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GIMS 2020 – L’interview d’Olivier Rihs

«Aujourd’hui, exposer ne suffit plus»

Le 90e Salon de Genève sera à la fois attractif et interactif. Un événement orchestré pour la première et dernière fois par le directeur général Olivier Rihs... Par Pierre Thaulaz

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IL S’AGIT DE PRÉVOIR DE NOUVEAUX CONCEPTS, HISTOIRE D’ACCUEILLIR DE NOUVEAUX EXPOSANTS, D’ATTIRER DE NOUVEAUX VISITEURS ET D’AUTRES TYPES DE JOURNALISTES.

La rencontre dans les locaux administratifs de Palexpo s’est déroulée un mois après l’annonce du départ d’Olivier Rihs (voir AUTO ACS de novembre) et quelques jours avant le lancement de la nouvelle plateforme www.gims.swiss et de l’application offrant notamment la possibilité au futur visiteur du Salon de réserver un test de voiture électrique. «Un événement comme le GIMS se prépare toute l’année. Il s’agit également de mettre en place de nouveaux concepts, sinon les gens se lassent très vite», précise le futur ex-directeur général en guise de préambule.

AUTO: Des Salons automobiles en constante mutation?

Olivier Rihs : Il y a trois transformations à gérer aujourd’hui. Il y a d’abord la transformation de l’industrie automobile. Des groupes se forment, à l’exemple de Fiat et de PSA. En plus, de nouveaux acteurs, venus de Chine notamment, débarquent avec de nouveaux concepts, généralement électriques. La troisième transformation découle directement des réglementations liées au climat. Il y a 5 ans, aurait-on pu imaginer que Mercedes et BMW travaillent ensemble sur une plateforme de partage de véhicules ou investissent dans les bornes de recharge électrique par le biais d’une compagnie commune ? Aujourd’hui, ce sont 400 milliards qui sont investis dans l’électrification.

Un virage de l’électrification qui se matérialisera dans la halle 7 de Palexpo?

De nouveaux produits arrivent sur le marché. 70 % des visiteurs qui sont venus cette année au Salon sont prêts à franchir ce pas, mais ils déclarent ne pas avoir les informations nécessaires. 97 % d’entre eux n’ont jamais mis leurs fesses dans un véhicule électrique, et l’année prochaine, on veut en vendre 10 %... L’objectif est que les gens puissent faire leur choix de façon très consciente, d’où l’idée de leur permettre d’avoir une première expérience au travers de ce test de véhicules électriques dans la halle 7.

Ce sera la principale nouveauté de ce Salon 2020?

On peut le dire ainsi. Aujourd’hui, exposer ne suffit plus. Il faut pouvoir toucher, expérimenter, et ce dans beaucoup de domaines. Que ce soit en visitant le GIMS ou un musée, les gens veulent de l’interactivité.

Et aussi poser des questions?

Ils pourront le faire dans le cadre du GIMS Tech, le forum technologique du Salon. BMW viendra avec son programme «plug and work» destiné aux entreprises, d’autres sociétés, à l’exemple de Green Motion, le spécialiste des bornes de recharge, viendront exposer leurs produits et leurs idées. Ce forum servira également de cadre à l’inauguration officielle du Salon, le jeudi. Une petite piste sera prévue à côté du GIMS Tech pour essayer trottinettes électriques, Segways, vélos et autres moyens de locomotion destinés à avaler «le dernier kilomètre».

Vous proposez également un VIP day lors de la 2e journée de presse?

On met en place différents panels à différents endroits, soit six au total, avec la présence de plusieurs personnalités. On accueillera très certainement les quatre pilotes suisses participant au championnat du monde de formula E. Cette journée du mercredi sera non seulement dédiée aux médias et aux exposants invitant leurs clients respectifs, mais sera également ouverte à des gens qui veulent justement vivre une journée exclusive. Cette journée va coûter 200 francs pour ceux qui arrivent à se décider relativement rapidement, et 250 pour ceux qui se décideront au dernier moment. On va limiter le nombre de personnes présentes ce jour-là à 40’000.

Et on découvre tout ça sur la nouvelle plateforme Internet?

A partir du 9 décembre. En téléchargeant notre nouvelle application, on pourra prendre directement son billet pour le Salon, que ce soit pour le VIP day ou les journées normales, ou alors réserver un test dans la halle 7.

Le nerf de la guerre du Salon, ce sont les constructeurs?

Les marques ne viennent clairement que si elles ont quelque chose de nouveau à communiquer. Certains groupes ne vont venir peut-être qu’avec l’une ou l’autre de leurs marques, en fonction du marché européen, ou parce qu’effectivement ils ont une nouveauté mondiale à présenter. Ce sera le cas de PSA qui viendra avec une seule marque, DS, mais sans Peugeot et Citroën. Pour le reste, on aura plus ou moins la même situation qu’en 2019. Certaines marques ne seront pas là, d’autres reviennent, d’autres sont nouvelles, il y aura de nouveaux concepts. Ce sera donc de toute façon un Salon attractif.

D’autres absences?

Subaru, Ford, Jaguar/Land Rover, Volvo, Mitsubishi et Opel. Pour Nissan, on n’est pas encore sûr. Je crois qu’on a fait le tour.

Des retours en vue?

Hyundai revient accompagné de sa marque prestige Genesis qu’il lance aussi en Europe. On aura aussi des constructeurs chinois qui viennent pour la première fois.

Il faut donc s’habituer à un nouveau paradigme?

Encore une fois, il s’agit de prévoir de nouveaux concepts, histoire d’accueillir de nouveaux exposants, d’attirer de nouveaux visiteurs et d’autres types de journalistes. Il faut donc élargir le concept produit automobile à la mobilité en général. C’est ce que l’on fait avec le GIMS Tech et avec d’autres exposants. Les salons d’il y a cinq ans, vous ne les retrouverez plus. Mais vous verrez d’autres choses, car ce qui intéresse les gens aujourd’hui, c’est de savoir comment ils vont pouvoir aller de A jusqu’à B.

Vous aurez passé une quinzaine de mois à la tête du Salon avant de reprendre les plateformes numériques de Tamedia, le 1er mai prochain. Un pincement au cœur?

Tout ce que je fais, je le fais avec le cœur. Il est sûr que ça n’a pas été une décision facile à prendre, et j’avoue que je n’ai pas très bien dormi durant plusieurs nuits. Encore une fois, c’est une décision purement personnelle. Je vais également recentrer ma vie privée du côté de Zurich, donc là aussi ça implique un déménagement.

Qu’est-ce que ça vous aura apporté?

J’ai rencontré des gens vraiment très engagés. Le Salon de l’auto, c’est un peu le bébé des 240 collaborateurs de Palexpo et ça m’impressionne beaucoup qu’on puisse réaliser chaque année un petit miracle, à savoir construire une petite ville en l’espace de trois semaines, la faire vivre deux semaines et la démonter en une semaine. Sur ces six semaines, plus de 3500 personnes travaillent à la construction et au démontage, plus d’un millier de personnes travaillent durant 13 jours pour recevoir plus de 600’000 personnes.

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