’ e t t e c s n a D
edition:
Guyane Française / Pêche en Inde / Interview de: Mike Kirkpatrick / Igloo lake lodge Nunavut / L’art autour de la pêche: Casey Underwood art USA / Pêche à la mouche au Bhoutan / Pêche en Patagonie / Histoire: Technique de pêche du Moyen-Age / Atoll de Cosmoledo
fly away
UN RÊVE DE PÊCHEUR
Le rêve de tout pêcheur à la ligne est de pêcher aux Bahamas. Vous pouvez le réaliser en partant avec des guides formés qui vous emmèneront dans jusqu’à 16 destinations insulaires, des milliers de kilomètres de côte et des platiers cachés. Découvrez les secrets des locaux pour attraper de gros poissons tels que le thazard noir, le thon jaune et la très rare banane - un challenge digne de ce nom pour n’importe quel pêcheur à la ligne.
Rendez-vous sur Bahamas.com/fishing ou appelez le: 0044 207 3550800 2
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H2O anno XV APRILE 2022 Direttore Responsabile Sara Ballotta Direttore Editoriale Giorgio Cavatorti Redazione Giorgio Cavatorti Via Verdi, 30 42027 Montecchio Emilia (RE) e-mail: info@ cavatortigiorgio.it FOTO COPERTINA unsplash - JOSHUA EARLE Hanno collaborato a questo numero: Walter McPerson, Mike Kirkpatrick, RASMUS OVESEN, MARTIN EJLER OLSEN, Casey Underwood, Franck Osen, Jan Nachtigal, Riccardo De Stabile, SANDRO MEDIANI Art Director E GRAFICA: OMAR GADE, VALENTINA SCARABELLI, ANGLINGCONSULTING.ONE Stampa: “Tipografifia Bertani” Cavriago (RE) Fotografi di Redazione: Alessandro Seletti Traduzioni: Rossella Catellani, Elisabetta Longhi Autorizzazione Tribunale di Bologna n°8157 del 01/02/2011 Poste Italiane spa- Spedizione in Abbonamento Postale - 70% - aut. Roc N°20825 del 10/03/2011 - DCB Bologna Una copia € 8, 00 Arretrato € 10,00 Copyright © 2008 Tutti i diritti sono riservati, è vietata la riproduzione anche parziale senza l’autorizzazione della Redazione. Fotografie e manoscritti non richiesti non vengono restituiti. Per qualsiasi informazione inerente i viaggi trattati nel magazine, vi invitiamo a contattare la Redazione.
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C'est le premier numéro de l'année 2022, et comme toujours nous travaillons déjà sur de nouveaux projets. Il s'agit en fait du premier numéro publié également en français/ anglais grâce à la collaboration avec Adrien de Villeneuve, ami et grand voyageur. L'édition française contiendra des pages publicitaires et des articles différents de l'édition italienne. Pour toute information concernant la distribution sur le marché français, belge et suisse merci de nous contacter directement. Le numéro sera également distribué dans les nombreuses foires de printemps, où nous vous attendons pour vous accueillir, pour vous renseigner sur une destination ou un lodge de pêche ou tout simplement pour discuter. Bonne lecture.
his is the first issue of year 2022, and we are already working on new projects. This is in fact the first issue published in French / English thanks to the collaboration with Adrien De Villeneuve, a friend and great traveler. The French edition will have some advertising pages and articles different from the Italian one. For any information concerning distribution on the French and Belgian market, please contact us. The number will also be distributed in the numerous spring fairs, where we are waiting for you to greet you, to get information about a destination or a fishing lodge or just to have a chat.
Enjoy the reading
Giorgio
oilà prêt de 10 ans que j’organise de voyage de pêche sportive au quatre coins du monde. Au delà du voyage ou du souvenir d’un poisson trophée, les rencontres au bord de l’eau peuvent être de vraies révélations. Ce fût le cas entre Giorgio et moi, nous avons donc décider d’unir nos forces pour continuer à vous faire voyager au travers d’un magazine que l’on ne présente plus dans le monde des moucheurs voyageurs. Au dela du magazine nous serons heureux d’échanger et partager avec nos lecteurs sur les salons du printemps prochain. C’est avec fierté et modestie que je vous présente le premier numéro de cette nouvelle collaboration.
t's been almost 10 years since I've been organizing some sport fishing trip all around the world. Beyond the trip or the memory of a trophy fish, encounters at the water's edge can be real revelations. This was the case between Giorgio and me, so we decided to join forces to continue to make you travel through a magazine that is no longer presented in the world of fly fishing travelers. Beyond the magazine, we will be happy to discuss and share with our readers at the fishing shows next spring. It is with pride and modesty that I present to you the first issue of this new collaboration.
Adrien
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Contents 6
GUYANE FRANÇAISE FRENCH GUIANA
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PÊCHE EN INDE FISHING IN INDIA
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INTERVIEW DE : MIKE KIRKPATRICK NZ INTERVIEW TO: MIKE KIRKPATRICK NZ
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L’ ”IGLOO LAKE LODGE NUNAVUT” IGLOO LAKE LODGE- NUNAVUT
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L’ART AUTOUR DE LA PÊCHE : CASEY UNDERWOOD ART USA ART FISHING: CASEY UNDERWOOD ART - US
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PÊCHE À LA MOUCHE AU BHOUTAN FLYTIER- REPELE DIMITRI
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PÊCHE EN PATAGONIE PATAGONIA FISHING
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HISTOIRE : TECHNIQUE DE PÊCHE DU MOYEN-AGE HISTORY: MEDIEVAL FISHING TECNIQUE
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ATOLL DE COSMOLEDO COSMOLEDO ATOLL
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e n a y u •G e s i a ç n a Fr ADrien de Villeneuve
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French Guiana
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a France possède un réseau hydrographique remarquable connu de nombreux pêcheurs voyageurs. Mais rares sont ceux qui pensent au « petit bout » de France d’Amérique du Sud, situé entre le Brésil au sud et le Surinam à l’Ouest. C’est pourtant là, en Guyane Française que j’ai décidé de me rendre pour croiser le fer avec un poisson horsnormes, l’aïmara. C’est lors d’un voyage de pêche à la mouche dans les Dolomites que mon ami Jean-Baptiste m’a parlé pour la première fois de ce poisson préhistorique qu’est l’aïmara. Les flammes dans ses yeux lorsqu’il me décrivait ses actions de pêche en disaient long sur les émotions que
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rance has a remarkable hydrographic network known to many travelling fishermen. But very few people think about that "little piece" of France in South America, which is located between Brazil to the south and Surinam to the west. It is however there, in French Guiana, where I decided to go in order to cross swords with an unusual fish, the aïmara. It was during a fly-fishing trip in the Dolomites when my friend Jean-Baptiste told me about this prehistoric fish for the first time. The flames in his eyes as he described his fishing outings spoke volumes about the emotions this fish can bring. Since I was very young I was attracted
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ce poisson procure. Depuis mon tout jeune âge j’ai été attiré par la forêt Amazonienne, sa faune et sa flore remarquable, ses peuples aux us et coutumes quasiment inchangé depuis des millénaires...en deux mots une « terre d’aventure » comme je les aime. Il n’aura pas fallu attendre longtemps pour commencer à se projeter sur place et à y organiser une expédition. En 1994 un barrage hydroélectrique a été créé sur le lit du fleuve Sinnamary, le barrage de « Petit-Saut ». Il s’agit du plus grand lac de tout le territoire français. Cette mise en eau fut un réel
bouleversement écologique. Selon les locaux, cet immense ouvrage serait à l’origine de l’augmentation significative de la taille moyenne des aïmaras. C’est depuis la seule mise à l’eau du barrage que nous partons pour rejoindre le cours supérieur du Sinnamary. Les quelques heures de navigations se font au milieu d’un paysage hallucinant. Des milliers d’arbres sont immergés, dont seules les cimes dépassent de l’eau. Entre les bois morts, nous arrivons à suivre l’ancien lit du fleuve pour arriver à la première frontière naturelle, le saut de Takari Tanté.
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Les guyanais nomment les chutes d’eau et cascades des « sauts ». C’est là que nous passerons la première nuit. Il reste quelques heures avant le coucher du soleil, le temps de lancer quelques mouches dans le bouillon du saut. A cet endroit du fleuve, on a l’impression de pêcher dans un torrent à truite…où des poissons de plus de 10 kg sont présents ! Au cœur de cette nature sauvage, il est indispensable d’avoir un guide chevronné pour plusieurs raisons. La sécurité, la connaissance du terrain, la notion de survie, la compréhen-
by the Amazonian forest, its remarkable fauna and flora, its people with habits and customs almost unchanged for thousands of years... In a few words, a "land of adventure", just the way I like them. It wasn't long before we started to plan an expedition over there. In 1994 a hydroelectric dam was created on the bed of the Sinnamary River, the so-called "Petit-Saut" dam. It is the largest lake of the whole French territory. This impoundment was a real ecological disruption. According to the locals, this huge structure is the reason for the signifi-
cant increase in the average size of the aïmaras. It is from this dam impoundment that we set off to join the upper section of the Sinnamary. The few hours of navigation are done in the middle of a hallucinating landscape. Thousands of trees are submerged, with only the tops sticking out of the water. Going forward between the dead wood, we manage to follow the old riverbed and reach the first natural border, the Takari Tanté jump. The Guyanese call the waterfalls and cascades "jumps". This is where we will spend our first night. There are
a few hours left before sunset, enough time to cast a few flies into the "broth" created by the jump. At this spot, it feels like fishing in a trout stream... Where fish weighing more than 10 kg are present! In the heart of this wilderness, it is essential to have an experienced guide for several reasons. Safety, knowledge of the terrain, the notion of survival, understanding of the fish... These are all essential points for the success of the trip. The guide's know-how is highlighted during the handling of the dugout canoe. Managing
"Pêche sportive en forêt primaire"
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sion du poisson…ce sont des points essentiels pour le bon déroulé du séjour. Le savoir-faire du guide est mis en exergue lors du maniement de la pirogue. Gérer les dérives d’une embarcation de plus de 7 mètres à la seule force des bras et d’une pagaie n’est pas mince affaire ! Pour débusquer les aïmaras lors des dérives, il faut aller le chercher au plus près des obstacles. L’art précis du maniement de la pirogue prend ici tout son sens. Durant l’expédition nous attaquerons les aïmaras sur trois zones différentes. Tout d’abord les sauts qui sont des zones à forts courants formés
là où la rivière se rétrécie et devient accidentée. Généralement on y traque les poissons avec des mouches bien lestées pour atteindre rapidement les parties les plus profondes. Ensuite lors de la saison sèche, certains poissons se retrouvent bloqués dans des affluents de quelques mètres de large à peine. Pêche à pied et devant soit dans un espace réduit, où des poissons de plus de 10 kilos mettrons à mal votre matériel et votre rythme cardiaque ! Enfin, on pratique les dérives sur le cours principal du fleuve où les poissons se concentrent le long des berges à l’image d’un Black-Bass. C’est au popper que la
pêche prend tout son charme…le bruit sourd et puissant que fait la mâchoire du poisson sur le pop vous fera sursauter à coup sûr ! Il n’aura pas fallu longtemps pour que l’on pique nos premiers aïmaras. A la touche, je comprends tout de suite pourquoi ce poisson ne laisse personne indifférent. C’est une brute épaisse, qui une fois piquée, n’hésite pas à se défendre avec des chandelles explosives. Lorsqu’il est ferré dans le courant ses rushs ne vous laissent pas d’autres choix que de suivre le poisson sous peine de le perdre. Lorsqu’il sent la pression de l’autre côté de la ligne, son premier objectif est d’aller
the water drifts with a boat of more than 7 meters, by using solely the arms and a paddle, is not an easy task! To track down the aïmaras during these float trips, you have to look for them as close as possible to the obstacles. This is where the precise art of handling the dugout canoe takes on its full meaning. During the expedition we will approach the aïmaras on three different zones. First of all, the jumps, which are strong-current areas formed in the spots where the river becomes narrower and also rougher. Generally, we use heavy-weighted flies to reach the deepest spots
quickly. Then, in the dry season, some fish will remain locked down in tributaries that are only a few metres wide. Wading and fishing upstream in these reduced areas, with fish of more than 10 kilos around, will definitely challenge your gear and also your heart rate! And, finally, we can also float the main course of the river where the fish concentrate along the banks, just as any Black-Bass would. Fishing with poppers takes on its full charm... the powerful thumping sound made by the jaw of the fish on the pop will make you jump for sure! It didn't take long for us to catch our first
aïmaras. As soon as I had a strike, I immediately understood why this fish does not leave anyone indifferent. It is a thick bruiser, which once hooked, does not hesitate to fight with explosive leaps. When hooked in the current, its rushes leave you no choice but to follow the fish or risk losing it. When they feel the pressure on the other side of the line, their first objective is to take refuge in the smallest obstacle within reach of their fins... There is only one solution, to slow them down and get them out of the weeds, putting your hand on the reel and pulling as hard as you can in order to avoid giving
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se réfugier dans le moindre obstacle à portée de nageoire…il n’y a qu’une solution pour le freiner et l’extirper des racines, mettre la main sur le moulin et tirer aussi fort que possible pour ne lui laisser aucun centimètre ! La concentration d’aïmaras est impressionnante,
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mais c’est le poids moyen qui est incroyable. Sur la semaine nous avons touché des poissons entre 1 et plus de 12 kilos, mais le poids moyen des prises est aux alentours des 6 kilos ce qui est plus que satisfaisant pour des pêcheurs sportifs. Les robes de ses poissons évoluent en fonction du
biotope dans lequel ils se trouvent, passant du noir profond au jaune assez claire lorsqu’il est sur un banc de sable…la palette de couleur est large avec des reflets violets qui viennent compléter le tableau. Je suis marqué par ce poisson, d’autant plus qu’en tenant mon premier aïmaras
them a single centimetre! The number of aïmaras is impressive, but it is the average weight that is incredible. During the week we caught fish between 1 and more than 12 kilos, but the average weight of the catches is around 6 kilos, which is a lot more
than satisfactory for sport fishermen. The colours of these fish evolve according to the biotope in which they are found, going from deep black to a fairly light yellow when they are on sandbanks... The range of colours is wider with the purple reflections which complete the
whole picture. I am marked by this fish, and even more so as, while holding my first aïmara in front of the lens to immortalize the moment, I saw the eye of the fish turning to me to look straight into my eyes. This fish has an additive of soul! (or This fish has a supplement of
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face à l’objectif pour immortaliser le moment par un cliché, j’ai vu l’œil du poisson tourner pour me fixer droit dans les yeux…ce poisson à un supplément d’âme ! J’ai déjà quelques voyages de pêche au compteur, mais celui-ci à une saveur toute particulière. L’immersion totale au cœur d’une cathédrale de verdure est une expérience unique et vaut déjà le voyage. En action de pêche on aperçoit régulièrement de majestueux aras, une myriade de singes, le fameux morpho…et qui sait, vous aurez peut-être la chance de croiser la route du roi, le jaguar. Rajoutez à cela un poisson avec une défense hors-normes et vous avez le combiné parfait de voyage aventure de pêche sportive.
