Bejo FR - Magazine carotte

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MAGAZINE CAROTTE Première édition française 2021

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DES PLANTES SAINES ISSUES DE SEMENCES SAINES ET VIGOUREUSES

TERRAVEG : UN SAVOIRFAIRE QUI FAIT LA DIFFÉRENCE

LES INSECTES DANS LA PRODUCTION DE SEMENCES : AMIS OU ÉNEMIS ?


SOMMAIRE MAGAZINE D E L A C A R O T T E B E J O

Magazine de la carotte édition française publié par Bejo Graines France s.à.r.l. Beauchêne 49250 Beaufort en Vallée France T: +33 (0)2 41 57 24 58 F: +31 (0)2 41 57 24 05 E: commercial@bejo.fr W: www.bejo.fr

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PRÉFACE

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SUR LA PISTE DE LA ‘NOUVELLE NERAC’

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DES PLANTES SAINES ISSUES DE SEMENCES SAINES ET VIGOUREUSES

Rédactrice en chef Karina Hens

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LE PARCOURS D’UNE SEMENCE DE CAROTTE

Équipe de rédaction Robert Schilder Joost Litjens Jelger van Weydom Karina Hens

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TERRAVEG : UN SAVOIR-FAIRE QUI FAIT LA DIFFÉRENCE

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QUELQUES FAITS AMUSANTS : SAVIEZ VOUS QUE…?

Auteurs Robert Schilder Jelger van Weydom Mirjam Both Danielle Bruin Thea van der Eng Karina Hens La Fleur Rouge Dirk Vanparys Jeroen Vissers Bert Kleiboer Jean-Marie Mercier

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PRODUCTION DE SEMENCES DE CAROTTE

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ENGAGÉ DANS LES CAROTTES ? OUBLIEZ LES ANCIENNES RECOMMANDATIONS DE CULTURE - RÉFLÉCHISSEZ-Y BIEN

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EXPLOITATION ARENOSA : EXCELLER AVEC LES OMBELLIFÈRES

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LES INSECTES DANS LA PRODUCTION DE SEMENCES : AMIS OU ENNEMIS ?

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VARIÉTÉS DE LÉGUMES HYBRIDES : LE MEILLEUR DES DEUX MONDES DANS UNE SEULE VARIÉTÉ

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LA QUALITÉ DE LA CAROTTE DÉTERMINE LES CAPACITÉS DE LA LIGNE DE TRANSFORMATION

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UNE QUESTION DE GOÛT

Traduction Agrolingua B.V. Photographie Design in Beeld Petra Tesselaar La Fleur Rouge JEEN Communicatie Bejo Australia, New Zealand, United States, China, France and South Africa Yannick Chevray Conception Nathalie España Mise en page JEEN Communicatie Yannick Chevray Impression Loire Impression Aucun droit ne permet d’extraire les informations fournies dans ce magazine. Aucun article ne peut être reproduit en totalité ou en partie sans l’autorisation de Bejo Zaden BV et Bejo Graines France s.à.r.l. et la mention de la source.

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« Les sociétés semencières fournissent des graines saines, fiables, avec une bonne faculté germinative que les producteurs confient à un sol sain et équilibré ».

CHER LECTEUR

Robert Schilder

Bienvenue dans le nouveau magazine Bejo dédié à la carotte. Dans cette édition, nous nous sommes efforcés de vous présenter une large diversité d’articles. Vous y trouverez des articles concernant la culture, les affaires, la gestion d’exploitation, la qualité des semences et bien plus. Nous espérons avoir pu fournir un magazine rempli d’informations, facile à lire et utile. Pour toute question, remarque ou réaction à propos de ce magazine, faites-le nous savoir en contactant votre représentant Bejo. La dernière saison a été marquée par les extrêmes, avec des variations importantes selon les producteurs et les régions. Votre parcelle a-t-elle bénéficié ou non des précipitations nécessaires pendant la phase de germination ou se trouvait-elle dans une région où l’irrigation par aspersion n’était pas possible ? Nous savons que cet aspect peut revêtir une importance cruciale pour obtenir le nombre de plants souhaités par hectare ou peut jouer un rôle pour atteindre le rendement prévu pour votre parcelle. La réglementation et la législation obligent les entreprises de semences à modifier la composition du pelliculage des semences. Les substances actives sont interdites et des produits alternatifs ne sont pas toujours disponibles. Heureusement, Bejo s’appuie depuis de nombreuses années sur des traitements non chimiques des semences et sur leur désinfection. Vous pouvez donc continuer à compter sur la qualité et la fiabilité de nos semences. Des substances actives dans le pelliculage des semences sont utilisées pour la protection contre les maladies fongiques en lien avec le sol, car ces dernières peuvent causer des problèmes, en particulier au stade de la germination. Les restrictions imposées à ces substances actives restent une question épineuse. À cet égard, les entreprises de semences ont besoin de votre aide, de votre expérience comme producteurs. Elles fournissent des semences saines, fiables, dotées d’une bonne faculté germinative que vous confiez à un sol sain et équilibré. Pour cela, une collaboration à l’échelle du secteur est la clé d’excellents résultats. Je vous souhaite, ainsi qu’à vos proches et à votre entreprise, une année en bonne santé, fructueuse et couronnée de succès et je tiens à vous rappeler que notre personnel est toujours prêt à vous aider à réaliser vos projets.

Bien cordialement, Bejo Robert Schilder Responsable des ventes Benelux et Scandinavie

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SUR LA PISTE DE “LA NOUVELLE NERAC” LE SÉLECTIONNEUR WIM ZWA AN : « LE PLUS BEAU COMPLIMENT EST : QUAND UNE VARIÉTÉ PARVIENT À SE FORGER UNE PLACE SUR LE MARCHÉ »

LA GAMME BEJO COMPREND QUELQUE 130 VARIÉTÉS DE CAROTTES. ELLES POSSÈDENT TOUTES DES CARACTÉRISTIQUES UNIQUES ADAPTÉES AUX DIVERS MARCHÉS, FINALITÉS ET CLIMATS. LE RÔLE DU SÉLECTIONNEUR CONSISTE À DÉVELOPPER DES VARIÉTÉS DEMANDÉES PAR LE CLIENT. DEPUIS ENVIRON TRENTE ANS, WIM ZWAAN EST RESPONSABLE DE LA SÉLECTION POUR LA CAROTTE AUPRÈS DE BEJO. DANS SA FONCTION, IL CONNAIT LE MARCHÉ MONDIAL : « QUELLES VARIÉTÉS SONT EN VOGUE DANS QUEL PAYS ET POURQUOI ? QUELS SONT LES SOUHAITS DU CLIENT ? NOUS SÉLECTIONNONS DES CAROTTES POUR LE MONDE ENTIER ET DEVONS RÉPONDRE À CES QUESTIONS POUR CHAQUE MARCHÉ ».

Le métier de sélectionneur est très diversifié. D’une part, il travaille dans un laboratoire ou dans une serre réalisant des croisements et des tests sur le matériel de multiplication. Mais, pour le développement de nouvelles variétés, il s’agit surtout de tenir compte des souhaits du client. Donc, il ne faut pas hésiter à chausser les bottes et à enfiler un imperméable pour aller dans les champs. La collaboration avec les vendeurs est également un aspect essentiel du travail, selon Zwaan : « Les vendeurs travaillent sur le terrain et tentent d’anticiper dans quelle direction évolueront les souhaits des clients au cours des dix prochaines années. »

Croisements

Les besoins changent relativement progressivement, ce qui est bénéfique pour un sélectionneur. La création d’une nouvelle variété ne se fait pas du jour au lendemain : en moyenne, douze années s’écoulent entre le croisement de matériel génétique et la création d’un hybride avec ces nouvelles caractéristiques. Certes, il y a des exceptions, affirme Zwaan : « Nous sélectionnons pour des clients dans le monde

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« Les producteurs ne s’intéresseront pas à une variété qui obtient une note de 9 une année, puis une note de 5 l’année suivante. Ils préfèreront une variété qui décroche toujours une note de 7 ou 8. »

Équipe chargée de la sélection des carottes, site Warmenhuizen

Wim Zwaan

entier. Par conséquent, nous possédons du matériel génétique provenant des quatre coins du monde. Ceci nous permet de croiser assez facilement les caractéristiques recherchées issues de l’un de nos programmes d’amélioration à l’étranger avec une variété européenne ou vice-versa. Ceci crée des opportunités pour plusieurs marchés à la fois. »

Des exigences diverses

En Asie, la carotte à racine courte est populaire en raison de la structure et de l’importante quantité de cailloux dans le sol. La carotte idéale des Anglais est un peu « dodue » alors que les Américains préfèrent justement les variétés à racine longue et fine. Dans les zones tropicales, les feuilles de la carotte doivent être robustes pour pouvoir résister à la chaleur. Selon Zwaan, l’un des objectifs des sélectionneurs est d’obtenir un feuillage robuste également dans les zones tempérées. Mais, explique-t-il, si vous cultivez une carotte tropicale aux Pays-Bas, elle ne manquera pas de monter à graines. « Les besoins en matière de résistances aux maladies varient en fonction de la zone climatique. » Chaque marché a ses propres besoins et il faut y être extrêmement attentif. La présence de certaines caractéristiques peut être démontrée dans un stade avancé, à l’aide de techniques modernes et de connaissances en matière de génétique. Ceci permet d’accélérer le travail de sélection. »

identifié les hybrides les plus prometteurs, les semences sont cultivées dans des champs d’essai situés dans les différentes régions de production. C’est la seule façon d’évaluer les performances d’une variété dans des conditions locales. L’étape suivante, la production des semences, se déroule à l’étranger. Mais, toutes les semences vendues par Bejo finissent par revenir à Warmenhuizen, où elles sont nettoyées, testées, traitées et emballées. Uniquement de cette manière, explique Zwaan, « nous pouvons garantir l’excellente qualité des semences de Bejo. »

Il est possible de tester certaines caractéristiques en répliquant les conditions en laboratoire, comme la faculté germinative d’une variété à différentes températures. Une fois que Zwaan et ses collègues ont

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Fiabilité opérationnelle

Mais, le développement en matière de résistance présente aussi un intérêt croissant pour la culture conventionnelle, vu la baisse du nombre de pesticides disponibles sur le marché et la réglementation de plus en plus stricte en matière de résidus. Zwaan : « Dans les années à venir, les travaux de sélection génétique feront incontestablement partie de nos priorités. »

