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Causes
Dans quelle partie de l’intestin se développe la maladie de Crohn ?
L’intestin grêle 30%
des patients
Le gros intestin 20%
des patients
Le gros intestin & l’intestin grêle 50%
des patients
Qu’est-ce qu’une MICI ?
L’abréviation MICI désigne les « maladies inflammatoires chroniques de l’intestin », un terme générique qui englobe un groupe d’inflammations chroniques du tractus gastro-intestinal. La maladie de Crohn et la rectocolite hémorragique sont les affections les plus répandues dans ce groupe. Toutes deux sont des maladies auto-immunitaires qui résultent d’une réaction exagérément intense de notre système immunitaire. Les MICI vont d’ailleurs souvent de pair avec d’autres maladies auto-immunes, notamment le psoriasis (une maladie inflammatoire de la peau) ou les spondyloarthrites (inflammation des articulations).
Ne confondez pas MICI et SCI ! Le SCI (syndrome du côlon irritable, en anglais IBS ou « Irritable Bowel Syndrome ») n’est pas une inflammation mais une perturbation du fonctionnement du tractus intestinal. Dans des circonstances normales, les aliments qui aboutissent dans les intestins y sont pétris et propulsés de façon rythmique. En cas de SCI, les mouvements de l’intestin sont trop rapides ou trop lents : votre motricité intestinale est perturbée, ce qui entraîne des douleurs abdominales et des selles anormales. Les troubles diminuent parfois après avoir été à la selle. Un excès de sensibilité des récepteurs à la douleur présents dans l’intestin est également impliqué. Aucune cause spécifique n’a pu être trouvée pour le SCI, c’est pourquoi l’on parle aussi de « douleurs abdominales inexpliquées » pour le définir. Le SCI est le trouble gastrointestinal le plus répandu. Les patients atteints de MICI peuvent d’ailleurs également souffrir de SCI.
Qu’est-ce que la maladie de Crohn ?
La maladie de Crohn peut être présente « de la bouche à l’anus », donc en fait elle peut toucher tout le tractus gastro-intestinal. Il s’agit d’une inflammation, donc d’un processus immunitaire (c’est-à-dire de défense) incontrôlé, qui traverse toutes les couches de la paroi intestinale, le plus souvent au niveau de la fin de l’intestin grêle et du début du gros intestin. Dans le pire des cas, c’est tout le tube digestif qui est atteint.
Parfois, l’inflammation peut perforer la muqueuse et pénétrer profondément dans la paroi intestinale, provoquant le développement de fistules (connexions non naturelles vers une autre anse intestinale ou un autre organe).
Qu’est-ce que la rectocolite hémorragique ?
La rectocolite hémorragique est une inflammation chronique de la muqueuse du gros intestin. Contrairement à la maladie de Crohn, elle ne touche donc que le côlon et pas la totalité du tube digestif. On l’appelle aussi « colite ulcéreuse » car elle s’accompagne souvent d’ulcères (se présentant ici comme des fissures). L’inflammation se limite à la couche muqueuse, elle n’est donc pas très profonde et est souvent locale. Le site atteint peut varier considérablement, mais la maladie commence toujours au niveau du rectum (proctite). Chez 75 % des gens atteints, la partie gauche (descendante) du côlon subit aussi une inflammation (colite gauche), chez d’autres, le côlon entier est affecté (pancolite).
Colite gauche
Pancolite
Causes
Causes
Pourquoi développe-t-on une MICI ?
Les causes exactes des MICI ne sont pas encore élucidées. Ne vous laissez donc pas envahir par un sentiment de culpabilité injustifié ou n’incriminez pas une prédisposition génétique ou un régime alimentaire. De toute manière, vous n’auriez vraisemblablement pas pu éviter la maladie. Les MICI sont probablement dues à une combinaison de divers facteurs, liés entre autres à la génétique, au mode de vie et à l’environnement...
L’hérédité
Maladie de Crohn Environ 15 % des patients ont un ou plusieurs membres de leur famille qui souffrent également de maladie de Crohn, de rectocolite hémorragique. Cela n’indique pas nécessairement une prédisposition héréditaire. Des facteurs environnementaux similaires entre les membres d’une famille affectée (nutrition, mode de vie, etc.) peuvent également avoir une influence. Et même dans une famille affectée par une charge héréditaire, il y a plus de 90 % de chance que vous ne développiez PAS la maladie.