soul! or This fish has an extra dose of soul!) I already have a few fishing trips under my belt, but this one has a very special flavour. The total immersion in the heart of this lush green cathedral is a unique experience and makes the trip worth it on its own. During the fishing, we see majestic macaws regularly, a myriad of monkeys, the famous morpho butterflies... and who knows, you might even be lucky enough to cross paths with the king, the jaguar. Add to this a fish with extraordinary jaws and you will have the perfect combination for an adventurous fishing trip.
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Guyane Amazonie
© Jean-Emmanuel Hay
La pêche sportive… où passion rime avec plaisir !
wwww.guyane-amazonie.fr
Walter McPerson
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COULEURS INDIENNES (OU MASHEER HIMALAYEN)* INDIAN COLORS 19
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Un voyage en Inde n’est pas qu’un voyage de pêche
our mes compagnons et moi, l’opportunité de pêcher la rivière Saryu était un rêve qui est devenu réalité. Notre objectif était le masheer doré et notre voyage était organisé par Misty Dhillon, le gérant de la société Himalay Outback. Bien que Misty ait à peine 30 ans, elle a déjà acquis sa notoriété dans l’organisation et la préservation de
cette pêche unique et extraordinaire. J’aimerais commencer par dire qu’un séjour sur la Saruy de n’importe où dans le monde est une aventure bien avant d’arriver sur la rivière. Pour moi, cela à commencer par un vol d’une heure de Kansas city à Chicago un dimanche après midi suivi de 14 heures de vol jusqu’à Delhi pour y arriver le lundi matin vers 8 heures
30. Après avoir récupérer mes bagages et passé la douane, j’ai été accueilli par David, le directeur de Misty, qui m’a conduit dans une chambre d’hôtes indienne charmante. Après une nuit réparatrice et une visite de Delhi le mardi matin, il m’a accompagné à la gare de New Delhi pour embarquer dans un train à destination de Kathgodam où nous sommes arrivés vers
A trip to India is not only for fishing For me and my adventure mates the opportunity to fish in the Saryu River in northeastern India was a dream come true. Our target was the Golden Masheer and the travel was organized by Misty Dhillon, the owner of Himalaya Outback. Although Misty is in her early 30s, she is already a legendary figure in the promotion and preservation of this extraor-
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dinarily unique fishing. I would like to start by saying that traveling to the Saryu River from anywhere in the United States is an epic travel even before you get to the river. It began with an hour’s flight from Kansas City to Chicago O’Hare on a Sunday afternoon, followed by a 14-hour night flight from O’Hare to Delhi, and arrival in Delhi on Monday around 8:30
pm. After clearing my luggage through customs and retrieving it, I was joined by Misty’s manager, David, who took me to a lovely Indian guest house. After an overnight stay there and a visit to Delhi on Tuesday morning, he took me to the railway station of New Delhi, where we boarded a train for Kathgodam. We reached Kathgodam around midnight that
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minuit le soir même. La dernière étape de notre voyage a commencé à 4 heures du matin le lendemain par 10 heures de route en Jeep 4x4 pour atteindre le confluent de la Saryu et de al Mahakali. On a immédiatement commencé à pêcher pendant que le reste de notre équipement était conduit au camp. La Saryu coule au fond d’une vallée escarpée au pied de l’Himalaya. Pour se rendre compte, la frontière népalaise est située juste sur la rive en face de la rivière Mahakali. Avant mon arrivée des pluies de mousson ont causé des inondations dantesques dans la vallée. Une grande partie de la route que nous avons emprunté depuis Kathgodam a été tellement endommagé que cela prendra des mois de travail acharné pour la remettre en état. En fait, depuis les rives de la Saryu on aperçoit clairement les traces d’énormes glissements de terrain jusque dans la rivière. Mon hôte, Misty, toujours très dévoué, m’a patiemment initié au fondamentaux du « Spey cast » même si une canne à une main marche très bien sur la rivière aussi.
same day. The last leg of our outward journey began at 4:00 the following day, with a 10-hour drive on a 4WD jeep to get to the confluence of the Saryu and Mahakali rivers. We immediately began fishing, while the rest of our equipment was taken along the river to the camp. The Saryu River flows through a deep valley at the foot of the Himalaya. Just to give you an idea of where the camp is situated, consider that the opposite bank of the Mahakali River is Nepal’s boundary. Before my arrival monsoon rains had caused floods of biblical proportions in the valley of the river. Most part of the road we took from Kathgodam to the camp had been seriously damaged and it would take several months of hard work to make it perfectly serviceable again. In fact, even from the banks of the Saryu rivers you can clearly see the tracks of enormous landslides that got as far as the banks of the river. My host, Misty, who was always kind, patiently showed me the basic techniques of spey casting. Even one-hand
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Le camp de la Saryu en territoire Himalayen rappelle une authentique expédition de l’ère coloniale britannique. Installé sur une plage de sable doux et blanc comme du talc, le camp consiste en différentes tentes spacieuses ; une pour les repas, une pour la douche et une autre pour les toilettes. La tente pour la cuisine et le personnel était installé un peu en retarit dans la jungle. Chaque pêcheur avait sa tente particulière grande et confortable avec un lit de camp militaire, une sorte de petite commode en tissu et un tabouret. Une des choses qui m’a le plus frappé était la fraîcheur et la propreté du linge de lit. Je me souviens qu’ils étaient sortis à l’ombre de la forêt durant la journée pour les garder au frais. Chaque matin quand nous étions à la pêche le personnel démontait et nettoyait le camp. Les repas étaient plutôt d’inspiration occidentale avec une touche d’exotisme indien. Nous avions des œufs, des pancakes, de la viande en boite, des pommes de terre et des toasts pour le petit déjeuner. Enfin la vie au camp était extrêmement confortable et les soirées se finissaient autour du feu. La journée de pêche commençait à 6 heures du matin par un tasse de thé avant une marche de
rods worked well on this river. Saryu’s camp in the Himalayan backcountry reminds you of a true expedition of the British colonial era. Situated on a white, soft sand beach, almost like talc, the camp consisted of spacious tents; there was a tent for lunch, one for the shower and one for the bathroom. The tent for cooking and the staff were accommodated back in the jungle. Every guest had his own spacious tent with a comfortable, small British-army bed, a small mesh dresser and a stool. One of the things that most struck me was the freshness and cleanliness of the bed linens. I remember that they were put in the jungle during the day to keep them fresh. Every morning, while we were fishing, the camp staff disassembled the tent and rearranged it. Dinners were all mainly western with an Indian touch. Breakfast usually consisted of toast, eggs, pancakes, canned meat and Indian potatoes. All in all, life at the camp was extremely comfortable and the day usually ended in front of a roaring fire. The fishing day started around 6:00 in the morning with a cup of tea and then a 45-min-
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45 minutes le long de la rivière. Je recommanderais quand même un sac étanche pour protéger quelques affaires et vos appareils électroniques. La vallée est très humide et la condensation se dépose rapidement sur les vêtements et équipements. Il faut prévoir des tenues qui sèchent vite ainsi que des pantalons et des chemises à manches longues pour se protéger des insectes. Il est aussi recommandé de prévoir une assurance assistance rapatriement comme toujours pour ce genre d’expédition. Ce qui est frappant dans ce voyage, c’est l’atmosphère ambiante. Le camp est à proximité d’un temple vieux de 1000 ans qui vaut le détour. Pendant le voyage de retour sur Kathgodam, j’ai même vu un léopard mangeant la carcasse d’une vache sur le bord de la route. On a fait demitour pour essayer de faire des photos mais l’ani-
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mal avait disparu dans la forêt. Des petits singes noirs timides étaient aperçus tous les jours ainsi que de nombreux oiseaux et papillons aux couleurs éblouissantes. Misty m’a dit que leur camp établi sur la Rivière Ramganga était encore plus propice à l’observation de la faune y compris des tigres du bengale et des éléphants. Le camp de la Ramganga disposait aussi de kayaks pour des excursions sur la rivière. Si vous n’êtes jamais allé à Delhi, la ville mérite la visite : les couleurs, le bruit, les odeurs de cette mégalopole sont uniques. C’est compliqué de savoir par où commencer la visite tellement la ville regorge de quartier riche en histoire et en intérêt. Les Mosquées, forts et autres monuments du vieux Delhi vous rappelle l’importance de l’influence islamique en Inde. On citera parmi les plus remarquables le majestueux Fort
Rouge, le Chandni Chowk à coté du Raj Ghat et bien sur le Shanti Vana, ce dernier construit après l’indépendance de l’Inde en 1947. Ce voyage fût-il une réussite ? Je dirais oui. J’ai pris de nombreux masheers dont un particulièrement gros sans compter que j’en ai perdu plusieurs autres sans doute encore plus gros ! Je recommande à tout le monde cette expérience. L’inde est un pays fascinant et la puissante d’un masheer est une épreuve à vivre pour un pêcheur. La Saruy dans l’Himalaya est vraiment l’endroit pour ça. (*) car « Couleurs indiennes » on ne sait pas de quoi on va parler sauf s’il y a un énorme masheer en photo et encore!
ute walk in the river. I would recommend that you pack a bag to be kept dry in order to protect your electronic devices. The valley of the river is very humid and condensation is easily formed at night on equipment and clothes. You need light clothing that dries fast, as well as long trousers and shirts with long sleeves to protect yourself from insects; it is also recommended that you avail of a medical evacuation insurance from Global Rescue (www.globalrescue.com) for such trips. What is certainly striking in this travel is the atmosphere of the places. The camp is at a short distance from a 1,000-year old temple, a place which is certainly worth the hike. During the journey back to Kathgodam, we saw a leopard eat the carcass of a cow on the road side. We turned the jeep and went back to shoot some photos, but the noise probably scared the
leopard which rushed back to the forest. Shy black monkeys are spotted every day as well as several bird species and a number of bright-colored butterflies. Misty told me that their fixed camp on the Ramganga River offers more opportunities to observe the wildlife, including the Bengal tigers and Indian elephants. Ramganga’s camp also has a few kayaks that can be used by the guests for trips on the river. If you have never been to Delhi, it is really worth a visit: the colors, sounds and scents of this huge city are unequalled. Delhi offers visitors several interesting places rich in history, and therefore it is hard to decide where to begin the exploration of the city. In Old Delhi, mosques, forts and other monuments remind you of the Islamic history of India. Important places of Old Delhi include the majestic Red Fort, and the historic Chandni
Chowk next to Raj Ghat and Shanti Vana, the latter built after India’s independence in 1947. Was the travel a success? I would say it was. I caught a lot of mahseer, one of which was really big, and I also lost several ones which were probably even bigger. I would recommend an adventure like this to everyone; India is very fascinating and the powerful mahseer deserves to be included in the list of the "must do" in fishing. Saryu’s camp in the Himalayan Outback is definitely the right place for this adventure.
