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Du génocide à la Grande Diaspora : la protection en France des exilés apatrides arméniens

Ricardo Ehrlich : une vie dédiée à la recherche scientifique et à la défense d’idéaux politiques

Pascale Laborier

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Ricardo Erlich en 2022.

Ricardo Mario Ehrlich Szalmian, né à Montevideo (Uruguay), est arrivé à Paris depuis Buenos Aires le 27 octobre 1974. Il a alors 26 ans. Il indique être biophysicien, marié depuis 1970 à une universitaire et de confession israélite. Ses parents sont nés en Pologne (Lemberg) et sont arrivés enfants à Montevideo vers 1925.

Il a voyagé à bord d’un avion d’Air France avec un titre de voyage pour réfugié délivré sur la demande du Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR). Sa demande d’asile déposée le 16 novembre est motivée par « le danger de mort ou la prison à long terme ». Il est en effet recherché par les polices uruguayenne et argentine. Dès le 9 décembre, l’Ofpra rend une décision favorable. Ricardo est, comme tant d’autres Uruguayens, pris dans la nasse de la répression militaire qui sévit dans son pays.

Lorsqu’il commence ses études de médecine à l’université de la République à Montevideo en 1966, la dictature n’est pas installée, mais une crise économique sévit et les mouvements de grève se succèdent. Inspirés par les marches pour la défense des coupeurs de canne à sucre et par le Mouvement de libération nationale-Tupamaros (MLN-T), Ricardo et ses amis proposent des actions de solidarité dans les bidonvilles. Le gouvernement en place réprime violemment les mouvements sociaux et estudiantins: « On glissait doucement du travail social à la militance politique mais j’ai continué à faire de la recherche jusqu’au dernier moment 56 . » Il rejoint le MLN-T.

Le président Juan Maria Bordaberry Arocena, élu en mars 1972, intensifie la répression contre les Tupamaros et la torture en prison devient systématique. Alors qu’il lui reste quelques examens à valider pour son diplôme, en septembre 1972, Ricardo est arrêté et emprisonné. Sa femme, militante dans le même groupe, est recherchée par la police et se réfugie en 1971 au Chili, alors gouverné par Allende. Ricardo est libéré en octobre 1973, peu après le coup d’État militaire en Uruguay, car son jugement est antérieur aux lois martiales. En danger, il s’enfuit rapidement en Argentine, où sa femme le rejoint après le coup d’État au Chili. À Buenos Aires, il reprend ses études et gagne sa vie comme technicien dans un laboratoire pharmaceutique.

56. Les citations sont extraites d’entretiens menés avec Ricardo Ehrlich à Montevideo en 2019 et 2022.

Une campagne d’enlèvements et d’assassinats de dissidents politiques de gauche est conduite conjointement par les services secrets du Chili, de l’Argentine, de la Bolivie, du Brésil, du Paraguay et de l’Uruguay, avec le soutien tacite des États-Unis : c’est la funeste « Opération Condor ». Ricardo échappe de peu à ces escadrons de la mort. Il passe à la clandestinité. Le sachant en danger, le HCR, par l’intermédiaire d’Oldrich Haselman, prend contact avec lui pour l’aider à rejoindre l’Europe. Ricardo s’adresse à plusieurs ambassades et c’est le poste français qui lui offre le meilleur accueil : « Ils m’ont dit : “Si vous avez un contrat de travail, on vous donne un visa”. Demander un contrat de travail en France, c’était comme si on me demandait un contrat de travail en Chine, ou d’aller sur la Lune. » Son colocataire brésilien le met en contact avec des proches d’un moine dominicain à Strasbourg, dans une paroisse fréquentée par des étudiants en pharmacie, qui alertent leur professeur. Dix jours plus tard, Ricardo reçoit un contrat de travail de trois mois à l’Institut de biologie moléculaire et cellulaire à Strasbourg, signé par son directeur, Jean-Pierre Ebel – un résistant et déporté pendant la Seconde Guerre mondiale – : « Il savait ce que c’était ce genre de situation, et c’est pour ça qu’il m’a envoyé le contrat de travail. » Dès son arrivée, il rejoint son lieu de travail, sans même savoir où il se situe : « Strasbourg, pour moi, c’était le nom d’une bière en Argentine. » Ses collègues l’aident pour ses démarches administratives et lui procurent la documentation scientifique. Il s’inscrit en DEA à l’université, alors même qu’il n’a sur lui aucun papier justifiant ses diplômes : « Ils m’ont cru sur parole, c’était extraordinaire. » Pendant cinq ans, les contrats de recherche se succèdent. Il soutient une thèse d’État en sciences en 1979 à l’université Louis Pasteur et obtient un poste permanent de chercheur au CNRS. Il déménage à Paris pour rejoindre l’Institut Jacques Monod où il contribue à la création du laboratoire Structure et dynamique du génome (1980).

