JUNOD
Expertise HorlogĂšre
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T O U T S AV O I R S U R L A
luminescence Essentiellement utilisée pour les montres sportives ou de plongée, afin de faciliter la lecture des indications du cadran en toutes circonstances, la luminescence horlogÚre a connu de multiples évolutions tant commerciales que techniques.
I
nventĂ© en 1888 par le physicien allemand Eilhard Wiedemann, le terme luminescence â du latin lumen qui signifie lumiĂšre â sâoppose Ă celui dâincandescence, et dĂ©signe lâĂ©mission de lumiĂšre qui ne rĂ©sulte pas de la chaleur. Cette lumiĂšre, qui diffĂšre selon la nature du corps Ă©metteur, trouve son origine dans le cĆur dâatomes ou de molĂ©cules qui absorbent de lâĂ©nergie en provenance de lâenvironnement et la restituent sous forme lumineuse. Lors de la rĂ©ception de cette Ă©nergie, lâatome passe dans un Ă©tat dit « excitĂ© » avant de revenir Ă son Ă©tat initial en Ă©mettant un rayonnement Ă©lectromagnĂ©tique, dans notre cas, de la lumiĂšre. Au fil des annĂ©es, la luminescence sâest frayĂ© un chemin vers le monde de lâhorlogerie, on parle alors de radioluminescence. Cette nouvelle voie, produite par la dĂ©sintĂ©gration radioactive dâun Ă©lĂ©ment, reprĂ©sente alors lâassociation entre chimie et horlogerie et sâinstalle sur les premiers cadrans, permettant ainsi une lecture de lâheure dans le noir le plus obscur. Radioactivity, is in the air for you and me Ă cette Ă©poque, la radio-luminescence comptait parmi ses composants un mĂ©lange de matĂ©riaux radioactifs. Parmi eux, le radium (Ra) â dĂ©couvert par Pierre et Marie Curie en 1898 â qui, associĂ© au sulfure de zinc et dopĂ© au cuivre, permettait de diffuser, dans la plupart des cas, une lueur verdĂątre donnant ainsi naissance aux premiĂšres montres lumineuses. MalgrĂ© une efficacitĂ© hors norme, et pourvue dâune intensitĂ© constante, les effets nĂ©fastes de la radioactivitĂ©, prĂ©sentant trop
de risques liĂ©s Ă sa manipulation, ont eu raison de son utilisation. En 1963, suite Ă de nombreuses mesures et restrictions, lâinterdiction du radium sera totale. LâĂšre du tritium Câest le tritium (3H ou Ta) qui prendra le relais. Ses radiations, ne dĂ©passant pas le demicentimĂštre dans lâair et pouvant ĂȘtre stoppĂ©es avec un simple papier de soie, lui donnent un avantage considĂ©rable. Mais bien que supposĂ© ĂȘtre moins nocif pour la santĂ©, cet Ă©lĂ©ment, dont la courte demi-vie radioactive* entraĂźne une perte de brillance â incompatible avec la durĂ©e de vie dâune montre â sera lui aussi retirĂ© du circuit. Super-LumiNovaÂź, la belle-de-nuit Nous sommes au dĂ©but des annĂ©es 1990, figĂ©s dans un monde encore sous le choc de la catastrophe nuclĂ©aire de Tchernobyl, lorsque lâentreprise japonaise Nemoto vient bousculer les codes de lâhorlogerie en dĂ©veloppant le premier substitut non radioactif : le LumiNovaÂź. Cette nouvelle technologie, aussi utilisĂ©e dans le domaine de la signalĂ©tique, est issue dâune cĂ©ramique luminescente Ă base dâaluminate de strontium. Le LumiNovaÂź sera brevetĂ© en 1994 et une filiale, issue du japonais et du suisse, LumiNovaÂź Switzerland, ouvrira son usine au Portugal. En 2007, le Super-LumiNovaÂź â produit en Suisse â devancera finalement le brevet initial et sera, Ă lâinverse de son prĂ©dĂ©cesseur, entiĂšrement rĂ©servĂ© aux horlogers. Contrairement aux Ă©lĂ©ments radioactifs qui