Voyage vers l’espoir Opéra de Christian Jost création mondiale
SUBVENTIONNÉ PAR
POUR LE PROGRAMME PÉDAGOGIQUE
AVEC LE GÉNÉREUX SOUTIEN
PARTENAIRES MÉDIA
PARTENAIRES D’ÉCHANGE MANOTEL
MANDARIN ORIENTAL
VOYAGE VERS L’ESPOIR Opéra de Christian Jost Livret de Kata Wéber d’après le film Reise der Hoffnung de Xavier Koller Création mondiale En coproduction avec le Badisches Staatstheater Karlsruhe 30 mars 2020 — 20 h 01 · 03 · 07 · 08 avril 2020 — 20 h 05 avril 2020 — 15 h Le spectacle durera environ une heure et demie sans entracte.
Avec le soutien de
En partenariat avec
FONDATION OTTO ET RÉGINE HEIM
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Tragisches Ende einer illegalen Einwanderung in die Schweiz Am Splügenpass ist in der Nacht auf Donnerstag ein siebenjähriger türkischer Knabe, der sich mit seinen Eltern zu Fuss auf den Weg in die Schweiz befand, an Erschöpfung und Unterkühlung gestorben. Gemäss Bündner Staatsanwaltschaft hatten Schlepper eine Gruppe von zwölf Ausländern von Mailand zum Splügenpasse gefahren und sie trotz Schneefalls und Kälte auf den Weg in die Schweiz geschickt.
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1 - 4 Images extraites du film Reise der Hoffnung de Xavier Koller (1991) © Catpics AG 5 Le fait divers tragique de la mort d’épuisement et de froid d’un enfant de 7 ans lors d’une tentative d’immigration illégale en Suisse en 1988 qui inspira le cinéaste Xavier Koller pour son film Reise der Hoffnung. 6 - 9 Images proposées pour ce moodboard par Kornél Mundruczó, metteur en scène et de Monika Pormale, scénographe de Voyage vers l’espoir, évoquant la crise de la migration syrienne des dernières années et colligées sur la banque d’images du Haut Commissariat des Nations-Unies pour les réfugiés (UNHCR).
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10 Participantes et participants à l’atelier de figuration pour Voyage vers l’espoir : les associations Antidote et Refugees Voices ont travaillé avec le Grand Théâtre de Genève pour développer ensemble des compétences utiles à l’insertion professionnelle.
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DISTRIBUTION Direction musicale Gabriel Feltz
Haydar, le père Kartal Karagedik
Scénographie et costumes Monika Pormale
Mehmet Ali, le petit garçon (en alternance) Simon Berrebi George Birbeck Joseph Chosson
Mise en scène Kornél Mundruczó
Lumières Felice Ross
Dramaturgie Kata Wéber
Meryem, la mère Rihab Chaieb
Fatma, la sœur (rôle parlé) Jana Al Halabi Güney, le frère (rôle parlé) Areg Sultanyan Un paysan Jérémie Schütz
Matteo, un chauffeur routier Vincent Le Texier Une médecin Melody Louledjian
Haci Baba, un mafieux Marcel Beekman Un policier Un bureaucrate Donald Thomson ○
Orchestre de la Suisse Romande
○ Membre du Jeune Ensemble
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SOMMAIRE
DISTRIBUTION
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INTRODUCTIONS
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ARGUMENT
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SYNOPSIS
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STRUCTURE DE L’ŒUVRE
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L’HISTOIRE ET LA DÉMARCHE
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STORY AND APPROACH
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UNE TRAGÉDIE SIMPLE
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A SIMPLE TRAGEDY
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LE PRINCIPE DU VOYAGE
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VOYAGE VERS LA SCÈNE
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LIBRETTO
VOYAGE VERS L’ESPOIR – LIVRET
FONDATION MARTIN BODMER ENTRE ESPOIR ET DOULEUR
BIOGRAPHIES ET ÉQUIPES
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INTRODUCTION FR
Intro | 0 Cette création, basée sur le film homonyme du cinéaste suisse Xavier Koller, raconte l’histoire d’une famille kurde qui abandonne sa terre et les siens pour parvenir au paradis : la Suisse. Un paradis qui comme un mirage s’estompe de plus en plus à chacun de leur pas et qui finit par disparaître à jamais dans une tempête de neige. En filigrane, derrière les individus, on distingue l’histoire avec un grand H : celle de la fracture entre les mondes, celle de la bureaucratie, celle de l’exploitation ou de la bonne volonté des uns par ou pour les autres. Une fois ses racines coupées, la famille s’enfonce dans un monde féroce où les forces humaines et naturelles finiront par triturer tous ses espoirs. Après avoir perdu leur passé en quittant leur terre, Meryem et Haydar perdront leur futur en perdant leur fils. Que dire et faire à Genève, ville du Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés, hier et aujourd’hui encore ? 30 ans après le succès de Voyage vers l’espoir à la nuit des Oscars, où il devança même le favori Cyrano de Bergerac, et remporta le seul Academy Award (celui du meilleur film en langue étrangère) obtenu par un long-métrage suisse, le sujet du film est toujours aussi brûlant. Les migrants peuplent les médias mais aussi les scènes, et puis surtout les mers et les centres de requérants d’asile. Le fils de cette famille kurde n’est pas le seul enfant échoué mort sur les écueils des frontières. Il y a 30 ans, c’était la montagne qui scellait les destins. Aujourd’hui, il semble que ce soit la mer. Pour ceux qui ne doivent pas faire le voyage, il s’agit toutefois seulement d’une parabole.
Intro | 1 Qui de plus apte pour mettre en scène ce nouvel opéra que Kornél Mundruczó, l’homme de théâtre et réalisateur hongrois des films Jupiter’s Moon ou Underdog (Feher isten) qui arpente les scènes européennes avec des projets aux dimensions sociales et théâtrales nouvelles, à l’interstice du réel et de sa représentation ? Car ce n’est pas seulement une histoire, nous rappellet-il : c’est le quotidien de tous ceux qui ont quitté leur pays de force, de tous ceux qui attendent pour être à nouveau quelqu’un, ceux qui sans terre sous leurs pieds et pays dans leurs rêves n’ont plus que le paradis perdu dans les yeux. La musique de cette traversée vers le désespoir sera écrite par le compositeur allemand Christian Jost, déjà connu pour ses adaptations à l’opéra de Hamlet à Berlin ou La Lanterne rouge à Zurich. Son orchestration originale, proche d’une écriture musicale épique et cinématographique est riche de rythmes puissants, de grandes émotions, de couleurs harmoniques. La forme de cette œuvre oscillera entre le lyrique et le symphonique, dans un genre presque nouveau en soi. Spécialiste du répertoire contemporain, Gabriel Feltz dirigera une distribution choisie sur mesure dont le baryton turc Kartal Karagedik et la mezzo-soprano Rihab Chaieb, canadienne d’origine tunisienne, dans les rôles des parents. Qui sait quel paradis perdu ils retrouveront ensemble ?
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INTRODUCTION EN
Intro | 0 This new opera, based on the film of the same name by Swiss director Xavier Koller, tells the story of a Kurdish family that abandons kin and country to try to get into paradise, i.e. Switzerland. Like a mirage, this paradise fades away with each step forward and ends up disappearing completely in a snowstorm. Behind the characters’ individual stories, is history in subtext: the history of worlds divided, of bureaucracy, of exploitation or goodwill towards others. Once the family is severed from its roots, it spirals downwards into a brutal world where human and natural powers end up destroying their every hope. After leaving their homeland and losing their past, Meryem and Haydar lose their future when they lose their son. The question of what to say and what to do about such things is ever present in Geneva, home to the United Nations High Commission for Refugees. 30 years ago, we were watching Journey to Hope beat the frontrunner Cyrano de Bergerac for the Academy Award for Best Foreign Language Film — to date, the only Swiss feature film to win this distinction — and the topic hasn’t lost any of its relevance. Migrants are all over the media but also on stage, on the seas and in asylum seekers’ centres. The son of the Kurdish family in our story is not the only body washed up on our perilous shores. 30 years ago, a family’s future was sealed by the mountains. Today, people meet their destiny at sea. But for those of us who do not have to make this kind of journey, the story is little more than a parable.
Intro | 1 Who better than the Hungarian film and theatre director Kornél Mundruczó (Jupiter’s Moon, Underdog / Feher isten) to stage this piece, with his socially and dramatically innovative projects all over the stages of Europe? He reminds us that this is not just a story but a daily reality for all those who are forced to leave their homeland, for all those who are waiting to be someone again, for those who have no land under their feet, no country in their dreams and only paradise lost in their eyes. The music of this journey into despair is the work of German composer Christian Jost, known for his operatic adaptation of Hamlet in Berlin or The Red Lantern in Zurich. His distinctive orchestral writing has the epic proportions of film music, full of great emotions, colours and harmonies, defining a new genre somewhere between opera and symphony. Conductor Gabriel Feltz, a specialist of the contemporary repertoire, joins a bespoke cast, featuring Turkish baritone Kartal Karagedik and Syrian-Canadian mezzo-soprano Rihab Chaieb form the dream team needed to recount this nightmare. Who knows what lost paradise they might discover together?
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ARGUMENT VOYAGE VERS L’ESPOIR
PROLOGUE Des enfants sont en train de jouer près des voies ferrées. Ce sont les enfants de Meryem et Haydar. Un train approche. Le plus jeune des enfants s’allonge entre les rails. Lorsque le train est passé, l’enfant se lève, indemne. PREMIER ACTE – LE VILLAGE – L’ÉDEN Dans leur champ de maïs, Meryem et Haydar sont en train de se disputer pour décider s’ils restent au pays ou s’ils partent. C’est une dispute radicale : soit ils partent à l’étranger chercher un avenir meilleur, soit ils restent chez eux dans la précarité. Haydar veut vendre la maison et la terre. Un voisin lui en offre un prix réduit que Haydar finit par accepter, malgré ses doutes et les réserves de Meryem quant à leur départ.
DEUXIÈME ACTE – SUR LA ROUTE Meryem, Haydar et Mehmet Ali marchent et marchent sans arrêt sur le bord de la route, sous la pluie battante. Mehmet est curieux de tout, tout lui est inconnu. Il essaie d’arrêter les voitures qui passent. Un camion s’arrête. Ils montent à bord. Matteo est un routier suisse. Il donne du chocolat à Mehmet. Des agents de police font arrêter le camion, interpellent la famille et la renvoient à la gare la plus proche.
Meryem et les enfants rentrent à la maison alors que des hommes sont en train de la démanteler. Les enfants comprennent que leurs parents veulent partir et tentent de les convaincre de les emmener avec eux. Seul le petit dernier, Mehmet Ali, n’essaie pas de marchander.
Bloqués à la gare centrale de Milan, Meryem, Haydar et Mehmet sont fatigués. Ils trouvent un personnage louche dont le nom leur a été donné par Matteo. Le mafieux propose de les renvoyer en Turquie avec l’argent qui leur reste, puis s’en va. Meryem remarque que Mehmet ne va pas bien. Une médecin survient et leur dit de rentrer chez eux s’ils veulent que leur enfant survive. Elle disparaît. Meryem et Haydar réfléchissent à leur situation difficile et à ce qu’il leur reste comme options tandis que Mehmet dort sur leurs genoux. Meryem donne son alliance en or au mafieux et Haydar accepte de lui donner la moitié de son futur salaire.
Haydar ne veut pas que les enfants soient du voyage mais il finit par accepter d’emmener Mehmet Ali pour faire plaisir à Meryem et pour assurer un avenir à la famille lorsqu’ils auront atteint leur destination.
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ARGUMENT
TROISIÈME ACTE – LES ALPES – LE PARADIS PERDU Une tempête se lève. Les sommets des Alpes sont menaçants et paraissent encore plus grand que la normale. Un petit groupe de réfugiés tente de traverser les montagnes au milieu de la terrible tempête. Mehmet a vraiment de la peine à continuer. La nuit vient de tomber. On entend tout à coup des chiens aboyer. Le groupe se disperse dans la montagne dans toutes les directions. Haydar prend un chemin vers le haut avec l’enfant. Une fois le moment de panique généré par les gardes-frontière passé, Haydar se met à la recherche de Meryem. Mehmet est laissé seul sur la montagne, il est presque inanimé. Lorsque Haydar retrouve Mehmet, l’enfant meurt dans ses bras. Meryem assiste impuissante à la scène et regarde Haydar bercer l’enfant mort contre lui. Dans la prison, un agent de police interroge Haydar. Il lui demande pourquoi il est venu en Suisse.
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Croquis du sinistre
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VOYAGE VERS L’ESPOIR
OPENING Children are playing next to the railway tracks. They are Meryem and Haydar’s children. A train approaches. The youngest child lies down between the tracks. The train passes and the child stands up from the railway tracks unharmed.