La stabilité et le rendement sont les principaux critères pour ce client et Nerac les remplit parfaitement. Zwaan : « Les producteurs ne s’intéresseront pas à une variété qui obtient une note de 9 une année, puis une note de 5 l’année suivante. Ils préfèreront une variété qui décroche toujours une note de 7 ou 8. » Pour parvenir à une variété aussi fiable, Zwaan ne se contente pas d’obtenir de bons résultats sur la parcelle d’essai. « Je veux savoir comment se comportent nos variétés en plein champ. Nous testons tout notre nouveau matériel, en plus de nos propres variétés et les principales variétés de nos concurrents. Ces tests sont réalisés en plein champ, dans les lieux d’entreposage, en faisant des analyses de jus et des expériences en matière de conservation en magasin. Au final, l’objectif est de savoir dans quelle condition la carotte arrive chez le consommateur. Si la variété affiche une fiabilité élevée au niveau rendement et qualité, il est toujours appréciable de pouvoir présenter des produits un peu plus homogènes ou plus lisses, ou qui offrent encore un peu plus de rendement. C’est là où se situe notre défi. »

Un marathon, pas un sprint

Zwaan travaille comme sélectionneur depuis des décennies et a assisté au développement de centaines de variétés. Quand une variété parvient à se forger une place solide sur le marché, il en tire une grande satisfaction. L’un des meilleurs exemples est peut-être la variété Nerac, qui existe depuis presque trente ans sur le marché. De nombreux clients cultivent Nerac encore chaque année, car ils apprécient cette variété présentant une grande « fiabilité opérationnelle. »

Résistance aux maladies

En parallèle, l’équipe des sélectionneurs travaille sans relâche à progresser dans le domaine de la résistance aux maladies, un travail qui concerne l’ensemble des variétés. L’opération de croisement est particulièrement délicate. En effet, au cours du transfert, les gènes de résistance aux maladies sont souvent accompagnés de propriétés indésirables. Une opération de rétrocroisement est alors nécessaire. Une autre difficulté réside dans le fait qu’il est difficile de reproduire les conditions correspondant à la culture en plein champ. Afin de pouvoir mettre en évidence les écarts, des expériences sont conduites en laboratoire. Les variétés affichant une résistance contribuent, avant tout, de façon considérable à la création de la gamme de produits biologiques de Bejo.

De nouvelles caractéristiques sont obtenues par croisement à partir de variétés locales ou de variétés sauvages, avec une résistance plus élevée contre les maladies. De cette manière, le développement d’une ligne parentale prend en moyenne quatre ans. La prochaine étape consiste en de nombreuses opérations de sélection et de rétrocroisements afin d’éliminer les caractéristiques indésirables des gènes sauvages. Il faut ensuite quatre ans supplémentaires pour créer les hybrides. Les hybrides présentent l’avantage de pouvoir combiner plusieurs caractéristiques recherchées et d’offrir un rendement élevé. Il reste cependant difficile de prévoir quelles caractéristiques se rejoindront précisément. De nombreux croisements finiront ainsi par être abandonnés durant les expériences en plein champ — et les essais de laboratoire. Lorsqu’une référence se révèle comme candidat idéal pour compléter la gamme existante, la production commerciale des semences hybrides peut démarrer. Le meilleur résultat serait le développement d’une nouvelle variété de Nerac : une variété fiable que les clients choisiront encore pendant des années.

Équipe chargée de la sélection des carottes, E-U

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DES PLANTES SAINES ISSUES DE SEMENCES SAINES ET VIGOUREUSES LES NATIONS UNIES ONT PROCLAMÉ 2020 ANNÉE INTERNATIONALE DE LA SANTÉ DES VÉGÉTAUX POUR SENSIBILISER LE PUBLIC AU NIVEAU MONDIAL À LA PROTECTION DES VÉGÉTAUX POUR LUTTER CONTRE LA FAIM, RÉDUIRE LA PAUVRETÉ, PROTÉGER L’ENVIRONNEMENT ET STIMULER LA CROISSANCE ÉCONOMIQUE.

Margreet Asma, Chercheuse en chef du Centre de Recherche en Pathologie des semences

Les sélectionneurs et les producteurs de légumes contribuent avec plaisir à de tels objectifs et n’hésitent pas à passer à l’action. Chez Bejo, nous sommes spécialisés dans le développement et la livraison de matériel de multiplication de qualité. Le matériel de multiplication aide les producteurs à produire avec succès des légumes sains. Dans cette dynamique, l’évolution de la réglementation, l’innovation technologique et le développement des connaissances et de l’expérience jouent un grand rôle. Dans cet article, nous expliquons comment nous procédons avec les semences de carottes.

Réglementation

Dans la santé des végétaux, la protection contre les parasites et les maladies est plus rentable que de parer aux situations d’urgence. La prévention est cruciale pour empêcher les conséquences dévastatrices, et elle commence avec des semences saines. Parallèlement, nous sommes confrontés à une réglementation de plus en plus stricte, qui réduit dans une large mesure l’application des pesticides. Le recours au Métalaxyl et au Thiram, par exemple, a fait l’objet de restrictions et nous ne pouvons plus fournir cette protection dans le pelliculage des semences. Guidée par la recherche, Bejo mise depuis des années sur des traitements non chimiques. Nous sommes poussés à développer des solutions durables et notre programme biologique nous y incite encore davantage. Néanmoins, la limitation des possibilités rend la culture plus vulnérable et plus risquée pour le producteur. Cet effet est particulièrement visible dans les sols déséquilibrés et affaiblis. La bonne santé des sols est un critère de plus en plus important. Nous conseillons aux producteurs d’utiliser des cultures de repos et de procéder à une rotation judicieuse des cultures. Le choix des bonnes parcelles est également essentiel pour une croissance stable et un résultat final positif et sain.

Excellente génétique

La génétique avancée constitue la base de plantes saines. Dans la sélection de nouvelles variétés, Bejo vise des cultures productives et robustes. Ces variétés peuvent résister aussi bien pendant la période de croissance, à diverses conditions climatiques, que pendant la récolte, et fournir un

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rendement fiable. La variété Nerac a fait ses preuves dans ce domaine. Il va de soi que nous nous attardons aussi sur la résistance aux maladies. Pour les carottes, nous sommes principalement confrontés aux maladies fongiques, telles que l’Alternaria et le Pythium. Les dernières variétés de type Nantaise, Nagoya et Natuna en sont de bons exemples.

Production contrôlée de semences

Des semences de qualité constituent également la base de plantes saines. Une nouvelle variété doit donc posséder la bonne génétique pour produire des semences performantes. C’est un aspect auquel nos sélectionneurs accordent une attention particulière. De plus, pendant le processus de production de la semence, nous faisons tout ce qui est en notre pouvoir pour que tout se déroule de manière optimale. Nous nous efforçons tout particulièrement de prévenir les maladies dans les plantes, car cela minimise la probabilité que les semences soient infectées. En cas d’apparition d’une maladie, nous essayons de la détecter à un stade précoce, par exemple en testant des échantillons de feuilles. Grâce à la recherche, nous déterminons quand et comment une maladie a infecté la plante et comment l’agent pathogène s’est introduit dans la semence. En tirant les leçons de cette expérience, nous pouvons prendre des mesures préventives par la suite.

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Test de la semence

Après la production, les semences sont testées de manière approfondie selon des protocoles standards. Chaque lot est ensuite nettoyé, trié et traité afin de garantir une qualité optimale et répondre aux normes de Bejo. Nous testons les propriétés physiques, telles que la capacité de germination et la pureté, ainsi que la présence d’agents pathogènes transmis par les semences qui peuvent affecter la qualité des semences et des plantes.

Nettoyage et amélioration des semences En nettoyant les semences, nous assurons la sélection des semences avec la meilleure capacité de germination au sein d’un lot de semences et l’absence d’agents pathogènes dans la mesure du possible. Bejo dispose d’un ensemble complet de machines qui peut séparer les semences en fonction de leur forme, de leur poids, de leur texture et de leur couleur. Pour les semences de carottes, nous utilisons toujours les machines de calibrage, qui non seulement assurent la séparation des déchets (par exemple, le produit de battage), mais fournissent aussi le calibre requis par le client. La trieuse colorimétrique effectue un tri en fonction de la couleur de la semence. Les impuretés telles que les semences décolorées, infectées ou endommagées, la terre et les mauvaises herbes


précis : il s’agit d’éliminer l’agent pathogène de la semence tout en préservant la capacité de germination. Les différentes variétés réagissent différemment aux traitements. Nous effectuons donc des tests détaillés pour mesurer les effets des traitements et déterminer le protocole optimal. Bien entendu, nous restons attentifs à l’évolution des dernières techniques de désinfection. Nous menons actuellement des recherches sur les traitements au plasma et à l’ozone.

Traitement de la semence

sont éliminées. Si les tests de routine montrent que les semences sont contaminées par des agents pathogènes, une désinfection suit. Bejo a développé le traitement par vapeur et sous vide et le traitement à l’eau chaude. Ce dernier s’est avéré très efficace pour les semences de carotte. Les deux procédés sont

Enfin, à la demande du client, nous pouvons ajouter aux semences des produits spécialisés supplémentaires. La prégermination en est un bon exemple et se généralise pour les semences de carotte. Avec la prégermination, nous veillons à ce que la semence germe plus facilement et plus rapidement, donnant au jeune plant un départ plus rapide et plus puissant pendant cette première phase vulnérable de croissance. En fait, la prégermination implique de prégermer les semences avec une combinaison optimale de durée, d’humidité et de température, puis un nouveau séchage à un moment précis. Des additifs peuvent être ajoutés pour revigorer la semence, comme nous l’avons fait avec la formule innovante B-Mox. En raison des résultats exceptionnels obtenus avec la carotte, nous appliquons désormais toujours B-Mox aux variétés de carottes destinées aux marchés de l’Europe du Nord-Ouest — également pour la culture biologique. Un autre traitement consiste à pelliculer les graines. Cela facilite les semis et produit moins de poussière. Nous continuons à nous développer en améliorant nos pelliculages. En 2018, nous avons introduit un pelliculage plus durable grâce à un temps de séchage plus rapide et composé de matériaux naturels biodégradables. Nos semences biologiques sont désormais reconnaissables à leur couleur jaune. Nous donnons aux semences la protection maximale que la nature nous permet. Les clients peuvent compter sur Bejo pour leur fournir des semences saines, propres et vigoureuses de variétés robustes qui donneront des résultats optimaux sur un sol sain et bien préparé. Ainsi les producteurs et les sélectionneurs collaborent pour assurer une production suffisante de légumes sains et savoureux dans le monde entier.

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LE PARCOURS D’UNE SEMENCE DE CAROTTE QUEL TRAJET PARCOURT UNE SEMENCE AVANT D’ARRIVER CHEZ LE CLIENT ? DÉCOUVREZ LES PRINCIPALES ÉTAPES DE LA SEMENCE DE CAROTTE, DE SA RÉCEPTION PAR BEJO À L’EXPÉDITION AU PRODUCTEUR.

Les semences de carotte, par exemple, sont produites en Australie. Là, le producteur les nettoie une première fois. Il envoie ensuite le lot nettoyé à Warmenhuizen.

TEST SANITAIRE NOMBRE DE SEMENCES PAR GRAMME TEST DE GERMINATION

Le lot arrive à Warmenhuizen. Un échantillon y est prélevé et soumis à plusieurs tests.