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ENTRETIEN Mike Kirkpatrick
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INTERVIEW
Mike Kirkpatrick 29
> Mike, la pêche à la mouche fait partie intégrante de ta vie. Peux-tu nous dire quelque chose sur ton premier contact avec le monde de la pêche à la mouche?
> Mike, fly fishing is a great part of your life. So, can you tell us something about the very start and the very first contact with the whole fly fishing world?
Je me suis mis à la pêche à la mouche assez jeune. J'ai toujours chassé les lapins et opossums avec mon calibre 22, pêché en mer depuis les digues et pêché la truite à la cuillère. Un jour par hasard, un ami de la famille m’a proposé son ancien matériel de pêche à la mouche. J'ai saisi l'opportunité et j'ai appris cet art par moi-même, enchainant essais et erreurs. Je me souviens avec mélancolie, l'euphorie d'attraper mes quatre premières truites fario sous un saule lors d'un coup du soir, et depuis je suis devenu accro !
I got into fly fishing quite young. I’d always hunted rabbits and possums with a .22 caliber rifle, fished for saltwater fish off the local jetties, and fished for trout with a spin fishing rod. It was a natural progression for me when by chance a family friend offered me his old fly fishing gear. I seized on the opportunity and taught myself through trial and error the art of fishing for brown and rainbow trout with a fly. I remember with fondness the exhilaration of catching my first four brown trout under a willow tree during an evening rise and have been hooked ever since.
> Depuis combien de temps est-tu dans le secteur de la pêche à la mouche, et comment ça a évolué depuis que tu as commencé ? Je suis passé de pêcheur à la mouche fanatique à guide de pêche à cause des autres ! Au début mes amis, puis des étrangers m’ont demandé de leur montrer quelques-uns de mes secrets. Il m'est alors venu à l'esprit que ce ne serait pas seulement une bonne façon de compléter mes revenus, mais également un moyen de passer des journées au bord de l’eau avec des passionnés ! Et tout cela dans le meilleur bureau du monde…les rivières de l’arrière-pays néo-zélandais. Mon entreprise (Latitude Guiding) s'est développée si rapidement que j'ai quitté mon ancien travail après quelques années, pour me concentrer uniquement sur le guidage. Je suis guide depuis vingt-deux ans, ça commence à compter…
> Et comment pensez-vous que cela va évoluer dans un futur proche ? Il y a plus de dix ans, j'ai commencé à écrire et à fournir articles et photos pour divers magazines de pêche. J’ai fait quelques DVD de pêche à la mouche et j’ai lancé ma chaine YouTube (Mikefisher). Celle-ci a si bien fonctionné que nous avons dut embaucher de nouveau guide pour répondre à la demande. Ma femme a depuis lancé une deuxième entreprise (Southern Latitude Guides) pour gérer le trop-plein de demande. Nous avons une équipe de guides de qualité, sélectionnés avec soin. Une fois que le monde reviendra à un semblant de normalité, nous espérons que les pêcheurs orneront à nouveau nos côtes, car la Nouvelle-Zélande est sûrement l'une des plus grandes destinations de pêche aventure de la planète. Nous avons certains des meilleurs guides du monde qui vous attendent avec impatience !
> Outre la pratique de la pêche, je sais que le tournage de ilm de pêche est aussi votre passion. J'adore filmer mes aventures de pêche à la mouche et j'ai l'intention de produire des contenus de plus en plus pertinents. Comme je passe
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> How long have you been in the fly fishing business and how has it evolved since you first started? I morphed from being a fanatical fly fisherman to guide, after being asked repeatedly by mates and even strangers, if I could show them some of my secrets. It dawned on me then that it would not only be a good way of supplementing my income as a sign writer but a heap of fun spending days on the water with like-minded people in the world’s best office- the New Zealand backcountry rivers. My business (Latitude Guiding) grew so quickly, I quit my sign-writing business after a few years to focus solely on the guiding. I’ve been a guide now for twenty two years and counting…
> And how do you think it will evolve in the next future ? More than a decade ago I began writing and supplying photos for various fishing magazines, made a few Fly Fishing DVD’s and started a YouTube channel (Mikefisher) which has been so successful at inspiring anglers to hire us, that we needed more guides, such was the sheer volume of enquiries. My wife has since started a second company (Southern Latitude Guides) to handle the overflow of work, and we now have a team of quality guides to call on. Once the world returns to a semblance of normality we predict anglers will once again grace our shores, as New Zealand is surely one of the great adventure angling destinations. We have some of the best Guides in the world waiting with anticipation!
> Besides fly fishing, I know that filming is also your passion, right? I love filming my fly fishing adventures and plan on producing increasingly good content going forward and, as I spend a lot of time on the water, there are plenty of opportunities to get great footage. I’ve
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beaucoup de temps sur l'eau, il existe de nombreuses possibilités d'obtenir de superbes images. J’ai investi dans de nouveaux équipements photo au cours des dernières années et on a maintenant la capacité à produire des films 4K avec une meilleure qualité d’image que jamais. J'aime filmer sous forme de documentaire et m’efforcer d'explorer un récit plus approfondi qui ajoute un « pourquoi, où et comment » plutôt que de simples images de pêche et de poisson pendant le combat.
> Combien de temps passes tu au bord de l'eau ? Je passe en moyenne 140 jours par saison au bord de l’eau. La plupart du temps c’est en guidage, mais je m'accorde toujours 30/40 jours pour des projets de tournage et de voyage avec de bons copains. Le guidage n'a jamais émoussé ma passion et mon enthousiasme pour ce sport.
> Parle-nous de la pêche dans ta région, ton spot favori et comment il évolue au cours de la saison. Quand il s'agit de mes endroits préférés, il est difficile d'en identifier un seul. Ma ville natale de Nelson a des rivières d'une beauté à couper le souffle tout autour, avec certaines abritant des truites farios de 2 à 3 kilos ! Cela dit, toute l'île du Sud est la Mecque des pêcheurs à vue... Si je devais choisir, je dirais la côte ouest sauvage et accidentée de l'île du Sud et le vaste parc national de Kahaurangi qui est à voir absolument par les pêcheurs itinérants.
> La Nouvelle-Zélande est variée en termes de lieux et péri des de pêche, dites-nous en plus sur la meilleure époque pour visiter la région. Nous avons une bonne pêche de début de saison (à partir d'octobre) pour les truites affamées après l'hiver et jusqu'à Noël. Plus la saison avance, plus les éclosions d'éphémères et de Caddis augmentent. Puis s’ajoutent les coléoptères bruns et verts qui permettent une pêche en sèche de classe mondiale. La vérité c’est que la pêche est excellente durant la saison qui dure 7 mois (1er octobre - 30 avril à Nelson). Une chose pour aiguiser l'appétit des aficionados de la mouche sèche, c'est la chute des cigales qui commence juste après Noël. Énorme sèche terrestre en dérive, et gobages explosifs !
Je prévois de produire un autre film car mes deux derniers films sur Vimeo : « Insight : The Trophy Quest » et « Insight : Chasing the Magic » ont bien fonctionnés. Le sujet de ce prochain film sera sur la volonté et l’implication de grands pêcheurs pour faire évoluer notre sport. Une sorte d’étude sociale sur ce qu’anime l’implication des pêcheurs pour faire évoluer les pratiques. J’ai quelques pêcheurs impressionnants dans ma besace, alors restez attentifs !
invested in new camera gear over the last few years and now have the ability to produce 4K films with a better image than ever. I love documentary style films and strive to explore a more in depth narrative which adds to the ‘why where and how’ rather than just images of ‘fish porn’ to music.
> How much time do you spend in the water? I’d spend on average about 140 days per season on the water. Most of this is made up of client days, but I always allow myself 30-40 days for some filming projects and trips away with good mates. Guiding has never dulled my passion and enthusiasm for the sport.
> Tell us something about fishing in your area, your favourite spots and how these vary during the year . When it comes down to my favourite spots it’s hard to pinpoint a single place, as my hometown of Nelson has jaw-droppingly beautiful rivers with some holding brown trout averaging about 5-6lbs in weight! That said the entire South Island is a mecca for sight fishing anglers... If pressed, I’d say the wild and rugged west coast of the South Island and the vast Kahaurangi National Park are right up there as must see for travelling anglers.
> New Zealand area is well varied in terms of different place and periods for fishing, tell us more about the best period to visit the area. We have good early season fishing (October onwards) for hungry trout after winter, good fishing leading up to Christmas with increasing mayfly and Caddis hatches being added to by Brown and Green beetles, before post-holiday low water sight fishing to die for... The truth is there is great fishing for the entire 7 month season (October 1st – April 30th in Nelson). One thing to whet the appetite for dry fly aficionados is the Cicada fall starting just after Christmas. Huge terrestrial dries and often explosive eats!
> Any project in the next future? I’m planning on producing another movie, as my last two movies on Vimeo as ‘pay per view’ have done very well: ‘Insight: The Trophy Quest’ and ‘Insight: Chasing the Magic’. This film will be about the drive to succeed in anglers I know that have achieved great things in the sport, as a sort of in-depth study as to what makes them tick. I have some very impressive anglers lined up so watch this space!
Thank you for all
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Rasmus Ovesen
Martin Ejler Olsen, Rasmus Ovesen
IGLOO LAKE LODGE À LA RECHERCHE DE L’OMBLE SAUMON DE FONTAINE TROPHÉE DU LABRADOR
IN SEARCH OF LABRADOR’S TROPHY BROOK TROUT 35
Très peu d’endroits sur cette planète abritent des saumons de fontaine assez gros pour inciter les pêcheurs voyageurs à parcourir de grandes distances à leur recherche. Rasmus Ovesen a traversé l’océan Atlantique pour pêcher à la mouche le saumon de fontaine dans la province canadienne de Terre-Neuve-et-Labrador. Les poissons étaient au rendez-vous...
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J'ai voyagé depuis mon pays d'origine, la Norvège, afin d'atteindre ce territoire mythique de pêche au saumon de fontaine. Pendant des années, des saumons de fontaine, massifs et bien nourris ont hantés mes nuits. J'ai rêvé de banc de poissons vadrouillant dans des baies peu profondes en quête d'éphémères. Afin de préparer au mieux mon voyage, j’ai monté des mouches sèches, des nymphes et des streamers. J'ai passé de nombreuses heures à rassembler tout mon équipement. J'ai tout emballé, de mes plus petits outils au lourd matériel de photo. J'ai investi beaucoup de temps, d'énergie et d'argent pour toucher mon rêve du doigt, attraper un saumon de fontaine au-dessus de la barre magique de 4 kilos.