FIRST ACT – THE VILLAGE – EDEN On their cornfield, Meryem and Haydar quarrel about staying or going, about leaving the country or staying there. It is a clash of opposing principles: either leave and look for a better future or stay with almost nothing. Haydar wants to sell the house and the land. A neighbour offers him a reduced price and despite his doubts and Meryem not wanting to leave, Haydar accepts. The kids and Meryem return home as men are beginning to take the house apart. The children understand that their parents are leaving and try to convince them to take them on the journey. Only the youngest, Mehmet Ali, doesn’t bargain. Haydar doesn’t want to take any children with them on the road but accepts to bring Mehmet Ali along to please Meryem and to guarantee a future for the family when they arrive at their destination.
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SYNOPSIS
SECOND ACT – ON THE ROAD Meryem, Haydar and Mehmet Ali have been walking and walking, without cease, on the side of the road, under driving rain. Mehmet is curious. Everything is so unfamiliar. He tries to stop the cars passing by. A truck stops. They climb aboard. Matteo is a Swiss trucker. He gives Mehmet chocolate. Police officers catch them in Matteo’s truck and send them back to a railway station. Stranded in Milano Centrale station, Meryem, Haydar and Mehmet are tired. They meet a shady fellow whose name was given to them by Matteo. The mafioso proposes to send them back to Turkey with the money they have left and then leaves. Meryem notices Mehmet is not well. A doctor appears. She tells them to go back home if they want their child to survive. She disappears. Meryem and Haydar reflect on their situation and what is left while Mehmet sleeps in their lap.
THIRD ACT – THE ALPES – LOST PARADISE Stormy weather. The Alps are looming, looking even bigger than they are. A little group of refugees is trying to cross the mountains in the tremendous storm. Mehmet is really struggling with the journey. The night has just gotten darker. Suddenly they hear dogs barking. The group has to escape in all directions and scatter all over the mountain. Haydar takes a path upwards alone with the child. When the panic generated by the border guards abates, Haydar starts to look for Meryem. Mehmet is left alone on the mountain. He’s barely alive. As Haydar comes back to Mehmet, the child dies in his arms. Meryem stands by, looking at Haydar rocking the dead child in his embrace. In prison, a police officer interrogates Haydar. He asks him why he came to Switzerland.
Meryem gives the mafioso her wedding ring and Haydar accepts to give the half of his future pay.
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VOYAGE VERS L’ESPOIR Opéra en trois actes de Christian Jost (*1963)
ACTE I – UN VILLAGE – ÉDEN Ouverture TABLEAU 1 – SUR LES VOIES FERRÉES Mehmet Ali, Fatma, Güney Changement TABLEAU 2 – LE CHAMP DE MAÏS Introduction Meryem, Haydar Changement Aria Haydar TABLEAU 3 – L’ACCORD Interlude Haydar, Le Paysan Interlude Fin Haydar, Le Paysan TABLEAU 4 – ADIEU Interlude Les Enfants, Meryem, Haydar Épilogue
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STRUCTURE DE L’ŒUVRE
ACTE II – EN ROUTE Ouverture
ACTE III – LES ALPES – LE PARADIS PERDU Ouverture
TABLEAU 1 – LE LONG DE LA ROUTE Haydar, Meryem et Mehmet Ali La marche Interlude La marche sous la pluie Interlude Le poids lourd s’arrête Interlude
TABLEAU 1 – DANS LA MONTAGNE Meryem, Haydar Interlude Meryem, Haydar Interlude
TABLEAU 2 – LE PARADIS Dans le poids lourd Matteo, les mêmes Le Policier, les mêmes Changement TABLEAU 3 – GARE CENTRALE Milan, Gare centrale Introduction Meryem, Haydar, Le Mafieux Changement TABLEAU 4 – LE GRAND MALADE Meryem, Haydar intermezzo Meryem, Haydar, La Médecin Changement
TABLEAU 2 – PÈRE ET FILS Haydar (seul avec Ali) Interlude TABLEAU 3 – LE MONSTRE Ali TABLEAU 4 – FLOCON DE NEIGE Haydar, Ali Interlude Aria Haydar Meryem Changement TABLEAU 5 – EN PRISON Le Bureaucrate, Haydar Épilogue
TABLEAU 5 – AU BOUT DE LA NUIT Introduction Meryem, Haydar Changement TABLEAU 6 – LA DERNIÈRE CHANCE Meryem, Haydar, Le Mafieux Interlude Ali, Meryem Épilogue
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L’histoire et la démarche
Kata Wéber Librettiste
Voyage vers l’espoir est l’histoire tendre et passionnée d’un homme qui, inspiré par la réussite économique des Turcs en Suisse, quitte son foyer à la recherche d’un avenir meilleur. Pourtant, le voyage de Haydar est le même que celui de tant de personnes défavorisées à la recherche d’un mieux-être dans d’autres pays. Le portrait de famille réalisé ici est authentique. Il montre l’amour, la douleur et la lutte désespérée que certaines personnes connaissent lorsque la détresse envahit et que tout espoir est perdu. On ne laisse pas derrière soi les gens et les lieux sans payer un prix douloureux. Mon intention fondamentale a été de réduire la narration du long-métrage afin de laisser plus de place pour le rendu musical, tout en mettant l’accent sur les rebondissements principaux de l’intrigue. En simplifiant « l’intrigue », j’ai voulu donner plus de territoire aux aspects musicaux, soulignant avec plus de force les émotions et les conflits, tout en y amenant une sorte de présence de l’au-delà qui serait au-dessus des perceptions du quotidien. J’espère aussi que cette simplification aidera à mettre en relief le personnage de Meryem, pour 28
qu’elle puisse devenir l’autre personnage principal du drame aux côtés de Haydar. Ainsi, au lieu d’un héros tragique qui fait preuve de courage face au danger et qui est voué à une perte certaine, nous sommes toujours dans un cadre narratif assez similaire à celui d’une tragédie grecque, mais ici l’union indéfectible du couple exprime quelque chose de plus vaste qui reflète notre société contemporaine de manière plus authentique. En ce qui concerne la structure, j’ai choisi une composition resserrée, purement dramatique, n’utilisant que quelques scènes d’ensemble. J’ai voulu que cette structure rigide puisse accrocher avec force le spectateur dans un récit immédiat et, par conséquent, emblématique. C’est à la fois une grande et une petite histoire ; j’ai donc voulu la présenter comme un drame chambriste, en essayant de lier fortement les destins du mari et de la femme l’un à l’autre pour que nous puissions arriver à comprendre cette histoire de valeurs humaines universelles à travers leurs conflits et disputes. De cette façon, la structure resserrée devient si dominante qu’elle n’est qu’occasionnellement interrompue par le monde extérieur.
L’HISTOIRE EST DIVISÉE EN TROIS ACTES : LE PARADIS Haydar vend sa maison et part pour la Suisse avec sa femme Meryem. Ils laissent derrière eux deux de leurs enfants mais emmènent avec eux le plus jeune, Ali, pour qu’il soit éduqué en Europe. SUR LA ROUTE Ils partent tous les trois. Nous les voyons passer à travers un paysage changeant. Un voyage au-delà de la misère. LES ALPES Le père et le fils sont séparés de Meryem. On les abandonne sur un col alpin au milieu d’une tempête de neige. Le petit garçon est trop faible pour continuer le voyage. Les trois actes sont une marche continue à travers un paysage qui change constamment, avec une question lancinante : est-ce que quiconque peut jamais atteindre la terre de la promesse ? 29
Story and approach
Kata Wéber Librettist
Journey of Hope is a tender and passionate story about a man, who – inspired by the economic success of Turks in Switzerland – leaves his home in search of a better future. However, the journey of Haydar is also everyman’s journey that applies to many impoverished people, who seek better growth opportunities in other countries. The portrayal of a family here is genuine. It shows the love, the hurt and the extreme struggle some experience when desperation dominates and all hope is gone. Since leaving people and places behind always comes at a painful price. My fundamental intention was to reduce the narrative of the feature film in order to leave more space for the musical finish while also emphasising the plot’s main turns. By simplifying the « plot » I wanted to give more territory to the musical aspects, giving the emotions and conflicts a stronger outline, while carrying a sort of entity from the after-life that stands above everyday notions. I was also hoping that the simplification 30
will help highlighting Meryem’s character, so she can rise to be the other main character of the drama alongside Haydar. Thus, instead of a tragic hero who demonstrates courage in the face of danger and who is destined to downfall – within a story somewhat similar to a classic ancient Greek drama, here their all-time unity expresses a broader meaning which reflects on our modern society in a more authentic way. Regarding the construction, I chose a narrow, purely dramatic composition utilising only a few group scenes. I wanted to make this rigid structure powerfully engaging in which the story is immediately told, therefore becomes emblematic. It is both a big story and a small one – so I wanted to present it as a chamber drama, trying to keep the husband and wife’s fate strongly bound together so we get to understand this story of general human values through their conflicts and quarrels. This way the structure’s narrowness became so dominant that it is only disturbed by the outside world occasionally.
THE STORY IS SEPARATED IN THREE ACTS: PARADISE Haydar sells his house and leaves to Switzerland with his wife Meryem. They leave their two children behind but take Ali, the smallest to be educated in Europe. ON THE ROAD The three set off. We see them through the changing landscape. A journey beyond hardship. THE ALPS The father and son are separated from Meryem. They are abandoned at an Alpine pass in the midst of a blizzard. The boy is too sick to continue the journey. The three acts are a continuous march through a constantly changing landscape with a striking question: Will anyone ever reach the land of promise? 31
Une tragédie simple
Entrevue avec Kornél Mundruczó et Kata Wéber réalisée par Clara Pons
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CONVERSATION AVEC MUNDRUCZÓ ET WÉBER
Naufrage d’un navire venant de Libye surchargé de réfugiés du Ghana, Nigéria et du Pakistan sur les côtes de Lampedusa, le 8 mai 2011. Il y eut trois morts dans ce naufrage. ©SZ Photo, Joker, Bridgeman Image
Commençons par le commencement : d’où est parti ce projet ? KM Voyage vers l’espoir était une idée d’Aviel Cahn. Il voulait aborder le sujet de la migration et pour cela il voulait se servir du film suisse primé aux Oscars de Xavier Koller. Il savait que j’avais beaucoup travaillé sur le thème de la migration et il s’est dirigé vers moi. Il faudrait plutôt se demander pourquoi il a fait appel à un cinéaste pour adapter un film pour la scène lyrique. Cela pourrait être assez contradictoire. Je dois avouer qu’au départ le projet me laissait assez sceptique, mais après avoir vu le film, j’ai été très touché et j’ai changé d’avis. Le « sujet réfugiés » n’y est pas autant affecté par la politique qu’il l’est
maintenant et c’est plutôt rafraîchissant. Dans le film, l’histoire se passe à un niveau véritablement humain et pas en tant que phénomène de masse. Cela donne une perspective contemporaine : comment peut-on raconter une histoire de réfugiés aujourd’hui ? J’ai donc demandé à Kata, la librettiste, si elle pouvait adapter un film en opéra, alors que les deux genres sont si éloignés l’un de l’autre. D’un côté, un film quasiment documentaire et de l’autre un monde totalement stylisé fait de « tableaux » et de gens qui chantent. (rires) KW Le film m’a fait penser à une tragédie grecque : l’histoire pourrait être celle de l’hubris d’un père. Mais l’est-elle vraiment ? Est-ce que Haydar lutte 33
contre le destin ou est-ce qu’il y obéit ? La matière me rappelait beaucoup les histoires des tragédies grecques comme Médée, Électre ou même Prométhée. J’ai pensé que je pourrais réduire l’histoire entière aux personnages nécessaires. J’avais une certaine expérience dans l’écriture dramatique et cinématographique, donc il fallait que je me demande comment écrire un livret, quels sont les besoins et les règles spécifiques à ce genre. J’ai essayé ensuite de resserrer la structure, de mettre un sens plus vaste dans une structure plus petite, sans en perdre la poétique. Nous avons cherché ensemble à définir les moments charnière principaux, à en réduire le nombre en leur donnant plus d’importance. De manière générale, dans ce que nous faisons, ce qui est le plus important pour nous et ce en quoi nous croyons, c’est de raconter une histoire. KM Vous savez, cet opéra est quelque chose de tout neuf, une nouvelle œuvre d’art. Sans être en opposition au film, ce que nous faisons est tout de même différent. Ce qui est bien c’est que, même si cela ne fait pas si longtemps que le film a gagné à Hollywood (seulement 30 ans), nous sommes totalement libres d’aller de l’avant puisqu’on ne se rappelle plus tellement (bien) du film. C’est étrange d’ailleurs : en Hongrie tout le monde, même la jeune génération, se souvient de notre dernier Oscar, Mephisto. Comment s’est passé le travail avec le compositeur Christian Jost ? KM J’étais fasciné par sa musique symphonique. Quand nous nous sommes rencontrés, nous avons beaucoup parlé d’une forme mixte qui ferait bien sûr usage de la narration par le texte chanté, mais 34
aussi de la force physique de la musique. Cela permettrait à l’œuvre de préparer le cœur pour le message intellectuel et pas le contraire, où il faudrait d’abord comprendre quelque chose avant de ressentir quoi que ce soit. Pour ma part, j’éprouve une liberté totale à l’opéra et c’est génial ! Le rôle du metteur en scène n’y est pas aussi important qu’au cinéma ou même qu’au théâtre. À l’opéra, ce qui reste à la fin, c’est la musique. Cela ne peut pas être autre chose que de l’opéra ou de la musique. Le metteur en scène n’est pas au centre de l’œuvre. En fin d’analyse, ce qui reste, c’est un opéra de Christian Jost. Je ne suis qu’une interface. Bien sûr, le squelette, la structure, le côté archaïque, l’aspect road movie, l’approche documentaire viennent plutôt de nous et je suppose que c’est parce que nous pensons de manière dramaturgique alors que Christian Jost a composé sur une structure dramatique. Dans la tragédie grecque, tout est dit dès le début, le drame de l’hubris est clair à partir de la première scène. KW Oui, comme dans la tragédie grecque nous nous sommes servis du premier acte pour fixer la nature du principal conflit que le public doit comprendre, qui se passe ici entre la femme et le mari : devons-nous partir ou rester ? Est-ce qu’un meilleur avenir nous attend si nous partons et laissons tout derrière nous ? Et puis la véritable tragédie : choisir l’enfant qui partira avec eux, qui incarne la figure du destin, qui est à la fois destin et fortune, figure autant humaine que symbolique. La première scène du film montre très bien cela, comme une parabole, une prémonition de ce qui peut/pourrait se passer par la suite. Le deuxième
