DEMAIN AVRIL-MAI 2022
ACTUALITÉ ÉCONOMIE ET POLITIQUE
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« Le propre de cette fonction est qu’il faut toujours remettre l’ouvrage sur le métier » Claudine Amstein va quitter la CVCI à fin mai après avoir dirigé l’association pendant dix-sept ans. Pour « demain », elle revient sur les principales étapes de sa riche carrière et sur le développement de la Chambre au sein d’un canton qui s’est largement internationalisé. Une page importante de l’histoire de la Chambre vaudoise du commerce et de l’industrie va se tourner à la fin de ce mois de mai avec le départ de sa directrice, Claudine Amstein, après dix-sept ans passés à la tête de l’association. En poste depuis 2005, elle va transmettre le témoin à Philippe Miauton, actuel secrétaire général. Venue du droit, Claudine Amstein est tombée très vite dans le monde des associations économiques. En 1993 déjà, à l’âge de 33 ans, elle est devenue la première directrice d’une chambre immobilière (la CVI), puis la première femme à diriger une Chambre de commerce en Suisse. « Mon intérêt pour l’économie vient de ma fibre profondément libérale et des valeurs qui y sont rattachées, explique-t-elle. Je crois en la responsabilité individuelle, à l’esprit d’entreprise et à une société prospère au bénéfice de l’ensemble de sa population. » Au-delà des frontières vaudoises, elle s’est engagée au sein des as-
sociations faîtières latines et suisses avec le souci de défendre les intérêts de l’économie de cette région. Claudine Amstein admire les chefs d’entreprise et les créateurs de startup dans leurs prises de risque et leur volonté d’innover : « Le fait qu’ils soient toujours orientés solution au lieu de se plaindre des problèmes m’impressionne, c’était pour moi un sacré moteur pour exercer ce métier avec passion. »
ABSENCE DE MODÈLES FÉMININS Son entrée dans un monde jusqu’alors presque exclusivement masculin s’est plutôt bien déroulée. Elle a bénéficié du soutien d’hommes qui souhaitaient son accession à la direction de la CVI. « Mes difficultés venaient surtout du fait, poursuit-elle, qu’il me manquait des modèles féminins pour affirmer mon autorité et prendre ma place au quotidien. J’ai ainsi appris avec la pra-
tique, comme les hommes d’ailleurs, qui n’avaient pas l’habitude de travailler avec des femmes à ce poste. Ce n’est plus un souci pour moi depuis des années. » Elle regrette que les médias ne valorisent pas suffisamment le parcours des femmes dirigeantes de l’économie. Ce sont des exemples pour montrer qu’il est possible d’accéder à des responsabilités. « Pendant des années, les médias ont d’ailleurs eu la fâcheuse tendance de ne me solliciter que pour des questions liées à l’égalité salariale. Il m’a fallu me battre pour parler d’économie et des entreprises. » Avec l’arrivée de Claudine Amstein à la tête de la Chambre, le comité de la CVCI a voulu mettre l’accent sur la défense des conditions-cadres. Comme députée et active en politique, elle a pu rapidement travailler pour faire mieux comprendre les besoins de l’économie. « Et ils étaient grands à la sortie de la crise des années 1990 », rappelle-t-elle. Dans le même esprit, elle s’est engagée pour que la CVCI assure les campagnes de votations qui ont un impact pour que l’économie vaudoise puisse poursuivre sa diversification et son ouverture. Et il faut bien l’avouer, elles ont été nombreuses ces années, que ce soit celles sur la fiscalité, les accords de libre-échange, nos liens avec l’Europe notamment. Pour y parvenir, la directrice a créé un service de la communication et donné les impulsions pour que la CVCI publie des études économiques et fiscales.
A la tête de la CVCI, Claudine Amstein a travaillé principalement avec deux présidents successifs : Bernard Rüeger et Aude Pugin (3e et 4e sur la photo de gauche). Depuis 2007, elle a eu des contacts très réguliers avec le conseiller d’Etat Philippe Leuba, ici à sa droite, notamment à l’occasion du PVEI de 2017. (photo de droite).