Céline Molitor - Psychologue
LE SYNDROME DU NID VIDE, COMMENT PARVENIR À L’ÉVITER ? Environ 35 % des parents, majoritairement des mères, souffrent de ce qu'on appelle "le syndrome du nid vide". Une forme de dépression qui se traduit par un sentiment d'abandon et de vide quand les enfants quittent le domicile familial. Le départ des enfants provoque chez les parents des émotions paradoxales . D’une part la joie, le bonheur mais aussi la fierté de voir leur oisillons voler de leur propres ailes. D’autre part, malheureusement, la tristesse est parfois aussi au rendez-vous. Comment faire pour passer au mieux ce cap délicat ?
L’ANTICIPATION
Il faut avoir très tôt en tête que vos enfants auront un jour une vie sans vous. Ils ne vous appartiennent pas. Vous avez pour mission de les construire afin qu’ils réussissent à vivre loin de vous. Anticiper leur départ, c’est maintenir, quand ils sont encore à la maison, une vie en dehors d’eux, ne pas mettre sa propre vie en veilleuse. Combien de femmes, une fois le premier enfant arrivé, investissent de manière presque pathologique leur rôle de mère et en oublient leur partenaire, leurs amis etc., bref leur vie. Ce n’est sain pour personne d’agir en ce sens et cela deviendra compliqué au moment du départ des oisillons.
S’ENTRAINER À LA SÉPARATION
Tous les spécialistes de l’éducation s’accordent à dire qu’il est essentiel que les parents s’entraînent à se séparer de leurs enfants, mais pas trop tôt non plus. Par exemple, en les laissant prendre les transports en commun pour se rendre à l‘école, en les autorisant à partir en week-end chez des camarades d’école pour leur donner la possibilité de nouer des relations hors du cercle familial.
Plus tard, lorsque les enfants deviendront étudiants tout en vivant encore au domicile familial, vous pourrez commencer à les laisser gérer leurs rendez-vous médicaux ou encore leurs démarches administratives. Il est aussi judicieux de leur montrer l’intérêt d’avoir son permis de conduire, en ne jouant pas au chauffeur dès qu’ils en expriment le désir… Cela va les rendre progressivement autonomes.
NE PAS COUVER À L’EXCÈS : LÂCHER PRISE
Une éducation trop protectrice les prive de la possibilité d’acquérir progressivement leur indépendance. L’enfant qu’on aura trop couvé risque de se rebeller quand le besoin d’autonomie pointera le bout de son nez. Faute d’expérience, le grand saut vers la vie d’adulte pourrait alors se révéler plus difficile que prévu. Ce lâcher-prise implique, de la part des parents, de préserver des moments d’intimité pour le couple et de continuer à avoir, occasionnellement, des activités sociales sans leurs enfants. Cela suppose de surmonter un certain sentiment de culpabilité à l’idée de ne pas consacrer suffisamment de son temps et de son 60 ::: Janette et Psyché
attention aux enfants. Voilà encore un exercice difficile, surtout dans une société où les enfants sont plus que jamais considérés comme un facteur d’épanouissement du couple. Certains experts n’hésitent pas à parler d’un «surinvestissement» vis a vis de l’enfant, censé faire le bonheur de ses géniteurs. Le sentiment de vide que certains parents ressentent après l’envol du nid n’a sans doute jamais été aussi fort, car dans nos sociétés contemporaines, les enfants sont au centre de la famille. « Plus ils représentent un refuge affectif fort pour les parents, plus leur départ est vécu de manière douloureuse et complexe. »
DU CÔTÉ DES ENFANTS ?
Les enfants se sentent souvent coupables de partir quand leur parent est célibataire. La culpabilité est aussi plus forte pour le petit dernier de la famille ou encore pour l’enfant unique sur qui il y a eu un investissement massif des parents.
DU CÔTÉ DU COUPLE ?
Le départ signifie souvent un retour à la vie de couple pour les parents et cela change complètement la donne au quotidien. Le bat blesse si la vie des parents ne tournait qu’autour des