle’ concernant HRM@Defence. Selon cet ‘Évangile’, le système informatique dédié à la gestion du personnel et des rémunérations ne semble pas être une catastrophe totale. De nombreux militaires se demandent pourtant chaque jour ce qu’ils ont fait de mal pour mériter cette misère. Force est aussi de constater que le Chef de la Défense profite de sa petite vidéo pour imposer mine de rien une forme de censure aux militaires, en rappelant ce que signifie la loyauté quand ils expriment leur mécontentement sur les ratés de HRM@Defence. À l’armée, le ‘leading by Youtube’ a apparemment remplacé le ‘leading by example’. Autrement dit, l’emballage est devenu plus important que le contenu et les chefs tentent d’imposer le comportement souhaité par écran interposé – certains d’entre eux en plus via Twitter. Dans son univers alternatif, le sommet de l’armée se comporte tel un chat sur un poêle brûlant, sautant nerveusement d’une patte sur l’autre dès qu’il s’agit d’allouer des ressources budgétaires supplémentaires au

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personnel. Lors des quinze dernières années, à maintes reprises, les dépenses du personnel ont été rabotées, souvent même sur proposition ou avec le consentement des Chefs de la Défense. Pour la première fois depuis longtemps, les astres sont alignés pour rendre le job militaire réellement plus attractif. Chacun s’attendrait donc à ce que cette dynamique soit mise à profit et à ce que la carte du personnel soit sortie pour annihiler progressivement la négligence des années passées. Mais, bien que toutes les cartes distribuées soient favorables, ces dernières semaines, voire mois, les plus hautes autorités militaires ont fait preuve – certes à huis clos – d’une grande réticence à débloquer beaucoup d'euros en plus pour de meilleurs salaires et des allocations plus élevées pour les militaires, alors que ces mêmes personnes, toujours dans leurs vidéos, parlent beaucoup de ‘priorité au personnel’. Ou comment prêcher "A" alors qu'on pratique "B" ! Heureusement, il y a la Ministre de la Défense pour mettre les points sur les ‘i’ et fixer les bonnes priorités, même lorsque les préférences et choix des plus hautes autorités militaires diffèrent. Notre ministre assume ses responsabilités envers le personnel et s’engage pleinement à passer du verbe à l’action. Nous n’y sommes pas encore et comme syndicat, nous restons sur nos gardes, mais la ministre, p. ex., a pris de premiers engagements concrets pour la plus grande amélioration des salaires des militaires depuis ... les années 60 ! Plus à ce sujet dans cette édition de ‘La Sentinelle’. Le syndicat militaire ACMP-CGPM appelle de nouveau, par la présente, tous les responsables à œuvrer à cette amélioration indispensable du statut militaire, à commencer par le salaire. Cessez de gérer ce dossier avec le frein à main tiré et en traînant les pieds. Action ! Tout de suite ! Subito ! 


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Janvier - Février 2021 - n° 01

Photo : CNES/Mira Productions/Remy Parot

Colophon

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Petites vidéos à l’armée

La Sentinelle est le bimestriel de la Centrale Générale du Personnel Militaire. La Sentinelle est envoyée à tous les membres.

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Un meilleur salaire

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HRM : chronique d’une débâcle annoncée

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Le culte désintégré ?

Toutes les données sont traitées dans le respect de la Loi sur la vie privée (Loi du 8/12/1992 & GDPR). Éditeur responsable : Yves Huwart Coordination : Concetto Bandinelli et Laurent Schmitz Informations générales – CGPM : Romboutsstraat 1 – Bus 021 1932 Zaventem srt@acmp-cgpm.be www.acmp-cgpm.be Tél. : 02 245 72 14 Fax : 02 245 73 01

BE32 2100 6234 6602 BIC : GEBABEBB

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Avec le sourire en prime !

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Marcottons des bataillons

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CLMM… ?

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Charge psychosociale : nous avons été entendus !

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Photo couverture : Malek Azoug

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Statut

Un meilleur salaire Une augmentation salariale substantielle, des chèques-repas, une meilleure rémunération des services prestés, une prime pour les instructeurs et une foule d'autres mesures pour rendre la profession militaire plus attrayante. Mais surtout : enfin assez d'euros et la volonté politique de rendre tout cela possible. Après plus de 15 ans de coupes, la lumière est enfin au bout du tunnel pour le personnel de la Défense. En outre, les militaires retraités seront également mieux lotis. Le 4 février, la ministre Ludivine Dedonder a présenté aux syndicats son Plan global d'initiatives au profit du personnel de la Défense : ‘People are Our Priority (POP)’. Nous vous avons déjà exposé les principaux points de ce plan. En résumé, il s'agit des améliorations financières suivantes : - Une augmentation substantielle des salaires pour toutes les catégories de personnel militaire. - Des chèques-repas à 6€/pièce pour tout le personnel de la Défense. - Une meilleure rémunération du service intensif (exercices, camps et manœuvres), du déploiement opérationnel, du travail des gardiens de nuit, … grâce à l'adaptation du coefficient 1/1850e. - L'introduction d'une allocation d’instructeur de 75 euros nets par mois. - Une incitation au recrutement pour les candidats qui postulent à des fonctions en pénurie à la Défense. L'augmentation progressive des salaires débutera en 2022 et s'étalera sur trois ans : 2022 est l'année où la première adaptation des salaires sera visible et 2024 est l'année où elle sera finalisée et où les salaires de la Défense devront être équivalents à ceux de la Police.

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Les montants exacts et le calendrier des augmentations des salaires seront déterminés par l'État-major de la Défense et les syndicats dans les prochains mois. L'ACMP-CGPM vous informera immédiatement, par le biais de ses publications, de l'avancement des travaux. Aussi pour les pensionnés Ludivine Dedonder a réaffirmé le 4 février que le régime de retraite actuel ne sera pas touché. C'est un élément important. Les craintes de certains que l'augmentation des salaires aille de pair avec le relèvement de l'âge de la retraite ne sont pas fondées. L'augmentation du salaire entraînera également une hausse du

montant de la pension des militaires retraités. En effet, grâce au mécanisme de péréquation, les pensions du personnel militaire suivent l'évolution des salaires des militaires en activité via une 'corbeille' spécifique. L'impact sur le montant de la pension ne pourra être déterminé que lorsque les nouvelles échelles de salaires et leur date d'entrée en vigueur auront été établies. À partir de quand ? En ce qui concerne les dates d'introduction des autres mesures financières, pour les chèques-repas l’objectif est fixé au second semestre de cette année. L'augmentation de la rémunération des prestations (adaptation du coefficient de 1/1850e) est également 

