CONVERSATION AVEC FABIO BIONDI
La part d’ombre du Sérail Une entrevue de Fabio Biondi réalisée par Christopher Park
Fabio Biondi, c’est la première fois que vous venez diriger au Grand Théâtre de Genève. Votre nom est pourtant très connu et votre travail avec Europa Galante a fait votre célébrité : quelles sont vos origines musicales ? Je suis Sicilien, originaire d’une famille de Palerme où mon père, médecin, était passionné par la musique. Mon frère et moi avons été poussés vers la musique, aussi parce que notre grandpère maternel, avocat de métier, était un pianiste qui avait connu de grandes figures musicales comme Pietro Mascagni et Vladimir Horowitz ; il avait dirigé une grande société de concerts à Rome. Nous écoutions toujours de la musique à la maison : mon frère a commencé le piano et comme j’étais très jaloux de lui, on a décidé que Fabio commencerait le violon. Très rapidement, j’ai été considéré comme un enfant prodige, au
grand bonheur de toute la famille. J’ai poursuivi mes études musicales à Rome, puis après à Parme et c’est là que j’ai fait la connaissance, vers l’âge de 15 ans, de la musique baroque. Nous étions au milieu des années 1970, c’était vraiment l’archéologie du baroque initiée par des figures comme Nikolaus Harnoncourt ! Ces premières approches m’ont fasciné parce que je trouvais que c’était quelque chose qui tentait de détruire la routine interprétative. Mais je suis quand même resté fidèle à l’instrument moderne ; j’ai terminé mes études sans interruption. Et même quarante ans plus tard, je considère que ces deux domaines ne sont séparés que par des différences structurelles et de pensée interprétative. Cela m’intéresse à vrai dire plus que la question organologique, elle-même assez complexe. Une grande aventure a commencé : j’ai participé à beaucoup de productions en tant que 25