TEST DE GERMINATION, TESTS SANITAIRES, DÉTERMINATION DE L’HUMIDITÉ, NOMBRE DE SEMENCES PAR GRAMME, PURETÉ, GÉNÉTIQUE Chaque échantillon de semence est testé sur le terrain pour évaluer physiquement les caractéristiques de la variété.

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S A N T É

En fonction des résultats des tests sanitaires effectués sur le lot réceptionné, les semences sont traitées à l’eau chaude contre des maladies comme le Xanthomonas et l’Alternaria.

T R I A G E

Les semences grossières et légères sont éliminées par soufflage et vibration, ce qui permet d’obtenir un lot de semences plus pur. L’opérateur détermine si l’étape de « frottage » est nécessaire pour rendre les semences plus lisses.


C A L I B R A G E Les semences sont triées par taille. Le diamètre souhaité est compris entre 1,6 et 2,4 mm. Les fractions obtenues sont testées pour leur capacité de germination.

T R I

Ici, les semences sont triées en fonction de leur poids spécifique. Les divers calibres sont à nouveau testés. Seules les fractions adéquates sont acceptées.

N E T T O Y A G E

Le lot est épuré des résidus de plantes et de terre. Toutes les impuretés et les adventices sont éliminées pour satisfaire aux exigences de qualité standards de Bejo.

NOMBRE DE SEMENCES PAR GRAMME TEST DE GERMINATION PURETÉ TEST DES ADVENTICES

NOMBRE DE SEMENCES PAR GRAMME TEST DE GERMINATION TEST DE MAUVAISES HERBES

Par la suite, les semences sont traitées.

P R É G E R M I N A T I O N

La prégermination de la graine permet une levée plus rapide et plus homogène. La formule innovante d’amélioration des semences B-Mox® rend la semence plus vigoureuse, en stimulant la croissance au stade le plus précoce et en rendant la plante plus robuste..

E M B A L L A G E

Pour finir, la semence est envoyée au conditionnement. Il existe différentes unités de conditionnement allant de 25 000 à 5 000 000 de graines. Après emballage, les semences sont envoyées au producteur.

P E L L I C U L A G E

Les producteurs peuvent choisir de faire pelliculer les semences. Il y a plusieurs options : • pelliculage blanc = non traité chimiquement, • pelliculage jaune = biologique, • pelliculage vert = avec fongicide. Les substances actives de ce pelliculage doivent répondre aux exigences des législations et réglementations nationales. MAGAZINE CAROTTE BEJO

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TERRAVEG - UNIBIO UN SAVOIR-FAIRE QUI FAIT LA DIFFÉRENCE CHRISTOPHE LEGRAND, PRÉSIDENT CO-FONDATEUR ET ASSOCIÉ DE LA SOCIÉTÉ TERRAVEG UNIBIO A FAIT L’HONNEUR D’OUVRIR SES PORTES À LA SOCIÉTÉ BEJO EN JUIN 2021 POUR LUI PRÉSENTER SON ACTIVITÉ. LA SOCIÉTÉ TERRAVEG UNIBIO EST UNE ENTREPRISE DE PRODUCTION AGRICOLE SPÉCIALISÉE DANS LES LÉGUMES RACINES DES TERROIRS DES HAUTS-DE-FRANCE, PRINCIPALEMENT BIOLOGIQUES.

Historique

Cette société a connu un développement important ces dix dernières années. L’entreprise fait partie du groupe SECO qui réunit plusieurs sociétés agricoles. La première société qui a été créée dans le groupe est AGROMEX, spécialisée dans la production et l’export de pommes de terre. Puis TERRAVEG UNIBIO a été créée quelques années plus tard, en 2012, avec pour objet la mise en place de cultures de carottes, betteraves rouges et autres légumes principalement biologiques. Enfin, la troisième société, AGROPROD a un rôle de prestataire au service des entités commerciales en place. La mission de cette dernière est d’être au service des agriculteurs en leur proposant des solutions de stockage long terme et d’assurer ainsi un approvisionnement du marché toute l’année.

L’activité BIO

L’activité BIO représente à peu près 80% du chiffre d’affaires de la société TERRAVEG, via son entité UNIBIO. En volume, cela équivaut à peu près à 12.000 tonnes de légumes biologiques sur un volume global travaillé de 18.000 tonnes pour la société. La carotte biologique est le produit phare de l’entreprise avec environ 5.000 tonnes issues du bassin de production des Hauts-de-France. 3.000 tonnes de pommes de terre biologiques, 1.500 tonnes d’oignons bio et 2.000 tonnes de betteraves rouges représentent les principaux volumes, également issus des Hauts-de-France. Enfin, il existe une gamme biologique de légumes plus originaux qui, grâce au terroir des Hauts-de-France, permet d’être à un niveau suffisamment

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qualitatif permettant d’atteindre les marchés exigeants : panais, topinambours, carottes de couleur, betteraves de couleur et autres petites références trouvent destination principalement sur le marché de la restauration commerciale en France et à l’export.

"La production des Hauts de France permet désormais d’approvisionner le marché en carotte française, qualitative, douze mois sur douze.” Christophe Legrand


La culture de la carotte dans les Hauts-de-France

Les terroirs des Hauts-de-France et ses sols assez diversifiés sont excellents pour la culture du légume en général. Une très belle zone limono-argileuse de ce terroir des Hauts-de France est notamment très favorable à la culture de la carotte. C’est ce type de sol qui va permettre de produire des carottes avec de la matière sèche nécessaire pour une conservation à plus long terme du produit. La production de carottes dans les Hauts-de-France n’a pas pour objectif de concurrencer celle des autres bassins de production mais plutôt de venir réduire la part d’importation. Les Landes et la Normandie fournissaient le marché français de mai jusqu’à février puis à partir de février, les qualités se dégradant, les opérateurs allaient chercher de la carotte aux Pays-Bas, en Belgique avant d’en importer d’Espagne ou d’Italie. La société TERRAVEG UNIBIO a donc décidé de mettre en culture les meilleures variétés dans les sols adaptés et de développer des solutions de stockage innovantes. Il est vrai que la désormais fameuse carotte du nord n’est peut-être pas aussi lisse que celle cultivée dans des sols sableux ; elle est plus rustique mais présente des qualités gustatives plus intéressantes du fait de son taux de matière sèche plus important qui lui confère également une propension à se conserver dans le temps. En conséquence, TERRAVEG UNIBIO peut donc répondre à cette demande du marché actuel qui est de proposer aux consommateurs, un produit d’origine française 12 mois sur 12, avec des qualités gustatives certaines. De plus, la proximité des Hauts de France avec certains des principaux bassins de consommation apporte encore plus de cohérence au projet.

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Une technique de conservation de la carotte

TERRAVEG UNIBIO a en particulier développé une technique de stockage désormais largement répandue chez les opérateurs et producteurs de carottes dans les Hauts de France. Le premier paramètre à prendre en compte est de récolter la carotte dans les meilleures conditions de température et d’hygrométrie. Celle-ci doit être récoltée à maturité dans des conditions fraiches et d’humidité suffisamment importante pour assurer une conservation à long terme. Un second paramètre est également à considérer : avoir un taux de terre dans les caisses ou palox qui va enrober la carotte suffisamment pour lui permettre d’assurer une conservation longue durée. « C’est là que notre savoir-faire fait toute la différence », explique Christophe LEGRAND. Des installations de stockage performantes sont aussi nécessaires pour conserver les carottes dans les meilleures conditions. Une capacité de production de froid suffisamment importante et une hygrométrie précisément maîtrisée sont des paramètres importants pour que la carotte se trouve dans les conditions optimales et idéales à sa bonne conservation.

La génétique et l’approvisionnement

Les variétés que TERRAVEG UNIBIO utilise, doivent répondre à certains

critères de production et de conservation. Elles doivent être adaptées à un type de sol plutôt lourd, limono-argileux mais aussi avoir un cycle adapté aux conditions climatiques de la région, à savoir un cycle plutôt long, 120 voire 130 jours. Elles doivent également avoir une teneur en matière sèche suffisante pour pouvoir assurer une bonne conservation. TERRAVEG UNIBIO utilise principalement aujourd’hui deux variétés Bejo dont les références Nerac et Norway. La société utilise également d’autres variétés provenant d’autres semenciers en complément et en développement afin d’avoir un panel de variétés assez large qui soit adapté à chacun des types de sols de la région et de pouvoir répartir les risques de production et de stockage.

La production

Bien que ce soit une société privée, TERRAVEG UNIBIO travaille dans un esprit coopératif d’organisation de production avec un groupe de producteurs qui s’étoffe année après année. La société les accompagne au quotidien : prise en compte de la totalité de l’assolement, conseils techniques, soutien matériel, présentation des perspectives de développement, etc… Le groupe de producteurs est constitué d’exploitants qui, en partie, se sont convertis au BIO sur les dix dernières années, mais aussi de producteurs qui étaient déjà bio de façon plus historique. D’autres enfin, se sont convertis plus récemment. L’accompagnement se fait également au niveau matériel afin de leur proposer des solutions concrètes de production, de préparation de sol, de semis, de récolte et de stockage. La société doit aussi leur apporter un conseil commercial afin qu’ils mettent en place

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Christophe Legrand

des productions qui soient adaptées au besoin du marché actuel et essayer d’anticiper les besoins à venir. Au final, chez TERRAVEG UNIBIO, l’objectif est de récolter le produit qui va correspondre aux exigences des clients tout en faisant bénéficier au producteur du meilleur revenu, du meilleur chiffre d’affaires à l’hectare possible sur sa production.

Le marché

TERRAVEG s’engage auprès de ses producteurs à commercialiser 100% de leur production. Donc en carotte, cela implique une culture de carottes assez resserrée, c’est-à-dire 20-40mm. Ce calibre cible ne représente jamais la totalité de ce qui est récolté. Il y a des « sous calibres », des « sur calibres » et aussi des difformes. Donc pour commercialiser 100% de la production et apporter le revenu maximum à l’agriculteur, la société a développé année après année un panel de clients assez étoffé, large pour pouvoir avoir une solution à chacun des types de produits cultivés. La majorité de la production de carottes répondant au calibre souhaité est expédiée sur le marché du frais, des GMS, des magasins BIO spécialisés et des grossistes. La partie « sur calibre » va être commercialisée sur des marchés de collectivités, de grossistes spécialisés et des industriels. Les « sous calibres », eux, seront orientés principalement vers l’alimentation animale. La société met ainsi tout en œuvre pour valoriser le maximum de la marchandise récoltée.

Le développement

A ce jour, TERRAVEG UNIBIO continue d’être en développement permanent avec des croissances de production importantes et se doit donc d’étoffer continuellement ses effectifs et d’améliorer son organisation. En 2018, la société a mis en place une station de conditionnement à disposition de la production locale, principalement dédiée à la carotte. L’idée était d’apporter un outil performant et adapté aux besoins actuels mais aussi à venir du marché. L’objectif est de développer la production locale de carottes BIO pour pouvoir avec cet outil de conditionnement, répondre aux besoins du marché, et surtout du consommateur final en lui apportant un produit à la fois qualitatif, gustatif, régional, le plus local possible. Une fois que les régions de production, plutôt historiques, réduisent leurs apports sur le marché, TERRAVEG UNIBIO peut donc prendre le relai et assurer ainsi à ses clients, une carotte française 12 mois sur 12.