Photo : MoD


Un budget du personnel libéré

Photo : Mil.be

 prévue pour 2021. Les autres augmentations de salaire mentionnées ci-dessus sont prévues pour 2023. Cependant, nous tenons à souligner qu'il s'agit de données de planification. L'adaptation des réglementations particulières nécessite de nombreuses démarches et approbations administratives et politiques, que la Défense ne maîtrise pas toujours. Autres mesures d'amélioration En plus des améliorations financières, la ministre prévoit d'autres initiatives pour rendre la profession militaire plus attrayante. Il s'agit notamment de : - Simplifier les procédures de remboursement des frais médicaux. - Aligner le système de remboursement des frais médicaux des militaires en service permanent à l'étranger sur celui des Affaires étrangères. - L'introduction d'un statut unique pour le personnel civil du SGRS, de la Sûreté de l'État et de l'OCAM (Organe de Coordination pour l'Analyse de la Menace) et d'un statut spécifique pour le personnel ‘cyber’.

- L'amélioration de l'accessibilité et l'élargissement de l'offre de prestations de l’OCASC. - Une augmentation des crédits des Chefs de Corps, entre autres pour l'organisation d'activités visant à renforcer la cohésion et l'esprit du corps. - L'élimination des pénuries de personnel grâce à une augmentation substantielle du recrutement de personnel militaire (2.500 personnes/an) et de personnel civil, la proportion de ce dernier passant à 15 % de l’effectif total de personnel de la Défense.

Avec les autres initiatives annoncées par la ministre Dedonder dans sa note d'orientation politique dans les domaines de la formation, du bien-être, de l'équilibre entre vie professionnelle et vie privée, de la gestion des carrières et de l'amélioration des infrastructures, ce ‘Plan global d'initiatives au profit du personnel de la Défense’ devrait enfin rendre la profession militaire structurellement plus attrayante et plus compétitive sur le marché du travail. En outre, la ministre a la ferme intention, pour la première fois depuis des décennies, de ne plus faire du personnel le parent pauvre du budget de la Défense. Si la priorité est effectivement accordée au financement du personnel et si l'engagement politique de consacrer suffisamment d'argent supplémentaire aux initiatives en matière de personnel est effectivement présent, alors pour la première fois depuis 15 ans, l'expression ‘le personnel est la principale richesse’ ne serait plus un slogan vide de sens dans l'armée. De plus, l'autocollant ‘POP’ (People Our Priority) serait du plus bel effet sur les pare-chocs des véhicules de service noirs de nos généraux... 

Photo : MoD

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Info

HRM : chronique d’une débâcle annoncée Dès 2016, nous étions informés de graves problèmes concernant HRM@Defence. En août 2017 nous avions publié un article pour dénoncer le processus peu transparent de l’attribution du marché et surtout la maigreur des prestations livrées par la firme au regard des sommes investies. Aujourd’hui, c’est le personnel qui paie littéralement les pots cassés. En 2017, le syndicat militaire a tiré la sonnette d’alarme concernant HRM dans un article sur l’Outsourcing (voir l’édition d’août de La Sentinelle). Malgré des indicateurs d’alerte au rouge, le projet a continué, avec de plus en plus de promesses, à défaut de fonctionnalités utiles. Vu les retours de plus en plus négatifs transmis par nos membres, nous avons à nouveau fait le point en septembre 2020, avec cette fois en plus un appel à témoins. Les témoignages se succèdent depuis, provenant de personnel en formation en vue de la ‘Wave 3’ et de collègues travaillant directement pour le projet. Tous préviennent que HRM n’est pas mûr : trop complexe, bardé de ‘bugs’ et pas adapté aux besoins de la Défense. ‘Core business’ HRM@Defence devait permettre une économie de personnel, par la suppression des ‘Sec Pers’ et la réaffectation de leurs employés à des fonctions militaires. Pour que cela soit possible, il fallait que le travail effectué par nos experts soit en grande partie repris par le nouveau système

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informatique. Désormais, chaque militaire introduirait lui-même ses demandes de prestations, ses modèles B, ses changements de situation personnelle, etc. et le système ferait le reste… Dans la pratique, on constate cependant que pour beaucoup de collègues, HRM@Defence est une ‘mission impossible’. D’une part il y a la complexité des concepts. Ce n’est pas pour rien que les employés des Sec Pers avaient besoin de solides formations pour faire leur boulot. Imaginez le soldat BDL qui vient d’arriver en unité et qui passe le plus clair de son temps sur le terrain. En plus d’apprendre son boulot il devrait aussi savoir à quelles allocations ou indemnités il a droit et en introduire lui-même la demande dans HRM... Quant aux plus anciens, certains ont beaucoup de mal à maîtriser les outils informatiques. D’autant que le programme n’est absolument pas intuitif : interface d’un autre siècle, jargon d’initiés, traductions hasardeuses,… Ce n’est pas seulement un problème de connaissances ou de formation, il faut encore avoir le temps de le faire. Cette tâche impactera inévitablement le temps de travail, ce qui conduira à une moins

bonne disponibilité de l’ensemble des militaires, alors que le but était justement de renforcer le ‘core business’ des unités de combat. ‘Et le système fait le reste’… D'autre part, quant à l'idée que ‘le système fait le reste’, il est évident que ce n’est pas le cas. Les contrôles et la gestion retombent sur les épaules des 'DAES' (Detachment Administration and Employee Support) et des commandants d'unités. Mais ces collègues ont déjà un boulot important et trop peu d’heures dans la journée ! Il manque des rouages dans la mécanique du HRM et en plus elle déborde de grains de sable. La ‘mise en production’ du domaine financier fin janvier a révélé bon nombre de ‘bugs’. Un petit relevé

Photo : Pixabay 


Photo : Mil.be

 des soucis rapportés permet de dresser une liste non exhaustive : Fréquent (des dizaines/centaines de cas) : - Salaire payé sur le mauvais compte (compte ‘prestations’ ou compte ‘épargne’ au lieu du compte courant) - Enfants à charge non ou mal pris en compte, en particulier s’ils ne portent pas le même nom que le militaire - Temps partiel 4/5e ou mi-temps pas pris en compte (salaire plein versé) - Ancienneté barémique incorrecte (le plus souvent -2 ans mais aussi parfois totalement incorrecte, avec ou sans effet sur le montant payé) - Numéro mécanographique modifié - Pas de mention de l’ancienneté barémique sur la fiche de paie (contrôle impossible) - Fiche de paie invisible dans HRM ou eBulletin - Primes (gardes, indemnités, …) non payées - Paiement par chèque postal (réservistes) Parfois (une poignée de cas) : - Indemnité de communication digitale non payée