Rectocolite hémorragique L’influence héréditaire est légèrement inférieure à celle de la maladie de Crohn : 1 à 2 % contre 2 à 3 %. Cependant, dans ce cas aussi, près de 20 % des patients ont un ou plusieurs membres de leur famille qui souffrent de rectocolite hémorragique, ou de maladie de Crohn. Cela ne signifie pas que cette prédisposition héréditaire va se poursuivre et que vos enfants seront automatiquement affectés par la maladie. Ici également, des facteurs environnementaux tels que l’alimentation et le mode de vie peuvent être tout aussi déterminants.
Source : « Alles over chronische darmziekten – Basisgids over de ziekte van Crohn en colitis ulcerosa » (Geert D’Haens et Séverine Vermeire, Lannoo 2017)
Les MICI sont des maladies répandues et se propagent plus rapidement dans les pays européens et en Amérique du Nord, ce qui suggère un lien avec notre mode de vie « occidental ». Tant la maladie de Crohn que la rectocolite hémorragique semblent liées à notre mode de vie, bien que nous ne puissions pas désigner des facteurs de risque spécifiques. Dans le cas de la maladie de Crohn, il n’existe qu’un seul facteur de risque reconnu et accepté : le tabagisme. Curieusement, le tabagisme semble avoir un impact protecteur sur la rectocolite hémorragique, alors que pour la maladie de Crohn, fumer entraîne un risque très prononcé et doit donc être absolument déconseillé. Certaines personnes développent une rectocolite hémorragique quelques mois après avoir cessé de fumer. Toutefois, ne voyez pas là un argument pour allumer régulièrement une cigarette : l’influence positive éventuelle du tabac sur la rectocolite hémorragique ne l’emporte en aucun cas sur les inconvénients de la cigarette en général.
Âge
Tant la maladie de Crohn que la rectocolite hémorragique peuvent survenir à tout âge. Le pic se situe habituellement entre 15 et 30 ans pour la maladie de Crohn et entre 24 et 40 ans pour la rectocolite hémorragique, bien que l’on connaisse aussi des cas d’enfants en bas âge atteints de MICI. Un groupe plus réduit de patients (environ 15 % des cas) ne développe une MICI qu’à un âge plus avancé.
Bactéries et virus
Si votre microbiote est perturbé, certaines bactéries peuvent causer une inflammation. De même, si vous consommez des aliments contaminés par certaines bactéries (E-coli, salmonelles...), vous pouvez développer des crampes, de la fièvre et de la diarrhée, voire de l’inflammation dans les cas les plus graves. Quant à la « colite virale », elle est plutôt rare et survient principalement chez les patients dont le système immunitaire est affaibli, par exemple à cause d’une chimiothérapie, ou parce qu’ils sont infectés par le VIH. Les bactéries et les virus peuvent donc sans nul doute causer des troubles intestinaux, mais il ne s’agit pas pour autant de maladies inflammatoires de l’intestin. On soupçonne cependant que la composition de notre flore intestinale joue un rôle dans les MICI : c’est une matière particulièrement complexe qui fait actuellement l’objet d’études intensives.
Eline
« Depuis mon plus jeune âge, j’ai toujours dit à tout le monde que mon souhait pour plus tard serait de mettre des bébés au monde. Par la suite seulement, j’ai appris que cette profession portait le nom de « sage-femme » et que l’on pouvait faire des études pour la pratiquer. Dès mes dix-huit ans, j’étais prête à me lancer, impatiente de voir ma vie se remplir de femmes enceintes et de bébés. Je vivais sur mon petit nuage rose et bleu, la couleur layette de ma nouvelle vie. J’ai donc pu vivre la mise au monde de nouvelles vies, mais moi aussi je faisais l’apprentissage d’une nouvelle vie : celle d’étudiante à temps plein. Ce sont des années où l’on ne pense qu’aux nombreuses portes qui s’ouvrent à vous. Bon, j’avais remarqué un peu de sang dans mes selles... Qu’importe, cela passerait. Je ne me suis pas inquiétée. Mais après quelques semaines, j’ai commencé à trouver cela préoccupant. J’avais des crampes abdominales et je devais aller de plus en plus souvent aux toilettes. Mes selles étaient teintées de sang et fort liquides. Un problème quand même assez embarrassant, ce qui m’a longtemps fait hésiter à consulter un médecin. Jusqu’à ce que ces troubles commencent à me rendre la vie vraiment difficile. Après de nombreuses visites chez le médecin et une colonoscopie à l’hôpital, le diagnostic est tombé : rectocolite hémorragique. Je me vois encore à l’arrêt de bus avec ma