CONVERSATION AVEC MUNDRUCZÓ ET WÉBER
acte montre comment ils doivent passer par une série d’épreuves jusqu’à ce que, dans le troisième acte, leur sort les pousse dans la montagne, autre métaphore du destin. Dans la tragédie grecque, le destin est toujours présent mais il y a aussi l’espoir, l’espoir de trouver une meilleure façon de lutter contre l’inévitable et l’inéluctable. C’est à cause de cela que cette histoire a une telle résonance contemporaine, même si aujourd’hui tout se passe sans les dieux ; pour moi, ce gamin porte en lui de toute façon le personnage divin. KM Nous avons aussi songé au rôle du chœur tragique grec. Dans cet opéra, la musique a la fonction du chœur et commente l’action des protagonistes, allant parfois contre eux et parfois dans leur sens. Elle raconte sans paroles, et pas toujours ce qu’on s’attend à l’entendre dire. Vous prenez une certaine distance par rapport à la réalité, même si vous vous servez presque uniquement d’éléments réels sur scène. KM Je dis toujours que ce que nous avons sur scène est comme une installation. Mais c’est une installation dans un cadre narratif, un cadre simple produit par une machine complexe, sans qu’on puisse remarquer sa complexité. Et pour moi, la scène lyrique est un espace de stylisation, le lieu idéal pour créer un nouveau morceau de réalité pour une époque contemporaine. En tant qu’expression de l’œuvre d’art totale, elle rassemble tout au service d’un même but. De nos jours, c’est le meilleur terrain pour explorer les multiples couches qui nous envahissent. L’opéra vous donne la possibilité de vous servir de toutes ces couches ensemble, et quand même de raconter quelque chose ! Ce n’est pas comme au cinéma où
l’on a plus le rôle d’un pianiste : on a beau avoir un bel instrument, mais il a des limites et des bornes de par sa nature. Ici, en fin de compte, on a de la simultanéité et de la profondeur : c’est du cinéma augmenté. On peut créer du temps, des rêves, des perspectives. L’opéra est encore un genre où l’on peut innover et les publics ont commencé à s’en rendre compte. Il y a encore beaucoup de nouveaux territoires à y découvrir. Que souhaiteriez-vous que les gens ressentent (et pensent ?) après avoir vu l’opéra ? KW Nous avons essayé le plus possible de personnaliser l’histoire : nous avions déjà beaucoup travaillé avec des réfugiés, même avant la crise, et tout à coup le sujet prenait un tour intéressant. Quand on fait connaissance avec une personne réfugiée, c’est un tournant décisif, même si l’on vient d’une famille de gauche aux idées libérales. On ressent une empathie profonde. Nous avons certainement toutes et tous nos opinions politiques mais cela ne nous dit pas quoi faire, c’est juste une façon de voter. Maintenant, on sait comment les gens forment leurs opinions, comment ils pensent, et on se rend compte qu’en fait, on ne change jamais vraiment d’opinion, on naît virtuellement avec ou, en tout cas, on grandit avec. Peut-être le moment estil venu de ne plus croire en quelque chose ou d’essayer de changer l’avis des gens mais juste de trouver d’autres réponses. Toutes les histoires sont différentes, elles sont exactement comme les corps individuels : tous pareils, tous différents. Ici, il s’agit d’une histoire, pas de l’histoire d’une foule. Vous vous identifiez à Haydar et Meryem, ils ne sont plus des étrangers. Leur histoire pourrait être la vôtre. Et leurs décisions aussi. 35
Des migrants en provenance d’Afghanistan et d’Iran attendent en limite de l’autoroute de pouvoir monter clandestinement à bord de camions dans l’espoir de rejoindre la Grande-Bretagne. Photographie : © Marc Charuel / Bridgeman Images, 2016
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A CONVERSATION WITH MUNDRUCZÓ AND WÉBER
A Simple Tragedy
Interview with Kornél Mundruczó and Kata Wéber
Let’s begin with the beginning - how did everything start? KM Journey of hope was Aviel Cahn’s idea. He wanted to target the subject of migration and to do this he wanted to use the Swiss award-winning movie by Xavier Koller. He came to me because he knew I had already worked a lot on the subject of migration theme. Why he asked a filmmaker to adapt a film to the opera stage, that could be more the question. It could be pretty contradictory. I have to confess that I was quite skeptical about the idea but then after watching the movie, it touched me and I changed my mind. It is quite refreshing that the “refugee subject” is not affected by politics like it now is. In the movie, the story happens really on a human level and not as a mass phenomenon. That can be a very interesting
perspective for today: how can you tell a refugee story today? Then I asked Kata, the librettist, if she could imagine adapting a film into an opera, two genres that are so far from each other? On one hand, an almost documentary movie and on the other, a totally stylized world with “tableaux” and people singing. (laughs) KW The movie reminded me of a Greek tragedy: the story would be one of a father’s hubris. But is it really? Is Haydar battling against fate? Or is he obeying it? The material reminded me a lot of the stories of Greek tragedies like Medea, Elektra or even Prometheus. I thought I might reduce the whole story to the right characters. I had experience in writing plays and movies, so the question was, how could I write a libretto, what 37
does this specific genre need and what are the rules. I tried then to condense the structure, to put the bigger meaning in a smaller structure. With Kornél we always try to get to the simpler way of telling a story, without losing its poetics. We worked together on the big turning points, reducing their number and making them bigger. Mostly in what we do, we believe in storytelling. That’s for sure the most important thing for us. KM You know, this opera is a new item, a new work of art. We don’t go against the movie but again what we do is still something different. The good thing is that, even if it is not too long ago that the movie won in Hollywood ( just 30 years) we are completely free to move on, since not that many people remember the movie (well). That’s actually weird! In Hungary, everybody, even the young generation, remembers Mephisto, our last Oscar. How was it to work with the composer Christian Jost? KM I was fascinated by his symphonic music. When we met, we talked a lot about a mixed form, which could of course use the narrative of the sung text but also the physicality of the music. So that the piece would prepare your heart for the intellectual message and not the opposite, where you would have to first understand something to have the possibility to feel anything. For me, I feel a complete freedom in opera, it’s great! Your role as a director is not so important as in movies or even in theater. In opera, at the end, what stays is the music. It cannot be anything else than opera, than music. The director is not the centre of the work. In the end, what is, is a Christian Jost Opera. I am just an interface. Of course, the skeleton, the structure, the archaic side, the road movie aspect, the documentary 38
approach come from our side, which is I suppose because we think in a dramaturgical way but Christiuan Jost composed to this dramatic structure. In Greek tragedy, everything is said at the beginning, the drama of hubris is clear from the first scene. KW Yes, like in Greek tragedy, we used the first act to establish what was the major conflict the audience should understand, which happens here between the wife and the husband: should we leave or should we go, is it a better future to go and leave everything behind? And then the real tragedy is to choose the kid, who embodies the figure of fate. He is both fate and fortune. A human but also a symbolic figure. The opening scene in the movie shows this quite well and it’s a parable, a premonition of what will/could happen after. The second act is how you see them going through all kinds of trials until fate pushes them in the third act into the mountains, another metaphor of fate. In Greek tragedy, there is always fate but there is also always hope, the hope to find a better way, to fight against the unavoidable and unescapable. In this way this story is also such a contemporary story even if nowadays everything happens without the gods, and yet for me the kid himself represents this divine character. KM We thought also about the old Greek chorus. In this opera, the music is like a chorus, commenting on the action of the protagonists, sometimes going against or with them, not always telling what you would expect, but without words. You have a lot of distance with reality even if on stage you use almost only real elements. KM As I am always saying, what we have on stage is like an installation. But an installation in a narrative framework, a simple frame made by a complex
A CONVERSATION WITH MUNDRUCZÓ AND WÉBER machine without you noticing any complexity. And for me the opera stage is a place of stylization, an ideal place to make a new piece of reality for a contemporary time. As a form of total work of art, it brings everything together to serve the same aim. That’s the best place today to explore the multiple layers with which we are all overwhelmed. Opera gives you the possibility to use all these layers together but still have something to tell! Not like in cinema where you are more like a piano player, you may have a great instrument but it has limits and borders within its nature. Here, in the end you have simultaneity and depth, it is expanded cinema. You can create time, dreams, prospective, it is still a very innovative genre - and audiences are starting to feel it. I already did a few music productions and I think there are still a lot of new territories to discover. What would you want people to feel (and think?) after the opera? KW We tried as much as possible to personalize the story: we had already worked a lot with refugees even before the crisis and suddenly then there was a twist on the subject. When you meet a refugee personally, even coming from a left-wing liberal family, it is a turning experience. There is deep empathy. Sure, we all have our political opinions but that doesn’t tell you what to do, it is actually just the way you vote. Now people are discovering how people create their opinions, how they think, and we are finding out that actually you never change your mind, you are almost born with it, or at least you grow up with it. So perhaps it is time not to believe in something or try to change people minds, but just to find other answers. All stories are different, they are just like people’s bodies, all the same, all different: here you have one story, not the story of a crowd. You identify with Haydar and Meryem, they are not strangers anymore. Their story could be yours too. And their decisions as well. 39
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ESSAI CHRISTIAN JOST
Le principe du voyage
Un essai par Christian Jost Compositeur
Voyage vers l’espoir
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L’état du voyage, d’une odyssée, ou d’un parcours détermine un fil rouge qui traverse toute mon œuvre jusqu’à présent, tant dans les œuvres concertantes symphoniques que dans les œuvres scéniques complètes. Il y a la pièce de concert Odyssée surréale pour 23 cordes solo (1994), dans laquelle un astronaute contemple une valse qui se tait peu à peu, l’opéra choral Angst - 5 Stationen einer Reise in das innere der Angst (2006), qui prend comme point de départ le drame montagnard de deux alpinistes et pose la question de la nature de la peur, le CocoonSymphonie - 5 Stationen einer Reise in das Innere (2003), comme un condensé purement symphonique d’un voyage destructeur à l’intérieur de soi-même, Odyssey für Klarinette und Orchester - Heart of Darkness (2007) en référence au roman du même nom de Joseph Conrad et ShanghaiOdyssey - für großes traditionelles chinesisches Orchester (2017) comme une traduction musicale de la mégaurbanité de Shanghai. Avec mon opéra Voyage vers l’espoir - Journey of Hope, je suis ce principe à un double niveau, aussi bien dans le sens de l’histoire à raconter que dans son exaltation musico-symphonique. Au film original de Xavier Koller, un road movie oscarisé du début des années 1990, et à l’étape intermédiaire – une version adaptée du film comme texte de mon travail – je juxtapose la musique et cette transformation résulte en un opéra qui pose ainsi en regard du film une véritable œuvre originale. Une œuvre à part 42
entière qui, comme le film, s’engage sur un thème qui est non seulement captivant par son actualité – ce qui est assez rare dans le monde de l’opéra - mais aussi par la signification de sa tragédie humaine sans cesse répétée, qui doit être racontée encore et encore ; un drame récurrent de réfugiés comme acte d’une catastrophe humanitaire complexe. Une famille d’Anatolie, le mari Haydar, sa femme Meryem et leur enfant Ali fuient vers la Suisse via l’Italie. Ce faisant, ils perdent non seulement toutes leurs modestes économies, mais ils perdent tout, leur patrie, leur confiance mutuelle, leur amour, leur enfant, leur vie. J’ai juxtaposé le modèle filmique très réel, le plus réel de mes dix opéras à ce jour, avec une grande structure musicale symphonique formelle en trois actes. Chaque acte forme un point focal instrumental qui joue un rôle de premier plan, structure symphoniquement et dirige les événements sur scène et dans l’orchestre. Ainsi, le premier acte est dominé par un violon concertant. Très virtuose, il illumine les intérieurs des protagonistes, et ici en particulier le for intérieur de Haydar. Souvent, le violon solo perce à travers le son de l’orchestre, entre en compétition soliste avec l’orchestre environnant et symbolise ainsi les luttes intérieures de Haydar sur la voie d’un avenir prétendument meilleur.