Bien que ce rêve puisse sembler naïf aux yeux de quelques-uns, il est tout à fait réalisable… AU COURS DES DERNIERS JOURS, nous avons cherché les coins abrités des intempéries et pêché près du lodge. Là, serpente une petite rivière qui s'écoule entre un chapelet de lacs, avant d’aller gonfler la rivière Aigle. Cette rivière est la plus puissante qui coure sur le territoire glaciaire et luxuriant de Terre-Neuve-et-Labrador. La rivière n'est pas si différente de celle que j'ai l’habitude de pêcher en Laponie Suédoise. Elle serpente à travers des forêts denses de pins et de bouleaux qui surplombent un sol forestier irrégulier et riche en nutriments. Leurs racines
Very few places on this planet are home to brook trout big enough to lure fly fishermen into traveling great distances in pursuit of them. Rasmus Ovesen traversed the Atlantic Ocean to fly fish for brook trout in the Canadian province, Newfoundland and Labrador, and the fish that awaited him weren’t exactly small…
I have travelled all the way from my home country, Norway, in order to reach this mythical brook trout fishery in the Canadian province, Newfoundland and Labradors’outback. For years, my dreams have circled around the lake’s massive and well-nourished brook trout. I have envisioned schools of rising fish in shallow bays hectically feeding on mayflies. I have tied dry flies, nymphs, and streamers and have spent numerous hours putting the right equipment together. I have hand-tied leaders and packed everything from small necessities to heavy camera equipment. I have invested considerable amounts of time, energy, and money into the dream of catching a wild, trophy brook trout
over the magical eight- pound mark, and while the dream might have been inadvertently naïve in character, it has definitely been within the realm of realization – up until now, it seems. If this weather continues, we won’t be able to venture out on Igloo Lake and fish its many bays and islets. FOR THE PAST FEW DAYS we’ve sought refuge from the weather and fished the local area near the lodge, where a short river stretch drains out of the lake before plummeting blindly into the first of a series of smaller lakes on its route to the Eagle River: The mightiest of all the rivers in Newfoundland and Labrador’s
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sont partiellement exposées à l’air libre et recouvertes par des franges de mousse verte presque fluorescente, des bosquets de bleuets et des champignons dont les myriades de formes et de couleurs rendent le lieu magique. À l'exception du chemin de terre qui mène aux pools de la rivière nous sommes sur une zone vierge de toute activité humaine. Une nature sauvage qui a été façonnée durant des millénaires par l’enchainement des saisons et la faune locale qui outre l'orignal, le renne, le caribou, les loutres, les castors et autres rongeurs, mais également les ours, les loups, les lynx, les gloutons et un grand nombre d'espèces d'oiseaux, dont les balbuzards pêcheurs, les pygargues à tête blanche et les canards plongeurs. NOUS SOMMES DEBUT SEPTEMBRE. Les berges escarpées de la rivière s'illuminent sporadiquement de couleurs jaune narcisse et rouge ardent dès que les premiers rayons de soleil viennent les caresser. Une brume matinale pesante et frémissante plane au-dessus de la rivière légèrement tourbée. Ici et là, un petit saumon de fontaine s'élève et arrache avec véhémence un insecte, sans méfiance, à la pellicule de l’eau. Les plus gros saumons de fontaine se cachent dans les chenaux les plus profonds, derrière de gros rochers ou encore en dessous des petites cascades et chutes d'eau. Ils arborent fièrement leurs couleurs dorées et violettes. Ils sont bien nourris avec les épaules larges et les males sont agressifs et territoriaux. Ils sont là parce qu'ils ont entrepris une migration soudaine à la fois
incompréhensible et irrésistible vers la rivière, attirés par ses eaux captivantes, riche en oxygène avec ses nombreux pools et gravières. La ponte est imminente voire déjà en cours. Il ne faudra plus attendre bien longtemps avant que le fond de la rivière se tapisse de poissons aux couleurs vives avec tous un objectif en tête : transmettre leurs gènes et assurer la survie de l’espèce. À ce moment-là, Igloo Lake Lodge sera fermé pour la fin de saison. Le paysage en vironnant semblera assoupi sous un épais manteau neigeux. La rivière aussi subira lentement
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le poids et à la rigueur implacable de l'hiver. On l’aperçoit encore de loin en loin : elle se trahit par ses chutes d'eau, ses cascades ou des remous tourbillonnants mais dans l'ensemble elle est couverte de glace et de neige. Couverte d'une obscurité qui pèsera pendant de longs mois. Lorsque la nuit se dissipera enfin, laissant place à la lumière du soleil, une nouvelle vie émanera de ses frayères et les petits alevins de saumon de fontaine trouveront place au sein de la rivière. Le miracle de la vie semble ici un défi plus grand encore avec un climat aussi rude et inhospitalier
à surmonter continuellement. NOUS SOMMES SUR LE POOL D’ARCHIE : un endroit où la rivière plonge dans un petit lac. Ici, une longue zone de calme s'étend dans une baie tranquille où les poissons ont récemment commencé à se regrouper. Dès le premier lancer, je sens la touche puissante d'un poisson qui agresse mon gros zonker noir. Une série de fortes secousses se propage à travers ma canne à mouche et après quelques minutes de pression incessante sur le poisson, je vois enfin les pre-
trickling and lush green glacial realm. The river isn’t unlike other rivers that I’ve fished in, for instance, Swedish Lappland. It meanders through dense forests with anorectically thin pine- and birch trees that tower above an uneven and nutrient-rich forest floor where partially exposed roots are superseded by almost fluorescent green moss fringes, blueberry thickets, and mushrooms in myriads of shapes and colours. Except from the marshy path that leads to all the individual pools in the river, we’re talking
about an area practically untouched by man – a wilderness that has been shaped by the seasonal forces of Nature throughout Millenia and the interplay with the local wildlife, which – apart from moose, reindeer, caribou, otters, beavers, and other rodents – include bears, wolves, lynx, wolverines, and a vast number of bird species, including ospreys, bald eagles, and loons. IT’S EARLY SEPTEMBER. The river’s steep banks sporadically light up in narcis-yellow and fiery red colours. A heavy and quivering morn-
ing mist hoovers above its fleeting and slightly peat-coloured water masses. Here and there, a small brook trout rises and vehemently tears an unsuspecting insect off the surface film.The biggest brook trout lurk along the bottom; in the deepest channels, behind big boulders, and below smaller cascades and waterfalls. They’re clad in golden and violet colours, they’re wellfed and broad-shouldered – and especially the males are aggressive and territorial. They are here because they’ve experienced a sudden- and at the same time both incomprehensible and ir-
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miers éclairs orange-rouge sous la surface. Travis Pinsent, notre jeune et charismatique guide, se positionne à mes côtés et il ne tarde pas à mettre à l’épuisette mon premier saumon de fontaine. À l'intérieur du filet en maille silicone se trouve un beau mâle de 56 centimètres de long et avec un corps à l’image d'un lutteur mexicain:
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une robe moulante aux couleurs flamboyantes. Avec sa forte mâchoire et un regard profond ce poisson ressemble à un bagarreur primitif d’un côté mais il a aussi une élégance subtile. Quelque chose d'élégant et d'emblématique dans le rouge ardent qui colore ses flans, parsemés de points indigo et d’olive.
Le poisson pèse un peu moins de 7 livres et après quelques clichés rapides il retrouve son élément, fendant la pellicule et glissant gracieusement dans les différentes couches d’eau pour retrouver sa cache. Nous piquerons quatre autres poissons dans un délai relativement court. Après cela, l'activité diminue considérablement.
resistible gravitation towards the river; its riveting, oxygen-rich water and its many pools and gravel bars. The spawning is – if not imminent, then at least under way. And it won’t take many weeks before the river floor is alive with brightly coloured fish, all of them tending to the same agenda: To
pass along their genes and ensure the survival of their species. At that point in time, Igloo Lake Lodge will be closed down for the season, and the surrounding landscape will seem crouched; crouched under a heavy blanket of snow, at one and the same time out of sight and remarkably eye-catching. The river, too, will slowly suc-
cumb to the relentless weight and harshness of winter -only exposed here and there by waterfalls, cascades, and whirling seams, but -by and large- covered in ice and snow, and under the cover of a darkness that won’t lift for months. When the darkness finally dissipates, new life will emanate from underneath the gravel bars, and small brook trout alevin will find their niche inside the river, - in life, and in the greater context that comprises the complex life world of the Labrador wilderness. The miracle of life seems that much greater here where such a harsh and inhospitable climate has to be continually overcome. WE’RE AT ARCHIE’S POOL; a place where the river dumps headlong into a bigger pond – or perhaps, more correctly, a small lake. Here, a long lie extends into a quiet bay where fish have recently started to pile up. Already on the first cast, I feel the tug from a fish that aggressively collides with the big, black zonker at the end of my leader. A series of heavy pulls propagate through the fly rod, and after a few ensuing minutes of relentless pressure, I see the first orange-red flashes below the surface where the fish is thrashing around. Travis Pinsent, our young and charismatic guide, materializes by my side, and it isn’t long until he nets the fish and tows it towards shore. Inside the knotless mesh netting lies a male, about 56 centimeters in length, and with a body that conjures up mental images of a Mexican wrestler – a wrestler in a tight-fitting and flam-
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Nous vivons la même expérience dans la plupart des pools de la rivière et la tendance semble s'accentuer au fur et à mesure que la semaine avance, un symptôme évident. Nous sommes huit pêcheurs au lodge et nous pêchons à tour de rôle un nombre limité de pools ainsi que de poissons.
La rivière est à la fois techniquement difficile et passionnante à pêcher : c'est une pêche précise dans des poches d'eau où la présentation est de la plus haute importance. Vous devez savoir lire l'eau et votre approche doit être à la fois prudente et furtive pour une pêche où chaque poisson attrapé est mérité.
Le lendemain matin, tous nos espoirs sont enfin honorés. Le vent a perdu de sa force, Igloo Lake est devenu un grand miroir et les deux jours suivants nous vivons la partie de pêche dont nous rêvions tous. Il fait encore froid - au point que les éclosions d'éphémères sur le lac sont minimes et nous ne voyons que quelques
boyantly decorated tricot. With its pronounced kyped jaw and a sinister look in its eyes, this fish surely looks like a primitive brawler, but there is also a subtle elegance to it – something stylish and iconic about the blushing strokes of fiery red in its flanks and the many saturated indigoand bright olive spots that have been strewn so
generously along them. The fish is a little bit shy of 7 lbs, and after a few quick pictures it cuts through the surface film and glides gracefully back into the fleeting water masses and settles somewhere along the bottom of the lie. We land an additional four fish within a relatively short timeframe. After
that, the activity decreases – dramatically. We experience the same thing at most of the river’s pools, and the tendency only seems to be getting more and more pronounced as the week progresses: a clear symptom that we’re a total of eight fly fishermen at the lodge taking turns and working our way through a limited number of
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poissons gober en surface. Qu’à cela ne tienne, nous n'avons absolument aucun scrupule à lancer de gros streamers. Il est maintenant temps de prendre ce poisson légendaire de 8 livres !... Deux jours après un changement de météo radical nous pêchons l'étang de Burton, un lac glaciaire au nord-ouest du lac Igloo. Nous piquons là plusieurs poissons en forme olympique et à la fin de la journée nous avons ramené au bateau et
relâché une vingtaine saumon de fontaine avec un poids moyen de 2,5 kilos et avec plusieurs spécimens pesant jusqu'à 3,5 Kg. J'ai vraiment apprécié la journée et je suis immensément soulagé de savoir que mon objectif d'attraper un poisson de 8 livres est désormais réalisé.
pools with limited numbers of fish. The river is both technically challenging and exciting to fish: It’s a real pocket water fishery where presentation is of the utmost importance, where you need to read the water thoroughly, and where your approach should be both careful and stealthy – a fishery, where every single landed fish feels both deserved and meriting. The next morning all of our hopes are finally honored. The winds have lost their breath, Igloo Lake is more or less like a big mirror, and
the following two days we experience some of the fishing that we dreamed about before arriving here. It’s still cold - cold to the point that the mayfly hatches on the lake are minimal, and we only see a sporadic few fish rise in the turbid water. It doesn’t matter though. We have absolutely no scruples casting big streamers. Now is the time to hunt for that fabled 8lb fish. Two days after the dramatic weather change, we’re fishing Burton’s Pond – an atmospheric lake northwest of Igloo Lake’s northern shore-
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IGLOO LAKE LODGE est le seul lodge sur le lac Igloo - un lac glaciaire d'environ 12,5 km²
et étonnamment peu profond qui se trouve au milieu de pampa canadienne accessible uniquement en hydravion. Le lodge en bois très bien équipé peut accueillir 10 personnes. Deux grands salons constituent le cadre idéal pour des discussions de pêche autour d’un bon verre le soir venu. La nourriture est délicieuse et de manière générale le niveau de service est excellent.
line. Here, we hook up with several fish in sublime condition and, by the end of the day, we’ve boated and released an awe-inspiring 20 brook trout with an average weight of 5lbs – and with several hard-fighting individuals up to 7 lbs. Best of all, I’ve thoroughly enjoyed the day, immensely relieved in knowing that my objective of catching a fish over 8lbs is already under the belt.
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CASEY UNDERWOOOD W H E N
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F L Y
F I S H I N G
A N D
A R T
M E E T
D
epuis des siècles, la pêche à la mouche a été une grande source d'inspiration pour de nombreux ar-tistes. Que ce soient les musiciens, les poètes, les peintres ou les écrivains, la pêche à la mouche semble être une source d'inspiration inépuisable. C'est le
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hroughout the history, fly fishing has been great inspiration to many artists. Be it the musicians, poets, painters or writers, fly fishing seems to be an endless and inexhaustible source of inspiration. It sure has been for Casey Underwood, an avid fly angler
cas pour Casey Underwood, un passionné et un véri-table artiste, basé à Bozeman, dans le Montana. Son art est unique et vous coupera le souffle - toutes ces couleurs vives, ces nuances riches et ces lignes envoûtantes sont en parfait équilibre et c'est exactement ce qui fait son
originalité. Admirez son travail et Casey deviendra sûrement votre artiste moucheur préféré. Pour H2O Magazine, il se fera un plaisir de répondre à quelques questions et de partager certaines de ses œuvres.
and a true artist based in Bozeman, Montana. His art is very unique and it will leave you nothing but breathless – all those vivid colors, rich shades and mesmerizing lines are in perfect balance and that is exactly what makes his art stand out. Looking at his work, Casey will
easily become your favorite fly fishing artist. For H2O Magazine, he is more than happy to answer a few questions and show some of his artwork.
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> Vous souvenez-vous de votre tout premier contact avec la pêche à la mouche ? Quelle a été la première fois que vous avez eu une canne à mouche en main, et attrapé votre premier poisson ? Aussi bien du côté de ma mère que celui de mon père, toute la famille pêche à la mouche, j’ai donc bai-gné dans cet univers depuis mon plus jeune âge. Enfant, j'étais simplement obsédé par la pêche et le poisson. Peu m'importait qu'il s'agisse d'une canne à lancer ou d'une canne à mouche. C'est probablement vers l'âge de 11 ans que j'ai vraiment commencé à comprendre et à tomber amoureux de la pêche à la mouche.