Certifi cat de réfugié de Ricardo Erlich pour les années 1974-1977.

En 1985, la démocratie est rétablie en Uruguay. Il récupère alors son passeport et obtient la nationalité française. Le CNRS lui accorde une disponibilité afin de consolider les partenariats scientifiques de l’Uruguay avec la France et l’Union européenne. En 1996, il démissionne du CNRS et rentre définitivement en Uruguay. Ricardo occupe alors divers postes de responsabilités universitaires à Montevideo et est élu doyen de la nouvelle faculté de sciences. Avec d’autres collègues exilés revenus au pays, il œuvre à la collaboration scientifique franco-uruguayenne ; notamment, avec Mario Wschebor, Guillermo Dighiero et Luis Barbeito, il lance le projet de création d’un Institut Pasteur à Montevideo, qui voit le jour en 2004 grâce à l’effacement de la dette uruguayenne envers la France par compensation avec une ancienne dette française. Ricardo préside son conseil d’administration.

Témoignage

–« À l’Ofpra reposent ma mère et mon petit frère que l’on a privés de sépulture »

Annick Kayitesi-Jozan

Mon père avait deux ans quand l’Ofpra a été créé. Il en avait trente-deux quand je suis née. J’étais sa deuxième enfant, mais à l’époque, dans les années 1970, c’était un âge avancé pour se marier et avoir des enfants. Mon père a attendu de finir ses études de médecine pour épouser la jeune fille rencontrée lors d’un match de volley-ball quand elle était encore au lycée. Il voulait être en capacité de prendre soin de sa famille. En 1988, alors qu’il n’a pas encore quarante ans, il perd la vie dans un incendie causé par le suicide d’une femme dépressive. Deux ans plus tard, j’ai alors onze ans, la guerre éclate dans notre pays, le Rwanda. Les Tutsis, exilés du Rwanda par des massacres successifs à leur encontre depuis l’indépendance, réclament le droit de revenir dans leur pays par les armes. Les combats se déroulent dans la partie nord du pays. Ma famille et moi vivons dans le Sud. Notre ville reste relativement épargnée, et bien qu’elle connaisse des séries d’attentats, elle résiste tant bien que mal à la vague de haine anti-Tutsi qui enfle dans le pays. Cette relative accalmie prend brutalement fin à la mort du président Habyarimana le 6 avril 1994, dans un attentat contre son avion.

Dès le 7 avril au matin, commence l’extermination systématique de tous les Tutsis et Hutus modérés à l’intérieur du pays. Un million de personnes tuées en cent jours, dont notre mère et notre petit frère.

À la fin des cent jours, parmi quelques centaines d’enfants survivants récupérés et regroupés dans un orphelinat de fortune mis sur pied par une ONG appelée Terre des hommes, puis évacués vers le Burundi, se trouvent ma sœur aînée, laissée pour morte dans une fosse commune, et moi.

À Bujumbura, ma sœur et moi lançons des SOS à tout va. Ma sœur est grièvement blessée, elle a besoin de soins médicaux. Avec l’aide d’amis de notre mère, nous parvenons à obtenir un passeport puis un visa touriste pour la France où nous atterrissons le 9 août 1994 au matin.

À peine arrivées, l’amie de ma mère qui nous accueille chez elle nous explique qu’il faut agir vite, faire les démarches pour « gusaba ubuhungiro », « demander l’asile », et ceci pour devenir réfugiées.