ESSAI CHRISTIAN JOST
Je conçois le deuxième acte comme un symbole de mouvement et de progrès constants, avec un ensemble de percussions compact de quatre interprètes. L’ensemble de l’acte est coulé dans un corset rythmique assez strict, où même la pluie incessante et la circulation rapide sur la scène sont soumises à un mètre serré. Des îlots de calme forment l’apparition, telle une ombre musicale, de la Médecin et du duo intime de Meryem et Haydar dans une structure rythmique par ailleurs compacte, dans laquelle toutes les séquences d’action sont musicalement entrelacées. Deux trompettes dominent le troisième et dernier acte, mais moins que le violon dans le premier acte. Le centre du troisième acte est le moment de la perte de l’enfant au milieu d’un paysage de montagne enneigé, que j’ai créé et composé comme un flottement tendu, un glissement. Une vision qui se dissout dans le temps et l’espace, dans laquelle l’orchestre s’éloigne de plus en plus des structures métriques. Les harmonies orchestrales dérivent en grappes désintégrées et le son de l’orchestre entier se matérialise presque, pour se retrouver à l’unisson sur un La, la vibration fondamentale de tout orchestre. Par cette rigueur symphonique, l’histoire tragique du road movie acquiert une tension orchestrale générale qui suit les événements réels sur scène et qui donne à l’œuvre sa véritable dynamique et le battement de cœur qui la fait vivre. Mon idée de terminer l’opéra par une question et non par l’aveu péremptoire de la culpabilité de Haydar
suit mon principe de composition qui consiste à transposer les moments essentiels de l’intrigue en des passages instrumentaux orchestraux et à transformer ainsi les développements de l’intrigue en transcendance musicale. Ma musique suit l’idée sonique d’une improvisation structurelle, qui se développe à partir de cellules germinales musicales de manière processuelle. Ainsi naît une structure organique, un courant de conscience à partir duquel, à l’instar d’un voyage, un élément aboutit à l’autre et entraîne ainsi des condensations et des tensions atmosphériques qui subdivisent et font progresser la dramaturgie de l’ensemble. Les dialogues respectifs sont entrelacés par des transitions instrumentales sans temps morts. Le flux instrumental n’est interrompu que par la division extérieure de trois actes, bien que ceux-ci s’enchaînent virtuellement à l’attaque. La scène est ainsi intégrée dans le sillage symphonique du stream of consciousness. Le cours de l’action flotte dans un fleuve de texte chanté et de symphonie orchestrale, dans lequel même les trains tonitruants, la pluie, les chiens qui aboient et le trafic autoroutier trouvent un pendant symphonique. Une structure organique, qui dans le jazz est appelée la troisième voie – Modern Creative. Mon travail porte toujours sur le flux organique et la respiration vivante. La transformation de la liberté et du groove du jazz et de la structure stricte de la musique classique ou nouvelle en une forme indépendante. 43
Civils réfugiés pendant la Deuxième Guerre sino-japonaise, 1937-1945 Photographie noir et blanc © SZ Photo / Scherl / Bridgeman Images
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ESSAI CHRISTIAN JOST
Les protagonistes de mon opéra sont composés de telle manière que les chanteurs rencontrent une âme à laquelle ils veulent et peuvent donner une forme humaine chantable. Je compose des lignes qui mènent directement au cœur du rôle et je donne aux chanteurs un matériau musical qui les emmène en un voyage à la découverte du personnage à interpréter et de sa fluidité atmosphérique. Le récit proprement dit, quelle que soit sa structure, fournit alors les indices et la marge de manœuvre nécessaires pour permettre une intensification dramaturgique et une condensation tonale. Un arc musical peut être tendu qui nous emmène dans les événements à représenter, nous permet d’y participer et ouvre à une sensibilisation à l’empathie, qui est d’une importance existentielle pour toute sublimation artistique et dans le cas de Voyage vers l’espoir en particulier. Pourtant, un opéra n’est pas un texte avec une bande sonore. La musique ne constitue pas non plus un simple sous-texte musical pour les événements qui se déroulent sur scène. La musique d’un opéra en est le cœur et l’âme dans une égale mesure, et c’est ce qu’il faut savoir pour comprendre l’essence même de l’opéra.
ORCHESTRE VOYAGE VERS L’ESPOIR 2 flûtes Flûte alto 2 hautbois Cor anglais 2 clarinettes en Si bémol Clarinette basse en Si bémol 2 bassons Contrebasson 4 cors en Fa 2 trompettes 2 trombones Vibraphone Marimba Cymbales chinoises 6 tom-toms Grosse caisse 2 timbales cubaines 2 woodblocks Violons I Violons II Altos Violoncelles Contrebasses
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Voyage vers la scène Trois structures genevoises, l’Hospice Général, le Grand Théâtre et l’association Antidote s’unissent pour proposer à un groupe de quinze requérants d’asile et réfugiés le projet Voyage vers la scène. Grâce à ce projet inédit, ils ont été engagés comme figurants dans la création mondiale du Voyage vers l’espoir du compositeur Christian Jost. Cette mesure d’insertion socio-professionnelle 46
originale a permis aux participants de développer la confiance en soi par l’intermédiaire d’ateliers autour du mouvement et de l’expression orale (menés par l’Association lausannoise Refugees Voices) , de favoriser leur insertion dans le tissu social genevois, et d’ajouter à leur parcours une expérience non seulement valorisante mais aussi valorisable auprès de potentiels employeurs.
ANTIDOTE
FIGURATION VOYAGE VERS LA SCÈNE
FIGURATION GTG
Yusuf Ziya Abakli Abdullatif Alabdullah Mateus Boaventura Labdirahman Elyaas Gebremeskel Ghurum Khodada Hafezi Mary Idehen Wail Janoura Niranjana Jegatheeswaran Habtom Kidane Natsinet Nuguse Mustafa Ozun Abdullah Sahin Jonas Okafor Umeh Fadya Wahab
Nadia Conti Arthur Müller Rosale Bérenger
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VOYAGE VERS L’ESPOIR
livret de Kata Wéber basé sur le film de Xavier Koller Reise der Hoffnung Adaptation française de Yannis Pouspourikas D’après la traduction française de Pascal Paul-Harang PERSONNAGES HAYDAR – LE PÈRE (baryton-martin) MERYEM – LA MÈRE (mezzo-soprano) MEHMET ALI – LE PETIT GARÇON (soprano) GÜNEY ET FATMA – LE FRÈRE ET LA SŒUR (rôles parlés) UN PAYSAN (ténor de caractère) MATTEO – UN CHAUFFEUR ROUTIER (baryton lyrique) UNE MÉDECIN (soprano) HACI BABA – UN MAFIEUX (baryton-basse) UN POLICIER (baryton-basse) UN BUREAUCRATE (baryton-basse)
État au 1er mars 2020, Sous réserve de modifications en fin de répétitions de la création mondiale.
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LIBRETTO I LE VILLAGE – ÉDEN 1 SUR LES VOIES FERRÉES Un vaste paysage au cœur de la Turquie. Trois enfants, Mehmet Ali, Fatma et Güney jouent dans le champ de maïs doré. Des voies ferrées sillonnent le paysage. Les enfants se couchent sur la voie ferrée. Un immense train passera, roulant au-dessus des enfants en les laissant indemnes. ALI Il arrive ? FATMA Pas encore. ALI Il arrive pas ? GÜNEY T’as peur ? ALI Voulez-vous savoir un secret ? Papa Maman nous abandonnent, pour toujours. FATMA & GÜNEY Impossible Chuut ! Le train arrive ! Allez, venez ! 2 LE CHAMP DE MAÏS Les parents Meryem et Haydar descendent au loin de la colline. MERYEM Donne-moi une raison et alors je ferai nos valises. Là-bas nous ne sommes rien.
HAYDAR Là-bas tout nous est possible. MERYEM Haydar ! C’est un dangereux voyage. HAYDAR Tu dois me faire confiance… MERYEM Que vas-tu faire ? Haydar, regarde-moi. Que veux-tu ? HAYDAR Vivre. Je veux vivre, Meryem ! MERYEM Cette terre est notre vie. Tu veux vendre la terre ? HAYDAR On pourrit ici : deux cadavres sur cette terre ! MERYEM Autrefois, tu voyais le monde entier dans mes yeux. HAYDAR Autrefois tu me faisais confiance. MERYEM Autrefois j’avais des raisons pour te faire confiance. HAYDAR Continue. Meryem, écoute-moi. Nous devons partir tant que notre sang est vif. Ne rêves-tu pas d’une chaîne en argent et d’un bracelet en or ?
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MERYEM Rien. Je ne veux pour moi que toi. HAYDAR Mais je suis déjà là, là, là. MERYEM Je sens ton cœur devenir froid, froid, toujours plus froid. HAYDAR Mais c’est ton cœur, le tien qui est d’un froid glacial. C’est pour ça que tu parles ainsi. MERYEM Promets-moi, Haydar, que tu ne vendras pas notre terre. Promets, que tu…
HAYDAR Mes misérables rêves gisent ici comme de vieilles chaussettes. Un homme n’a qu’une seule vie. Seul Dieu peut me commander, aucun homme ne peut. C’est maintenant ou jamais que je dois partir. 3 L’ACCORD (au Paysan) Je pensais que tu ne viendrais plus. Combien d’argent as-tu ? LE PAYSAN Assez ! HAYDAR Combien ?
HAYDAR … que moi, je reste emprisonné ici.
LE PAYSAN Comme convenu. Deux millions.
MERYEM Suis-je ta gardienne ici ?
HAYDAR Deux millions ? Ma terre vaut bien plus.
HAYDAR Tu es toujours sourde lorsqu’il s’agit de mes rêves.
LE PAYSAN Alors rends-moi mon argent. Ta terre ne vaut pas tant. Le sol est aride, manque de pluie. J’ai déjà de la vermine et même des dettes.
MERYEM Tes rêves ne font aucune place pour moi. HAYDAR Tu ne comprends donc rien. MERYEM Crois-moi, j’en comprends assez. Meryem disparaît au lointain. Les ombres tardives du jour assombrissent le paysage. Haydar reste seul.
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HAYDAR C’est tout – tout ce que j’ai. Il m’en faut plus, pour le voyage. LE PAYSAN Cherche-toi un autre acheteur. HAYDAR Peut-être j’arrête tout.
LIBRETTO LE PAYSAN As-tu changé d’avis ? HAYDAR Meryem ne veut pas… LE PAYSAN C’est là que le vent tourne. HAYDAR Elle veut rester. LE PAYSAN Ce n’est pas sa décision. Elle s’habituera. Haydar, tu as peur d’elle !
LE PAYSAN Pourquoi une maison ? Nous rasons la maison. Tout le monde part, person’ne reste. HAYDAR En un instant tout était parti. LE PAYSAN Nous nous crevons ici jusqu’à la mort. HAYDAR Tout est vendu. LE PAYSAN Et vous…
HAYDAR C’est bon, je prends.
HAYDAR … aucun retour
LE PAYSAN Tu peux me dire merci. Je t’en donne bien plus que sa valeur.
LE PAYSAN … vous êtes en route…
HAYDAR Qu’est-ce que tu attends ? Allez ! LE PAYSAN Mais moi aussi, je pourrais changer d’avis. HAYDAR Une nouvelle vie !
HAYDAR … n’est possible. LE PAYSAN … pour le paradis. HAYDAR Tout est vendu.
Ils se serrent la main. Haydar embrasse le paysan.
4 ADIEU
LE PAYSAN Mes hommes attendent déjà à ta maison. D’ici ce soir tout sera vidé.
Haydar regarde en l’air. Des nuages sombres s’accumulent dans le ciel. L’orage va ruiner la récolte. Ce n’est plus sa terre. Ce n’est plus son souci.
HAYDAR Vide, vraiment ?
FATMA Papa ! Papa ! Vite !
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GÜNEY Vite, Papa ! MERYEM Ils vident la maison ! Ils prennent les chaises… Haydar, Haydar ? Des hommes pillent la maison. Ils emportent tout.
HAYDAR Bien sûr vous venez avec nous. Mais pas maintenant. MERYEM Pas maintenant ? HAYDAR Non.
HAYDAR Laisse-les faire. Tout leur appartient. Ils ont payé pour ça. Tout leur appartient.
MERYEM Mais quand ? Ils sont encore si jeunes. Il va leur arriver quelque chose. Ils sont retournés à la voie ferrée. Ils sont si jeunes.
MERYEM Haydar, tu leur as tout vendu ?!
HAYDAR Fatma sera bientôt fiancée et Güney cherchera un travail…
HAYDAR Oui, je leur ai tout, tout vendu. Et nous partons dès demain.