> Et l'art ? Vous souvenez-vous de la première fois où vous avez vraiment pensé que vous vouliez être un artiste et comment cette histoire a-t-elle commencé ? Pour être franc, je n'ai jamais voulu être autre chose qu'un artiste. Enfant, j'étais très créatif. Enfant déjà, ma mère m'a dit que dès je pleurais, la seule chose qui me calmait était de me donner du papier, un sty-lo et de me laisser dessiner. Je me souviens avoir organisé des expositions d'art dans le couloir de ma grand-mère, à la maternelle ou encore vendu des dessins de requins à mes camarades de classe en pri-maire. Tout au long de ma scolarité, j'ai eu la chance d'avoir des professeurs investis et encourageants. Ils m'ont aidé à développer mes capacités et m'ont donné la confiance nécessaire pour faire de l'art ma pro-fession. Je ne sais pas ce que je serais si je n'étais pas un artiste. J’ai toujours été concentré sur l’art et je suis très fier que ce soit devenu une réalité.
> La pêche à la mouche, parmi d'autre, est souvent considérée comme une forme d'art. Qu'en pensez-vous ? Dans l'ensemble, je pense que c'est une chose très "romantique" à dire... Pour la plupart d'entre nous, c'est simplement quelque chose que nous apprécions pratiquer. Cependant, je crois qu'à un certain ni-veau, la pêche à la mouche peut devenir une forme d'art ; mais seulement avec des années d'expérience et de pratique. Une fois qu’un moucheur est parfaitement en phase avec l'environnement dans lequel il évolue, l'ento-mologie, le comportement du poisson… Une fois que cette personne maitrise son lancer et que chaque mouvement est intentionnel, alors oui, je pense que la pêche devient un l'art.
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> Do you remember your very first contact with fly fishing? What was the first time you ever grabbed a fly rod and caught your first fish? Both my mother's side and father's side of the family fly fish, so I was certainly around it from a young age. As a child, I was simply obsessed with fishing and fish in general. It didn't matter to me if it was a spin rod or a fly rod, but probably around the age of 11 is when I really began to understand and fall in love with fly fishing specifically.
> And what about art? Do you remember the first time you actually thought you wanted to be an artist and how did that story begin? To be honest, I have never wanted to be anything but an artist. As a child I was very creative. My mom has told me that as a toddler, when I was crying and unsettled, the only thing that would calm me down was giving me paper and pen and letting me draw. I can remember having art shows in my grandmother’s driveway in kindergarten and selling drawings of sharks to my classmates in 1st grade. Throughout my schooling, I was blessed with invested and encouraging instructors who helped develop my ability and gave me the confidence to make art my profession. I do not know what I would be if I was not an artist. It is all I've ever had my eyes set upon and I am very grateful that it is a reality.
> Fly fishing, among many, is often considered to be a form of art. What are your thoughts about that? Overall, I think that it is a very "romantic" thing to say... For most of us, I think it's simply something we enjoy. However, I believe at a very high level, fly fishing can certainly become a form of art; but only with years of experience and knowledge. Once someone is fully in tune with the environment they are fishing in, the entomology, the behavior of the fish they are targeting, once that person has mastered their cast and every move they make is intentional, then I believe you can argue that what that person is doing is artistry.
> Pour vous, qu'est-ce que la pêche à la mouche ? Et quelles sont vos espèces préférées ? Selon moi, la pêche à la mouche est une activité avec un processus d’apprentissage sans fin. L’une des choses que je préfère dans cette pratique est l’aspect intentionnel et sentimental de l’approche de la pêche à la mouche. Du montage de vos mouches à la construction de vos cannes, en passant par l'apprentissage des insectes aquatiques... J'adore les activités orientées vers l’évolution des méthodes et j'aborde donc la pêche à la mouche d'une manière très méthodologique. Mon espèce préférée est probablement la truite fario ou la « cutthroat ». Cependant, lorsque vous me mettez au bord de l’eau avec une canne en main, je serai ravi de cibler n'importe quelle espèce de poisson. J'ai récemment pêché pour la première fois le brochet et le bass à petite bouche et j'ai vraiment adoré. Mes parents vivent sur la côte, alors quand je leur rends visite, j'aime cibler le « calico bass » entre les tapis d’algue. Plus je vieillis, plus j'aime découvrir comment cibler de nouvelles espèces avec une canne à mouche. J'aime tout simplement les poissons.
> Tant de détails, de couleurs vives, puis ces compositions impeccables… Y a-t-il un certain processus ou des règles que vous suivez lors votre création ? L’équilibre. J'ai un œil profond et subconscient pour l'équilibre de la composition. C'est une chose diffi-cile à articuler, mais toutes mes œuvres doivent être équilibrées, à la fois en termes de couleur et de placement du sujet.
> What is fly fishing to you and what are your favorite species to catch? Fly fishing to me is an activity with endless process and depth. One of my favorite things about it is how intentional and sentimental you can be about how you approach it. From tying your own flies, to building your own rods, to learning about aquatic insects... I love process- oriented activities and so I approach fly fishing in a very process-oriented way. My favorite species to catch is probably brown trout or cutthroat Trout. However, when you put me in any body of water with a rod in my hand I am going to be excited to target any species. I recently fished for pike and smallmouth bass for the first time and absolutely loved it. My parents live on the coast, so when I visit them I enjoy targeting Calico bass in the kelp beds. The older I get the more I am enjoying figuring out how to target new species with a fly rod. I simply love fish.
> So many details, vivid colors, then those flawless compositions… Is there a certain process or rules you follow while creating? Balance. I have a deep, subconscious eye for compositional balance. This is a hard thing to articulate, but all of my artworks need to be balanced, both in color and placement of subject matter.
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> Selon vous, comment l'art numérique se compare-t-il à la création avec des supports traditionnels ? C’est un sujet que j’évoque de plus en plus ces dernières années. Lorsque j'étais étudiant en art à l'uni-versité, j'ai concentré mes études sur la peinture à l'huile et la gravure en taille-douce. Ce n'est qu'après avoir obtenu mon diplôme que j'ai essayé l'illustration numérique pour la première fois. Pour moi, il n'y a aucune différence entre les deux. Je peux aller et venir entre le numérique et le traditionnel sans aucun problème. Je pense que c'est parce que mon travail est très orienté sur la ligne, et que vous mettiez un stylo sur du papier ou un stylet sur un écran, une ligne est une ligne. Alors, si cela se résume à : quel sup-port appréciez-vous le plus et quel support produit l’effet le plus puissant ? Pour moi, la réponse à cette question est l'illustration numérique. Je ne dis pas que tous les artistes peuvent ou devraient passer au support numérique, mais je dis que pour moi, c'est un très bon ajustement. L'illustration numérique m'a permis de développer mes capacités et d'affiner mon style artistique orienté vers le trait.
> Y a-t-il une œuvre dont vous êtes particulièrement fier ? Pas vraiment... Comme j’ai l’habitude de dire aux gens : chaque pièce que je crée est ma nouvelle pièce préférée, jusqu'à ce que j'en commence une nouvelle.
> Utilisez-vous des photographies pour peindre ou utilisez-vous votre imagination ? Lorsque je travaille avec des espèces que je ne connais pas, je m'appuie sur des photographies, simple-ment pour comprendre l'anatomie et les proportions du poisson. Cependant, je ne copie jamais une pho-to. Ce n'est pas amusant dans mon esprit. Les photographies me renseignent simplement sur une forme physique, et c'est tout. Cela dit, il y a certaines espèces (comme la plupart des salmonidés) que j'ai dessi-nées tant de fois, que j'ai une entière connaissance de leurs proportions. Pour ces espèces, je n'ai pas besoin de photographies pour les dessiner avec exactitude. Quoi qu'il en soit, toutes mes œuvres com-mencent comme un concept dans mon esprit et nécessitent de l'imagination.
> À votre avis, quelle est l'importance de l'approche du « No-Kill » dans la pêche à la mouche ? Selon moi, l'importance de la remise à l’eau du poisson est de permettre aux autres de profiter des joies que procure la capture. Je n'ai aucun problème avec les gens qui gardent du poisson pour se nourrir, s'ils le font légalement. Mais personnellement, je préfère pratiquer la pêche « no-kill ».
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> How does digital art compare to traditional mediums? This is something I have talked more and more about in recent years. When I was an art major in college, I focused my education on oil painting and intaglio printmaking. It wasn't until after I graduated that I first tried digital illustration. For me, there is no difference whatsoever between the two. I can go back and forth between digital and traditional with no trouble whatsoever. I think this is because my artwork is very line oriented, and regardless whether you are putting pen on paper or a stylus on a screen, a line is a line. So then what it comes down to is: which medium do you enjoy more and which medium produces stronger work? For me, the answer to this question in recent years has been digital illustration. I am not saying all artists can or should transition to digital medium but I am saying for me it is a very good fit. Digital illustration has allowed me to grow in my ability and fine tune my line-oriented artistic style.
> Is there a piece that you are especially proud of? Not necessarily... I tell people that every piece I create is my new favorite piece, until I begin a new one.
> Do you rely on photographs while painting or do you use your imagination? When I am working with species that I am unfamiliar with I rely on photographs to simply understand the anatomy and proportions of that species. Never am I actually just copying a photograph though... That’s not fun or special in my mind. Photographs simply educate me on accurate physical form and that is all. However, there are some species (like most trout species) that I have drawn so many times, I have a complete and full understanding of their form. For these species, I do not need any photographs to inform accuracy. Regardless, all my artworks begin as a concept in my mind and require imagination.
> In your opinion, what is the importance of catch and release approach in fly fishing? The importance of catch and release to me is allowing yourself and others to have an opportunity to enjoy that fish again. I do not have a problem with people keeping fish for food if they are doing it legally but personally I prefer to practice catch and release.
> Avez-vous une citation de pêche à la mouche préférée ou un livre ? Les livres de pêche à la mouche sont assez aléatoires avec moi. J'ai l'impression que certains livres vont bien transmettre l’approche de la pêche à la mouche, et certains le font moins bien. Je pense qu’« A River Runs Through It » ainsi « The River Why » sont de très bons livres. Une citation qui me fait toujours rire, tirée de « A River Runs Through It », est quand ils parlent des disciples de Jésus qui étaient tous des pêcheurs à la mouche, mais seul Jean, le favori, étant un pêcheur en mouche sèche. Mis à part la littérature sur la pêche à la mouche, j'aime beaucoup les livres qui décrivent les prémices de la vie dans l'ouest des États-Unis. Ce là sont probablement mes préférés.
> Si l’art vient avec un message, quel serait le message de vos créations ? Je m'efforce simplement de créer des œuvres d'art qui donnent aux gens une perspective singulière sur un sujet familier. Les gens voient tout le temps des peintures de poissons et d'oiseaux, mais j'espère pouvoir présenter mes œuvres d'une manière qui attire l’œil pour voir et comprendre les détails et les cou-leurs subtils qui rendent ces espèces si belles.
> Les lecteurs de H2O Magazine peuvent-ils acheter vos œuvres ? Sont-elles disponible dans le monde entier ? Oui absolument ! Mon œuvre est disponible sur caseyunderwood.com
> Do you have a favorite fly fishing quote or a book? Fly fishing books are pretty hit or miss with me. I feel like sometimes a book will capture the essence of how you approach or relate to fly fishing, and some don't. I think A River Runs Through It is a good book, I think The River Why is a pretty good book too. One quote that always makes me laugh from A River Runs Through It, is when they talk about Jesus' disciples all being fly fisherman, but John, the favorite, being a dry fly fisherman. Aside from fly fishing literature, I really enjoy books that capture what early life was like here in the Western United States. Those are probably my favorite.
> If every art comes with a message, what would be the message of the art you create? I simply strive to create artwork that gives people a unique perspective on familiar subject matter. People see paintings of fish and birds all the time, but my hope is that I can present my artworks in a way that catches people’s eye, brings them in, and allows them to see and understand the subtle details and colors that make these species so beautiful.
> Can readers of H2O Magazine buy your art? Is your art available worldwide? Yes absolutely! My artwork is available at caseyunderwood.com and
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et j'expédie dans le monde entier. J'habite à Bozeman, dans le Montana, donc cela peut prendre un certain temps pour expédier à l'étran-ger. Mais je serais heureux de vous faire parvenir une réalisation. Vous pouvez également suivre mes illus-trations sur Instagram @cpunderwood.
I ship worldwide. I live in Bozeman, Montana so it might take a while for the artwork to travel internationally, but I am certainly happy to help get it there. You can also follow along with my artwork on Instagram @cpunderwood.