- Allocation Para, plongeur, Pers Nav, .… non payée - Adresse incorrecte - Impossible d’accéder à HRM (accès refusé) - Enfant handicapé pas pris en compte Rarement (quelques cas) : - Pas reçu le salaire (Mil résidant à l’étranger, compte en banque étranger) - Précompte professionnel décompté deux fois - État-civil incorrect (‘séparé de fait’ au lieu de ‘marié’ par exemple) - Indemnité vélo diminuée - Montant correct versé mais montant sur la fiche de paie différent - Problèmes variés dans les IOrg (salaires incorrects, primes, etc.) - Salaire bien reçu mais numéro de compte incorrect dans HRM Ceux qui ont touché trop, devront rembourser dans les prochains mois. Mais ceux qui ont reçu trop peu suite à une mauvaise application du précompte professionnel, devraient attendre jusqu’à deux ans pour voir la situation régularisée via les impôts ! À côté des ‘maladies de jeunesse’ de HRM@Defence, la charge de

travail que cet outil génère dans les unités et le manque de transparence qui entoure le projet (dont personne ne semble savoir combien il a déjà coûté à la Défense), le syndicat militaire ACMP-CGPM craint que le personnel perde beaucoup d’argent auquel il a droit. De nombreux collègues ne réclament déjà pas le remboursement des frais médicaux : par méconnaissance, par manque de temps ou pour échapper à une paperasserie sans nom. Le même phénomène risque maintenant de se produire pour les indemnités et prestations. Or, on parle de montants récurrents importants. Par ailleurs, la complexité du système et de son contrôle fait que certaines personnes risquent de recevoir des prestations indues, par erreur ou par malhonnêteté. Les individus concernés auront beaucoup de mal à prouver leur bonne foi, et inversement, le commandement aura beaucoup de mal à prouver une fraude. Espérons donc que les militaires de l’équipe HRM qui travaillent d’arrache-pied, parviendront rapidement à dompter le système pour le rendre utilisable. 

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Bien-être

Le culte désintégré ? Depuis quelque temps, le Service d’Assistance Religieuse et Morale (SARM) est organisé en une structure ‘intégrée’, au sein de DG H&WB. Par le biais d’un ‘Mission Statement’ et d’un code déontologique, les aumôniers militaires des différents cultes ont formalisé leur coopération au profit de la communauté militaire. Or, nous apprenons que le culte musulman n’a plus de représentants, créant ainsi un vide dans l’appui aux collègues de confession musulmane. En octobre dernier, le SARM/M a été mis à mal puisqu’après des années de bons et loyaux services, l’unique aumônier musulman a été reçu par le médecin général de brigade Dhondt, directeur du DG H&WB et membre de ‘l’équipe de transition’, pour lui signifier que l’Exécutif des Musulmans de Belgique (EMB) ne le reconnaissait plus, et que par conséquent DG H&WB demandait au CHOD de mettre un terme à son contrat. L’aumônier musulman avait luimême proposé de créer une aumônerie musulmane en 2003. Il avait été mis en place en 2007 comme ‘aumônier faisant fonction’, avec l’appui des autorités politiques et la bénédiction de l’Exécutif des Musulmans de Belgique de l’époque. La raison invoquée par la Défense en octobre 2020 pour l’écarter est qu’il n’est plus soutenu par l’Exécutif actuel. Il n’aurait en outre jamais entretenu de contacts formels avec l’EMB, l’organe de culte qu’il était censé représenter.

d’un vif contentieux(1). D’après ses propres statuts, l’EMB a perdu sa légitimité en avril 2020, quand ses administrateurs ont atteint la fin de leur mandat. Par ailleurs, le 4 décembre dernier, le ministre de la Justice Vincent Van Quickenborne a sérieusement mis en cause l’intégrité de l’Exécutif, sur base de rapports émanant de la Sûreté de l’État et d’autres instances officielles belges. Ceux-ci pointent la trop grande ingérence des services secrets et du pouvoir marocains dans l’organisation. Le vice-président et ‘homme fort’ de l’EMB, Salah Echallaoui, par ailleurs

président controversé de la Grande Mosquée de Bruxelles, a d’ailleurs démissionné en décembre 2020 suite à cette polémique. Il vient d’être remplacé ‘ad interim’ par Noureddine Smaïli, un proche qu’il avait déjà porté à la présidence de l’EMB en 2014, avant de l’évincer et de reprendre sa place en 2016. Salah Echallaoui bénéficiait jusqu’il y a peu d’un large appui politique dans notre pays. Entre autres fonctions, il occupait aussi le poste d’inspecteur des cours de religion islamique pour l’enseignement de la Fédération Wallonie-Bruxelles. 

Le problème, c’est que cet organe civil sans représentation théologique formelle au sein de la communauté musulmane fait l’objet (1)

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https://www.vrt.be/vrtnws/nl/2020/12/16/ondervoorzitter-moslimexecutieve-stapt-op-na-beschuldigingen-van/

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Photo : SARM

 Le noyautage de l’EMB par des agents marocains et turcs est un secret de polichinelle dont on trouve facilement des détails dans la presse et jusque sur Wikipedia(2). La mainmise directe des ministères des Affaires religieuses marocain (Habous) et turc (Diyanet) dans le fonctionnement de l’EMB est donc connu de longue date des autorités belges. Celles-ci continuent pourtant à reconnaitre et à subventionner l’Exécutif, faute d’un autre interlocuteur officiellement reconnu. En novembre 2020, la Sureté de l’État a cependant émis un avis négatif concernant l’EMB, ce qui a motivé la réaction de notre nouveau Ministre de la Justice. Enfin, le 27 janvier 2021, dans une sorte de grand ‘mea culpa’ médiatique publié dans ‘La Libre Belgique’ et ‘De Standaard’, l’Exécutif reconnaissait lui-même son manque de compétence et des influences extrémistes !(3)