MERYEM On pourrait pas…
FATMA Maman, où allons-nous?
HAYDAR Le chemin est trop dangereux. À trois, infaisable…
GÜNEY On va à la ville, Maman ?
MERYEM Tu me brises le cœur.
MERYEM Tu avais promis…
HAYDAR On en prend un avec nous, tu peux choisir.
HAYDAR Je n’ai rien promis. Pourquoi me regardes-tu ainsi ? Tu devrais être contente. Va, prépare tes affaires.
MERYEM Tu ne peux pas me demander ça. Comment m’imposer un tel choix ?
ALI On part avec vous ?
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HAYDAR Arrête de te plaindre ! Je partirai, même seul s’il le faut.
LIBRETTO MERYEM Choisis toi-même, moi je ne peux pas. HAYDAR Parfait. Dans ce cas, qui vais-je bien prendre ? FATMA Papa, Papa, moi. Je suis légère comme une feuille ! GÜNEY Non, moi, je suis fort comme le vent ! HAYDAR Toi, pourquoi devrais-je te prendre ? ALI Je ne sais pas pourquoi. HAYDAR Haha ! Haha ! Lui, on le prend. C’est même le plus petit. Il n’était même pas prévu. Un cadeau de Dieu, il nous portera chance. Ce n’est pas un adieu, vous nous rejoindrez. Faites-moi confiance.
II EN ROUTE 1 LE LONG DE LA ROUTE Meryem, Haydar et Ali marchent avec plusieurs dizaines d’autres personnes vers un avenir meilleur. La route est sombre et sinistre. Derrière cette foule sans visages qui marche péniblement, défilent des images de paysages et de villes. Ils marchent, ils marchent. Ali tente en vain de suivre l’allure. HAYDAR Les nuages s’assombrissent. Dépêche-toi. Il va pleuvoir. MERYEM J’essaie, oui, j’essaie, oui. Mais le petit… Regarde-le, il n’en peut plus. HAYDAR Pourquoi l’avons-nous donc emmené ? MERYEM Le bateau fut pour lui bien trop difficile.
MERYEM Regardez vers l’avant, jamais derrière.
HAYDAR Je t’avais prévenue.
HAYDAR & MERYEM Nous nous disons adieu mais nos âmes restent ensemble.
MERYEM Il est affreusement pâle. HAYDAR C’est un boulet. MERYEM Qu’attendais-tu de lui ? Des jours entiers que nous marchons. Il va falloir faire une pause. HAYDAR Après la frontière.
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Un camp de personnes déplacées de l’ethnie Rohingya, état de Rahkine, Birmanie occidentale. Photographie : DFID - UK Department for International Development, 2012
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LIBRETTO ALI Pourquoi n’arrêtons-nous pas une voiture ?
MERYEM C’est dangereux.
HAYDAR
ALI Stop ! Stop !
Nous ne sommes pas des mendiants. Ils marchent, marchent et marchent encore. Le chemin semble sans fin. Il pleut sans discontinuer. ALI On va se faire tremper. Où sont Güney et Fatma ? MERYEM Arrêtons-nous. On ne peut pas continuer, pas sous cette pluie. Nous n’avons plus rien. Plus une goutte d’eau, plus une miette de pain. Arrêtons-nous. Le temps que la pluie cesse. Ils s’arrêtent sous la pluie et regardent passer les autos. À un moment, Ali essaie d’en arrêter une. MERYEM Ils nous évitent comme la peste. ALI Stop ! Stop ! Ici ! MERYEM Mais reviens ! ALI Stop ! HAYDAR Que fais-tu ? ALI Stop !
HAYDAR Ils sont sans cœur. MERYEM Là ! Il freine. Il va nous prendre ! HAYDAR Je l’avais dit : il nous portera chance ! 2 LE PARADIS Matteo le chauffeur, Haydar, Meryem et Ali dans la cabine. MATTEO Tu es tout mouillé. Sèche-toi. Tu es tout pâle. D’où viens-tu ? As-tu perdu ta voix ? As-tu avalé ta langue ? MERYEM Nous venons de Maresh. Sept jours que nous sommes sur la route. MATTEO Sept jours déjà ... Quelle surprise, qu’il soit fatigué. Et jusqu’où allez-vous ? Où donc allez-vous ? HAYDAR En, en Suisse.
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ALI Au paradis. Nous allons au paradis. MATTEO Au paradis ? Ah, ça c’est bien ! Tu es chanceux. Figure-toi que je suis né au paradis. Il n’y a rien de plus beau. Je vous y emmène ? Tout y est – tout y est bien propre. Le ciel, et l’herbe aussi. Un vrai salon-lavoir. Une propreté parfaite. MERYEM Ça te ferait du bien, mon garçon. HAYDAR Oui, en Suisse, on te passera à la machine à laver. MATTEO J’ai moi aussi un fils. Il vit au paradis. Et moi je dois avaler des kilomètres pour qu’il ait à manger. Tiens, voilà un peu de chocolat. On voit bien que tu as faim. HAYDAR Mon fils, on dit merci. MATTEO Mais non, c’est trois fois rien. Tiens, encore. MATTEO Tous, baissez la tête. Vite. On va avoir des problèmes. MERYEM Qu’y a-t-il ? MATTEO Trop tard. S’ils demandent, on ne se connaît pas. Des étrangers. 56
HAYDAR & MERYEM On ne se connaît pas. Des étrangers. MATTEO Détendu. Là, ne pas faire d’erreur. POLICIER Contrôle routier. Passeports. Papiers. Descendez. MATTEO Moi ? Pourquoi moi ? D’accord, je ne veux pas d’ennuis à cause d’eux. LE POLICIER Les ennuis, vous vous les êtes faits tout seul. MATTEO Mais on pourrait s’entendre ? LE POLICIER Nous ne marchanderons pas. Ali tousse. MERYEM Mon fils, tu as pris bien froid sous cette pluie. MATTEO Qu’aurais-je dû faire ? Aucune chance… Retournez à la gare. Voici un peu d’argent et l’horaire. HAYDAR Non, merci. MATTEO T’en auras besoin. HAYDAR Non, merci…
LIBRETTO MATTEO S’il te plaît, accepte. Petit, pardonne-moi. ALI On se connaît pas. Nous sommes étrangers. MATTEO Petit, pardonne-moi. Moi je suis né au paradis. Tout y est bien propre. Un vrai salon-lavoir. 3 GARE CENTRALE Un train énorme entre en gare sur les lourds rails d’acier. En sortent des centaines de personnes. La gare est en pleine effervescence. HAYDAR On est là. Regarde tous les gens ici. Ils sont tous tellement pressés, si importants. Ils ne nous voient pas. MERYEM Qu’est-il est écrit ? Sur le papier que Matteo nous a donné ? HAYDAR Un nom. Haci Baba. À Milan. Bar Centrale. Il va nous aider. MERYEM On n’est pas des mendiants. Tu disais ça hier. LE MAFIEUX Où voulez-vous aller ? Matteo vous envoie, c’est ça ?
HAYDAR Au nord. Pouvez-vous nous aider ? LE MAFIEUX Ha. Ce n’est pas encore dit. Combien avez-vous ? HAYDAR Combien ça coûte ? LE MAFIEUX Tu veux savoir le prix ? Mille cinq cents. Chacun, bien sûr. Prix d’ami. HAYDAR Voilà tout ce qu’il nous reste. Il compte l’argent. LE MAFIEUX Ça ira. Pour un voyage retour vers Ankara. Avec le train de six heures trente. Bon voyage ! Cache ton argent. Partout ici des gens louches guettent pour vous voler. Ha ha, ha ha ha ha. Tu peux encore réfléchir. Ce soir, tu me trouveras encore là. Demain sera déjà trop tard. D’autres seront déjà là. 4 LE GRAND MALADE HAYDAR Mon fils, qu’as-tu ? Il est brûlant. Donne-lui à boire. MERYEM On n’a plus d’eau. Faisons demi-tour. Haydar, il en est encore temps. HAYDAR Tu regrettes les feuilles de maïs qui te coupaient les doigts ? 57
MERYEM C’était mieux que cette ville sale. Regarde autour : il n’y a même pas d’air. MERYEM Haydar ! Que fais-tu là ? Cherche de l’aide ! UNE MÉDECIN Laissez-moi passer, je suis médecin. Laisse-moi t’examiner, petit. Regarde-moi. Tu t’appelles ?
UNE MÉDECIN Et un morceau de sucre. MERYEM Ça va passer. UNE MÉDECIN Une gorgée d’eau. Tu reprends des forces. MERYEM Serre bien sa main.
MERYEM Ali, il s’appelle Ali.
UNE MÉDECIN Serre bien fort ma main.
UNE MÉDECIN Ouvre les yeux, Ali. Ça va passer. Suis mon doigt. En haut, et en bas. Maintenant tes doigts. Fais voir comment ils se touchent.
HAYDAR Serre sa main.
MERYEM Allez, fais toucher tes doigts. Bien ! UNE MÉDECIN C’est parfait. Ouvre la bouche. MERYEM Donne-lui la main… UNE MÉDECIN Donne-moi ta main… MERYEM … et ouvre la bouche. UNE MÉDECIN Laisse-moi regarder. Tout ira bien. MERYEM Tout ira bien.
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MERYEM Fort, serre bien. Ça va passer. HAYDAR Ça va passer. UNE MÉDECIN Ça va passer. MERYEM Ça va passer. HAYDAR Ça va passer. UNE MÉDECIN Ça va passer. MERYEM Ça va passer. HAYDAR Ça va passer.
LIBRETTO UNE MÉDECIN Ça va passer. Rentrez vite, le plus vite possible. Il a de la fièvre, il est éreinté. Il doit se se reposer. Donnez-lui cela. Rentrez aussi vite que possible. Il doit manger, baignez-le. Il doit dormir. Que faites-vous ici ? HAYDAR Nous sommes en train de rentrer chez nous. MERYEM Nous le ramenons chez nous. UNE MÉDECIN Alors, tout ira bien. MERYEM Le baignons, le mettons au lit. HAYDAR Nous le ramenons. UNE MÉDECIN Tout ira bien. La médecin s’en va. UNE MÉDECIN au loin Tout ira bien. 5 AU BOUT DE LA NUIT Meryem, Haydar et Ali sont assis, abandonnés sur les escaliers déserts de la gare. La gare est complètement déserte. Seule une équipe de nettoyage travaille en silence. HAYDAR Nous ne sommes pas faits pour ce monde.
MERYEM Rentrer à la maison ? Quelle maison ? Elle n’existe plus ! Nous avons tout perdu aujourd’hui. HAYDAR Je me suis trompé. Si mon pauvre père nous voyait, comme des clochards, la dernière des merdes, assis là aujourd’hui… MERYEM Tais-toi donc… HAYDAR Je me suis trompé. MERYEM Ils sont assis dans leurs maisons qui ne seront jamais les nôtres, mais la pluie n’emporte pas mon espoir. HAYDAR La pluie emporte mon espoir. HAYDAR Dans cette adversité, MERYEM Du ciel, HAYDAR & (MERYEM) la lune brille au fond de mon cœur. La pluie (n’) emporte (pas) mon espoir. MERYEM Pas mon espoir… HAYDAR Oui, mon espoir. Celui qui part, laisse son âme derrière. MERYEM Attends… 59
Frontière franco-suisse à Valleiry en 1944. © Bibliothèque de Genève.
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LIBRETTO HAYDAR Nous partirons demain.
LE MAFIEUX Pas d’argent, pas d’affaire.
MERYEM Attends, il reste une chance. Mon alliance. Mes boucles d’oreille.
LE MAFIEUX (parlé) Il y aurait bien un moyen.
HAYDAR Tu ne vends pas ton alliance.
HAYDAR (parlé) Vraiment ?
MERYEM C’est notre dernière chance.
LE MAFIEUX Nous mettrions noir sur blanc que tu as une dette chez moi.
HAYDAR Non, pas ton alliance.
MERYEM Sur un simple papier ?
MERYEM La dernière chance. Haci Baba nous dira combien nous lui devons encore.
LE MAFIEUX Un simple papier. Une simple garantie.
6 LA DERNIÈRE CHANCE MERYEM Combien te devons-nous encore ? Mon alliance, mes boucles d’oreilles. Combien encore ? HAYDAR Ne donne pas l’alliance, Meryem ! MERYEM Encore combien ? LE MAFIEUX Juste un peu d’or. Ça ne nous mène pas loin. Il manque encore deux mille. MERYEM Mais que peut-on faire ?
HAYDAR Et rien d’autre ? LE MAFIEUX Oui, c’est tout. Et la moitié de ce que tu gagneras là-bas. HAYDAR La moitié ? LE MAFIEUX Là-bas, tu nous le donnes. En deux ans, tu peux facilement tout nous rembourser. HAYDAR La moitié. LE MAFIEUX Avec l’autre moitié vous vous en sortirez. MERYEM Allez signe, Haydar. C’est notre unique chance.