La prochaine campagne

L’année 2020 a été bonne mais, à cause du Covid, globalement compliquée. Bonne parce qu’on reste, en carotte, sur un produit alimentaire de base, qui a été plébiscité, cuisiné par les Français qui étaient confinés chez eux. L’année 2021 est une année plus compliquée car impactée négativement par le COVID notamment via un manque de visibilité sur le marché, à moyen et à long terme. Néanmoins, dans le monde agricole, on doit toujours se projeter et continuer à emblaver ses cultures au printemps pour avoir du stock pour l’année suivante ! Donc quelles que soient les perspectives des années à venir, TERRAVEG UNIBIO fait tout pour produire en quantité et qualité afin de répondre aux attentes de ses clients.

Les attentes en termes d’amélioration (critères variétaux)

TERRAVEG UNIBIO essaie toujours d’anticiper la demande et les attentes du consommateur. Que veut le consommateur ? Avant tout, un produit gustatif avec un vrai goût de carotte, bon et qui se conserve chez lui quelques semaines dans le bac à légumes. Ensuite, de manière plus technique et plus agricole, on va privilégier les variétés les plus résistantes possibles aux maladies. Aujourd’hui, en BIO, comme en conventionnel, la problématique est d’aller vers moins d’intrants et donc vers des variétés résistantes aux maladies du feuillage, aux maladies liées au sol, aux champignons, etc… En attendant la variété miracle, TERRAVEG UNIBIO tend vers cet équilibre entre le gustatif, la conservation et une production la plus propre possible et la plus respectueuse de l’environnement.

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Le goût

Bejo a créé une cartographie complète de ses variétés de carotte pour justifier leurs différences en termes de goût, de texture, d’aspects croquant, juteux, sucré, amer, visuel, etc…. Pour apporter une qualité gustative du produit à la hauteur des attentes du consommateur, TERRAVEG UNIBIO goûte ses produits en les cuisinant à la maison sans les dénaturer pour donner un avis sur le niveau de goût au sens large. Une nouvelle variété de carotte qui ne sera pas appréciée gustativement par l’équipe mais aussi par les enfants de Christophe, ne sera pas retenue dans la gamme ! Sur le marché GMS, le critère du goût revient malheureusement trop peu dans les cahiers des charges contrairement aux critères de prix, de forme ou bien encore de longueur : cette notion de goût n’a jamais été réellement abordée par les opérateurs historiques. Néanmoins, c’est un paramètre prépondérant pour continuer à faire apprécier au consommateur nos bonnes carottes : elles ne sont pas cultivées pour être belles, mais pour être mangées !

La traçabilité

Une collaboration de proximité existe entre les GMS et TERRAVEG UNIBIO par le biais de leur bureau commercial, KULTIVE, qui a la fonction de commercialiser les produits biologiques de l’entreprise auprès des marques des centrales. KULTIVE travaille au développement des MDD avec les GMS au travers d’une distribution cohérente et régionalisée. Le consommateur qui achète des carottes chez n’importe quel distributeur, doit savoir de quel terroir elles proviennent. Sur ces marques de distributeurs, on doit pouvoir retrouver des informations précises sur le produit telles que la provenance, le mode de culture pour à la fois éduquer le consommateur et le reconnecter avec le produit qu’il va acheter et manger.

Les circuits alternatifs de vente

La période sanitaire liée au COVID a effectivement bouleversé quelque peu les circuits habituels d’achat du consommateur. Bien-sûr, les grands circuits de distribution restent prépondérants mais néanmoins, une certaine appétence du consommateur à acheter ses légumes le

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plus à la source possible, s’est développée. Chez TERRAVEG UNIBIO, on encourage les agriculteurs-apporteurs à commercialiser par eux-mêmes leurs produits en vente directe au consommateur. Économiquement, il est important pour ces agriculteurs d’avoir un opérateur qui soit en mesure d’acheter 90% de leur volume et ainsi leur permettre d’écraser leurs charges et de mieux maîtriser leurs coûts de production. Les 10% de volume restant pourront ainsi être commercialisés à plus forte valeur ajoutée directement auprès des consommateurs. Et cela leur permet de garder un lien fort avec le consommateur.

L’export

L’export fait partie de l’ADN de la société TERRAVEG UNIBIO, notamment sur l’activité conventionnelle, qui est gérée sous l’entité TERRAVEG. Celle-ci exporte une grande partie de son volume produit. Dans le groupe SECO en général, la moitié des volumes travaillés est exportée. Néanmoins, en BIO, la demande du marché français a été telle, ces dix dernières années, que l’immense majorité des volumes produits dans les Hauts-de-France trouve destination sur le territoire national. L’année 2021 sera l’année charnière où l’offre et la demande vont s’équilibrer. Néanmoins, les surfaces vont continuer à se convertir en biologique. Afin de préserver un équilibre offre/demande viable, l’export est un important levier à activer. Aujourd’hui, les produits biologiques français sont assez peu exportés. A l’instar du marché de la pomme de terre où la France tient une place de leader en exportation, la carotte, la betterave ou encore l’oignon biologique français doivent encore trouver leur place sur le marché européen. “Il reste tant à faire !” indique Christophe LEGRAND.


FAITS AMUSANTS SAVIEZ-VOUS Q U E . . .?

D E S C H E V E U X P L U S E P A I X Les carottes sont bénéfiques pour vos cheveux. Elles les rendent plus épais et accélèrent leur croissance. Mangez une

U N E

carotte par jour ou buvez du jus de carotte

P E A U

S A I N E

et vous constaterez une différence rapide

Les carottes contribuent également à une

dans la croissance et la texture des cheveux.

peau plus saine et plus belle. Votre corps fabrique de la vitamine A à partir du bêtacarotène, qui contribue à protéger votre peau des dommages causés par le soleil.

G A R D E Z

L E S

A U

F R A I S

Les carottes de cuisine se conservent mieux au réfrigérateur - mais ne les placez pas à proximité de fruits mûrs ! Les gaz

O R A N G E

O U

V I O L E T T E

Les carottes ont été violettes pendant des

sécrétés par les fruits leur donnent un goût amer et les font vieillir plus vite.

siècles. La couleur orange de la carotte est le résultat d’une sélection.

L A

C H I N E

E N

T Ê T E

La Chine possède le plus grand nombre d’hectares de carottes, suivie des États-Unis.

N A N T A I S E S Sur la totalité de carottes produite dans le monde, 40 % sont des carottes de type Nantaise.

B Ê T A - C A R O T È N E

F R I A N D I S E P O U R L E S C H I O T S

Les carottes sont si saines qu’elles

Les carottes sont également très

contribuent à réduire le risque de cancer. Le bêta-carotène qu’elles contiennent, a non seulement une influence positive sur la vue et le système immunitaire mais

bonnes pour les chiots. Votre chiot appréciera une carotte congelée, surtout lorsqu’il fait ses dents.

aide aussi à prévenir les cancers du sein, de l’estomac, du côlon et de la prostate.

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PRODUCTION DE SEMENCES Un lieu de production approprié est souvent un producteur ou une coopérative qui possède déjà dans sa gamme des semences pour des cultures telles que les graminées et les céréales. Il dispose des machines nécessaires pour semer, planter, récolter et nettoyer les semences. Nous préférons commencer avec de telles entreprises, mais la zone concernée doit être exempte de carottes sauvages. Ce n’est qu’alors que nous commencerons à sélectionner des producteurs biologiques et à produire des semences de carottes biologiques. La production de semences conventionnelles demande beaucoup de travail en raison des contrôles supplémentaires des adventices et des insectes, et la production biologique l’est encore plus en termes de main-d’œuvre car il faut effectuer des repérages 3 fois par semaine. De plus, la production de semences biologiques est soumise à des exigences supplémentaires. En ce qui concerne le sol et la rotation des cultures, un producteur doit également disposer des certificats nécessaires qui indiquent, entre autres, que les installations de nettoyage qui, dans le passé, utilisaient des pesticides conventionnels fonctionnent désormais sans ces produits. En contrepartie de ce travail intensif et des exigences, des prix plus élevés peuvent être pratiqués. Bejo investit fortement afin de répondre aux différents critères et pour fournir des semences de qualité aux producteurs. Actuellement, le ratio est de 5 % de bio pour 95 % de conventionnel. À l’avenir, la part du bio augmentera, en partie grâce aux directives gouvernementales. La France et le Danemark légifèrent déjà sur l’utilisation des semences biologiques.  18

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É T A T S - U N I S


BEJO PRODUIT DES SEMENCES DE CAROTTE DANS LE MONDE ENTIER. JOS DOODEMAN ET ANNE STOOP SONT CONSEILLERS EN PRODUCTION. ILS SE RENDENT RÉGULIÈREMENT SUR LES DIFFÉRENTS SITES DE PRODUCTION AFIN D’ÉCHANGER DES CONNAISSANCES SUR LA QUALITÉ GÉNÉTIQUE ET PHYSIQUE DES VARIÉTÉS ET MAINTENIR LE CONTACT ENTRE LES EXPLOITATIONS ET LE SIÈGE DE BEJO. JOS ET ANNE NOUS INDIQUENT LES EXIGENCES AUXQUELLES DOIT RÉPONDRE UNE EXPLOITATION ET OÙ BEJO PRODUIT ACTUELLEMENT DES SEMENCES DE CAROTTES DE BEJO

F R A N C E C H I N E

N O U V E L L E Z É L A N D E

A F R I Q U E D U S U D

AUSTRALIE

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ENGAGÉS DANS LES CAROTTES ? OUBLIEZ LES VIEUX CONSEILS ET RÉFLÉCHISSEZ BIEN À L’AVENIR, LA CULTURE RENTABLE EXIGERA UNE NOUVELLE APPROCHE. IL NE S’AGIRA PAS DE SE RABATTRE SUR LES HABITUDES ET LES CONSEILS GÉNÉRAUX, MAIS DE STIMULER LA VIE DU SOL ET LA RÉSILIENCE NATURELLE DES PLANTES. VOICI LA CONCLUSION DE TROIS SPÉCIALISTES DES CULTURES. « LES PRODUCTEURS DOIVENT À NOUVEAU APPRENDRE À CULTIVER ».