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PÊCHE À LA MOUCHE AU BHOUTAN Frank Osen
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FLY FISHING IN BHUTAN
L
'État du Bhoutan est situé entre le Tibet et l'Inde, le long des contreforts de l'Himalaya. L'histoire ancienne du Bhoutan est ancrée dans les traditions bouddhistes et mythologiques. Les incendies et les tremblements de terre ont détruit les documents originaux de la préhistoire bhoutanaise. Certaines sources affirment que des bergers nomades vivaient au Bhoutan dès 2000 av J-C. L'histoire écrite du Bhoutan a commencé en 746 AC, après la visite de Gourou Rinpoché dans ce pays. Gourou Rinpoché est considéré comme le deuxième bouddha et saint patron du Bhoutan. Il a introduit la religion bouddhiste dans le pays et a ainsi donné au Bhoutan un sentiment d'unité au Moyen Âge. Le Bhoutan était un assemblage de territoires fragmentés constamment en désaccord les uns avec les autres au début du XVIIe siècle ; pendant cette période, Zhabdrung Ngawang Namgyel a visité le pays depuis le Tibet. Avec ses pouvoirs religieux et son sens aigu de la politique, il unifia le pays en tant que nation, établit une administration centrale et un système juridique, et construisit des forteresses appelées Dzong, qui servaient de protec-
T
he State of Bhutan is located between Tibet and India, along the foothills of the Himalayas. Bhutan’s ancient history is steeped in Buddhist and mythological traditions. Fire and earthquakes destroyed the original documents of Bhutanese prehistory. Some sources state that nomadic shepherds lived in Bhutan as early as 2000 BC. Bhutan’s recorded history began in 746 AC, after Guru Rinpoche’s visit to this country. Guru Rinpoche is considered the second Buddha and patron saint of Bhutan. He introduced the Buddhist religion to the country, and this gave Bhutan a sense of unity during the Middle Ages. Bhutan was an assemblage of fragmentary lands constantly at odds with one another in the early 17th century; during this period, Zhabdrung Ngawang Namgyel visited the country from Tibet. With his religious powers and strong sense of politics, he unified the country as a nation, established a central administration and legal system, and built fortresses called Dzong, which served as protection and which are used as religious and administrative centers. All fish belong
tion et qui sont utilisées comme centres religieux et administratifs. Tous les poissons appartiennent au roi et il est interdit de les pêcher. Ce n'est pas la littérature du XIVe siècle qui indique cela, mais le Bhoutan d'aujourd'hui, ou plutôt le Royaume du Bhoutan. Bhoutan signifie "le pays du tonnerre". Le nom dérive du bruit des tempêtes venant de l'Himalaya et tout l'endroit insuffle un sentiment de magie, de mythe et d'aventure. Le Bhoutan ne compte que 800 000 habitants et c'est l'un des rares pays au monde à n'avoir jamais été colonisé. Le royaume a été délibérément isolé du reste du monde pendant des siècles pour garantir que sa culture et son patrimoine resteraient intacts. Cette combinaison d'autonomie et d'isolement géographique a contribué à préserver le patrimoine culturel du Bhoutan et ses traditions bouddhistes. Les Bhoutanais portent encore – en fait, ils sont tenus de le faire – des vêtements traditionnels. Les hommes portent un gho, une robe qui arrive jusqu'aux genoux avec des chaussettes hautes. Les femmes portent une robe portefeuille jusqu’à la cheville appelée kira. Les rites et traditions bouddhistes sont strictement respectés. Chaque ville
to the king and it is forbidden to catch them. This is not 14th-century literature but Bhutan today, or rather the Kingdom of Bhutan. Bhutan means "the land of Thunder." The name derives from the sound of the storms coming from the Himalaya and the whole place instills a sense of magic, myth and adventure. Bhutan has a population of only 800,000 inhabitants and it is one of the few countries in the world which has never been colonized. The kingdom was deliberately isolated from the rest of the world for centuries to guarantee that its culture and heritage would stay intact. This combination of autonomy and geographic isolation has helped Bhutan preserve its cultural heritage and Buddhist traditions. The Bhutanese still wear – actually they are required to – traditional clothes. Men wear a gho, a kneelength dress with high socks. Women wear an ankle-length wrap dress called kira. Buddhist rites and traditions are strictly adhered to. Every city has a dzong – a combination of a fortress and a monastery – which has helped to preserve the independence and cultural traditions in the course
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possède un dzong - une combinaison d'une forteresse et d'un monastère - qui a contribué à préserver l'indépendance et les traditions culturelles au cours des siècles. Les bâtiments sont peints selon les traditions bouddhistes, parmi lesquelles "les huit symboles de bon augure" se détachent. Pour aider à la préservation de la culture du Bhoutan, le tourisme est strictement contrôlé et limité. La capture et la remise à l'eau sont autorisées dans certaines eaux, même si ce n'est que dans quelques zones. Mai est l'un des meilleurs mois pour la pêche à la mouche au Bhoutan. Puna Tsang Chhu, Mangde Chhu et Drangme Chhu sont parmi les rivières les plus connues pour Golden Mahseer au Bhoutan. Par rapport à l'Inde et au Népal, la population du Bhoutan est beaucoup plus petite, de sorte qu'il
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y a moins de pression dans ses riches bassins fluviaux. Les pêcheurs intéressés par la pêche à la truite peuvent être sûrs qu'ils se trouvent dans certaines des eaux les mieux gérées pour la pêche à la mouche dans les vallées de Haa, Punakha et Boomtang. Parmi les pays asiatiques, le Bhoutan a toujours été considéré comme l'un des meilleurs spots de pêche pour Golden Mahseer. Pendant de nombreuses décennies, le petit royaume himalayen est resté inconnu des pêcheurs, mais maintenant il est de plus en plus fréquenté par les passionnés. La meilleure période de pêche est le printemps (mars à mai) et l'automne (septembre à octobre). L'utilisation de tout type d'appâts vivants est strictement interdite, tandis que la pêche à la mouche et le spinning sont toujours autorisés, et bien sûr le
catch and release est de rigueur. La pêche est strictement interdite partout sans licence ou permis de pêche valide. De plus, la pêche est interdite à moins d'un kilomètre d'un monastère, d'un temple, d'une forteresse ou d'une école religieuse. La pêche est interdite les 8, 10, 15 et 30 de chaque mois bhoutanais et les autres fêtes religieuses. Si vous vous déplacez dans la partie sud du Bhoutan (zone subtropicale), vous rencontrerez les puissants Mahseer doré de l'Himalaya, Chocolate Mahseer, Goonch et Katla (Carpe d'Asie du Sud). Aujourd'hui, les rivières du Bhoutan sont considérées comme l'un des derniers habitats aquatiques du Golden Mahseer de l'Himalaya. La meilleure saison de pêche pour les puissants Golden Mahseer, Katla et Chocolate Mahseer de l'Hi-
of the centuries. Buildings are painted according to Buddhist traditions, among which "the eight symbols of good omen" stand out. To help the preservation of Bhutan’s culture, tourism is strictly controlled and limited. Catch and release is allowed in some waters, even if only in a few areas. May is one of the best months for fly fishing in Bhutan. Puna Tsang Chhu, Mangde Chhu and Drangme Chhu are some of the best known rivers for Golden Mahseer. Compared to India and Nepal Bhutan’s population is much smaller, so that there is less pressure in its rich river basins. Anglers interested in fishing for trout can be sure that they are in some of the best managed waters for fly fishing in the valleys of Haa, Punakha and Boomtang. Among the Asian countries Bhutan has always
been considered one of the ultimate fishing spots for Golden Mahseer. For many decades the tiny Himalayan kingdom remained unknown to fishermen, but now it is slowly more and more frequented by enthusiasts. The best fishing period is spring (March to May) and autumn (September to October). The use of any type of live bait is strictly forbidden, while fly fishing and spinning is always permitted, and of course catch and release. Fishing is strictly forbidden everywhere without a valid fishing license or permit. Moreover, fishing is forbidden within a kilometer from a monastery, temple, fortress or religious school. Fishing is forbidden on the 8th, 10th, 15th and 30th of every Bhutanese month and on other religious holidays. If you move to the southern part of Bhutan (sub-
tropical zone), you will come across the powerful Himalayan Golden Mahseer, Chocolate Mahseer, Goonch and Katla (Carp of southern Asia). Today, Bhutan’s rivers are considered one of the last aquatic habitats of the Himalayan Golden Mahseer. The best fishing season for the powerful Himalayan Golden Mahseer, Katla and Chocolate Mahseer stretches from mid-April to the first week of October. We recommend that you bring your own fishing equipment, because you cannot rent it in Bhutan. The fishing permit is US$16-US$17 a day per person, equal to Nu. 1,000 (Bhutan’s local currency).
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malaya s'étend de la mi-avril à la première semaine d'octobre. Nous vous recommandons d'apporter votre propre équipement de pêche,
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car vous ne pouvez pas le louer au Bhoutan. Le permis de pêche est de 16 à 17 dollars américains par jour et par personne, ce qui équivaut
à Nu. 1 000 (monnaie locale du Bhoutan).
Truites et Ombres en Europe. Saumons Atlantique et Pacifique. Bonefish, Tarpon, Permit, GT. Brochet, Peacock Bass, Aïmara.
www.dhdlaika.com - Tél. 01.42.89.32.64
PATAGONIA ON THE ROAD
ONE FLY ROD AND MORE THAN 7000 KM THROUGH PATAGONIA 60
Jan Nachtigal
LA PATAGONIE e t u o r a l r a p
Une canne à mouche et plus de 7000 km à travers la Patagonie 61
Essayons de replacer ce titre étrange dans son contexte :
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E
n septembre 2019, l’université à peine terminé, j'avais 4 mois devant moi sans aucun projet. Le meilleur des scénarios possible était un long voyage de pêche. Mais je n’avais ni argent pour les lodges, les hélicoptères ou même une simple voiture de location. J'ai déjà eu des expériences de voyages à petit budget auparavant. Au cours des deux dernières an-
nées, j'ai beaucoup fait d’auto-stop en Europe, mais jamais seul et toujours en été. L'hiver dans l'hémisphère nord approchant, je savais que je devais aller au sud. J'ai entendu dire par un ami que l'auto-stop dans le sud de l'Amérique du Sud est assez facile. Et heureusement, la Patagonie est située exactement dans cette partie de l'Amérique. Mon plan était assez simple: faire
Let’s try to put this weird headline into a context:
I
n September 2019, just finished university, I had 4 months without any plans ahead of me. The best-case scenario was a long fishing trip but there was no money for lodges, helicopters or even a simple rental car. I had already experiences with low budget traveling before. In the last couple of years I was hitch hiking quite a lot in Europe, but never alone
and always in summer. Winter in the northern hemisphere was coming up, so I knew I had to go south. I heard from a friend that hitch hiking in the southern part of south America is quite easy and common. And luckily Patagonia is located exactly in this part of South America! My plan was quite simple: hitch hiking through
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de l'auto-stop à travers la Patagonie, équipé de matériel de pêche et de camping. Quelques semaines plus tard j'étais donc là, debout devant l‘arrêt de bus de l'aéroport de Santiago du Chili. Au cours des dernières semaines et du long vol, j'ai réalisé ce qui m‘attendait. J'allais seul dans un pays où je ne suis jamais allé auparavant, parlant au maximum 5 mots d'es-
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pagnol et étant loin d'avoir un plan, à part la volonté d'attraper des truites. Si je dois être honnête, à ce moment-là, je n'étais pas convaincu d’être capable de réaliser mon projet. Mais je n'avais pas vraiment d'autre choix. J'ai commencé mon voyage de 15 semaines en Patagonie le 9 octobre 2019 sans véritable plan. Et je peux dire que cette idée stupide s'est avérée être l'une des meilleures de ma vie ! Le seul point
certain de mon projet était d'aller vers le sud. Au hasard, j'ai choisi une ville nommée Temuco et je suis allé directement dans un magasin de mouches pour obtenir des informations et acheter une licence. J'ai trébuché avec mes sacs à dos dans le magasin et après quelques mots espagnols très mal prononcés, le gars derrière le bureau a répondu : « Mec, comment puis-je t‘aider? » Ce type, Gabriel Mödinger, est dev-
Patagonia equipped with camping- and fishing equipment. A couple of weeks later So there I was, standing at the bus line at the Airport of Santiago de Chile. I was going alone to a country I had never been before, speaking maximum 5 words of Spanish and being far
away of having a plan what to do beside of the will to catch some trout, hopefully. If I have to be honest, in that moment I was not so convinced to do all this. But I didn’t really have another choice. I started my 15 weeks trip through Patagonia on 9th October 2019 without a real plan. And I can say that that stupid idea turned out to be one of the best in my life!