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HAYDAR Alors oui, je signe. LE MAFIEUX Encore une chose. La route est dangereuse. Il n’y a aucune garantie. Je suis ton ami, mais les montagnes… C’est un monde étranger et hostile. Beaucoup font demi-tour. MERYEM Beaucoup, oui, mais nous pas. Nous, nous passerons. ALI Attention, le train arrive ! Fatma ! Güney ! MERYEM Tout va bien. Ali, tout va bien. ALI Maman, où sont Fatma et Güney ? Sommes-nous déjà au paradis ? MERYEM Non, non, mais bientôt. À ton réveil. Ferme les yeux. Quand tu les ouvriras, nous serons au paradis, paradis, paradis, paradis. Alors qu’Ali se plonge dans un rêve heureux, l’image de la gare se dissipe en un néant. Autour de Haydar, Meryem et Ali se dressent des montagnes gigantesques.
III LES ALPES – LE PARADIS PERDU 1 DANS LA MONTAGNE Un paysage de montagnes blanches et brillantes. Souffle un vent fort. Haydar porte Ali. Son état a empiré. MERYEM Tout est si blanc ici. Comme dans un rêve. Comme dans un rêve sans fin. Même le silence est lourd. Le silence si lourd. Ali ! Il tremble de froid. Et sa bouche, ses lèvres sont bleues. HAYDAR Accroche-toi, on est presque arrivés. MERYEM Ses lèvres sont bleues. HAYDAR Dans la valise, prends la couverture. Prends les médicaments. Meryem essaie de poser et d’ouvrir la valise mais alors qu’elle se redresse la valise lui échappe des mains et tombe dans un précipice. MERYEM Non ! HAYDAR Tu t’es fait mal ? MERYEM Je me suis tordu le pied. HAYDAR Ne bouge pas. Je viens vers toi.
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LIBRETTO MERYEM Laisse-la. HAYDAR Et les médicaments ? MERYEM Laisse. Le plus important, c’est de passer la montagne. Sans bagage. HAYDAR Vois ! MERYEM Avançons ! HAYDAR Là-bas ! MERYEM Sinon nous mourrons. HAYDAR Les lumières au loin. C’est la frontière. Quand nous l’aurons passée, nous serons au paradis. HAYDAR Ils lancent les chiens contre nous. Ils sont tout près. Très près. Donne-moi le dernier bout de pain. Vite. Donne. Et séparons-nous, ils perdront notre trace. Va par là. Vite, vite. Tiens-toi bien. Je prends par la pente. Toi et Ali, le chemin facile. MERYEM Avec ma cheville, je n’y arrive pas. Prends-toi Ali. HAYDAR Moi, prendre Ali ?
MERYEM Prends le petit. Et prends-en bien soin. On se retrouve là où les chemins se croisent. 2 PÈRE ET FILS Haydar et Ali continuent à deux. La tempête de neige continue de faire rage. Haydar est à bout de forces. Les gouttes de sueur qui roulent sur son front se transformes en perles de glace. Chaque respiration est douloureuse. HAYDAR Ne regarde pas Ali, pas vers les cimes mais vers le bas. Tu vois la route, Ali ? Tu vois la rout’en haut ? Tu vois Maman ? Tu ne dis rien ? Réponds ! Ne t’endors pas, fils, tu ne peux pas. Tiens, mange, un peu de chocolat. Mange, mon fils. Vois-tu ? Ils nous cherchent là-bas. Et Maman bataille toute seule. Ils ratissent tous les chemins. Je dois jeter un œil de l’autre côté. Tu restes ici, sois silencieux. Promis ? Sinon, ils te trouveront. 3 LE MONSTRE Haydar se dirige vers le chemin. ALI Doucement. Qui est là ? Qui est ici ? Où est-il ? Il nous tourne autour. Je sens son haleine. Oui c’est le monstre. Je dois me cacher. Je n’ai pas peur. Ali essaie de creuser un trou dans la neige. La tempête s’intensifie. Ali est presque perdu dans la tempête de neige. 63
ALI Tu veux me tuer ? Moi j’ai même pas peur de toi. Ali veut partir, mais la tempête de neige l’en empêche. Il s’effondre. Il est à moitié recouvert de neige par terre. Les chutes de neige commencent maintenant à décliner. Ça ne prend pas longtemps. Maintenant, pour la dernière fois, il se relève. Comme quelqu’un qui a vu quelque chose. ALI Fatma, Güney, c’est vous ? C’est vous ? J’ai cru que c’était le monstre. Oui, c’est bien le paradis. Voyez, de la neige. Froide comme un sorbet à Maresh. Prenez-en, servez-vous ! Ali trébuche. Il recommence à neiger. 4 FLOCON DE NEIGE HAYDAR Mon fils ! Que fais-tu là ? Il ne faut pas. ALI Papa, Fatma et Güney sont là ! Mais où est maman ? HAYDAR Que racontes-tu ? ALI Où est maman ?
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HAYDAR On va la trouver ensemble. Viens, Ali Mehmet, tiens bon, n’abandonne pas. Entre ciel et terre. Mon cœur bat comme au seuil du néant. Je voulais continuer ? Je ne sais plus ce qui me guidait. Cet endroit me déchire je le sens. Quelque chose d’inexorable me dévore. Ali, mon fils, réveille-toi. Dis quelque chose. Pas maintenant, je t’en supplie. N’abandonne pas. Il devient plus léger, toujours plus léger. Il va s’envoler. Plus rien ne le retient. Il est léger, si léger, comme un flocon de neige. Léger, si léger. Il vole. Plus rien ne le retient. Haidar s’affaisse avec le corps de l’enfant dans les bras. Lumières de projecteurs. Des gens arrivent. Parmi eux, Meryem. MERYEM Haydar ! Lâche-le, Haydar, lâche-le ! Je vais le réanimer. Haydar ! L’horreur ! L’horreur ! Pourquoi l’as-tu laissé mourir ? Pourquoi ? Je veux mourir avec lui. Tout ce que nous étions est mort. Meryem s’éffondre. Un garde-frontière emmène Haydar. Les immenses montagnes rétrecissent jusqu’à ce qu’elles disparaissent sur l’horizon. À leur place, un mur s’élève. Haydar est assis sur une chaise. Il regarde les grilles devant lui, mais il ne les voit pas.
LIBRETTO 5 EN PRISON LE POLICIER Je dois vous arrêter. Émigration illégale. Homicide involontaire. HAYDAR Je suis coupable. LE POLICIER Tout n’est pas que soleil ici. Avez-vous de l’argent ? Pour prendre un avocat. Sinon, on vous en commet un d’office. Le temps de l’enquête vous restez en détention. Le reste sera l’affaire du juge. L’avocat trouvera tout dans le dossier d’accusation. Signez-ici. Haydar signe le papier. LE POLICIER Pourquoi êtes-vous venu ici ? HAYDAR J’avais de l’espoir. LE POLICIER En quoi ?
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Entre espoir et douleur
par Charlie Godin Martin Bodmer
La mort d’un enfant est un drame sur lequel il est difficile de mettre des mots. La langue elle-même trouve ses limites. On parle d’orphelins, de veufs ou de veuves, mais il n’existe pas d’équivalent pour désigner la condition d’un père ou d’une mère ayant perdu son descendant. Face à la souffrance éprouvée, l’écrit et le langage apparaissent néanmoins comme un remède, voire une catharsis. Tiré de faits réels et adapté du film éponyme, Voyage vers l’espoir retrace le parcours d’une famille quittant la Turquie pour émigrer clandestinement en Suisse. Cherchant des conditions de vie meilleures, Haydar et Meryem prennent avec eux l’un de leurs enfants, Mehmet Ali, avec l’intention de sortir de leur grande pauvreté. Pour entamer ce périple, le couple vend tous ses biens et prend la route. Les trois personnages arrivent non sans difficulté en Italie, avant de conclure un marché avec un passeur. C’est de nuit qu’ils franchissent la montagne et espèrent traverser la frontière suisse. La neige, la fatigue
et le froid viennent pourtant mettre un terme à leur rêve, en prenant la vie du jeune enfant. Avec la mort du fils, tout espoir se trouve anéanti, la quête vide de sens. Haydar le résume ainsi : « Ce que je cherchais ? Le paradis. Ce que j’ai trouvé ? L’enfer sur la terre. » Ce sentiment d’avoir tout perdu face au décès brutal de l’enfant, qui peut inciter à laisser une trace de sa souffrance, entre en résonance avec l’héritage du romantisme européen. Plusieurs célèbres textes se sont en effet imposés comme de poignants témoignages de l’amour parental, et comme de vibrantes déclarations aux êtres chers, partis alors qu’ils n’avaient pas atteint l’âge adulte. C’est par exemple le cas de deux poèmes, écrits dans le deuxième quart du XIXe siècle, par Alphonse de Lamartine et Victor Hugo.
FONDATION MARTIN BODMER
Dans son ouvrage Souvenirs, impressions, pensées et paysages pendant un voyage en Orient (18321833), ou Notes d’un voyageur, Lamartine rend compte du désespoir dans lequel la disparition soudaine de sa fille l’immerge. Alors qu’il visite la Terre sainte et ses environs tel un pèlerin fasciné par un ailleurs mythique, il perd brutalement Julia, victime de tuberculose. Le livre, dans lequel quelques poèmes en vers viennent rythmer le récit en prose, laisse une place émouvante à ce drame, et notamment avec « Gethsémani ou la mort de Julia ». Pour le poète désormais, « Toute [son] âme est un tombeau ».
Dans la préface des Contemplations (1856), Victor Hugo indique quant à lui qu’il s’agit du « livre d’un mort », et les « Mémoires d’une âme ». L’accident mortel de Léopoldine vient scinder en deux le recueil, marquant un avant et un après, un passé et un présent. Le poème « Demain, dès l’aube… » révèle le chagrin du père meurtri, pour qui « le jour [….] sera comme la nuit ». Pour Lamartine comme Hugo, le drame familial apparaît comme une fissure dans leur existence, il fait naître une forme d’agonie du père qui les plonge dans une insondable tristesse autant qu’elle motive une parole poétique à la fois très personnelle et universelle.
Victor Hugo Les Contemplations 1856, Paris, édition originale. Photo : © FMB / Naomi Wenger
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CHRISTIAN JOST Compositeur
KATA WÉBER Livret et dramaturgie
Lauréat du fameux prix Ernst von Siemens 2003, chef d’orchestre et compositeur, Christian Jost compte un large répertoire, allant des pièces orchestrales – la première (Magma) ayant été créée en 1992 à Darmstadt – aux musiques de ballets comme Rotkammertraum en 2015 à Pékin en passant par les concertos, un point-clé de son œuvre. Il crée des ambiances propres à la réflexion : « Le devoir de l’art est de faire aller les gens plus loin », explique-t-il. À l’opéra, il a notamment créé Vipern, Death Knocks en 2005, et plus récemment Hamlet pour la Komische Oper Berlin et Rote Lanterne pour l’Opernhaus de Zurich.
Actrice et dramaturge, Kata Wéber écrit des pièces qui sont jouées à Varsovie (The Bat, Pieces of a Woman), Hanovre (My Sweet Haiti), Zurich (Hotel Lucky Hole) et Budapest (Dementia et Evolution au Proton Theatre). Sa pièce Imitation of Life mise en scène par Kornél Mundruczó est nominée pour le prix Der Faust 2017 et jouée au Théâtre de Vidy en 2018. Sa première collaboration avec le réalisateur Kornél Mundruczó, le film White God, reçoit le prix « Un certain regard » à Cannes en 2014 et sort outre-Atlantique lors du Sundance Film Festival en 2015. Leur film suivant, La Lune de Jupiter, fait partie de la sélection officielle de l’édition 2017 du Festival de Cannes.
BIOGRAPHIES
GABRIEL FELTZ Direction musicale
KORNÉL MUNDRUCZÓ Mise en scène
Né à Berlin, Gabriel Feltz jouit d’une grande expérience dans la musique contemporaine, ayant par exemple dirigé HamletMachine de Heiner Müller composé par Wolfgang Rihm à Zurich en 2016 (création suisse), Ekklesiastische Aktion de Bernd Alois Zimmermann à Cologne en 2015 et Il prigioniero de Luigi Dallapiccola en 2015 dans la même ville. Ayant dirigé de nombreuses formations en Allemagne et en Autriche (Stuttgart, Dortmund, Graz), Gabriel Feltz dirige aussi des opéras (Die Meistersinger von Nürnberg, Der fliegende Holländer) et la musique symphonique (symphonies de Mahler à Graz et Brückner).
Cinéaste hongrois, Kornél Mundruczó réalise des courts et longs métrages et se produit aussi comme acteur. Il fréquente souvent le festival de Cannes, son film Johanna étant présenté en 2005 dans la section « Un certain regard », alors que La Lune de Jupiter fait partie de la sélection officielle de l’édition 2017. À chaque fois, l’attention est portée sur les laissés pour compte. Szép napok remporte le Léopard d’argent au Festival de Locarno en 2002. Kornél Mundruczó pratique la mise en scène notamment avec sa compagnie Proton Theatre, fondée en 2009 avec Dora Büki. Le Voyage vers l’espoir est sa première à l’opéra.