“Le plus grand défi, à mon avis, c’est le changement climatique.” Sander Bernaerts

La carotte a toujours été une culture intensive. Dans des conditions optimales, un producteur peut récolter 150 caisses par hectare. Toutefois, des rendements élevés avec une bonne durée de conservation sont loin d’être une évidence. Il suppose d’importants efforts en matière de fertilisation, de lutte contre les maladies et les ravageurs, de préparation du sol et — aujourd’hui plus que jamais — d’irrigation. Cette culture présente, certes, un grand potentiel, mais les frais de culture sont élevés. De plus, le marché est exigeant et l’utilisation de certains produits chimiques et engrais est limitée. La question se pose : que faut-il faire pour que la culture de la carotte reste rentable à l’avenir ? Bejo soumet cette question à 3 experts. Au quotidien, ils donnent des conseils en pratique, chacun à partir de sa propre expérience. Sander Bernaerts est conseiller en cultures maraîchères et en agriculture biologique. Chris van Laarhoven est spécialiste des sols et de la fertilisation en horticulture conventionnelle et biologique. Et Pius Floris est un spécialiste reconnu dans le domaine de la biologie des sols et fondateur de la société Plant Health Cure, producteur de champignons, de bactéries du sol et d’autres produits végétaux qui renforcent la résilience des plantes.

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« En ce qui me concerne, on peut oublier les anciennes règles sur la fertilisation. » Chris van Laarhoven

Les trois spécialistes s’accordent à dire que la carotte a subi une évolution en passant d’une culture agricole à une culture sous serre. Une approche standard pour les semis, la fertilisation et la récolte ne suffit plus, car les conditions dans le champ changent.

Changement climatique

Quelle est la principale cause de ces changements ? Sander Bernaerts : « À mon avis, le plus grand défi pour la culture des carottes est le changement climatique. Nous avons eu 3 printemps et étés extrêmement secs d’affilé. Cette année, certains producteurs ont irrigué les semis avec plus de 100 mm d’eau pour faire de beaux billons et faire lever les plants. Nous constatons également que la sécheresse prolongée alterne avec de fortes précipitations, ce qui entraîne un compactage du sol. Si cela persiste, ce sera vraiment très inquiétant ! » « En tant qu’agriculteur, pour faire face à cette évolution, vous devez prendre soin du sol. Les producteurs doivent faire tout ce qu’ils peuvent pour arrêter la détérioration du sol. Ne passez plus avec un tracteur à 6 cylindres sur les terres, si vous pouvez le faire avec un 4 cylindres. Prévoyez suffisamment de cultures de légumineuses dans le plan de culture et tenez compte des effets des cultures précédentes sur les carottes. Utilisez davantage de fumier solide pour constituer la matière organique. En bref, tout doit être calculé. Surtout dans une culture comme la carotte. »

Fertilisation

Selon les trois experts, il faut oser tourner le dos aux habitudes pour obtenir une culture rentable à l’avenir. Ils constatent, par exemple, qu’une fertilisation azotée généreuse est contre-productive. Van Laarhoven : « Cela fait 15 ans que je dis aux producteurs qu’ils donnent trop d’azote. Ils me disent : « Juste pour être sûr. Cela ne peut pas faire de mal. » Je leur réplique alors : « Une seule chose est sûre, vous en donnez trop ». Les producteurs aiment avoir des plantes bien vertes. Certes, la culture a un bel aspect, mais les feuilles ne se vendent pas. En plus, elles attirent les insectes indésirables. Je conseille un dosage minimal d’engrais au départ, puis, il faut en ajouter juste assez au cours de la saison pour que le feuillage reste vert. Une croissance minimum est nécessaire pour prévenir le mildiou et le feuillage doit rester assez vigoureux pour la récolte. »

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Défenses naturelles

La nutrition des cultures n’est pas seulement importante pour la croissance et le rendement, mais aussi pour la résistance aux maladies et aux ravageurs. Dans ce domaine aussi, les producteurs peuvent agir. Van Laarhoven : « La résistance des cultures est un aspect décisif pour la qualité du stockage. La plante doit être capable de produire des défenses naturelles contre les champignons. Pour cela, elle a besoin de cobalt et de silicium. Le calcium joue un rôle majeur dans l’absorption de ces oligo-éléments. Cela semble simple, mais en pratique cela ne l’est pas car vous devez gérer les interactions entre les nutriments. Par exemple, l’absorption du calcium est inhibée par un excès de potassium. Nous conseillons donc de ne jamais donner de potassium avec la dose initiale d’engrais. Ce n’est qu’entre le stade de 4 et 6 feuilles que la plante a besoin de potassium. Et ce n’est qu’en cas de carence que l’on donne un complément avec un engrais potassique à faible teneur en chlore. » Selon les experts, l’engrais agricole, Kali 60, généralement utilisé, est désastreux pour les carottes, car le chlore affecte la vie du sol.

Un sol sain

Pius Floris estime que les producteurs appliquent autant d’engrais, car ils n’ont pas confiance en la qualité du sol. « Les plantes tombent malades à cause des engrais. Je les compare au fast-food. Ça a l’air délicieux, mais si tu ne manges que des hamburgers, tu vas tomber gravement malade. Il règne une idée fausse et persistante que l’absorption des nutriments se résume à leur disponibilité. C’est l’approche chimique. En réalité, les plantes absorbent les nutriments grâce à l’interaction entre leurs racines et les champignons du sol, mais l’utilisation d’engrais les prive d’une grande partie de cette capacité. L’utilisation de pesticides cause aussi des dommages. Ils sont utilisés dans l’agriculture conventionnelle pour traiter les champignons nuisibles. Ils tiennent leurs promesses : ils tuent les nuisibles. Malheureusement, ils tuent aussi beaucoup de champignons bénéfiques. Il faut se rendre à l’évidence : une fois que les organismes du sol ont disparu d’une parcelle, ils ne reviennent pas d’eux-mêmes. » En effet, les organismes restants se précipiteront pour occuper l’espace, et ce ne sont

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généralement pas ceux que vous souhaitez. « Nous préconisons de donner un coup de pouce aux bons champignons. Les biostimulants encouragent les plantes à combattre elles-mêmes la cause des maladies et des parasites. Par conséquent, vous améliorez la qualité du sol et la résilience de la culture. » L’entreprise de Floris, Plant Health Cure, fournit notamment des produits qui favorisent la colonisation et la croissance du champignon mycorhizien de la racine.

Résilience

Les trois experts en pratique concluent : la réussite des cultures dépend de la santé du sol et de la résilience de la culture. Pius Floris : « De nombreux producteurs sont devenus trop dépendants des produits. L’utilisation d’engrais chimiques et de biocides a gravement détérioré la qualité des sols pour de nombreux producteurs. Les sols mettent plusieurs années à se remettre. Mais en initiant ce changement, vous constaterez une différence au bout d’un an. » Chris van Laarhoven : « En ce qui me concerne, nous pouvons jeter les vieilles règles sur la fertilisation. Il est préférable de penser en termes de biologie, mais en s’orientant vers une réflexion systémique. Il faut stimuler les processus propres au sol, sans avoir à y appliquer une tonne de produits. » Sander Bernaerts : « Les recommandations générales en matière d’engrais sont encore une aide utile, mais en tant que producteur, vous devez mener votre propre réflexion. De quoi avez-vous besoin dans votre situation pour obtenir une culture résistante ? Quelles sont les conséquences pour la vie du sol ? Effectuer des mesures est également l’un des aspects. Je m’étonne des producteurs qui dépensent des centaines d’euros par hectare en engrais sans prélever un seul échantillon de sol. » Les discussions et les conversations sur la culture portent souvent sur l’épandage et la pulvérisation. Toutefois, avec le changement de climat, il devient plus important de parler du sol et de la culture en elle-même. Les thèmes tels que la fertilité et le travail du sol et les techniques de semis sont décisifs.

« Avec l’utilisation d’engrais et de pesticides, la qualité du sol a fortement diminué chez de nombreux producteurs. » Pius Floris


De g. à dr. : Joost Litjens et Sam van Geffen

EXPLOITATION AGRICOLE A R E N O S A :

EXCELLER AVEC LES OMBELLIFÈRES IL Y A DIX ANS, ARENOSA PRODUISAIT 1 HECTARE DE PANAIS BIOLOGIQUE. L’ANNÉE DERNIÈRE, C’ÉTAIT PLUS DE 100 HECTARES. LA DEMANDE POUR LE PANAIS A EXPLOSÉ. L’EXPLOITATION DE JAN ET SAM VAN GEFFEN IMPLANTÉE À LELYSTAD, AUX PAYS-BAS, A SUIVI CETTE TENDANCE.

L’exploitation Arenosa est située sur des terres particulières aux Pays-Bas. Au milieu des années 80, Lelystad est passée sous la tutelle financière de l’État. Une zone de 300 hectares était en fait prévue comme terrain industriel, mais n’a pas trouvé d’acheteur. Les autorités locales ont vu le potentiel de la culture biologique à plus grande échelle. Le terrain a donc été réaffecté et, au milieu des années 1980, les premiers producteurs biologiques s’y sont installés. Il est devenu plus ou moins le berceau de la culture biologique aux Pays-Bas.

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Jan van Geffen était l’un des producteurs qui s’y sont installés. Originaire de la province du Brabant-Septentrional, il n’avait pas de formation agricole. Mais il a immédiatement été intéressé, quand un de ses amis lui a parlé de l’école d’agriculture biologique. Il avait alors 23 ans. Il est donc retourné à l’école. Juste avant d’obtenir son diplôme, il a eu la possibilité de cultiver 3 hectares de terre à Lunteren. De manière biologique, bien sûr. En 1988, il a échangé ces terres contre 10 hectares de nouvelles terres argilo-sablonneuses à Lelystad. Sa vie de vrai agriculteur a commencé.

Une redécouverte

Désormais, Jan cultive, avec son fils Sam, 90 hectares. Cette croissance a plus ou moins suivi la popularité croissante des légumes « oubliés » ou plutôt, « remis au goût du jour ». Car les panais, assimilés à la culture biologique, sont incroyablement populaires. Et le persil tubéreux, les topinambours, les salsifis, la bardane et les poireaux — que Arenosa cultive en plus du trèfle et du maïs doux — revendiquent aussi plus de place dans les rayons des légumes. Les poireaux, destinés à l’industrie et au marché du frais, deviennent également un produit de plus en plus important. Sam a en quelque sorte suivi les traces de son père. Il n’avait pas non plus envisagé de cultiver des légumes. Il voyait plus de perspectives dans la restauration. Au milieu des années 2000, il a réalisé que le marché biologique était en pleine expansion. Il était donc tentant de se lancer dans l’aventure. C’est ainsi qu’en 2008, il a rejoint l’entreprise de son père.

Des priorités

Une des priorités d’Arenosa est de gérer ses propres ventes. Sam ajoute : « Nous adaptons notre culture à la demande du marché. Il est

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donc important d’investir dans le maintien de contacts avec le marché. Cela en vaut le coup. La demande de légumes traditionnels et biologiques est en hausse. Comme nous sommes présents depuis longtemps sur ce segment, les clients savent comment nous trouver. Au niveau national et international. » Aux Pays-Bas, les légumes de Van Geffen sont commercialisés dans le commerce de détail et les magasins d’alimentation biologique, mais aussi dans l’industrie, qui se contente des légumes de grande taille. Car c’est là « l’inconvénient » du panais : comme il s’agit d’un produit semblable à la carotte, les exigences du consommateur moyen sont semblables à celles de la carotte, en termes d’uniformité de taille. De plus, les légumes sont principalement destinés à l’Allemagne, à la Belgique, à la France, au Danemark, aux pays scandinaves et aux pays baltes.