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Kafkaïen Le désaveu inopiné de l’aumônier militaire musulman par l’EMB est donc à prendre avec des pincettes, d’autant que cet ancien officier de carrière avait lui-même plusieurs fois signalé les ingérences étrangères et même la présence d’agents d’IS au sein de l’EMB ! Comme il approchait de la pension, il avait d’ailleurs recommandé que son successeur soit choisi de façon autonome par la Défense, sans le parrainage obligatoire de l’EMB. Se laisser imposer un candidat risquait selon lui d’ouvrir les portes de nos casernes à une ‘taupe’ à la solde d’une puissance étrangère, ou pire encore... Il va de soi qu’après avoir émis de sévères réserves concernant la direction de l’EMB, l’aumônier ne pouvait plus compter sur l’appui de cette institution. Après autant d’années d’engagement au profit

de la Défense, sa loyauté envers ce qu’était devenu l’EMB ne pesait pas bien lourd par rapport à son devoir envers l’armée et ses collègues militaires. Il n’avait donc pas d’autre choix que de se distancier d’un Exécutif qu’il savait infiltré. Sans toutefois couper totalement les ponts, puisqu’il avait à plusieurs reprises demandé à être entendu par l’Exécutif, notamment pour évoquer sa succession au sein de la Défense, mais sans jamais recevoir la moindre réponse, comme en attestent plusieurs courriels sous couvert de DG H&WB. Être suspendu sur demande des dirigeants de l’EMB, sans concertation ni procédure formelle, était donc pour le moins inattendu. Autant dire que l’aumônier et son adjoint sont sous le choc de cette décision qu’ils qualifient de ‘kafkaïenne’. Ils ne comprennent pas pourquoi le général Dhondt suit l’avis d’un organe mis en cause par les plus hautes instances de l’État. 

https://fr.wikipedia.org/wiki/Ex%C3%A9cutif_des_musulmans_de_Belgique https://www.lalibre.be/belgique/societe/l-executif-des-musulmans-de-belgique-reconnait-son-manque-de-competence-60105a9a7b50a652f7259108

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 Radicalisation Entre-temps, la situation crée un vide pour les quelque 4% de militaires musulmans à la Défense (une estimation car il n’existe pas de recensement officiel des convictions religieuses dans les rangs des Forces armées). On peut s’inquiéter de voir les collègues de confession musulmane temporairement privés d’appui religieux. Or, on sait combien la religion peut être importante pour ces collègues. Certains craignent de perdre un confident, une personne qu’ils connaissaient de longue date et en qui ils avaient toute confiance. Par ailleurs, le CHOD a annoncé son intention d’intensifier le recrutement parmi les jeunes allochtones, afin de leur donner un emploi solide qui soit aussi un ‘tremplin’ pour leur intégration dans la société belge. Beaucoup d’entre eux sont de confession musulmane, il est donc plus que jamais important que la Défense dispose d’un solide service d’assistance religieuse et morale. Non seulement pour aider les jeunes musulmans à rejoindre les rangs mais aussi pour préparer l’organisation militaire à les accueillir dans le respect de leurs convictions. Lors des déploiements opérationnels dans des pays musulmans,

l’expertise du SARM/M peut également être précieuse, vu la complexité des relations entre les différentes communautés religieuses auxquelles nos militaires sont confrontés sur le terrain. Quant au Service Interne de Prévention et de Protection au Travail (SIPPT), il a besoin quotidiennement du concours du SARM/M pour l’aider à évaluer les risques psychosociaux et à organiser la médiation dans les dossiers liés à la religion musulmane, par exemple en cas de harcèlement ou de radicalisation. Actuellement, le personnel du SIPPT ne peut même plus se tourner vers l’adjoint de l’aumônier car le ‘job description’ de ce militaire vient d’être modifié, à nouveau suite à une demande de l’Exécutif des Musulmans de Belgique ! Désormais il ne peut plus appuyer l’aumônerie musulmane et est relégué à des tâches purement administratives. Ses connaissances, son engagement et ses conseils étaient pourtant grandement appréciés, tant des différents services de l’État-major de la Défense que des militaires musulmans dans les unités.

Forces armées, comme l’explique la capitaine Tatiana Letovaltseva, coordinatrice du SARM : « L’Arrêté royal officialisant l’aumônerie musulmane est en cours de publication. Cette aumônerie a donc existé toutes ces années ‘en bon père de famille’, mais sans base légale. Dès que la situation sera clarifiée sur le plan juridique, nous procéderons au remplacement de l’aumônier. Nous avons demandé à l’EMB de rencontrer le CHOD et de désigner un aumônier (de prison par exemple) pour assurer une période de transition mais n’avons pas encore eu de réponse. Entretemps, les musulmans peuvent toujours contacter l’aumônier, ou à défaut prendre contact avec moi ». Le général Dhondt renchérit : « Nous n’avons pas vraiment le choix. L’Exécutif est aujourd’hui toujours le seul interlocuteur reconnu par le SPF Justice pour les matières touchant à la religion musulmane. Même si l’aumônier n’a pas fait l’objet de la moindre plainte au sein de la Défense, sans la reconnaissance de l’EMB je suis tenu de demander au CHOD la suspension de son contrat. » Élections

‘Bon père de famille’ Du côté de DG H&WB, on souligne que l’aumônerie musulmane n’a pas de statut légal au sein des

Le sort de l’aumônier musulman est donc dans les mains de l’Amiral Hofman, qui doit statuer prochainement. Une décision dif- 

Photo : Mil.be

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Photo : SARM

La présence du ‘padre’ ou d’un conseiller laïc lors des opérations est souvent un gage de stabilité et de réconfort moral.  ficile vu la débâcle de l’EMB et le fait qu’une nouvelle équipe devrait prendre la direction de l’Exécutif après les élections prévues en mars. Il est donc possible que ces nouveaux dirigeants renouvellent

leur confiance à notre aumônier musulman, et par extension à son adjoint. Quant au SARM/M, sa pérennité et son rôle sont liés à la future révision du statut légal du SARM, qui est en cours sous

la direction du VCHOD et devra être concerté avec l’EMB après les élections. Le syndicat militaire ACMP-CGPM n’a bien sûr pas à se prononcer sur cet imbroglio politico-religieux. En tant qu’organisation apolitique et sans influence religieuse ou philosophique, nous déplorons cependant le caractère absurde de la situation, dont les premières victimes sont les militaires musulmans, qui ont droit comme les autres à une assistance religieuse s’ils le désirent. Quoi qu’il en soit, nous invitons l’autorité à trouver une solution à court et à long terme afin de restaurer pleinement et durablement l’appui à nos collègues de confession musulmane et aux services de la Défense qui comptent sur l’expertise du SARM/M. 

