Angelus n° 10 / 2021

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«MADAME FRIGO», LE FR DEPUIS 2019, LES PERSONNES EN SITUATION DE PRÉCARITÉ NE CESSENT D’AUGMENTER ET DE FAIRE APPEL À L’AIDE SOCIALE. LE POINT AVEC NADÈGE MICHEL, ASSISTANTE SOCIALE FRANCOPHONE DU SERVICE SOCIAL DE LA PAROISSE. «Madame Frigo», à la rue Aebi 82, à Bienne. Photo: J.-M. Elmer

Pourquoi une telle augmentation des demandes? Pour plusieurs raisons. Notamment suite à des changements législatifs visant particulièrement le milieu migratoire. Le 1er janvier 2019, une nouvelle loi sur l’asile et l’intégration au niveau fédéral est entrée en vigueur, entraînant des modifications pour l’octroi et le renouvellement des permis de séjour. En juillet 2020, il y a eu la mise en œuvre du projet de restructuration du domaine de l’asile et des réfugiés (NABE) dans le canton de Berne. Et puis, entre fin 2020 et début 2021, il y a eu l’introduction d’une ordonnance cantonale qui a réduit de 30 % l’aide sociale des migrants avec un permis F depuis sept ans ou plus. Des conséquences terribles pour les personnes en difficulté! Oui. Ils subissent une forte pression et doivent vivre avec une aide se situant en-dessous de ce qui, en Suisse, est qualifié de «minimum vital». Cette ordonnance a du reste été attaquée par les milieux sociaux: elle est discriminatoire et contredit l’obligation d’égalité de traitement. Et le Covid, évidemment, n’a rien arrangé… Cette pandémie a engendré une précarisation de l’emploi qui, d’ailleurs, ne concerne pas que les migrants! Nous nous retrouvons avec une explo-

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sion de demandes d’aide pour l’alimentaire. De nombreuses personnes n’ont plus de nourriture pour terminer le mois, jusqu’au versement du prochain revenu. Comment leur venez-vous en aide? Nous le faisons de manière ciblée avec des bons d’achat Caritas ou Migros (pour éviter l’achat de cigarettes et d’alcool) pour que les demandeurs puissent faire leurs courses. L’année passée, nous avons utilisé Fr. 1050.– rien que dans l’achat de bons. Et cette année, à fin août, nous en étions déjà à Fr. 2300.–. Comment être sûrs qu’il n’y a pas… d’abus? Chaque fois qu’un bon est remis, la demande est vérifiée. Je me demande parfois comment il est possible de tourner avec si peu! La très grande majorité des demandes provient de familles. Il suffit d’être en attente d’une ou plusieurs rentrées d’argent pour se retrouver en difficulté pour se nourrir. Cela prend du temps, plusieurs mois, par exemple, pour recevoir une bourse d’études, des réductions de l’assurance-maladie, la vérification du droit à une assurance ou la mise en place d’une pension alimentaire, pour ne citer que quelques cas. Et, dans l’attente, évidemment, il faut tout de même payer son loyer, les fac-


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