Une autre caractéristique d’Arenosa est qu’elle dispose de son propre département de transformation. Sam : « Nous voulons donner une valeur maximale à nos produits. Nous le faisons en les lavant, en les emballant et en les commercialisant nous-mêmes ; également pour


De g. à dr. : Jan, Sam et Koen Van Geffen

des tiers. Cela fonctionne dans les deux sens : comme nous sommes en contact étroit avec le marché, nous recevons des informations de première main sur l’évolution du marché. Cela vous aide à mettre en place votre plan de culture. »

Un hochement de tête

« Nous voulons donner une valeur maximale à nos produits. Nous le faisons en les lavant, en les emballant et en les commercialisant nous-mêmes. » Sam van Geffen

La croissance de son exploitation n’a jamais été l’ambition de Jan van Geffen. Il a été confronté au fait accompli en raison d’une demande accrue de légumes « oubliés » ou simplement en raison de sa maîtrise du métier. La croissance n’est pas toujours l’ambition primaire de l’entreprise. Pas même celle de son fils Sam, qui veut encore évoluer : « Nous allons accentuer notre spécialisation dans certaines cultures. Je vois encore un grand potentiel pour le persil tubéreux, qui est peut-être encore plus savoureux que le panais. Les variétés ne sont pas encore assez constantes, même si les premiers résultats obtenus avec les nouvelles variétés hybrides peuvent être qualifiés de vraiment encourageants. » Sam n’a jamais regretté d’avoir quitté le secteur de la restauration pour l’agriculture biologique. Son frère Koen s’est également détourné du secteur des assurances dans lequel il travaillait pour se consacrer à la culture agricole. Et Jan ? Il repense parfois avec sourire à son séjour à Lunteren : « Nous avions alors environ quarante cultures différentes. Une grange en ruines. De nombreux bénévoles et stagiaires qui tentaient tant bien que mal de faire fonctionner le tout. Les gens passaient parfois en secouant la tête » Est-ce que cette exploitation existe encore ? Il dit en riant : « Non, plus maintenant. »

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LES INSECTES DANS LA PRODUCTION DE SEMENCES

LES INSECTES, AMIS OU ENNEMIS DES SEMENCES ? LES CHERCHEURS CLEIDE DIAS ET YOURI DRA AIJER SUR L’ENTOMOLOGIE CHEZ BEJO UNE ÉQUIPE DE CHERCHEURS INTERNATIONAUX DANS LA PRODUCTION DES GRAINES TRAVAILLE EN PERMANENCE CHEZ BEJO POUR AMÉLIORER LA PRODUCTION DES GRAINES ET STABILISER LE RENDEMENT. YOURI DRAAIJER EST RESPONSABLE DE L’ÉQUIPE ET L’ENTOMOLOGUE CLEIDE DIAS Y JOUE UN RÔLE CLÉ. ELLE ÉTUDIE LA BIOLOGIE DES INSECTES, LEUR COMPORTEMENT ET LEUR INTERACTION AVEC L’ENVIRONNEMENT ET LES AUTRES ORGANISMES. SON TRAVAIL EST DÉCISIF DANS LA CULTURE DES CAROTTES : LE RENDEMENT ET LA QUALITÉ DES GRAINES DÉPENDENT NOTAMMENT DU COMPORTEMENT DES INSECTES, PLUS QUE POUR LA PLUPART DES AUTRES CULTURES. Il est difficile d’exagérer le rôle des insectes dans la production des graines. Ils servent de pollinisateurs et sont donc indispensables dans le processus de reproduction des plantes. D’autre part, les insectes herbivores peuvent également causer des dommages importants au rendement des graines. Quasiment toutes les plantes cultivées par Bejo sont affectées par ces facteurs, dans une mesure plus ou moins grande. En particulier pour les carottes, le rendement est particulièrement sensible au comportement des insectes et ce pour une raison simple, selon Youri Draaijer : « La carotte est l’une des plus grandes cultures de Bejo en termes de surface de production. Comme elle est cultivée sur de grandes surfaces dans différents pays, le rendement est plus variable, moins prévisible. Une bonne année peut s’avérer excellente, une mauvaise année peut être immédiatement désastreuse ».

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Les insectes comme pollinisateurs

Pourquoi les insectes sont-ils si importants pour la production des semences ? « Une plante ne peut développer des semences que lorsque le pollen, produit par l’organe reproducteur mâle de la fleur, entre en contact avec le pistil, l’organe femelle », explique Cleide Dias. « Les insectes jouent un rôle dans ce processus en transportant le pollen d’une fleur à l’autre. Bejo utilise, pour cela, des abeilles domestiques. Ce sont de bons pollinisateurs, elles sont relativement faciles à contrôler et peuvent donc être largement utilisées dans la production de semences ». Bejo est satisfait de ses abeilles. Toutefois, lorsque Cleide Dias a rejoint Bejo en 2017, l’un de ses objectifs était de rechercher des pollinisateurs alternatifs. Plusieurs raisons justifient cette recherche de pollinisateurs alternatifs, explique-t-elle : « La présence de plusieurs pollinisateurs dans un champ augmente la fiabilité d’une bonne pollinisation, les pollinisateurs alternatifs pollinisent également dans des conditions météorologiques différentes et nous sommes moins dépendants d’un seul type de pollinisateur. Mais avant de les déployer, nous devons trouver comment les contrôler. »


« Une bonne année peut s’avérer excellente, une mauvaise année peut être immédiatement désastreuse. » Youri Draaijer

Bejo participe à plusieurs études dans le monde entier sur le comportement des pollinisateurs alternatifs. « Ici, par exemple, nous examinons leur mode de vie et leur efficacité pour la pollinisation de nos cultures », affirme Dias, « pour ensuite découvrir comment gérer correctement ces insectes dans et autour de nos champs ». Ces informations peuvent éventuellement être étendues à d’autres sites de production de l’entreprise Bejo. Aussi importants que soient les insectes en tant que pollinisateurs, la priorité de l’entomologie consiste à étudier les insectes qui endommagent les cultures. « Par exemple, les punaises sont un gros problème », explique Draaijer. « Les dommages infligés par les insectes tels que les punaises sont un problème particulièrement important pour les semis de carottes », ajoute Dias. « Les dégâts causés par ces insectes ont un impact considérable sur le rendement et la qualité des semences. Cette perte de qualité est également impossible ou difficile à rattraper plus tard dans notre processus. » Pour lutter contre ce ravageur, des méthodes de production tant biologiques que conventionnelles sont utilisées : de l’adaptation de l’environnement naturel à l’introduction d’ennemis naturels qui mangent les insectes nuisibles. Bejo mène une recherche sur l’utilisation de plantes dites « banques » dans les champs : celles-ci doivent fournir une nourriture et un abri alternatifs aux ennemis naturels des insectes nuisibles. En combinaison avec les plantes-pièges (qui sont plus attrayantes pour les insectes nuisibles que les cultures en place), cette mesure devrait empêcher les punaises migratrices de pénétrer dans le champ. « Nous étudions la bonne combinaison de méthodes pour réduire les populations de punaises et, par conséquent, les dommages causés au rendement et à la qualité des semences », précise Dias.

Dias estime que les insectes méritent vraiment notre attention. Il y a deux ans, le service International Seed Production Research a lancé son programme pour une étude entomologique. Depuis lors, de nombreux travaux ont été réalisés pour améliorer la connaissance des insectes et, par ce biais, l’efficacité et la qualité de la production de semences. « Nous avons fait de grands progrès », convient-elle. « Mais pour l’avenir, j’espère que nous continuerons à nous développer dans tous les domaines. L’idée est de découvrir des pollinisateurs alternatifs que nous pouvons utiliser sur de multiples sites de Bejo. Et nous voulons en savoir encore plus sur la façon de lutter contre les insectes nuisibles. Nous sommes impatients de partager toutes les connaissances acquises avec nos collègues et partenaires. »

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VARIÉTÉS DE LÉGUMES HYBRIDES

LE MEILLEUR DES DEUX MONDES DANS UNE SEULE VARIÉTÉ F1 EST L’ABRÉVIATION DU TERME LATIN ‘FILIUS 1’, SOIT UNE VARIÉTÉ HYBRIDE, LA PREMIÈRE GÉNÉRATION DE DESCENDANTS DE DEUX LIGNÉES DE REPRODUCTION. COMMENT ABOUTIR À UNE VARIÉTÉ HYBRIDE ET QUELS EN SONT LES AVANTAGES ?

LA SEMENCE EST LE PRODUIT DE LA REPRODUCTION SEXUÉE

Les plantes produisent des semences par reproduction sexuée : le pollen de la plante mâle féconde l’ovule de la plante femelle, qui se développe ensuite en une semence contenant l’embryon d’une nouvelle plante. Cette nouvelle plante possède les caractéristiques génétiques du parent mâle et du parent femelle. Dans la nature, l’échange de pollen entre les plantes d’une même espèce se fait au hasard. Le pollen est disséminé par le vent ou par des insectes. Cette dissémination non dirigée du pollen est appelée « pollinisation ouverte » et entraîne une dissémination aléatoire des caractères génétiques. Il peut y avoir une variation considérable entre les individus qui composent la population avec des différences de vigueur, de performance, de taille, de fécondité (capacité à produire des semences), de développement des racines, de tolérance au stress. .

POLLINISATION OUVERTE

SÉLECTION

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LIGNES PARENTES


LA SÉLECTION DES PLANTES A COMMENCÉ DANS L’ANTIQUITÉ

L’homme a tiré parti de cette grande variabilité au sein des populations sauvages d’espèces de légumes pour sélectionner des plantes qui, par exemple, produisent plus de nutriments, plus de fibres ou une meilleure nutrition ou sont plus faciles à conserver. En conservant ses graines, l’homme a développé des variétés plus productives depuis des milliers d’années. L’amélioration des variétés prend beaucoup de temps, surtout si on veut créer des plantes et des cultures qui ont de multiples caractéristiques utiles. En raison de la dissémination aléatoire des caractères génétiques, il n’est pas facile de trouver des plantes individuelles qui présentent la combinaison idéale de caractères, comme le volume de graines ET la résistance aux maladies ET une bonne conservation ET une bonne saveur. Il faut avoir beaucoup de chance et travailler avec un grand nombre de plantes pour trouver celle qui possède (la plupart) tous ces caractères.

