DEMAIN FÉVRIER-MARS 2022
ACTUALITÉ ÉCONOMIE ET POLITIQUE
6
L’économie circulaire est une aubaine pour la Suisse Cette nouvelle approche économique, qui réintègre les matériaux et les produits dans le circuit industriel, convainc peu à peu les chefs d’entreprise suisses, car elle leur permet de réduire leurs charges et d’augmenter leurs revenus. Zoom sur un modèle promis à un bel avenir. L’économie circulaire (EC) ne tourne pas encore à plein régime dans notre pays, mais elle fait peu à peu son trou, si l’on ose dire. L’économie circulaire ? Cette approche permet de réintégrer les matériaux et les produits dans le circuit industriel, comme l’explique l’Office fédéral de l’environnement (OFEV) sur son site Web. Elle englobe l’entier du cycle des matières et des produits, à savoir l’extraction, la conception, la production, la distribution, l’utilisation sur une durée aussi longue que possible et le recyclage. Elle demande ainsi une approche différente de la part de tous les acteurs concernés.
« C’est l’une des solutions d’avenir importantes pour limiter l’impact environnemental de l’industrie, explique Henri Klunge, patron d’Alcane Conseils, société qui aide les entreprises à réduire leur impact environnemental tout en améliorant leur productivité. Pourquoi ? Parce que nous vivons dans un système fini : on ne va pas pouvoir créer davantage de matière que celle qui est présente sur notre planète. L’idée consiste à la réutiliser au maximum avant de la détruire. Cela va permettre de poursuivre une croissance économique tout en diminuant l’impact de l’activité industrielle sur l’environnement. Il s’agit clairement d’une question de bon sens. Cela reste un changement de paradigme pour les entreprises et c’est ce qui est difficile à changer. Mais les mentalités évoluent. » (voir l’encadré)
TAUX DE CIRCULARITÉ EN HAUSSE
« L’économie circulaire reste un changement de paradigme pour les entreprises et c’est cela qui est difficile à changer », constate Henri Klunge.
14%
SOIT LE TAUX DE CIRCULARITÉ MATÉRIELLE DANS NOTRE PAYS EN 2019.
Selon des chiffres publiés par l’OFEV, depuis l’an 2000, le taux de circularité matérielle a augmenté constamment dans notre pays pour se situer à 14 % environ en 2019. L’utilisation circulaire de matières était alors largement constituée par les minéraux, à hauteur de 71 %, la biomasse en représentant 18 %, les métaux 10 % et les agents énergétiques fossiles 2 %. Pour ce qui est des minéraux, il s’agit principalement de matériaux issus de la récupération des déchets de chantier, qui permettent notamment de remplacer une partie du sable nécessaire à la production de béton. La biomasse est valorisée quant à elle à travers la récupération du papier, des textiles naturels et des déchets comme le compost ou les boues d’épuration. Les métaux sont récupérés et recyclés depuis longtemps, la plupart d’entre eux pouvant être
remis dans le circuit économique avec peu de pertes de matière. La Suisse, pauvre en matières premières, a tout intérêt à développer cette approche. C’est d’ailleurs le chemin qu’elle emprunte. Au cours des dernières années, la thématique environnementale a donné lieu à de nombreuses interventions et initiatives parlementaires relatives au recyclage des déchets, à la préservation des ressources et à l’économie circulaire. Dans ce contexte, la Commission de l’environnement, de l’aménagement du territoire et de l’énergie du Conseil national (CEATE-N) a déposé une initiative parlementaire en mai 2020, intitulée « Développer l’économie circulaire en Suisse ». Ce texte a débouché sur un projet de modification de la loi sur la protection de l’environnement (LPE), actuellement en consultation. Ce dernier vise à créer un train de mesures efficace et équilibré permettant de préserver les ressources grâce à des efforts fournis à chaque étape de l’économie circulaire. Autant que possible, les mesures proposées sont subsidiaires et décentralisées. Ce sont avant tout les initiatives de l’économie privée qui sont concernées : il est ainsi prévu d’accorder, au moyen de plateformes, de projets-pilotes ou d’accords sectoriels, un soutien administratif et financier aux approches innovantes. L’innovation reste plus que jamais le moteur de notre prospérité.
TEXTE JEAN-FRANÇOIS KRÄHENBÜHL JEAN-FRANCOIS.KRAHENBUHL@CVCI.CH PHOTO FRANCOIS WAVRE | LUNDI13 ILLUSTRATION OFEV