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Charles Aznavour, chanteur compositeur français et fils de réfugiés arméniens
La Syrie, de l’accueil à l’exil : témoignage d’un acteur de terrain
Le début du xxie siècle est profondément marqué par la guerre civile en Syrie, véritable drame humain qui a provoqué la mort de plus de 300 000 civils et le déplacement forcé de plus de la moitié de sa population tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de son territoire. Depuis mars 2011, le nombre de personnes déplacées n’a cessé de croître et atteint désormais 6,9 millions de personnes à l’intérieur d’un pays morcelé et 6,9 millions de réfugiés dont 5,7 millions dans les pays voisins de la Syrie que sont l’Irak (260 000), la Jordanie (673 000), le Liban (840 900) la Turquie (3 763 000) et un peu plus loin l’Égypte (140 000). À la fin de l’année 2021, les réfugiés syriens représentaient 27 % de la population réfugiée mondiale.
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Pourtant, avant de devenir le pays ayant créé le plus de réfugiés dans le monde, la Syrie accueillait dans les années 2000 un nombre important de réfugiés, de manière temporaire, lorsque nombre de Libanais ont fui les troubles que vivait leur pays en 2006, ou de manière durable, avec une forte population de réfugiés palestiniens enregistrés auprès de l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), soit environ 438 000 aujourd’hui (85 000 en 1948), ainsi que plus de 800 000 réfugiés irakiens bénéficiant d’un titre de résidence temporaire octroyé par le gouvernement syrien. Répartis dans les diverses villes du pays, de Damas à Alep, de Homs à Hassake, ils recevaient le soutien de programmes du Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR). Il fallait y ajouter des centaines de Somaliens, Afghans, Soudanais ou Yéménites qui vivaient dans la capitale syrienne. Philippe Leclerc
Visite du directeur général de l’Ofpra au Camp de Za’atari (Jordanie), mars 2020.
Au service du HCR, dont la création précède celle de l’Ofpra de deux années et dont le mandat principal est la protection internationale des réfugiés et la recherche de solutions durables, j’ai été confronté pour la première fois à des dossiers syriens en 2006, alors que j’étais en charge du service de l’apatridie au sein de la division de la protection internationale au siège du HCR à Genève. En effet, tout comme l’Ofpra au niveau national, le HCR a reçu de l’Assemblée générale des Nations unies le mandat de concourir, au niveau international, à la protection des apatrides, notamment sur la base de la Convention de 1954 relative au statut des apatrides, et d’œuvrer à la réduction, voire à l’élimination, des situations d’apatridie dans le monde. À ce titre, le HCR a engagé des discussions avec la Représentation permanente de la République arabe syrienne auprès des Nations unies à Genève et j’ai pu me rendre pour la première fois à Damas, Hassake et Qamishli en 2007 afin de préparer des recommandations du HCR à soumettre au