CRÉER UNE VARIÉTÉ HYBRIDE

Les sélectionneurs ont beaucoup appris depuis que Gregor Mendel a mis au point les bases de la génétique en travaillant avec des petits pois dans le jardin de son monastère. Grâce à la technique dite de l’hybridation, les sélectionneurs savent maintenant comment rassembler les caractères désirables dans un seul individu. Voici le mode de fonctionnement : Imaginez que vous avez une population de carottes à pollinisation ouverte. Certains individus de la population font de très belles carottes, mais ils sont toujours sensibles aux maladies foliaires. Cela signifie que ces plantes ne sont pas très performantes pendant les saisons humides. Dans la même population, il y a aussi des individus qui semblent avoir une meilleure tolérance aux maladies foliaires, mais leurs racines ne sont que moyennes. Malgré tous nos efforts, nous ne trouvons pas de plantes qui ont à la fois de belles racines ET une bonne tolérance aux maladies foliaires. Sélectionnons maintenant des plantes avec de bonnes racines et gardonsles séparées du reste des carottes. Nous laissons ces plantes se croiser,

et pendant plusieurs années, nous continuons à sélectionner les plantes ayant les meilleures racines et nous rejetons le reste. Nous finirons par obtenir une population de plantes ayant pour la plupart de bonnes racines. Nous pouvons faire de même avec les plantes qui semblent avoir une bonne tolérance aux maladies foliaires. En sélectionnant les plantes les plus saines, nous obtenons un groupe de plantes avec des feuilles fortes et saines, même dans des conditions humides. Nous appelons la population de plantes ayant de bonnes racines une lignée parentale, et la population de plantes ayant des feuilles saines est ausi une autre lignée parentale. Maintenant, nous laissons ces deux lignées fleurir dans le même champ et nous les laissons échanger du pollen et produire des graines. Ces graines se développent en individus hybrides qui produisent à la fois de bonnes racines ET un feuillage sain. L’hybridation combine les caractéristiques des populations parentales, ou lignées parentales, en une nouvelle population hybride, ou variété hybride.

LES AVANTAGES DES HYBRIDES

La forte sélection et la consanguinité des lignées parentales rendent ces dernières plus uniformes. En combinant deux lignées parentales très uniformes, nous créons des hybrides qui sont également très uniformes. Cela signifie que la culture a tendance à se

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Nicoletta Bertolin, sélectionneur junior, site Noord-Scharwoude

développer de manière prévisible et à mûrir de manière uniforme. Cela présente des avantages pour la conduite des cultures et la récolte.

les avantages de bons hybrides s’accordent à dire que cet achat annuel en vaut la peine..

La combinaison des caractères génétiques sélectionnés dans une variété hybride donne souvent à la variété une plus grande vigueur parce que la variété hybride est plus vigoureuse que les deux lignées parentales combinées, avec pour résultat une meilleure croissance et un rendement plus élevé.

Les techniques d’hybridation utilisent la variation génétique présente dans les populations naturelles. Grâce à la sélection, nous pouvons créer plusieurs lignées parentales différentes qui regroupent les caractères souhaités. En mélangeant et en faisant correspondre différentes lignées parentales, nous pouvons combiner ces caractéristiques dans une variété de combinaisons et créer une gamme de nouvelles variétés hybrides.

CONSERVER LES VARIÉTÉS HYBRIDES

LES HYBRIDES NE SONT PAS GÉNÉTIQUEMENT MODIFIÉS (OGM)

CULTIVER SES GRAINES POUR UN USAGE PERSONNEL ?

Les hybrides ne sont pas des clones. Une population hybride est constituée d’un groupe d’individus qui partagent certaines caractéristiques majeures, mais il existe toujours une variation génétique considérable. Après tout, les lignées parentales ne sont pas complètement identiques, mais seulement fortement sélectionnées (généralement pendant environ 6 à 7 générations). Les clones sont des individus produits par reproduction asexuée (pommes de terre, ail, arbres fruitiers, raisins, etc.), tandis que les hybrides sont le produit d’une reproduction sexuée.

Gregor Mendel a démontré que la combinaison des caractères des individus hybrides sera brisée lorsque ces plantes hybrides seront autorisées à se croiser par un processus que nous connaissons sous le nom de ségrégation. Ceci est le résultat d’un réarrangement aléatoire du matériel génétique par reproduction sexuée. Ainsi, pour pouvoir continuer à produire la même variété hybride, nous devons maintenir les deux lignées parentales de sélection. Chaque fois que nous croisons les deux lignées parentales, nous recréons la variété hybride qui porte les caractères désirables des deux parents.

Nous entendons parfois des critiques sur l’hybridation qui soulignent que les agriculteurs ne peuvent pas conserver leurs propres semences et doivent acheter chaque année de nouvelles semences de la variété hybride auprès de la société de semences. Oui, c’est vrai. Mais l’hybridation n’est pas le domaine exclusif des entreprises de semences commerciales. Les amateurs, les jardiniers et les agriculteurs professionnels peuvent appliquer les mêmes principes et fabriquer leurs propres hybrides. C’est simplement beaucoup de travail, et il faut beaucoup de temps et une équipe bien organisée pour maintenir les lignées parentales, produire des hybrides et produire des semences. Les jardiniers et les agriculteurs qui comptent sur

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LES HYBRIDES SONT NATURELS

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Plusieurs techniques peuvent faciliter le développement de lignées parentales consanguines et de variétés hybrides, comme la pollinisation manuelle (au lieu de dépendre du vent ou des insectes) et les mécanismes naturels comme l’auto-incompatibilité ou la stérilité mâle. Quoi qu’il en soit, l’hybridation fonctionne avec le matériel génétique d’une espèce et n’implique pas de techniques qui modifient le génome de l’espèce par l’introduction d’ADN d’autres espèces qui ne peuvent être croisées.

L’AMÉLIORATION DES PLANTES NE S’ARRÊTE JAMAIS

La sélection variétale moderne est favorisée par une meilleure connaissance du génome des plantes. Nous disposons aujourd’hui d’un équipement de laboratoire qui nous permet de déterminer rapidement le contenu génétique des plantes, quelles sont celles qui présentent le caractère qui nous intéresse. C’est d’ailleurs le même type d’équipement qui est utilisé pour étudier les virus et développer des vaccins. L’expansion rapide de nos connaissances sur le génome des plantes et la disponibilité d’équipements analytiques automatisés contribueront au développement de nouvelles variétés capables de prospérer dans des conditions environnementales stressantes, d’avoir une plus grande valeur nutritionnelle et une meilleure saveur, et de produire efficacement avec un minimum d’effort. L’application réfléchie et attentionnée de ces techniques sera bénéfique pour nous tous.


“LA QUALITÉ DE LA CAROTTE DÉTERMINE LES CAPACITÉS DE LA LIGNE DE TRANSFORMATION” IN 2018 BREIDDE VAN WOERDEN EN 2018, VAN WOERDEN FLEVO A FLEVO UIT MET EEN EIGEN ÉLARGI SES ACTIVITÉS AVEC BIOWORTELSPOELERIJ MET UNE STATION DE RINÇAGE DE CAROTTES HYDROKOELER. HET BRACHT NIEUWE BIOLOGIQUES ET UN HYDROCOOLER. KANSEN MET ZICH MEE. ‘MAAR’, ZEGT CETTE A ÉTÉ BÉNÉFIQUE STEFANEXPANSION VAN WOERDEN MET INTUSSEN POUR NOS JAAR ACTIVITÉS, AFFIRME EEN PAAR ERVARING OP ZAK, STEFAN WOERDEN. TOUTEFOIS, ‘JE DOETVAN DIT ER NIET ZOMAAR AVEC L’EXPÉRIENCE ACQUISE, IL EVENTJES BIJ.’ PRÉCISE : « TU NE FAIS PAS ÇA EN TANT QU’ACTIVITÉ SECONDAIRE. »

Les parents de Stefan avaient repris en 1988 l’exploitation familiale de ses grands-parents, qui s’étaient installés dans le Flevopolder au début des années 1960 pour commencer une activité agricole. En 1994, ils sont passés à l’agriculture biologique. Avec de nombreuses cultures différentes, mais pas encore de carottes. Celle-ci n’a été introduite qu’au début du XXIe siècle. À peu près au même moment, Stefan rejoignait l’entreprise familiale après avoir terminé ses études.

Anthoinet et Stefan van Woerden

Puis, une zone de stockage a été construite près de la maison, ce qui a suscité un développement rapide de la culture des carottes. Elle est devenue une culture principale, en plus des oignons et des pommes de terre. Stefan a repris l’exploitation avec sa partenaire Anthoinet en 2017, une magnifique exploitation saine et

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spécialisée. La troisième génération, avec ses idées fraîches et son ambition, a immédiatement voulu apporter sa propre touche à l’entreprise. L’année suivante, une station de rinçage moderne a été construite et deux autres exploitations agricoles voisines ont été achetées, d’une part pour disposer d’une superficie suffisante pour la transformation, et d’autre part pour assurer la rotation des cultures. « Ce qui a aussi joué un rôle », se rappelle Stefan, « c’est que je voyais une quantité relativement importante de « produits sales » partir à l’étranger, c’est-à-dire de nombreuses carottes recouvertes de terre. Des kilos de terre superflus étaient transportés, ce qui ne correspondait pas à notre approche biologique. De plus, nos carottes étaient déjà expédiées dans toute l’Europe. Nous avons constaté que la demande de carottes « propres » était en hausse, ce qui nous a motivés à installer une ligne de transformation. Et si vous voyez la carotte maintenant ! À 5 h 00 elle est récoltée, à 6 h 00 elle est lavée, polie, refroidie et triée et à 7 h 00, elle entre en cellule de refroidissement à 3 degrés. Difficile de faire plus frais. Un beau produit à admirer. »

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Deux lignes

En 2018, deux lignes de rinçage biologique ont été mises en service. Une pour les carottes et une pour les pommes de terre de consommation. Le bâtiment a ensuite été construit pour ainsi dire autour de ces lignes, avec son propre tapis roulant pour amener les carottes sales, son propre bloc sanitaire, sa propre cantine, ses lignes de fonctionnement, etc. « Il y a beaucoup de choses à faire avant que les lignes deviennent opérationnelles. Prenez simplement les certifications. Nous sommes certifiés pour le BRC Food au niveau AA. Notre expérience nous a montré qu’une personne employée à temps plein (ETP) est nécessaire pour la certification, ce qui représente un investissement en temps considérable. » Chaque jour, la ligne doit être entièrement nettoyée, quel que soit le nombre de caisses que vous avez manipulées ce jour-là. Les installations ont dû être entièrement fabriquées en acier inoxydable, conformément aux exigences de sécurité alimentaire, ce qui les rend hygiéniques à l’usage, mais aussi plus coûteuses à l’entretien.