SARM : mode d’emploi Le Service d’Assistance Religieuse et Morale repose sur quatre aumôneries et un service non-confessionnel. Le culte catholique est le plus représenté puisqu’il compte une dizaine d’aumôniers. Les cultes protestant, musulman et israélite reposent chacun sur un ou deux aumôniers. Une équipe de huit conseillers moraux laïcs complète le SARM. Les aumôniers et conseillers moraux du cadre actif sont des civils portant l’uniforme. Ils n’ont pas la qualité de militaire et ne sont pas considérés comme agents de l’État. Cependant, ils respectent les autorités militaires et sont soumis aux règlements militaires qui leur sont applicables, tout en restant tenus au secret professionnel. Le SARM est le seul service compétent pour aborder les questions religieuses, spirituelles, morales et philosophiques à la Défense. À ce titre, il apporte une expertise spécifique au profit du commandement, à tous les niveaux. C’est ainsi qu’un Chef de Corps peut se renseigner auprès du SARM au sujet des préférences des militaires croyants dans leur pratique religieuse. Par exemple, les procédures à suivre en cas de décès. Les commandants de détachements peuvent aussi obtenir de précieux conseils pour améliorer leurs rapports avec les populations locales lors des missions à l’étranger, en particulier dans des régions où la religion est un fondement de la société ou même de la loi. Les aumôniers interviennent aussi directement au profit du personnel. La présence du ‘padre’ ou d’un conseiller laïc lors des opérations est d’ailleurs souvent un gage de stabilité et de réconfort moral. Lors d’événements pénibles, comme un décès dans la famille, la perte d’un collègue ou une situation traumatisante, l’intervention du SARM est souvent très appréciée par les militaires déployés. Les aumôniers et conseillers moraux collaborent également avec d’autres spécialistes de la Défense : Psychosocial Advisors, assistants sociaux, Centre de Santé Mentale, etc. Enfin, lors de cérémonies ou de commémorations importantes, le SARM appuie la Défense pour l’organisation des offices religieux. On pense entre autres au traditionnel ‘Te Deum’ lors de la Fête du Roi ou notre Fête nationale.

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Bien-être

Avec le sourire en prime ! Tout le monde sait que l’affiliation au syndicat militaire ACMP-CGPM présente de solides avantages financiers, en plus de l’assistance individuelle la plus performante et du travail de fond de l’organisation au profit de la Défense. Mais savez-vous que vous avez droit à une prime lors des évènements majeurs de votre vie ? Notre secrétariat reçoit souvent des demandes concernant ces primes : « Nous avons adopté un enfant, est-ce que nous aurons droit à la prime de naissance ? » ou « Je viens d'emménager avec un autre militaire, lui aussi membre de votre syndicat, est-ce que nous avons droit deux fois à la prime de mariage ? »… Pour répondre à ces questions et à toutes les autres, passons en revue les différentes primes et leur champ d’application. Prime de naissance et d'adoption Vous avez droit à une prime de 100€ par enfant qui est né ou a été adopté. Vous devez avoir été en règle de cotisation de façon ininterrompue depuis au moins 13 mois. Envoyez une copie de l'acte de naissance ou d'adoption au Secrétariat permanent de l’ACMP-CGPM ou donnez-le à votre délégué local. Attention, la demande doit être transmise dans les trois ans suivant l'événement.

Photo : Pixabay

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Mariage ou cohabitation légale En cas de mariage ou de cohabitation légale, il vous est possible de demander la prime de 100€. Envoyez une copie de l'acte au Secrétariat permanent de l’ACMP-CGPM ou donnez-le à votre délégué local. Ici aussi, vous devez être en règle de cotisation de façon ininterrompue depuis au moins 13 mois. La demande doit aussi être transmise dans les trois ans suivant l'événement. Photo : Pixabay

Double prime Si votre partenaire et vous êtes tous deux militaires et membres du syndicat militaire, vous avez droit chacun à une prime lors d’une union ou si vous devenez parents. Envoyez donc deux demandes au Secrétariat permanent, c’est avec plaisir que nous vous récompenserons tous les deux ! Intervention dans les frais funéraires Lors du décès d'un membre de la CGPM, l'ayant droit perçoit une intervention de 150€. Cette intervention est toujours payée si le décès est la conséquence d'un engagement opérationnel. Dans les autres cas, le membre doit être en règle de cotisation de façon ininterrompue depuis au moins 60 mois. Les

ayants droit peuvent envoyer une copie de l'acte au Secrétariat permanent de l’ACMP-CGPM, ou la donner à un délégué local qui la fera suivre. Prime de départ Lorsque vous quittez définitivement le service actif, vous avez droit à une prime de départ. Le montant de cette prime dépend du nombre d'années comme affilié. Il vous est possible de la demander et d'en connaître le montant en prenant contact avec le Secrétariat de l’ACMP-CGPM. La prime de départ est accordée au membre cotisant qui quitte le service actif et qui a été en règle de cotisation de façon ininterrompue durant au moins soixante mois avant son départ. 


 Attention, on parle ici de votre départ de la Défense, pas de votre départ de l’ACMP-CGPM ! Sachez que vous avez tout intérêt à rester membre du syndicat militaire, même après la fin de votre service actif. Comme pensionné vous conserverez tous les avantages de vos collègues encore en service, y compris l’assistance individuelle pour des sujets concernant les pensions, les pensions de survie ou les cumuls des pensions avec d’autres revenus par exemple. Tout comme vous conserverez l’abonnement à La Sentinelle, l’assurance gratuite ‘décès par accident’, l’accès à la plateforme de réductions et bien sûr les autres primes citées dans cet article. Ces avantages ont prouvé leur intérêt et ce n’est pas par hasard que la majorité de nos collègues pensionnés demandent à rester membres du syndicat militaire.

Publication dans la Sentinelle Pour informer vos collègues, amis et l’ensemble de la communauté militaire, l’ACMP-CGPM offre un service supplémentaire gratuit. En effet, sur l’avant-dernière page de chaque édition nous vous proposons de publier l’heureux – ou moins heureux – évènement : naissance, mariage ou décès. En respect des règles liées à la protection des données personnelles (RGPD), le Secrétariat vous demandera l’autorisation avant publication de l’évènement.

doit faire l’objet d’une demande écrite appuyée par la copie d’un document officiel (acte de naissance/d’adoption, de mariage/ cohabitation légale, de décès) délivré par votre administration communale. Vous avez quand même encore une question ? N’hésitez pas à contacter notre Secrétariat par email à l’adresse srt@acmp-cgpm.be, via le formulaire sur notre site www.acmp-cgpm.be, par téléphone au 02/245 72 14 ou par courrier postal : Romboutsstraat 1 Bus 021, 1932 Zaventem. 