À l’Office de protection des réfugiés et apatrides, nous a-t-on prévenues, il faut bien s’exprimer, bien raconter et surtout bien insister sur notre souhait d’être protégées par la France. Là-bas, au cours de l’entretien qui se passe avec l’intermédiaire d’un interprète, il est donc question de convaincre.

À tour de rôle, ma sœur et moi racontons. Ma sœur, Aline, a dix-sept ans. Elle est défigurée. Elle pleure plus qu’elle ne parle. Je suis assise à sa gauche. Une partie de son oreille manque. Pendant le génocide, à la radio, les journalistes donnaient des « astuces », comme on traduirait aujourd’hui, pour bien faire le travail. « Nivo ni ugutwi », « Viser l’oreille ». Pour ma sœur ça a été l’oreille gauche, le cou, le haut du crâne… elle porte des dizaines de coups de machette sur le corps. Même quand elle s’arrête de pleurer, elle continue d’essuyer son œil droit qui pleure sans discontinuer en raison de la pommette brisée.

Elle raconte comment, aux bords de la fosse commune, elle a attendu que notre frère s’éteigne avant de se glisser sous les buissons. Elle dit, et l’interprète répète, et la personne qui nous interviewe répète à son tour. Et moi, à chaque fois, je vois leurs visages. Celui de ma sœur, quand elle était encore joyeuse et que ses yeux riaient au lieu de pleurer. Le visage aux traits fins de notre petit frère, il avait de grands

yeux, la peau douce, et une voix timide. Je vois les tueurs les fracasser avec des coups de gourdins et de machettes. J’ai l’impression que ma tête va imploser, je voudrais leur crier d’arrêter. Mais il faut bien se comporter.

Mon père n’est pas mort seul dans l’incendie. Il était avec ma petite sœur âgée de juste six ans et un mois. Leur « mort inopinée », comme avait marqué ma mère sur la carte d’annonce de leur décès, je n’arrivais pas à y croire. Dans notre quartier, dans notre ville, avant le génocide, les gens mourraient chaque semaine des accidents de la vie. Mais jamais, deux dans une même famille. Alors pourquoi chez nous, il avait fallu qu’ils meurent à deux ? À leur enterrement, devant les deux tombes, une petite et une grande, je suivais des yeux les pelles en cadence jetant de la terre sur leurs cercueils, quand j’ai tout à coup été prise d’une attaque de panique. Je voulais alors crier « ils vont s’étouffer », mais au lieu de quoi je me suis évanouie. Je n’ai pas voulu remettre les pieds dans le cimetière jusqu’à trois ans plus tard. J’étais alors rentrée au collège l’année d’avant, et il se trouve que mon collège se situait à quelques centaines de mètres du cimetière. Au cours de cette année de 5e, un jour ordinaire à l’heure du déjeuner, deux camarades internes de ma classe sont parties au marché acheter de la crème hydratante pour le corps. Au marché, une grenade a explosé, tuant sur le coup une de mes deux camarades et laissant l’autre « grièvement brûlée ». Notre camarade de classe était hospitalisée dans un dispensaire à mi-chemin entre le collège et le cimetière. Le week-end, les élèves externes dont je faisais partie se relayaient pour lui apporter à manger. Son corps était enveloppé dans une gaze purulente. L’odeur de la plaie, l’odeur de l’infection, l’odeur de la mort qui rôde. Par endroits, on voyait les plaies. Elle parlait difficilement. Je n’avais pas compris ce que « brûlée » pouvait signifier. Là j’avais compris. Après cette visite et jusqu’au début du génocide qui n’allait pas tarder à venir, je suis allée au cimetière tous les samedis matin, pour nettoyer les tombes de mon père et de ma sœur, planter et arroser les fleurs et m’asseoir là au soleil à leur côté, jusqu’à ce qu’une migraine me terrasse et me force à rentrer.

C’était il y a vingt-huit ans. Toutes ces années et jusqu’à ce jour, régulièrement, je raconte que je suis arrivée en France comme réfugiée et de manière systématique et sincère les gens me disent : « Tu as eu de la chance. » Je souris. Être réfugiée n’est pas une chance. Ce n’est pas un choix. Ce n’est pas une voie dans laquelle on s’engage de manière volontaire. D’ailleurs si cela était le cas, n’aurait-on pas une amicale des réfugiés ? Être réfugié, c’est pour certains, dont je pense faire partie, l’occasion même de déposer ses morts dans un dossier administratif.

