38 STYLE MODE
LE DÉCOLLETÉ DANS LE DOS COME-BACK
1974
2021
Mireille Darc en Guy Laroche, dans Le retour du grand blond
Défilé Givenchy printemps-été 2021
“COUVREZ CE SEIN QUE JE NE SAURAIS VOIR.” Plus de trois cents ans ont passé depuis la célèbre réplique de Molière
dans Le Tartuffe ou l’Imposteur, mais peu de choses ont changé : la poitrine des femmes est trop souvent condamnée à rester cachée. Sur Instagram, en 2021, les seins nus, les décolletés et les tétons sont encore censurés. Il faut alors bien des astuces pour déjouer les prudes algorithmes. Au cinéma, c’est la même affaire. Dès les années 30, à Hollywood, le « code Hays » interdit de dévoiler ne serait-ce que la base de la poitrine. Qu’à cela ne tienne : s’il est impossible de découvrir l’avant, on décollettera le dos ! Sophistiqué, le dos nu est souvent souligné par quelques accessoires. En 1961, dans le film Diamants sur canapé, Audrey Hepburn est habillée par Hubert de Givenchy, qui lui dessine une robe fourreau dont le dos est marqué par cinq rangs de perles nacrées. Pour son rôle d’espionne dans Le grand blond avec une chaussure noire, Mireille Darc imagine en 1972 avec son ami Guy Laroche une robe de sirène iconique pourvue d’un décolleté abyssal : plongeant jusqu’à la naissance des fesses, la folle chute de reins est juste soulignée d’une chaînette dorée. À l’été 2021, Givenchy renouvelle l’exercice de style. Avec malice, un détail coloré met le focus sur la taille, comme un rappel amusant du jean avec string apparent, grande tendance des années 2000. Côté verso, aucune limite à l’esprit subversif et décalé, n’en déplaise aux puritains.
GAUMONT INTERNATIONAL/PROD DB/AURIMAGES. COURTESY OF GIVENCHY/IMAXTREE.COM.
Pied de nez à la censure qui sévissait dans le Hollywood des années 30, il refait surface dans un monde où la poitrine des femmes est toujours sous haute surveillance. Comme une façon de se jouer, encore et toujours, des esprits pudibonds. Par Louise des Ligneris