Pas de panique ! Précisons que chaque prime ou intervention abordée ci-dessus

Assurance ‘décès par accident’ En plus de toutes ces primes, chaque membre du syndicat militaire est automatiquement assuré gratuitement en cas de décès par accident et ce, pour un montant de 7.436,81 € ! Cette assurance est une exclusivité de l’ACMP-CGPM. Les ayants droit peuvent prendre contact avec le Secrétariat pour introduire leur déclaration, en même temps qu’il demandent la prime d’intervention dans les frais funéraires.

Photo : Vincent Bordignon

‘Solidarité’ Vous êtes marié(e) ou cohabitant(e) ? Alors nous avons une bonne nouvelle ! Le syndicat militaire est là aussi pour votre partenaire, via son adhésion à l’asbl Solidarité, qui contribue aux efforts du syndicat militaire. Pour seulement 10€ par an, votre ‘seconde moitié’ aura droit comme vous aux avantages complémentaires, comme les assurances avantageuses et les réductions chez nos partenaires commerciaux, ainsi qu’à l’assurance ‘décès par accident’ décrite plus haut. Vos amis, connaissances ou enfants peuvent en outre adhérer comme sympathisants pour 50€ par an. En plus des avantages commerciaux et de l’assurance ‘décès par accident’, ils auront droit à l’abonnement à La Sentinelle. Quant au veuf ou à la veuve d’un membre, pour seulement 25€ par an, il ou elle bénéficie en plus d’une assistance juridique.

Photo : Pixabay

La Sentinelle 13


Info

Marcottons des bataillons Connaissez-vous cette technique qui consiste à multiplier les arbres fruitiers en enfouissant plus loin une branche d’une plante adulte ? C’est ce que vient de faire la Défense avec trois bataillons de combat. C’est ainsi qu’une compagnie du 3Para, du 1/3L et du 1C/1Gr ont été marcottées loin de leur unité d’origine. À ce stade, la Défense n’a pas créé trois nouvelles unités indépendantes mais ‘détaché’ une compagnie de chacun des bataillons. Le 3Para de Tielen a donc un rameau à Gavere en Flandre orientale, le 1/3L de Marche-en-Famenne plante un escadron à Tournai dans le Hainaut et le 1C/1Gr de Bourg-Léopold prend racine dans la caserne de Lombardsijde, à la Côte. Le but avoué est de cultiver une capacité opérationnelle dans ces régions désertées par l’armée depuis des années. Pas seulement pour mieux répartir les unités de combat dans le pays mais aussi et surtout pour favoriser le recrutement de jeunes soldats. En effet, il existe en Belgique des ‘friches militaires’, de vastes zones où la jeunesse rechigne à revêtir l’uniforme, tout simplement à cause de l’éloignement des unités de combat. Pour l’armée, c’est une question de vie ou de mort car les perspectives en matière d’effectifs sont dramatiques. Nos stratèges pensent donc que l’initiative ramènera un peu de sève vitale dans les branches de la Défense. Pour le pays aussi, les nouveaux détachements devraient favoriser la relance ‘post-COVID’. Si ces trois sites se développent jusqu’à devenir de petites ‘villes de garnison’,

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les retombées en termes d’emploi et de développement économique contribueront certainement à la prospérité locale. Sol fertile La ville de Tournai compte déjà une caserne mais depuis des années, celle-ci n’accueille que des unités d’appui, en particulier dans la logistique. Pourtant, le sol tournaisien est historiquement fertile pour les formations de combat. Il a hébergé entre autres le 3e Régiment de Chasseurs. Le 4e Régiment de Ligne s’appelait même ‘Régiment de Tournai’ à sa création en 1830. L’actuelle caserne Ruquoy est un vestige de l’ancienne citadelle de la ville, bâtie par les Néerlandais en 1882. Le retour des fantassins dans la région est donc symbolique. La caserne de Gavere échappe à un triste sort puisqu’il était question de la fermer en 2020. Cette commune proche de Gand est

surtout connue pour son centre de contrôle du trafic aérien (ATCC) implanté dans le village de Semmerzake dans les années 50. La coupole du radar ne cache pas de riche héritage militaire mais un quartier assez spacieux pour recevoir le détachement du 3Para. Au plus haut de la Guerre froide, le lieu abritait près de 400 techniciens. Depuis la fermeture de la peu pratique caserne Léopold au centre de Gand, Gavere était la seule alternative pour accueillir nos Paras en Flandre orientale. Quant à Lombardsijde, ce vaste camp posé sur la plage entre Nieuport et Westende n’aura aucun mal à loger la compagnie du 1C/1Gr venue de Bourg-Léopold. Le lieu a connu ses jours de gloire comme école de l’artillerie antiaérienne, une arme victime des ‘dividendes de la paix’ dans les années 90. Depuis, la caserne sert de refuge à de petites unités, plus par hasard que par réelle vocation. L’arrivée de fantassins devrait assurer le renouveau de ce site au potentiel important pour la Défense. Écosystème Le choix de délocaliser une compagnie plutôt que de créer une 


Photo : Ritchie Sedeyn

 nouvelle unité offre la possibilité d’être réalisée rapidement. Cependant, on peut se demander s’il est judicieux du point de vue de la cohésion et du commandement. En effet, l’Histoire montre que les détachements possédant leur propre quartier ont souvent tendance à développer un ‘écosystème’ distinct de celui de l’unité-mère. Dans le cas présent, les distances sont énormes et les terreaux culturels respectifs des régions diffèrent grandement. De Tielen à Gavere, on compte 113 km de route, près de 170 km de Marche à Tournai et plus de 200 km entre Bourg-Léopold et Lombardsijde ! Inévitablement, il va se créer des rivalités au sein même des bataillons écartelés géographiquement. Tous volontaires Les affectations dans les unités détachées se font sur base volontaire. Pour le 3Para, Gavere a attiré pas mal de candidats puisque 50% des places sont déjà prises (la structure de commandement et deux des quatre pelotons prévus). Le reste sera complété par de jeunes militaires recrutés dans les mois à venir. Il faut dire qu’il n’y

