Magazine de l'Automobile Club de Suisse no 288

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AUTO 288

AVENTURE

«Il faut faire rêver les gens…» En attendant de partir dans la stratosphère, Raphaël Domjan s’offre une petite escapade en Antarctique. Rencontre avec un explorateur solaire. Par Pierre Thaulaz

A

UTO : Que retenez-vous de votre tour du monde à bord de PlanetSolar ? Raphaël Domjan : On fait de l’écologie expérimentale, une discipline dans laquelle on tente de démontrer ce que l’on peut réaliser avec l’énergie solaire et l’électricité. C’était aussi le premier tour du monde d’un bateau électrique et solaire. Il faut faire rêver les gens, leur montrer qu’il existe des perspectives. Avec Adrena, l’Ecole d’ingénieurs d’Yverdon et Meteo France, on a aussi développé à l’époque un logiciel qui détermine la route la plus rapide et celle qui consomme le moins d’énergie. Au final, c’est la route maritime la moins chère. Toujours avec Adrena, on a décidé de concevoir un logiciel identique, mais multi-énergies, pour les bateaux hybrides.

Important d’ouvrir des brèches ? Une vingtaine d’entreprises aujourd’hui construisent des bateaux solaires et électriques dans le monde, et la plupart ont été créées vers 2011-2013 (réd. : le tour du monde de PlanetSolar a été réalisé entre septembre 2010 et mai 2012). Beaucoup d’entre elles nous ont dit : «C’est lorsqu’on a vu qu’un bateau solaire faisait le tour du monde qu’on a compris que la démarche était possible pour naviguer une journée sur le lac, transporter des passagers, construire des bateaux de plongée, etc.»

Parce que les bateaux, ça pollue pas mal ? Ça représente 1,6 milliard de tonnes de CO2 par année, soit trois fois plus que le transport aérien. Sur un total de 36 milliards d’émissions mondiales, c’est quand même important. Comment passe-t-on du tour du monde sur l’eau à la stratosphère ? Mon rêve, c’était d’être astronaute. La traversée du Pacifique, ça a été l’un des plus beaux moments de ma vie. On n’a vu personne pendant un mois, pas un signe de vie, pas un avion, j’avais l’impression d’être dans un vaisseau spatial. On capte l’énergie du soleil pour charger nos batteries la journée, la nuit c’est la voie lactée. J’ai eu comme un fantasme : et si on pouvait réaliser le rêve d’Icare ? Aller dans la stratosphère, s’approcher des étoiles, grâce à l’énergie solaire.


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