MONIKA PORMALE Scénographie et costumes La réalisatrice et scénographe lettone Monika Pormale s’est fait un nom dans de nombreuses expositions d’art visuel. Depuis 2000, elle travaille comme scénographe pour le metteur en scène Alvis Hermanis sur Latvian Stories et Latvian Love au Théâtre de Riga, L’Idiot au Schauspielhaus de Zurich, Platonov à l’Akademietheater Wien et The Sound of Silence au Festival de Salzbourg. À l’opéra, elle réalise les décors pour Eugène Onéguine à Saint-Pétersbourg et pour Salomé de Richard Strauss au Théâtre Mariinski en 2017-2018. Elle collabore avec Kornél Mundruczó sur L’Affaire Makropoulos à l’opéra des Flandres (2016) et Liliom au Festival de Salzbourg (2019).
FELICE ROSS Lumières Felice Ross crée les lumières pour des productions d’opéra, théâtre, danse et installations artistiques dans le monde entier. Parmi ses réalisations pour la scène lyrique figurent The Medium de Gian Carlo Menotti à l’Israeli Opera, Lulu à La Monnaie de Bruxelles, L’Affaire Makropoulos au Vlaamse Opera, Kinkakuji de Toshiro Mayuzumi à Tokyo et Strasbourg. Elle travaille aussi à Madrid, Paris, Cape Town, au Royal Opera House, aux festivals de Salzbourg et d’Aix-en-Provence. En 2018, Felice Ross est parrainée par Sir Paul McCartney comme membre associée du Liverpool Institute for Performing Arts.
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KARTAL KARAGEDIK Haydar, le père
RIHAB CHAIEB Meryem, la mère
JÉRÉMIE SCHÜTZ Un paysan
Né à Izmir (Turquie), où il fait sa formation musicale, il rejoint en 2009 la troupe de Theater Magdeburg et en 2013, celle de Theater Erfurt. Ses débuts de carrière l’ont vu se produire au Teatro Comunale de Bologne et au Festival Puccini de Torre del Lago. Depuis 2015, il est en troupe à l’opéra de Hambourg où il a fait ses débuts en Chorèbe (Les Troyens) sous la baguette de Kent Nagano et en Comte Almaviva dans la production de Stefan Herheim dirigée par Ottavio Dantone. Il a également chanté Rodrigue dans Don Carlos à Anvers. Outre sa carrière musicale distinguée, Kartal Karagedik est un photographe reconnu, avec plusieurs expositions à son actif.
Talent issu du jeune ensemble du Metropolitan Opera, Rihab Chaieb fait des débuts remarqués dans les rôles de Zulma (L’Italiana in Algeri), Laura (Luisa Miller) et Zerlina (Don Giovanni) et cumule les distinctions : 1er prix au concours international Gerda Lissner (2016), 3e prix Operalia (2018) et finaliste de la Neue Stimmen Competition (2013). Par la suite, elle est engagée pour Dorabella (Così fan tutte) au Teatro Santiago de Chile, Fantasio à Montpellier, Kasturbai dans Satyagraha de Philip Glass au Vlaamse Opera, ainsi que dans la création mondiale The Phoenix de Tarik O’Regan au Houston Grand Opera. Elle chante sous la direction de Gabriel Feltz lors de ses débuts en Carmen à l’opéra de Cologne.
Très jeune, Jérémie Schütz s’intéresse à la scène. Adulte, il choisit d’étudier la musique et intègre la classe de Hiroko Luyet-Kawamichi à la Haute École de Musique de Lausanne. De 2015 à 2018, il se perfectionne auprès de Ludovic Tézier et en 2017 à l’Accademia Teatro alla Scala. En 2015, il se produit au Grand Théâtre de Genève, au Victoria Hall et à l’Opéra national de Lyon dans Mesdames de la Halle (Raflafla). En 2017, il tient le rôle du Guépard dans Les Zoocrates de Thierry Besançon à l’Opéra de Lausanne. En 2018, il donne un récital à l’Abakan Music Festival, chante dans le Requiem de Mozart au Victoria Hall. En 2019, il donne un récital à l’Abakan Music Festival et I due Foscari (Jacopo) à Saint-Moritz.
BIOGRAPHIES
VINCENT LE TEXIER Matteo, un chauffeur routier Profondément marqué par la production des Impressions de Pelléas de Peter Brook, dans laquelle il chante le rôle de Golaud, Vincent Le Texier allie le baroque (Platée de Rameau) et la création contemporaine (Kagel, Constant, Fénelon, Testi) en passant par Mozart, l’opéra du XIXe (Faust) et du XXe avec Pelléas et Mélisande, Wozzeck, ou encore Saint François d’Assise, dont il interprète le rôle-titre, notamment lors de la création japonaise de l’œuvre à Tokyo. Plus récemment, il incarne Arkel (Pelléas et Mélisande) à l’Opéra du Rhin, celui de Nick Shadow (The Rake’s Progress) à l’Opéra de Nice ainsi que celui du Père dans la création de Pinocchio de Boesmans au Festival d’Aix-en-Provence.
MELODY LOULEDJIAN Une médecin Pratiquant plusieurs instruments, Melody Louledjian aborde les répertoires classique et contemporain avec la même aise, en faisant des incursions dans la chanson française des années 1930 et le jazz. Elle débute sa carrière au Grand Théâtre de Bordeaux dans Le Balcon de Peter Eötvös dans le rôle de Carmen et ensuite incarne Musetta (La Bohème), Adele (Die Fledermaus), Eurydice (Orphée aux enfers) et Violetta (La Traviata) toujours à Bordeaux, puis à Paris et au Bayerische Staatsoper. Elle participe à la création de Trois Contes de Gérard Pesson à l’Opéra de Lille en mars 2019. Elle a aussi interprété Gabrielle dans La Vie parisienne à l’Opéra de Lausanne.
MARCEL BEEKMAN Haci Baba, un mafieux
DONALD THOMSON Un policier, Un bureaucrate
Célébré par la critique internationale pour ses interprétations de musique baroque (Platée de Rameau) et contemporaine, Marcel Beekman se distingue également dans des rôles de caractère comme Der Hauptmann et Der Narr dans Wozzeck, notamment dans la mise en scène de Krzysztof Warlikowski au DNO en 2017, Ein Tanzmeister dans Ariadne auf Naxos, ou encore Le Cabaretier dans Benvenuto Cellini. Son Mime dans la trilogie wagnérienne au Wiener Staatsoper (2017) est salué par la critique internationale. Il se produit aussi dans de nombreux rôles du répertoire moderne et contemporain, notamment dans des œuvres de Stravinski, Britten, Nicolas Obouchov et Pascal Dusapin.
D’origine écossaise, Donald Thomson a été récemment intégré dans l’Opera Studio de Zurich et est membre de la troupe de Opera Vlaanderen où il interprète Clemens / Hafner / Hauptmann dans la création mondiale des Bienveillantes et Un médecin dans Macbeth. Il fait récemment ses débuts au Festival de Glyndebourne dans le rôle du Docteur Grenvil de La Traviata et au Welsh National Opera dans celui de Jacquot de Guerre et Paix, puis au Royal Opera House, Covent Garden, en été 2019, Peter de Hänsel und Gretel et Fafner au Festival d’Édimbourg. ✿ ✿ Membre du Jeune Ensemble
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ORCHESTRE DE LA SUISSE ROMANDE
Premiers violons Svetlin Roussev Bogdan Zvoristeanu Abdel-Hamid El Shwekh Medhat Abdel Salam Yumiko Awano Caroline Baeriswyl Linda Bärlund Elodie Bugni Theodora Christova Stéphane Guiocheau Yumi Kubo Florin Moldoveanu Bénédicte Moreau Muriel Noble Yin Shen Michiko Yamada
Hilmar Schweizer Jakob Clasen Laurent Issartel Yao Jin Olivier Morel Caroline Siméand Morel Silvia Tobler Son Lam Trân
Seconds violons Sidonie Bougamont François Payet-Labonne Claire Dassesse Rosnei Tuon Florence Berdat Gabrielle Doret Véronique Kümin Ines Ladewig Claire Marcuard Eleonora Ryndina François Siron Claire Temperville-Clasen David Vallez Cristian Vasile Nina Vasylieva Eurydice Vernay
Flûtes Sarah Rumer Loïc Schneider Raphaëlle Rubellin Ana Naranjo Jerica Pavli
Altos Frédéric Kirch Elçim Özdemir* Emmanuel Morel Barry Shapiro Hannah Franke Hubert Geiser Stéphane Gontiès Denis Martin Saya Nagasaki Marco Nirta Verena Schweizer Catherine Soris Orban Yan Wei Wang Violoncelles Aram Yagubyan Cheryl House Brun
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Contrebasses Héctor Sapiña Lledó Bo Yuan Alain Ruaux Ivy Wong Mihai Faur Adrien Gaubert Gergana Kusheva Trân
Hautbois Nora Cismondi Clarisse Moreau Vincent Gay-Balmaz Alexandre Emard Sylvain Lombard Clarinettes Dmitry Rasul-Kareyev Michel Westphal Benoît Willmann Camillo Battistello Guillaume Le Corre Bassons Céleste-Marie Roy Afonso Venturieri Francisco Cerpa Román Vincent Godel Katrin Herda Cors Jean-Pierre Berry Julia Heirich Isabelle Bourgeois Alexis Crouzil Pierre Briand Clément Charpentier-Leroy Agnès Chopin
Trompettes Olivier Bombrun Stephen Jeandheur Gérard Métrailler Claude-Alain Barmaz Laurent Fabre Trombones Matteo De Luca Alexandre Faure Vincent Métrailler Andrea Bandini Laurent Fouqueray Tuba Ross Knight Timbales Arthur Bonzon Olivier Perrenoud Percussions Christophe Delannoy Michel Maillard Michael Tschamper Harpe Notburga Puskas Pratique d’orchestre (DAS) Gaëlle Spieser (violon) Isabel Arregui (alto) Antoine Regnard (cor) Production Guillaume Bachellier (délégué) Régie du personnel Grégory Cassar (régisseur principal) Mariana Cossermelli (régisseuse adjointe) Régie technique Marc Sapin (superviseur et coordinateur) Vincent Baltz (coordinateur adjoint) Frédéric Broisin (régisseur de scène) Aurélien Sevin (régisseur de scène)
ÉQUIPES
ÉQUIPE ARTISTIQUE
ÉQUIPES TECHNIQUES
Assistant direction musicale Yannis Pouspourikas
Directeur technique Luc Van Loon
Assistants mise en scène Marcos Darbyshire Luc Birraux
Régisseure technique de production Ana Martin Del Hierro
Assistant décorateur Rūdolfs Baltins
Régisseur de production Chantal Graf Régisseur Luc Birraux
Chefs de chant Réginald Le Reun Jean-Paul Pruna
Directeur artistique adjoint Arnaud Fétique
Chargé de production artistique et casting Markus Hollop Assistante de production et responsable de la figuration Matilde Fasso Responsable des ressources musicales Éric Haegi Tops surtitres Claire Peverelli
Adjointe administrative Sabine Buchard
Chef de plateau Gabriel Lanfranchi
Machinerie Juan-Manuel Calvino Éclairages Serge Alerini
Accessoires Damien Bernard
PERSONNEL PERMANENT
voir gtg.ch/equipes
Électromécaniciens Jean-Christophe Pégatoquet Son/Vidéo Michel Boudineau Habillage Joëlle Müller
Perruques/maquillage Karine Cuendet Christèle Paillard Carole Schoeni (dès le 30.3.20) Ateliers Costumes Armindo Faustino-Portas Cornland studio Michael Guillod Pierre Belli Zelda Chauvet Léon Orlandi
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LA FONDATION DU GRAND THÉÂTRE DE GENÈVE La Fondation du Grand Théâtre de Genève
Le Conseil de Fondation est composé de
subventionnée par la Ville de Genève. Le but de
municipal et le Conseil administratif de la Ville
est une fondation d’intérêt public communal,
la Fondation est d’assurer l’exploitation du Grand
Théâtre de Genève en y organisant des spectacles d’art lyrique, chorégraphique et dramatique.
Le statut de la Fondation a fait l’objet d’une loi
quatorze membres désignés par le Conseil
de Genève et d’un membre invité représentant
du personnel. Le Conseil de fondation nomme en son sein un Bureau.
cantonale en 1964.