a qu’une seule unité para néerlandophone. Ses effectifs proviennent donc des quatre coins de Flandre. Pour de nombreux parachutistes, Gavere est plus proche ou plus accessible que Tielen. En revanche, la situation est moins évidente pour Tournai et Lombardsijde qui n’intéressent qu’une trentaine de candidats chacun. Ce ‘noyau dur’ aura fort à faire pour former les 2/3 restants de leur compagnie ou escadron, en puisant dans la (maigre) manne du recrutement civil. Leur nouveau pied-à-terre dans une région encore peu exploitée devrait cependant leur donner un atout. Espérons que leurs bataillons ne souffriront pas trop de ce marcottage car leur situation est déjà dramatique. Par exemple, l’État-major se félicite que « Tous les 323 militaires du 1C/1Gr ont rempli

l’enquête de DG HR. À ce jour, 29 ont été retenus pour rejoindre Lombardsijde ». Cette déclaration révèle à quel point nos unités de combat ont été élaguées. En effet, traditionnellement un bataillon d’infanterie belge devrait compter au moins deux fois plus d’hommes et femmes pour alimenter ses quatre compagnies… Le délabrement des unités est tel que l’étalement géographique ne suffira pas à sauver l’armée. Il faudra l’accompagner d’une revalorisation des salaires, des conditions de travail, de l’image et du statut des militaires. Rendez-vous en 2022 pour savoir si l’opération a porté ses fruits, avec trois compagnies réellement opérationnelles, comme le prévoit l’État-major. 

Enquête ou appel ? Si vous êtes membre d’une de ces trois unités, il est préférable de ne pas postuler pour une place dans la compagnie détachée via un appel. En effet, seules les affectations découlant de l’enquête de la DG HR donneront droit à des indemnités de restructuration, un avantage financier important pour le personnel relocalisé. Renseignez-vous donc bien avant de vous porter candidat !

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Statut

CLMM… ? Tout militaire sait que notre jargon est riche en ‘abréviations multilingues’, comme ‘ABL’ : une contraction de ‘Armée belge’ et du terme équivalent en néerlandais : ‘Belgisch leger’. Bientôt, une nouvelle abréviation viendra le compléter : ‘CLMM’ pour la contraction de ‘Collaborateur Local Militaire’ et de ‘Lokale Militaire Medewerker’. Mais, de qui, de quoi, …, est-il question ? Comme syndicat, nous avons découvert cette abréviation ‘CLMM’ ainsi que ce concept, la première fois officiellement, lors de réunions techniques préparatoires au Haut Comité de Concertation-Règlement du 4 septembre 2020. Il était question d’une modification au règlement portant sur le recrutement externe des militaires pour l'année de recrutement 2021. CLMM – Un réserviste rappelé Ainsi, a été insérée dans ledit règlement une simple phrase qui dit tout : … ‘Le Lokale Militaire Medewerker – Collaborateur Local Militaire (CLMM) est un postulant Cand Mil de Res qui est proposé par le CO d’une unité pour une fonction qui répond aux besoins locaux logistiques.’ Les CLMM sont dès lors des militaires du cadre de réserve (une fois la sélection, le recrutement et la formation menés à bon terme et ce, sans dérogation aux dispositions légales actuelles en vigueur) qui peuvent être utilisés, au moyen de jours de rappel, à l’appui territorial, là où le Chef de Corps estime que cet appui est le plus nécessaire. Les CLMM peuvent être des officiers (Offr), des sous-officiers (SOffr) ou des volontaires (Vol). Il est

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envisagé l’ouverture, en 2021, de quelque 90 postes répartis équitablement entre les trois catégories de personnel et les deux régimes linguistiques.

dans les différents tableaux organiques, à libérer du personnel du cadre actif de ces tâches territoriales, …, à renforcer les services sans pour autant remplacer les militaires du cadre actif.

Besoins locaux logistiques Nul ne peut contester que la Défense est confrontée à un déficit important en personnel. Comme elle dispose d’un outil existant et souple (sans devoir mettre en œuvre un nouveau statut nécessitant un très long processus de finalisation), à savoir la Réserve avec son mécanisme de jours de rappel, recruter des réservistes à qui elle demanderait de la soulager de certaines tâches logistiques territoriales, était une idée qui coulait de source. La Défense vise donc à faire appel à des personnes pour des besoins locaux logistiques, en d’autres termes pour des fonctions non opérationnelles générales d’appui au sein de l’unité. La Défense tient, entre autres, à combler les trous

La Défense a tenu à nous préciser officiellement, à la suite d’une des interventions de l’ACMP-CGPM à cet égard, qu’il y a lieu de rassurer le Pers Mil du cadre actif quant à ce nouveau concept. Il n’y aura pas de concurrence avec les postes prévus sur le TO pour le Pers susmentionné. La sélection complète et la formation sont prévues dans le statut des militaires de réserve et s’effectue sous la direction de HRB-R&S et HRC, comme prévu par la loi. Les différents CO auront la possibilité de recruter des CLMM pour leurs unités propres et l’enveloppe des jours de rappel sera contrôlée par DNR. La Défense a dès lors recensé une série de fonctions d’appui logistique qui ne demandent pas une

Photo : Mil.be 


Photo : Mil.be

 ‘expertise militaire’ et qui peuvent être occupées à temps partiel voire à temps plein comme, par exemple, dans le domaine du ‘Contract management’ pour Offr et SOffr ou dans le domaine HORECA (barman, magasinier, … (Vol) ; gestionnaire de l’installation (SOffr)) et dans le domaine de l’INFRA : technicien (SOffr ou Vol) ; gestion (SOffr) ; entretien d'espaces verts ; …

postulants, ou de procéder de manière plus large. Il serait question de diversifier le flux entrant et de concrétiser aussi l’empowerment (l’autonomisation).

Il n’en demeure pas moins que le revers de la médaille est de voir disparaître quelques fonctions disponibles et potentiellement vacantes comme travail faisable et/ ou comme fonctions de fin de carrière sur les tableaux organiques.

Le Chef de Corps peut dès lors ‘donner un coup de pouce’ puisque la procédure de recrutement proprement dite commence pendant l’entretien mené par le Chef de Corps, ou un de ses représentants, et le postulant CLMM. Si les deux parties ont une impression positive et elles sont toutes les deux d’accord de collaborer, le Chef de Corps établit une lettre d’envoi qu’il remet au postulant et transmet au Centre de contact de R&S.