Pour ma part, à l’Ofpra reposent ma mère et mon petit frère, dont on n’a jamais retrouvé les corps, que l’on a privés de rituels funéraires, de sépulture.

À l’Ofpra reposent les larmes de ma sœur, défigurée à l’âge de seize ans.

À l’Ofpra reposent les chagrins et les rêves de mon père, qui n’a pu protéger sa famille.

Cimetière de Kabutare, avril 2014

Je suis sortie de l’Ofpra avec la même migraine que celles que j’attrapais à chaque fois que je me trouvais devant la tombe de mon père et de ma petite sœur. Quelques mois après, nous avons obtenu le statut de réfugié, c’était au mois de janvier 1995. En

PARTIE V

NOUVELLES CONFLICTUALITÉS, NOUVEAUX ENJEUX (DES ANNÉES 2000 À NOS JOURS)

L’accueil des femmes yézidies en 2014 La Syrie, de l’accueil à l’exil : témoignage d’un acteur de terrain Quand le genre et les violences dans la sphère intime deviennent des motifs de protection La protection des réfugiés afghans Témoignage – Masomah Ali Zada, réfugiée afghane et cycliste de haut niveau La protection des réfugiés soudanais par l’Ofpra Les clauses d’exclusion et de menace grave, gardiennes de l’intégrité des valeurs et des principes du droit d’asile L’expertise de l’instruction Un réfugié dans les étoiles, Wlodek Kofman La vie de Ferenc Szegedi, enquête généalogique L’Ofpra, consulat des réfugiés Carte des réfugiés protégés en France en 2021 Du droit à l’histoire de l’asile, le regard d’un témoin engagé

l’accueil des femmes yézidies en 2014

Mourad Derbak

L’accueil en France de 100 femmes yézidies et de leurs enfants survivants, victimes des exactions de Daech lors de la conquête du Sinjar en août 2014, a été décidé par le président de la République à la demande de Nadia Murad, co-prix Nobel de la paix. Cette opération a conduit l’Ofpra à quatre reprises à Erbil, en Irak, entre décembre 2018 et octobre 2019, afin d’auditionner des familles volontaires.

Ce fut certainement, parmi les nombreuses missions auxquelles ont participé les officiers de protection, l’expérience la plus éprouvante du fait des violences dont ces femmes et ces enfants avaient été l’objet: pourchassés, dépouillés, affamés, enlevés, menacés, séparés, vendus, offerts ou mariées de force à des combattants de l’État islamique, même très jeunes, parfois plusieurs fois; l’exode dans le meilleur des cas, la détention pour d’autres; des récits d’accouchements sur les routes de montagne, d’enfants perdus, d’enfants que l’on ne peut plus sauver, l’épuisement, la nourriture ou l’eau qu’on désespère de trouver, le bruit d’exécutions sommaires, la disparition des hommes et des garçons pubères, le silence, la peur, mais la solidarité aussi; des jours, des mois, des années de souffrance parfois, des grossesses non désirées, avant la fuite ou le rachat. La sauvagerie et l’inhumanité portées à leur paroxysme, l’absence de sens.

Et puis des retrouvailles difficiles, la difficulté de raconter, les souvenirs enfouis, la litanie des disparus dont on espérait la présence, le deuil; l’ostracisme parfois, des reproches, des incompréhensions, mais aussi le soutien, le soutien des frères le plus souvent, ceux qui ne pourront pourtant pas les accompagner dans leur nouvelle vie et devront continuer, dans les camps, à survivre tant bien que mal. Une nouvelle vie, loin de l’ancienne, le veuvage, la crainte de la solitude et du célibat à vie. Le déchirement mais aussi l’espoir, l’espoir des plus jeunes et l’envie.