« La qualité détermine la capacité »

En dépit des investissements initiaux, Stefan et Anthoinet n’ont jamais regretté l’expansion. Dès le premier jour, le rinçage s’est avéré un complément positif. C’est toujours le cas. Et les collègues producteurs n’ont pas tardé à faire un usage reconnaissant des installations de Van Woerden Flevo. Par conséquent, un employé à temps plein a rapidement été engagé pour les opérations de rinçage. L’installation de rinçage a été achetée en vue d’une croissance des


activités. « Nous avons encore des capacités disponibles. Mais nous sommes critiques à ce sujet. Le marché est de plus en plus exigeant en matière de qualité. La barre est haute. Un peu trop haute parfois, je pense. En principe, le nombre de kilos placés dans un big bag ou dans un conteneur ne devrait pas avoir d’importance. Pourtant, un conteneur contient toujours plus de rebuts. Dommage, absolument. Mais ce sont les aléas du métier. Voici pourquoi la qualité détermine également la capacité de la chaîne de transformation. » D’ailleurs, toutes les carottes ne passent pas sur la ligne de rinçage. « S’il y a une demande pour des carottes de plein champ, nous les fournissons. Nous en avons assez. L’installation de rinçage ne doit pas tourner nécessairement à plein régime tous les jours. L’accent est toujours mis sur la culture elle-même. Cela nous rend flexibles. Une flexibilité que nos clients apprécient, mais aussi les collègues producteurs qui font rincer leurs produits ici. »

« Il y a énormément de choses à faire avant que les lignes deviennent opérationnelles. » Stefan van Woerden

Développements futurs

Van Woerden Flevo cultive depuis ses débuts les variétés de Bejo. Il commence par les variétés précoces, puis passe à Nairobi et Nerac. « La deuxième est une carotte de longue date, mais une valeur sûre. Voici pourquoi elle est une variété très appréciée. Toutefois, je pense que Bejo avec toutes ses connaissances acquises entre-temps dans le segment biologique va poursuivre le développement des variétés, notamment dans le segment précoce et dans les carottes de conservation. Cette évolution est inévitable. Les prix des terrains sont de plus en plus élevés. Là encore, la barre est placée haut : les rendements et la qualité doivent être plus élevés pour compenser ces coûts d’exploitation croissants.

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LE GOÛT EST UNIQUE !

QUESTION DE GOÛT LE GOÛT EST L’UN DES PILIERS POUR BEJO. SI VOUS SOUHAITEZ SÉDUIRE LE CONSOMMATEUR, LE GOÛT EST D’UNE IMPORTANCE CAPITALE. EN PARTICULIER POUR LES LÉGUMES À GRIGNOTER, QUI DEVIENNENT DE PLUS EN PLUS POPULAIRES. LE GOÛT SOUS TOUTES SES FACETTES : NON SEULEMENT SUCRÉ, MAIS AUSSI, PAR EXEMPLE, CROQUANT ET JUTEUX. Depuis environ cinq ans, Bejo investit dans les analyses de goût. Pour nous, le goût est la sensation de ce que l’on voit (couleur), sent (arômes) et goûte (saveur, texture). Nous mesurons le goût de trois façons : par une évaluation sensorielle (avec analyse statistique), un test des nutriments et/ou un panel de consommateurs. Ces informations sont exploitées dans notre programme de sélection, afin de développer des variétés plus savoureuses pour l’avenir. La recherche est effectuée par un groupe d’experts de l’université WUR Wageningen. Quatorze caractéristiques ont été identifiées et représentées dans un modèle de saveurs. Ce modèle a donné naissance à une gamme équilibrée de carottes à croquer, dont nous faisons la promotion sous le nom de Cool Carrot Candy. Des tests de goût sont également effectués pour d’autres espèces. Au cours des deux dernières années, nous avons lancé une étude d’experts sur l’arôme de la betterave, dont les premiers résultats sont attendus en 2021. En plus de notre gamme de carottes à croquer, qui se compose essentiellement de la variété Amsterdam ABK, des recherches sont également menées sur la saveur des variétés de type Imperator. Les carottes de ce type sont principalement utilisées dans l’industrie pour la rondelle, qui est un segment important aux États-Unis. Il va sans dire que le goût est décisif pour ce segment. Naturellement, nous nous efforçons d’obtenir un niveau de goût élevé pour les variétés de type Imperator.

« Le goût est la sensation de ce que l’on voit, sent et goûte. »

Dans les laboratoires de Bejo, mais aussi en coopération avec divers instituts, les nutriments font l’objet de mesures permanentes. Ces mesures nous donnent une idée sur chaque variété de notre gamme et sur son goût propre. La génétique d’une variété a une influence, comme les fibres dans les carottes et l’amertume dans les choux de Bruxelles. Nous ne pouvons pas encore prédire le goût en mesurant les nutriments, mais un certain nombre de facteurs exerçant une influence ont été définis. La génétique (la variété) et les conditions de culture (telles que le climat, le type de sol, les facteurs de stress, la fertilisation) ont ensemble une influence sur le goût d’un légume. Nos clients mesurent également en permanence le goût de leurs produits. Nos sélectionneurs et vendeurs sur le terrain goûtent en permanence les nouvelles variétés pour les comparer entre elles et avec la gamme existante. Il est intéressant de se demander quelles possibilités l’avenir nous réserve.

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Est-il possible de procéder à une sélection par le goût ? Est-il possible d’identifier les gènes qui influent le plus sur le goût ? Le temps nous le dira. Le goût n’est jamais la seule qualité que les consommateurs recherchent dans un légume. Il peut être un point de départ pour les produits et constituer un aspect très spécifique pour un marché de niche. En plus des sélectionneurs et des producteurs, les consommateurs et les chefs cuisiniers ont une influence sur le goût en préparant les légumes de diverses manières savoureuses. Le goût est toujours un défi. Il est personnel, difficile à exprimer par des mots et son importance diffère selon l’usage (emballage de snacks, découpés dans un mélange de légumes, emballage en vrac, produit préparé). Le goût est certainement un facteur important en cas d’achats répétés. Notre compréhension du goût nous permet d’être en phase avec les tendances alimentaires et de consommation contemporaines. Le consommateur est de mieux en mieux informé et choisit sciemment des produits sains (pour renforcer le système immunitaire), durables, locaux et de saison. Les consommateurs veulent atteindre l’apport quotidien recommandé de 250 grammes de légumes, mais ils veulent que ces légumes soient savoureux et variés. Nous constatons que les consommateurs sont à la recherche de nouveautés, mais il existe également une demande pour des produits de base réputés sains et ayant une durée de conservation plus longue. La carotte répond parfaitement à ce besoin ! D’utilisation polyvalente, elle est colorée et peut se consommer à tout moment. De plus, la carotte peut être utilisée comme aliment supplémentaire avec de nombreux autres fruits et légumes pour une grande diversité de combinaisons. Les consommateurs sont mal informés des caractéristiques et des différences entre les différentes variétés. Il est possible d’anticiper cette situation en indiquant clairement quelle variété de carottes convient à quel plat et à quel mode de préparation. Un mode de vie plus sain et plus durable devient plus facile grâce à la technologie. La présence en ligne n’a jamais été aussi importante ! Les consommateurs passent plus de temps sur les médias sociaux, regardent des vidéos et se connectent avec les marques notamment alimentaires. Ils cuisinent davantage à la maison et sont à la recherche d’inspiration. Connectez-vous avec eux ! À l’heure où l’accent est mis sur la durabilité, la transparence, l’emballage et la distribution, une multitude d’initiatives émerge, allant du « champ à l’assiette », par le biais de diverses plateformes de livraison, telles que les achats en ligne, la boutique à la ferme dans un restaurant, le drive, pour n’en citer que quelques-unes. Ces initiatives permettent une livraison directe et un accès direct au consommateur. L’assistance en ligne est essentielle à cet égard. En définitive, l’objectif est de créer un lien entre la santé et le goût. Après tout, qui n’a pas envie de manger des aliments qui ont bon goût ?

MODÈLE DE GOÛT • Distingue le goût, l’arôme et la texture • Distingue le positif et le négatif • Souligne les caractéristiques positives Pour les carottes, cela signifie : • Les nutriments ne peuvent être réduits à une sensation de goût • Le goût est lié à la variété • La maturité et/ou la conservation de la variété sont des facteurs déterminants • Les arômes ont un impact important sur l’impression générale d’une variété • La taille fait la différence (densité de semis) — préférence pour des dimensions de grignotage La préférence de goût est le seul facteur qui n’est pas totalement objectif. Les scores individuels n’ont pas la même importance. Les arômes ont une grande influence. Bien sûr, l’impression générale est très importante. Nutriments : Le fructose, le glucose et le saccharose ont été mesurés dans des essais de sélection américains. Il y avait une corrélation avec le sucré, mais pas toujours. . MOKUM ADANA

CROQUANT IMPRESSION GÉNÉRALE

ASTRALIS

70 60

FERMETÉ

ARANKA NERJA

50

MORCEAUX RESTANTS

ASPECT JUTEUX

40 30 20

SAVEUR INDÉSIRABLE

ASPECT SUCRÉ

10 0

ARÔME DE TERRE

AMERTUME

PRÉSENCE D’ARÔMES

ARÔME DE NOIX ARÔME DE TÉRÉBENTHINE

ARÔME CAROTTE

ÉVALUATION DES ARÔMES

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L’exploration de la nature ne s’arrête jamais

AMÉLIORATION DU PELLICULAGE ET NOUVELLE COULEUR POUR LES SEMENCES BIOLOGIQUES En 2018, Bejo a introduit un nouveau pelliculage durable. À partir de septembre 2020, le pelliculage des semences biologiques ainsi que celui des semences non traitées chimiquement, passeront tous deux à la nouvelle recette du pelliculage durable. Ce nouveau pelliculage a fait l’objet de tests approfondis en étroite collaboration avec les fournisseurs afin d’obtenir les bons résultats et de fournir la qualité Bejo souhaitée. Le nouveau pelliculage est approuvé par les organismes de certification biologique. L’avantage du pelliculage des semences en général est qu’il assure une surface plus lisse de la semence et moins de développement de poussières issues de la semence, ce qui améliore la semabilité. Un pelliculage coloré rend également la semence plus visible dans le sol.

NOUVEAU PELLICULAGE DURABLE: Fabriqué à partir de matériaux naturels Se décompose complètement X Réduction significative du temps de séchage X Amélioration de la préservation de la vigueur des semences X Moins de consommation d’énergie, moins d’impact sur l’environnement

NOUVELLE COULEUR: Le pelliculage biologique des semences devient jaune Le pelliculage des semences non traitées chimiquement reste blanc X Distinction visuelle entre les semences biologiques et les semences non traitées chimiquement

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Le nouveau pelliculage biologique jaune réagit légèrement différemment au niveau visuel selon les espèces:

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Oignon

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Laitue

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Carotte

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Chou

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Betterave

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Céleri

La production de semences biologiques avec le nouveau pelliculage commencera en septembre 2020. Pendant la période de transition progressive, les clients pourront recevoir des semences biologiques avec un pelliculage blanc ou jaune jusqu’en décembre 2022.

Une culture durable avec un rendement élevé, une qualité de produit exceptionnelle et - au final - une alimentation saine et savoureuse ; tout commence avec les meilleures semences biologiques des meilleures variétés , DÈS LE DÉPART.

Si vous avez des questions, veuillez contacter votre spécialiste Bejo.


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