Secrétariat Cynthia Haro T +41 22 322 51 71 fondation@gtg.ch
CONSEIL DE FONDATION
Directeur général Aviel Cahn
M. Guy-Olivier Segond*, vice-président
Adjointe administrative Sandrine Chalendard
M. Claude Demole*
SECRÉTARIAT GÉNÉRAL
M. Rémy Pagani*
Secrétaire générale Carole Trousseau-Ballif
Mme Lorella Bertani, présidente M. Pierre Conne*, secrétaire M. Sami Kanaan*
M. Manuel Tornare* M. Juan Calvino**
M. Jean-Pierre Jacquemoud M. Marc Dalphin
Mme Danièle Magnin
Mme Françoise de Mestral M. Albert Rodrik
M. Pascal Rubeli
Mme Salika Wenger
M. Guy Demole, président d’honneur
M. Jean-Flavien Lalive, président d’honneur †
*Membre du Bureau ** Membre invité représentant du personnel
Situation au 23 octobre 2019
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DIRECTION GÉNÉRALE
Secrétaire Cynthia Haro
MÉCÉNAT
REJOIGNEZ LE CLUB ! Vous souhaitez vous associer à un projet innovant et
renouvelé. À partir de la saison 2019-2020, le Grand
assure son rayonnement sur l’arc lémanique et sur la
d’initiatives : des productions lyriques innovantes, les
dynamisant pour le Grand Théâtre de Genève, qui
scène internationale. Vous avez envie de participer à la conception et à la mise en œuvre de nouvelles
initiatives destinées à créer des liens entre les diverses formes d’expression artistique. Vous êtes désireux de valoriser le rôle sociétal de l’opéra et de la danse,
de renforcer l’ancrage du Grand Théâtre à Genève,
ou encore d’ouvrir largement ses portes à toutes les
générations, à tous les habitants de la ville et à tous
les visiteurs de passage. Devenez mécène du Grand
Théâtre de Genève ou rejoignez le nouveau club de ses grands mécènes.
Les mécènes du Grand Théâtre de Genève peuvent choisir de soutenir l’institution, une production
spécifique, un projet défini, ou encore l’événement
dédié à la Genève internationale dont le concept sera
Théâtre propose à ses mécènes un éventail séduisant volets pédagogique et programmatique du GTJ –
Grand Théâtre Jeunesse, les projets de La Plage visant à rendre l’opéra et la danse accessibles à tous ou
encore une très riche programmation chorégraphique
et de récitals. En soutenant le Grand Théâtre de Genève vous démontrez votre engagement en faveur des
arts, vous cultivez votre image et vous jouissez d’une
visibilité exceptionnelle. Vous pouvez aussi organiser
des opérations de relations publiques dans les espaces restaurés et réimaginés du Grand Théâtre, offrir des
avantages inédits à vos collaborateurs et bénéficier
de liens privilégiés avec les artistes et le processus de création artistique.
N’hésitez pas à nous contacter : mecenat@gtg.ch
LE GRAND THÉÂTRE DE GENÈVE REMERCIE POUR LEUR GÉNÉREUX SOUTIEN :
La Ville de Genève, l’Association des communes genevoises, le Cercle du Grand Théâtre de Genève, la République et Canton de Genève Ses grands mécènes : Monsieur et Madame Guy et Françoise Demole, Madame Aline Foriel-Destezet, Emil Frey, Indosuez Wealth
Management, JTI, la Fondation Leenaards, Madame Brigitte Lescure, la Famille Lundin, la Fondation Francis et
Marie-France Minkoff, la Mobilière Suisse Société d’assurances, la Fondation de bienfaisance du groupe Pictet, REYL & Cie SA, la Fondation Edmond J. Safra, l’Union Bancaire Privée UBP SA, la Fondation VRM Ses mécènes : La Banque Cantonale de Genève, la Fondation Alfred et Eugénie Baur, la Fondation Bru, Cargill International SA, la Fondation Coromandel, Monsieur et Madame Claude et Solange Demole, Monsieur Éric Demole, la Fondation Philanthropique Famille Firmenich, Caroline et Éric Freymond, Generali Assurance, Gonet & Cie SA, la Fondation Otto et Régine Heim, Hyposwiss Private Bank Genève SA, la Fondation Jan Michalski, Mirabaud & Cie SA, Adam & Chloé Said
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LE CERCLE DU GRAND THÉÂTRE DE GENÈVE
Le Cercle du Grand Théâtre de Genève rassemble toutes
POURQUOI REJOINDRE LE CERCLE ?
activités du Grand Théâtre dans le domaine des arts ly-
dans l’art vivant avec la plus grande scène culturelle
les personnes et entreprises intéressées à soutenir les
rique, chorégraphique et dramatique. Depuis sa création en 1986, le Cercle apporte chaque saison un important soutien financier au Grand Théâtre par des contribu-
Pour partager une passion commune et s’investir de la Suisse romande.
POUR BÉNÉFICIER D’AVANTAGES EXCLUSIFS :
soutient les productions suivantes : Aida, Les Huguenots
· · · ·
Rejoindre le Cercle du Grand Théâtre de Genève, c’est
·
lui donner les moyens de poursuivre sa mission : ouvrir
· ·
réflexions sociétales d’aujourd’hui, impliquer le jeune pu-
· ·
tions aux spectacles. Pour la saison 2019-2020, le Cercle et Voyage vers l’espoir.
soutenir une institution culturelle au service de sa ville et les cœurs à la magie de l’opéra, éveiller les esprits aux
blic dans la vie lyrique, rendre les spectacles accessibles au plus grand nombre, accueillir des productions et des artistes de premier ordre et promouvoir la création et l’innovation artistiques.
· · · · · · · ·
Cocktails d’entracte Dîner de gala Voyages lyriques Conférence annuelle Les Métiers de l’Opéra, visites guidées, rencontres avec les artistes Participation à la finale du prestigieux Concours de Genève (section voix) Priorité pour la souscription des abonnements Priorité de placement et utilisation de la même place tout au long de la saison Service de billetterie personnalisé Envoi des programmes des spectacles et des numéros du magazine du Cercle et du Grand Théâtre Visibilité sur tous les supports du Grand Théâtre (si souhaité) Tarifs préférentiels pour la location des espaces du Grand Théâtre Déductibilité fiscale des donations faites au Cercle du Grand Théâtre Invitation au Pot de Première Meet & Greet avec artiste et/ou membre de la production Présentation de saison privée et en avant-première par la Direction Générale Visite privée du Grand Théâtre (sur demande) Accès gratuit à toutes les activités de La Plage
BUREAU (novembre 2019)
AUTRES MEMBRES DU COMITÉ (novembre 2019)
M. Rémy Best, président
Mme Claudia Groothaert
M. Shelby du Pasquier, vice-président Mme Véronique Walter, trésorier
Mme Beatrice Rötheli-Mariotti, secrétaire Mme Françoise de Mestral
M. Antoine Khairallah
Mme Coraline Mouravieff-Apostol M. Xavier Oberson
M. Gerson Waechter M. Rolin Wavre
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CERCLE DU GRAND THÉÂTRE
MEMBRES BIENFAITEURS
M. Antoine Khairallah
M. Julien Schœnlaub
M. Jean Bonna
M. et Mme Jean Kohler
Baron et Baronne Seillière
Mme René Augereau
Fondation de bienfaisance de la banque Pictet
M. et Mme Pierre Keller
Banque Lombard Odier & Cie M. et Mme Yves Oltramare Rushmorehills SA
M. et Mme Gérard Wertheimer MEMBRES INDIVIDUELS
S.A. Prince Amyn Aga Khan Mme Diane d’Arcis
M. et Mme Luc Argand Mme Gillian Arnold M. Ronald Asmar
Mme Christine Batruch-Hawrylyshyn Mme Annie Benhamou
Mme Maria Pilar de la Béraudière M. Vincent Bernasconi
M. et Mme Philippe Bertherat Mme Antoine Best
M. et Mme Rémy Best
Mme Saskia van Beuningen
Mme Clotilde de Bourqueney Harari Comtesse Brandolini d’Adda M. et Mme Yves Burrus Mme Caroline Caffin
Mme Maria Livanos Cattaui
M. et Mme Jacques Chammas
Mme Muriel Chaponnière-Rochat M. et Mme Claude Demole M. et Mme Guy Demole
M. et Mme Olivier Dunant
Mme Denise Elfen-Laniado Mme Diane Etter-Soutter
Mme Catherine Fauchier-Magnan Mme Clarina Firmenich
M. et Mme Éric Freymond
Mme Elka Gouzer-Waechter Mme Claudia Groothaert
M. et Mme Philippe Gudin de La Sablonnière Mme Bernard Haccius
M. et Mme Philippe Jabre M. et Mme Éric Jacquet M. Romain Jordan
Mme Madeleine Kogevinas M. David Lachat M. Marko Lacin
Mme Brigitte Lacroix
M. et Mme Pierre Lardy Mme Éric Lescure Mme Eva Lundin
M. Bernard Mach
Mme France Majoie Le Lous M. et Mme Colin Maltby
Mme Jacqueline Mantello
M. et Mme Thierry de Marignac Mme Mark Mathysen-Gerst Mme Doris Mast
Mme Michèle Schwok-Sitbon Marquis et Marquise Enrico Spinola Mme Christiane Steck
M. et Mme Riccardo Tattoni M. et Mme Kamen Troller
M. et Mme Gérard Turpin
M. et Mme Jean-Luc Vermeulen M. et Mme Julien Vielle
M. et Mme Olivier Vodoz
Mme Bérénice Waechter M. Gerson Waechter
M. et Mme Stanley Walter M. et Mme Rolin Wavre
M. Bertrand Maus
MEMBRES INSTITUTIONNELS
Mme Sophie Merieux
Banque Pâris Bertrand SA
M. et Mme Olivier Maus Mme Béatrice Mermod
M. et Mme Charles de Mestral
Mme Catherine Meyer Frimenich Mme Jacqueline Missoffe
M. et Mme Christopher Mouravieff-Apostol Mme Philippe Nordmann M. Xavier Oberson
M. et Mme Patrick Odier
1875 Finance SA Fondation Bru
International Maritime Services Co. Ltd. JT International SA Lenz & Staehelin
Schroder & Co banque SA SGS SA
M. et Mme Alan Parker
Plus d’informations et le détail complet des
Mme Sibylle Pastré
gtg.ch/cercle
M. Shelby du Pasquier
M. et Mme Wolfgang Peter Valaizon
avantages pour les membres du Cercle sur
M. et Mme Gilles Petitpierre
Inscriptions
M. et Mme Guillaume Pictet
de Genève
M. et Mme Charles Pictet M. et Mme Ivan Pictet
M. et Mme Jean-François Pissettaz Mme Françoise Propper Comte de Proyart
M. et Mme Christopher Quast M. et Mme François Reyl Mme Karin Reza
M. et Mme Andreas Rötheli M. et Mme Gabriel Safdié
Marquis et Marquise de Saint Pierre M. Vincenzo Salina Amorini Mme Nahid Sappino
Cercle du Grand Théâtre Gwénola Trutat
Case postale 5126 1211 Genève 11
+41 22 321 85 77 (8 h-12 h) cercle@gtg.ch
Compte bancaire No 530290
Banque Pictet & Cie SA Organe de révision Plafida SA
M. Paul Saurel
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Les Amis du GTG Grand Théâtre de Genève
Aimez-vous l’opéra, le ballet ou tout
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l’ambition artistique de la plus grande
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simplement le Grand Théâtre et désirezun/e ami/e du Grand Théâtre, c’est soutenir institution culturelle de Suisse romande.
Tout au long de la saison, le Grand Théâtre
Genève, vous bénéficiez de nombreux engagement.
offre aux amis une série de rendez-vous
Voulez-vous rejoindre les amis du
artistes, d’accéder en avant-première à
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qui donnent le privilège de rencontrer des des répétitions, de découvrir les métiers de la scène, de visiter les ateliers de création de costumes, décors et de participer à des
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bien plus encore. Le Grand Théâtre vous propose de plonger dans l’univers intimiste des spectacles de la saison et de vous
Grand Théâtre de Genève, bénéficier
activités ? Pour ce faire, rendez-vous sur le
site du Grand Théâtre à la page gtg.ch/ amis et suivez simplement les indications. Les Amis du GTG : amis@gtg.ch
rapprocher de ceux qui, dans la lumière
comme dans l’ombre de la scène, œuvrent pour l’art lyrique et chorégraphique afin
de nous faire rêver. Devenez membre de
notre grande famille, rapprochez-vous
de la création artistique et bénéficiez de nombreux avantages.
IMPRESSUM
TEXTES Rédacteurs Christopher Park, Clara Pons, Kata Wéber, Christian Jost, Huda Bakhet
GRAND THÉATRE DE GENÈVE Boulevard du Théâtre 11 C.P. 5126 1211 Genève 11
Traducteur Christopher Park
Standard +41 22 322 50 00 Billetterie +41 22 322 50 50 Contact info@gtg.ch gtg.ch #WeArtGTG
Relecteur Patrick Vallon DIRECTEUR DE LA PUBLICATION Aviel Cahn CONCEPTION ET RÉALISATION GRAPHIQUE Gregor Schönborn
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IMPRESSION Atar Roto Presse SA
“In private banking, it’s time for common sense to be more common.”
Expect the expected Hyposwiss Private Bank Genève SA, Rue du Général-Dufour 3, CH-1204 Genève Tél. +41 22 716 36 36, www.hyposwiss.ch