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Introduction
procédures et ses méthodes. Le formulaire normé de quatre pages mis en place par l’Office à ses débuts s’inspire ainsi de celui de l’OIR. Le principe de l’entretien ou des demandes de précisions par correspondance pour que le demandeur établisse ses craintes, soit par des preuves documentaires, soit par un récit cohérent avec les sources d’information dont dispose l’organisation, est également un héritage de l’OIR, matérialisé par un manuel d’éligibilité complété par les orientations nouvelles du jurisconsulte de l’Ofpra, Henry Monneray 9, sur l’interprétation de la convention et de la loi du 25 juillet 1952.
Pendant vingt ans, l’Ofpra conduit ses deux missions dans le cadre de sections nationales, complétées par une section dite du Haut Commissaire et une section des apatrides qui effectuent tout le travail concernant les réfugiés : l’accueil, l’éligibilité et la protection. Dans ces sections, on parle et on correspond dans la langue des réfugiés et demandeurs d’asile. Les officiers de protection sont secondés par des secrétaires spécialistes. Tous ces agents sont des contractuels.
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« L’OFPRA EST UN PHARE QUI VOIT LA TEMPÊTE AVANT QU’ELLE N’ATTEIGNE LES CÔTES »
Michel Fedorovski, réfugié russe et chef des archives de l’Ofpra, dans les magasins du siège de Neuilly-sur-Seine.
Par cette phrase, Gilles Rosset 10, qui a exercé à l’Ofpra entre 1955 et 1991, voulait mettre en relief la difficulté du travail de l’Office dans le courant des années 1970, difficulté qui conduira à une crise de près de vingt ans dans l’établissement.
Plusieurs facteurs se cumulent en effet à cette époque pour provoquer une augmentation et une transformation des demandes présentées à l’Ofpra.
Les décolonisations ont permis la création de nouveaux États souverains qui militent pour la levée des restrictions géographiques et temporelles de la convention de Genève : c’est chose faite avec l’adoption, en 1967, du protocole dit de New York ou de Bellagio, auquel la France adhère en 1971. On peut alors parler d’une mondialisation et d’une synchronisation du système de l’asile avec l’actualité. Dans le même temps, au tournant des années 1970, le monde entre dans une phase de renversement des migrations avec le développement des migrations régionales et internationales des personnes originaires des pays en voie de développement. Mais, dans les pays d’accueil, cette période est aussi celle de la crise pétrolière, déclenchée en 1973, qui conduit à l’adoption dans toute l’Europe de mesures de restriction de l’immigration. Ainsi, en France, le 3 juillet 1974, le Conseil des ministres annonce une suspension officielle de l’immigration de travail ; au départ
9. Né Heinrich Meierhof à Erfurt (Thuringe) dans une famille juive, il a participé à la Résistance avant de rejoindre la France libre à Alger. Il a ensuite travaillé pour la délégation française de la Commission des crimes de guerre des Nations unies puis pour le Service de recherche des crimes de guerre ennemis, rattaché au parquet général de France près le Tribunal international de Nuremberg, avant de travailler pour l’Ofpra. 10. Gilles Rosset (1927-2014), frère du philosophe Clément Rosset, romancier, a été chef de la section espagnole à partir de 1954, chef de la division Afrique de 1979 à 1982 et secrétaire général jusqu’en 1991.
TABLE DES MATIÈRES
Avant-propos ……………………………………… 7 Introduction ……………………………………… 9
L’Ofpra, histoire d’une administration originale en charge d’une mission essentielle ……………… 11 Carte des pays de provenance des réfugiés et apatrides protégés par l’Ofpra depuis 1952 … 30
partie i L’HÉRITAGE DE L’ENTRE-DEUX-GUERRES : LES RÉFUGIÉS APATRIDES
La protection des premiers réfugiés apatrides russes ……………………………… 34 Les réfugiés russes dans le cinéma de l’entre-deux-guerres en France …………… 40 Le bateau des philosophes ……………………… 48 Du génocide à la Grande Diaspora : la protection en France des exilés apatrides arméniens ………………………… 50 Charles Aznavour, chanteur compositeur français et fils de réfugiés arméniens ………… 59 La Mer noire, témoignage littéraire sur les réfugiés géorgiens …………………… 60 En provenance de Smyrne… …………………… 62 Exilés d’hier, officiers de protection
d’aujourd’hui ………………………………… 65
partie ii LES RÉFUGIÉS DE LA SECONDE GUERRE MONDIALE, UNE RÉPARATION ?
En première ligne : les réfugiés dans la Résistance …………………………… 68
Le photographe Krikor Djololian et le studio Arax de Paris …………………… 78
Les personnes déplacées de l’après-guerre, premiers protégés de l’Ofpra ………………… 79 À la sortie de la guerre : Willy Maywald, le “New Look” et l’élégance de la Parisienne … 83