Demain n° 1 - Février-mars 2022

Page 12

DEMAIN FÉVRIER-MARS 2022

ACTUALITÉ ÉCONOMIE ET POLITIQUE

12

Le bilinguisme comme atout pour les apprentis Donner la possibilité aux apprentis d’effectuer leur stage en mobilité et se démarquer en tant qu’école professionnelle au sein de la région, tels étaient les deux objectifs importants que le directeur de l’Ecole professionnelle commerciale de Nyon, Jérôme Pittet, visait en 2015. Depuis, environ vingt apprentis alémaniques et romands profitent chaque année d’un programme d’échange entre Nyon et Zurich et effectuent ainsi une partie de leur apprentissage ailleurs en Suisse. UN AVANTAGE AU NIVEAU DE L’EMPLOYABILITÉ Aujourd’hui, l’objectif de Jérôme Pittet, directeur de l’Ecole professionnelle commerciale de Nyon, est atteint : l’école se présente comme un centre de compétences bilingues pour la formation professionnelle avec la particularité de l’échange et du stage linguistique au troisième trimestre, un programme étendu à toutes les filiales commerciales et reconnu par la Confédération. Pour lui, la mobilité améliore l’employabilité des apprentis. « Nous sommes convaincus que le bilinguisme est un plus dans tous les métiers de service ». En effet, l’accord, officiellement signé en décembre 2021 entre les Cantons de Vaud et Zurich, ouvre de nouvelles portes à de nombreuses professions concernées par le bilinguisme françaisallemand. L’accord donne de la visibilité à un programme en plein essor et facilite les démarches administratives liées à la mobilité, parfois lourdes pour les apprentis et les entreprises formatrices. Sans compter que « Zurich représente environ 70 à 80 % de la place économique suisse avec suffisamment d’entreprises et de filiales intéressantes pour développer une mobilité en formation professionnelle » explique Jérôme Pittet.

UN AVIS POSITIF DE LA PART DES ENTREPRISES FORMATRICES « Une fois que l’employeur a vu les bénéfices de l’échange, il recommande le programme » atteste Mme Laila Aroub, doyenne de l’école.

Plusieurs proposent le programme lors de la phase de recrutement. « C’est une plus-value que les employeurs mettent en avant lors de la signature du contrat ». L’idée de la mobilité est ancrée dans l’esprit de nombreuses entreprises, petites et grandes. Le programme trouve également écho auprès des start-up. Si certains employeurs peuvent être réticents à l’idée de laisser partir leur apprenti six mois, Jérôme Pittet explique que la mobilité doit être vue comme un investissement sur le moyen-long terme. Fier d’avoir reçu l’aval de son formateur, l’apprenti développe une relation de confiance, ce qui lui donne envie de rester dans l’entreprise. Du côté de l’employeur, c’est l’occasion de recruter et de former de futurs employés motivés dans le but de garder une main d’œuvre qualifiée au sein de son entreprise. Environ 43 % des apprentis restent chez leur employeur à la fin de leur apprentissage.

UN ENRICHISSEMENT PROFESSIONNEL ET PERSONNEL Nöelle Matter, 18 ans, effectue un stage en Suisse romande, au secrétariat de l’EPCN, pour améliorer ses connaissances en français et parce que « cela faisait bien sur son CV ». Au-delà de vouloir se démarquer des autres dans un marché du travail concurrentiel, ce séjour linguistique est principalement un enrichissement personnel pour cette jeune femme. Elle a découvert une autre culture et de nouvelles personnes. Elle se sent ainsi plus indépendante. L’expérience lui a permis

de mieux se connaître et de mieux connaître ses capacités. Il en va de même pour Tania Gamboni, 18 ans, actuellement employée de commerce en banque chez Crédit suisse. Depuis plus de cinq mois, elle travaille à Zurich, vit dans une famille d’accueil et suit ses cours en allemand. Les débuts furent difficiles, mais la volonté de maitriser l’allemand pour sa vie professionnelle a rapidement pris le dessus. Bien encadrée par son formateur, Tania Gamboni a repris confiance en elle en voyant les nets progrès réalisés. Elle le confirme en citant l’exemple d’un échange téléphonique tenu en allemand avec un client de la banque. Bien qu’elle soit habituée au changement d’équipe, car c’est une pratique courante chez Crédit Suisse, la jeune apprentie explique que l’obstacle premier est la barrière de la langue, bien plus que le fait de se retrouver avec de nouveaux collègues. Elle a donc appris à créer des liens professionnels autrement qu’aux détours de simples conversations qu’on peut avoir lors de la pause-café. Toutes deux résument leur échange par le fait qu’elles savent se débrouiller et faire face aux difficultés personnelles de se retrouver seules dans une nouvelle ville. L’expérience fut enrichissante non seulement pour ellesmêmes, mais aussi sur le plan professionnel. « On ne s’améliore pas seulement dans la maîtrise de la langue, mais cela permet également de rencontrer des gens de tous les horizons qui peuvent nous ouvrir des portes pour la future vie professionnelle » conclut Noëlle Matter. Ambassadrices non seulement de leur entreprise mais également du programme d’échanges, ces jeunes apprenties retourneront d’ici quelques semaines à leur poste respectif avec de nouvelles compétences professionnelles et personnelles à la clé, et cela en partie grâce à leur employeur qui croit en ces jeunes talents. Prochaine séance d’information pour les apprentis et les employeurs le 8 février 2022. Contact : Mme Laila Aroub, laila.aroub@vd.ch

TEXTE ROMAINE NIDEGGER ROMAINE.NIDEGGER @CVCI.CH


Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.