INTERVIEW HORS CADRE
THIERRY LEMAIRE
Le contraste dans l’équilibre L’ARCHITECTE DESIGNER SIGNE “VILLALBA”, UNE COLLECTION DE MOBILIER RÉALISÉE AVEC LES MARBRERIES DE LA SEINE POUR M ÉDITIONS, ET ORCHESTRE DES PROJETS PRIVÉS AUX QUATRE COINS DU MONDE. RETOUR AUX SOURCES. PROPOS RECUEILLIS PAR SOLINE DELOS
Premier choc esthétique ? Le film “Le Grand Meaulnes” [de Jean-Gabriel Albicoco, avec Brigitte Fossey et Jean Blaise, 1967, ndlr] que j’ai vu à l’âge de 7 ans. Mes parents ne devaient pas avoir trouvé de baby-sitter… J’en ai gardé l’empreinte d’images en fondu et d’ambiances esthétiquement sublimes. Je dois me raconter des histoires car il est difficile d’imaginer de tels souvenirs à cet âge, mais l’anecdote me plaît !
Le souvenir marquant de la maison de votre enfance ? Je vivais dans de belles et grandes maisons. En Bretagne surtout. Ma mère est une surdouée de la décoration, tout devait être parfait, du bureau cylindre Empire à la table en béton italienne années 70 qui meublaient la salle à manger. Elle avait juste oublié le confort : aucun canapé ni fauteuil dignes de ce nom !
178 ELLEDECORATION.FR NOVEMBRE 2021
une belle pièce des années 70, quel que soit le style de décor imaginé. J’ai toujours été sensible à l’humour qui imprègne la création de cette décennie. Vous faites un casse dans un musée, quel tableau emportez-vous ? Récemment, j’ai pu voir les œuvres du plasticien allemand Anselm Kiefer, commandées pour la cérémonie d’entrée au Panthéon de l’académicien Maurice Genevoix. J’emporte instinctivement la toile monumentale de gauche, au moins 6 x 6 m, mais c’est un risque !
Une source d’inspiration inépuisable ? Les bâtiments du Trocadéro. Force, sophistication et élégance. Ce que vous rêvez systématiquement de changer quand vous arrivez chez quelqu’un ? La hauteur des tableaux. Etrangement, les perspectives sont très souvent altérées par un accrochage trop haut. Le compte Instagram que vous suivez ? Celui de mon ami Tristan Auer [@tristanauer], dont j’apprécie le travail. Nous avons un œil et des passions assez proches. Votre mentor ad vitam aeternam ? Un être imaginaire qui serait un mélange de Gio Ponti et Le Corbusier. Un indispensable pour créer ? Une bonne ambiance musicale, des Stones à King Krule. Votre folie du moment ? Je travaille avec un ami céramiste sur des pièces invendables, où seuls le plaisir et l’envie d’un certain décalage nous guident. Une faute de goût assumée ? La moquette milleraies des années 80, j’adore ! Votre définition du beau ? L’équilibre, tout simplement Q
Jean-François Jaussaud
Si vous étiez un objet ? Un Polaroïd. Il permet de prendre des images tous les jours et d’y poser ses réflexions de l’instant. Plus besoin de fouiller dans sa mémoire pour retrouver une idée. Le livre d’art ou de design qui traîne sur votre table de nuit ? La monographie consacrée au décorateur Marc du Plantier (1901-1975) [aux éditions Norma, ndlr]. Incontournable dans les années 30 à 70, il a excellé dans les styles classique et moderniste. Votre toc déco/design/arty ? Dans chacune de mes réalisations, je place au moins