The only point of my plan was to go south. Randomly I picked a city named Temuco and went directly to a fly shop to get some information and to buy a license. I stumbled with my backpacks into the shop and after some really badly pronounced Spanish words the guy behind the desk said: “How can I help you mate?” This guy, Gabriel Mödinger, is now a really good friend of mine. He is a very good, profes-
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enu un très bon ami. C'est un très bon guide professionnel pour de nombreuses rivières et lacs de Patagonie. Après une longue conversation dans le magasin, nous avions déjà une bonne connexion et avons même planifié une sortie de pêche dans l'une de ses rivières secrètes. Le plan était d'aller dans une rivière de la région Araucania Andina et d'y pêcher pendant 2 jours. Il guide sur ces eaux, alors j'ai juste suivi. Nous avons été rejoints par Augusto, un bon ami de Gabriel et un sacré type. Partis à bord d‘un pick-up plein d'équipement et de nourriture, nous avons commencé à rouler. 2 heures plus tard nous arrivons dans une région magnifique, loin de la civilisation. Après une courte randonnée et une traversée de rivière délicate, nous sommes arrivés sur l'une des plus belles rivières que vous puissiez imaginer. Pour faire court : même si c'était le début de la saison, avec des eaux hautes mais claires, nous avons eu une pêche incroyable à la fois dans la rivière principale et dans un affluent. Des farios gobeuses de mouches sèches, des arcs-en-ciel sauteuses, des volcans tout autour de nous et des nuits silencieuses sous un ciel limpide: c'est ainsi que j'ai imaginé mon voyage en Patagonie. De retour à la civilisation, je me sentais prêt à partir à la découverte de la Patagonie, tant au Chili que du côté Argentin, en faisant du stop à la recherche de joyaux halieutiques cachés. La Patagonie est un endroit sauvage, très sauvage avec peu de monde, un climat parfois difficile et beaucoup de truites. Mon objectif était de trouver, par moi-même, cette belle rivière perdue où je pourrais apercevoir de gros poissons postés dans une eau transparente. J'ai essayé de trouver cette rivière en novembre et décembre, mais il s'est avéré que ce n'était pas si facile d'atteindre mon objectif. Le mauvais temps, la rigidité des déplacements en auto-stop et la taille énorme de cette zone rendaient les choses difficiles. Mais j'ai eu de plus en plus confiance en ce que je faisais. J'ai trouvé de belles rivières, amélioré mon espagnol et rencontré tellement de gens sympathiques et accueillants dans les nombreuses voitures qui se sont arrêtées pour moi. J'ai été invité chez des locaux, j'ai passé des soirées avec des inconnus au coin du feu et j'ai même bu de la bière en demandant de l'eau à un fermier dans les bois des Andes. Ça n'allait pas
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sional guide for many Patagonian waters. After a long talk in the shop we planned a fishing trip to one of his secret rivers. The plan was to go to a river in the Araucania Andina region and fish there for 2 days. He is guiding on these waters, so I just followed. We were joined by Augusto, a good friend of Gabriel’s and a hell of a guy. Packed with a pickup full of equipment and food we left. Two hours later we arrived in a beautiful area, far away from civilization. After a short hike and a tricky river crossing we came to one of the most beautiful rivers you can imagine. To make a long story short: Even if it was the start of the season, with high but clear water, we had an amazing fishing in both the main river and a tributary. Dry Eating Browns, jumping Rainbows, Vulcans all around and silent nights under a crystal clear sky: That’s how I had imagined my trip to Patagonia. After coming back to civilization, I felt ready to start exploring Patagonia, both in Chile and Argentina, by hitch hiking in search of hidden trout water jewels. Patagonia is a very wild place, with few people, tough weather and many trout. My goal was to find that unique beautiful river where I could fish for big fish in gin clear pools. It turned out that it was not easy to reach my goal- bad weather, the inflexibility of traveling by hitch hiking and the enormous size of this area were making things difficult. I found some nice rivers, improved my Spanish and met many friendly and welcoming people, I was invited to people’s homes, spend evenings with strangers at the campfire and even got beer while asking for water from a farmer in the woods of the Andes. It wasn’t going too bad, I have to admit. But I still couldn’t find that one perfect river I was searching for. I had to wait until the 30th of December. I saw a promising river on Google maps which was running 20km through dense rain forest before joining a bigger river. To reach this river I had to find a lift for more than 30 km on a small gravel road. After hitch hiking and walking half of the distance, I finally arrived. Soon I realized that my efforts paid off! There was crystal clear water flowing down rapids and
J'ai dû attendre le 30 décembre pour trouver ce pour quoi j’étais venue ici. J'ai aperçu une rivière prometteuse sur google maps qui parcourt 20 km à travers une forêt tropicale dense avant
de rejoindre une rivière plus large. Mais pour atteindre cette rivière, j'ai dû trouver un une voiture pour parcourir plus de 30 km sur une petite route de gravier. Après avoir fait du stop et parcouru la moitié de la distance, je suis enfin arrivé. Après le premier coup d'œil en bas de la rivière, j'ai su que mes efforts allaient payer ! Il
y avait de l'eau cristalline qui coulait dans des rapides et dans de belles fausses. Et j'ai même vu des truites sous le pont, des grosses truites ! Il était déjà tard, alors j'ai installé mon campement sous le pont. Mon plan était de pêcher cette rivière le dernier jour de l'année précédente et le premier jour de la nouvelle année. Je me suis
through beautiful pools. And I even saw trout under the bridge, big trout! It was late, so I set up my camp under the bridge. My plan was to fish this river on New year’s Eve and New Year’s Day, so the following day I woke up and headed up the river.
At last my expectations were fulfilled: I finally reached the goal of my trip! I had the perfect fishing day in pure nature, with crystal clear water and rising trout. Following the river upstream through gorges and fast rapids and catching trout was all but
easy. It was a real nice challenge. In the last pool I saw a big dark fish on the edge between the main current and a backwater, approximately 1,5 meter deep down. I tied on a big black beetle and cast it into the main current, close to the edge. The fish came up more or less vertically,
trop mal je dois l'admettre. Mais je n'ai toujours pas trouvé la rivière parfaite que je cherchais.
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réveillé le lendemain avec de grandes attentes. Après avoir emballé mon sac à dos, je me suis dirigé vers la rivière. Mes attentes étaient même trop faibles ! Dans cette rivière j'ai enfin atteint le but de mon voyage ! J'ai passé une journée de pêche parfaite dans la nature vierge, sur une rivière à l’eau cristalline parfaite avec des truites actives. Suivre la rivière en amont des gorges et des rapides et attraper des truites était presque facile. C'était un vrai beau défi avec des pools plus beaux les uns que les autres. Dans le dernier bassin de la journée, j'ai vu une grosse ombre noire sur le bord entre le courant principal et un marigot, à environ 1,5 mètre de profondeur. J'ai attaché un gros beatle noir et j’ai lancé dans le courant principal, près du bord. Le poisson est monté plus ou moins verticalement, a pris la mouche lentement, a montré sa grande gueule
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et est descendu. Après avoir bien pris l'hameçon, le poisson est descendu au fond de la fosse comme un sous-marin. J'ai maintenu la ligne pour que le bas de ligne ne frotte pas les rochers en surplomb. Mais il était déjà trop tard, le bas de ligne 4x était juste coupé comme un cheveu de ma grand-mère. Le poisson avait disparu et je venais de perdre la plus grosse truite fario de ma vie. En raison de la lenteur du gobage, j'ai assez bien vu le poisson, je l'ai estimé à environ 70 cm. Je suis retourné en aval vers mon campement sous le pont, à la fois soulagé d’avoir enfin trouvé la rivière si longtemps recherchée mais aussi déçu de la perte de ce poisson fou. Après 2 jours de pêche sur cette rivière je repartais vers le nord et arrivais chez mon ami Gabriel 3 semaines plus tard. Je passe de bons moments avec lui et ses amis, à la fois à pêcher et à boire
quelques bières. Fin janvier, il était temps pour moi de rentrer à la maison. Je revenais de plus de 7000 km de randonnée en stop avec 134 personnes différentes rencontrées, ayant pêché plus de 30 rivières, attrapé des truites fantastiques et de nombreuses expériences agréables à retenir. Finalement : cette idée stupide s'est avérée être l'une des meilleures de ma vie !
took the fly slowly, showed his big mouth and went down. After setting the hook properly, the fish just went down into the deep of the pool like a submarine. I held down the rod so that the tippet wouldn’t scratch on the overhanging rocks. But it was too late, the 4x tippet was just cut like a hair of my grandmother. The fish was gone and I just lost the maybe biggest brown trout of my life. Due to the slow take I
saw the fish pretty well, I estimated it around 70cm. I headed back downstream to my camp under the bridge, overwhelmed with the beauty of the river but also disappointed for the loss of this insane fish. After 2 days of fishing on this river I headed back north and arrived at my friend Gabriel’s place 3 weeks later. I had a good time with him and his friends, fishing and drinking beers.
At the end of January it was time to go back home. I had travelled more than 7000 km hitch hiking with 134 different people, fished more than 30 different waters, caught trout and then I had fantastic experiences to remember. And as I said before: this stupid idea turned out to be one of the best of my life!
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YOKANGA LODGE – NEW LEVEL OF SALMON FISHING
A HISTORICAL PLACE After the borders were opened in the early nineties, fishermen from all over the world began to come to the Kola Peninsula. A group of British fishermen acquired the rights to the Yokanga and built a classic fishing lodge. It was ordered from Canada and assembled using huge cedar logs, then dismantled, loaded into 12 steel shipping containers and transported to the UK and then to Russia. A full customs checkpoint was opened for clearance of the containers, each of them weighing 20 tons! Their transportation was made using MI-26 Russian military helicopters. From the time of its foundation in 1998 and up to 2019 numerous groups of poachers “worked” on Yokanga, and fish were caught in tons. One can still see old overgrown roads and hear names of some areas back from those times like “Poachers Pool”. NEW ERA The situation began to significantly change in September 2019, when passionate Russian fly fisherman, Alexey Strulistov, acquired the Murmanskturist company, which owns the rights to this fishing site and the lodge itself. He set up the security process. Significant funds and efforts have been spent on a relay radio communication system and cellular and satellite communication infrastructure. Remote parts of the river are now monitored with a drone, and it makes the camp’s security team work very efficiently. The river has been cleared of nets and the fishing process in the public license area has improved. The lodge was completely overhauled and surrounding infrastructure was built from zero to provide the highest level of comfort. All these efforts resulted in excellent salmon catches throughout the season. FISH OF DREAMS The owner of the lodge Alexey Strulistov says: “After significant security efforts were made since I took over the river, we have seen an increase in the catch numbers. The average size of Yokanga salmon is 22-24 pounds but every week our guests land 3-4 fish over 30. Also, in what was a very short 2020 season our guests managed to land two significant fish over 40 pounds”. You can also trY to catch the fish of Your dream! GIFT YOURSELF AN UNFORGETTABLE ADVENTURE! More information available at: https://www.yokanga.com/tours_eng
Siberian Taimen Project d Study an
River r u g u T e en in th m i a t n a i of Siber n o i t a l u p nique po u a f o ion conservat
• The Tugur River is rightfully considered to be the best taimen river in the world. It is precisely here that many record fish were caught, including the species officially registered world record, weighing over 52 kg. • The Tugur is the first large and independent river basin north of the Amur River. It stretches over 175 km, draining into the western Sea of Okhotsk close to the Shantarsky Archipelago. The basin is characterized by a dry climate and is relatively unchanged by human activity. The area is roadless with only temporary winter roads. The river’s watershed is relatively unpopulated, with only a weather station and Tugur native village (population of a few hundred) at the river’s mouth. Environmental threats include illegal fishing (mainly in the lowlands) and gold mining (pollution of two tributaries resulting from placer mining activity in the middle reach of the river). Proposed logging activity is a potential threat to ichthyofauna. • The study and conservation of this unique taimen population in the Tugur River is taking place according to an established process first implemented in the 1990s in Kamchatka (Kamchatka Steelhead Project). According to this process, fish are caught using recreational gear by enthusiasts who are also project sponsors. All captured fish are released after data collection (fish length and circumference, scale). Some of the gathered funds are used to support the river’s protection. • This approach has made it possible to return the Kamchatka steelhead and Siberian taimen populations to excellent health. These two rivers now have the best stocks of valuable fish in the world, both in terms of number and size.
More detailed information on the project can be found on the Russian Salmon Association website: www.russiansalmon.org.
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LA PÊCHE AU MOYEN AGE.
Riccardo De Stabile
FISHING IN THE MIDDLE AGES 73
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A
u Moyen Age, le poisson était une base alimentaire que chacun pouvait se procurer avec du matériel rudimentaire : une gaule, un fil et quelques appâts ou tout simplement un filet ou un harpon. Chaque cours d’eau, rivière, étang, mare ou canal creusé par l’homme abritait une population de poissons. De plus, avec le christianisme, le poisson est de-
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n the Middle Ages fish was basic food that everybody could get just by using some simple equipment: a rod, a line and a few baits, or simply a net or a harpoon. Any watercourse, stream, lake, pond or channel dug by man was populated by fish. Moreover, with the spread of Christianity, fish became not just
venu non seulement un symbole religieux mais une nourriture indispensable durant les périodes de jeûne qui imposaient une abstinence totale de viande pendant de longues périodes jusqu’à 120 ou 130 jours annuels avec l’Avent, le Carême, les retraites des principales fêtes liturgiques et jusqu’aux vendredis et samedis de chaque semaine.