Appel au réseau local

Précision

Il apparaît clairement aussi que la Défense demande aux unités locales d’activer et de s’adresser au cercle de connaissances de ses collaborateurs en vue d’attirer des

Certains militaires (futurs) pensionnés et appartenant (bientôt) au cadre de réserve se sont déjà demandé s’ils pouvaient postuler pour la fonction de base CLMM et

effectuer ainsi du travail à temps plein ou partiel. La réponse est négative. Tout d’abord, comment se porter ‘candidat militaire de réserve’ et parcourir le processus de recrutement et de sélection alors qu’on l’est déjà (la condition d’âge va déjà être éliminatoire !) ? Ensuite, la finalité du concept CLMM ne porte pas sur le rappel de militaires déjà réservistes ; ce mécanisme existe déjà actuellement (rappels ordinaires, prestation(s) volontaire(s) d’encadrement). Il est question de couvrir des besoins locaux qui n’ont précisément pas pu être couverts par les mécanismes existants. Il y a lieu aussi de souligner que ledit concept s’inscrit aussi dans l’axe ‘diversification du flux entrant’ de la vision HR et que les militaires (futurs) pensionnés membres de la Réserve ne répondent pas à cet axe. 

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Bien-être

Charge psychosociale : nous avons été entendus ! Lors du dernier Haut Comité de Concertation ‘Bien-être’ (HCC-WB) de l’année 2020, la CGPM a mis à l’ordre du jour la situation psychosociale préoccupante dans les unités de la Composante Air. Cette initiative fait suite à nos interventions dans les unités au profit du personnel. Pour rappel, en 2020 nous avions organisé à Florennes un forum entre le commandement et différents services afin de mettre en évidence les soucis psychosociaux rencontrés par le personnel. Les échanges constructifs avaient permis d’identifier les points critiques et de prendre action pour y remédier au niveau local. Cependant, force est de constater que ces problèmes dépassent largement le cadre de Florennes. Le même constat nous est rapporté à Kleine Brogel, Beauvechain, Melsbroek, … Le fil conducteur de toutes les plaintes remonte au manque de personnel. Des équipes débordées, du travail fait à la hâte et ‘sans filet’, avec en toile de fond la crainte d’un accident grave, provoquent chez nos collègues des symptômes psy-

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chosociaux inquiétants : anxiété, manque de sommeil, burn-out, … Vu l’ampleur du phénomène, la CGPM ne pouvait pas en rester là. Après concertation avec les services de DG H&WB, nous avons décidé de faire ‘remonter’ la problématique au niveau national, en introduisant une ‘saisine’ au HCCBien-être (Haut Comité de Concertation). Cette procédure permet à un intervenant de ‘forcer’ un sujet spécifique à l’ordre du jour du Haut Comité. Mitiger le manque de personnel La problématique a donc été abordée le 2 décembre dernier. Au cours de la discussion, les autorités ont d’emblée reconnu que la cause et les remèdes éventuels n’étaient pas du ressort de DG H&WB. Il a donc été convenu de passer désormais le flambeau à COMOPSAIR. La Composante Air promet de prendre toutes les mesures possibles pour mitiger le manque de personnel afin que les collègues dans les unités ne doivent plus subir une charge de travail indue, au point d’en être malade ou de risquer des accidents. Cela passe par des solutions très diverses : aménagement du niveau d’ambition, engagement accru, ouverture

de places pour PVE et réservistes, remaniement des organigrammes, etc. COMOPSAIR s’est engagée à organiser une réunion technique avec les syndicats. Par après, COMOPSAIR va déléguer le dossier dans les différents CCB (Comité de Concertation de Base). À ce stade, nos lecteurs des autres composantes doivent se dire que chez eux aussi, les problèmes psychosociaux sont en recrudescence. L’État-major en est bien conscient. C’est pourquoi certaines solutions dépasseront le cadre de COMOPSAIR et seront d’application pour toute la Défense. Partenaire de la Défense Le syndicat militaire ACMP-CGPM se félicite d’avoir pu jouer son rôle de partenaire de la Défense, en mettant en évidence les problèmes auxquels le personnel est confronté. Il semble que le message ait été bien reçu. Espérons que des solutions rapides et efficaces pourront être dégagées afin de garantir le bien-être psychosocial des militaires sans trop compromettre l’opérationnalité des unités. Nous continuerons à suivre ce dossier important pour la santé de tous nos collègues. 


NAISSANCES

MARIAGES

ADRIEN – 08/11/2020 Dans la famille de Damien GALET (Liège)

22/08/2020 Rudi VANDERMEIREN et Carine RAVEZ (Florennes)

ANNE – 13/11/2020 Dans la famille de Bram VANLERBERGHE et Shana MOELANS (Pelt)

14/10/2020 Didier DE BRABANTER et Cynthia VANDENBULCKE (Ostende) (Cohabitation légale)

NEIL – 19/11/2020 Dans la famille de Bryan VASSAUX (Marche-en-Famenne)

21/11/2020 Vincent PECHE et Angélique VELGHE (Modave)

- Novembre : 109,46 points - Décembre : 109,49 points - Janvier : 109,97 points

JULES – 25/11/2020 Dans la famille de Jennifer DU TRÉ (Charleroi)

21/12/2020 Pascal CAUTAERTS et Patricia DE CLERCQ (Ninove) (Cohabitation légale)

Indice santé

FERRE – 28/11/2020 Dans la famille de Dieter CALDERS (Alost) JADE – 04/12/2020 Dans la famille de William VOS (Namur)

28/12/2020 Bart DE MARLIE et Ann DEFIEUW (Heuvelland)

NECROLOGIE

CLIFF – 22/12/2020 Dans la famille de Mats DE LAET (Lier) LÉONIE – 24/12/2020 Dans la famille de Sébastien BOZARD (Huy)

GEORGES VERBOND (Huy) 1930 –  05/11/2020

ISOLDE – 11/01/2021 Dans la famille de Johan MAHIEU (Ostende)

FELIX SEL (Duffel) 1923 -  16/11/2020

Indice des prix à la consommation

- Novembre : 109,91 points - Décembre : 109,88 points - Janvier : 110,35 points L’indice santé lissé s'élève en janvier 2021 à 107,86 points. L’indice-pivot pour la Fonction publique et les allocations sociales, fixé à 109,34 points, n’est donc pas atteint. Le précédent dépassement de l'indice-pivot remonte à février 2020. Source : Statbel

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