L’INTERVIEW DU MOIS
#231
Cecilia Acevedo
ENTRE ART ET LITTÉRATURE Argentine, ayant grandi à Buenos Aires, Cecilia Acevedo se passionne tôt pour les questions sociales et culturelles. À Paris, puis à Barcelone et Luxembourg, elle fait connaître la scène artistique de son pays. Cecilia, qui vit aujourd’hui au pays des trois frontières, toujours investie dans des projets d’écriture et de défense des artistes, est désormais bénévole pour la Croix-Rouge luxembourgeoise. Début février, elle se raconte autour d’un café. En toute convivialité.
TEXTE : KARINE SITARZ
Cecilia Acevedo Pouvez-vous nous esquisser quelques traits votre enfance ?
en
Je suis fille unique et j’ai grandi dans une famille très aimante. Ma mère d’origine italienne mais dont une partie de la famille était française m’a fait découvrir la culture française. Mon père, qui restaurait des bateaux et naviguait souvent très loin, était peu présent, mais mes parents m’ont ouverte à la musique, au théâtre, au cinéma et il y avait des livres partout à la maison. C’est ce qui a décidé de votre parcours artistique ? J’adorais dessiner et j’ai fait les BeauxArts où je me suis spécialisée en gravure. À 18 ans, pour payer mes études, j’ai réorganisé une bibliothèque municipale dans mon village, au nord de la périphérie de Buenos Aires, sur le fleuve Rio de la Plata, là où Victoria Ocampo avait sa villa. Une vraie caverne où tout était à l’abandon ! Plus tard, j’ai suivi une formation d’auxiliaire bibliothécaire et me suis occupée de bibliothèques scolaires afin que les enfants du primaire rencontrent des auteurs et « fabriquent » des livres. Cela ne se faisait pas à l’époque. Avec les militaires au pouvoir, il fallait jongler ! Cette mission était importante pour moi et toute une génération d’élèves a choisi de passer la récré à la bibliothèque ! Mais mon cœur a toujours balancé entre littérature et art et après un cursus à l’École des conservateurs de
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MARS 2022