Parmi les nombreux souvenirs qui auront marqué les agents ayant participé à ces missions, il y a certainement le premier départ d’Erbil, le 20 décembre 2018, une semaine après les premières auditions. Nous n’avons pas l’habitude de revenir sur place chercher les réfugiés après nos missions, mais le cadre de celle-ci, organisée par le ministère des Affaires étrangères en étroite collaboration avec l’Élysée, ses conditions particulières et le nécessaire suivi mis en place nous ont poussés à prendre cette décision. Avec le directeur du centre de crise du Quai d’Orsay, le directeur général de l’Ofpra, les médecins du Quai et des médecins militaires, le personnel médical de la

réserve sanitaire, les personnels de l’armée de l’Air en charge du transport, des agents de sécurité, les collègues du consulat général de France et deux interprètes venus de Paris, nous garderons longtemps le souvenir des familles réunies dans leur hôtel le matin du départ, tout juste de retour, pour celles qui l’avaient souhaité, d’un pèlerinage à Lalesh – lieu saint des Yézidis –, des enfants coiffés au gel et endimanchés, des petits garçons en costume. Tous apprêtés, préparés mais pas nécessairement prêts; des mères apeurées par l’avion et le plus souvent tiraillées par des sentiments contraires, l’espoir, l’inquiétude, la joie, la tristesse, et surtout des interrogations, maintes fois répétées, auxquelles nous nous efforcions de répondre patiemment, en essayant de rassurer. Une nouvelle vie, loin de leur pays, du Sinjar, de leur communauté et des leurs, pour certains toujours introuvables, laissés derrière elles sans sépultures.

C’est à l’arrivée à Roissy-Charles-de-Gaulle, peu après l’accueil rassurant de Nadia Murad, accompagnée du ministre de l’Intérieur, que nous mesurerons en un instant, après un vol mémorable, la faculté d’adaptation des plus jeunes. L’une des jeunes filles, qui avait réussi à se connecter seule au wifi de l’aéroport, filmait la cérémonie d’accueil. À l’autre bout du portable, il y avait sa sœur qui, après maintes hésitations, avait finalement décidé de ne pas partir et avait choisi de rester à Erbil, près de son fiancé.

Dessin d’un enfant évacué avec sa mère. Le texte peut être traduit de deux façons : « Mon Dieu, ramène vivants mon père et mes frères comme avant » ou « Mon Dieu, ramène à la vie mon père et mes frères comme avant ».

INTRODUCTION HISTORIQUE

Inclus dans l’empire ottoman depuis le xvie siècle, la Syrie et le Liban émergent en tant qu’États au lendemain de la Première Guerre mondiale. Ils sont cependant administrés par la France au titre d’un mandat confié par la Société des Nations entre 1920 et 1941. Ces pays étant situés sur les routes de la déportation des Arméniens par les Turcs, en 1915-1916, lors du génocide qui a coûté la vie à plus d’1,5 million d’entre eux, la France a proposé une solution d’établissement en Syrie et au Liban aux 100000 rescapés qui se trouvaient sur place.

Le statut Nansen a par ailleurs été étendu par la conférence de 1928 à des réfugiés assyriens, assyro-chaldéens et turcs, à la suite d’une demande française destinée à légaliser la présence dans le nord-est de la Syrie de réfugiés fuyant la répression de la dictature kémaliste en Turquie. Entre juin et juillet 1941, la Grande Syrie, alors contrôlée par le gouvernement de Vichy et ayant servi de base à des activités allemandes lors de la guerre anglo-irakienne, est envahie par les troupes alliées.

La Syrie devient indépendante en 1946.

Les premières demandes d’asile syriennes auprès de l’Ofpra apparaissent dès le milieu des années 1950. Préalablement reconnus réfugiés par le Haut Commissariat, ces Syriens invoquent des persécutions politiques liées à la nature du régime. La demande devient plus importante au milieu des années 1980. C’est la période où Hafez El Assad, le père de l’actuel chef de l’État syrien, gouverne d’une main de fer et beaucoup de demandes évoquent la persécution politique du parti Baas. Certaines demandes émanent de Kurdes de Syrie ou de descendants d’Arméniens invoquant des discriminations du fait de leur origine ou de leur religion. Depuis 2011, c’est la guerre civile qui nourrit la demande d’asile syrienne.

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