Contrairement à aujourd’hui, on mangeait essentiellement du poisson d’eau douce car le seul poisson de mer qui arrivait dans les campagnes était salé, séché ou fumé à cause de sa fragilité et du temps de transport. De ce fait les eaux intérieures ont été intensément exploitées à travers la pêche des rivières lacs et canaux mais aussi par le recours à la pisciculture qui fut en-
a religious symbol, but also indispensable food due to prescriptions on fasting, which imposed total abstinence from meat for long periods, or about 120 to 130 days a year, including Advent, Lent, the eves of the main liturgical feasts and finally, every Friday and Saturday of the week. Differently from what happens today, they ate
freshwater fish most of all, since sea fish that arrived in the inland areas was only salted, dried or smoked, due to transport difficulties and its perishability. Therefore, the fish in the inland waters were subjected to intense exploitation; not only were they fished in rivers, channels, and lakes, but their reproduction was fostered
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couragée parallèlement à la mise en place de politiques de rempoissonnement. On peut dire qu’il n’y avait pas un ruisseau ou la moindre mare qui restât inexploité ; même les douves des châteaux furent empoissonnées dans toute l’Europe comme le voit à travers la peinture et les vieux livres. Cela tenait au fait que les rivières et les lacs étaient naturellement riches en poissons y compris en espèces nobles. A l’époque, la quantité et la qualité des eaux étaient remarquable par rapport à aujourd’hui car il n’y avait de détournement sauvage de l’eau et la révolution industrielle du XIXe n’avait pas encore détruit
un grand nombre de rivières. La pêche dans les lacs et rivières au Moyen Age était encadrée ; c’était devenu un droit public contrôlé par le seigneur du lieu qui l’accordait à qui il voulait bien. Dans les territoires Byzantins, à l’inverse, la liberté de pêche a perduré jusqu’à l’arrivée des Normands au XIe siècle. Au début le clergé a profité de la générosité des souverains en obtenant ce droit de pêche sur de nombreuses berges dès les premiers siècles du Moyen Age de telle sorte que les principaux lacs et rivières d’Italie furent strictement attribués. Comme on l’a dit, il n’y avait plus une mare ou
un ruisseau qui n’était pas pêché bien que dans certaines régions cette activité s’est développé et a pris plus d’importance que dans d’autres. Le facteur déterminant fut la croissance de la population entre le Xe et le XIVe siècle et le développement des villes européennes. Des 80 villes de plus de 10 000 habitants au début du XIVe, 23 étaient italiennes. La documentation médiévale ne permet pas de quantifier la production des différentes régions à de rares exceptions près mais nous savons que dans de nombreuses villes, l’approvisionnement en poissons était un problème crucial pour les autorités mu-
in basins and restocking systems were developed. It can be said that there was no river or pond, even modest ones, that remained unexploited; they even fished in the ditches of the castles in all Europe, as paintings and old books also prove. This was due to the fact that already in a natural way, rivers and lakes abounded in fish, even of valuable species. The quantity and quality of the water were both remarkable compared to today, as there were no wild captures and the 19th-century industrialization that destroyed many of these watercourses, had not
arrived yet. Fishing in lakes and rivers in the Middle Ages was subjected to some limitations; it became a right of a public nature owned by a sovereign, who could give it to whomever he wanted. In the Byzantine territories, instead, the regime of freedom remained in force until the arrival of the Normans in the 11th century. In the first place ecclesiastic institutions benefited from the sovereigns’ generosity, as they obtained the right to fish on limited stretches of banks as early as in the first centuries of the Middle Ages, so that the main lakes and rivers
of Italy were soon accurately distributed. As aforesaid, there was no pond or watercourse where fishing was not practiced. However, in some areas, this activity developed and gained economic importance more than in other places. The determining factors were the population growth between the 10th and 14th centuries, and the development of European towns. Out of 80 western towns that had more than 10,000 inhabitants in the early 14th century, as many as 23 were situated in Italy. The medieval documentation does not allow the elaboration
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XIXe siècle) représentaient une production importante qui approvisionnait une grande partie du centre de l’Italie. Pour toutes les villes d’Italie du nord, le principal réservoir de poissons était le Po et tous les canaux construits pour faciliter la navigation. A cette époque les méthodes de pêche n’étaient pas très différentes d’aujourd’hui, comme on l’a dit la pêche en rivière se pratiquait avec des nasses et des dispositifs de pieux ou de pierres. Les migrations des poissons aussi étaient mises à profit pour les détourner et les piéger dans un filet. La connaissance de ces migrations était également déterminante pour la pêche dans les lacs quand les poissons migrent vers les affluents pour se reproduire. Il devait déjà y avoir beaucoup de pêcheries dans les rivières au début du Moyen Age alors qu’il n’y avait pas encore de gros besoin alimentaire. Cassiodorus le rapportait au VIe siècle quand Theodoric, le roi des Ostrogoths, traversant la péninsule italienne, fût frappé de voir les principales rivières du nord et du centre de l’Italie obstruées par ces pêcheries qui gênaient la navigation. Dans les siècles qui suivirent, avec l’augmentation de la population et de la demande croissante de poisson, ces installations se sont développées significativement et ont entrainé des changements environnementaux qui présagent souvent de conséquences désastreuses. Some illustrations were taken from the book, “Rings on the water” by Renzo Dionigi. nicipales et particulièrement pendant le carême où la demande était forte et persistante. Le lac
Trasimeno et le lac Fucino (qui était un des plus grands lacs d’Italie avant qu’il ne s’assèche au
of quantitative estimates on the productivity of various areas, except for rare cases. But we know that for the municipal authorities of many towns, the procurement of fish represented a big problem especially in the Lenten period, when the demand for the product was higher and constant. Lake Trasimeno, together with the Fucino (which was one of the biggest lakes in Italy before it dried up in the 19th century), represented an important production center which supplied a large part of central Italy. For the many towns of northern Italy, the main fish feeding reservoir was the Po River and its several channels were built to facilitate navigation. At that time, the fishing methods
were not very different from current ones; as already mentioned, fishing in rivers was mostly practiced through barriers built with poles and trellises or with stones. The seasonal migrations of the fish were exploited to push them along an obligatory path that led them to be enclosed in nets. Knowledge of the seasonal migrations was the prerequisite for fishing in lakes too, where in some seasons the fish migrated to the tributaries to reproduce. There must have been a lot of such barriers already in the early Middle Ages, when there was no pressure yet as to need for food. As Cassiodorus reported in the early 6th century, while Theodoric, King of Ostrogoths was moving along the Italian peninsula,
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he was struck by the sight of the main rivers of northern and central Italy, that were obstructed by fish ponds that impeded navigation. In the following centuries, due to the increase in population and the ensuing demand for fish, the installation of these structures increased significantly and introduced changes into the environment that often produced disastrous effects. Some illustrations were taken from the book, “Rings on the water” by Renzo Dionigi.
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ATOLL DE
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SANDRO MEDIANI
COSMOLEDO
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n mars 2021, après avoir été confiné à cause de la pandémie pendant plus d’un an, une opportunité tant unique qu’inattendue s’est ouverte aux Seychelles, sur l’atoll de Cosmoledo, la Mecque de la carangue GT à
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n March 2021, after being conditioned by the pandemic for over a year, a unique and unexpected opportunity arose in Seychelles, Atoll of COSMOLEDO, the Giant Trevally fly fishing capital of the world. We prepared
la mouche. On a tout minutieusement préparé dans les moindre détails aussi bien coté équipement que pour les nombreuses formalités administratives. On a atterri à Mahé où on est resté quelques heures avant de repartir pour l’île
d’Alphonse. Ensuite, on a gagné l’atoll d’Astove avant d’arriver enfin à Cosmoledo. Notre objectif était principalement la carangue GT bien que l’atoll offre de nombreuses opportunités pour attraper milkfish, triggerfish,
everything as best we could and took care of the details concerning the equipment as well as the many documents. We arrived in Mahe and stayed there for a couple of hours, before moving to Alphonse Island. Then we proceeded to
the Astove Atoll and finally reached Cosmoledo. Our week focused mainly on GT fishing, though that spot offered a lot of opportunities to catch Milkfish, Triggerfish, Bonefish, Indo-Pacific Permit, Grouper, Snapper, Sharks,
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bonefish, permit indopacifique, mérou, requins, napoléon et bien d’autres encore… L’écosystème de Cosmoledo est étonnant. C’est encore le règne de la nature avec des millions de tortues de mer et des oiseaux partout, des flats à couper le souffle, des coins de pêche fantastiques et énormément de vie marine. L’accueil sur place est un écolodge parfaitement intégré dans l’environnement. Le bâtiment principal abrite un coin repas et un espace de détente. C’est une très grande tente supportée par deux po-
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Napoleon Wrasse and others. Cosmoledo’s ecosystem is amazing. Nature is still the queen of this atoll, with millions of sea turtles and sea birds everywhere, breath-taking landscapes, wonderful fishing spots, and a lot of sea life. The accommodation there was an EcoCamp that fitted very well into the surrounding environment. The main building had a big table for meals and a relaxation area. It was a huge “tent” supported by big poles, and was situated directly on the beach. The cuisine was excel-
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teaux directement fichés sur la plage. La table est excellente et le service de haut niveau grâce à un personnel bien formé et très professionnel. Les chambres étaient indépendantes, climatisées
avec salle d’eau et une douche extérieure. On pêche en wading quand la marée le permet (il y a environ 2 mètres de marnage entre les marées hautes et basses) ou en bateau mais tou-
jours accompagné d’un guide compétent. En fonction du lieu et de la marée, on peut pêcher différentes espèces. Dans la semaine, on a pris exactement 100 GT dont quelques-unes im-
lent, and the service was top level, thanks to the well-trained and extremely professional staff. The rooms were new independent Eco-Ponds, equipped with air-conditioning, bathrooms
and outdoor showers. You fished by wading when the tide allowed it (there are about two meters for excursions between the high and low tides), or from the
boat, but always with an expert guide. Based on the spot and the tide, you can fish different species here. In one week we caught exactly 100 GTs, some of which were impressive in size:
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pressionnantes jusqu’à 115, 118 et 130 cm !... Avec de telles poissons la robustesse du matériel et du pêcheur mise à l’épreuve. Voir ces grosses GT attaquer une mouche est une explosion de puissance par la violence de l’attaque quand elles sautent gueule ouverte pratiquement hors
de l’eau. La pêche des milkfish et triggerfish est très bonne aussi. Tout est fait à vue. Cela fait une vraie différence d’utiliser du matériel de qualité adapté à ces prédateurs : Des moulinets fiables avec un frein précis sous forte pression, des cannes puissantes, des soies avec
des cœurs renforcés, des bas de ligne nylon et des leaders en fluorocarbone, des nœuds impeccables et enfin des mouches de la même trempe. C’est essentiel pour s’attaquer à ces poissons d’avoir une bonne sélection de mouches sur des hameçons suffisamment résistants.
115, 118, 130 cm… With such fish, the tightness of the equipment and you as well, are put to the test. Looking at big GTs attacking a fly is an explosion of power, as they jump mouthopened almost entirely out of the water, due to the heat of the attack.
Fishing for Milkfish and Triggerfish is very productive too. Everything is done at sight. It makes a difference to use top quality equipment suitable for these predators: reliable reels that are precise even under strong pressure, powerful rods, tails with reinforced core, nylon strands
and fluorocarbon for leaders, crafted knots and finally flies. It is fundamental to have a good selection of flies built with specific details on hooks suitable for tackling these fish.
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Grâce à leurs semelles développées par Michelin, les nouvelles chaussures de wading offrent une adhérence inégalée sur tout type de terrain. Une alliance solide entre confort et sécurité. De larges rainures permettant l’évacuation de l’eau, sculptures en bloc avec lamelles améliorant l’adhérence, une meilleure stabilité et une plus grande durabilité de la gomme sur le sol.
Because their soles developed by Michelin, the new wading shoes provide unparalleled grip on any type of terrain. A solid alliance between comfort and safety. Wide grooves allowing evacuation of water, block sculptures with sipes reducing grip, better stability and greater durability of the rubber on the ground. 08/02/2022 17:34
La gamme Arcane est composée de 7 modèles spécifiquement développés pour la pêche en sèche et en nymphe à vue. Une prise en main immédiate et un confort inégalé pour un maximum de plaisir et de sensations. | Action semi rapide à rapide | Poignée liège pleine fleur | Carbone 40/46T Nano résine | Blank verni gris foncé | Wrapping carbone tressé | Anneaux SIC Titanium | Porte-moulinet alu usiné Cross Wrap | Insert loupe de bois | Étui Cordura compartimenté Prix public : 439 €
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